NOTE SUR L’INFLUENCE DE LA SÉVÉRITÉ
DU RATIONNEMENT ÉNERGÉTIQUE SUR
LA COMPOSITION CORPORELLE DU RAT BLANC
APRÈS LE SEVRAGE
B. DESMOULIN
M. LECOURTIER Françoise HOULIER Station de Recherches sur
l’Élevage
desPorcs,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Au cours d’une
expérience
antérieure(D ESMOULIN , 19 6 7 ),
il a été observé que des rats recevantaprès
le sevrage des apportsénergétiques
différents selonl’âge, présentent
une mêmecomposition corporelle
aupoids
de z5o g. On peut se demander si ce résultat n’est passimplement imputable
auniveau de rationnement choisi. C’est
pourquoi
une étudecomplémentaire
a étéentreprise
dans lebut d’étudier les effets d’une réduction de 5 p. 100du niveau de rationnement témoin
précédent
surles
performances
de croissance et lescaractéristiques
de lacomposition corporelle.
Toutes conditionsexpérimentales
étantidentiques
parailleurs,
l’écart de a5p. 100 entre les niveaux d’alimentation Haut et Bas a été conservé. Ses variations sont étudiées selon le schéma Haut-Haut(H-H), Bas-Haut (B-H),
Haut-Bas(H-B)
et Bas-Bas(B-B).
- Les résultats concernant la croissance et l’efficacité
azoté % t énergétique
sont, danschaque lot, comparables
à ceux observésprécédemmenC1’ar -coîï1re, les changements
de niveaux d’ali-mentation, plus
accusés avec le rationnementtémoin,
entraînent au mêmepoids
final de z5o g desdépôts lipidiques
relativementplus
élevés dans les lots B-H et H-H que dans les lots H-B et B-B.- Pour réduire les
dépôts lipidiques,
le rationnementappliqué
doit être deplus
enplus
sévère.Il semble donc
qu’une
restriction alimentaire faibleaprès
le sevrage permette undéveloppement
des
dépôts protéiques
etlipidiques
au cours de la croissance avec une meilleure efficacitéqu’une
restriction en
énergie
de zg p. 100appliquée
en début de croissance.INTRODUCTION
Dans une
étude précédente (D!snzoumN, 19 6 7 ), l’influence d’une restriction
énergétique
sur lacomposition corporelle
du Rat blancaprès
le sevrage a été étudiée à différentsstades
de lacroissance.
Au mêmepoids
final de250
g, les rats soumis àdes niveaux énergétiques différents
de25
p. 100selonl’âge,
ont unecomposition
corporelle
à peuprès semblable.
Commeles
animauxtémoins
ontété rationnés
à unniveau proche
dela consommation
àvolonté,
onpeut
se demandersi
lechoix de
ceniveau influence les résultats obtenus.
Dans cette
étude, les
animauxtémoins
sontrationnés plus sévèrement
que dansl’expérience précédente,
en conservant le mêmeschéma
pour les animauxexpéri-
mentaux.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
I
. Animaux et
régimes-Mode de
distributionSelon des conditions
expérimentales identiques
à celles définiesantérieurement,
les rats sont mis enexpérience
àl’âge
de 4semaines +
1jour
et aupoids
de6g !
5 g. Le niveau de restrictionimposé
est inférieur de zg p. 100au niveau témoin de distribution : au niveauhaut,
lerégime
contientiz p. 100de
protéines
et celui distribué au niveau bas r6 p. 100deprotéines.
Ainsil’apport
azotéest
égalisé
aux deux niveaux.La distribution au niveau Haut est fixée à r5 p. ioo en moyenne en dessous de la consommation
spontanée
du mêmerégime.
Sans modifier l’écart relatif de la consommationd’énergie
entre lesanimaux témoins et
restreints,
les échelles de rationnement n° 2sontappliquées
dans les mêmesconditions que celles du rationnement n° i dans l’étude
précédente.
La
figure (i) représente
cette différence dans le mode de distribution.2
. Schéma
expérimental -
Moded’abattage
etcomposition corporelle
Pendant deux
périodes
successives de 3semaines,
les animaux sont soumis aux niveaux d’ali- mentation Haut(H)
ou Bas(B)
selon les schémas :Haut-Haut
(H-H),
Bas-Haut(B-H),
Haut-Bas(H-B)
et Bas-Bas(B-B)
Dans un lot
supplémentaire,
les animauxreçoivent
à volonté l’aliment distribué au niveau Haut.Une seule série
d’abattages
est effectuée aupoids
moyen de z5o g par lot. Cepoids
est choisien référence à celui des
abattages
effectués dans l’étudeprécédente.
L’efficacité nutritionnelle et la
composition
dugain
depoids
sontcomparées
dans les différents lots selon des méthodes décrites antérieurement.RÉSULTATS ET
DISCUSSIONSLes résultats
de cette secondeexpérience
sontprésentés
dansles tableaux
1, 2et3
,
àpoids égaux
àl’abattage. Le niveau du rationnement Témoin constitue la seule
différenceexpérimentale introduite
parrapport
à l’étudeprécédente. Aussi,
la com-paraison
des résultats des deuxexpériences
est effectuée aupoids identique
de250
g.Pour
chaque expérience,
le lot témoin est celui danslequel
les animaux sont soumisaux
niveaux
Haut-Haut.I
. Consommations
Au même
poids final,
les animaux du lot témoin H-Hont u-ne consommation
totale
supérieure
de 7 p. 100 à celle des animauxqui reçoivent
àvolonté
le mêmerégime,
carles
vitesses decroissance
sont différentes dans ces deux lots.1
0
Relativement
au lottémoin H-H, les
consommationsd’énergie
sont compa-rables dans
tous
leslots, l’exception
du lot B-H pourlequel
laconsommation
d’éner-gie
est de 7 p. 100plus
faible.L’ordre relatif
desconsommations d’énergie
est donccomparable
dansles
deuxexpériences,
parrapport
à leurs témoinsrespectifs.
2
° Les consommations de
protéines
sontidentiques
dans les lots H-H et B-H danschaque expérience.
Parrapport
à ces deuxlots,
elles sontplus
élevées de 20 p. 100 et 28 p. 100dansles
lots H-B et B-Brespectivement.
Dansl’expérience précédente,
elles étaient accrues de 28 p. 100et 23 p. 100dans ces deux lots
respectifs.
Une consommation de
protéines plus
élevée de25
p. 100 en moyenne est donc obtenue dans leslots
H-B et B-B danschaque expérience. Toutefois,
la consomma-tion la
plus
élevée est observée dans le lot B-Blorsque
la restriction a étéplus sévère,
dans lelot
H-Blorsque
la restriction a été lamoins
sévère.2
. Croissance -
Efficacité
alimentaireDans le tableau 2, on remarque que le lot témoin H-H a une
croissance inférieure
de y p. ioo à celle du lot nourri à volonté et abattu 8jours plus
tôt.Sur l’ensemble
despériodes,
la croissancen’est
pas influencéedifféremment
dansles
deuxexpériences :
elle estcomparable
dans leslots
H-H et B-Hd’une part,
dans les lots H-B et B-B d’autrepart.
Pourpréciser l’influence
de lasévérité
durationnement témoin,
les différences des vitesses de croissance parpériode/ (GMQ 2 -
GMQ l
)
ont étérapportées
à lavitesse de croissance
enpremière période (GMQ I ).
Les
valeurs de cerapport (p. 100 )
obtenues danschaque
lot sontprésentées ci-dessous
selon les échelles de rationnement témoin :
La signification
de cerapport
estéquivalente
à celle duchangement
despentes
de la courbe de croissance entre lespériodes d’alimentation
successives. Dans le lot B-H lechangement
est trèsbrusque
et dans le lot H-B il est très modéré. Parailleurs,
danschaque lot,
les valeurs absolues desrapports
sontplus
élevées[avec !le [ration-
nement n° 2
(plus
sévère que lerationnement
n°i).
3
.
Compositions corporelles
- Rétentions absoluesd’énergie
Sur
letableau
3, on remarque, à250
g, que lescompositions corporelles
nediffèrent
pas dans le lottémoin
etle
lotnourri
à volonté.Dans les lots H-H et
B-H,
la teneur enlipides
estplus
élevée que dans les lotsH-B et
B-B ; inversement,
la teneur enprotéines
estplus
élevée dans ces deux der- niers lots.Sur
lafigure (fig. 2 ),
lescompositions
enénergie
sontreprésentées
au mêmepoids final de 250
g pour chacune deséchelles
derationnement utilisées.
Remarquons
toutd’abord
queles dépôts protéiques
sontprioritaires
et peuinfluencés, quel
que soit le rationnement témoin. Ceci confirme les résultatsde
HAMMOND
. Par
contre, l’amplitude
des variations de lafraction des calories d’origine ,?
lipidique
estbeaucoup plus importante
avec lerationnement 2 , plus sévère
que lerationnement
i. Ce résultatcoïncide
en outre avecles observations
effectuéessur
les changements
depente
de lacourbe
de croissance : une «compensation
uplus importante
dans le lot B-Hs’accompagne
d’undépôt lipidique plus important.
Inver-sement un «
freinage plus important dans
le lot H-Bréduirait plus fortement
lesdépôts lipidiques.
Dans les conditions du rationnement le
plus sévère,
des différences de teneursen
lipides, comparables
auxdifférences d’adiposité
obtenues par MAc MEEKAN chezle Porc,
sont obtenues chez le Rat de250
g. Dans le lotB-H,
lesdépôts lipidiques
sont
plus importants
et dans le lotH-B,
ils sontplus faibles
que chez les animauxtémoins
H-H.Toutefois,
la différence n’est pas observée entre les lots H-B et B-B.4. Efficacité
des rétentions.
Relativement aux ingérés, l’efficacité
de larétention
d’azote estabaissée
parrapport aux lots témoins
dans leslots
B-Brestreints
defaçon continue. Les
diffé-rences
observées
entreles lots
H-H et B-B sont trèscomparables
dans les deuxexpé-
riences. Par
ailleurs, dans les lots
dontles niveaux
ontété croisés après
3semaines, l’efficacité azotée
estréduite dans le lot
H-Bseulement
parrapport
aulot témoin.
.
L’efficacité énergétique
estplus
élevéedans
le lot B-H que dans les autreslots
oùelle
nediffère pasjj- !!
i’?
’CONCLUSIONS
Lorsque
le niveaud’alimentation
témoin varie de 5 p. 100, une réduction de25
p. 100desapports énergétiques entraîne
des effetsreproductibles
sur lacroissance
et
l’efficacité alimentaire
dans les lotsH-B, B-H,
H-B et B-B. Parcontre,
au mêmepoids
final de250
g, lacomposition
desdépôts
estinfluencée
par le choix duration-
nementtémoin.
Ces faitspeuvent
être ainsi résumés :-
Quelle
quesoit
lasévérité
du rationnementtémoin,
lesanimaux
deslots
H-B et B-B ont une
croissance
inférieure de 18 p. 100 en moyenne àcelle des
ani-maux
des
lots B-H et H-H.Ir’efficacité
azotée est abaissée dans les lotsrestreints,
à
l’exception
du lot B-H. Dans celot, l’emcacité énergétique
estplus élevée
que dansles
autreslots,
où elle ne diffère pas. !&dquo; ’ ’cp -- .
- Au même
poids
final de250
g, lescompositions corporelles
sont semblablesdans tous les
lots,
avec un rationnementtémoin inférieur de
10 p. 100 àcelui
dela
consommationspontanée.
Parcontre,
dès que cerationnement témoin
estabaissé
de5
p. 100, desdifférences
entre lots sontobservées.
Dans ce cas, les teneurs enlipides
sontplus
élevées dans lelot
B-H etplus
faibles dans le lot H-B que dansle lot
témoin H-H.L’augmentation
de la sévérité du rationnement est accusée simul-tanément
parla
courbe decroissance
et par lesdépôts lipidiques. La plasticité
de cesdépôts pourrait dépendre
desétats nutritionnels résultant des
niveauxalimentaires
qui
ont étésuccessivement appliqués après
le sevrage.En outre,
larestriction
de25
p. 100 desapports énergétiques réduirait plus
nettement lesdépôts lipidiques
dans
lejeune âge qu’à
un stadeultérieur.
Il ressort
de
cette étude que lasévérité
durationnement doit
êtrecroissante
pour éviter ledéveloppement
tardifdes dépôts lipidiques. Toutefois,
ladépense
d’azote
est accruelorsque
lerationnement énergétique
estplus sévère. En définitive, lorsque les résultats
desexpériences
sontcomparés,
un rationnementglobal inférieur
de 10 p. 100 au
niveau
ad libitumpermettrait
undéveloppement harmonieux
des
dépôts protéiques
et desdépôts lipidiques
au cours desphases successives
de la croissanceaprès
le sevrage.Reçu
pourpublication
en avril19 6 7 .
SUMMARY
NOTE ON THE INFLUENCE OF THE SEVERITY OF RESTRICTION OF ENERGY ON BODY COMPOSITION OF WHITE RATS AFTER WEANING
When the feed of controls was reduced
by
5 per cent, a further reduction of z5 per cent ofsupply
of energy gave
reproducible
effects ongrowth
andefficiency
of feed utilization in groupesH-H, H-B
and B-B. On the other
hand,
at the same finalweight
of 250g, thecomposition
of the tissuegained
was influenced
by
the ration chosen for controls. The facts may be summarized thus :- However
severely
the controls wererestricted, growth
of rats in groups H-B and B-B was 18 per cent less on average than in groups B-H and H-H.Efficiency
of utilization ofnitrogen
was less in the restricted groups, except for group B-H. In this group
energetic efficiency
wasgreater than in all other groups, among which it did not differ.
- At the same final
weight
of 250 gbody composition
was the same in all groups when controlswere restricted
by
10per cent of thevoluntary
intake. On the otherhand,
when the control ration wasreduced
by
5per cent difference among groups could be seen. In these circumstanceslipid
contentswere greater in group B-H and less in group H-B than in the control group H-H. The increase in the
severity
of restriction was reflectedsimultaneously
in thegrowth
curve and thedeposition
oflipids.
The
ability
of thesedeposits
tochange might depend
on the nutritional stateresulting
from theplanes
of nutrition which had beengiven successively
afterweaning. Moreover,
restriction ofsupply
of energy
by
25per cent would reducedeposition
oflipids
moremarkedly
at younger age than at alater stage.
This
study
shows that restriction of energy must be at anincreasing
rate to avoid thedeposition
of
lipids
at the late stage. In the conditions of the presentexperiment
thisobjective
was attained atthe
price
of anequivalent
increase in intake ofnitrogen.
When the results of theexperiments
arecompared
total restrictionby
10per cent of the amount eaten toappetite
would allow a harmoniousdevelopment
ofdeposition
ofprotein
andlipids during
the successivephases
ofgrowth.
This restric-tion from
weaning
would retard thedevelopment
oflipid
tissueonly
with betterefficiency
than arestriction of energy
by
25 per cent, theseverity
of which would itself have to be increased later.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I3 ! DESMOULIN, 1967.
Évolutions
selonl’âge
et lepoids
de lacomposition corporelle
du rat blanc soumis à un rationnementénergique après
le sevrage. Ann, Biol. ann. Bioch.,Biophys.
Me MEEKAN, C. P., 1940. Growth and
development
in thepig
withspecial
reference to carcassquality
characterislics.
J. AgrT C .
Sei., 30, 276-344, 387-436, 5rr’569·Mc MEEKAN, C. P., 1941. Growth and
development
in thepig
withspecial
refence to carcassquality
characteristics