Essais insecticides contre la Processionnaire du Pin
(Thaumetopoea pityocampa SCHIFF)
Action comparative de différentes spécialités commerciales
Bactospéine, Dipel, Thuricide et Dimilin
G. DEMOLIN A. MILLET I.N.R.A., Station do Zoologie
forestière.
F 84000 A vignon
Résumé
Les essais insecticides réalisés en
jeune
reboisement contre la Processionnaire duPin,
Thnurnetopoea pityocalllpa SCHIFF à l’aide de troisproduits
à base de Bacillus tliiii-iiigieiisis :Bactospéine,
Dipel, Thuricide et d’unespécialité
à base de diflubenzuron :Dimilin,
ontpermis
de préciser que les quatre formulations étudiées n’ont manifesté que peu de différenceen ce
qui
concerne leur efficacité à moyen terme.1. - Introduction
L’accroissement
progressif
des surfaces boisées en résineux aprovoqué, depuis quelques années,
uneaugmentation
desdommages
causés par la Processionnaire dupin qui, rappelons-le,
sévit actuellement dans tous les pays du Bassinméditerranéen,
àl’exception
del’Egypte
et de laLibye.
Bien que
plusieurs
voies de recherche s’orientent actuellement vers la définition d’une nouvellestratégie
de luttepréventive
par la mise en oeuvre d’unesylviculture
«
adaptée » (GRtsorr, 1973 ; P ARDE , 1974),
il faut reconnaître que lesresponsables
forestiers seront encore, pour
plusieurs années,
devant la nécessité d’utiliser des insecticides defaçon plus
ou moinsdrastique.
L’augmentation
du nombre desspécialités
efficacesproposées
par les firmes commercialespeut
les y aider mais il ne fait aucun doutequ’ils
devront sans cesserechercher une amélioration dans les méthodes d’essais et d’interventions ou,
plus
exactement, dans le choix des
stratégies
à mettre en oeuvre. Ce choixdépendra
de toute évidence des
qualités
propres àchaque insecticide,
dutype
de forêt àprotéger,
mais surtout des connaissancesacquises
sur les mécanismesqui régissent
lesdynamiques
despopulations
de la Processionnaire dupin.
En réalisant ces essais
comparatifs,
avec desproduits
auxperformances
assezsemblables,
notre propos est, enpartie,
de les y aider.2. - Méthodes et
techniques
2.1. Méthodes d’étcede de la mortalité
Compte
tenu desparticularités éthologiques
de la Processionnaire dupin
etprincipalement
de son caractère social(D EMOL irr, 1967, 1969, 1971 )
deux méthodes d’estimation de la mortalitéprovoquée
par desagents auxiliaires,
ou uninsecticide,
peuvent être mises en oeuvre.2.11. Table de mortalité
Sur
plusieurs
lots d’arbres infestés par la Processionnaire dupin
etgroupés
en échantillons
représentatifs,
onenregistre
la mortalité des oeufs et des chenilles àpartir
deprélèvements
successifs despontes
et des colonies. Laquantification
estobtenue par différence entre le nombre d’oeufs effectivement
pondus
surchaque
lotéchantillon et le nombre d’individus retrouvés sur les mêmes lots. La succession des
prélèvements (qui
peuvent être trèsnombreux)
permet d’établir des tables ou des cour- bes de mortalité. Aupoint
de vuepratique
la mise enapplication
de cette méthode né- cessite un choix trèsobjectif
de la zone d’étude. Il faut que lefeuillage
des arbres soit accessible dans tout son volume afin de retrouver facilement l’ensemble despontes
et ensuite l’ensemble des colonies. Cequi
limitel’expérimentateur
auxjeunes
forêts. Il faut aussipréparer
leprotocole
d’étude trèslongtemps
à l’avance afin d’unepart
deprendre
connaissance de lapopulation
enplace
et d’autrepart
d’assurer le ramas-sage des pontes, de l’ensemble des lots
prévus,
immédiatementaprès
lapériode
d’éclosion.
2.12. Dénombrement des nids d’hiver
Le dénombrement des nids
d’hiver, qui
sont très visibles même sur lesgrands arbres,
est une des bases d’observationqui
a été laplus
utilisée pour évaluer les niveaux depopulation
au cours des étudesdémographiques (DusAUSSOY, G ERI , 1969).
Cette méthode
qui prend
toute sa valeurlorsqu’elle
est utilisée en forêtâgée
n’estpas, à notre
avis,
assezprécise
pour comparer l’efficacité à court terme des insecticides dont onsait,
apriori, qu’ils
ont desperformances
assez semblables.2.2. Zone d’intervention
Ayant
établi un choixprioritaire
à la mise enapplication
de lapremière méthode,
la forêtqui
a été retenue pourl’expérimentation
est un reboisement de dixans d’une
superficie
de 54 hectares. Il est situé au Nord-Est dudépartement
duGard,
dans la forêt communale deLussan,
à une altitude de 290 mètres.La
plantation
est réalisée enmajorité
sur terrain nu à raison de 1 350plants/
hectare. Dans la
partie
nord lavégétation
naturelle a été conservée entre les rangs.Le boisement est dans son ensemble très facile d’accès.
L’essence dominante est le
pin
noird’Autriche ;
essencequi, notons-le,
sera la seule à êtreprise
en considération dans nos relevés. Il existecependant quelques
cèdres en
mélange
dans tout lepeuplement (4
p.l00), quelques rangées
desapins
deCéphalonie
dans lapartie
Sud etplusieurs
rangs depin
de Saltzmann au Norddu boisement. La
population
depins
noirs avait, en 1975, une hauteur moyenne de2,15
mètres(a
=0,47).
2.3. Choix des insecticides
Le choix des insecticides utilisés s’est limité à
quatre spécialités parmi
cellesdont
l’emploi
étaitdéjà
autorisé en France ou en coursd’homologation.
- La
Bactospéine
P.M. -poudre
mouillable à base de Bacillusth l lringiensis, sérotype I, Berliner,
titrant 6 000U.A.A.K./mg,
fabrication Rhône-Poulenc.- Le
Dipel
W.P. -poudre
mouillable à base de Bacillusthuringiensis,
soucheH.D. 1 du
sérotype
11I’(3A-3B)
Kurstaki titrant 8 000U.A.A.K./mg
de fabrication Abbott et distribué en France par C.E.V.A.- Le Thuricide H.P. Produit voisin du
Dipel
titre seulement 4 000 U.A.A.K./mg, de fabrication Sandoz.
- Le Dimilin -
poudre
mouillable à base de diflubenzuron(25
p.100) 1-(4 chlorophenyl)-3-(2,6-difluorobenzoyl)-urée,
insecticide desynthèse
de fabricationPhilips Duphar
distribué en France par laQuinoléine.
3. - La Processionnaire du
pin
dans la zoneexpérimentale
Le boisement de Lussan est situé dans la zone
optimale
de l’aire derépartition
de la Processionnaire du
pin (D EMOUN , 1969 ; I-Iuc HO rr, D EMODN ,
1970) cequi explique l’importance
desdégats enregistrés depuis plusieurs
années par les services forestiers dudépartement
du Gard.Avant
l’expérimentation,
lespopulations
n’avaient été observées que defaçon
occasionnelle et peu
précise. Cependant
en connaissance des donnéesbioclimatologiques
du
département
du Gard la Processionnaire nepouvait suivre,
sauf conditions clima-tiques exceptionnelles, qu’un cycle
trèsclassique : apparition
des adultes courantjuillet,
durée d’incubation des oeufs de 35 à 40jours,
évolution ralentie en hiver(au
4’ stade
larvaire)
etpériode
desprocessions
denymphose
en mars-avril.3.1. Relevés
biologiques pré-expérimentaux
3.11. Déterrninntion de la
période d’émergerace
desadultes, pré-estimation
du niveaud’infestation
et de Ica date d’interventionLa
période
de vol des adultes a été obtenue parpiégeage
lumineux(Piège D
EMOLIN
).
La campagne decapture
a duré du 7 au 22juillet,
elle a étécomplétée
par des «
sondages
» bi-hebdomadairesjusqu’au
15 août.Les résultats sont
représentés
sur lafigure 1 ;
c’est une courbecaractéristique
pour
l’espèce
en zoneoptimale
de son aire derépartition.
Lesquelques captures
du mois d’aoûtcorrespondent
à une vague tardivequi
ne donne que rarement une descendance viable(prolongation
de la durée d’incubation et difficulté de surviehivernale).
Nous retirons les éléments suivants :
- Le nombre des adultes
capturés
est relativementélevé,
lapopulation
est doncsuffisante pour exécuter les essais
envisagés.
- La connaissance de la date moyenne des sorties d’adultes
(15 juillet)
etcelle de la forme de la distribution
indiquent
quel’expérience
pourra avoir lieuau cours de la deuxième semaine de
septembre
enprenant
une durée moyenne d’incubation de 35jours.
3.12. Détermination du niveau
d’infestation
par dénombrement des pontesPour
compléter
etpréciser
l’évaluation faite aupiège
lumineux nous avonsdénombré les pontes
présentes
sur 280 arbresrépartis
sur l’ensemble duboisement ;
991
pontes
ont ainsi étérécupérées
soit une moyenne de3,54 pontes
par arbre.La
partie
nord et lapartie
centrale sontplus
infestées que lapartie
sud de la forêt :respectivement 3,47,
4,22 et2,77 pontes
parpin.
Si nous
analysons
defaçon plus
détaillée les résultatsobtenus,
voirfigure 2,
nous constatons que tous les
pins
ne sont pas infestés defaçon régulière
ni au hasard.Ce résultat obtenu par
comparaison
de lafréquence
observée et de la distributionthéorique ajustée
est laconséquence
directe ducomportement
des femelles en fonction de la silhouette des arbres(D EMOLIN , 1969).
3.13. Détermination de la date
précise d’itttervention,
éclosiott des chenilles Toutes lespontes précédemment prélevées
ont été conditionnées individuelle- ment en tube de verre. Les lots ainsi constitués ont étéplacés
sous abri extérieurau laboratoire du Mont Ventoux.
L’observation
journalière
despontes
nous a donné la courbe defréquence
deséclosions F.R.
(premières
chenilles écloses pourchaque ponte).
La distribution a pour moyenne x =13,40 (20 août)
et pour écarttype
6 =4,67.
Notons que nous avonsgroupé
les données obtenues par classes de 3jours
pour le calcul de lafréquence
théorique (F.T.)
dans lafigure
3.Ces résultats montrent que : *.
- La durée moyenne d’incubation a été de 36 à 37
jours (écart
entre lesmoyennes de la courbe de vol des adultes et celle de la courbe des
éclosions).
Cettedurée a été d’ailleurs confirmée « in situ » en
plaçant régulièrement
despontes
de date connue sur le terrain.- Les
pontes ayant
été récoltées entre le 7 et le 11 août(3.12.),
donc bienaprès
lapériode
de vol du mois dejuillet,
on constate sur la courbe que le vol tardif n’a pas donné de descendance.- La date du traitement
pouvait
être fixée pour le 9septembre
et cela dèsle 15 août. Ce
qui
donnait une marge detemps
suffisante pour assurer lapréparation
matérielle des
opérations.
3.2. Sclaéma d’évolution. Détermination des dates de
prélèvement
Les informations recueillies
jusqu’au
15 aoûtprécisaient
que lapopulation était,
comme
prévu,
bien « calée » parrapport
au climat dubiotope.
Les larves suivraient donc un schéma d’évolutionclassique (D EMOLIN , 1969)
que nous avonsreprésenté
surla
figure
4.A
partir
de ce schémathéorique,
établi le 15août,
nouspouvions
mettre enplace
le calendrier
opérationnel
de traitement et de contrôle.- L’intervention
(jour J)
a étéprévue
le 9septembre lorsque
lapopulation
serait aux 1 et 2&dquo; stades larvaires
(L1, L2)
c’est-à-dire aux stades lesplus
favorables à l’efficacité desspécialités
à base de Bacillusthuringietisis.
- Le
premier prélèvement (Pl),
ne concernant que lestémoins,
a étéenvisagé
à J - 6 soit le 3
septembre.
Il avait pour but d’évaluer la mortalité naturelleau stade ceuf et aux deux
premiers
stades larvaires pour lapériode
située entrel’éclosion et l’intervention.
- Le deuxième
prélèvement (P2)
a étéprévu lorsque
lapopulation
serait au deuxième stade larvaire(L2)
et enpartie
au troisième(L3)
soità J + 13
le22
septembre.
- Le troisième
(P3)
et lequatrième prélèvement (P4)
ont étéenvisagés lorsque
lapopulation
serait parvenue,respectivement
au troisième etquatrième
stade larvaire soit à J +
28,
le 6octobre,
et à J +48,
le 27 octobre.- Un
cinquième prélèvement (P5)
aurait lieu auprintemps
1976lorsque
lapopulation
serait aucinquième
stade larvaire(L5).
La date ne pouvant pas êtreprécisée
à l’avance.3.3. Détermination de l’unité
d’échantillonnage
Compte
tenu de l’infestation existante et des connaissancesprogressivement acqui-
ses sur la
population
de laProcessionnaire,
nous avons admisqu’un
lot de dix arbres tirés au hasard etsupportant
au moins une ponte, serait suffisant pourchaque prélè-
vement.
4. -
Opération proprement
dite4.1.
Préparation
de la zoneexpérimentale
Notre intention étant de tester quatre
produits,
à deux doses différentes pour deux d’entre eux, le boisement a étédécoupé
en onzeparcelles. Sept
d’entre ellesont été attribuées à
chaque
insecticide avec l’accord desresponsables
des différentes firmes commerciales :Al, A2, BI, B2, CI, C2,
D(voir
tableau1)
et lesquatre
autres ont été réservés comme témoins :
Tl, T2, T3,
T4.A la demande des
expérimentateurs
du Thuricide laparcelle
A1 a été réservée à un essai ausol ;
de ce fait elle a été exclue de nos contrôles.Afin d’éviter l’incidence des recouvrements
accidentels, susceptibles
de se pro- duire lors du passage del’hélicoptère,
desplacettes
de 75 mètres de côté ont étéaménagées
au coeur desparcelles
pour y effectuer tous les contrôlesexpérimentaux.
Les lots d’arbres échantillons ont été
repérés
dans chacune desplacettes
àraison de 50
pins
dans les 4placettes
témoins(5 prélèvements
Pl àPS)
et 40pins
dans les 6
placettes
traitées(4 prélèvements
P2 àP5).
Commeprévu
les arbres neportant pas de pontes ont été
rejctés
etremplacés
par lepin
leplus proche
porteur d’au moins uneponte.
Enfin,
autotal,
440 arbres ont étémarqués
sur l’ensemble du boisement.4.2. Contrôles
pré-tr-aitemerrt
4.21. Récolte de pontesA la fin de la
période
deséclosions,
àpartir
du 3septembre,
toutes les pontesprésentes
sur les 440 arbres échantillons ont étéprélevées
afin de déterminer avecprécision
lapopulation
initialeprésente
surchaque pin.
Pour l’ensemble des
placettes,
2 046pontes
ont étérécoltées,
soit une moyenne de4,65 pontes
par arbre. Ce chiffre estsupérieur
à celui obtenu lors dupremier prélèvement (voir 3.12.) qui
était de3,54.
Cette différences’explique
par lerejet,
lors du
tirage,
despins
nepossédant
pas deponte :
si nous effectuons le mêmerejet
pour le
prélèvement
initial soit 66 arbres sur 280 nous obtenons la moyenne de4,63,
valeurpratiquement identique
à cellequi
vient d’être observée.4.22. Mortalité dans les témoins avant l’interventiora
Le 3
septembre,
en même tempsqu’il
étaitprocédé
au ramassage despontes
dans toutes les
placettes,
les coloniesprésentes
sur lespins
de lapremière
unitéd’échantillonnage
deTl, T2,
T3 et T4 ont étéprélevées
et les chenilles dénombrées.La mortalité naturelle,
rapportée
au nombre d’oeufspondus, atteignait 49,96
p. 100 dont36,26
p. 100 pour les œufs(parasites
etprédateurs)
et 13,70 p. 100 pour lesjeunes chenilles.
Si nous considérons l’ensemble des 2 046 pontes
prélevées
etanalysées
unepar une, la mortalité atteint
38,57
p. 100 pour les-oeufs,
taux très voisin de celui déterminé ci-dessus pour un échantillonbeaucoup plus
restreint. Cette mortalitéest due
essentiellement,
pour environ 30 p. 100, à l’action cumulée de deuxparasites oophages :
7’!r«s7/c/!!s’ serl’ildl’i DOM. etUor>i<. _ ;iii<,; piyocnm p ue
MERCET.La fécondité s’avère
également
très faible avec une moyenne de175,4
oeufspar ponte : cette valeur est
peut-être explicable
par le fait que lapopulation
1974- 1975,qui
était trèsimportante,
a pu souffrir d’une relative sous-alimentation.4.23.
Coijipositioti
de lapop»lation
larvaire avantl’expérimentation
Les dénombrements dans les
placettes
témoins nous donnentégalement
lacomposition
de lapopulation
par stades larvairesqui
s’établit comme suit :1&dquo;&dquo; stade 38 p. 100 0 2&dquo; stade 60 p. 100 3’ stade
2 p.
100c’est-à-dire que, sous ce
rapport,
se trouvaient réunies toutes les conditions biolo-giques optimales
d’efficacité des insecticides choisis ;particulièrement
ceux à basede Bacillll.1’
//!;<;’/;;g;’!.S7!.
4.3. Interverztiora proprelllent dite 4.31.
Prépilration technique
Parallèlement aux contrôles
biologiques
nécessaires aux essais lapréparation technique
del’opération
s’estpoursuivie.
- Le choix de
l’appareil
a été arrêté à unhélicoptère
BELL 47 G2équipé
d’unc rampe de 50
gicleurs
de 13/10&dquo; pour un débit moyen de 30 litres à l’hectare.- Le
découpage
de la zone enplacettes
étant trèscomplexe,
unbalisage précis,
par
cibles,
a été mis enplace
defaçon
àpermettre
aupilote
un recouvrementoptimal (Plan
directcur :figure 5).
- La
qualité
del’épandage
serait vérifiée par des cibles de canson noirposées
sur Ic sol et des
plaquettes
de verre(protecteurs
dediapositive) ;
ces dernièresont été fixées sur
chaque pin
situé àl’angle
desplacettes
et à leur centre. Notons,qu’en chaque point,
nous avonsplacé
uneplaquette
verticale et une horizontale.- les données
météorologiques qui
sont trèsimportantes
avant etaprès
l’inter-vention ont été obtenues en collaboration avec le S.T.E.F.C.E.
d’Avignon (I.N.R.A.).
4.32. Conditions de l’intervention
Commencé le 9
septembre,
commeprévu,
à 8 h30, l’épandage
s’estpoursuivi
jusqu’à
13 heures sous de très bonnes conditionsmétéorologiques :
vitesse du vent de 4 km/h et beautemps.
Le contrôle à la fin de
l’opération
nous a confirmé laqualité
etl’homogénéité
de distribution de chacun des
produits.
Seul deux « manques » ont été relevés enbordure des
placettes
Cl(Dimilin)
et A2(Thuricide).
Un
tirage photographique agrandi
desdépôts
de bouillie recueillis par lesprotecteurs
dediapositives
nous a montré une très bonnedispersion
de chacune desspécialités excepté
laBactospéine (R.P.)
dont ledépôt
a conservé une structureplus grossière (gouttes
deplus
fortdiamètre).
A
signaler
unepluie fine, 6,8
mm dans la nuit du 10 au 11septembre après
23 heures et une
pluie abondante,
50 mm, dans lapériode
du I au 15. Leschenilles,
encore très
jeunes,
donc de comportement alimentairecrépusculaire,
ont pu ainsi effectuer deuxprises
alimentairescomplètes
avant tout début delessivage
desbouillies.
5. - Résultats
5.1. Prélèvements
Le
protocole prévu
le 16 août a étéappliqué
sans modification de date.Cepen-
dant le
cinquième prélèvement,
le 14 février1976,
a étéperturbé
en cequi
concerneles témoins par suite de
l’importance
de lapopulation présente
sur certainspins.
Pour
l’analyse
des résultats seuls lespins
non entièrement défeuillés ont étépris
enconsidération
(prélèvement
P5 B au lieu deP5).
Nous
indiquons
d’autre part,ci-après,
larépartition
par stades despopulations
de chenilles dans les
placettes témoins,
à chacune des dates deprélèvement.
5.2.
Effets
desproduits
La
figure
6 donne les courbes d’évolution de la mortalité dans lesplacettes
traitées.
Il
apparaît
defaçon
indéniable que tous lesproduits
testés ont eu une trèsbonne efficacité contre la Processionnaire du
pin.
LaBactospéine (R.P.)
montre une différence relativement sensiblequi pourrait s’expliquer
par unedispersion
un peu moinsfine, d’après
les observations faites à la surface desprotecteurs
dediapositives.
Il est
vrai, qu’à
la demande desreprésentants
de la firmedistributrice,
laBactospéine
n’a pas été utilisée suivant les normes habituelles
préconisées
à cetteépoque ;
c’est-à-dire deux passages
espacés,
l’un del’autre,
dequinze jours.
Au
contraire,
on nepeut
trouver de différences sensibles entre les trois autresspécialités,
c’est-à-dire leDipel,
le Thuricide et le Dimilin(98
à 100 p.100).
En cequi
concerne ce dernierproduit, agissant
comme inhibiteur de mue par action sur lasynthèse
de lacuticule,
sonplein
effetn’apparaît,
comme c’étaitprévisible, qu’au
3e
prélèvement.
Les 20 et 21 avril
1976,
afin decompléter
les résultats obtenus par les tables demortalité,
nous avons, sur 100pins
danschaque placette, enregistré
le nombrede nids par arbre et, par notation de 0 à
5,
le niveau de défoliation. Les résultatssont
reportés
sur lafigure
7. Ils confirment les conclusions tirées par l’autreMéthode.
Il est à noter que dans laparcelle
traitée au Dimilin il nous a étéimpossible
de retrouver un seul nid sur l’ensemble des arbres concernés.D’un
point
de vuepratique,
ces dernières observations nousindiquent qu’il
suffit de quatre
pontes
pourqu’un pin
noir soit défeuillé dans sa totalitélorsqu’il
a
2,20
m de hauteur.6. - Conclusion
Il est effectivement
possible,
se fondant sur un ensemble de relevésbiologiques,
d’établir les normes d’un
protocole
d’observations assurant une évaluationprécise
de l’efficacité d’un insecticide. Ceci n’étant
applicable qu’en jeune peuplement.
Les résultats de cette
expérience
démontrent que,moyennant
une déterminationprécise
de la dated’intervention,
lesproduits
à base de Bacilliisthllringiemis
montrentune excellente efficacité.
L’efficacité du
Dimilin,
excellente surjeunes
stadeslarvaires, n’apparaît
danssa totalité
qu’avec
retard. Cecicorrespond
bien au mode d’action dudiflubenzuron,
dont l’activité ne se manifeste entièrement
qu’à
l’occasion de la muequi
suitl’inges-
tion.
Les résultats
quelque
peu inférieurs de laBactospéine s’expliquent peut-être
par la nature de lacharge. Depuis 1975,
la firmeCOVAGRI,
nouvelle détentrice de la marque, a modifié la formulation.Nous
signalons
enfin que le reboisement à Lussan fut soumis en 1976 à unenouvelle intervention
généralisée
au Dimilin à effet de détruire le fortfoyer
deréinfestation laissé par les témoins de
l’expérimentation
de 1975. Des observationssur l’effet à terme de
plusieurs
années sontpoursuivies depuis
et ferontl’objet
d’uneprochaine publication.
Reçu
pourpithlicatioti
en noîrt 1980.Remerciements
Ces
expériences
ont été réalisées en étroite collaboration avec l’Office National des Forêts, la Direction Départementale del’Agriculture
dudépartement
du Gard, et lesspécialistes
desdifférentes firmes de distribution des produits utilisés. Que tous les
participants
trouvent icinos plus sincères remerciements.
Summary
Te.sting of
insecticidesagainst
theProcessionary caterpillar (Thaumetopoea pityocampa Schiff)
Comparative
actionof different
commercialspecialities :
.’Bficio.çpeine, Dipel,
Thuricide and DimilinInsecticide trials carried out
against processionary
pinecaterpillars
from products containing Bacilllls thururgiensis;Bactospeine, Dipel,
Thuricide and diflubenzuron, Dimilin,applied
with a method of comparativeanalysis by
life table based on the knowledge of insectbiology.
There is very little difference between the four insecticides where the immediateefficacity
is concerned in the short run.Références
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