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A propos de la « recommandation du parlement européen et du conseil sur les compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie », quelques réflexions en

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A propos de la « recommandation du parlement européen et du conseil sur les compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie », quelques réflexions en

Sciences Economiques et Sociales.

1) Si les SES peuvent se sentir concernées par la totalité des huit compétences clés proposées par la Commission (y compris la 2 puisqu’on peut très bien imaginer un TPE SES/Langue et la 8 avec une étude sociologique sur les goûts populaires), bien entendu, on pense plutôt aux compétences 6 (« Compétences interpersonnelles, interculturelles et compétences sociales et civiques) et 7 (Esprit d’entreprise).

2) En ce qui concerne la compétence 6 (point A), ce qui est frappant, c’est qu’elle se définit presque essentiellement en terme de « comportement » dont les formes doivent être « maîtrisées » par les individus pour « pouvoir participer de manière efficace et constructive à la vie sociale et professionnelle » et pour « résoudre d’éventuels conflits ». Notons que le « conflit » n’est pas inhérent à la société, même démocratique, il n’est « qu’éventuel » et il faut l’éliminer. C’est sans doute pour cela

« qu’il est essentiel de comprendre les codes de conduite et les usages généralement acceptés dans différentes sociétés et divers environnements (par exemple, au travail) » : « comprendre », oui, remettre en cause, non ! D’ailleurs, à la base de ces compétences, se situent différentes « aptitudes » dont celle « à négocier en inspirant confiance et en suscitant l’empathie » ; il faut savoir « gérer le stress et la frustration et exprimer celle-ci de manière constructive » !! Pas étonnant dans ces conditions que la Commission mette au centre des « attitudes » la « volonté de collaborer »…

Bref, cette compétence n° 6 donne vraiment le sentiment que son objectif est de contribuer à socialiser les individus dans une optique de renoncement, de fabriquer des

« moutons ». L’Education n’est pas là pour former des citoyens libres, dotés d’esprit critique mais pour leur faire intérioriser les « aptitudes » indispensables pour naviguer dans la société que veulent voir se pérenniser les auteurs du texte et qu’il faut mettre en relation avec le projet de constitution européenne : une société libérale, au sens très économique du terme.

Le passage (point B) sur les compétences civiques aurait de l’intérêt… s’il n’y avait pas le point A. Le texte a beau jeu d’appeler les citoyens à « s’engager » quand on sait qu’il serait souhaitable que cela n’aille pas jusqu’à remettre en cause l’ordre établi.

La compétence 6 suggère tout de même la connaissance d’un certain nombre de

« notions » que l’on retrouve dans les différents programmes de SES : « individu »,

« groupe » ; « organisation du travail », « égalité entre homme et femme », « société »,

« culture ». Les compétences civiques font appel à des notions que l’on retrouve dans les programmes de SES, ECJS, histoire, philo… Mais ce n’est pas la présence en soi de ces notions qui compte, c’est bien ce qu’on veut en faire.

Les professeurs de SES ont pris l’habitude, depuis bientôt quarante ans, de former les jeunes à l’esprit critique et de leur donner les outils pour comprendre et transformer le monde (même s’il faut être modeste quant aux résultats). On peut douter qu’ils s’inscrivent docilement dans les exigences du point A de la compétence 6 !

3) La compétence 7, « l’esprit d’entreprise » est exposée comme du mauvais Max

Weber : elle se définit comme une rationalité en objectif mais on oublie l’autre

dimension de la rationalité weberienne, la rationalité en valeur. Du coup, une

conception « économique » de la rationalité domine avec la succession : « créativité »,

(2)

« innovation », « prise de risque », « programmation et gestion de projets » en vue de

« réaliser des objectifs », pour ne pas dire de « profits »… On suggère même que la vie privée pourrait être « gérer » sur le même modèle

1

.

Les connaissances suggérées renvoient bien entendu à la « compréhension générale des mécanismes de l’économie », ce qui relève des programmes de SES. Mais on peut sourire lorsque le texte utilise le conditionnel (ce qui n’est pas souvent le cas) pour suggérer que « les individus devraient être au fait de la position éthique des entreprises, et de la manière pour elles de servir d’exemple en menant une activité commerciale honnête ». Est-ce une façon de dire que les entreprises malhonnêtes, ça existe ?

Bref, l’objectif de la commission est de faire « souffler l’esprit d’entreprise », pas seulement dans la sphère économique, mais également dans les domaines public et domestique.

1

. Un homme rencontre une femme qui l’intéresse et tire des plans sur la comète (créativité),

est prêt à adopter une nouvelle démarche de séduction (innovation) qui n’est pas sure (prise de

risque) mais nécessitant de la prévoyance et de l’organisation (programmation et gestion de

projet) en vue de réaliser un objectif (imaginez-le…). Bien entendu on pourrait partir d’une

femme !

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