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L'homme branché : mobile et pressé

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-00922976

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00922976

Submitted on 31 Dec 2013

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Francis Jauréguiberry

To cite this version:

Francis Jauréguiberry. L’homme branché : mobile et pressé. Ascher et Godard. Modernité : la nouvelle carte du temps, L’Aube, pp. 155-167, 2003. �hal-00922976�

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Paru dans Modernité : la nouvelle carte du temps (éds. F. Ascher et F. Godard), Paris, l’Aube, 2003, pp. 155 -167.

L’HOMME BRANCHE : MOBILE ET PRESSE Francis Jauréguiberry

L’homme a toujours rêvé d’être ici et ailleurs en même temps. Mais ce désir d’ubiquité n’avait jusqu’alors trouvé d’autre réalisation que mythique au niveau collectif et imaginaire au niveau individuel. L’apparition des téléphones mobiles introduit un véritable bouleversement dans la façon de vivre ce désir. Les mobiles permettent en effet d’expérimenter une ubiquité non plus seulement mentale, comme cela a toujours été possible par le rêve ou la construction intellectuelle, mais aussi sensitive et verbale , par le prolongement artificiel de l’ouïe et de la voix

1

. La différence essenti elle entre les mobiles et toutes les technologies de communication l’ayant précédé, et en particulier le téléphone fixe, réside en ce que, pour la première fois, la localisation physique des interlocuteurs importe peu. D’où qu’ils se trouvent, il leur est désormais possible d’être immédiatement, par l’écoute, la voix et bientôt le regard, dans deux endroits en même temps. Un espace sans distance et un temps sans délai se superposent peu à peu à l’espace -temps « classique » de chaque « branché »

2

. De nécessa irement successifs et spatialement exclusifs l’un de l’autre, l’ici et l’ailleurs se muent en « possibles » sur lesquels chacun peut être immédiatement et simultanément branché. C’est sur la nature de cette immédiateté et de cette simultanéité que portent les quelques pages qui suivent

3

.

1-DENSIFICATION ET DÉDOUBLEMENT DU TEMPS

Comme la plupart des outils technologiques de ce siècle, le téléphone mobile relève pour beaucoup d’une lecture utilitariste du progrès qui consiste, dans la perspective qui nous intéresse ici, à faire plus de choses ou mieux dans le même laps de temps. Pour les premiers utilisateurs du téléphone mobile, celui-ci fut avant tout un outil de réaménagement du temps vers sa plus grande rentabilisation. Il autorise en effet une densification du temps grâce à une meilleure organisation des tâches dans leur déroulement et dans leur succession, en particulier en situation instable. En rompant l’unité communicationnelle espace - temps (il n’est plus nécessaire d’être spatialement situé pour communiquer simultanément), le téléphone mobile permet de ne plus rester démuni face à des aléas de dernière minute. L’attente à un rendez -vous devient improbable avec un téléphone mobile : au bout de quelques minutes, un échange hertzien informera la personne qui attend de quoi il retourne, la libérant de la notion même d’attente, le mal en la matière étant le « temps perdu », « suspendu » et « vide » d’un point de vue utilitariste.

1 L’interactivité visuelle, qui sera prochainement possible grâce à la nouvelle norme UMTS, ne fera que renforcer cet ersatz d’ubiquité.

2Acceptons de nommer ainsi l’usager pressé du téléphone mobile.

3 Ce texte constitue une version remaniée de : Jauréguiberry, 2001.

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Mais l’originalité de ce réaménagement du temps vers sa plus grande rentabil isation réside dans le fait qu’il est obtenu non seulement de façon « classique », par sa meilleure organisation interne, mais aussi de façon inédite, par son dédoublement grâce à la superposition simultanée d’un temps médiatique à un temps physique. Le te mps physique « doublé » est en général vacant, interstitiel ou « mal utilisé » selon une logique rentabiliste. Il s’agit par exemple du temps contraint des trajets physiques, de celui des attentes dues à une affluence, à un retard ou à un contrordre, mais aussi de celui qui s’avère non conforme, en utilité ou en intensité, à celui qui avait été projeté. Le téléphone mobile permet de s’extraire de ces temps contraints, « presque morts ». Ou, plus exactement, il offre la possibilité de leur juxtaposer un second temps médiatique, plus utile et donc rentable, sans pour autant « assassiner » totalement (pour rester dans la métaphore) les premiers : on continue de participer — à son volant — à la circulation automobile et on échange simultanément — à son téléphone mobile — des informations avec son secrétariat. Il ne s’agit donc plus simplement de remplacer une occupation par une autre ou d’accélérer leur succession, mais de les superposer simultanément.

2-LA CONTAGION DE LURGENCE

Tout laisse penser que chacun passe de plus en plus de temps à réagir en urgence.

L’habitude est d’abord prise au sein de l’activité professionnelle où la rapidité des réponses aux sollicitations du marché devient une règle de survie pour les entreprises.

Les télécommunications sont ic i incontournables : à capacités productives égales, c’est celui qui a le plus d’agilité informationnelle et de rapidité d’intervention qui l’emporte.

Le téléphone mobile est devenu aussi indispensable que les fax : outils du « temps réel », ils sont employés à lutter contre la réalité du temps. Dans la guerre économique que se livrent les acteurs de la chrono-compétitivité, ils sont convertis en de véritables armes mobilisées dans un même but : raccourcissement des délais, accélération des rythmes, généralisation de la simultanéité. Que ce soit pour gagner ou pour ne pas sombrer, il faut accélérer.

Le temps est économiquement devenu un enjeu dont l’urgence mesure l’importance

.

Si l’urgence est vécue comme un décalage déficitaire entre, d’une part, le temps (rythme, durée) normalement admis comme nécessaire par un individu pour exécuter une tâche ou mener à bien un projet et, d’autre part, le temps qui lui est effectivement imparti sous la forme d’une contrainte extérieure incontournable pour parvenir aux même s fins, force est de constater que l’urgence ne concerne pas seulement l’espace professionnel,

mais envahit aussi de plus en plus l’espace privé

. Une des principales causes de ce phénomène est l’exploitation professionnelle de l’ubiquité télécommunicationnelle. La distance physique, les murs, les horaires de travail ne protègent plus : chaque jour davantage, l’urgence professionnelle fait irruption dans l’espace privé en le « colonisant » sous la forme d’astreintes, de gardes ou de parenthèses téléphoniques.

Mais la contagion de l’urgence à l’espace privé relève aussi d’un phénomène sans

doute moins visible, mais pas moins profond : la déteinte du mode de fonctionnement

professionnel sur le mode d’existence privée. De façon diffuse, les canons de la rationa -

lité économique contemporaine (pragmatisme, utilitarisme, compétition, rentabilité,

efficacité, désir de gain et de puissance) sont appliqués à ce qui est en passe de devenir

la « gestion » des occupations et relations privées. Par exemple, rapportée au temps

libre, une approche rentabiliste ou utilitaire se décline selon l’équation : précieux

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puisque gagné, le temps libre doit être « amorti » au mieux

4

. Le « flirt » avec l’urgence est donc aussi le fruit d’un désir qui habite, à des degrés divers, tout uti lisateur du téléphone mobile : un désir d’ubiquité, de gain de temps, de multiplication d’opportunités et donc, en filigrane, d’intensité et de puissance.

Pour le branché, le scénario inacceptable n’est pas, comme dans la sphère profes - sionnelle, la défait e économique, mais l’occasion ratée. Mû par le désir de réussir sa vie dans tous ses instants, porté par un souci de performance et d’intensité, le branché est en cela le parfait représentant de l’individu contemporain. À un moment où la rédemp tion religieuse et les utopies sociales ne parviennent plus à définir un au- delà d’espérance producteur d’identifications et de mobilisations, l’individu n’a plus d’autre horizon que sa propre vie qu’il lui faut dès lors réussir à tout prix

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. Démiurge de lui-même, gestionnaire de ses propres ressources, la raison de son existence se mesure alors à l’aune de l’intensité que cette même existence lui procure. La subjectivité individuelle semble alors l’emporter sur toute détermination sociale : l’idéal de soi que se fixe l’individu est toujours un dépassement de soi dans l’intensité.

Cette logique de l’alternative et du mieux potentiel ne génère pas automatiquement de l’urgence, mais elle l’autorise en suscitant des changements de dernière minute : le temps est brusqué a fin de saisir l’occasion. Il s’agit d’être à la fois en situation de ne rien rater, c’est -à- dire à l’écoute (branché) et en disposition de commuter immédiate - ment (zapper) sur ce qui apparaît subitement mieux ou plus intense. Cette attitude opportuniste, q ue l’agilité des télécommunications semble encourager, relève évidemment d’une vision rentabiliste du temps. Mais elle est tout autant motivée par la tentative de combler l’ennui et le vide creusés par la réalité du temps en regard des attentes, qu’idéalement et narcissiquement, l’individu contemporain se fixe. Le téléphone mobile permet à l’individu de se déprendre de ce sentiment de déception en le plongeant dans le « temps réel » télécommunicationnel, certes tout aussi vide que la réalité du temps qu’il vit, mais à ses yeux beaucoup plus prometteur d’advenance. On observe alors des attitudes compulsives de manipulation du téléphone mobile. À la recherche d’intensité dans le « temps réel » pour échapper à la réalité du temps, le branché multiplie les appe ls, ne cesse d’interroger la boîte vocale de son téléphone, vérifie de façon inquiète la bonne couverture de la zone où il se trouve, consulte de façon fébrile ses répondeurs à distance, etc.

À la merci de « zapps » impulsifs ou de dernière minute, l’emplo i du temps du branché devient à la fois plus élastique, plus imprévisible et plus heurté. Dans l’illusion de l’advenance et du possible, le branché devient à la fois incertain et impatient. Le flou qui en résulte peut certes dérouter, mais il est aussi gage que « tout est possible ». Et lorsqu’un « possible » advient, les changements sont d’autant plus précipités qu’ils peuvent être médiatisés immédiatement, quel que soit le lieu, par un appel téléphonique.

Ce qu’il importe de souligner dans ce cas n’est pa s le contenu de cette urgence — qui, dans la plupart des cas, porte plutôt à sourire — mais l’extension d’une sorte de propen - sion à la versatilité qu’elle accompagne. Cette logique de l’alternative permanente, doublée des tensions qu’elle suscite, contribue au renforcement d’un environnement où tout devient potentiellement précaire. Les agendas s’ouvrent quotidiennement sur des futurs dont beaucoup se trouvent transformés, avant même d’avoir existé, en passés antérieurs par un coup de fil de dernière minute.

4 Il y a plus de 25 ans, Jean Baudrillard (1970) décrivait déjà ce processus dans un texte très critique :

« Le drame des loisirs et l'impossibilité de perdre son temps en vacances ».

5 Sur ce thème, voir Alain Ehrenberg, 1995.

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3-DISTORSION DU TEMPS ET INCERTITUDE

Si l’on accepte que le déroulement du temps et la croyance en l’avenir sont bien des marques de la modernité (en regard du temps cyclique et des modes de reproduction des communautés traditionnelles) et que les principaux outils de la rationalisation de ce temps ont été la prévision, la planification et l’exactitude, on est en droit de se poser la question de la rationalité du développement de certains modes de réaction à l’urgence et à l’aléatoire

6

. Il n’est en effet pas certain que le passage d’une logique de la planification faisant usage de l’exactitude à une logique de l’adaptation jouant sur les occasions soit synonyme d’extension de la rationalisation de l’existence. Trop de planification et d’exactitude figen t sans doute le social au point de freiner la créativité des individus, mais trop d’opportunisme et d’aléas risquent de rendre l’action individuelle imprévisible et la société incertaine.

Ce processus est bien observable dans la pratique du court-circuitage temporel que l’on vient d’évoquer et qui consiste à modifier précipitamment un emploi du temps en fonction d’informations de dernière minute. La nature de certains de ces courts -circuits est tout à fait éloquente sur la montée de l’urgence dans notre société d’ubiquité médiatique. De la même façon que le fax et l’e -mail permettent de « rattraper le temps » par- delà l’heure de la dernière levée du courrier, le téléphone mobile peut conduire à une sorte de « distorsion du temps ». Par exemple celle qu’indui t le fait de prévenir au dernier moment que l’on ne sera pas à l’heure à un rendez -vous parce que bloqué dans un embouteillage. Cette possibilité de « réparer » un retard avant même qu’il n’existe réellement relativise le temps et produit imperceptiblement un raccourcissement général des délais. On calcule en effet toujours plus juste sachant que, si ça ne passe pas, il y aura toujours le recours ultime d’un « appel urgent » pour s’excuser. Ce type d’appel ne devient heureusement pas la règle, mais le racco urcissement des délais, oui. Ce n’est évidemment pas le téléphone mobile qui crée l’urgence, mais c’est lui qui, de plus en plus, la permet. C’est parce qu’il y a temps réel, et donc possibilité de réagir immédia - tement, au dernier moment, que l’on s’inscr it dans des scénarios limites.

La notion de scénario limite permet de donner une définition de l’urgence. L'urgence naît en effet toujours d'une double prise de conscience : d'une part, qu'un pan incontour- nable de la réalité relève d'un scénario aux conséquences dramatiques ou inacceptables et, d'autre part, que seule une action d'une exceptionnelle rapidité peut empêcher ce scénario d'aller à son terme. L'une ne va pas sans l'autre, ou alors il ne s'agit plus d'urgence. Ce n'est pas parce qu'une action est exceptionnellement rapide qu'elle est urgente. Par exemple, les courses (compétitions) sont par définition toujours rapides, mais rarement urgentes. De même, ce n'est pas parce qu'un scénario catastrophe est en marche qu'il génère ipso facto de l'urgence : le laps de temps laissé à la réaction peut être suffisamment long pour que celle-ci ne soit pas vécue sous la forme d'une rapidité imposée. Cette double prise de conscience déclenche un compte à rebours qu'il s'agit d'arrêter illico presto. Dit autrement : on court à la catastrophe si rien n'est immédiate- ment mis en œuvre. Le scénario à la base de l'urgence est toujours menaçant, néfaste ou fatal. S'il n'était pas appréhendé comme l'irréversibilité d'une négativité mais d'une positivité, il s'agirait non plus d'urgence mais d'attente ou d'impatience, le

« vivement... » remplaçant en la matière le « vite ! ». L'urgence apparaît donc comme un piège du temps.

6 Sur le rôle de l'exactitude dans les sociétés modernes, voir R. Melka, 1969.

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Le téléphone permet de très facilement prétexter un aléa de dernière minute pour annuler un rendez-vous. Or, force est de constater que, pour beaucoup, avancer une

« fausse urgence » est une façon « en voie de développement » afin de « jouer au mécano avec un emploi du temps »

7

. Cela ne signifie rien de moins que l’urgence (en général) a acquis un statu t social suffisamment prégnant pour qu’elle puisse être spontanément déclinée et surtout acceptée comme excuse. Il devient « normal » d’être pris par une urgence et de devoir ainsi être obligé d’annuler un rendez -vous sans autre formalité. Bien entendu, le degré de liberté pris envers un correspondant est directement proportionnel à celui de son pouvoir envers lui. Mais cela ne relativise que modérément le poids du constat : l’urgence l’emporte souvent sans qu’elle ait désormais besoin d’autre justification qu’elle - même. L’urgence devient une ressource de l’action du branché qui préfère le subitement mieux au certainement moyen.

Le danger est que ce type de conduite risque de rendre obsolète la notion même de projet. Le projet nécessite une certaine confian ce dans l’avenir. Il relève d’un « pari » sur le futur en pensant que l’action programmée pourra s’y déployer. Il n’y a évidem - ment, en la matière, aucune certitude : seule la confiance permet de différer, de plani- fier, de se représenter ce qui sera contre ce qui est. Mais si le présent lui-même apparaît comme indéterminé, n’est plus vécu que comme immédiateté éphémère, comment penser le projet dans sa durée ? Dans un monde où il faut s’adapter rapidement, comment peut-on encore adapter le monde dans la durée

8

?

4-LES DANGERS DE LURGENCE GÉNÉRALISÉE

La chasse au temps perdu, le culte du potentiel, la montée de l’urgence, la pression de l’immédiat et la multiplication des informations plongent le branché dans une situation d’injonctions répétées à réagir de plus en plus vite. Cette accélération peut être vécue de façon positive : comme multiplicateur d’activités et d’opportunités, comme révélateur de certaines potentialités organisationnelles jusqu’alors inexploitées, comme agent de simplification ou enco re comme réhabilitation de l’intuition individuelle dans la gestion des affaires. Elle peut aussi être source de satisfactions, en particulier pour certains professionnels indépendants qui, vivant cette course au temps sous la forme de défis renouvelés, la trouvent passionnante et parfois gratifiante. Mais cette accélération peut aussi donner le vertige, et la chute n’est alors pas exclue.

Dans un monde où tout s’accélère et se bouscule, le branché, placé en état d’urgence quasi permanent court en effet deux risques.

Le premier de ces risques est de réagir à l’impulsion afin d’éviter ce qu’on pourrait appeler « l’effet bouchon » : l’accumulation incontrôlable d’informations interdisant leur traitement efficace

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. Face à une pile de notes, à une succession de fax urgents et à

7 Nous ne traiterons pas ici de l'aspect moral de l'affaire... Notons simplement que la célébration du toujours plus et du toujours mieux semble se muer en règle de conduite dont l'opportunisme se nourrit aux dépens du devoir que plus aucun fondement n'alimente.

8 Zaki Laïdi (1994) souligne les dangers qu'une telle absoption du futur par le présent représente pour la démocratie. Le politique, pensant renouveler sa légitimation en se mettant à l'écoute de l'immédiat, perd son pouvoir visionnaire producteur de projet pour le futur au profit d'un rôle gestionnaire destiné à surmonter des contraintes du présent. La réduction de la distance entre gestion de l'immédiat et représentation du futur accompagne la chute des catégories d'espoir, d'attente ou d'utopie politique.

9 « Au Japon, 11 % seulement de l’information produite était utilisée en 1970, et ce ratio tombait à 5 % en 1985 » (Voge, 1989, p. 255, cité par Claisse, 1997, p. 124, qui commente en suivant : «Que dirions-nous d’un système agricole qui dissiperait ne serait-ce que la moitié de ses récoltes ou d’un système industriel qui déclasserait ne serait-ce qu’un cinquième de sa production ? »).

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des sollicitations téléphoniques répétées, il faut aller vite. Non seulement il faut toujours être connecté, mais il faut aussi pouvoir répondre rapidement. Dans cette accélération, synonyme de diminution du temps de réflexion, l’accessoi re risque de recouvrir l’essentiel. Temps de réflexion, de mûrissement, mais aussi de retour sur le passé et de tension vers l’avenir, l’attente et le différé semblent ici chargés de négativité. Outre le stress lié à l’activité fébrile qui en résulte, le danger d’une telle réaction est de voir remplacer la réflexion et l’imaginaire par une espèce de réflexe à parer au plus pressé.

Le coup de fil a dès lors priorité sur la personne présente, le fax sur le courrier, et le beeper arrête tout, séance tenante. C omme si l’individu ou l’organisation se mettaient aux ordres de l’urgence, l’advenant supplantant l’existant. Il est évidemment des situations dans lesquelles nécessité fait loi. Mais l’extension de ce mode de réaction menace de le transformer en une véritable mode de fonctionnement. Focalisées sur la réaction aux sollicitations immédiates, personnes ou structures courent alors le risque de perdre tout pouvoir stratégique au profit de pures tactiques d’adaptation à un environnement qu’elles ne maîtrisent pl us

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. Dans ce cas, la vitesse devient précipitation et les passages à l’acte font office de décisions. D’actif et réfléchi, le choix devient réactif et improvisé, et a donc toute chance d’être dépendant.

Le second risque pour le branché est de se mettre à hésiter dans l’urgence. Les prises de décision deviennent alors autant de violences que l’individu s’impose dans une situation qu’il ne maîtrise plus. Tensions, stress et parfois même anxiété ont alors toutes chances d’apparaître. Dans ce cas, l’informatio n devient bruit, la vitesse précipitation, et l’action incertaine. Le branché se sent non plus interpellé mais harcelé. Il est même des cas où l’individu reste comme « sonné » devant trop d’interpellations. Entrant dans un véritable état de catalepsie, il « démissionne » par overdose communicationnelle pour tomber dans un vide apathique

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. Toute « gestion en temps réel » ou tout « pilotage en situation d’urgence » ne saurait évidemment conduire à une telle situation. Non seulement parce que les réactions à l ’urgence peuvent avoir été planifiées de façon préalable (on parle alors de « procédures », fruits d’anticipations stratégiques), mais aussi, de façon plus fondamentale, parce que ces réactions peuvent relever d’une rationalité, certes limitée par le temps, mais non hétérogène à une continuité stratégique pourvoyeuse de sens

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.

5-LE SYNDROME DU BRANCHÉ

Il est évidemment des situations où nécessité fait loi. Mais l’extension de ce mode de réaction menace de le transformer en un véritable mode de fonctionnement. Focalisé sur la réaction aux sollicitations immédiates dont il est l’objet, l’homme pressé court dans ce cas le risque de souffrir de ce que j’ai appelé le « syndrome du branché ». Par

10 « Trop de dirigeants trouvent ainsi dans l’ivresse de l’action un exutoire sans cesse renouvelé à l’absence de projet. Trop de responsables pédalent comme des forcenés, d'une étape à l'autre, selon un itinéraire imposé par le hasard des circonstances. Accaparés par l'effort et le nez dans le guidon, ils n'ont plus le temps de penser. Un jour, en plein effort et au bord de l'épuisement, ils finissent par trébucher » (Michel Godet, 1991, p. 91).

11 Sur ce thème, voir Nicole Aubert et Vincent de Gaulejac, 1991.

12 Sur ce thème, voir Alain-Charles Martinet, 1991, p. 52. Il serait pour lui « dramatique d'assimiler la gestion en temps réel au management activiste et la stratégie à la programmation à long terme, car, ce faisant, l'on s'interdit absolument de penser et de conduire le couple fonctionnement-évolution. (...) La réactivité ne signifie pas nécessairement suite erratique d'actions, la stratégie n'interdit pas la flexibilité. »

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syndrome du branché, j’entends l’ensemble des sym ptômes du mal latent qui guette ceux qui vivent leur expérience d’ubiquité médiatique selon une logique de pure rentabilité au point de s’y faire absorber. C’est tout à la fois l’anxiété du temps perdu, le stress du dernier moment, le désir jamais assouvi d’être ici et ailleurs en même temps, la peur de rater quelque chose d’important, l’insatisfaction des choix hâtifs, la hantise de ne pas être branché au bon moment sur le bon réseau, et la confusion due à une surinformation éphémère.

Le syndrome du branché, c’est le « mal des télécommunications », la « nausée médiatique » dont est pris le branché lorsqu’il tombe dans ce qu’un de nos informateurs a appelé le « tourbillon ». Comme soumis à l’effet d’une force centrifuge due à une acc élération non maîtrisée, l’individu est dépossédé du sens de son action et aspiré par une inflation occupationnelle. Contraint à réagir sur le mode de l’urgence à une masse d’information grandissante et à des aléas de plus en plus fréquents, il se trouve réduit à s’accrocher où il peut s’il ne veut pas sombrer, à « faire des coups » et à développer des tactiques de nature opportuniste. L’acteur est alors moins mû par une logique de type stratégique, visant à adopter les meilleurs moyens par rapport à des fins qu’il s’est fixées, que par une logi que de type tactique, visant à s’adapter au mieux à une situation qu’il ne domine plus.

5-RETROUVER LE TEMPS

Le tourbillon du branché attire. Il attire parce que la force du courant qui l’alimente est celle du système économique actuel basé sur la généralisation de la gestion en

« temps réel » et qu’il est difficile d’échapper à sa pression. Il attire aussi parce que la forme qu’il donne à l’action (la vitesse, le défi, le zapping, le sentiment de puissance) n’est pas sans procurer une certaine jouissance à ceux qui l’expérimentent. Il attire enfin peut- être parce qu’en ramassant le temps dans une sorte de présent continu, il

« distrait » (au sens pascalien du terme) l’individu du temps qui passe, et donc de questions existentielles potentiellement inquiétantes

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.

Mais le tourbillon du branché apparaît aussi comme un danger qu’il s’agit d’éviter.

Face à la dispersion et à l’égarement qu’il peut engendrer, à l’aléatoire trop souvent côtoyé et au stress qu’il suscite, à l’éphémère renouvelé dans une sorte d’ éternel présent, une réaction apparaît. Elle renvoie à une logique critique qui vise à ne pas se laisser déposséder de sa propre temporalité, de ses propres rythmes au profit d’une mise en synchronie universelle qui unirait « en temps réel » tous les « branchés » du « grand réseau » dans une sorte de compulsion totalisante. Cette logique critique déroule ce que l’urgence ficelle. Elle rétablit la durée et replace l’individu dans une continuité qui lui permet de renouer avec un ordre possible de référence

14

. Elle réintroduit l’épaisseur du temps de la maturation, de la réflexion et de la méditation là où le heurt de l’immédiat et de l’urgence oblige à réagir trop souvent sous le mode de l’impulsion.

13 Si l'on accepte en effet, avec Heidegger, que c'est parce qu'il "s'insère dans le temps" (Zeitigung) que l'individu a conscience de son "être-là" (Dasein), et que cette conscience est avant tout celle de sa finitude individuelle (l'être est dans la conscience du temps qui est celle de sa mort), on peut penser que l'écrasement du présent sur l'immédiat est une façon d'échapper à l'angoisse qu'une telle conscience entraîne.

14 Pour Georges Balandier, 988, p. 245, "Le passé apparaît aussi comme (...) un ensemble de repères à partir duquel il est moins malaisé de faire le point. Il y a là davantage qu'un fartage de l'impuissance par une culture de la nostalgie : c'est une tentative de ne pas être pris dans un mouvement dont l'origine est oubliée et dont le terme est encore caché."

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Ce temps est celui du passé, du souvenir et du retour sur so i. C’est aussi le temps de l’anticipation, de la crainte ou de l’espoir. Ce temps se donne à vivre dans l’arrêt, l’attente, le différé et la mise à distance. Il est non superposable et non susceptible d’être dédoublé : l’individu y contient tout entier

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. I l rappelle que, derrière l’apparence trompeuse d’un temps unique, universel et synchrone (celui des heures de la montre, des jours de l’agenda et des mois du calendrier), le temps est hétérogène. Qu’il n’y a pas un temps, mais des temps. Que, face à l’entr ée massive de notre société dans une culture de l’immédiat, de l’impulsion et de l’urgence généralisée, il y a des moments qui résistent à l’accélération, des durées qui ne sauraient être brusquées, et des instants qui échappent à la logique du gain et de la vitesse. Ces moments, ces durées et ces instants sont indispensables à la formation de soi comme sujet, c’est -à-dire comme acteur capable de construire sa vie de façon autonome. Le présent n’est alors plus seulement l’immédiat, l’instantané et le « temps réel », mais aussi le temps de l’héritage, du souvenir et du retour sur soi, ou encore celui de l’attente, de l’anticipation et de l’espoir. Cette prise de distance en regard de l’instant permet à l’individu de se retrouver et en particulier de vivre une certaine autonomie par rapport à son rôle de gestionnaire efficace que tout le monde (y compris une part de lui- même) s’accorde à lui voir jouer.

6-L’EXPÉRIENCE TEMPORELLE DU BRANCHÉ

L’expérience du branché dans la gestion du temps est le produit d’une sorte de

« dialogue tendu » entre deux logiques d’action, sachant que l’une ne saurait entièrement recouvrir l’autre. D’un côté, une logique de gain et de vitesse qui est celle de la connexion, de la mise en synchronie et de l’urgence. De l’autre, une logi que critique qui est celle de l’aménagement d’un temps à soi, de prise de respirations temporelles individuelles relevant de l’unique, de l’incomparable et du non quantifiable.

Lorsque l’expérience du branché est trop fortement soumise à la logique de gai n, de mise en synchronie et de vitesse, elle s’effondre et tombe dans un tourbillon occupationnel. La volonté, lorsqu’elle existe, d’y échapper donne généralement naissance à une conduite de fuite en avant. Voyant qu’il se fait posséder par une accélération non maîtrisée, le « branché dépassé » nourrit l’espoir qu’une gestion encore plus rentabiliste de son temps va lui permettre d’échapper à ce tourbillon. Son exaspération communicationnelle se traduit alors souvent par une exacerbation de son désir techni que. À l’affût des dernières découvertes, il pense qu’une meilleure couverture du réseau, une plus grande intelligence de transmission, de nouveaux terminaux multifonctions, lui rendront un peu de temps et lui permettront de se retrouver. Soumettant (consciemment ou pas) leur vie à une logique de rentabilisation du temps, ceux qui adoptent cette attitude n’ont souvent pas d’autre choix que cette fuite en avant. Petits artisans, travailleurs indépendants ou alors « cadres-fusibles » dans une hiérarchie, ils n’ont en effet presque jamais les moyens économiques ou organisationnels de se payer un secrétariat qui pourrait les décharger de cet afflux.

Quand bien même le pourraient- ils (et c’est là un des aspects les plus pervers de cette conduite), certains d’entr e eux ne le feraient pas. Habitués à traiter eux-mêmes les appels de façon immédiate, ils ne supporteraient pas la délégation ou le retard de décision qu’impliquerait pour eux un secrétariat.

Lorsque l’expérience du branché est, à l’inverse, entièrement do minée par la logique de distanciation, elle conduit à une exigence d’authenticité et souvent à un enfermement

15 Pour une généalogie de cette temporalité individuelle, voir Helga Nowotny, 1992.

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subjectiviste dont le « temps à soi » constitue l’horizon. La tentation est alors grande de cliver les communications. D’un côté les communication s « rentables », intéressées et stratégiques pour lesquelles la rapidité concourt à leur réussite, et de l’autre les communications « gratuites », intersubjectives et conviviales pour lesquelles le temps n’est pas compté. D’un côté, la communication « utile » et de l’autre la « vraie communication ». Les télécommunications nomades sont associées à la première, dans leur capacité même à organiser la seconde qui, elle se fait (encore ?) en face à face.

Toutefois, cette attitude mène parfois à un extrême qui consiste à vouloir éviter le mal en supprimant ce qui semble en être la cause : les outils de télécommunication. Si l’on en croit les statistiques (qui montrent toutes une prédisposition générale à l’équipement en outils de télécommunication), cette conduite ne se donne à voir qu’exceptionnellement dans toute sa rigueur. La plupart du temps, elle ne s’applique qu’à la sphère privée et répond d’une réaction violente à la crainte de voir les relations familiales et amicales perverties par la logique du gain et de vitesse vécue dans la sphère professionnelle. La solution est alors brutale et expéditive : la déconnexion totale du domicile

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La fuite en avant et le refus sont des conduites de rupture avec l’expérience du branché. Les deux relèvent finalement d’une impossibilité ou d’une incapacité de conjuguer le désir ou la nécessité d’être « branché » avec la volonté de préserver un temps à soi. Une pleine expérience de « branché » renvoie au contraire à la nature hétérogène des logiques d’action qui la déterminent : utilitaire d’un côté, guidée par un souci de performance, d’efficacité et de gain, et critique de l’autre, motivée par la volonté de ne pas soumettre l’ensemble de sa vie à une mise en synchronie constante.

Il s’ensuit des conduites de compromis, de r use, de fines tactiques permettant de conjuguer au mieux ces deux exigences. Elles consistent pour l’essentiel à instaurer des filtres intelligents entre le réseau (la mise en synchronie) et l’acteur (recul réflexif, temps à soi). Il s’agit de garder le contact sans en devenir l’esclave. Ces filtres sont généralement une tierce personne (en particulier le secrétariat sur le lieu de travail et le conjoint ou les enfants au domicile), un système mécanique de mise en différé (boîte vocale du téléphone mobile, beeper, répondeur-enregistreur et fax) ou un système de filtre en temps réel (répondeur- enregistreur). Le succès croissant des SMS s’inscrit dans cette logique

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. Mais, dans ce cas, c’est l’appelant qui choisit de ne pas abuser de son

« pouvoir » de « sonner » son correspondant. Il s’agit pour lui de transmettre immédiatement quelque chose (information urgente ou impulsive) tout en choisissant le possiblement différé. Possiblement car, dans la majeure partie des cas, le destinataire est en fait connecté et u n bip l’avertit qu’il vient de recevoir un mini message. Mais

16 Il y a peu, le Wall Street Journal publiait un article sur « Les débranchés de la Silicon Valley » rapportant le témoignage « d’hyper branchés », responsables de start-up, qui déconnectent totalement leur domicile suite à une « overdose de télécommunications ». L’un d’eux organise même des sessions de discussion avec son personnel sur ce sujet. Sessions durant lesquelles, bien sûr, « tout gadget électronique est banni, et où personne ne vient avec son mobile » (rapporté par le Courrier International, n° 506, juillet 2000, p. 22).

17 Short Messaging Service : service associé aux mobiles et qui permet d’écrire de courts messages (que l’on compose grâce au clavier alphanumérique) et de l’expédier immédiatement dans la boîte aux lettres de son correspondant. Celui-ci en est non moins immédiatement averti s’il est connecté à ce moment-là.

Mais liberté lui est laissée de lire immédiatement ou pas ce message, et encore plus d'y répondre…

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l’expéditeur ne le sait pas : il laisse donc par définition du temps à son correspondant pour prendre connaissance de son message et pour lui répondre

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.

Bien sûr, l’équilibre est précaire et do it sans cesse être rétabli. Il est des situations et des périodes où le tourbillon du branché attire plus que d’autres, et où la volonté critique de prise de distance et de préservation d’une temporalité individuelle l’emporte.

Mais c’est précisément parce qu’il n’existe en la matière pas de solution définitive que l’on peut parler, à propos de celui qui se livre à ce travail perpétuel de mise en cohérence, d’acteur autonome et de sujet de sa propre vie.

8-CONCLUSION : UNE NOUVELLE INÉGALITÉ

L’image qui fait du branché un homme pressé, se jouant de l’espace pour mieux tutoyer le temps, n’est pas fausse. Elle correspond bien à une réalité de l’expérience du branché. Mais ce n’est qu’un cliché, toujours le même, dans lequel l’élan semble suffire à expliquer la course. L’expérience du branché est autrement plus complexe. Loin de se réduire à un seul de type de conduite utilitaire, l’usage du téléphone mobile renvoie aussi à d’autres types de comportements, en particulier ceux qui visent à préserver un temps à soi. Les techniques de filtre, et la restauration du différé qu’elles permettent, ne sont compréhensibles que rapportées à une logique d’action critique. Elles sont essentielles en ce qu’elles restaurent la capacité des individus à gérer leur environnement temporel. Mais cette maîtrise est nettement inégalitaire. Il y a des situations (professionnelles mais aussi existentielles) où certains n’ont justement pas la possibilité de filtrer mais doivent au contraire répondre immédiatement ; où certains ont le po

uvoir de se débrancher et d’autres ont le devoir de rester branchés

.

L’obligation de rester branché, et donc de subir la tension d’une urgence potentielle, conduit à poser l’hypothèse de l’apparition d’une « nouvelle richesse » et d’une « nouvelle pauvreté » parmi les branchés. Les nouveaux pauvres des télécommunications sont ceux qui ne peuvent pas échapper à l’obligation de répondre immédiatement, et qui doivent donc vivre dans l’urgence et dans l’interpellation continue, et les nouveaux riches sont ceux qui ont la possibilité de filtrer et d’instaurer de la distance vis à vis de cette interpellation. Si cette hypothèse se vérifiait, il y aurait alors de fortes chances pour qu’une prise de conscience se fasse autour de ce thème, et qu’un nouvel enjeu orga nisationnel et social apparaisse : le droit à la déconnexion et à l’isolement, le droit de refuser de porter un beeper jour et nuit ou d’être radiotéléphoniquement partout joignable. Le droit à la dignité des personnes qui ne sauraient être réduites à être des fonctions ou ressources contrôlables et corvéables à distance sous prétexte d’urgence. Un droit d’avoir un temps à soi et dont l’application ne serait synonyme ni de sanction, ni de fuite, ni d’enfermement.

18 On peut penser que ce type de communication est promis à un bel avenir. Il permet en effet de concilier l’immédiat et l’asynchrone, d’interpeller son correspondant tout en respectant son autonomie. Une récente enquête de l’IPSOS confirme ce point de vue : 71 % des adeptes du SMS affirment être motivés par la certitude de ne pas importuner leur interlocuteur (rapportée par Foucart S. in Le monde interactif du 30 mai 2001).

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Références

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