Analyse asymptotique
1 Relations de comparaison : cas des suites 2 1.1 Relations de domination, de n´ egligeabilit´ e . . . . . 2 1.2 Relation d’´ equivalence . . . . 3 2 Relations de comparaison : cas des fonctions 5 2.1 Relation de domination, de n´ egligeabilit´ e . . . . 6 2.2 Relation d’´ equivalence . . . . 6
3 D´ eveloppements limit´ es 9
3.1 G´ en´ eralit´ es . . . . 9 3.2 Formule de Taylor-Young et d´ eveloppements
limit´ es usuels . . . . 13 3.3 D´ erivabilit´ e et d´ eveloppement limit´ e . . . . 13 3.4 Op´ erations sur les d´ eveloppements limit´ es . . . . . 14 4 Applications des d´ eveloppements limit´ es 20 4.1 Recherche de limites et d’´ equivalents . . . . 20 4.2 Etude locale d’une fonction . . . . ´ 21 4.3 Application ` a l’´ etude d’asymptotes obliques . . . . 21
Mathieu Mansuy - Professeur de Math´ ematiques en sup´ erieures PCSI au Lyc´ ee Saint Louis (Paris)
mansuy.mathieu@hotmail.fr
1 Relations de comparaison : cas des suites
Dans cette section :
les suites consid´ er´ ees sont ` a valeurs dans K = R ou C .
toutes les suites que l’on consid` ere ne s’annulent pas, de sorte que le quotient de deux suites est toujours bien d´ efini.
Les d´ efinitions et propri´ et´ es qui suivent s’´ etendent alors ` a toutes les suites ne s’annulant pas ` a partir d’un certain rang, quitte ` a tronquer ces suites de leurs premiers termes.
1.1 Relations de domination, de n´ egligeabilit´ e
D´ efinition.
Soit (u n ) et (v n ) deux suites. On dit que :
(u n ) est domin´ ee par (v n ) si la suite u n
v n
est born´ ee. On note alors u n = O(v n ).
la suite (u n ) est n´ egligeable devant (v n ) (ou que (v n ) est pr´ epond´ erante devant la suite (u n ) ) si la suite
u n
v n
converge vers 0. On note alors u n = o(v n ).
Exemples.
On a : cos(n) + 4 n 2 = O
1 n 2
car (cos(n) + 4) est born´ ee.
On a : n 3 sin(n) = o n 5
car lim
n→+∞
n 3 sin(n)
n 5 = sin(n) n 2 −→
n→+∞ 0.
Remarques.
(u n ) est born´ ee si et seulement si u n = O(1).
(u n ) converge vers 0 si et seulement si u n = o(1).
u n = o(v n ) = ⇒ u n = O(v n ).
Soient (u n ), (v n ) et (w n ) trois suites.
(1) Si u n = O(v n ) et v n = O(w n ), alors u n = O(w n ) (transitivit´ e de la relation O).
(2) Si u n = o(v n ) et v n = o(w n ), alors u n = o(w n ) (transitivit´ e de la relation o).
Propri´ et´ e 1
Preuve. On d´ emontre le premier point, le deuxi` eme point est analogue. Soit (u n ) une suite telle que u n = o(w n ) et w n = o(t n ). Alors, pour tout n ≥ n 0 , on a : u n
t n
= u n w n
· w n t n
n→+∞ −→ 0 · 0 = 0. Ainsi, u n = o(t n ).
Soient (u n ), (v n ), (w n ) et (t n ) quatre suites telles que (w n ) et (t n ) ne s’annulent pas ` a partir d’un certain rang. Soit (λ, µ) ∈ K 2 .
(1) Si u n = O(w n ) et v n = O(w n ), alors λu n + µv n = O(w n ).
Si u n = o(w n ) et v n = o(w n ), alors λu n + µv n = o(w n ).
(2) Si u n = O(w n ) et v n = O(t n ), alors u n v n = O(w n t n ).
Si u n = O(w n ) et v n = o(t n ), alors u n v n = o(w n t n ).
Propri´ et´ e 2
Preuve.
Soit (α, β) ∈ R avec α, β > 0, et q > 1. Alors : q −n = o
1 n α
, 1
n α = o ln β n
, ln β n = o (n α ) , n α = o (q n ) , q n = o(n!) ; n! = o(n n ) Propri´ et´ e 3 (croissances compar´ ees)
Remarque. En notant u n v n au lieu de u n = o(v n ), on a donc lorsque n tend vers +∞ : 1
n! q −n 1
n α ln β n n α q n n! n n .
Preuve. Toutes ces relations sont des r´ e´ ecritures du th´ eor` eme de croissance compar´ ee (en notant que q = e ln(q) ), sauf q n = o(n!) avec q > 1 et n! = n n .
Posons u n = q n
n! . On a :
u n+1
u n = q n+1 (n + 1)! × n!
q n = q
n + 1 −→
n→+∞ 0.
Il existe donc N ∈ N tel que : ∀n ≥ N , u n+1
u n ≤ 1
2 . Une r´ ecurrence ais´ ee permet alors de montrer que pour tout n ≥ N , 0 ≤ u n ≤ u N
2 n−N . Puisque u N
2 n−N −→
n→+∞ 0, on obtient par th´ eor` eme d’encadrement que (u n ) n∈ N converge vers 0.
De mˆ eme, posons v n = n!
n n . On a : v n+1
v n = (n + 1)!
(n + 1) n+1 × n n n! =
n n + 1
n
= exp
−n ln(1 + 1 n )
→ e −1 < 1/2 Il existe donc N ∈ N tel que ∀n ≥ N , v
n+1v
n
≤ 1 2 . On conclut alors comme pr´ ec´ edemment.
Exemple. Ainsi on a par croissances compar´ ees :
ln n = o(n), ln n = o( √
n), n = o(2 n )
1.2 Relation d’´ equivalence
D´ efinition.
Soit (u n ) et (v n ) deux suites. On dit que (u n ) n∈N est ´ equivalente ` a (v n ) n∈N , et on note u n ∼ v n si la suite u
n
v
nconverge vers 1. On note alors u n ∼ v n .
Exemple. On a √ n ∼ √
n + 1. En effet,
√ n + 1
√ n = r
1 + 1
n . Or, lim
n→+∞
1 + 1
n
= 1 et par composition par la fonction racine, continue en 1, on a bien lim
n→+∞
√ n + 1
√ n = √ 1 = 1.
La relation ∼ est une relation, d’´ equivalence sur l’ensemble des suites ne s’annulant pas, c’est ` a dire :
(1) ∼ est r´ eflexive : u n ∼ u n ;
(2) ∼ est sym´ etrique : u n ∼ v n → v n ∼ u n ;
(3) ∼ est transitive : si u n ∼ v n et v n ∼ w n , alors u n ∼ w n .
Propri´ et´ e 4
Preuve.
(1) R´ eflexivit´ e : Pour tout n ≥ n 0 , on a : u n
u n = 1 −→
n→+∞ 1 donc u n ∼ u n . (2) Sym´ etrie : Si u n ∼ v n alors u n
v n
n→+∞ −→ 1 et par op´ eration sur les limites, v n u n
= u n
v n
−1
n→+∞ −→ 1 donc v n ∼ u n .
(3) Transitivit´ e : Si u n ∼ v n et v n ∼ w n alors on a pour tout n, u n
w n
= u n
v n
· v n
w n
n→+∞ −→ 1 donc u n ∼ w n .
Soient (u n ), (v n ).
(1) u n ∼ v n ⇐⇒ u n − v n = o(v n ).
(2) u n ∼ v n = ⇒ u n = O(v n ) et v n = O(u n ).
Propri´ et´ e 5
Preuve.
(1) u n ∼ v n ⇔ lim
n→+∞
u n
v n = 1 ⇔ lim
n→+∞
u n
v n − 1
= 0 ⇔ lim
n→+∞
u n − v n
v n
= 0 ⇔ u n − v n = o(v n ).
(2) Si u n ∼ v n alors u n
v n
n≥n
0converge vers 1 donc born´ ee. De plus, comme u n
v n
n≥n
0converge vers 1 alors u n
v n donc u n est non nulle ` a partir d’un certain rang et v n
u n
n≥n
0converge vers 1 donc v n
u n
n≥n
0est born´ ee.
Soient (u n ), (v n ), (w n ) et (t n ) quatre suites telles que u n ∼ w n et v n ∼ t n . Alors on a : (1) u n v n ∼ w n t n ;
(2) u v
nn
∼ w t
nn
;
(3) ∀p ∈ N , u p n ∼ w p n . Propri´ et´ e 6
Preuve. On a, pour n ∈ N , u v
nw
nn
z
n= u v
nn
× w z
nn
−→
n→+∞ 1 par produit de limites, d’o` u le premier point.
Pour n ∈ N , on a
u
nw
nv
nz
n= u n z n
v n w n
= u n
v n
× w n
z n
−1
n→+∞ −→ 1 comme quotient de limites. Ainsi on a le second point.
Enfin, pour n et p ∈ N , on a u v
pnp n=
u
nv
np
n→+∞ −→ 1 p = 1 par op´ erations sur les limites. D’o` u le troisi` eme point.
Exemple. Montrons que n
6
∼ n 6 720 .
En effet, pour tout j ∈ N fix´ e, on a n − j ∼ n; par cons´ equent : n
6
= 1 6!
5
Y
j=0
(n − j) ∼ 1 6!
5
Y
j=0
n = n 6
720
On ne peut ni ajouter, ni soustraire, les ´ equivalents, comme le montre l’exemple suivant : n + 1 ∼ n + 2 et − n ∼ −n mais on n’a pas 1 ∼ 2.
On ne compose pas les ´ equivalents : si f est une fonction (mˆ eme continue sur R ) et si u n ∼ v n , on n’a pas forc´ ement f (u n ) ∼ f (v n ) comme le montre l’exemple suivant :
si u n = n 2 + n, v n = n 2 et f = exp, on a u n ∼ v n , mais : f (u n )
f (v n ) = e n
2+n−n
2= e n
2−→
n→+∞ +∞, donc f (u n ) 6∼ f(v n ).
Lors d’une mise en puissance d’un ´ equivalent, l’exposant doit ˆ etre constant : on a 1 + 1
n ∼ 1 mais
1 + 1 n
n
6∼ 1 (puisque grˆ ace ` a la limite classique
1 + 1 n
n
→ e, on a
1 + 1 n
n
∼ e).
Soit (u n ) une suite et l ∈ R ∗ .
n→+∞ lim u n = l ⇐⇒ u n ∼ l Propri´ et´ e 7
Preuve. En effet, si lim
n→+∞ u n = l 6= 0 alors (u n ) ne s’annule pas ` a partir d’un certain rang et on a : u n
l −→
n→+∞
l
l = 1. Donc u n ∼ l.
R´ eciproquement si u n ∼ l, alors puisque l 6= 0, u n
l −→
n→+∞ 1 donc u n = u n
l · l −→
n→+∞ l.
Soient (u n ) et (v n ) deux suites telles que u n ∼ v n .
(1) u n et v n ont mˆ eme signe strict (> 0 ou < 0) ` a partir d’un certain rang.
(2) (u n ) n∈ N admet une limite (finie ou infinie) si et seulement si (v n ) n∈ N admet une limite et alors
n→+∞ lim u n = lim
n→+∞ v n . Propri´ et´ e 8
Preuve.
(1) Comme (u n ) et (v n ) sont ´ equivalentes, on a u v
nn
−→
n→+∞ 1. Donc pour = 1 2 > 0, il existe N ∈ N tel que
∀n ≥ N,
u
nv
n− 1
≤ 1 2 . En particulier pour tout n ≥ N , on a u v
nn
≥ 1 2 , et u n et v n ont mˆ eme signe strict.
(2) Supposons que (v n ) n∈N admet une limite l ∈ R . On a u n = u v
nn
× v n , donc u n −→
n→+∞ l par op´ erations sur les limites.
De mˆ eme si (u n ) n∈ N admet une limite l, on a v n = u v
nn
× u n ,v n −→
n→+∞ l par op´ erations sur les limites.
2 Relations de comparaison : cas des fonctions
Dans toute cette section :
I d´ esignera un intervalle r´ eel non vide et non r´ eduit ` a un point, a un point de I ou une extr´ emit´ e de I (´ eventuellement ±∞), D d´ esignera I ou I \ {a} ;
toutes les fonctions consid´ er´ ees seront d´ efinies sur D ` a valeurs dans K = R ou C , et suppos´ ees non nulles sur I \ {a} (de sorte que le quotient de deux fonctions est toujours bien d´ efini sur I \ {a}) ;
si les fonctions sont d´ efinies en a, on supposera de plus qu’elles sont continues en a.
Les d´ efinitions et propri´ et´ es qui suivent s’´ etendent aux fonctions ne s’annulant pas sur un voisinage ´ epoint´ e de
a, quitte ` a restreindre les fonctions ` a un intervalle J ⊂ I.
2.1 Relation de domination, de n´ egligeabilit´ e
D´ efinition.
Soient f et g : D → K . On dit que :
f est domin´ ee par g au voisinage de a si f
g est born´ ee au voisinage de a. On note alors f (x) =
a O(g(x)) ou f =
a O(g).
f est n´ egligeable devant g au voisinage de a si lim
x→a
f (x)
g(x) = 0. On note alors f (x) =
a o(g(x)) ou f =
a o(g).
Exemples.
x 2 sin x 3
= 0 O(x 2 ) : en effet pour I = R , x 7→ x 2 et x 7→ x 2 sin x 3
sont d´ efinies sur R \ {0} et pour tout x ∈ R ∗ , on a :
x 2 sin x 3 x 2
=
sin x 3 ≤ 1.
Si p < q, x p =
+∞ o(x q ) et x q =
O o(x p ) : en effet pour I = R , x 7→ x p et x 7→ x q ne s’annulent pas sur I \ {0}
et lim
x→+∞
x p
x q = 0 = lim
x→0
x q x p . ln(x) =
+∞ o( √
3x) : en effet pour I = R ∗ + , on a par croissances compar´ ees, lim
x→+∞
ln x x 1/3 = 0.
Remarque. Pour f : D → R , on a :
f est born´ ee au voisinage de a si et seulement si f =
a O(1).
f converge vers 0 au voisinage de a si et seulement si f =
a o(1).
f (x) =
a o(g(x)) = ⇒ f (x) =
a O(g(x)).
Soit (α, β) ∈ ( R + ∗ ) 2 . (ln x) β =
+∞ o(x α ), x β =
+∞ o (e αx ) , | ln x| β =
0 o 1
x α
, e αx =
−∞ o 1
x β Propri´ et´ e 9
2.2 Relation d’´ equivalence
D´ efinition.
Soient f et g : D → K . On dit que f est ´ equivalente ` a g au voisinage de a si lim
x→a
f (x)
g(x) = 1. On note alors f (x) ∼
a g(x) ou f ∼
a g.
Exemple. sin(x) ∼
0 x : en effet pour I = R , x 7→ x ne s’annule pas sur I \ {0} et lim
x→0
sin x x = 1.
Remarque.
Si f est continue en a, on a : f (x) ∼
a f (a) si f (a) 6= 0.
Si f est d´ erivable en a, on a : f (x) − f (a) ∼
a f 0 (a)(x − a) si f 0 (a) 6= 0.
Si P (x) = a p x p + a p−1 x p−1 + . . . a q x q (p ≥ q est une fonction polynomiale, alors : P (x) ∼
+∞ a p x p et P (x) ∼
0 a q x q .
Soient f et g d´ efinies sur D.
f(x) ∼
a g(x) ⇐⇒ f (x) − g(x) =
a o(g(x)).
f(x) ∼
a g(x) = ⇒ f (x) =
a O(g(x)) et g(x) =
a O(f (x)).
Propri´ et´ e 10
La relation ∼
a est une relation d’´ equivalence, c’est ` a dire : (1) ∼
a est r´ eflexive : f ∼
a f ; (2) ∼
a est sym´ etrique : f ∼
a g ⇒ g ∼
a f ; (3) ∼
a est transitive : f ∼
a g et g ∼
a h impliquent f ∼
a h.
Propri´ et´ e 11
Soient f , g , h, u quatre fonctions d´ efinies sur D. Si f(x) ∼
x→a g(x) et si h(x) ∼
x→a u(x), alors : (1) f (x)h(x) ∼
x→a g(x)u(x) ; (2) f(x) h(x) ∼
x→a g(x) u(x) ; (3) ∀p ∈ N , f (x) p ∼
x→a g(x) p ;
(4) Pour α ∈ R ∗ + , et si f α et g α sont bien d´ efinies sur D, alors f (x) α ∼
a g(x) α . Propri´ et´ e 12 (Op´ erations sur les ´ equivalents)
Preuve.
(1) On a, pour x ∈ D, f(x)h(x) g(x)u(x) = f(x) g(x) × h(x) u(x) −→
x→a 1 par produit de limites.
(2) Pour x ∈ D, on a
f(x) h(x) g(x) u(x)
= f (x)u(x)
g(x)h(x) = f (x) g(x) ×
h(x) u(x)
−1
−→ x→a 1 comme quotient de limites.
(3) Pour x ∈ D et p ∈ N , on a f(x) g(x)
pp= f(x)
g(x)
p
−→ x→a 1 p = 1 par op´ erations sur les limites.
(4) Pour tout x ∈ D, f α (x) g α (x) =
f (x) g(x)
α
= e α ln (
f(x)g(x)). Comme f(x) g(x) −→
x→a 1 donc e α ln (
f(x)g(x)) −→
x→a 1.
e x − 1 ∼
0 x sin x ∼
0 x arcsin x ∼
0 x shx ∼
0 x (1 + x) α − 1 ∼
0 αx avec α ∈ R ∗ 1 − cos(x) ∼
0
x 2 2
ln(1 + x) ∼
0 x tan x ∼
0 x arctan x ∼
0 x thx ∼
0 x
1 − ch(x) ∼
0 − x 2 2 Propri´ et´ e 13 ( ´ Equivalents classiques au voisinage de 0)
Preuve. On utilise que si f est d´ erivable en a, f (x) − f (a) ∼
a f 0 (a)(x − a) si f 0 (a) 6= 0. Les r´ esultats s’en suivent, sauf les suivants (qu’on obtient par op´ erations sur les ´ equivalents) :
1 − cos x = 1 − cos 2 (x)
1 + cos(x) = sin 2 (x) 1 + cos(x) ∼
0
x 2 2 car sin(x) ∼
0 x et 1 + cos(x) ∼
0 2. De mˆ eme, on a : 1 − ch(x) = 1 − ch 2 (x)
1 + ch(x) = − sh 2 (x) 1 + ch(x) ∼
0 − x 2 2 .
Soient f et g deux fonctions d´ efinies sur D. On suppose que g ne s’annule pas au voisinage de a et que f (x) ∼
a g(x). Soit φ une fonction ` a valeurs dans D telle que lim
t→b φ(t) = a avec b ∈ R ∪ {±∞}.
On a :
f ◦ φ(t) ∼
b g ◦ φ(t).
Propri´ et´ e 14 (Composition ` a droite dans un ´ equivalent)
Preuve. En utilisant le th´ eor` eme de composition pour les limites, on peut ´ ecrire : lim t→b
f
g (φ(t)) = lim
x→a
f
g (x) = 1
D’o` u le r´ esultat.
IMPORTANT. On veillera ` a ne pas additionner, soustraire ou composer ` a gauche des ´ equivalents sans justi- fication, car les r´ esultats obtenus sont g´ en´ eralement faux. Par exemple :
x + 1 ∼
±∞ x + 2 et −x ∼
±∞ −x mais 1 ∼
±∞ 2 ;
x + 1 ∼
±∞ x, mais on n’a pas exp(x + 1) ∼
±∞ exp(x) ;
1 + 2x ∼
0 1 + x et ln(1 + 2x) ∼
0 2x, ln(1 + x) ∼
0 x.
Exemple. Puisque lim
t→0 sin t = 0 et ln(1 + x) ∼
0 x, on en d´ eduit : ln(1 + sin t) ∼
0 sin t ∼
0 t.
En revanche, on ne peut pas d´ eduire directement de sin(t) ∼
0 t et ln(1 + x) ∼
0 x que ln(1 + sin t) ∼
0 ln(1 + t), car
alors on compose ` a gauche les ´ equivalents par x 7→ ln(1 + x).
Soient f, g : D → R deux fonctions telle que f (x) ∼
a g(x).
(1) Si g est de signe constant (> 0 ou < 0) au voisinage de a, alors f est de mˆ eme signe strict que g au voisinage de a.
(2) Si g admet une limite finie ou infinie en a alors f admet une limite en a et lim
x→a f (x) = lim
x→a g(x).
Propri´ et´ e 15
Preuve.
(1) On a f(x) g(x) −→
x→a 1, donc par d´ efinition de la limite, en posant = 1 2 > 0, il existe r > 0 tel que ∀x ∈ [a − r, a + r] ∩ D,
f(x) g(x) − 1
≤ 1 2 et pour x ∈ [a − r, a + r] ∩ D, f(x) f(x) ≥ 1 2 , donc f (x) et g(x) ont mˆ eme signe strict.
(2) Supposons que g(x) −→
x→a l. Pour tout x ∈ D, on a f (x) = f(x) g(x) × g(x), donc g(x) −→
x→a l par op´ erations sur les limites.
Exercice. Trouver les limites suivantes quand x tend vers 0 :
f (x) = 1
x 2 ln(cos(x)) ; g(x) = 1
x 2 (e cos(x) − e).
Pour f : on a ln(cos(x)) = ln(1 + (cos(x) − 1)). Puisque ln(1 + u) ∼
0 u et que cos(x) − 1 tend vers 0 en 0, on obtient donc par composition des ´ equivalents ` a droite que ln(cos(x)) ∼
0 cos(x) − 1, et par les ´ equivalents usuels cos(x) − 1 ∼
0 −x 2 /2. Ainsi,
x→0 lim f (x) = lim
x→0
−x 2 /2 x 2 = − 1
2 . Pour g : On a g(x) = e
x 2 (e cos(x)−1 − 1). Puisque e u − 1 ∼
0 u et que cos(x) − 1 tend vers 0 en 0, on obtient donc par composition des ´ equivalents ` a droite que e cos(x)−1 − 1 ∼
0 cos(x) − 1 ∼
0 −x 2 /2. Ainsi,
x→0 lim g(x) = e lim
x→0
−x 2 /2 x 2 = − e
2 . Exercice. Trouver les limites suivantes quand x tend vers 0 :
h(x) = ln(1 + x 2 )
tan 2 (x) ; i(x) = ln(1 + ln(1 + x)) sh(x) .
3 D´ eveloppements limit´ es
Dans toute cette section :
I d´ esignera un intervalle r´ eel non vide et non r´ eduit ` a un point, a un r´ eel appartenant ` a I (= I ∪ {extr´ emit´ e de I}), D d´ esignera I ou I \ {a} ;
toutes les fonctions consid´ er´ ees seront d´ efinies sur D ` a valeurs dans K = R ou C .
3.1 G´ en´ eralit´ es
D´ efinition.
On dit que f : D → K admet un d´ eveloppement limit´ e en a ` a l’ordre n ∈ N (en abr´ eg´ e DL n (a)) s’il existe (a 0 , . . . , a n ) ∈ K n+1 tel que
f (x) =
x→a a 0 + a 1 (x − a) + · · · + a n (x − a) n + o((x − a) n ).
Remarque. On distingue dans ce d´ eveloppement limit´ e :
sa partie r´ eguli` ere, qui est la fonction polynomiale :
P n (x) = a 0 + a 1 (x − a) + · · · + a n (x − a) n =
n
X
k=0
p k (x − a) k .
le reste o((x − a) n ), fonction n´ egligeable devant (x − a) n lorsque x → a, qui s’´ ecrit aussi (x − a) n ε n (x − a) o` u ε n : D → K est telle que lim x→0 ε(x) = 0.
Exemples.
La fonction f : ] − 1, +∞[ → R
x 7→ x − x 2 + x 3 ln(1 + x) admet un d´ eveloppement limit´ e ` a l’ordre 3 en 0.
En effet, comme ln(1 + x) −→
x→0 0, on a x 3 ln(1 + x) = o(x 3 ), ce qui permet d’´ ecrire : f (x) = x − x 2 + 2x 3 + o(x 3 ).
La fonction
R \ {1} → R
x 7→ 1
1 − x
admet un d´ eveloppement limit´ e ` a tout ordre en 0. En effet pour tout n ∈ N , on sait que :
∀x ∈ R \ {1},
n
X
k=0
x k = 1 − x n+1 1 − x , ce qui s’´ ecrit aussi :
∀x ∈ R \ {1},
n
X
k=0
x k = 1
1 − x + x n+1 1 − x . Comme x n+1
1 − x = x n × x 1 − x
| {z }
x→0