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Libres écrivains des montagnes de Haute-Loire, Jules Vallès et Alain Chany

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Submitted on 4 May 2013

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Libres écrivains des montagnes de Haute-Loire, Jules

Vallès et Alain Chany

Mauricette Fournier

To cite this version:

Mauricette Fournier. Libres écrivains des montagnes de Haute-Loire, Jules Vallès et Alain Chany. Les Cahiers du Mézenc, Les Amis du mézenc, 2012, pp.73-81. �halshs-00820426�

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Libres écrivains

des montagnes de Haute-Loire,

Jules Vallès et Alain Chany

Mauricette FOURNIER

Maître de Conférences en Géographie

Clermont Université, Université Blaise Pascal,

EA 997 CERAMAC, BP 10448, F-63000 Clermont-Ferrand, France

Territorialiser les valeurs, associer la notion de liberté à l’espace montagnard, constituent un lieu commun des écrits du XIXe siècle. Sous cet angle, Jules Vallès (1832-1885) apparaît pleinement comme un homme de son temps. Le projet de cet article est de confronter son imaginaire de la montagne, développé dans son autobiographie romancée L’Enfant, à celui d’Alain Chany (1946-2002), auteur de deux courts ouvrages eux aussi largement inspirés par son histoire personnelle, L'Ordre de dispersion et Une sécheresse à Paris. Bien qu’un siècle les sépare, leurs origines revendiquées, leurs argumentaires, les imaginaires territoriaux et sociaux qu’ils mobilisent, conduisent au-delà des lieux communs littéraires à s’interroger sur certaines permanences anthropologiques.

A - Jules Vallès, la montagne comme lieu de la tentation

Devenir romancier après un échec politique

Jules Vallès, journaliste pamphlétaire, créateur de titres engagés (La Rue, Le Peuple, Le Cri du Peuple), a été l’une des figures politiques emblématiques de la Commune de Paris ( à laquelle il fut élu en 1871), engagement qui lui valut une condamnation à mort par contumace et l’exil à Londres (1871-1880). D’abord homme d’action, ce n’est qu’assez tardivement qu’il s’est fait romancier avec la rédaction de sa trilogie autobiographique, Jacques Vingtras – composée de L’Enfant édité en 1879, Le Bachelier en 1881 et

L’Insurgé en 1886. Il faut insister sur le fait que Jules Vallès entreprend la rédaction du premier volume, L’Enfant, en 1875 au cours de son exil londonien, dans une période très sombre de son existence : mise en

échec de son idéal politique, décès de sa mère puis de sa fillette en bas âge. Jacques Vingtras est donc une œuvre de la maturité, porteuse d’un engagement politique, d’une critique sociale. Ainsi Vallès déclara-il dans une lettre à son ami Hector Malot, vouloir écrire « un bouquin intime […] qui aura pourtant sa portée

sociale ». Cette trilogie auto-romancée a pour fonction de montrer comment, pourquoi, son auteur est

devenu ce révolté, cet Insurgé. Si, le premier volet, L’Enfant, s’inscrit dans la tradition des récits d’enfance, genre très répandu au XIXe siècle, Jules Vallès entend clairement ne pas s’en tenir à ses seuls souvenirs, mais aussi proposer une réflexion sur la place de l’enfant dans la famille et dans la société, ainsi que l’atteste la dédicace de l’ouvrage : « A tous ceux qui crevèrent d’ennui au collège ou qu’on fit pleurer dans la famille,

qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre ». La construction de cet individu révolté tient beaucoup, naturellement, aux évènements relatés (la

violence, les injustices) qui alimentent une critique sociale et politique explicite. Mais elle repose autant sur l’expérience des lieux, porteuse d’un système de valeurs dual opposant des villes aux univers quasiment carcéraux à des montagnes, terres de liberté et de bonheur.

Itinéraire de l’enfance

L’Enfant relate l’itinéraire géographique de Jacques Vingtras, fidèlement calqué sur celui de Jules Vallès.

Une partie de son enfance se passe au Puy-en-Velay où il est né ; les affectations de son père (surveillant, puis professeur) le conduisent ensuite à Saint-Étienne, puis à Nantes ; enfin, il part quelque temps étudier à Paris avant de revenir à Nantes. A ceci s’ajoutent de brèves échappées dans sa famille paysanne de

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Haute-Loire, à Farreyrolles, village de ses tantes maternelles, et dans le Mézenc (Chaudeyrolles, Saint-Front) où réside son grand-oncle paternel. Ces montagnes du Mézenc et du Velay, qu’il n’a que brièvement parcourues dans sa jeunesse, de même que le rappel constant de ses origines paysannes, jouent cependant un rôle essentiel dans la mécanique du roman. Dès la première ligne, le lecteur apprend que la mère de Jacques Vingtras est une « paysanne » et quelques paragraphes plus loin, pour préciser les raisons du déracinement professionnel, social et géographique de sa famille, Vallès ajoute : « Nous venons de la campagne. Mon

père est fils de paysan qui a eu de l’orgueil et a voulu que son fils étudiât… ». Voici donc une famille en

phase d’ascension sociale au vu des critères de la modernité, itinéraire social qui se double comme dans bien des cas d’une mobilité géographique. Mais l’Enfant, s’appuyant sur son expérience des lieux et sa connaissance de ceux qui l’habitent, est loin d’être convaincu du bien fondé du choix de ses parents.

La ville, lieu de l’enfermement

C’est à l’échelle du roman une véritable dialectique spatiale qui se met en place. Les villes, le monde urbain, sont systématiquement décrits de façon négative tandis que les montagnes du Mézenc et du Velay sont idéalisées. L’évocation des paysages et des modes de vie des hautes terres est mise à contribution pour dénoncer a contrario l’enfermement quasi carcéral que subit l’enfant en ville, du Puy à Paris en passant par Saint-Étienne et Nantes, enfermement dans des villes sales, des appartements étriqués, des établissements scolaires étouffants. Au Puy, la maison qu’il habite « est dans une rue sale, pénible à gravir » ; à Saint-Étienne, « l’entrée est misérable, avec des pierres qui branlent sur le seuil, un escalier vermoulu et une

galerie en bois moisi » ; à Nantes il demeure « dans une vieille maison replâtrée, repeinte, mais qui sent le

vieux, et quand il fait chaud, il s’en dégage une odeur de térébenthine et de fonte qui me cuit comme une

pomme de terre à l’étouffée : pas d’air, point d’horizon ! ». Quant aux établissements scolaires, celui du

Puy, « comme tous les collèges, comme toutes les prisons, […] moisit, sue l’ennui et pue l’encre ; les gens

qui entrent, ceux qui sortent, éteignent leur regard, leur voix, leur pas, pour ne pas blesser la discipline, troubler le silence, déranger l’étude. Quelle odeur de vieux ! »

Comparer le collège à un univers claustral n’est guère original car « les formules de Vallès résument les

accusations qu’on retrouve dans toute la littérature du xIxe siècle à l’encontre de l’enseignement classique »

(Saminadayar, 2000, p. 88). Cependant, ici toutes les sensations sont mobilisées pour étayer le constat que l’enfermement est la composante majeure de l’espace urbain ; l’analyse lexicale met aussi en évidence quelques termes récurrents (surlignés dans l’extrait ci-dessus) qui relèvent du registre de la dégradation, de la putréfaction, de la décomposition. La ville de Vallès est un lieu générique, celui du confinement qui piège les individus et réduit la vie elle-même, comme l’a observé Marc Brosseau (2008) pour l’univers urbain dans l’œuvre de Bukowski. A côté de ce monde étriqué, où l’enfant s’étiole, la montagne est associée à l’espace sans limite, à la liberté et au bonheur.

Les montagnes et l’air de la liberté

Les lieux sont ainsi mobilisés et mis au service du militantisme de Jules Vallès, de sa critique de la société bourgeoise qui s’ingénie en milieu urbain à contraindre le corps et embrigader l’esprit. Sortir de la ville, c’est tout de suite se dégager de ce carcan : « Je suis libre ! » s’exclame Jacques Vingtras dès qu’il a l’occasion de se rendre à pied chez Soubeyrou, un maraîcher des environs du Puy. Gagner les montagnes, c’est éprouver, dans sa chair, le sentiment exaltant de la liberté et de la joie de vivre, ainsi que le narrateur l’exprime dans l’extrait suivant.

« et la montagne apparaît là-bas, nue et pelée comme le dos décharné d’un éléphant. C’est vide, vide, avec seulement des bœufs couchés, ou des chevaux plantés debout dans les prairies ! […] Mais peu à peu, cet air

cru des montagnes fouette mon sang et me fait passer des frissons sur la peau. J’ouvre la bouche toute grande pour le boire, j’écarte ma chemise pour qu’il me batte la poitrine. Est-ce drôle ? Je me sens, quand

il m’a baigné, le regard si pur et la tête si claire !…

C’est que je sors du pays du charbon avec ses usines aux pieds sales, ses fourneaux au dos triste, les rouleaux de fumée, la crasse des mines, un horizon à couper au couteau, à nettoyer à coups de balai … Ici le ciel est clair, et s’il monte un peu de fumée, c’est une gaîté de l’espace (…) »

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« j’avais quitté la région des grandes villes, des fumées et du bruit ; derrière moi étaient restés ennemis et

faux amis. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’éprouvais un mouvement de joie réelle (…) Je

m’arrêtais pour aspirer avec volupté l’air pur descendu de la montagne ».

Histoire d’une montagne, Elisée Reclus.

Cette évocation sensible de la montagne n’est cependant pas propre à Vallès. Ainsi, la comparaison des deux extraits précédents met en évidence le même type de construction dans L’Enfant et dans Histoire d’une

montagne, un ouvrage destiné à la jeunesse qu’Elisée Reclus a publié en 1880. Les auteurs ont théorisé ce

ressenti de façon très similaire : la ville noire et sale que l’on quitte, les sensations engendrées par le contact physique avec l’air pur, le sentiment de joie que procure la montagne. Yves Luginbühl (1989) a montré qu’il s’agissait là de lieux communs pour les écrivains du XIXe siècle, nombreux à reconnaître dans les paysages de montagne une capacité à susciter un sentiment de grandeur, d’élévation, d’où découleraient des valeurs morales, au premier rang desquelles s’inscrivait la liberté, ce dont témoigne le texte de Jules Vallès.

Les paysages et scènes de vie décrits dans L’Enfant ne relèvent pas d’un imaginaire campagnard générique, bonhomme et archaïsant, tel que proposés à la même époque dans les romans de George Sand (Saminadayar, 2000, p. 113). En termes d’organisation du système de valeurs associé aux lieux, sa dialectique repose explicitement sur une dualité altimétrique (bas pays/hautes terres), et non sur une simple opposition urbain/rural. En effet, à plusieurs occasions Jacques Vingtras insiste sur le fait qu’il n’apprécie pas la campagne aménagée ; ainsi, se rendant dans la ceinture jardinière du Puy, il s’écrie : « Que c’est

vilain le pays des maraîchers ! (…) j’avais le dégoût de cette campagne à arbres courts, à plantes pâles, qui poussent comme de la barbe de vieux », tandis qu’à Nantes il constate qu’ « il y a des paysans aux cheveux longs et rares, tristes et laids […]. Pas de gestes robustes, point l’allure large, la voix forte ! […] ils ne ressemblent pas, comme les paysans de la Haute-Loire à des bœufs –,, ils ne sentent pas l’herbe mais la vase. » Comme d’autres intellectuels du XIXe, Jules Vallès paraît convaincu que l’altitude permet d’échapper

aux contraintes et aux méfaits de la société moderne. Au final, les lieux de l’autobiographie, même s’ils sont localisés et assez souvent décrits, sont moins mobilisés ici comme « référence » que comme « matrice qui

informe, anime, canalise, voire modèle les divers processus qui agissent à travers eux sur les individus, bref le lieu dans sa conception relationnelle » (Brosseau, 2008), des lieux qui relèvent donc plus de la chôra que

du topos, d’une logique de prédicat (Berque, 2004), qui se fonde dans le cas présent sur les valeurs morales et sociales attribuées à la montagne.

La tentation d’une vie de libre montagnard

Aux XVIIIe et XIXe siècles, la mise en ordre naturaliste du monde a conduit à produire une classe d’êtres humains singuliers, les montagnards, auxquels sont attribués, par transposition, les qualités attachées aux lieux qu’ils habitent (Luginbühl, 1989 ; Debarbieux et Rudaz, 2010). A l’image de la montagne, espace de liberté, fait alors écho la figure du libre montagnard. Ainsi, Elisée Reclus consacrera-t-il un chapitre entier de son Histoire d’une montagne à décrire le mode de vie de ce « libre montagnard » : « quelle que soit sa

race d’origine, le montagnard est devenu tel qu’il est sous l’influence du milieu qui l’entoure […] ; dans maints endroits aussi, elles lui ont assuré le trésor inappréciable de la liberté ».

À ce sens de la liberté,Vallès attache, pour les montagnards du Massif central dont il se revendique, une inclinaison tout aussi consubstantielle pour la révolte ainsi qu’il l’énonce dans Le Progrès de Lyon : « Pays

curieux que ce Velay, où les torrents ont fait les chemins et où les volcans grondent sous la neige ! Race étrange, dont les fils portent tous au coeur un besoin terrible de liberté, de même l’instinct de la révolte, si bien que leur vie est toujours troublée… » (Le Progrès de Lyon, septembre 1864, I, p. 392, cité par

Saminadayar, 2000, p. 116).

La liberté, l’Enfant de Jules Vallès, en visite dans sa famille paysanne, la perçoit d’abord comme celle de disposer à son gré de son corps et de son temps, sans contrainte : « Ils mangent en bavant, ouvrent la bouche

en long ; ils se mouchent avec leurs doigts, et s’essuient le nez sur leurs manches. Ils se donnent des coups de coude dans les côtes, en matière de chatouillade. Ils rient comme de gros bébés ; quand ils éclatent, ils renâclent comme des ânes, ou beuglent comme des bœufs. […] Ils vont flâner dans la cour s’il fait soleil, bavarder sous le porche de l’écurie, s’il pleut ».

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Et quand Elisée Reclus théorise pour expliquer qu’« une des grandes causes qui ont contribué à maintenir

l’indépendance de certaines peuplades des montagnes, c’est que, pour elles, le travail solidaire et les efforts d’ensemble sont une nécessité […] Ils comptent sur l’hospitalité les uns des autres ; ils sont tous frères, ils appartiennent à la même famille », les séjours de Jacques Vingtras dans sa famille altiligérienne sont autant

d’occasions pour Jules Vallès de mettre en scène cette société montagnarde solidaire, animée par des relations sociales simples, chaleureuses, aimantes, fraternelles (« Les petits bergers m’aiment comme un

camarade »), égalitaires : « On est tous mêlés ; maîtres et valets, la fermière et les domestiques, le premier garçon de ferme et le petit gardeur de porcs, l’oncle Jean, Florimond le laboureur, Pierrouni le vacher, Jeanneton la trayeuse, et toutes les cousines qui ont mis leur plus large coiffe et d’énormes ceintures vertes ».

Pour toutes ces raisons, les montagnes ont représenté pour L’Enfant l’espace symbolique de la liberté et du bonheur, du sentiment de bonheur engendré par l’expérience de la liberté (« Nous sommes heureux, heureux

comme je ne l’ai jamais été, comme je ne le serai jamais »). Car, quand règne à la montagne une atmosphère

harmonieuse et sereine entre des individus aux statuts sociaux différents, le monde urbain en voie d’embourgeoisement s’affirme sous le seul angle, violent, des relations hiérarchisées.

Ceci se traduit par l’humiliation constante de la famille du narrateur, qui peine à se dégager de ses origines paysannes. Certes, la mère de Jacques Vingtras n’oublie pas de rappeler en toutes occasions d’où elle vient, voire de le revendiquer, « toujours, témoigne l’inspecteur d’académie, à vous parler des cochons qu’elle a

gardés, des bourrées qu’elle a dansées ». Toutefois, de manière apparemment paradoxale, comme elle lui a

« fait donner de l’éducation, elle ne veut pas qu’ [il soit] un campagnard comme elle ! Ma mère veut que

son Jacques soit un Monsieur […]. Lui a-t-elle fait des redingotes […] pour qu’il retombe dans le fumier, retourne à l’écurie mettre des sabots ! Ah oui ! Je préférerais des sabots ! […]. J’accepterais d’être Pierrouni le petit vacher, et d’aller une branche à la main, une pomme verte aux dents, conduire les bêtes dans le pâturage, près des mûres. […] On laisse Pierrouni se dépoitrailler, quand il a chaud, et se dépeigner quand il en a envie. On n’est pas toujours à lui dire : “ Laisse tes mains tranquilles, qu’est-ce que tu as donc fait à ta cravate ?” »

Si L’Enfant s’imagine plus volontiers « petit vacher » que professeur, c’est qu’il constate tous les jours que le sort de son père n’est guère enviable, que « sortir de sa classe » ne se traduit pas forcément par l’aisance matérielle et la reconnaissance sociale, mais au contraire par un supplément de contraintes et des humiliations constantes.

« Mais les domestiques aussi sont plus heureux que mon père ! Ils n’ont pas besoin de porter des gilets

boutonnés jusqu’en haut pour couvrir une chemise de trois jours ! Ils n’ont pas peur de mon oncle Jean comme mon père a peur du proviseur ; ils ne se cachent pas pour rire et boire un verre de vin […] ; ils chantent de bon cœur, à pleine voix, dans les champs, quand ils travaillent ; […]. Mon père, qui n’est pas domestiques, ménage, avec des frissonnements qui font mal, un pantalon de casimir noir […]. S’il ne salue pas , celui-ci…, celui-là … […] il faudra s’expliquer ! – pas comme un domestique, non ! – comme un professeur. Il faudra qu’il demande pardon. »

Jacques Vingtras ressent vivement l’absurdité de la situation qui fait que son père, malgré ses études, est au final moins libre que les domestiques de la ferme et moins bien rémunéré qu’un artisan (« on est insolent

vis-à-vis de son père quand on pense qu’avec la toge on est pauvre, qu’avec le tablier de cuir on est libre »).

De fait, comme le souligne Saminadayar, le système hiérarchique qui régit le collège participe à l’asservissement d’enseignants modestes et déconsidérés : « le corps universitaire reste en marge de la

bourgeoisie dont il a l’instruction mais non l’influence et les moyens, d’où un décalage permanent entre ces « déclassés » et les notables dont ils éduquent les enfants » (Saminadayar, 2000, p. 90-91). Le fort

sentiment d’injustice qui découle de ce constat le conduit à s’interroger sur la pertinence de l’itinéraire social et géographique de ses parents et alimente la tentation du retour à une vie simple mais heureuse de libre

Montagnard : « Je suis heureux !

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B - Alain Chany, la montagne comme lieu de la « dispersion »

Devenir paysan après un échec politique

Né en 1946, Alain Chany est le petit-fils de paysans margeridiens, ayant quitté leurs montagnes dans les années 1920 pour s'installer à Paris où ils tiendront un modeste « Café-charbon », comme tant d’autres « bougnats » à cette époque. Son père, Pierre Chany (1922-1996), apprendra le métier de serrurier tout en s’essayant à la course cycliste en amateur avant de s’engager dans la Résistance en 1942. A la Libération, il s’oriente vers le journalisme sportif et parvient à se faire engager en 1953 par le quotidien L'Équipe. Rapidement il se fait un nom dans le cyclisme, tant par ses articles que par les ouvrages qu’il consacre à cette discipline(1).

C’est donc à Paris, et dans une ambiance assez stimulante au plan intellectuel, qu’a grandi Alain Chany. Le jeune écrivain semble même promis à une belle carrière après la publication de son premier – et remarqué – roman, L'Ordre de dispersion, publié en 1972, dans la collection expérimentale des éditions Gallimard, Le Chemin. En 1978-1979, il participe à la revue littéraire Subjectif que dirigent Gérard Guégan et Raphaël Sorin(2). Mais Alain Chany est un auteur (déjà) désabusé, rongé par une désillusion diffuse : « Comme tout

le monde, il pensa que quelque chose était foutu sans savoir au juste quoi, et finit par se dire que c’était ses illusions, pour se donner du courage » énonce-t-il dans L'Ordre de dispersion, premier récit qui relate la

grande tristesse d'avoir raté une révolution. C’est en ce sens que ce petit ouvrage, très « écrit », est devenu pour certains un livre-culte, évoqué dans quelques blogs littéraires. Il s’apparente à la confession d'un enfant de l'après-Mai 68 qui n’a supporté ni l’ordre de dispersion, ni la résignation de ses amis, leur aptitude à rentrer dans le rang, à s’assimiler au sérieux de la norme bourgeoise : « Jean (...) ne respecte pas les ordres

de dispersion. Il faut voir ce que deviennent les copains, les anciens. […]. Cette fois, c’est clair : beaucoup de mes amis ont des certitudes qui me font défaut. Qu’on se mette à parler de l’année dernière, et ils me disent : « A cette époque. » Ces anciens combattants ne peuvent m’offrir, au mieux, qu’une chopine de souvenirs. […]. Dispersion, dispersion… […]. Ses anciens amis donnent dans les choses sérieuses. » Une ruralité qui colle au corps

Quand il reviendra sur les circonstances de cet échec politique dans Une sécheresse à Paris, Alain Chany l’associera étroitement à celui d’une jeunesse d’origine modeste, destinée à un avenir professionnel qui ne fait plus rêver : « Fortes têtes des faubourgs qui avaient attendu d’un avenir collectif qu’il les sollicitât

ailleurs que dans le domaine limité pour lequel ils avaient été instruits par les écoles de la République : l’usage rétribué des mots (instituteurs) ; ils sont partis faire de la maçonnerie dans le Lot, de la plomberie

dans la Corrèze, du bûcheronnage dans la Creuse, du silence partout, renouant toujours avec une tradition

manuelle qui les rapproche de leur origine sociale. » Refusant de rentrer dans le rang, ses amis se sont dispersés pour exercer des métiers manuels et modestes, réalisant là l’autre tentation de Jules Vallès (« je

veux être ouvrier(27) ») ; ils s’en retournent alors dans des départements ruraux du Massif central que l’on

peut imaginer comme ceux de leurs origines familiales, laissant supposer que la localisation montagnarde de l’ascendance serait déterminante dans l’itinéraire social. Finalement, génération après génération, les trajectoires semblent intangibles et les diplômes, tout comme du temps de Vallès, ne paraissent guère modifier le sentiment de déclassement des « pauvres du livre » issus de la citadelle paysanne du Massif central.

Le décès de son grand-père, évoqué dans L’Ordre de dispersion, semble agir sur Alain Chany comme un élément déclencheur. Voilà que des ancêtres oniriques viennent le hanter pour souligner la distance qui se creuse entre ses deux mondes, sa situation d’étudiant parisien moderne et une mémoire familiale ancrée dans la petite paysannerie (« Le monde que je transbahute, qui ne me lâche pratiquement jamais, que je

force à m’accompagner dans des lieux où il n’a rien à faire, tremblait aussi, de crainte de ne pas savoir se tenir »). Ces ancêtres-là, dont il recrée l’enfance, ont été des petits paysans dominés et humiliés : « Je vais alors rassurer ma grand-mère : elle a cinq ans, un petit bonnet de laine sur son crâne rasé, une marquise hier, lui ayant acheté ses cheveux […]. Je me tourne maintenant vers mon grand-père : il a huit ans, il aspire goulûment le biberon qu’il était censé donner au bébé de son maître. » C’est un véritable conflit de

loyauté qu’Alain Chany s’impose à lui-même. Comme pour Vallès, l’héritage familial, qui lui colle au corps (« Mes grandes mains de paysans qui n’ont rien de civilisé »), rend difficile l’assimilation à la bourgeoisie urbaine. « On devient habitant d’abord par les matériaux qui sont ceux de sa naissance », constatait

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Lazzarotti (2004) à propos de Schubert. Parisien de naissance mais d’ascendance paysanne (comme Schubert était un Viennois d’origine campagnarde), Alain Chany se sent le dépositaire d’une ruralité qui, toute surannée qu’elle soit, n’en demeure pas moins irréductible. Il en a tiré la conclusion que sa place n’était pas à Paris et réalisé la tentation de Vallès en décidant de revenir élever des moutons sur les terres familiales « Pour ma part, nanti d’une culture de bougnat à qui on ne la fait plus […]. je me suis mis dans

la disposition […]. de faire paysan sur le toit de la France, en une région déjà bien particulière puisqu’elle est celle de mes ancêtres. » Il va simultanément rompre avec l’écriture jusqu’à la parution de son second

recueil de textes, Une sécheresse à Paris. Cet ouvrage brosse, dans une écriture très ramassée et incisive, le nouveau lieu de vie qu’il s’est choisi.

L’univers montagnard margeridien : un hors du monde, une fin de l’histoire

« J’habite maintenant un pays où la terre est maigre et le squelette apparent. » Dans Une sécheresse à

Paris, on retrouve donc Alain Chany installé en Margeride, à Ramenac, un village isolé de la commune de

Monistrol-d’Allier qui surplombe les gorges de l’Allier. Il se plaît à insister sur le caractère austère, voire hostile de son environnement naturel.

« De notre côté, c’est autrement fier : la pente est raide. Un dicton affirme qu’ici les chiens doivent

s’asseoir avant d’aboyer, sous peine de tomber et de rouler au trou. Cela finit par réduire les farceurs et les prétentieux. Ni les Arabes ni les Anglais n’ont pu s’y tenir longtemps debout. »

Sous la plume de cet auteur désabusé, le lyrisme n’est pas absent lorsqu’il s’agit de conter la nature sauvage qui reprend ses droits ; il tient à se faire le chroniqueur de la désertification, de l’abandon, de la fin d’un monde.

« La Bête du Gévaudan ayant migré vers des capitales plus peuplées où les chances de rencontrer la Belle

ne se réduisent pas à rien, des animaux moins cultivés et, partant, moins exigeants se sont reproduits […].: les renards nichent dans les ruines d’anciennes fermes mangées par le végétal, les blaireaux trottinent le long des voies romaines et font l’entretien posthume des pistes ; les cerfs et les chevreuils paradent en famille sur des escarpements stratégiques antédiluviens et s’aventurent parfois, aux époques amoureuses, à côtoyer notre troupeau et goûter les légumes de notre jardin ».

L’agriculture n’est pas seule à décliner sur les terres d’élection d’Alain Chany. Toute la société et toutes les activités tendent à s’effriter avant de disparaître. L’auteur fait de Pont-d’Alleyras, un village au fond des gorges de l’Allier où il va rendre régulièrement son culte au « Dieu Heineken », le symbole de l’inexorable régression, où s’effacent même les équipements élémentaires de ce que fut le maillage républicain, à l’image de cette gare désaffectée.

« Ce village a la particularité de présenter la juxtaposition de deux sociétés également moribondes : d’un côté les demeures paysannes du XIXe siècle […] couvertes de tuiles rondes moulées sur la cuisse, lorsque le toit ne s’est pas écroulé […]. De l’autre, le long de la route et de la voie ferrée, des pavillons aux crépis lie-de-vin, ocre jaune, gris souris, comme on en souffre en banlieue […] qui appartiennent aux employés de l’EDF, de la SNCF et des PTT […]. Le train sort d’un tunnel, freine et s’arrête. Personne ne descend de ce boyau illuminé. Pour quoi faire ici ? Nul n’y monte. Pour quoi dire ailleurs ? Dans cette gare sans affectation où les fenêtres sont murées et squattées par les rats, on ne délivre plus de billets depuis belle lurette. »

Si Alain Chany ne paraît pas insensible à l’esthétique romantique de la ruine, l’analyse qu’il fait de Pont- d’Alleyras montre qu’il n’a pas perdu les réflexes critiques de l’ancien contestataire qu’il fût, dénonçant ironiquement une politique d’aménagement inéquitable qui conduit à l’abandon des territoires de montagnes1, à leur naturalisation et à l’accroissement des disparités économiques : « Si les Hollandais

viennent nous voir, c’est que nous sommes beaux et qu’ils sont riches. Ils nous félicitent de savoir maintenir ces différences qui justifient leurs déplacements […]. Cela tombe bien. Le Massif central […] est justement sur le point honorifique de devenir le parc naturel européen des cocus de l’histoire. »

1 Dans le même ordre d’idées, on aurait tout aussi bien pu évoquer l’école du village, fermée depuis 2004 malgré

l’annulation de la décision de l’Inspection d’académie par le tribunal administratif (jugement du 10 mars 2005), à la suite de la mobilisation des habitants qui avaient porté l’affaire en justice (Chignier-Riboulon et Fournier, 2007).

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La liberté dans une frugalité autant subie que choisie

Ne demeurent dans ces montagnes que « quelques paysans réfractaires [qui] s’y dessèchent et gèlent sur

pied » auxquels va toute son affection car « vivant quotidiennement en sympathie avec les bêtes et les plantes, ces fossiles savent d’expérience et de tradition que l’avortement, la maladie et la mort ne font pas partie des accidents que l’on peut éviter ». La régression ne déplaît néanmoins pas totalement à cet écrivain

qui persiste à contester l’enrichissement et l’embourgeoisement, par ce qu’ils supposent de soumission à un ordre économique, renforcé qui plus est par son caractère exogène. Ainsi brocarde-t-il « quelques paysans

de la génération libérale avancée [qui] ont voulu, malgré ces conditions, devenir de jeunes agriculteurs performants, aisés si possible. Animés par des banques vertes et populaires, ils ont planté dans leur verger des ateliers préfabriqués et gris où ils s’adonnent avec technicité et soumission à l’engraissement du cochon anglais, de la caille japonaise… ». La critique est plus sévère encore à l’encontre des voisins et

presque frères d’en face, ces Vellaves du plateau du Devès, de l’autre côté des gorges de l’Allier : « A l’est,

le Velay, haute plaine volcanique au sol jeune, sombre, fertile, aux maisons épaisses et fermées comme un portefeuille de maquignon. Le Bon Dieu est chez lui : il s’y est installé en régulier sur 70 quintaux de blé à l’hectare ; ses créatures y font les trois-huit de la lentille verte d’appellation contrôlée, de la bigoterie et du compte en banque… »

C’est au final un art de vivre frugal, en harmonie avec une nature capricieuse, qui transparaît dans ses textes : « L’habitude étant prise d’une nature maigrichonne et qui ne se laisse pas manipuler comme ça, les

façons culturales se résument à un accompagnement de l’herbe et du bois, et à la bienveillance élective de notre regard. Je laisserai dire à d’autres reporters qu’en assistant au monde, nous l’assistons. Nous y pratiquons accessoirement l’élevage du mouton. » Cet art de vivre s’accompagne par une grande liberté de

l’être dans son quotidien, liberté pour les vieux paysans de disposer de leur temps pour « faire la sieste

après manger […] et si c’est l’été, […] se coucher à cru sur la paille », liberté pour le narrateur devenu

paysan de regarder de sa fenêtre « les saumons cabrioler sous la chute du barrage ».

Alain Chany finit cependant par admettre que « toute cette gymnastique se fait, finalement avec des coups et

blessures, soit, mais au bon air, et ceux qui mangent nos produits vont dans la Lune ». A la liberté de

disposer de son temps s’ajoute la liberté du corps, déjà mise en exergue chez Vallès : dans le Mézenc de Jules Vallès, on mangeait « les coudes sur la table » ; dans la Margeride d’Alain Chany, si « on entend

rarement le mot liberté sortir de leur bouche [celle des paysans], en revanche, et puisqu’ils accomplissent le plus beau métier du monde, ils s’arrogent le droit de péter à toute heure et en toute circonstance. »

C - Valeurs territorialisées et structures anthropologiques

La similitude des imaginaires et des argumentaires développés à un siècle d’écart par Jules Vallès et Alain Chany donne à s’interroger sur la permanence des lieux communs associés à la montagne (la liberté, support de la critique sociale). Ces deux écrivains ayant en commun une même origine géographique, la question de l’identité, celle de « l’individu de l’auteur» (Barthes, 1979, cité par Brosseau,1996) mérite d’être posée.

La médiance humaine, explique en effet Berque (2004, p. 395) « fait que, où que nous allions, nous

transportons dans notre identité une part du milieu où elle s’est construite ; et cette part – notre monde, qui est un prédicat – est la condition de notre saisie des environnements que nous découvrons au fur à mesure.

». Or, Jules Vallès et Alain Chany sont issus de sociétés montagnardes porteuses des valeurs d’une structure anthropologique singulière, la famille souche (ou autoritaire) décrite par Le Play au xIxe et

redécouverte par Todd (1999), qui met en évidence, à l’échelle européenne, « l’association entre relief

accidenté, exploitation familiale et règles d’indivision » (Todd, 2011, p. 450). Bien souvent, la famille souche

européenne a donné naissance à des sociétés paysannes indépendantes, à l’image des «libres

montagnards suisses, fondateurs de l’une des premières démocraties du continent » (Todd, 2011, p. 451).

Les aires où elle domine se distinguent alors par l’exacerbation des particularismes, d’où un très fort attachement des individus aux lieux, et de ce fait une grande difficulté à supporter le déracinement : ce sont les terres du « Vivre et travailler au Pays ». Consensuelles, ces sociétés autoritaires se manifestent aussi par des modes d’organisation communautaires et des pratiques sociales égalitaires, ce qui correspond à un mode d’organisation maintenant bien documenté, notamment pour la société margeridienne (Claverie et Lamaison, 1982 ; Gachon et Fel, 1983 ; Bonin et al, 1983 ; de la Soudière, 1985, etc.).

Si les valeurs de la famille souche restent profondément marquées par une idéologie de la différenciation, inhérent au principe d’indivision de l’héritage, paradoxalement elles s’efforcent, au plan social, de réaliser un idéal collectif, de « faire société » – ce qui n’exclut pas des conflits et rivalités interpersonnels (Fournier,

(9)

2003). Ces valeurs se démarquent donc fortement du principe d’individualisme, de pratiques sociales inégalitaires et économiquement hiérarchisées, caractéristiques à la fois de la société bourgeoise et de la famille nucléaire, prédominante dans le Bassin parisien. La ville, à partir de laquelle se diffuse ce modèle (et tout particulièrement Paris) constitue le lieu générique où Alain Chany et Jules Vallès ont pu confronter leur identité, construite au moins en partie sur les hautes terres du Massif central, à une altérité qui en ignore les valeurs.

L’hypothèse anthropologique permet ici une relecture de la singularité des itinéraires de Jules Vallès et d’Alain Chany, leur réticence à adhérer à des normes sociales éloignées de leur sentiment identitaire, leurs difficultés d’assimilation.

Références bibliographiques :

BERQUE Augustin, Milieu et identité humaine, in DI MÉO Guy (dir.), « Composantes spatiales, formes et processus

géographiques des identités », Annales de géographie, n° 638-639, juillet-octobre 2004, pp. 385-399.

BONNIN (Philippe), MAYEUR (Marie), DE LA SOURDIèRE (Martin), L’Ostal en Margeride : pour une analyse des

modèles sociaux de l’organisation de l’espace : la transformation du modèle topologique d’un type d’habitation rurale, Paris, Edition du CNRS, 1983, 342 p.

BROSSEAU Marc, Des romans-géographes. Essai, Paris, L’Harmattan, collection « Géographie et culture », 1996, 246

pages.

BROSEAU Marc, L’espace littéraire en l’absence de description ; un défi pour l’interprétation géographique de la

littérature, in BEDARD Mario et LAHAIE Christiane (sous la dir.), Dossier « Géographie et littérature », Cahiers de

Géographie du Québec, vol 52, n°147, décembre 2008, pp. 419-433.

DEBARBIEUX Bernard et RUDAZ Gilles, Les faiseurs de montagne, Paris, CNRS Editions, 2010, 373 pages.

CHIGNIER-RIBOULON (Franck) et FOURNIER (Mauricette), « Chronique d’une fermeture programmée. Combat d’un territoire en marge pour le maintien du service public, plaidoyer de géographes pour l’égalité des territoires », in

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pp. 215-233.

CLAVERIE (Elisabeth) et LAMAISON (Pierre), L’impossible mariage. Violence et parenté en Gévaudan, 17e, 18e et

19e siècles, Paris, Hachette-Littérature, 1982, 296 p.

FEL (André) et GACHON (Lucien) (dir), La Margeride : la montagne, les hommes, Paris, INRA, 1983, 786 p.

FOURNIER Mauricette, L’impossible projet de territoire : évolution agricole, révolution sociale, inertie politique au

Pays de Saugues (Margeride), in Crises et mutations des agricultures de montagne , CERAMAC, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2003, pp. 583-602.

LAZZAROTTI Olivier, « Franz Schubert était-il viennois ? », in DI MÉO Guy (dir.), « Composantes spatiales, formes et

processus géographiques des identités », Annales de géographie, n° 638-639, juillet-octobre 2004, pages 425-444.

LUGINBÜHL Yves, Paysages, textes et représentations du siècle des Lumières à nos jours, Lyon, La Manufacture,

1989, 267 pages.

SAMINADAYAR (Corinne), L’Enfant de Jules Vallès, Paris, Gallimard, collection Foliothèque, 2000, 234 p. DE LA SOUDIèRE (Martin), Margeride(s), Les Temps Modernes, 1985, n° 465.

TODD Emmanuel, La diversité du monde. Famille et modernité, Paris, édition du Seuil, 1999, 436 pages. TODD (Emmanuel), L’origine des systèmes familiaux. Tome I - L’Eurasie, Gallimard, 2011, 755 p.

Sources primaires :

CHANY Alain, L’Ordre de dispersion, Paris, réédition Editions de l’Olivier (première édition Gallimard, collection Le Chemin, 1972), 1992, 96 pages.

CHANY Alain, Une sécheresse à Paris, Paris, Editions de l’Olivier, 1992, 118 pages.

RECLUS Elisée, Histoire d’une montagne, Monein, Editions PyréMonde, 2005, 170 pages.

VALLES Jules, L’Enfant, Paris, Gallimard, Folioplus Classiques, 2003, 390 pages (première parution en

volume, Charpentier, 1881).

Sitographie :

Document sur le site de l’INA : Olivier BARROT présente le livre d'Alain CHANY, Une sécheresse à Paris, dans l’émission « Un livre, un jour » du 18 janvier 1993 :

http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPC93002547/alain-chany-une-secheresse-a-paris.fr.html [document consulté le 17 octobre 2011].

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1.- Quelques titres de Pierre CHANY : Les rendez-vous du cyclisme, ou Arriva Coppi, Paris, La Table Ronde, 1960 ;

Anquetil, Paris, Hatier, 1971 ; La Fabuleuse histoire du Tour de France, Paris, ODIL, 1985 ; La fabuleuse histoire du cyclisme, Paris, ODIL, 1988 etc.

2 - La revue Subjectif ne comptera que sept numéros, parus entre février 1978 (n° 1) et décembre 1979 (n° 7). L’ensemble des textes, rassemblés par Gérard Guégan, dont celui d’Alain Chany, « Le cirque d’hiver », sera réédité quelques années plus tard : GUEGAN Gérard (dir.), Le Retour du je, Anthologie des textes français publiés dans la

revue Subjectif, Paris, Editions Galilée, 1981, 224 p.

Photo n°1

Pont d’Alleyras, rive droite de l’Allier face à la Margeride

« Ici, l’Allier, fleuve à prétention salmonicole, est encore un débutant qui perd le nord au milieu des montagnes adverses ».

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Photo n°2

Sur la ligne mythique du Cévenol, la gare désaffectée (transformée en bar-alimentation) de Pont d’Alleyras où les trains ne s’arrêtent plus

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Photo n°3

L’ancien hôtel des voyageurs de Pont d’Alleyras qui jouxte aujourd’hui un restaurant gastronomique renommé (une étoile dans le guide Michelin)

« Parfois, l’hiver, quand le travail ne presse pas, je descend au Pont d’Alleyras y chercher du tabac, faire quelques courses, m’asseoir à une table et me livrer à l’étude : Heineken est mon philosophe préféré ».

Références

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