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Demographic, psychosocial, health and personality predictors of depression and quality of life: importance of an integrative framework

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Academic year: 2022

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Thesis

Reference

Demographic, psychosocial, health and personality predictors of depression and quality of life: importance of an integrative framework

WEBER, Kerstin Maud

Abstract

L'étude transversale investigue l'influence des cinq dimensions de personnalité (selon Costa

& McCrae, 1992) sur le lien entre dépression majeure et qualité de vie. Adoptant une approche intégrative, elle compare 79 patients ambulatoires et 102 sujets non-dépressifs, en tenant compte de covariées démographiques, psychosociales, et de leur santé physique.

Trois dimensions de personnalité, à savoir l'Ouverture à l'expérience, la Conscience et le Névrosisme influencent directement la qualité de vie après avoir contrôlé pour la sévérité de la dépression. De plus, le Névrosisme et la Conscience augmentent indirectement la qualité de vie en modérant l'effet de la dépression sur celle-ci. Un accent particulier est mis sur la dépression dans deux groupes d'âge. La qualité de vie des adultes jeunes est déterminée uniquement par la sévérité de la dépression, alors que celle des adultes âgés est de nature multi-déterminée : sévérité symptômes, risque suicidaire, comorbidités physiques et dimensions de personnalité.

WEBER, Kerstin Maud. Demographic, psychosocial, health and personality predictors of depression and quality of life: importance of an integrative framework. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2012, no. FPSE 509

URN : urn:nbn:ch:unige-242087

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:24208

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:24208

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Résumé en langue française

Prédiction du niveau de dépression et de qualité de vie à partir de variables démographiques et psychosociales, de la santé physique et des traits de personnalité: l’importance d’une approche intégrative

INTRODUCTION

Dans des populations cliniques, les troubles de l’humeur tels que les épisodes dépressifs ont été classiquement associés aux troubles de personnalité plutôt qu’aux traits de personnalité.

Dans le Département de Santé mentale et de Psychiatrie des Hôpitaux Universitaires de Genève, la personnalité des patients est majoritairement considérée d’un point de vue catégoriel, à savoir à travers une approche telle que la Classification internationale des maladies (CIM-10), publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Néanmoins, l’utilisation d’une approche dimensionnelle telle que la Théorie des Cinq Facteurs (Five-Factor Theory, Costa & McCrae, 1992) gagne en terrain, plus particulièrement en psychiatrie gériatrique (Agronin & Maletta, 2000; Canuto et coll., 2008; 2009). Suivant cette théorie, les traits de personnalité d’un individu s’organisent autour de cinq dimensions principales, à savoir le Névrosisme, l’Extraversion, l’Ouverture à l’expérience, l’Agréabilité et la Conscience. Ces cinq dimensions se développent tout au long de la vie pour atteindre un pic de maturité autour de 50 ans dans la population générale (Roberts & DelVecchio, 2000; Bazana &

Stelmack, 2004). Alors que le Névrosisme, l’Extraversion et l’Ouverture baissent avec l’âge, le niveau d’Agréabilité et de Conscience augmentent (Roberts et coll., 2006).

Dans les populations cliniques, plusieurs modèles théoriques ont relié les cinq facteurs de personnalité et la dépression (Klein et coll., 2011; Widiger & Smith, 2008). Pour des adultes jeunes, les défenseurs (ou les tenants) des modèles « précurseurs » considèrent que la personnalité est une manifestation précoce de la dépression, personnalité et dépression  

partageant la même étiologie, mais sans présenter de lien causal. Les auteurs des modèles

« de prédisposition », défendent au contraire la position selon laquelle la personnalité entretient un lien causal avec le développement d’une dépression. Finalement, les auteurs des modèles « pathoplastiques » considèrent également que la personnalité a un lien causal avec la dépression, or cette influence ne s’exerce pas sur le début de la dépression, mais sur son expression et son évolution, telles que la sévérité des symptômes et la réaction au traitement (Klein et coll., 2011). Quant aux adultes plus âgés, peu d’études se sont intéressées à la relation entre traits de personnalité et dépression. Suite à des travaux antérieurs (Canuto et coll., 2008 ; 2009) et selon mon expérience clinique, l’application des

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modèles pathoplastiques semble la plus prometteuse dans l’âge avancé. Parallèlement, la qualité de vie des patients est de plus en plus souvent considérée pour mesurer le vécu subjectif des patients en lien avec leur état dépressif aussi bien dans des populations jeunes (Pyne et coll., 1997) et âgées (Chan et coll., 2006; Doraiswamy et coll., 2002; Naumann &

Byrne, 2004). A ce jour, aucun de ces travaux n’a étudié les différences liées à l’âge dans la relation entre personnalité et qualité de vie. Alternativement, les études qui ont tenu compte de l’âge des participants pour étudier le lien entre personnalité et qualité de vie ont été réalisées dans la population générale uniquement, sans inclure des patients dépressifs (Mroczek & Spiro, 2003).

Ainsi, le but de la présente thèse de doctorat était l’exploration des différences liées à l’âge dans la relation entre personnalité et dépression, respectivement l’effet modérateur de la personnalité sur le lien entre dépression et qualité de vie. Pour étudier cette question, l’approche adoptée pour la thèse était une approche intégrative, à savoir que ces relations ont été étudiées en tenant compte des autres variables connues dans la littérature pour influencer la dépression et la qualité de vie. Selon cette perspective, des facteurs démographiques (tels que le sexe féminin) interagissent avec des facteurs psychosociaux (tels que la perte d’autonomie ou l’impact d’événements de vie stressants), des éléments de santé physique ou des caractéristiques individuelles telles que les cinq facteurs de personnalité, pour influencer un état dépressif. En suivant les incitations de Carol D. Ryff (2008), le projet s’est inscrit dans une analyse multi-variée de ces éléments, afin d’englober au mieux la complexité du lien entre personnalité et troubles de santé mentale tels que la dépression. Le but était de mettre en lien (c.f. Figure 1 ci-dessous) des domaines de recherche jusqu’à présent considérés comme des entités séparées.

Le modèle théorique défendu était celui d’une approche pathoplastique. L’hypothèse était que la personnalité influence la présence et la sévérité des symptômes dépressifs (flèches pleines) et qu’elle modère le lien entre ces symptômes et la qualité de vie subjective du patient (flèches pointillées). L’opérationnalisation exacte de ces hypothèses nécessiterait évidemment un plan d’étude longitudinal permettant d’étudier la personnalité et la dépression à travers le temps et de pouvoir déterminer leur lien causal. Cependant, les contraintes temporelles et le contexte de l’étude m’ont contrainte à adopter un plan transversal dans lequel le lien entre personnalité et dépression, respectivement qualité, a été étudié dans un groupe de patients dépressifs, puis comparé à un groupe contrôle non déprimé. Afin d’analyser les possibles différences d’âge dans ces liens, le groupe de patients et le groupe contrôle ont inclus des adultes jeunes et des adultes âgés. La réalisation d’une analyse statistique incluant simultanément toutes les variables selon une approche intégrative aurait

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nécessité un échantillon trop conséquent. Pour compenser, trois articles séparés ont été soumis pour publication, chacun mettant l’accent sur un aspect particulier du projet. Ce manuscrit de thèse propose une vision d’ensemble du travail et présente les motivations pour chacun des articles. Aussi bien la revue de la littérature, que les résultats et la discussion suivent la structure basée sur les trois objectifs d’étude.

Figure 1 : Hypothèses théoriques

RESUME DES TROIS OBJECTIFS

Un premier objectif consistait à étudier le lien entre un épisode dépressif majeur et les cinq facteurs de personnalité, après avoir tenu compte statistiquement des influences d’autres variables sur la dépression, telles que les aspects démographiques (âge, sexe, niveau d’éducation), les caractéristiques psychosociales (situation conjugale, soutien social, niveau d’autonomie fonctionnelle, événements de vie stressants et leur impact émotionnel), et le niveau de santé physique. Un deuxième objectif évalué était l’impact des cinq facteurs de personnalité sur le lien entre dépression et qualité de vie du patient, à nouveau en tenant compte également de l’impact des autres co-variés démographiques, psychosociales et de santé. Un troisième et dernier objectif portait plus particulièrement sur les différences liées à l’âge mises en évidence dans ces liens entre personnalité et dépression, respectivement

5 dimensions de personnalité

• Névrosisme

• Extraversion

• Ouverture à l’expérience

• Agréabilité

• Conscience Dépression majeure

• Patient/contrôle

• Sévérité des symptômes

Qualité de vie subjective Démographie (c.f. âge)

Variables psychosociales (c.f. facteurs de stress) Maladies physiques

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qualité de vie. Dans un premier temps, l’âge avait été abordé de manière dichotomique en distinguant un groupe d’adultes jeunes et un groupe d’adultes âgés. Suite à des difficultés de recrutement, les étendues d’âge de ces deux groupes ont du être élargies au point de donner lieu à une séparation d’âge très restreinte et quasi artificielle entre les deux groupes.

Par conséquent, l’âge a été traité comme une variable continue dans les analyses de régression finales.

Pour le premier objectif sur le lien entre personnalité et dépression, l’épisode dépressif était évalué de deux manières différentes par les psychologues de l’étude, à savoir de manière binaire selon un diagnostic catégoriel du DSM-IV-R (patient/contrôle) et de manière continue selon une échelle de sévérité des symptômes dépressifs. Les résultats montrent que la dépression est la mieux prédite par un modèle de régression qui inclut la combinaison des variables suivantes : âge, impact émotionnel des facteurs de stress, sévérité de la maladie physique et niveau de Névrosisme. Alors que le niveau de Névrosisme et les problèmes de santé physique émergent comme des facteurs de risque pour la dépression, le fait d’avoir un âge plus jeune et fait d’associer un impact émotionnel subjectif plus positif aux événements de vie stressants se révèlent être des facteurs protecteurs. Les personnes avec Névrosisme élevé, à savoir avec une tendance générale à éprouver des affects négatifs tels que la peur, la tristesse, la gêne, la colère, la culpabilité et le dégoût, sont plus à risque pour une dépression. Elles peuvent ainsi nourrir plus facilement des idées irrationnelles, moins bien maîtriser leurs impulsions et avoir plus de difficultés à gérer le stress (Rolland, 1998). Les quatre autres facteurs (Extraversion, Ouverture, Agréabilité et Conscience) ne prédisent pas significativement le niveau de dépression. Ces résultats ont fait l’objet d’un article publié dans Aging and Mental Health (Annexe 6a). Compte tenu de la place prépondérante occupée par les événements de vie stressants dans la prédiction de la dépression, un deuxième article soumis pour publication à Psychogeriatrics (Annexe 6b) s’est penché sur cet aspect. Il souligne que c’est l’impact émotionnel subjectif des événements de vie, et non la quantité d’événements de vie stressants en tant que tels, qui est associé à l’épisode dépressif.

Le deuxième objectif porte sur l’impact de la personnalité sur le lien entre dépression et qualité de vie ; l’étude de ce lien est intéressante car c’est le niveau de bien-être subjectif des patients qui les motive à consulter les services de soins et qui détermine leur satisfaction relative à la prise en charge de la dépression (Hunt & McKenna, 1992; Stedman, 1996). La qualité de vie est utilisée de plus en plus souvent dans des études sur les soins (Böckerman et coll., 2011). La plupart des études se sont intéressées au lien entre dépression et qualité de vie sans inclure la personnalité, et celles qui ont étudié le lien entre personnalité et qualité

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de vie n’ont pas été réalisées auprès de patients déprimés. Ryff (2008) a tenté de mettre en lien la qualité de vie, la personnalité et le vieillissement et la thèse cherche à avancer un pas de plus en étudiant ce lien dans un groupe de patients dépressifs en plus d’un groupe contrôle. La qualité de vie a été évaluée à l’aide d’un instrument générique d’auto-évaluation, le WHOQOL-Bref (WHOQOL Group, 1998). Les résultats montrent que la qualité de vie est significativement prédite à travers un modèle de régression qui inclut les variables indépendantes suivantes: symptômes dépressifs, sexe, et les trois facteurs Névrosisme, Ouverture à l’expérience et Conscience, mais également les interactions entre symptômes dépressifs et Névrosisme, respectivement entre symptômes dépressifs et Conscience. La sévérité des symptômes dépressifs et le niveau de Névrosisme baissent le niveau de qualité de vie, alors que le sexe féminin, et les niveaux d’Ouverture et de Conscience renforcent directement la qualité de vie. L’interaction du Névrosisme respectivement de la Conscience avec les symptômes dépressifs modère l’impact de ces derniers sur la qualité de vie. Une Ouverture élevée caractérise des personnes avec une imagination active et une sensibilité esthétique, qui prêtent attention à leurs propres sentiments, et qui ont une préférence pour la variété, une curiosité intellectuelle et une indépendance de jugement (Rolland, 1998). Ces personnes sont plus curieuses de tout ce qui provient de son univers interne et externe, apprécient une vie riche en expériences, et sont disposées à concevoir des idées nouvelles et à adopter des valeurs non conventionnelles, vivant intensément les émotions positives et négatives. Costa et McCrae (1992) relevant l’Ouverture élevée comme un signe de maturité et de meilleure santé mentale. Quant à la Conscience, un niveau élevé reflète une personne de nature consciencieuse, réfléchie, qui a de la volonté et est déterminée. Elle se dit scrupuleuse, ponctuelle et fiable dans le questionnaire d’évaluation de la personnalité (Rolland, 1998). Personne apte à s’engager de manière organisée, persévérante et responsable dans la psychothérapie, malgré des frustrations et des moments de découragement, avec une volonté élevée d’effectuer un travail psychothérapeutique (Miller, 1991). Le troisième article de la thèse porte sur le lien entre personnalité, dépression et qualité de vie, et a été soumis pour publication à Journal of Geriatric Psychiatry and Neurology (Annexe 6c).

Le troisième objectif porte plus particulièrement sur les différences liées à l’âge dans les relations étudiées entre personnalité, dépression et qualité de vie. La différence entre dépression à l’âge avancé et la dépression du jeune âge est le mieux prédite par la sévérité des symptômes dépressifs en combinaison avec la sévérité de la maladie physique. Ni l’impact des événements de vie stressants, ni le niveau de Névrosisme ne contribuent à distinguer la spécificité gériatrique des symptômes dépressifs. Quant au niveau de qualité de vie, il prédit négativement par la sévérité des symptômes dépressifs dans le groupe de

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jeunes adultes. Au contraire, pour les adultes âgés, le modèle qui prédit le mieux leur qualité de vie inclut non seulement la dépression, mais en plus le risque suicidaire, les problèmes de santé physique, les facteurs de l’Ouverture et de l’Agréabilité (personnes disposées à aider les autres et pensant que les autres les aideront en retour), et de plus l’interaction entre l’Ouverture respectivement la Conscience et les symptômes dépressifs. Alors que les symptômes dépressifs, le risque suicidaire et la maladie physique péjorent le niveau de qualité de vie des adultes âgés, les facteurs de personnalité protègent les participants âgés soit en agissent directement sur la qualité de vie (Ouverture et Agréabilité) soit en modérant l’impact de la dépression sur la qualité de vie (Ouverture et Conscience). Les résultats en lien avec l’âge des participants ont été présentés à travers chacun des trois articles de la thèse, or dans la thèse, ils ont été synthétisés isolément dans ce troisième objectif, étant donné leur importance pour la thèse.

FONDEMENTS THEORIQUES

Contrairement à la psychiatrie, qui s’intéresse le plus souvent à la personnalité sous forme de trouble, la psychologie différentielle s’est penchée sur la personnalité en tant qu’ensemble dynamique et organisé de caractéristiques individuelles influençant de manière unique les pensées, émotions et comportement de chaque personne (John et coll., 2008).

Actuellement, confrontés à l’insuffisance du modèle catégoriel proposé par le DSM-IV-R, de plus en plus de professionnels de la santé mentale considèrent que les troubles de personnalité sont en fait des variantes dysfonctionnelles des cinq principaux domaines de la personnalité, tels qu’ils se développent dans l’évolution normale en chaque individu (Widiger

& Lowe, 2007). Ce changement de paradigme permet d’intégrer la personnalité normale (non pathologique) et les troubles de personnalité selon un même continuum. Une telle évaluation dimensionnelle de la personnalité s’est avérée prometteuse pour prédire l’efficacité de suivis psychothérapeutiques auprès de jeunes patients dépressifs. A l’âge avancé, seulement peu d’études ont opté pour cette approche (Agronin & Maletta, 2000).

Modèle des cinq facteurs de la personnalité

La théorie des cinq facteurs se place dans une tradition taxonomique et ne propose pas d’explication causale de la personnalité (John et coll., 2008). Depuis les travaux pionniers d’Allport Gordon dans les années 30, l’approche taxonomique a fait l’objet de nombreuses recherches recourant notamment à une approche factorielle, dont celles portant sur le modèle des « Big Five ». Ce modèle a donné lieu à un certain consensus et de nombreux travaux ont montré sa nature robuste et sa validité à travers les âges et cultures (John et

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coll., 2008). Il est fondé sur l’idée que les différences individuelles sont des caractéristiques relativement stables et si fondamentales, qu’elles se traduisent dans le langage. Les cinq facteurs constituent les noyaux statistiques de la pluralité de termes et adjectifs utilisés pour décrire une personne. Selon Costa et McCrae (1992), ils peuvent se définir comme suit : le Névrosisme (N), tendance générale à éprouver des affects négatifs tels que la peur, la tristesse, la colère, la gêne, la culpabilité ou le dégoût; l'Extraversion (E), qui fait référence à la sociabilité, l'activité, la loquacité et l'assurance; l'Ouverture (O), qui donne des informations sur l'imagination active, la sensibilité esthétique, l'attention à ses propres sentiments, la curiosité intellectuelle et l'indépendance de jugement; l'Agréabilité (A), tendance à l'altruisme et à la sympathie, et la Conscience (C), décrivant la maîtrise de pulsion, la ponctualité, la fiabilité et la détermination. Chacun de ces facteurs est décliné selon six traits subordonnés nommés les trente facettes (voir Annexe 1). Par ailleurs, la même structure en cinq facteurs a pu être observée dans des populations adultes de patients psychiatriques (Bagby et coll., 1999). Pour 3 des 5 dimensions, les patients présentaient des scores d’au moins un écart-type en-dessous ou en-dessus de la population générale, soutenant l’hypothèse des troubles de personnalité comme variantes extrêmes de dimensions non pathologiques et tout-venantes.

Plusieurs études développementales se sont penchées sur l’évolution des cinq facteurs au cours de la vie. Roberts et collaborateurs (2008) ont mis en évidence quatre indices qui mesurent les changements respectivement l’invariance de la structure des cinq facteurs dans le temps. A l’intérieur de cette structure qui persiste, ces études montrent un principe de maturité touchant l’ensemble de la population, selon lequel les niveaux moyens des cinq facteurs continuent à se modifier à l’âge adulte et même à l’âge avancé (Srivastava et coll., 2003; Terracciano et coll., 2005). Parallèlement à ces changements normatifs accompagnant le vieillissement, plusieurs résultats soulignent l’existence d’évolutions différentes et individuelles des traits de personnalité à l’âge adulte et dans le grand âge. Ces différences résultent d’expériences de vie personnelles, telles que le mariage, le décès d’un proche ou des troubles mnésiques (Mroczek & Spiro 2003; Small et coll., 2003). Les individus compensent différemment les pertes physiologiques, psychologiques, et sociales liées au vieillissement et adaptent leurs convictions et leurs attitudes aux événements de vie critiques tels que la mise à la retraite.

Personnalité et dépression

Comme mentionné, trois grandes familles de modèles ont été décrites pour caractériser les relations entre les facteurs de personnalité et la dépression : les modèles de la personnalité

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comme précurseur de la dépression, les modèles de la personnalité comme prédisposition à la dépression, et les modèles décrivant une influence pathoplastique de la personnalité sur la dépression. Plusieurs études longitudinales montrent qu’un niveau élevé de Névrosisme et des niveaux faibles de Conscience, d’Extraversion et d’Ouverture, présentent un pronostic peu favorable pour les traitements pharmacologiques et psychothérapeutiques pour les jeunes (De Fruyt et coll., 2006; Morris et coll., 2009; Quilty et coll., 2008; Bock et coll., 2010).

Un nombre bien moins important d’études confirment que le Névrosisme et la Conscience sont des facteurs de risque pour la dépression également à l’âge avancé (Gildengers et coll., 2005 ; Steunenberg et coll., 2007). Des études transversales chez des adultes jeunes confirment que la dépression corrèle le plus fortement avec le Névrosisme, respectivement la Conscience, de façon modérée seulement avec l’Extraversion et pas du tout avec l’Agréabilité ou l’Ouverture (Klein et coll., 2011). Un niveau élevé de Névrosisme et un niveau faible d’Extraversion semblent également associés à la dépression à l’âge avancé, surtout pour les dépressions récurrentes contrairement aux dépressions à début tardif (Weber et coll., 2010).

Personnalité, dépression et qualité de vie

L’Organisation Mondiale de la Santé définit la qualité de vie comme un concept multidimensionnel, qui englobe le bien-être subjectif dans plusieurs domaines de la vie:

physique, psychologique, relations sociales et relations avec son environnement (WHOQOL Group, 1998). La dépression a été associée à une baisse de la qualité de vie dans des études longitudinales (Böckerman, et coll., 2011; Goldberg & Harrow, 2005) et transversales (Pyne et coll., 1997) pour les adultes jeunes. La même association a été mise en évidence pour les adultes âgés aussi bien dans des populations tout-venantes (Landau & Litwin, 2001;

Waddell & Jacobs-Lawson, 2010) que psychiatriques (Chan et coll., 2006; Doraiswamy, 2002; Naumann & Byrne, 2004). Concernant les facteurs de personnalité, pour les adultes dépressifs jeunes, le Névrosisme présente une association négative avec la qualité de vie, alors que l’Extraversion et la Conscience montrent une association positive. L’Ouverture et l’Agréabilité ne sont pas significativement liées à la qualité de vie (Masthoff et coll., 2007).

Pour les adultes âgés avec dépression, une seule étude (Duberstein et coll., 2003) a analysé le lien entre personnalité et qualité de vie, et révèle un lien positif entre qualité de vie et Extraversion, ainsi qu’un lien négatif entre qualité de vie et Névrosisme. De nombreuses études ont étudié le lien entre qualité de vie et personnalité dans la population générale des adultes jeunes (De Neve & Cooper, 1998; McCrae & Costa, 1991; Libran, 2006). Elles révèlent un lien plus fort entre un faible Névrosisme et le bien-être qu’entre une Extraversion élevée et le bien-être. L’Ouverture à l’expérience n’a pas d’influence directe sur le bien-être,

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mais amplifie l’effet des deux facteurs précédents. L’Agréabilité et la Conscience ont un effet indirect, à savoir qu’ils créent des conditions favorables au bien-être. Quant à l’âge avancé, le lien persiste entre bien-être et un niveau élevé d’Extraversion et de Conscience, ainsi qu’un faible niveau de Névrosisme (Baltes & Mayer, 1999; Friedman, 2000; Samuelsson et coll., 1997).

Approche intégrative

La tendance des études empiriques actuelle consiste non seulement à mettre en lien les marqueurs de vulnérabilité psychologique tels que la personnalité avec la dépression respectivement la qualité de vie, mais à étudier ces liens au travers de modèles multi-variés qui tiennent compte des associations avec d’autres variables démographiques et psychosociales. Une revue de la littérature a été effectuée pour établir quelles variables sont le plus fréquemment associées avec la dépression et la qualité dans des populations jeunes respectivement âgées. Pour les adultes jeunes, les modèles intégratifs de Kendler et collaborateurs (1993, 2002) s’intéressent au sexe, à l’éducation, aux vulnérabilités génétiques, aux événements de vie et au support social en lien avec la dépression. De nombreuses études ont analysé le lien unidirectionnel et bidirectionnel entre stress et dépression (Hammen, 2005; Kessler, 1997; Mazure, 1998; Paykel, 2003). Alors que les événements de vie stressants sont davantage liés au déclenchement d’un processus dépressif au cours de la vie (Burcusa & Iacono 2007; Post et coll., 1992), le Névrosisme est associé à la nature récurrente de la dépression. Contrairement aux adultes jeunes, pour les adultes âgés l’effet des événements de vie stressants semble modéré par la nature prévisible des événements tels que le deuil ou la maladie, ou encore la fréquence moins élevée des événements tels que le divorce ou le chômage (Bruce, 2002; Blazer & Hybels, 2005). De plus, a travers leurs personnalité et leurs caractéristiques démographiques et psychosociales, les individus jeunes peuvent être davantage vulnérables à l’exposition aux facteurs de stress et rechutes dépressives (Hammen, 1991; Liu & Alloy, 2010). Cette interaction des événements de vie stressants avec les facteurs des personnalité persiste à l’âge avancé et favorise également les rechutes dépressives (Mazure et coll., 2002; Meyer et coll., 2010), bien que d’autres études sur les personnes âgées n’aient pas mis en évidence cette interaction (de Beurs et coll., 2001; Ormel et coll., 2001). Quant à la qualité de vie, Cheng et Furnham (2003) ont mis en évidence que les prédicteurs de celle-ci diffèrent de ceux de la dépression. Le bien-être est déterminé par l’Extraversion, alors que le risque de dépression est favorisé par le Névrosisme et le sexe féminin, et diminué par la qualité du soutien social. Les effets du Névrosisme sur la qualité de vie sont modulés par une thymie dépressive alors que ceux de l’Extraversion en sont indépendants (Lu et coll., 1997). Quant

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aux autres facteurs prédicteurs du bien-être, contrairement aux facteurs de personnalité, le statut civil, la santé physique et le niveau d’éducation sont peu liés au bien-être (Brickman et coll., 1978). Pour les adultes âgés, la qualité de vie est non seulement influencée par la sévérité des symptômes dépressifs, mais également par le sexe, l’éducation, le statut civil, le soutien social, le niveau d’autonomie dans la vie quotidienne et surtout la santé physique (Chan et coll., 2006; Landau & Litwin, 2001; Small et coll., 1996; Waddell & Jacobs-Lawson, 2010). Généralement, les effets démographiques tels que l’âge et le genre sont modulés par l’effet des variables psychosociales telles que le soutien social, ou les facteurs psychologiques tels que le Névrosisme et l’Extraversion. Pour les individus âges, les résultats contradictoires peuvent émergent lorsque la santé physique est considérée comme un des événements de vie stressants respectivement lorsqu’elle est traitée de manière séparée et indépendante.

METHODE

A l’heure actuelle, les études sur la qualité de vie s’intéressent aux corollaires du bien-être dans la population générale sans inclure des populations dépressives et n’examinent pas l’effet de l’âge sur ce lien. D’autres études mesurent la qualité de vie de patients psychiatriques sans pour autant inclure un groupe contrôle en bonne santé, et à nouveau sans évaluer les potentielles différences associées à l’âge. Cette thèse a cherché à étendre ces études de trois manières. Premièrement, le plan d’étude a inclus des adultes d’âge jeune et des adultes d’âge plus avancé, afin de tenir compte de l’évolution des facteurs de personnalité dans le temps, et afin d’évaluer un impact différent des événements de vie stressants, respectivement de la santé physique, en fonction de l’âge. Deuxièmement, l’étude a porté sur un groupe de patients présentant un état dépressif aussi bien que sur un groupe contrôle en bonne santé. Afin de limiter l’hétérogénéité des dépressions, seuls des patients ambulatoires avec un épisode dépressif majeur non psychotique ont été inclus.

Troisièmement, l’état clinique des participants a été évalué selon deux manières, à savoir le diagnostic et la sévérité de la dépression, ainsi que leur niveau subjectif de qualité de vie.

L’approche adoptée était une approche intégrative, qui a étudié le lien entre personnalité et dépression, et son impact sur la qualité de vie, en tenant compte d’autres variables indépendantes précédemment étudiées chez les patients dépressifs, à savoir leurs caractéristiques démographiques (sexe, niveau d’éducation) et psychosociales (situation conjugale, soutien social, niveau de dépendance, événements de vie stressants) et leur état de santé physique.

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A l’origine, le projet de thèse était destiné à faire partie de projets plus larges ayant fait l’objet d’une demande de financement par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (FNRS). Malheureusement, le premier projet sur un follow-up longitudinal des patients dépressifs et l’étude de leur personnalité n’a pas obtenu de financement. Le deuxième projet comportant une analyse du lien entre personnalité et qualité de vie dans une population âgée tout-venante a obtenu un financement en 2010 seulement, alors que le recrutement de l’échantillon était en phase finale. Cependant, bien que la thèse a été réalisée en l’absence de soutien financier et que par conséquent son extension longitudinale n’aura pas lieu, le projet initial a pu être mené à terme comme prévu sans modification majeure.

Plan d’étude

Le plan d’étude de la thèse était basé sur une comparaison transversale de 4 groupes (Tableau 1).

Tableau 1: plan d’étude (2 x 2 comparaison transversale)

Jeunes (25-50 ans) Agés (60-85 ans)

Contrôles 51 51

Patients déprimés 38 41

Deux groupes de patients déprimés, composés respectivement d’adultes jeunes et d’adultes âgés, étaient comparés à deux groupes contrôles également composés d’adultes jeunes respectivement âgés. Des difficultés de recrutement ont révélé la nécessité d’adapter les étendues d’âge, qui ont été élargies à 25-50 respectivement 60-85 ans (initialement 30-45 respectivement 60-75 ans) afin de respecter les délais imposés. Face à cette distribution d’âge peu satisfaisante, cette variable a été traitée comme une variable continue dans les modèles de régression, contrairement à la dichotomie jeune/âgé utilisée dans les analyses de variance.

Sélection des participants

Les critères d’inclusion étaient un bon niveau de maîtrise de la langue française et le fait de résider à domicile. L’inclusion dans le groupe des patients exigeait la présence d’un diagnostic de dépression majeure non psychotique selon le DSM-IV. L’inclusion dans le groupe des contrôles exigeait l’absence de tout trouble psychiatrique actuel ou passé selon le dossier médical ou les dires du participant. Afin de vérifier la présence respectivement l’absence des critères psychiatriques, le Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI- FR, Sheehan et coll., 1998) a été administré à tous les participants par les psychologues de

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l’étude. L’histoire et les caractéristiques cliniques du trouble de l’humeur ont été extraites du dossier médical et confirmées par le psychiatre qui avait référé le patient pour l’étude.

Les critères d’exclusion comportaient une incapacité à compléter les questionnaires soi- même à cause de déficits sensoriels (p.ex. malvoyance), une maladie neurologique (telle que démence ou maladie de Parkinson), un diagnostic primaire de dysthymie, manie, hypomanie ou dépression majeure avec symptômes psychotiques, ou alors un trouble psychotique tel que la schizophrénie, un trouble schizo-affectif, des hallucinations ou des idées délirantes. Les participants étaient exclus si le MINI ou leur dossier médical mettaient en évidence un de ces trois troubles.

Recrutement

L’étude a été approuvée par le comité d’éthique des Hôpitaux Universitaires de Genève (09- 063/ Psy 09-007) et tous les participants ont signé un consentement éclairé écrit (Annexe 2).

Leur participation était volontaire et non rémunérée. Les contrôles ont été recrutés par des annonces dans les journaux locaux. Les patients ont été sélectionnés par des psychiatres expérimentés dans les services ambulatoires du Département de psychiatrie et santé mentale des Hôpitaux Universitaires de Genève. Après 18 mois de recrutement, 91 patients avaient étés sélectionnés, dont 10 ont refusé et 2 ont été exclus après l’évaluation diagnostique. 114 contrôles avaient répondu aux annonces, 10 personnes ont été exclues et 2 ont refusé de continuer. Tous les entretiens ont été réalisés par la psychologue Aline Mouchian (29%) et moi-même (71%).

Outils d’évaluation Dépression

L’histoire de la maladie a été extraite du dossier et confirmée par le psychiatre : nature de la dépression (épisode isolé/récurrent), hospitalisations dans le passé, durée de la maladie et durée de l’épisode actuel. La sévérité de la dépression a été mesurée par la psychologue à l’aide d’une échelle d’évaluation de l’humeur Hamilton Rating Scale for Depression (HRSD, Hamilton, 1960) selon un score allant de 0 à 52. Les comorbidités psychiatriques ont été diagnostiquées à l’aide du MINI et de la Health of the Nation Outcome Scale (HoNOS, Wing et coll., 1999).

(14)

Qualité de vie

La qualité de vie liée à la santé a été auto-évaluée par les participants sur l’échelle World Health Organization Quality of Life - Bref (WHOQOL-Bref, WHOQOL Group, 1998) avec un score total qui s’étend de 16 à 80.

Démographie et santé physique

Un questionnaire démographique a été utilisé pour récolter les informations sur le sexe, la situation conjugale, et le nombre d’années d’éducation formelle. Le niveau de dépendance fonctionnelle a été auto-évalué par le nombre d’heures d’aide professionnelle à domicile (sans aide / 1-3 heures/semaine, 4-8 heures/semaine, >8 heures/semaine). Les aidants professionnels comportaient infirmiers, aide soignants, aides familiales, ergothérapeutes, etc., à l’exception des femmes de ménage. Le soutien social a été estimé par le nombre de personnes de confiance indiquées par les participants (« Sur combien de personnes pouvez- vous compter en cas de besoin ? »). Les comorbidités physiques étaient auto-évaluées à l’aide de la Cumulative Illness Rating Scale (CIRS, Conwell et coll., 1993), selon un score total allant de 0 à 52 points.

Evénements de vie stressants

L’échelle Social Readjustment Rating Scale (SRRS, Holmes & Rahe, 1967, annexe 3) liste 43 événements de vie marquants et chaque participant a coté leur fréquence au cours des 12 derniers mois, pour obtenir une somme totale du niveau de stress (selon des intensités de stress attribuées à chaque événement au préalable par les auteurs sur la base de leurs études, p.ex. le décès du conjoint équivaut à une intensité de 100 et un accident ou maladie personnels compte pour un niveau de stress à 53). Etant donné que les estimations de stress sont personnelles et très différentes selon les individus, chaque participant a en plus estimé personnellement le retentissement affectif pour chacun des événements parvenus : aucun (0), positif (+1, +2, +3) ou négatif (-1, -2, -3).

Facteurs de personnalité

La personnalité était auto-évaluée à l’aide de la version française du NEO Personality Inventory – Revised version (NEO PI-R, Rolland, 1998), version longue à 240 questions.

Chacun des cinq facteurs de personnalité est évalué selon une échelle de 0 à 192.

(15)

Caractéristiques de l’échantillon

L’échantillon final était composé de 181 personnes décrites dans le tableau 2.

Tableau 2: Comparaisons de groupe pour la démographie, santé physique, e les événements de vie stressants

Patients Contrôles

n % n % χ2 / Z * p

Sexe Femmes Jeunes 26 68 30 59 0.86 0.354

Agés 32 78 37 73 0.37 0.545

Situation conjugale

Célibataire Marié(e) Veuf(ve) Divorcé(e)

Jeunes 10 17 1 10

26 45 3 26

16 30 0 5

31 59 0 10

5.87 0.118

Célibataire Marié(e) Veuf(ve) Divorcé(e)

Agés 4 17 11 9

10 41 27 22

4 25 12 10

8 49 23 20

0.54 0.910

Dépendance (aide à domicile)

Aucune 1-3h/semaine

>3h/semaine

Jeunes 33 5 0

86 13 0

46 5 0

90 10 0

0.25 0.620

Aucune 1-3h/semaine

>3h/semaine

Agés 22 12 7

54 29 17

45 6 0

88 12 0

15.99 0.001

Moy. ET Moy. ET F(3,177)** p

Education Années Jeunes 13.5 4.2 17.7 3.4 Effet D= 26.73 <0.001 Agés 11.2 3.9 13.0 4.1 Effet âge= 34.52

D x âge= 4.35

<0.001 0.038 Problèmes

physiques

CIRS a Jeunes 3.8 2.4 1.3 1.4 Effet D= 62.99 <0.001 Agés 6.8 3.5 3.9 2.5 Effet âge= 61.39

D x âge= 1.83

<0.001 0.177 Soutien social Personnes de

confiance

Jeunes 4.1 3.1 7.0 2.1 Effet D= 32.56 <0.001 Agés 3.0 2.6 4.7 2.9 Effet âge= 18.07

D x âge= 2.49

<0.001 0.116 Evénements SRRS b Jeunes 125.0 71.4 131.8 73.4 Effet D= 2.77 0.098 de vie

stressants

Agés 118.8 75.2 80.6 65.5 Effet âge= 9.42 D x âge= 5.52

0.002 0.020 Impact

subjectif

Jeunes - 4.4 4.8 5.3 5.4 Effet D= 95.17 <0.001 Agés - 5.0 6.5 0.3 3.7 Effet âge= 13.19

D x âge= 8.32

<0.001 0.004

* Pearson Khi-carré pour variables catégorielles et Mann-Whitney for variables ordinales

** analyse de variance à deux facteurs (ANOVA) (dépression x âge)

a CIRS = Cumulative Illness Rating Scale score total (0-52) après transformation par racine carré

b SRRS=Social Readjustment Rating Scale score total (0-1466) après transformation par racine carré

La comparaison entre patients et contrôles n’a pas montré de différence significative pour le sexe ni la situation conjugale. Environ 2/3 des participants étaient des femmes et la moitié vivait en couple. Des effets principaux pour la dépression ont mis en évidence que les patients avaient un niveau d’éducation significativement plus faible, bénéficiaient moins d’un

(16)

soutien social et présentaient davantage de comorbidités physiques. Des effets principaux pour l’âge ont révélé que les adultes âgés avaient des niveaux d’éducation, de soutien social inférieurs, et des maladies physiques et des niveaux de dépendance fonctionnelle supérieurs, comparés aux adultes jeunes. L’interaction significative entre dépression et âge pour l’éducation s’est révélée plutôt relative. En effet, pour les contrôles, les âgés étaient moins éduqués (F(1,177)=36.34, p<0.001), or ceci était également faiblement le cas pour les jeunes (F(1,177)=6.36, p<0.013).

Il est intéressant de noter que les patients et les contrôles rapportent la même quantité de stress total des événements de vie, et qu’un effet principal significatif de la dépression a émergé uniquement pour l’impact émotionnel subjectif associé à ces événements, les patients ayant rapporté des vécus personnels plus négatifs que les contrôles. L’interaction significative entre âge et dépression pour la somme de stress a montré que l’âge n’avait pas d’effet pour les patients, l’impact émotionnel subjectif était décrit comme négatif par les patients indépendamment de leur âge. Au contraire, pour les contrôles, les participants âgés ont reporté un niveau de stress inférieur (F(1,177)=13.18, p<0.001), mais également un impact subjectif moins positif contrairement aux participants jeunes.

Analyses statistiques

Toutes les analyses ont été réalisées avec SPSS version 19. La comparaison des quatre groupes a été faite à l’aide d’analyse de variance (ANOVA) à deux facteurs âge (jeune/âgé) et dépression (patient/contrôle). La normalité de la distribution a été vérifiée à l’aide du test de Shapiro-Wilk et les scores du CIRS et SRRS ont été transformés à l’aide d’une racine- carrée pour obtenir une distribution normale. Toutes les autres variables présentaient une distribution normale. La comparaison de groupes pour les variables catégorielles a été faite à l’aide du Pearson’s chi-square goodness of fit test, et à l’aide du Mann-Whitney’s U-test pour les variables ordinales.

Des modèles de régression multiples ont été construits pour prédire la sévérité des symptômes dépressifs (HRSD) respectivement du niveau de qualité de vie (WHOQOL-Bref) à partir de plusieurs variables indépendantes, afin d’analyser quelle est la variance expliquée par les facteurs de personnalité après avoir tenu compte de la variance expliquée par d’autres variables explicatives. Les variables ont été entrées consécutivement par blocs afin de déterminer leur pourcentage de variance expliquée et les changements de R2 associés.

(17)

RESULTATS

Comme prévu, les patients avaient des scores de dépression plus élevés et des scores de qualité de vie plus faibles que les contrôles (Tableau 3). Une interaction significative entre âge et dépression a montré que l’âge n’a pas d’effet sur le niveau de symptômes pour les contrôles. Au contraire, parmi les patients, les patients jeunes avaient des niveaux de dépression plus élevés (F(1,177)=83.68, p<0.001) que les patients âgés. Quant à la qualité de vie, l’âge n’a pas joué de rôle significatif.

Tableau 3: Comparaisons de groupe pour symptômes dépressifs et qualité de vie

Patients Contrôles

Moy. ET Moy. ET F (1,177)* p

HRSD a Jeunes 24.7 5.8 2.2 2.3 Effet D= 714.4 <0.001 Agés 15.8 5.8 3.7 3.0 Effet âge= 33.23

D x âge= 63.57

<0.001

<0.001 WHOQOL-Bref b Jeunes

Agés

50.2 51.9

7.3 9.2

69.0 67.0

5.1 6.1

Effet D= 265.78 Effet âge < 1 D x âge=3.06

<0.001 0.082

* analyse de variance à deux facteurs (ANOVA) (dépression x âge)

a HRSD Hamilton Rating Scale for Depression score total (0-52)

b WHOQOL-Bref=World Health Organization Quality of Life - Bref score total (16-80)

Objectif I : prédicteurs de la dépression

Concernant les cinq facteurs de personnalité, les patients avaient des niveaux significativement plus élevés de Névrosisme et des niveaux plus faibles d’Extraversion, d’Ouverture à l’expérience et de Conscience comparés aux contrôles (Tableau 4), pas d’effet principal significatif de la dépression pour l’Agréabilité. Autrement dit, comparés aux contrôles, les patients avaient une tendance générale plus élevée à la détresse et à éprouver des affects négatifs tels que la peur, la tristesse, la gêne, la colère, la culpabilité et le dégoût.

L’Introversion des patients reflète une tendance à se dire plus réservé et solitaire, et moins motivé à s’engager dans des relations d’intimité psychique, alors que les contrôles se disaient plus amicaux et grégaires. Les patients avaient tendance à être conservateurs et conventionnels dans leurs opinions et comportements, préférant des situations familières à la nouveauté, avec réactions émotionnelles quelque peu émoussées, et des centres d’intérêt peu étendus et peu investis, ce qui reflète une faible ouverture à s’engager dans l’exploration de ses rêves, fantasmes, de son univers personnel, y compris dans ce qu’il peut y avoir d’inconscient et de déroutant, avec une faible aptitude au changement. Quant à la

(18)

Conscience, les patients avaient tendance à être plus nonchalants dans la poursuite de leurs objectifs, moins aptes à s’engager de manière organisée, persévérante et responsable, reculant devant les frustrations et moments de découragement, avec une faible volonté de faire le travail de psychothérapie (Miller, 1991).

Tableau 4: Comparaisons de groupe pour les cinq facteurs de personnalité (NEO PI-R) Patients Contrôles

Moy. ET Moy. ET F(1,177)* p

Névrosisme Jeunes 123.2 27.4 77.5 21.2 Effet D=133.75 <0.001 Agés 105.9 21.8 72.4 21.3 Effet âge=10.68

D x âge=3.16

0.001 0.077 Extraversion Jeunes 93.4 23.5 118.8 16.6 Effet D=55.24 <0.001

Agés 88.6 20.2 105.3 15.9 Effet âge=10.31 D x âge=2.33

0.002 0.129 Ouverture Jeunes 112.5 23.8 127.8 18.1 Effet D=23.55 <0.001

Agés 101.2 19.5 113.8 16.0 Effet âge=19.11 D x âge < 1

<0.001 Agréabilité Jeunes 127.4 16.8 126.0 18.3 Effet D < 1

Agés 133.4 15.9 134.8 14.4 Effet âge=8.99 D x âge < 1

0.003 Conscience Jeunes 108.7 23.85 125.88 19.6 Effet D=29.74 <0.001

Agés 105.8 24.68 123.00 16.5 Effet âge < 1 D x âge < 1

* analyse de variance à deux facteurs (ANOVA) (dépression x âge)

Par ailleurs, un effet principal significatif de l’âge a été mis en évidence pour le Névrosisme, l’Extraversion, l’Ouverture et l’Agréabilité, mais pas pour la Conscience. Les participants âgés avaient moins tendance à la détresse, l’introversion et l’ouverture étaient moins prononcées que chez les participants jeunes, indépendamment de leur état thymique. Quant à l’Agréabilité, comparés aux participants jeunes et également indépendamment de l’état dépressif, les participants âgés étaient plus confiants et détendus dans la relation, davantage disposés à aider les autres et pensant que ceux-ci les aideront autant en retour.

L’hypothèse initiale était qu’une approche intégrative du lien entre les cinq facteurs de personnalité et la dépression allait donner une image plus nuancée. En effet, l’analyse de régression multiple A (tableau 5) a permis d’évaluer le pouvoir de prédiction des facteurs de personnalité pour la dépression (HRSD), après avoir tenu compte de l’influence des variables sociodémographiques, psychosociales et de la santé physique des participants.

Elle a mis en évidence que la dépression est influencée significativement par l’âge, l’impact subjectif des événements de vie stressants, la sévérité des problèmes de santé physique et le niveau de Névrosisme. Les trois premiers prédicteurs ont expliqué 49 % de la variance de la dépression, et le Névrosisme a expliqué 16% supplémentaires. L’âge avancé a joué un rôle protecteur pour la dépression, de même qu’un impact subjectif des événements de vie

(19)

vécu comme moins négatif. En revanche, la sévérité des comorbidités physiques et le niveau de Névrosisme ont émergé comme des facteurs de risque. Ainsi, contrairement aux analyses uni-variées, aucun des autres facteurs de personnalité ne prédit significativement le niveau de dépression.

Tableau 5: Modèle A: Sévérité dépression (HRSD) prédite par variables

sociodémographiques, psychosociales, maladie physique, et personnalité (N=181) Coefficients régression Comparaison des R2

Prédicteurs B SE p R2 F df p

Bloc 1 Age a -0.16 0.04 <0.001 0.58 16.39 (14,166) <0.001

Sexe b -1.10 1.03 0.285

Education -0.79 0.39 0.046 Situation conjugale c -0.22 0.88 0.806 Soutien social -0.63 0.58 0.283 Dépendance 1.65 0.80 0.041

SRRS d -0.01 0.02 0.679

Impact subjectif -0.87 0.24 <0.001

CIRS e 1.55 0.67 0.022

Education * Age 0.01 0.01 0.055 Soutient soc. * Age 0.01 0.01 0.492 SRRS * Age 0.00 0.00 0.572 Impact * Age 0.01 0.01 0.096 CIRS * Age -0.02 0.01 0.089

+ Bloc 2 Névrosisme (N) 0.19 0.06 0.002 0.74 9.49 (10,156) <0.001 Extraversion (E) -0.09 0.09 0.328

Ouverture (O) 0.11 0.09 0.198 Agréabilité (A) 0.18 0.09 0.038 Conscience (C) 0.10 0.08 0.212

N * Age 0.00 0.00 0.483

E * Age 0.00 0.00 0.426

O * Age 0.00 0.00 0.152

A * Age 0.00 0.00 0.081

C * Age 0.00 0.00 0.286

Prédicteurs significatifs uniquement

Age -0.13 0.03 <0.001 0.68

Education -0.18 0.11 0.113 Dépendance 1.19 0.81 0.142 Impact subjectif -0.53 0.08 <0.001

CIRS 0.38 0.18 0.034

Névrosisme 0.17 0.02 <0.001

Agréabilité 0.03 0.03 0.322

a âge en continu, b 1=homme, 2=femme, c 1=non-couple, 2=couple, d CIRS = Cumulative Illness Rating Scale, e SRRS=Social Readjustment Rating Scale

(20)

Le Névrosisme et la dépression sont deux concepts qui se chevauchent partiellement, ce qui est confirmé par la corrélation positive (r=0.74) observée dans l’échantillon total de la thèse.

Les scores de l’échelle de l’humeur HRSD expliquent 55% de la variance du Névrosisme dans une analyse de régression linéaire avec le Névrosisme comme variable dépendante et les scores HRSD comme variable indépendante. Lorsque les résiduels de cette régression sont introduit dans le modèle A - c’est-à-dire la partie du Névrosisme qui est indépendante de l’humeur dépressive -, le Névrosisme n’émerge plus comme prédicteur significatif.

Objectif II : prédicteurs de la qualité de vie

Afin de tenir compte du niveau de la qualité de vie subjectif que les participants associent à leur état dépressif, le modèle B (tableau 6, page suivante) s’était intéressé à l’influence des mêmes variables indépendantes sur la qualité de vie, respectivement à leur modération de l’impact de la dépression sur la qualité de vie. Les résultats de cette analyse de régression ont mis en évidence que 67% des 76% de variance expliquée de la qualité de vie étaient directement prédits par la symptomatologie dépressive (HRSD). Les variables sociodémographiques et psychosociales ont expliqué 7% supplémentaire et les facteurs de personnalité les 5% restants. Quant aux prédicteurs individuels significatifs, mise à part les symptômes dépressifs, le sexe féminin a émergé comme facteurs renforçant le niveau de qualité de vie. Quant à la personnalité, des niveaux élevés d’Ouverture et de Conscience augmentent directement la probabilité d’un niveau élevé de qualité de vie. Il est intéressant de noter qu’en plus de cet effet direct, les niveaux de Névrosisme et de Conscience interagissent avec les symptômes dépressifs pour modérer leur impact sur la qualité de vie des participants.

Objectif III : Différences liées à l’âge dans l’importance des prédicteurs

Le troisième objectif avait visé plus spécifiquement les différences liées à l’âge. Le modèle C a permis d’analyser la prédiction de la dépression à l’âge avancé en comparaison à la dépression au jeune âge. En effet, la dépression se présente différemment en fonction de l’âge du patient (voir Annexe 4). Mise à part la durée et l’âge de début de la maladie, les différences entre les 38 patients jeunes et les 41 patients âgés étaient significatives pour la sévérité des symptômes de l’épisode actuel. Les patients âgés ont présenté des dépressions moins sévères, associés à des risques suicidaires et des comorbidités anxieuses plus faibles, tout en recevant des traitement antidépresseurs plus intensifs.

(21)

Afin de tenir compte de ces spécificités cliniques de la dépression gériatrique, le modèle C était destiné à vérifier si les scores HRSD, l’impact subjectif des événements de vie, les comorbidités physiques et le Névrosisme, permettent de distinguer la dépression du jeune adulte de celle de l’adulte âgé. Les résultats de l’analyse de régression logistique (1=dépression âgé, 0=dépression jeune) ont montré que ce sont la sévérité des symptômes dépressifs (odds ratio = 0.69, p<0.001) et la comorbidité physique (odds ratio=1.85, p=0.001) qui distinguent au mieux la dépression des patients âgés de celle des patients plus jeunes.

Tableau 6: Modèle B: Effet modérateur des variables sociodémographiques, psychosociales, maladie physique, et personnalité sur le lien entre dépression et qualité de vie (N=181)

Coefficients de régression Comparaison des R2

Prédicteurs B SE p R2 F df p

Bloc 1 HRSD a -0.45 0.19 0.020 0.67 359.87 (1,179) <0.001 + Bloc 2 Age b 0.02 0.04 0.507 0.74 4.51 (11,168) <0.001

Sexe c 2.11 1.00 0.035

Education 0.06 0.12 0.608

Situation conjugale d -0.71 0.84 0.398 Dépendance -1.13 0.80 0.159 Soutien social 0.31 0.17 0.069 Impact subjectif 0.10 0.09 0.242

CIRS e -1.14 0.64 0.077

Age * HRSD 0.00 0.00 0.308 CIRS * HRSD 0.00 0.02 0.852 Impact * HRSD 0.00 0.01 0.861

+ Bloc 3 Névrosisme (N) -0.05 0.02 0.030 0.79 3.27 (10,158) 0.001 Extraversion (E) 0.01 0.03 0.873

Ouverture (O) 0.06 0.03 0.040 Agréabilité (A) -0.01 0.03 0.715 Conscience (C) 0.05 0.02 0.035

N * HRSD 0.01 0.00 0.046

E * HRSD 0.00 0.00 0.600

O * HRSD 0.00 0.00 0.661

A * HRSD 0.00 0.00 0.623

C * HRSD 0.01 0.00 0.037

Prédicteurs significatifs uniquement

HRSD -0.75 0.07 <0.001 0.76

Sexe 1.86 0.91 0.042

Névrosisme -0.05 0.02 0.029 Ouverture 0.09 0.02 <0.001 Conscience 0.07 0.02 0.002 N * HRSD 0.01 0.00 <0.001

C * HRSD 0.01 0.00 0.033

a âge en continu, b 1=homme, 2=femme, c 1=non-couple, 2=couple, d CIRS = Cumulative Illness Rating Scale, e SRRS=Social Readjustment Rating Scale

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