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VISAGE MIROIR DE L'AME

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VISAGE

MIROIR DE L'AME

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Gollsction créée st dirigée p,,-,. Jean d'Agraires.

(4)

EMMANUEL FOUGERAT

Artiste peintre, Directeur

de l'Enseignement des Arts plastiques dans les Maisons d'Éducation de la Légion d'Honneur, Proœ-ur honoraire à l'Éeole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de PariA.

VISAGE

MIROIR DE L'AME

EDITIONS, COLBERT

1 28, Rue La Boétie, PARIS (VIIIe)

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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE DEUX CENT CINQUANTE EXEMPLAIRES SUR VÉLIN DES PAPETERIES DE LANA

NUMÉROTÉS DE I A 250.

Les documents photographiques illustrant cet ouvrage proviennent des archives de l'Intransigeant, Paris-Soir, France-Presse, Mondial, Wide-W-orld, etc.

Copyright by Les Éditions Colbert, 1943.

. Tous droits de traduction et de reproduction réservés.

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PRÉFACE

Quand M. Emmanuel Fougerat efl venu me montrer son bel album documentaire annoté Visage, Miroir de l'âme, je ne le connaissais' que par ses tableaux. Ceux-ci m'avaient touché surtout par la précision de la forme et la vérité de leur expres- sion.

Il suffit d'évoquer la belle série qu'il a faite de têtes bretonnes pour partager l'opinion d'Alphonse de Châteaubriant :

« Devant ces Bretons de FOfJgerat... tout de suite on voit qu'il y a, sous cette ferme et savante exécution, quelque chose de plus rare peut-être, qui n'efl pas écrit dans le plan visihl e du dessin, un intérêt encore plus profond si je puis dire, et qui efi ce qui exerce sa magie sur nos pensées. Je veux parler de leur profond eur psychologique. »

Voyant M. Fougerat, j'ai trouvé en lui non seulement le créateur d'art universellement apprécié, mais encore le professeur à l'enseignement très élevé.

C'efl qu'en effet M. Fougerat, après avoir été Directeur- Fondateur de l'École Régionale des Beaux-Arts de Nantes et de l'École des Beaux-Arts de Montréal, au Canada, eil main- tenant Professeur à l'École Nationale Supérieure des Arts Déco- ratifs de Paris et Directeur de l'enseignement du dessin, de la peinture et des arts décoratifs dans les Maisons d'Éducation

de la Légion d'Honneur.

On comprend ainsi la genèse du beau travail affuel, que j'ai l'honneur de préfacer : Visage, Miroir de l'âme, efi l'itiné-

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raire d'un peintre conscient du mécanisme de sa valeur et qui veut faire profiter de sa connaissance de la psychologie humaine par les formes du visage en schématisant celles-ci.

Le fil d'Ariane de Vouvrage eft dans les trois qualités fonda- mentales des visages humains, qui sont longs, carrés ou ronds.

Le rond allongé devient ovale, le carré allongé devient rectan- gulaire et le long, selon la grandeur transversale de sa termi- naison maxillaire, devient triangulaire, d'où six types géomé- triques.

Chacun de ces six types parfaits présente, dans la réalité dt la vie, soit une prédominance frontale, soit une prédominance maxillaire, ce qui porte à dix-huit les types de construction générale des figures humaines dans n'importe quelle race.

M. Fougerat pouvait se servir seulement de son talent de des- sinateur pour donner des exemples, savoureux dans leur expres- sion, de ces dix-huit types. Mais sachant que les dessins, en raison de leur coefficient personnel, ont toujours soulevé des dis- lussions , il a préféré y ajouter des documents photographiques indiscutables comme réalité.

En parcourant ce bel album de vérité, on s'aperçoit que la vie n'a jamais été serrée d'aussi près. Et cette collection méthodique répond triomphalement aux objections sur les classements arbi- traires et qui ne paraissaient que théoriques.

Ainsi tous les lecteurs peuvent espérer se reconnaître dans l'un des types présentés. Beaucoup de figures contractantes ont été choisies par l'auteur pour développer l'habitude de l'observation chez les personnes qui ne sont pas peintres.

En résumé, le but principal de cet ouvrage, aussi remarquable par l'idée initiale que par sa réalisation, en de faire connaître

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une méthode simple pour classer à première vue une figure humaine.

Cette méthode sera particulièrement appréciée des médecins qui cherchent dans la forme ît les traits du vùage non seulement des signes de maladies, mais des fligmates de prédisposition et plus hautement les expressions morphologiques des diverses personnalités humaines à la fois dans leurs caractères différentiels

et leurs analogies sp,,cifiques.

Et cet album de physionomies eft supérieur aux précédents, par une plus franche richesse de documentation précise et par son absence d'exposé doctrinal a priori.

Les commentaires si judicieux de M. Fougerat sont sim- plement complémentaires de l'iconographie. Les unes et les autres illustrent les méthodes exposées.

Ils en démontrent la justesse et l'efficacité.

C' cf! pourquoi je suis si heureux de présenter ce travail très original, qui rapproche une fois de plus le peintre, le psycho- logue et le médecin.

Doreur LAIGNEL-LAVASTINE Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, Médecin-Chef des maladies mentales à l'Hôpital de la Salpêtrière.

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INTRODUCTION

" L'homme cet connu à son regard et le Sage à l'air de sa face. " F,cciés ta fie XIX, 26.

Le petit choc intérieur que nous ressentons à la vue d'un inconnu eSt le point de départ des études physio- nomiques.

Cette première réaâion, provoquée par l'aspeft exté- rieur du personnage, eSt plus ou moins nette; pour beau- coup de gens elle reSte un peu vague avec, cependant, une tendance à la sympathie ou à l'antipathie. Il nous semble même, parfois, avoir " déjà vu quelque part " cette figure nouvelle; c'eSt que les types humains peuvent se classer (dans toutes les races) en quelques catégories.

Les caractéristiques mentales que chaque individu porte en lui et qui le font agir sont-elles donc visibles sur son visage?

C'eSt une grande question à laquelle nous répondrons par l'affirmative.

L'observateur attentif peut déceler, à travers la chair et les os, l'inftinfî dominant qui fait souyent le bonheur ou le malheur d'un être humain. Car, on peut l'affirmer avec force, les résultats d'une vie proviennent moins du hasard que de la qualité des caractères.

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Mais les formes et les plans qui modèlent notre faciès sont-ils déterminés par la nature de notre mentalité?

Gœthe Fafnrme : " Ce sont, dit-il, les facultés mentales qui construisent le corps. "

Beaucoup de savants et de philosophes modernes sou- tiennent d'autre part cette thèse que résument les lignes suivantes du philosophe espagnol F. M. Barbado O. P.

qui, après avoir étudié l'état actuel de la science, quant à l'influence des glandes dans le corps humain, écrit dans la Revue Thomifle d'avril 1931 :

Des indications que nous avons données, on a le droit. de déduire, en toute assurance, qu'on peut établir des corrélations entre la forme du corps et le caractère d'un individu; car, si sur ces deux éléments influe la même cause, les sécrétions internes, il eSt clair qu'à telle physionomie déterminée correspond un aspect spécial des phénomènes psychiques, aussi bien cognitifs qu'effectifs.

En tous les cas, cette question n'eSt pas l'objet de notre recherche actuelle qui eSt seulement de mettre en lumière les rapports que nous observons, comme peintre et comme professeur, depuis quarante ans, entre les formes phy- siques et les réactions psychiques, rapports toujours égaux et confiants. Nous les exposons ici, avec notre méthode personnelle, mais sans soulever aucune contradiction avec les physionomistes anciens et modernes, tellement il eSt vrai que les reflets de notre âme brillent sur nos fronts.

Comme de beaux paysages, certaines figures humaines dégagent une poésie intense. Les grands écrivains ont

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bien souvent décrit les yeux mystérieux évoquant la pro- fondeur trouble des étangs, les sourires radieux, et les expressions de colère, tempêtes intérieures comparables aux sombres nuages d'un ciel d'orage.

L'antiquité posait sur le visage de ses acteurs des masques qui caractérisaient fortement les passions expri- mées par les personnages en scène et donnaient ainsi plùa d'éloquence à leurs paroles.

Le physionomiste découvre, lui, la dominante des instincts sans l'aide des mouvements expressifs.

C'eSt dans l'état de repos qu'il faut examiner un joli visage pour le bien connaître, car le sourire efface toutes les rugosités révélatrices des passions, comme un plein soleil simplifie, dans une aveuglante clarté, les accidents d'un terrain. En effet, si la barbe a été donnée à l'homme pour voiler la force de ses appétits sensuels, le sourire eSt, pour la jeune femme, la plus sûre des armes défensives.

Il apparaît donc comme très important de connaître à première vue le caractère profond de nos frères les Hommes, puisqu'en dehors des maladies et des catas- trophes de l'univers, tout ce qui nous arrive dépend de nos semblables.

Les humains se dispensent entre eux sinon la sagesse du moins la science, la gloire ou le mépris, la richesse ou la pauvreté. Combien de décisions importantes pour l'ensemble d'un pays ont été prises par des chefs sous

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l'impulsion de leur tempérament plutôt qu'à la suite de longs raisonnements!

En effet le tempérament est à l'origine de toutes les réactions que provoquent les rélations des hommes entre eux, qu'il s'agisse des rapports les plus élevés comme des plus ordinaires.

C'eSt ainsi qu'un observateur attentif sentira quelle devra être la nature de ces réaâions avant qu'elles se soient manifestées. En montant dans l'autobus, vous pourrez savoir, suivant la rondeur ou la longueur de la tête du contrôleur, sur quel ton affable ou sec il répondra aux questions que vous lui poserez sur l'itinéraire de sa voiture.

Dans la rue, en observant à dix pas la personne que bientôt vous croiserez, vous pronostiquerez la forme de sa réaction si vous esquissez du bras un geSte imprévu en passant auprès d'elle. Une face ronde et large sourira tou- jours à cette plaisanterie, tandis que les yeux d'un visage long et blême vous jetteront un regard de colère.

Dans le métro, aux heures d'affluence, debout et serré de tous côtés, vous aurez parfois quelqu'un derrière vous qui n'abaissera pas ses coudes pointus, qui les main- tiendra au contraire entre vos deux omoplates. Il sera inutile de vous retourner pour savoir que ces deux coudes sont forcément surmontés d'une tête carrée aux lèvres minces, avec proéminence de la lèvre inférieure, les narines étroites serrant avec netteté un nez anguleux : c'eSt le type du méchant, toujours heureux de donner quelque souffrance. Cet instinct de méchanceté ou de bonté native eSt facile 11

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. à observer chez les enfants dans les squares où ils jouent nombreux pendant les après-midi de la belle saison.

Regardez les petits visages roses ou bruns- de cinq à huit ans groupés autour de quelque jouet important, comparez leurs expressions et vous discernerez facile- ment, chez quelques-uns, les prédispositions à la méchan- ceté et à l'envie. Chez d'autres, au contraire, vous consta- terez des geStes de générosité spontanée, ou les signes.

d'une passivité résignée.

La première chose à faire devant l'inconnu que vous abordez eSt de lever son masque, en observant rapidement les caractéristiques que nous exposerons plus loin ; car les humains, quand ils se connaissent peu, essaient de voiler leur vraie nature sous le couvert de l'aimable politesse et de la sociabilité.

Faites donc toujours abstraction des broderies du général, de la robe du juge, de la gravité compassée du politicien ou du professeur, et, après un peu d'attention, le véritable fond humain vous apparaîtra. Celui-là seul eSt intéressant.

Il y a, bien entendu, la déformation professionnelle qui en impose parfois aux autres et à soi-même. Elle peut devenir une habitude d'esprit, mais elle ne change pas la force profonde qui mène tous les êtres et qui aboutit au besoin de satisfaire les exigences de leur tempérament.

Les gens de même constitution organique obéissent, qu'ils le veuillent ou non, aux mêmes réactions, dans

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toutes les couches sociales — qu'ils soient chauffeurs ou.

, archevêques. La culture intellectuelle et l'éducation les séparent, certes, mais seulement dans la forme extérieure.

Et encore pas toujours : la colère d'un puissant directeur de banque sanguin, apoplectique, s'extériorise souvent comme la brutalité d'un garçon de bureau soumis au . même tempérament.

Il ne faut pas confondre les forces instinctives de l'être avec le vernis que donnent l'éducation et la culture de l'esprit.

Deux sanguins à la face carrée pourront avoir, du fait de leur culture intellectuelle et de leur éducation, des ' aspirations sociales différentes, certes. Mais la force inté- rieure les poussera tous deux à formuler, avec la même violence, les théories qui. leur sont également chères, quoique différentes.

De même, des êtres à face triangulaire pourront par- tager l'idéal des sanguins, mais ils resteront plus dans le domaine du rêve, et le besoin d'agir ne les tourmentera pas.

Dans une église ou dans un meeting, une même mys- tique peut soumettre à son empire un grand nombre d'hommes réunis ; leurs esprits, charmés par la puissance du verbe, pourront fraterniser durant quelques instants.

Cependant, dès qu'ils ne seront plus sous l'influence de la puissance collective de l'éloquence, ils reprendront leur manière particulière de sentir et, croyant toujours aux mêmes idées, ils réagiront différemment, dans le fait, suivant la rondeur ou la longueur de leur visage, c'eSt-à-dire selon leur physiologie personnelle.

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CHAPITRE PREMIER RÉSUMÉ HISTORIQUE

" Je vois tes pensées écrites sur ton front

MARC-AURÈLE.

Il eSt certain que, de tout temps, les hommes se sont regardés dans les yeux, afin d'évaluer leur valeur respective et la qualité de leurs sentiments réciproques.

Les paroles importent moins que l'expression qui les accompagne.

Et les dictons populaires, qui viennent de loin, ont signalé avec justesse les caractéristiques visibles.

Celui-ci, notamment, bien connu en Bretagne, dévoile en huit mots tout un tempérament :

Lèvres minces et nez pointu N'ont jamais rien valu...

Dans l'antiquité, au moyen âge et dans les temps modernes, des penseurs, des artistes, des savants ont essayé de codifier les lois qui régissent les rapports entre le physique et le moral.

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Cette recherche qui, chez les Orientaux, se rattachait à une partie de l'A.f!rologie, s'appelait la Physiognomonie au XVIIIe siècle, et la Mêtoposcopie au moyen âge; aujour- d'hui c'eSt la Morphologie.

Les Égyptiens, les Chaldéens, les Assyriens plaçaient les tempéraments humains sous la domination des signes du Zodiaque, et les Grecs, suivant leur esprit idéaliste habituel, les décoraient d'un Symbole en les rattachant par de mystérieuses traditions aux aStres lointains.

Le moyen âge continua cette méthode ésotérique qui intéressa des penseurs comme Albert le Grand, évêque de l'ordre des Dominicains, maître de saint Thomas d'Aquin, qui vivait au XIIe siècle.

Mais, bien avant, tous les auteurs citent d'abord le vieil Hippocrate, qui s'appuyait déjà sur la physiologie pour discerner les tempéraments que reflète le moral.

Platon et AriStote signalent les similitudes des formes entre hommes et bêtes, et Pline et Suétone parlent aussi de cette " science humaine " dont tant de penseurs ont senti l'importance.

Marc-Aurèle ne disait-il pas : "Ton discours eSt écrit sur ton front, je l'ai lu avant que tu aies parlé ", et Jules César : " Je ne crains pas la figure fleurie d'Antoine et des Dalabella, mais je redoute ces faces maigres, pâles et sombres des Brutus et des Cassius. "

M. Julien Leclerq (La Physionomie) donne sur l'esprit des philosophes antiques cette page intéressante d'après le Napolitain G. BattiSta della Porta :

" Adamantius dit que la nature, même quand la bouche

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eSt muette, s'exprime par le front et les yeux. Le philo- sophe Cléanthe avait coutume de dire, d'après Zénon, qu'on peut connaître les mœurs d'après le visage. Les Pythagoriciens avaient pour règle, à ce que raconte Zam- blique, lorsqu'il leur venait des disciples demandant à s'instruire, de n'en recevoir aucun s'ils n'avaient reconnu à de clairs indices, tirés de leur visage et de tout leur extérieur, qu'ils devaient réussir dans les sciences. Ils disaient que la nature constitue le corps d'après l'âme et donne à celle- ci les instruments qui lui sont nécessaires, qu'elle nous montre dans le corps l'image de l'âme ou plutôt que l'un eSt l'échantillon de l'autre. On lit dans Platon que Socrate n'admettait aucune personne à philosopher sans s'être assuré, en examinant son visage, qu'elle y était propre. La physionomie d'Alcibiade indiquait, dit Plutarque, qu'il était deStiné à s'élever au plus haut rang dans la Répu- blique... Platon et, après lui, AriStote ont dit que la nature proportionne le corps à l'activité de l'âme. En effet, tout instrument qui eSt fait en vue d'une chose doit être pro- portionné à cette chose; et toutes les parties du corps sont faites pour quelque chose, et ce pourquoi une chose eSt faite eSt une action, d'où il suit clairement que le corps tout entier a été créé par la nature en vue d'une chose excellente. "

Montaigne écrit de son côté : " J'ai lu parfois entre deux beaux yeux des menaces d'une nature maligne et dangereuse; il y a des physionomies favorables, et en une presse d'ennemis victorieux, vous choisirez incontinent, parmi les hommes incogneus, l'un plutôt que l'autre, "

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Dans ses Maximes La Rochefoucauld écrit :

" La force et la faiblesse d'esprit sont mal nommées, elles ne sont en effet que la bonne ou la mauvaise dispo- sition des organes du corps. "

Et Gœthe : " Ce'sont les facultés mentales qui construi- sent le corps. "

Malheureusement, à notre sens, l'aStrologie compliqua longtemps ce qui concernait presque uniquement la phy- siologie. Et il faut arriver jusqu'en 1627 pour que le philosophe napolitain Giovanni-BattiSta della Porta ait le courage d'écrire dans son ouvrage Délia Pisionomia dell'huomo que la physionomie était née de principes naturels.

Comme le dit avec clarté Mantegazza : " Non seule- ment Della Porta a le premier combattu ouvertement l'aStrologie judiciaire, mais il a ouvert une ère nouvelle pour l'étude de la physionomie. Il ne pouvait disposer que des matériaux scientifiques de son temps, mais il les a mis en œuvre avec le sage discernement d'un philosophe positif, et il a fait de la saine psychologie.

"Il a discuté les méthodes qui peuvent nous guider dans l'étude physionomique humaine et il a recherché comment d'après le tempérament de tout le corps, on peut conjec- turer les mœurs et prouvé qu'il n'eSt point nécessaire d'aller chercher les étoiles pour étudier les tempéraments. "

Ces lignes courageuses étaient écrites au milieu de ce xviie siècle qui fut l'âge d'or de la physiognomonie astro- logique ou semi-aStrologique. Il ne faut pas oublier aussi que le médecin du roi, De la Chambre, écrivait de son côté, en 1660, son. Traité sur l'Art de connaître les homtnes,

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ni que, avant lui, Léonard de Vinci avait signalé l'impor- tance de ces recherches.

Le Brun, qui étudiait toujours les rapports unissant le physique au moral, composait aussi un Traité des Passions.

En même temps qu'il dessinait les hommes et les bêtes1 il fit sur ce sujet une conférence à l'Académie de Peinture.

On lit, en effet, dans le procès-verbal de la séance du 28 mars 1671 tenue en présence de Colbert :

" M. Le Brun a fait le rapport de sa dernière conférence sur la physionomie et présenté toutes les diverses démonstrations qu'il en a dessinées, soit des têtes d'animaux, soit de celles des hommes, faisant remarquer les signes qui marquent leurs inclina- tions naturelles, sur quoi mondit Seigneur Colbert a témoigné beaucoup de satisfaction et s'eft retiré. "

Vers la fin du XVIIIe siècle, nous trouvons, avec le paSteur protestant Johann-Gaspard Lavater, le continua- teur de Della Porta et le fondateur de cette science physio- gnomonique moderne, désormais fondée sur l'étude des tempéraments. C'eSt Goethe, passionné pour cette étude, qui créa, dit-on, le mot " morphologie " ou science des formes, terme employé aujourd'hui en médecine. Goethe était d'ailleurs l'ami du grand Lavater qu'il conseilla sou- vent, sans doute, dans ses recherches sur l'extériorisation de l'âme humaine. Problème dont il sentait toute l'impor- tance, non seulement pour son mystère même, mais aussi pour les rapports sociaux.

Johann Lavater naquit en 1741 à Zurich, et il y mourut

1. Dessins de Lebrun. Édit. Laurens.

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en 1801. Fils d'un médecin, il se consacra d'abord à l'étude de la théologie et devint paSteur en 1762. Après avoir visité l'Allemagne, il publia plusieurs ouvrages de ten- dances mystiques. En 1769 il fut nommé diacre et devint en 1775 paSteur à la Waisenhauskirche, puis en 1778 à la Peterskirche qui conserve son tombeau.

Dès 1772, il fait une conférence sur VArt d'étudier la physionomie pour les membres de la Société des Sciences naturelles de Zurich. Cette conférence fit du bruit et sou- leva des critiques auxquelles Lavater répondit avec sa forte croyance dans la nouvelle science. C'eSt ainsi que se construisit peu à peu l'ouvrage considérable rendant son auteur immortel : L'Art de connaître les hommes par la Phy- sionoJlJie, en 9 volumes.

Après ce profond observateur, plusieurs savants du xixe siècle s'occupèrent plus scientifiquement de la ques- tion. D'abord, à la fin du XVIIIR siècle, Camper qui a donné son nom au fameux angle facial servant de mesure pour „ établir la place des têtes humaines et animales dans l'ordre morphologique. Un peu après, le physiologiste Charlés Belle donne, en 1806, son ouvrage sur les rapports de l'anatomie et de l'expression physiognomonique.

Puis le professeur D u c h e n n e de Boulogne, en 1862,

publie, à peu près à la même époque que Pidérit, un traité sur le mécanisme de l'expression physionomique, fondé sur la ju§te observation que tout organe qui travaille se déve- loppe, et que, par conséquent, tel muscle du visage s'accentue quand la passion intérieure le fait mouvoir.

C'eSt ainsi, par exemple, que le muscle triangulaire nasal

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se contra&ant au moment du coït indique facilement la prédisposition érotique chez les individus qui en sont fortement pourvus.

De même pour le muscle du mépris qui entoure la lèvre inférieure ou pour celui du rire, le grand zygomatique constamment contracté chez l'optimiste hilare au visage

rond. %

En contracte, on observe chez le mélancolique à tête longue la bouche tombante cernée du grand pli labial et chez le colérique la contraction des muscles sour- ciliers.

Mais ces indiscutables constatations ne sont qu'une des parts de vérité et non la seule part, comme nous le verrons plus loin.

De son côté, Darwin écrivait dans son traité sur Y Expres- sion des émotions ces lignes intéressantes :

" La part de vérité qui existe dans la prétendue science de la physiognomonie paraît dépendre de ce que chaque individu contracte de préférence certains muscles de son visage, suivant ses dispositions personnelles; le dévelop- pement de ces muscles peut en être augmenté et par suite les lignes ou rides de son visage dues à leur contraction habituelle peuvent devenir plus profondes et plus appa- rentes. "

En tous les cas, à partir du xixe siècle, il fut de moins en moins question d'astrologie et d'occultisme dans l'éla- boration de la science qui nous occupe.

Dès le XVIIIe siècle, comme nous l'avons dit, la Physio- gnomonie eSt fondée sur l'observation des tempéraments

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physiologiques dont l'ancienne classification eSt familière à nos lecteurs : sanguins, nerveux, bilieux, lymphatiques, ou encore suivant Wondt :

le tempérament colérique : fort et prompt, le tempérament mélancolique : fort et lent, le sanguin : faible et prompt,

le flegmatique : faible et lent.

Et, dit M. Schreider1 :

" Il y a dans cette classification une idée qui réapparaît aujourd'hui dans certaines doctrines qui distinguent préci- sément entre l'énergie et la rapidité des réactions subor- données aux variations fonctionnelles du système nerveux de la vie végétative èt aux sécrétions internes. "

De son côté l'Italien Pilo indique également quatre types qu'il dénomme les pléthoriques, les séreux, les lympha- tiques et les bilieux.

Cette théorie fut le point de départ de l'ouvrage de Lavater, dont s'inspirèrent plus ou moins Ledos, DeleStre, Polti, Jagot, Linobow, le docteur Lefas, etc.

Fouillée, tenant compte de l'intensité et de la rapidité des processus d'intégration et de désintégration orga- nique, décrit les tempéraments sanguins, nerveux, bilieux et flegmatiques.

Ces auteurs entrevoyaient déjà l'importance que la physiologie joue dans la classification des caractères. Elle nous apparaît, quant à nous, primordiale et nous sommes surpris de constater qu'un grand nombre de philosophes

i. Les _ types humains. Hermann et Cle, éditeurs, /

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ont établi des classifications humaines minutieuses et compliquées sans en tenir compte.

C'étaient de purs intellectuels plus familiers, sans doute, avec les idées abstraites qu'avec l'observation directe de la vie.

Le philosophe Ribot décrit trois catégories géné- riques :

Les sensitifs, timides, impressionnables, humbles, inquiets, sans énergie, émotionnels et contemplatifs.

Les atlifs, optimistes et entreprenants, plus ou moins puissants.

Les apathiques ou lymphatiques, sans résistance aux influences extérieures.

Ces trois types présentent des nuances qui correspon- dent aux complexités des caractères et nous les retrou- verons, accompagnés d'exemples, dans notre classifica- tion fondée sur l'observation directe.

Là, nous sommes bien d'accord avec Ribot qui répu- diait ceux qui traitent ces questions en logiciens, " rai- sonnant sur de purs concepts, alors qu'il s'agit, d'abord et avant tout, d'observer et non de raisonner ".

Les classifications élaborées par Fouillée, Quérat, Lévy, Malapert, Paulhan, Binet, toutes intéressantes, concer- nent surtout l'élément intellectuel. Cependant, on y retrouve en somme, avec leurs traits plus ou moins nets, les types humains éternels :

les apathiques, plus ou moins intelligents ;

les sensitifs, les spéculatifs, les volontaires, les ¡nf/ables' impulsifs, les affetlifs, etc.

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D'ailleurs nous reviendrons sur toutes ces dénomina- tions dans le cours de l'ouvrage à propos des images qui les concrétiseront et qui soutiendront les théories d'exem- ples empruntés à la réalité.

L'Allemand Otto Gross et le Hollandais Heymans exposent une doétrine dérivant davantage des conje&ures physiologiques. Ils parlent tous deux de la consomma- tion de la cellule nerveuse avec des nuances assez près de la vie.

Il en eSt de même pour les théories de Jing, de Kretschmer et de Pende.

* Pour Apfelbach, le degré de virilité ou de féminité, c'eSt-à-dire la force sexuelle, détermine la base du caractère.

Pour un autre Allemand, Ewald, le tempérament eSt indiqué par la puissance plus ou moins grande des actions vitales. Il eSt la résultante des instincts. Spranger le suit en se rapprochant de plus en plus des réalités vitales.

Depuis la fin du xixe siècle, plusieurs philosophes et médecins ont consacré des ouvrages à cette science, qu'ils contribuèrent à créer peu à peu, en approfondissant cette pensée du psychologue Th. Ribot : " Le caraâère plonge ses racines dans l'inconscient, ce qui veut dire dans l'orga- nisme individuel. "

Parmi eux, nous devons citer, après Stuart Mill, Duchenne de Boulogne, Darwin et Gratiolet, Piderit,

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M. Georges Dumas, les docteurs Léopold Lévi, Cardan, Louis Corman, Mac-Auliffe, Thoo-ris, Tissot, Jacquin, Chatelier, Allendy, Camille Bouts (de Belgique) Pierre Abrami et M. Jean des Vignes Rouges, auteur de l'ouvrage le plus récent.

Quant au docteur Hartenbergl il résume toute notre thèse dans ces lignes :

" Il eSt certain que l'ensemble des hommes peut se ramener à quelques grandes familles naturelles assez nette- ment définies par leur aspect objectif, auquel correspon- dent des distinctions subjectives. Un même coloris de peau, une même circulation, un même métabolisme nutritif imposent aux sujets les mêmes façons de sentir et de réagir.

" Conditions physiques semblables, dispositions psy- chiques semblables. "

Cuvier signale de son côté que :

" Coordination et subordination à certaines formes se présentent toujours ensemble. "

Parallèlement à ces théories, plusieurs savants français adoptèrent une nouvelle dénomination des tempéra- ments.

Le premier fut le doâeur Claude Sigaud, de Lyon, qui observait " quê l'organisme humain est formé par l'assem- blage de quatre systèmes anatomiques groupés autour d'un noyau central, le système cardio-vasculaire et en continuité matérielle avec un milieu extérieur spécial, de

1. Physionomie et caractère. Alcan, éditeur.

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ACHEVÉ D'IMPRIMER POUR LES ÉDITIONS COLBERT, N° 105, PAR L'IMPRIMERIE '.BRO.DARD ET TAUPIN, C. O. L. 3I.I202, LE IO-4-I944 DÉPÔT LÉGAL 26 TRIM. 1944

AUTORISATION N° 22.512.

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