LES AUTRES SYSTEMES DE GROUPES SANGUIN
KELL ,DUFFY, KIDD, MNS et LU
Dr BOULKADID
Introduction
• Les groupes sanguins, ou phénotypes érythrocytaires,
correspondent à des antigènes membranaires de l’érythrocyte, dont l’expression est déterminée par une série de systèmes
génétiques polymorphes.
• Ces antigènes, peuvent être la cible d’anticorps sérique naturels ou immuns, responsables d’une lyse cellulaire parfois grave, voire
mortelle. Cette situation de conflit immunologique s’exprime dans deux domaines de la pathologie : les accidents
• immunologiques transfusionnels et l’incompatibilité foeto- maternelle
.
Systèmes de groupes sanguins
• 33 systèmes (ISBT 2012)
• 270 antigènes
• 5 collections
LES SYSTEMES DE GROUPE SANGUIN
N° NOM SYMBOLE GENE CHROMOSOME
001 002 003 004 005 006 007 008 009 010 011 012 013 014 015 016 017 018 019 020 021 022 023 024 025 026 027 028 029
ABO MNS P Rh Lutheran
Kell Lewis
Duffy Kidd Diego
Yt Xg Scianna Dombrock
Colton Landsteiner-Wiener
Chido/Rodgers Hh Kx Gerbich
Cromer Knops Indian
Ok RAPH
John Milton Hagen I
Globoside GIL
ABO MNS P1 RH LU KEL
LE FY JK DI YT XG SC DO CO LW CH/RG
H XK GE CROM
KN IN OK RAPH
JMH I GLOB
GIL
ABO GYPA,B,E
P RHD,RHCE
LU KEL FUT3
FY JK AE1 ACHE
XG SC DO AQP1
LW C4A,C4B
FUT1 XK GYPC
DAF CR1 CD44 CD147
MER2 SEMA7A
GCNT2 AQP3
9 4 22
1 19
1 19
1 18 17 7 X 1 12
7 19
6 19
X 2 1 1 11 19 11 15 6 3 9
Système KELL (ISBT 006)
Historique:
• Découvert par Coombs et ses collègues en 1946 chez une femme Mme KELL qui a
développé un allo Ac anti Kell a la suite d'une grossesse incompatible.
• Un an plus tard l'Ag « k » fut découvert.
• Gène KEL sur chromosome 7
• 32 Ag
• 2 autres systèmes liés fonctionnellement : Kx et Gerbich
• 5 groupes d ’Ag antithétiques:
– K et k (cellano) - K11 et K17 – Kpa et Kpb et Kpc - K14 et K24 – Jsa et Jsb
• Les Ag de système kell sont exclusivement
érythrocytaire
Ag système Kell
Système Kell
• Biochimie:
– glycoprotéine de 731 AA
– polymorphisme Kk sur l ’AA 193
• les phénotypes courants:
– Kell -: 91% des européens – Kell +: 9%
– cellano - (k-): 0,2%
*figure d ’après G Daniels*
Glycoprotéine Kell
Système Kell : les phénotypes courants
phénotype fréquence
K- k+ KEL : -1,2 91%
K+ k+ KEL : 1,2 8,8%
K+ k- KEL : 1,-2 0,2%
Système Kell
• Le phénotype silencieux Kell null (K0):
– gène amorphe
– absence de synthèse de la glycoprotéine
– absence d ’un Ag public KEL5 (IT et MHNN)
• le phénotype « Mac Leod »:
– absence de molécule de soutien Kx
– réduction quantitative de la glycoprotéine Kell
Les Ac du système Kell
• L ’anti Kell est le plus courant
• Ig G d ’alloimmunisation par transfusion ou par grossesse
• MHNN à anti K graves car Ag bien développé dès la 10ème semaine et action des Ac sur les progéniteurs érythroblastiques
• l ’Anti k est plus rare mais pose des pb de
disponibilité de CGR chez les personnes
immunisées => sang rare congelé
Système Duffy
Historique:
• L'Ag Fya a été mis en évidence en 1950 par CUTBUSH chez un patient
hémophile polytransfusé ayant
développé un anti Fya.
• Gène FY sur chromosome 1
• 2 allèles courants FYA, FYB, codominants
• cas particulier du phénotype Fy (a-,b-)
– phénotype le plus courant en Afrique 70%
– exceptionnel en Europe
– mutation sur le promoteur du gène FY
permettant sa synthèse dans l ’Eb => absence d ’expression sur le GR mais présence sur
d ’autres cellules
– les FY: -1,-2 d ’origine africaine ne s ’immunisent pas
Glycoprotéine Duffy
Fréquence des génotypes et phénotypes Duffy
Système Duffy
• Les Ac :
– Anti Fy a; Ig G1 dont 50% fixent le C ’ – Ac d ’alloimmunisation potentiellement
hémolysants en contexte transfusionnel et MHNN possibles mais modérées
– Anti Fy b plus rares
• Fonctions:
– FY6 : récepteur pour Plasmodium vivax et plasmodium Knowlesi
– FY6 est absent chez les Fy (a-,b-) d ’origine africaine
Système Kidd
• Le 1er Ag découvert par ALLEN et COL en 1951 : mise en
évidence un allo Ac de spécificité inconnue dans le sérum de Mme KIDD a la suite d'une incompatibilité fœto-maternelle.
• Gène JK sur chromosome 18
• 2 allèles courants JKA, JKB codominants
• 3 Ag:
– Jka : 75% des européens – Jkb: 35%
– Jk3 :Ag public absent uniquement chez les exceptionnels sujets Jk (a-,b-)
Système Kidd
Phénotype Fréquence
Jk (a+,b+) JK : 1,2 50%
Jk (a+,b-) JK : 1,-2 28%
Jk (a-,b+) JK : -1,2 22%
Système Kidd
• Glycoprotéine de 389 AA
• polymorphisme Jka/Jkb porté par l ’AA 280
• phénotype silencieux lié à la présence d ’un allèle silencieux JK0 en double dose
• les Ac:
• anti Jka: Ig G dont 50% fixent le C ’
• IT hémolytiques graves
• « Ac perfide et dangereux »
• Anti Jkb plus rare
• auto anti Jka possible dans les AHIA ou AHAI
Glycoprotéine Kidd
*figure d ’après G Daniels*
Système MNS
Historique:
• Les premiers antigènes découverts par Landsteiner et Levin en 1927 sont le M et N
• S en 1947
• s en 1951
• Jusqu’à arriver à 46 antigènes en 2008.
Antigènes du système MNS :
2 paires d’antigènes antithétiques :
• M/N (MNS1 / MNS2), portés par la GPA et décelés par des hétéro anticorps (lapin).
• S/s (MNS3/MNS4) portés par la GPB et décelés par les anticorps d’origine humaine.
• L’existence de 4 haplotypes différents : MS, Ms, NS, Ns,
donnant naissance à 9 phénotypes érythrocytaires : MS, MSs, Ms, MNS, MNSs, MNs, NS, NSs, Ns.
Structure antigénique du système MNS :
• Les antigènes M et N sont portés par la
sialoglycoproteine majeure du globule rouge : la glycophorine A
• Une molécule transmembranaire de 300000 dalton constitué par une chaine polypeptidique de 131 acides aminés.
• Les antigènes S et s sont localisés sur une glycoprotéine mineure (glycophorine B).
Anticorps du système MNS
Hétéroanticorps
• Le plus souvent des hétéroanticorps de titre faible, de classe IgM, surtout actifs à 4 et 22°C.
Alloanticorps
• Sont surtout de spécificité anti-S, plus rarement anti-s.
• L’alloimmunisation anti-M ou anti N est exceptionnelle.
• Les alloanticorps sont le plus souvent des anticorps de
classe IgG, incomplets et actifs à 37 °C.
SYSTEME LUTHERAN
Historique
• 1945 : Lua (anticorps découvert chez un receveur transfusé par Monsieur Luthéran)
• 1956 : Mise en évidence de l’antigène antithétique Lu
b• 1996 : Caractérisation du gène Lu
Généralités:
- C’est un système constitué de plusieurs Ag antithétique.
- Gène Lu sur chromosome 19: 19q13.2-q13.3 .
- Le gène Lu code pour une protéine membranaire de 397 acides aminés, faisant partie de la superfamille des
immunoglobulines
- Les antigènes du système Luthéran sont localisés sur deux
protéines, étroitement liées sur les érythrocytes. Ce sont
des glycoprotéines de 78 et 85 kDa
Antigènes du système Luthéran
Les antigènes du système Luthéran sont peu développés chez le fœtus et à la naissance
.
Tableau: Phénotypes et génotypes Luthéran habituels et leur fréquence
Anticorps
Les anticorps système Luthéran peuvent être des hétéroanticorps ou des alloanticorps.
- Anti-Lua : l’antigène Lua étant rare et peu immunogène, les anticorps anti-Lua sont rares. Le plus souvent ce sont des IgM, plus rarement des IgG ou des mélanges IgM-IgG.
- Anti-Lu
b: anticorps extrêmement rares, puisque la fréquence
de l’antigène correspondant à de 99% . Il s’agit en général
d’alloanticorps de type IgG, ou IgG-IgM.
Implications cliniques
• Transfusionnelles:
– examens pré-transfusionnels
– choix des CGR et du PFC à transfuser en fonction des caractéristiques IH du donneur et du receveur
• suivi des grossesses:
– examens IH pré nataux et RAI – prévention de la MHNN
• greffes de CSH +/- tissulaires
• exploration des AHAI
Les examens pré-transfusionnels
• Groupage ABO D:
• détermination des Ag ABO et de l ’Ag Rhésus D
• phénotype RHK:
• détermination des Ag Rhésus C, E, c, e, et de l ’Ag K
• phénotype étendu:
• moins souvent utile (alloimmunisation multiple …)
• détermination des Ag Fya, Fyb, Jka, Jkb, S, s
• RAI:
• obligatoire avant chaque transfusion de CGR
• objectif: éviter l ’accident hémolytique
• EDC:
• complémentaire de la RAI chez tout sujet RAI+
Groupage ABO et phénotype RHK
• Conditions de réalisation à respecter:
– 2 prélèvements indépendants (2 préleveurs différents ou 2 moments différents)
– règles strictes pour l ’étiquetage des tubes – vérification de l ’identifiant patient rigoureuse – maillon essentiel de la sécurité transfusionnelle – =>une erreur ABO peut tuer
– 2 erreurs mortelles par an en France