Médecine
& enfance
que Médecine et enfance avait publié une fiche destinée aux parents concernant les risques des colliers de dentition, fiche qu’il donne aux parents, tout en ne comprenant toujours pas pourquoi les pharmacies conti- nuent d’en vendre !
V. Veyrat (pharmacien) indique que l’Ordre des phar- maciens a pris plusieurs fois position sur cette question : « si ces colliers sont réellement en vente encore en officine (et non pas sur internet ou dans d’autres circuits de distribu- tion), cela peut conduire à une traduction en chambre de dis- cipline pour charlatanisme ».
Notre collègue Popowski, indi- quant « je suis russe », ajoute que le collier d’ambre est une méthode traditionnelle qui vient des pays slaves et que son port, bien qu’il n’ait jamais fait la preuve de son efficacité, appartient aux convictions per- sonnelles, à respecter à condi- tion qu’elles ne soient pas dan- gereuses pour le bébé. Pour lui, il faut que l’ambre, qui est une résine fossilisée (de la Bal- tique en général), ne soit pas un faux en « résine moderne », ce que l’on teste avec un bri- quet (l’ambre ne fond pas) ; que chaque petite perle d’ambre soit séparée par un nœud solide, qui, si le collier se casse, empêche la disper- sion des perles et, selon notre confrère, le risque d’inhalation
(2)
; que le fermoir cède s’il est soumis à une contrainte méca- nique supérieure à 2 500 g (ce qui évite une pendaison dans le lit). Pour notre confrère, beaucoup de parents, ici et à Saint-Petersbourg, sont convaincus de l’effet magique du collier d’ambre
(3).
V. Veyrat donne le lien d’un ar- ticle fort intéressant d’Olivier Reinberg (Lausanne), daté de 32 produits : solidité du fer-
moir, résistance du fil du col- lier ou du bracelet. En substan- ce, « parmi 32 bracelets et col- liers prélevés, 28 (87,5 %) fu- rent considérés comme dange- reux en raison d’un risque de strangulation ou de
suffocation ». En outre, la DGC- CRF a donné 16 avertisse- ments, dont 3 concernant des allégations thérapeutiques non prouvées.
Plusieurs collègues ont émis plusieurs avis sur ces colliers.
M. François note avec humour que « la quasi-totalité des col- liers ou bracelets d’ambre qu’elle a vus étaient en plas- tique, ce qui constitue un rap- port bénéfice-risque très défa- vorable… ». O. Fresco rappelle
Colliers d’ambre : choisir entre risque et tradition
Notre collègue A. Bandinelli lance une discussion sur les
« colliers d’ambre »
(1): « une lé- gende de santé qui aurait enco- re de beaux jours ». D’après nos grands-mères, ces colliers ai- daient « à faire les dents », une technique désapprouvée par les pédiatres mais talisman tra- ditionnel sur le net ! En 2011, une première enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consomma- tion et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait mon- tré que de nombreux produits exposaient à un risque de strangulation. Six ans plus tard, les problèmes persistant, la DGCCRF a réalisé une nou- velle enquête auprès de 108 établissements et testé
A U C O IN D U W E B
Rédaction : G. Dutau Dessin : B. Heitz
◗ Colliers d’ambre : choisir entre risque et tradition
◗ Questions sur le Zostavax®
◗ Contact d’un nouveau-né avec un parent atteint de coqueluche
◗ Utilisation des crèmes solaires en crèche : faut-il un certificat ou une ordonnance ?
◗ Vaccination hors délai ?
mai-juin 2017
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Notre confrère O. Fresco de- mande aux participants du Forum si quelqu’un a connais- sance de nouvelles directives concernant l’utilisation des crèmes solaire dans les collecti- vités d’enfants. En effet, une mère lui a demandé une or- donnance pour que ce type de crème soit appliqué à son en- fant à la crèche. Si oui, que faut-il prescrire ?
J.M. Pauly pense que, si la
crèche utilise un produit et que, pour une raison plus ou moins valide, cet enfant devrait bénéficier d’un autre produit, cette demande peut éventuelle- ment se comprendre. Les échanges tournent vite à une discussion autour du « pouvoir médical », auquel D. Lemaitre oppose le « délire certificatiel » faisant du médecin une sorte de parapluie judiciaire pour des personnes qui ne veulent 2009, qui relate une augmen-
tation de la vente de ces col- liers dans les officines malgré une recommandation du Phar- macien cantonal. L’auteur esti- me que 20 % des morts de nourrissons (de moins de deux ans) sont liées à une strangula- tion. En 2003, le SMUR de Necker-Enfants Malades recen- sait en France 30 décès an- nuels par strangulation. L’au-
teur pense que les pédiatres
« doivent faire ôter les colliers d’ambre de leurs patients ». Si les parents sont convaincus de l’effet « magique » du collier d’ambre, « l’alternative serait une perle d’ambre unique (et grosse) solidement fixée au vê- tement de l’enfant par une chaînette courte »
(4). D. Lemaitre remarque que le dernier numéro de « Rendez- vous de Mpedia » consacré à la vaccination montre un enfant portant un collier d’ambre au moment d’une vaccination.
Sans commentaire ! « Bavure », pour C. Salinier. A chacun de se faire une opinion.
왎(1) L’ambre, une oléorésine fossile sécrétée par des conifères, est utilisée pour la fabrication d’objets ornementaux. L’ambre est l’objet de symboliques et de croyances nombreuses en dehors de son action putative sur les douleurs liées à la pousse des dents de lait : action bé- néfique sur les voies respiratoires, arrêt des épistaxis, etc. (source : Wikipedia).
(2) Le rapporteur, auteur de ces lignes, se sou- vient d’avoir extrait des bronches d’au moins trois nourrissons des perles de collier d’ambre (vrai ou faux ?), parmi plus de 150 corps étran- gers bronchiques extraits !
(3) Nous sommes ici très éloignés de la méde- cine fondée sur les preuves et même de l’ex- périence professionnelle.
(4) REINBERG O. : « Colliers “d’ambre” : le danger est toujours présent », Paediatrica, 2009 ; 20 :75.
Médecine
& enfance
infection par le virus zona- varicelle. Du fait que le virus de la varicelle persiste à l’inté- rieur des ganglions nerveux après l’infection, il peut se ré- activer à l’occasion d’une bais- se de l’immunité cellulaire, ce qui provoque alors un zona.
Ce n’est donc pas le contact avec ce virus déjà rencontré par l’individu qui déclenche
une récidive localisée sous for- me de zona, mais un facteur immunitaire propre au sujet.
En ce qui concerne la tranche d’âge de soixante-cinq à soixante-quatorze ans, notre confrère pense que c’est l’âge auquel la CPAM rembourse le vaccin. Et la vie après quatre- vingts ans ? Sans rembourse- ment du Zostavax
®!
왎Questions sur le Zostavax®
B. Reynaud a reçu l’appel d’une mère inquiète car, à l’âge de 4 jours, son bébé a rencontré son arrière-grand-mère chez qui une coqueluche a été dia- gnostiquée deux jours plus tard. L’enfant va bien. Notre collègue se demande s’il faut prévoir une conduite thérapeu- tique. Pour G. Zanella, une an- tibioprophylaxie est recomman- dée pour l’entourage et le sujet contact fragile… Pour D. Le-
maitre, tout dépend de la date de début de la maladie de l’ar- rière-grand-mère : si elle est malade depuis moins de trois semaines, il faut traiter le bébé (Zithromax
®20 mg/kg/j x 3 j) ; au-delà de trois semaines, l’ar- rière-grand-mère n’est plus contagieuse
(1).
왎(1) HCSP : « Conduite à tenir devant un ou plu- sieurs cas de coqueluche », 24 novembre 2014, http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapports domaine?clefr=461.