A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H ENRY B OURGET
Sur une classe particulière de groupes hyperabéliens
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 12, no2 (1898), p. D1-D48
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D.I
SUR UNE CLASSE
PARTICULIÈRE
DE GROUPES HYPERABÉLIENS,
PAR M. HENRY BOURGET,
Aide-Astronome à l’observatoire de Toulouse.
INTRODUCTION.
Si l’on considère une variable
complexe ~,
les seules substitutions bira- tionnelles effectuées sur elle sont les transformations linéaires de la formeet la théorie des groupes formés par ces substitutions et des fonctions
appartenant
à ces groupes est contenue tout entière dans les travauxcélèbres de MM. Poincaré et Klein.
Les choses se
passent
autrement dans le domaine de deux variablescomplexes (
et Yj. A côté des groupes de substitutions de la formetout à fait
comparables
aux groupes fuchsiens et nomméshypenfuchsiens
par M.
Picard,
viennent seplacer
d’autres groupes dont lessubstitutions,
tout en étant
birationnelles,
ne sontplus
forcément linéaires. M. Picarda étudié
également
une classe de ces groupesqu’il
a nommés groupeshyperabéliens;
dans ce cas, les substitutions sont de l’une ou l’autre desformes
Elles
appartiennent,
comme onvoit,
à lacatégorie
des substitutions qua-dratiques.
Si l’on remarque maintenant que toute substitution biration- nelleéquivaut
à lacomposition
d’un certain nombre de substitutionsquadratiques (Nother),
on apercevra immédiatementl’importance
de telsgroupes dans la théorie
générale
des groupes de substitutions birationnelles.C’est ce
qui
m’adécidé,
sur les conseils de M.Picard,
à faire une étudeplus
détaillée d’un groupehyperabélien particulier, signalé déjà
par cegéomètre
dans son Mémoire inséré dans le Tome 1 de la 4e série du Journal (leLiouville,
etantérieurement,
dans une Note desComptes rendus, ( ~ ~
mars1884).
Ce groupe
particulier
a une doubleorigine.
Onpeut
le faire dériver de la transformation dupremier
ordre des fonctions abéliennes du second genre tellequ’elle
a étéexposée
par M. Hermite eni855;
d’autrepart,
onpeut
le considérer commeisomorphe
au groupe des transformations sem- blablesarithmétiques
de la formequaternaire
Nous avons divisé ce travail en trois Parties.
Dans la
première, après
desgénéralités
sur les groupes de substitutions semblables des formesquadratiques quaternaires
et sur l’étude arith.mé-tique
de tellesformes,
nous montrons comment le groupe que nous étudionsse
place parmi
les groupesanalogues déjà
rencontrés par Goursat etBianchi.
La seconde Partie est consacrée à l’étude du groupe. Nous commençons par chercher la forme
explicite
dessubstitutions;
nous démontrons sa dis- continuitépour les
valeursimaginaires
desvariables § _ ~, -+- z~=,
11 _ ~, -f-appartenant
au domaine S( ~2 ~ o, ~ ~ ~ o ~ ;,
nous réduisons ces substitu-tions à
cinq
d’entreelles, qu’on
peutconsidérer
comme fondamentales etqui présentent
uneanalogie remarquable
avec les substitutions fondamen- tales du groupe modulaire. La théorie de la réduction continuelle de laforme
quadratique quaternaire
nous
apprend
que le domaine fondamental du groupe a un sommet sur la limite du domaine S et nousdéveloppons
les calculs deréduction,
autourde ce sommet dans le cas
particulier
de D = 5.Enfin,
nous mettons en évi-dence une infinité de sous-groupes du groupe
considéré,
entièrement ana-logues
aux sous-groupes à congruences du groupe modulaire.Au début de la troisième
Partie,
nous cherchons comment secomportent
vis-à-vis des transformations du groupe, les dix fonctions
paires
à arguments nuls et de cetteétude,
nous tirons unprocédé
pour former à l’aide des fonctions 9- une infinité de fonctionsqui
sereproduisent
par toutes les substitutions du groupe. Nous montrons que les modules de Borchardt ou ceux de Richelot sont des fonctions invariables par des sous-groupes que nous formons.
Enfin, donnant, d’après
M.Picard,
lespropriétés générales
des fonctionsdu groupe, nous terminons en démontrant que,
malgré
le sommet situé surla limite du domaine
S,
troisquelconques
de ces fonctions sont liées parune relation
algébrique.
Si l’on considère l’étendue de cette
question, comparable
à l’étude dugroupe
modulaire,
on trouvera ce travail bienincomplet. Pourtant,
si l’ony rencontre
quelque nouveauté,
le mérite en revient à M. Picard queje
tiens à remercier ici des bienveillants et
précieux
conseilsqu’il
a bienvoulu me donner.
Je tiens à remercier
également
M. Baillaud dont les affectueux encoura-gements ont rendu ma tâche
plus facile,
et M. Vessiot dequ’il
a constamment
porté
à mon travail(’ ~.
( 1 ) Qu’il me soit permis de remercier également le comité des Annales et en particulier
son secrétaire, M. Cosserat, des facilités qu’ils m’ont données pour l’insertion de ce travail dans les Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse.
PREMIÈRE PARTIE.
GÉNÉR.£LITÉS SUR LES GROUPES
ALGÉBRIQUES
ETARITHMÉTIQUES
DES SURSTITUTIONS SEMBLABLES D’UNE FORME.
Généralités sur le groupe
algébrique
destransformations
semblablesd’une
forme quaternaire.
1. Nous allons
considérer,
dans cequi
vasuivre,
une formequadratique quaternaire
à coefficients réels et le groupe des substitutions linéaires à coefficients réels et entiersqui
n’altèrent pas la formequadratique
etde déterminant ± 1. Nous nommerons droite ou
gauche
unesubstitution,
selon que son déterminant sera + I ou - i .
Soit F la forme donnée et $ une forme ne contenant que les carrés des variables et dont on
puisse
déduire F par la substitution linéaire T.Si S
désigne
une transformation n’altérant pas~,
la transformée de S parT,
T-’ ST n’altérera pas F et,
réciproquement,
à toute transformation n’altérant pas F onpeut
fairecorrespondre
une transformationqui
n’altère pas ~.Nous pourrons donc raisonner sur la forme ~
1 ’ ). Ajoutons
encore que, selonl’usage,
nousappellerons
substitution semblable de laforme
toutesubstitution à coefficients réels et de déterminant ± I
qui
n’altère pas cette forme et substitution semblablearithmétique
une substitution semblable dont les coefficients sont entiers.2. Considérons maintenant la forme
~,
que nous écrivons comme somme de
carrés,
cequi
esttoujours possible
au
point
de vuealgébrique,
etenvisageons
les substitutions linéaires tellesaue l’on ait
(1 ) Il ne faut pas oublier que F peut dériver de 03A6 d’une infinité de manières. Il est clair que les groupes qu’on étudiera en supposant ~ dérivée de F, d’une manière ou d’une autre,
ne seront pas identiques. Voir, à ce sujet, POINCARÉ, Les Fonctions fuchsiennes et l’Arith- n1étique (Journal de Liouville, 188; ). _
On
peut toujours
supposer que cette constante estégale à
i, endivisant,
si cela n’a pas
lieu,
les variables par un même nombre.Cela
étant,
si nous considérons U2, u3, u,, comme les coordonnées cartésiennes d.’unpoint
dans un espace linéaire àquatre dimensions,
nousvoyons que la recherche des substitutions semblables de la forme ~ revient à celle des substitutions linéaires
orthogonal.es
del’espace
àquatre
dimensions.Faisons la
perspective
de lasphère
dans
l’espace
linéaire à troisdimensions u4
= o, lepoint
de vue étantle
point (o,
o, o,i).
Nous définissons ainsi une transformation du second ordre et si(x, y, z )
sont les coordonnées dupoint
del’espace
à troisdimensions
qui correspond
aupoint (Ui’
U2, u3,u, )
de lasphère,
on aOn reconnaît dans
(l’)
les formulesqui
donnent les coordonnéespenta-
sphériques
dupoint x,
y, z parrapport
auxcinq sphères
ouplans,
la dernière coordonnée restant constante.
On
peut
donc direqu’à
toute substitutionorthogonale
del’espace
à
quatre
dimensionscorrespond
une substitution linéaire effectuée sur les,
coordonnées
pentasphériques
d’unpoint qui
conserve en outre lasphère
et inversement.
Remarquons
que cette transformation effectuée sur les coordonnéespentasphériques
conserve lesangles
et transforme toutefigure
infinimentpetite
en unefigure
infinimentpetite
semblable. M. Goursat a nommeisogonale
une telle transformation.Remarquons également
que lespoints
de la sphère
se
correspondent
un à un et subissent une transformationlinéaire,
tandisque les autres
points
del’espace
à quatre dimensions subissent une transfor- mation du second ordre. Le résultatqui précède,
fortprécieux, puisqu’il
nous permet de nous passer de
l’espace
àquatre dimensions,
est bien connu.Il a été utilisé par M. Poincaré dans sa théorie des groupes fuchsiens
et kleinéens et par ceux
qui
se sontoccupés
des mêmesquestions
et a étéénoncé
explicitement
par M.Klein,
par M. Goursat et par M.K0153nigs (1).
3. Ce que nous venons de dire est
vrai, quels
que soient lessignes
des carrés de la forme
&,
à condition d’introduire les dénominations de la Géométrie noneuclidienne; mais,
comme les résultats diffèrent nota- blement suivant letype auquel appartient w,
il estnécessaire,
pour lasuite,
dedistinguer
divers cas.I ° Si $ est du
type u21
+u23 + uf,
les transformationsisogonales
conservent une
sphère imaginaire
x2+ y2
+ Z2 -t- i == o et les groupes for- més de transformations semblables sont les groupes étudiés par M. Goursat dans le Mémoire citéplus
haut. M. Goursat s’est toutefois borné à l’étude des groupes finis.2° Si $ est du
type u21
+u2
+u3 - u;,
laquadrique
conservée par les substitutionsisogonales
est unesphère
réelle et comme onpeut,
enappli-
quant
une transformationisogonale convenable,
transformer cettesphère
en un
plan réel,
onaperçoit
l’identité des groupesrencontrés,
avec lesgroupes kleinéens. M. Bianchi en a d’ailleurs étudié des cas
particuliers
en se
plaçant
à cepoint
de vue( 2 ).
3°
Enfin,
si 03A6 est dutype u1
+u22 - u23 - u24,
laquadrique
conservée est(1) KLEIN, Programme d’Enlangen et M. A. ; t. V. - POINCARÉ, Notice sur ses travaux scientifiques et Act. Mat.; t. III. - GOURSAT, Sur les substitutions orthogonales (A. E.
N., 3e série, t. vI; 1889). - KOENIGS, Bibliographie de l’espace réglé (A. F. T., t. VII; j 1893 ).
Indiquons, une fois pour toutes, que nous n’avons pas l’intention de mentionner dans leur ordre tous les Mémoires se rapportant à la question que nous étudions, mais seulement ceux qui nous ont été le plus utile pour notre travail.
(2) BlANCHI, Math. Ann., t. XL, XLII, XLIII; Annali di Mathem., t. XXI, XXIII.
un
hyperboloïde réel, qu’on peut également
transformer en unplan
réelpar une substitution
isogonale
convenable et l’on voit s’introduire des groupesanalogues,
à cepoint
de vue, aux groupes kleinéens et que M. Pi- card(’ )
a étudiés sous le nom de groupeshyperabéliens.
C’est d’un groupeparticulier
de cetteespèce
que nous allons nous occuper( 2 ) .
4. Utilisant la remarque faite au n° 2 que se transforme linéairement en elle-même
pendant
que lespoints
del’espace
àquatre
dimensions subissent une transformation du secondordre,
nouspouvons, avec M.
Goursat, envisager
autrement nos substitutions.Posons
Les transformations semblables feront revenir sur elle-même la qua-
drique
M. Goursat
(3)
a démontréqu’en posant
toute transformation semblable
correspondait
à une transformation de l’une ou l’autre formeNous pouvons nous convaincre de ce fait en
remarquant
que les collinéa- tionsqui
n’altèrent pas unequadrique
sont de deux
espèces :
:(1) Comptes rendus, I7 mars t884; Journal de Liouville, 4e série, t. I; t885.
(2) On voit qu’on passe d’un de ces groupes à l’autre, par des substitutions imaginaires simples. Il semble donc qu’on puisse étudier, d’un même coup, tous ces groupes en partant des substitutions semblables à coefficients complexes.
(3) ) GOURSAT, Bull. Soc. Math., t, XI ; 883.
IoDes collinéations droites
qui
transformentchaque génératrice
recti-ligne
d’unsystème
en une autregénératrice appartenant
au mêmesystème
et
qui,
parsuite,
laissentimmobiles,
sur laquadrique, quatre points,
réelsou
imaginaires,
distincts ou non;2° Dés collinéations
gauches, qui permutent
les deuxsystèmes
degéné-
ratrices
rectilignes.
On voit
également
sanspeine
que l’ensemble de ces collinéations formeun groupe dans
lequel
les collinéations droites constituent un sous-groupe invariant d’indice 2.Parmi les collinéations
gauches,
remarquons leshomologies
harmo-niques qui
sont depériode
2 etqui
laissent invariables sur laquadrique
tous les
points
de l’intersection de cettequadrique
avec leplan
d’homo-logie.
5. Dans
l’espace
àquatre
dimensions introduitplus haut, l’équation
représente
l’intersection de laquadrique
par
l’espace
linéaire à trois dimensionsqui
contient lespoints
à l’infini del’espace
àquatre
dimensions. Nous pouvons doncimaginer
que cette inter- section soit laquadrique
servant de définition auxlongueurs
et auxangles
de cet espace.
La
quadrique
seprésente
alors comme unesphère
non euclidienne de rayon 1.Les substitutions semblables sont des rotations autour de
l’origine
ou desrotations suivies de
symétrie
selonqu’elles
sont droites ougauches
et enfinles
homologies harmoniques
sont desimples symétries.
Il n’est
peut-être
pas sans intérêt de remarquer que nous utilisons ici unegéométrie
non euclidienne àquadrique
fondamentale r~éelle et, parsuite, appartenant
à une classe laissée de côté par M.Klein, signalée
par M. Poin- caré. On ne doit pas oublier que, dans ce cas, les rotations ont une limite.G. Dans la
suite,
nous auronsplus particulièrement
à nous occuper dela forme
D étant un nombre entier
positif.
Cette forme est bien réductible autype
considéré et l’on voit sans
peine
que le résultat du n° 4 devient le suivant : A toute collinéation faisant revenir sur elle-mêmecorrespond
sur lesparamètres ~, ~,
définis par les formulesune transformation de la forme
(A)
ou de la forme à déterminants + ~ .Réciproquement,
si nous nous donnons une substitution de la forme( A)
et si nous cherchons la substitution linéaire
correspondante,
nous trouvonsavec les valeurs suivantes des coefficients
où X a la valeur
On voit donc
qu’à
toute substitution de la forme(A) correspondent
deuxsubstitutions linéaires sur
les ui
et que ces substitutions se déduisent l’une de l’autre enchangeant
Ui en - ui, cequi
était évident apriori, car §
ne
changent point
si l’onchange ui
en - ui. Deplus,
ces deux substitu- tions ont toutes les deux leurs déterminantségaux
à + I . Comme une sub-stitution
(B)
est leproduit
d’une substitution(A)
par la substitutionlaquelle équivaut
à la suivanteon en conclut
qu’à
toute substitution(B) correspondent
aussi deuxsubsti-
tutions linéaires
gauches
ne différant que par lesigne
de ~.Substitutions semblables
arithmétiques
d’uncforme
à
coefficients
entiers.7. Dans tout ce que nous venons de
dire,
nous n’avons pas utilisél’hypo-
thèse que la forme
quadratique
et les substitutions linéaires ont leurs coef- ficients entiers. Enréalité,
les considérationsprécédentes s’appliquent
augroupe
algébrique
des substitutionsqui reproduisent
la forme.L’étude
arithmétique
de ces substitutionsexige
de nouveauxprincipes.
Ils ont été
posés
par NI. Hermite dans ses belles études sur l’introduction des variables continues dans la théorie des nombres(’ ~.
Cette étude reposetout entière sur
l’algorithme particulier
que M. Hermite a nommé réduc- tion continuelle desformes
indéfinies.
M. Picard
(2)
a montré legrand parti qu’on pouvait
tirer de cetalgo-
rithme pour la théorie des fonctions en faisant voir
qu’il
conduisait de lafaçon
laplus
naturelle et laplus régulière
au domaine fondamental des groupes discontinus que l’on a àenvisager.
M. Picard aappliqué
cette mé-thode successivement aux formes
quadratiques
binaires à indéterminéesconjuguées,
aux formesquadratiques
ternaires à indéterminéesconjuguées,
et enfin aux formes
quadratiques quaternaires
dutype qui
nous occupe.( 1 ) HERMITE, Lettres â Jacobi sur la théorie des nombre,s (Journal de Crelle, t. ~0); ; Mémoire sur la théorie des formes quadratiques (Journal de Crelle, t. 47).
(2) PICARD, Sur une classe de groupes discontinus de substitutions linéaires (Annales
de Mathématiques, t. I) ; Sur les formes quadratiques binaires ci indéterminations
conjuguées (Annales de l’École Normale, 1884); Sur les formes quadratiques ternaires
à indéterminations conjuguées (Annales de Mathématiques, t. v); Sur les formes qua-
dratiques quaternaires indéfinies (Journal de Liouville, 188~ ).
8. Dans cette dernière
application,
M. Picard a écarté dès le début lecas
particulier
où la formepeut représenter
rationnellement o. Ce cas seprésente précisément
dans la formesignalée plus
hautcomme il est facile de s’en convaincre par
l’exemple
suivantIl est donc
nécessaire,
pourpouvoir
utiliser la théorie de la réductioncontinuelle,
d’examiner ce casparticulier.
C’est ce que nous avonsessayé
de faire en suivant d’ailleurs la marche
adoptée
par M. Picard dans le casparticulier analogue
des formes ternaires à indéterminéesconjuguées.
Ondoit
cependant
remarquer que les calculs sontplus pénibles
dans le cas desformes
quaternaires
et il nous a étéimpossible
d’aller au,si loin dans les détails.9. Soit donc une forme indéfinie à coefficients entiers
réductible au
type u21
+u22 - u23 - u24
par la substitutionConformément à la méthode de M.
Hermite,
il fautadjoindre
à la formeindéfinie
la forme définie
les
U~
étant les fonctions linéaires suivantesoù les
Pl, ~~, Ri désignent
les coefficients non forcément entiers d’unesubstitution
qui
transforme en elle-mêmela
forme ~
contient donc un certain nombre deparamètres
variant d’une manière continue. Picard a démontré que cesparamètres peuvent
seréduire à deux
et que l’on
peut
ramener (p à la formedans
laquelle
on doit supposer nécessairementce
qui
revient à direque
et doivent être de mêmesigne, positifs
par
exemple.
Nousdésignerons
dans la suite le domaine del’espace
à quatredimensions,
danslequel ~" ~ o
etr~" >
o par la lettreS,
et sa limiteçll==
o,YJ"==
o, par(S)
la notationdésignant
la norme de A.10. En
écrivant 9
sous la formeM. Picard
~’ )
a démontré que l’on a lesinégalités
( 1 ) Journal de Liouville, 1885.
11.
Enfin,
nous dirons avec Korkine et Zolotareffqu’une
formequaternaire
définie est réduite si on peut l’écrire comme il suit :dans
laquelle
lesnombres pi
sontpositifs
et satisfont aux conditionset
les Ei
sontpositifs
ounégatifs,
satisfaisant aux conditionsMM. Korkine et Zolotareff ont démontré que toute forme
quaternaire
était
équivalente arithmétiquement
à une telle forme réduite.De plus,
on trouve sanspeine
les conditions
peuvent
s’écrire12. Cela
étant,
considérons la formedéfinie 9;
elle ne sera pasréduite,.
en
général,
et ilfaudra,
pour laréduire,
luiappliquer
une substitutionT;
nous dirons que
f T
est réduite.ç, étant réduite pour un
système
de valeursde ç
et YJ, ne le sera que pour les valeurs voisines satisfaisant à certainesconditions;
en d’autres termes,tant que le
point ( ~’, ~"; Yj’, Yj")
del’espace
àquatre
dimensions sera à l’Intérieur d’un certain domaine D et si nousimaginons
que cepoint
variede toutes les manières
possibles,
ilfaudra,
suivant lesrégions
où il sera,employer
telle ou telle substitution pour réduire c~ et, parconséquent,
laforme indéfinie
correspondante f.
L’ensemble de ces
opérations
de réduction sur laforme f
constitue ceque l’on
appelle
la réduction continuelle de laforme f.
.Parmi les
applications
de cetteméthode,
nousciterons,
comme montranttrès clairement la marche de cet
algorithme,
ledéveloppement
des irration- nelles du troisièmedegré,
fait par M. Charve dans sa Thèse.Dans ce
qui suit,
nous nedévelopperons
pas la théoriegénérale
de la ré-duction continuelle des formes
quadratiques quaternaires, qui paraît pré-
senter encore bien des
points
nonéclaircis,
mais nousappliquerons
à laforme
qui
nous occupel’algorithme
de la réduction continuelle.13. Nous allons seulement
démontrer,
relativement à la théorie de la réductioncontinuelle, quelques propositions qui
nous seront utiles dansl’exemple
que nous voulons traiter.Rappelons
d’abordqu’il
résulte d’un théorèmegénéral
énoncé par M. Hermite que lc nom~~~e des ré- duitesarithmétiquement équivalentes
à une formeindéfinie
donnée cstfini.
14. Nous allons démontrer que le domaine
D,
danslequel
une formeest
réduite,
ne peut avoirqu’un point
commun avec la limite du domaineS,
considérée
plus
haut.En vertu des
inégalités auxquelles sont assuj ettis
les p;, on aOr,
le discriminant de laforme 9
est,après quelques
calculsfaciles,
ô
désignant
le discriminant de la formef.
Comme deplus, dans ? ,
le coef-ficient
de x21
estl’inégalité
ci-dessus devientSi donc le domaine D a un
point commun 1’, 7j’
avec la limite du domaineS,
on auraD’autre
part,
si unpoint
variable( ~, ~ )
serapproche
suivant un cheminquelconque
dupoint (~’, Y]’),
on voit que l’on aquant
à la limite de ~,~, elle ne nous servira pas.Ces liunites sont évidentes si l’on remarque que l’on a
qui
se tirent immédiatement desinégalités
Mais, pour § = ~’, ~
=r~’,
laforme o
se réduit àdont le discriminant est nul. On a donc
ce
qui
donnecar les
hypothèses
p.:; = o et ~~ donnent aussipar suite des
inégalités
Or ~,z ==
A2
dans ce cas; doncAz
est nul et la forme devientdont le discriminant est encore
nul;
on a donc’
On a
donc,
endéfinitive,
les deux conditions = o, = oqui
en-traînent [-L2 = o. Elles s’écrivent
Le
point (1’ , Y]’)
devra deplus
satisfaire àOn
peut
donner une autre forme à ces conditions.Ecrivons
les troispremières
sous la formeles valeurs des p, q, r, s, ... se trouvant aisément.
On tire des deux
premières,
parexemple,
Comme les
quantités
p, q, r, s, ... sontréelles,
lapremière équation
apour
racines 1’
et~~,
la seconde1]’
etY]~,
donc la conditionéquivaut
à dire que rune de ces deuxéquations
a une racinedouble ;
lapremière,
parexemple,
cequi
donnequi, calculée,
estégale
àSi nous écrivons que
l’équation
enY]’
a une racinedouble,
nous trouvonsla même condition.
Si nous combinons ensemble la
première équation (oc)
avec la troi-sième
(y),
comme nous avons fait pour lapremière
et laseconde,
nousne trouvons
D’un autre
côté,
M. Picard(’ )
a démontré que, si l’on avait a1~ 0,
onpouvait
avoirNous concluons donc de
là,
que les seulesréduites,
dont le domaine Dpeut
avoir despoints
communs avec la limite du domaineS,
sont cellesdans
lesquelles
et le domaine D n’a
qu’un point
commun, s’il a despoints
communs avecla limite du domaine S.
Les coordonnées de ce
point dépendent
desa, ~, ~~, ... ,
c’est-à-dire du mode de réductionde f
à la formecanonique.
15.
Remarquons
aussi que l’existence des réduites danslesquelles
ai = oest entièrement subordonnée au fait
qu’il y
a unsystème
de nombres en-tiers
qui
annulent la forme.Faisons,
eneffet,
dansf
une substitution de déterminant t et à coef- ficientsentiers ;
le coefficientde x21
dans la transforméede f
estA, A’, A",
A"’désignant
les coefficients de .r, dans la substitution. Cettequantité
nepeut
être nulle que s’il y a unsystème A, A’, A",
A"’ de nombres entiers annulant la forme.(1) Journal de Liouville, i885.
Pour s’assurer de l’existence d’un tel
système
de nombresentiers,
ilsuffit de se
reporter
à la solutiongénérale
de cettequestion
donnée par NI. Jordan dans son Mémoire sur les formesquadratiques
inséré dans leJournal de
l’École Polytechnique (1).
Il nous suffit de savoir que de telles réduites sont
possibles,
ce quenous avons montré en faisant
voir,
par unexemple, qu’il peut
y avoir unsystème
de nombres entiers rendant la formeégale
à zéro.(l Journal de l’École Polytechnique, t. XXXI.
DEUXIÈME PARTIE.
ÉTUDE DU GROUPE.
Recherche des substitutions du groupe, considéré comme sous-groupe du groupe de la
transformation
desf onctions
abéliennes.16.
Arrivons, après
cespréliminaires,
au groupeparticulier
dont l’étudeest
l’objet
de ce travail.Il a son
origine
dans la théorie de la transformation dupremier
ordredes fonctions abéliennes de second genre.
M. Hermite
(’ )
a démontré que les transformations dupremier
ordreeffectuées sur les
périodes
conduisent à un groupeimportant
de substi-tutions non linéaires sur les
périodes
desintégrales
normales.Désignant
parle tableau des
périodes
desintégrales
normales etposant
ces substitutions sont
les
a, b, c, d
étant des entiers réels vérifiant lesystème
des six relations) HERMITE, Sur la transformation des fonctions abéliennes (Comptes rendus,
t. XL ; 1855).
ou le
système équivalent :
le déterminant de la transformation
étant d’ailleurs
égal
à l’unitépositive.
Comme nous l’avons
remarqué,
les substitutions ci-dessus ne sont pas linéaires. M. Picard(t)
a fait voirqu’én
fixant la valeur du déterminant ’égale
à un nombre entierpositif
non carréD,
on isolait du groupepré- cédent,
un sous-groupe de nature trèsremarquable.
Posons doncet résolvons cette relation comme il suit :
JD désignant
la valeurarithmétique
duradical, ç, Y)
étant deuxparamètres complexes
engénéral.
Les substitutions sur les sont devenues
linéaires;
deplus,
par l’intro- duction desparamètres ç,
r~, nous faisonscorrespondre
à ces substitutions des substitutionssur §,
r~. Ce sont ces dernières que nous allonsspéciale=
ment étudier dans ce Travail.
Nous isolons
donc,
endéfinitive,
une classeparticulière
de fonctions abé- (1) Comptes rendus, rer semestre 1884, et Journal de Liouville, I885.liennes du second genre et il y a lieu
d’étudier,
pour cetteclasse,
la trans-formation des fonctions
0,
les fonctions e àarguments nuls,
etc. C’est unpoint
de vue surlequel
M. Hermite a attirédepuis longtemps
l’attention etauquel
M. Picard(’ )
s’estplacé
dans un travail sur les fonctions e à troisarguments
pour obtenir unexemple
effectif desplus
intéressants de fonc- tionshyperfuchsiennes.
Tout d’abord les
paramètres complexes
ont une limitationqui
estimpor-
tante pour la suite.
Posons
on sait
qu’on
doit avoirposant,
en outre,on trouve sans
peine
De là on tire
ce
qui
montreque ~"
etYJ"
doivent être de mêmesigne
et, comme~c~,
1 et~z.,
sont
positifs,
on en conclutqui
est la limitation annoncée.17. Cela
posé,
commençons par chercherl’expression analytique
dessubstitutions du sous-groupe en fonction des coefficients de la transforma- tion ai,
bi,
ci,di.
( 1 ) Sur une classe de fonctions de deux variables indépendantes ( Comptes rendus,
Ier semestre; i883).
M. Picard a fait voir
qu’en supposant
on était conduit à
adjoindre
aux relations( I ), ( 2 ), ( 3 ), ( 4 ), (5), (6)
lesquatre
suivantes :Nous avons donc seize
paramètres
c~do,
-"? ~~3?
Cg~d3
liéspar les dix relations
(i), (2), (3), (4), (5), (6), (7), (8), (9),
Nous allons transformer ce
système
de dixéquations
en une successionde
systèmes équivalents
etexprimer
finalement les c et les d en fonctions des a et des bqui
seront liés par deux relations que nous conserverons.18.
Supposons ~
etd3
différents de zéro et aussi. Deséquations (1)? (7), (8), (9),
onpeut
tirer c0, c1, c2, Cg et lesporter
dans leséquations (3)~(4).(5)~ (6).
Le
système ( 1 ),
... ,(ro)
estremplacé
par lesystème équivalent
en vertu
d’hypothèses déjà faites,
on enconclut que les facteurs
sont différents de zéro et on tire des
équations ( i 5 ), ( i 6), ( i ~ ), (18)
D’autre
part,
nous tirons de( I 5 )
et(16)
pour a, et a2 lesexpressions
Tirons maintenant de
(rg), (ao), (21)
et(22)
les valeurs dedi, d2,
a, eta2
et portons-les
dans(12)~ (r3)
et(2).
Nous obtenonsde sorte que le
système primitif
des dixéquations
estéquivalent
ausystème
suivant :
Tirons D de
l’équation ( 25 ), portons
sa valeur dans toutes les autres etportons
dansl’équation (10)
les valeurs de Co, c. , c2, C3’di, d2,
ai, a2.Nous trouvons, par un calcul
qui
n’a d’autre difficulté que salongueur,
en
supposant
etb2
différents dezéro,
on en tireet notre
système d’équations,
suivant que l’onprend
est
équivalent
à l’un ou à l’autre des deuxsystèmes
suivants :Nous voyons
donc,
comme conclusion de ce calcul un peulong,
il estvrai,
mais trèssi mple, qu’on exprime symétriquement
les c et les d aumoyen des a et des b liés encore par deux relations. Il est inutile d’aller
plus
loin et
d’essayer
d’utiliser ces deux relations pour fairedisparaître
deuxcoefficients ;
nous verronsplus
loin uneinterprétation simple
des deux rela-tions restantes.
19. Des formules données au n°
16,
nous tironsDans ces
formules, remplaçons ~~2 par leurs
valeurs en fonction de’~22,
puis
~, , , ’~, 2, ’t 22 par leursexpressions en ç
et Yj; nous trouvons ainsidans
lesquelles,
pourabréger l’écriture,
on aposé
Si les
expressions
de~"
~, sont linéairesen (
et 11, comme M. Picard l’adémontré,
elles contiennent nécessairement au numérateur et au déno- minateur un facteur commun. Si donc onmultiplie
le dénominateur para.",
il s’écrit .. ~ -et l’on doit avoir
moyennant
quoi
onpeut
l’écrireSi donc on vérifie que l’on a _ on aura trouvé par là même les facteurs. Des
procédés analogues
donneront les facteurs des deux numérateurs. Onvérifie,
eneffet,
sanspeine
que l’on a bienet l’on trouve que les numérateurs et le dénominateur peuvent s’écrire
Si nous
portons
maintenant dans les a,~,
y,~, ...
les valeurs ai,b;,
ci,d;,
tirées des
systèmes (I)
ou(II),
nous trouvonsrespectivement
les formulessuivantes,
conclusion de tout cecalcul,
On
voit,
deplus,
sanspeine,
que les deux relationsqui
existent danschaque
cas, entre les a etb, peuvent
s’écrirecar ces relations ne sont autres,
d’après
leurorigine,
que les relations( i )
et
(3’),
danslesquelles
on aporté
les valeurs descoefficients,
tirées dessystèmes (I)
ou(II). Remarquons qu’en
formant les déterminants des substi- tutions que nous venons de trouver, on obtient pour(A),
et si l’on suppose maintenant que les coefficients de la transformation du
premier
ordre soient entiers et réels etque D
soit unentier, réel, positif
et non
carré,
les conditions(R) expriment simplement
que l’on aOn verrait de même que, pour la substitution
(B),
les conditions(S) expriment également
que les deux déterminants sontégaux
à -}- T.Cette remarque nous
dispense d’exprimer
a, et a2 en fonction des autrescoefficients. Il suffit
d’ajouter,
comme on le faitd’habitude,
que les substi- tutions que nousconsidérons,
ont leurs déterminantségaux
à l’unitépositive.
.Discontinuité
du20. Nous pouvons maintenant établir directement les
propriétés
de cessubstitutions.
Pour les écrire sous une forme
plus commode,
convenons dedésigner
lenombre
complexe
par une seule lettre et le nombreconjugué
x -- y
VD
par la même lettre affectée de l’indice o.Moyennant cela,
nos substitutions s’écriventConsidérons les substitutions
(A);
elles forment un groupe. Eneffet,
l’inverse d’une
pareille
substitution estc’est-à-dire une substitution de la même forme.
De
plus,
formons leproduit
de deux substitutions de cette dernièreforme;
nous trouvonsou bien
avec les valeurs
Donc,
les substitutions(A)
forment bien un groupe.Les substitutions
(B)
ne forment pas de groupe, car leproduit
de deuxtelles substitutions est manifestement une substitution
(A).
Ilfaut,
toute-fois,
mettre de côté le cas où le groupe ne contiendraitqu’une
seulesubstitution
(B).
L’ensemble des substitutions(A)
et(B)
forme un groupe.Dans ce groupe total les substitutions
(A)
constituent un sous-groupe.Considérons en
particulier,
dans le groupetotal,
la substitution unité et la substitution(~,
~; q,~),
T. Toute substitution du groupe total S pourra s’écrire d’une seulemanière,
sous la formeA étant une substitution
(A)
selonqu’elle appartiendra
autype (A)
ou
(B)
de substitutions. Deplus,
A et A’ étant deux substitutions de la formeA,
A’. est encore une substitution de cette forme. Donc le sous-groupe constitué par les substitutions(A)
est un sous-groupe invariant d’indice 2.21. Nous allons faire voir de
plus,
que le groupe formé par ces substi- tutions est un groupe discontinu.Remarquons
d’abordqu’il
suffit de démontrer la discontinuité du groupe formé par les substitutions(A).
Considérons la substitution relative à
ç. Ecrivons-la
sous la forme ho-mogène :
la
variable 1; ayant
étéprise égale
à~~+ L~r~
et supposons que cette valeur soit telle que le déterminantsoit différent de zéro.
’
Dans le