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Une infirmière qu’il fait bon connaître : Lise Fillion

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Academic year: 2022

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Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 25, issue 3, summer 2015 reVue Canadienne de sOins infirmiers en OnCOlOgie

C ommuniqué

Une infirmière qu’il fait bon connaître : Lise Fillion

Quel est votre rôle actuel? Quelles sont vos fonctions en vertu de ce rôle?

Je suis professeure titulaire à la fac- ulté des sciences infirmières (FSI) de l’Université Laval, à Québec. J’ai le priv- ilège d’enseigner le cours de « Relation soignante » au premier cycle, et le cours d’Oncologie psychosociale aux cycles supérieurs. Je m’implique également comme collaboratrice dans plusieurs cours en lien avec le développement des compétences relationnelles, par- ticulièrement dans les secteurs de l’on- cologie et des soins palliatifs. De plus, je suis impliquée et apprécie l’encadre- ment des étudiants à la maîtrise et au doctorat. Ce travail d’accompagnement et de mentorat est particulièrement riche de sens.

En plus de l’enseignement, je ter- mine sous peu une formidable trajec- toire en recherche. Je sais gré d’ailleurs au Fonds québécois de la recherche en santé (FQR-S) ainsi qu’à la Fondation de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec qui m’ont soutenue financière- ment en m’octroyant conjointement une bourse de carrière en recherche (8 ans de financement comme chercheuse junior [2001–2005] et sénior [2005–

2009]). Cela a contribué à la création d’un bel espace dédié à la recherche. Ma programmation de recherche s’est réal- isée autour de trois axes : 1) le soutien aux personnes atteintes de cancer  (par exemple, l’évaluation de l’efficacité d’interventions psychosociales pour diminuer le stress, la fatigue et la dou- leur); 2) le développement de modèle de soins centrés sur la personne  atteinte de cancer (p. ex. la précision du rôle de l’infirmière pivot en oncologie et l’in- tégration d’approches de soins palliat- ifs); et 3) le soutien aux soignants qui accompagnent les personnes atteintes de cancer et les personnes en fin de vie (p. ex. intervention existentielle et de pleine de conscience). Mes travaux en cours pour ce troisième axe gravitent autour du soutien de l’infirmière et de son équipe de soins par le programme SATIN (satisfaction de l’infirmière), une programmation de recherche financée en partenariat par les IRSC, l’IRSST,

le MSSS depuis plus de 10 ans. J’ai la chance d’œuvrer au sein d’une équipe de recherche dynamique et engagée.

De plus, tout au long de ma carrière universitaire, j’ai été responsable de dif- férentes tâches administratives, prin- cipalement en lien avec la recherche comme par exemple, j’ai assumé le rôle de responsable de la recherche à la FSI.

En ce moment, je termine un rôle de responsable du programme de dépistage de la détresse ainsi que celui de direc- trice de l’Unité de recherche en sciences infirmières du CHU de Québec. Dans un futur proche, je veux m’impliquer dans le développement de programmes en oncologie aux cycles supérieurs.

Mes rôles sont variés et complémen- taires. Le fil conducteur est de facili- ter par l’enseignement, les activités de recherche et différents rôles administra- tifs, le processus d’adaptation de la per- sonne atteinte de cancer, et ce, tout au long de la trajectoire de soins, du diag- nostic aux soins de fin de vie.

À ces activités directement en lien avec mon statut de professeure, s’ajoute depuis 2003, un poste de psycho-on- cologue au sein de l’équipe d’oncologie psychosociale et spirituelle du CHU de Québec. Étant à la fois infirmière et psy- chologue, je m’implique non seulement dans les activités cliniques auprès des personnes atteintes de cancer mais également dans la programmation des activités cliniques et j’exerce avec mes différents collègues, un leadership pour l’implantation de nouveaux modèles de soins comme par exemple, le pro- gramme de dépistage de la détresse et peut-être un jour, celui de soutien aux soignants.

Qu’est-ce qui vous a attirée vers les soins infirmiers? Qu’est-ce qui a influencé votre décision de devenir infirmière?

Je suis d’abord infirmière. Puis cher- cheuse et psychologue. Dès le début de mon adolescence, je savais que je vou- lais être une aidante. Je fais partie de ces personnes déterminées. Je voulais deve- nir psychologue clinicienne pour faci- liter l’adaptation à des situations de vie

difficiles. Comme ma motivation était celle de soulager la souffrance et de con- tribuer au mieux-être, je voulais d’abord mieux comprendre la personne dans sa globalité. Mon plan de carrière prévoyait une première étape comme infirmière (je visais initialement 10 ans), puis une formation et une pratique comme cli- nicienne en psychologie. Je voulais d’abord soigner et connaître l’expérience humaine dans différents secteurs de soins. J’estimais que cela serait une for- midable formation pour accompagner la personne en souffrance.

Voilà ce qui était mon plan de car- rière lorsque j’avais 15 ans. Ce plan avait été validé par un conseiller en orienta- tion qui m’avait d’ailleurs affirmé que ces deux professions, infirmière et psy- chologue, partageaient des intérêts communs : la science et le lien, mieux comprendre l’expérience de la souf- france de l’être humain et l’accompag- ner avec compassion.

Qu’est-ce qui vous a attirée vers les soins infirmiers en oncologie? Qu’est-ce qui a influencé votre décision de devenir infirmière en oncologie?

Le plan était clair. L’application s’est toutefois déroulée autrement. Le pro- cessus est demeuré très signifiant.

Rapidement comme infirmière, j’ap- préciais les expériences d’accompagne- ment de l’être. J’avais par ailleurs plus de questions sur le processus d’adapta- tion que de réponses. Germait en moi, une graine de chercheuse. À l’époque,

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C ommuniqué

la recherche infirmière portant sur les pratiques cliniques était moins dével- oppée, plus difficile à financer, et les modèles en place s’intéressaient peu aux théories de stress et de « coping » qui me fascinaient.

Ainsi, le plan d’entreprendre une for- mation en psychologie a été devancé.

Je voulais à la fois une formation clinique et une formation en recher- che dans le secteur de la psychologie sociale appliquée à la santé, ce qui est d’ailleurs devenu le domaine de la psy- chologie de la santé. Le choix de l’ap- plication au secteur de l’oncologie s’est fait tout naturellement. Je m’intéres- sais à la psycho-neuro-immunologie.

Pour réaliser un doctorat dans ce sec- teur, tout en restant au Québec, j’ai dû mettre en place une co-direction impli- quant un professeur de psychologie sociale à l’Université Laval à Québec et une professeure d’immunologie à l’In- stitut Armand Frappier de Montréal.

Cette dernière acceptait conditionnel- lement de me co-diriger si j’acceptais d’appliquer les modèles de stress et d’adaptation à la population des femmes atteintes de cancer du sein. Merci à Dre Rosemonde Mandeville qui m’a alors orientée en oncologie. Depuis mon doc- torat, soit depuis plus de 25 ans, ma trajectoire de recherche a porté sur les processus d’adaptation au cancer.

Cette solide formation m’a d’abord permis d’obtenir un poste de profes- seure en psychologie de la santé à l’Uni- versité York de Toronto. Ma première subvention portait sur le développe- ment d’une intervention cognitive et comportementale de groupe, co-animée par des infirmières et visant à soute- nir les femmes nouvellement diagnos- tiquées d’un cancer du sein.

De la psychologie de la santé, je suis revenue au « Nursing ».

J’ai d’abord accepté une offre de l’Université de Montréal pour fina- lement opter pour une superbe offre de l’Université Laval qui me permet- tait non seulement d’enseigner aux infirmières, mais de joindre deux excel- lentes équipes de recherche multidisci- plinaires : 1) le centre de recherche du CHU de Québec — l’axe oncologie et 2) L’équipe de recherche en soins palliatifs de la maison Michel Sarrazin.

Ces affiliations formelles au sein de solides équipes de chercheurs interdis- ciplinaires en oncologie et en soins pal- liatifs ont pavé la voie à ma carrière de chercheuse.

Veuillez caractériser ou décrire les forces vives à la base de votre pratique infirmière.

Comme infirmière, j’ai débuté ma carrière en prodiguant des soins de fin de vie à domicile pour une compag- nie privée. Je bénéficiais de conditions favorables à des soins centrés sur la per- sonne/famille. Je trouvais cette pratique fort enrichissante. Déjà, lors de ma for- mation comme infirmière, l’accom- pagnement de personnes atteintes de maladies graves comme le cancer et les personnes en fin de vie, éveillait ma pas- sion de comprendre comment certaines personnes traversent les épreuves de vie en poursuivant leur développement, alors que d’autres semblent manifester plus de difficulté à intégrer la souffrance et vivent une détresse qui vient interférer et compromettre leur qualité de vie…

Ainsi la motivation a toujours été la même  en gravitant autour des ques- tions suivantes : Comment faciliter l’ad- aptation à une situation de vie difficile ? Comment l’infirmière peut-elle faire partie des éléments de solution, nota- mment par le dépistage précoce de la détresse, le soutien, le renforcement des ressources, l’accompagnement et la compassion.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier d’infirmière?

L’univers des possibilités! Le tra- vail de l’infirmière peut prendre tant de différentes couleurs. L’intensité des émotions et la richesse des expériences sont impressionnantes. L’infirmière peut accompagner la personne et ses proches, et jouer un rôle signifiant et ce, de la naissance à la fin de vie. Prendre soin, accompagner, être avec la per- sonne et la famille, et de plus, pouvoir le faire avec une approche holistique, en englobant les plans physique, social, pratique, psychologique et spirituel, m’apparaît comme un privilège. Pour ce faire, l’infirmière doit au départ dével- opper une connaissance de soi et pré- ciser ses intérêts, ses valeurs, et ce qui l’anime.

À mon avis, la cohérence entre les valeurs personnelles de l’infirmière et celles de l’organisation où elle tra- vaille est très importante pour favoriser le bien-être et la satisfaction au travail.

Préciser ses valeurs, faire des choix sensés et surtout poser des actions cohérentes et s’engager, semblent des conditions favorisant le bien-être et la satisfaction. C’est d’ailleurs, ce que notre projet SATIN qui s’achève sous peu explore en combinant différentes méthodologies et approches.

Quels sont, d’après vous, les plus grands changements ayant touché les infirmières depuis le début de votre carrière?

Spontanément je dirais l’accès à de solides programmes de formation supérieure. À mon humble avis, tant qu’une profession ne peut produire de doctorants, elle est limitée dans ses fondements théoriques et son impact potentiel.

À votre avis, quels sont les plus gros défis qui confrontent les infirmières et/

ou les soins infirmiers en oncologie?

L’organisation des services de santé et les contraintes financières. Je crois que le « nursing » a beaucoup à offrir pour faire face aux défis actuels de notre système de santé. Certaines solu- tions nécessitent cependant de nou- velles façons de faire et une ouverture encore plus grande à la collaboration interprofessionnelle.

Quel est votre plus grand espoir pour l’avenir des soins infirmiers en oncologie?

Reconnaissance de l’importance des soins centrés sur la personne, sur des choix qui sont cohérents avec les valeurs de la personne et du soignant, et qui impliquent un contact humain et de la compassion.

Quel est le meilleur conseil que vous pourriez donner à toute personne songeant à devenir infirmier et/ou infirmière en oncologie?

« Prends le temps de réfléchir à la personne que tu es, précise ton inten- tion et tes valeurs, oriente ainsi tes choix de formation et de carrière de façon cohérente, et engage-toi dans l’action ».

Références

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