Longhaye, Georges Connor O'Nial
2338
L653
C65
1898
CONNOR O-^IAL
L'IRLANDE SOUS EDOUARD VI
9
. Tragédieen
cinq actes.PAR LE
R. P. (i.LONGHAYE
DE IA COMPAGNIE DEJESUS
\"
Or
vELLE
EDITION-PARIS
fICTOIl RETAUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR
8â, RUE &ÛNÀPART1
,
L898
Tousdroits réservés.
GONNOR O'NIAL
L'IRLANDE SOUS EDOUARD VI
ftp
J2
^?xP
,
^ /"/ DU MÊME AUTEUR
THÉÂTRE CHRÉTIEN
2 fortsvolumes in-8° 12 fr.
TABLE DES MATIERES
Jean de la Valette, tragédieen 13actes.
Connor
O'Nial (l'Irlande sousEdouard
VI), tragédie« en 5 actes.
Les Flavius, tragédie en 5 actes.
Bouvines, tragédie en 3 actes.
Helvétia (Le bienheureux Nicolas de Elue),tragédie en 4actes.
Campian, tragédie en 4actes, avec prologue.
Canossa, tragédie en3 actes.
Confédération de Bar, tragédieen 4actes, avecpro- logue.
La Querelle
du
Cid.Le Souper cVAuteuiL Richelieu
homme
de lettres.A
Ferney.Chaque pièce sevend séparément.
Vient de paraître :
TERRE D'ASILE
(SaintThomas
Becket en France), tragédieen5 actes,avecprologue.EMILE COLIN
—
IMPRIMERIE DE LAGNYCONNOR O'NIAL
L'IRLANDE SOUS EDOUARD VI
Tragédie en
cinq actes.PAR LE
H. P. G.LONGHAYE
DE LA COMPAGNIE DBJÉSUS
N U
VELLE
K UIT1 XPARIS
VICTOR RETAUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR
82, RUE BONAPARTE, 82
1808
Tousdroits réserves.
Digitized
by
the InternetArchivein
2009
with fundingf-rom UniversityofOttawa
http://www.archive.org/details/connoroniallirlaOOIong
NOTE HISTORIQUE
En
1542, HenriVIIIentreprendd'imposeràl'Irlande les lois anglaises et le schisme. L'Ulster (Irlandedu
Nord)sesoulèveàla voixdeGonnor
O'Nial, son sou- verain. Mais bientôt le vieuxchef, par complaisance pour son second filsvendu
à l'étranger,abandonne
lalutte, passeen Angleterre et se
soumet
au roi.Au
retour, ilse fixe à Dublin, n'osantaffronterle
mécon-
tentement desesvassauxEnfin en 1549, sous
Edouard
VI, il revient dansl'Ulster, où
Shane
O'Nial, son fils aîné, le regagne à lacausedu
catholicismeetde l'Irlande.Plustard
Shane
O'Nial et sonneveu Hugues
sou- tiennent glorieusement la lutte contre l'Angleterre (1549-1602).Poitiers, 1876.
t\ PERSONNAGES
i Gonnor 0'NIA.L, comte de Tyrone.
[mw^ÀAmA-
uShank
OXIAL,
fils aînéducomte.M^WwvV
*^Richard O'XIAL, baron de Dungannon, Secondfils du
comte. Ok.V»W^
^
n a ph HuoiEs O'XIAL, fils de
llichard..^W^)™'
i
O'KEUYALAX,
évoque deClogher.^H^^UuWv
«Lord William
GRA
Y, délégué du lord lieutenant d'Ir-l.'iiide.'\fvLVTOvà. n r\
1
NORBERT,
ancienserviteuretbarde de Gonnor.ft^vWOfv.i
RILD ARE,
chevalier deMalte.^WLi
I
O'DOXXEL,
chefduclan deTireormkft^tyfvvvÀ*,
<,*
MAGUIRE,
chefdu clandeFermanagh.j^vViM-^aA^^hMac DORA,
ancien chef des Gallow-Glass (gardes desOXial).^^
Q
^
WMEAGHLIX,
jY%WxW
^r> r>1'*;
Mac GEXXIS,
t noblesIrlanilais.o/VAAyo^vJ^^O'CARROL,
)rtCiV. ^Écuyers, Pages,Archers anglais, Soldats et Paysans IRLANDAIS.
Lascène se passe dans lTlster(Irlande du Nord), près du lacNeagh,d'abordauxenvirons d'Antrim, puisau manoirde Lungar(1549.)
CONNOR O'NIAL
*
L'IRLANDE SOUS EDOUARD VI
ACTE PREMIER
Les bords <lu lac Xeagh, aux environs d'Antrim.
—
Paysage.
— Une
cabanede paysan aisé.— Un
banc depierreprèsdela porte.SCÈNE PREMIÈRE NORBERT, OKERYALYX
Norbert. Il est assissur le banc de pierre. Ilvoit en- trer (ÏKervalan, l'examine uninstantarecsurprise, puisse lèvetoutà coup.
L'évêque de Clogher!
o'kervalan, ^avançant rapidement.
Oui, c'est lui.
—
Mais silence, Norbert!De
nos tyranscraignons lavigilance.8 CONNOR
o'nIALLe nom
d'O'Kervalanleuresttrop odieux.Appelle-moi Gérald.
Norbert, le faisantasseoir.
Eh
quoi! vous dansces lieux!L'Ulsterva
donc
cesserde pleurersonveuvage
?o'kervalan Hier àDonegallj'abordaisson rivage.
A Rome, au
Vatican, troplongtempsretenu,mon
IrlandeI enfin,me
voicirevenu.NORBERT Aprèsseptansd'exil !
o'kervalan
Mais quel est ce mystère?
Notre navire à peine avait touchélaterre,
Quand un
jeune inconnu, qui m'attendaitauport Et demon nom
d'empruntm'a
salué d'abord, Sans vouloir s'expliquer,m'a
remiscemessage.NORBERT
Ah
! c'estdu
noble Shane.o'kervalan
Instruit de
mon
passage, Vers tademeure, ici,Shane
adressemes
pas.Qui l'a
donc
informé?NORBERT
Ne
vous étonnezpas.Mieux
servi,plusaimé
que pasun
de nosprinces,Shane
adesyeux
ouverts dans nosquatre provinces.Du
jour où, dans Tarah,le trop faibleConnor
Inféoda l'Ulsterau second desTudor,Par
le crimedu
pèreun moment
consternée, Versle filsinnocentl'Irlande s'esttournée,ACTE PREMIER
y Et, prompte àsaluerlevengeurà venir,Se repose surlui des affrontsà punir.
Oublié des Anglais, sanseffort et sans titre,
Shane
des clansdu Nord estdevenu
l'arbitre :Qu'il parle, etdès
demain
toutle pays en feu Rappelleses vainqueursau jugement
deDieu.o'kervalax Quoi!
Shane
ysongerait! tu le crois?NORBERT
Je l'espère.
o'kervalan Etserait-cebientôt?
NORBERT
Tout
dépend
de son père.o'kervalan Oui, de
Connor
O'Nial.NORBERT
Prenez garde, seigneur.
L'Angleterre aproscritcevieuxtitre d'honneur.
Le
roi quilâchementlui vendit sa couronne S'appelledésormaislecomte
de Tyrone.Pouvez-vous
l'oublier?o'kervalan
Jevoudrais lepouvoir.
Oublier tous ces
maux
que de prèsj'aidû
voir!Pour
l'Irlande etpour Dieu cetteguerre entreprise, Tantd'espoir, tantde foi; puisun
jour, ô surprise!Au
fond detousles cœurslecourage glacé.Quel rêve!
A
l'ennemiConnor
avait passé.Transfuge etrenégat desapropre bannière, Notre chef nous livrait... et, pour honte dernière,
1.
10 CONNOR
o'NIALAux
pieds d'unHenri huithumiliantlesdroits Qu'il tenaitde Dieumême
etdu
sang de vingtrois,Au Néron
d'Angleterreilen faisaithommage...
Mes
yeux,depuis sept ansenontgardé l'image.11estlà,je le vois, cevieillard, àgenoux,
Signantle
déshonneur
pourlui-même
et pour nous, Pâle, abattu, sans voix, l'âme d'horreursaisie, Acceptantl'esclavage avecl'apostasie; Tandis qu'àses côtésle second deses fils,Ivre detant de
vœux
enun
jour assouvis, Richard, sonpréféré, l'œil éclatantdejoie,Nous
couvaitdu
regardcomme
on couveune
proie...Oublier! non,jamais.
NORBERT
Plus fermeetplus heureux, L'exil
récompensa
vosrefus généreux.o'kerVALAIS'
Mais, Norbert, est-ilvraiquetoncoupable maître
Aux yeux
desesvassauxn'ose plus reparaître?Loin devous, àDublin, secache-t-iltoujours?
NORBERT
Connor
est àLungar.o'kervala.n Siprès!
NORBERT
Depuisdix jours, L'exilé volontaire arevu son domaine.
o'kervalan
Le remords l'enbannit: c'estDieu qui l'y
ramène
;Il serepent, Norbert.
ACTE PREMIER
I1 NORBERT, avec amertume.Du moins
son repentir Desmains
deses geôliersnel'apointfaitsortir.Il garde à ses côtés nos
deux mauvais
génies, Richardet William Gray.o'keuvalan
Cemaîtreenfélonies, Cepolitique froid, légiste, courtisan,
Du
crime de Tarahvenimeux
artisan?NORHERT
Ilestici. Dieusaitles
maux
qu'il nous apporte.Déjàles cent archers qui forment sonescorte
Du
palaisdeConnor
ont faitune
prison.o'kervalax
Sousle toitdes O'Nial l'Anglaistientgarnison!
NORBERT
Nous
l'attendions, seigneur, ettandis qu'ilse vanteDe
netrouverchez nous quetroubleetqu'épouvante,Tous
lesbras sontarmés
ettous lescœurssontprêts.Descendus de nos monts,sortis de nosforêts,
Nous
irionsdans son antre écraser lavipère, Si Shane, ambitieux de regagner sonpère...o'kERYAL.W Je leconnais bienlà.
—
Maisque faire?XORBERT
Écoutez.
A Lungar
aujourd'huinoschefs sontinvités.o'kervalax
Ils iront?
NORBERT
Oui,peut-être.
En
attendantla fête,12
CONNOR
O'NIALUn
autre rendez-vous icimême
s'apprête,Dont
Richardetl'Anglais neserontpas témoins.Conduit par le hasard,
—
illecroiradu
moins,—
Connor
doitavec nous setrouver face à face.Nous
parlerons alors.o'keryalax
Et
que
veux-tuqu'il fasse?NORBERT
Ilcédera.
o'kervalan Craignezd'irritersonorgueil.
Shane
estdu
rendez-vous?NORBERT Sansdoute.
o'kervalan
Et de quel œil Veut-on quele vieillardsoutienne son approche?
Ce filspoursafaiblesse est
un
vivant reproche.Quand Shane
àtouslesbiens préféra ledevoir,Son
pèrefitserment de ne plusle revoir.NORBERT
Toutest
changé
depuis.De
trop longues souffrances Ont payédu
vieillard les follespréférences.— On
vient.Entre O'Meaghlin.
SCÈNE
IINORBERT, O'KERVALAN, O'MEAGHLIN
o'meaghlin
Ah
! jecraignaisde les trouverici.ACTE PREMIER
13 NORBERTDéjà, sire O'Meaghlinl
o'meaghlin Je n'ai pasréussi.
NORBERT
Connor
?O'MEAGHLIN
Dans un moment
tuvaslevoirparaître.o'kervalan
Ilvient?
o'meaghlin Mais... ce Richard!...
NORBERT
IlTasuivi,letraître?
o'meaghlin Je n'ai
pu
l'empêcher.o'kervalan
Funeste contre-temps!
o'meaghlin, à Norbert.
Montre-moile
chemin
paroùtu lesattends.NORBERT
À
droite, aucoindu
bois, lesentierquiremonte.o'meaghlin
Il fautlesarrêter. Resteet retiens le
Comte.
Il sort.
o'kervalan, //Norbert.
Maisjenepuis
non
plusdemeurer
en celieu.NORBERT
Non;
suivezO'Meaghlin,maître Gerald. Adieu.O'Kervalan sort.
14
CONNOR O'MAL
SCENE
IIINORBERT,
seul.Tous
nosplans sont détruits, perdus...—
Providence!Quand
detes serviteurstuconfondslaprudence,Augmente
eneux
la foiqu'ilte plaîtd'éprouver Et sauvemalgrétout cequ'ils voulaient sauver.Ilaperçoit de loin
Connor
et le suit des yeux.Mais levoilà;c'es't lui,.
Mon
infortunémaître!A
peineenle voyant l'aurais-jepu
connaître...Que
satêteablanchi!Que
ses pas sont pesants!Ah
! le crimeàporter pèseplusque lesans.Dans
sestraits altérés ladouleur se fait lire.ciel,inspire-moi cequejedoislui dire.
Entrent Connor, Richard et
deux
payes.SCÈNE
IVNORBERT, CONNOR, RICHARD,
Pages.norbert. Ilvaau-devant de Connor, met un genou en terre et lui baise la main.
Monseigneur!
connor, le relevant.
Quoi! Norbert, icije te revois,
Toi,
mon
page,mon
barde,aux beaux
jours d'autrefois!Est-ce làtademeure, en ce boissolitaire?
NORBERT
Jetiensde vos bontés cet
humble
coin deterre, Et,depuis nosmalheurs...ACTE PREMIER
15 richard, sèchement.Lesquels? Norbert, à Richard.
Ignorez-vous Que, septans,Monseigneura vécu loin de
nous?
Quand
le maîtreaux
sujetsfitaimersapuissance, Peut-êtreils ontle droitde pleurerson absence.co.nnor, assissur le bancdepierre.
Autant quetes sujetsle maître en agémi;
Et, depuisle retour,crois-moi, fidèleami,
Ilsemble parmi vous que
mon
printempsrenaisse.théâtre enchanté de
ma
fièrejeunesse,Mon
beau payerd'Ulster oùjereviens Unir!Lac,montagnes, forêts! fleurs
du
souvenir!parfums retrouvésde cepassé quej'aime!
A
demi-voix, après unepause.Que
nepuis-jeaussibienle retrouverlui-même?
Encoreplus sombre.
On
ne vitqu'unefois.richard, intervenant brusquement.
Regagnons
lemanoir,Mon
père.À
l'horizonvoyez-vouscepoint noir? D'ailleurs il faut hâterles apprêts de la fête.Retournons.
CONNOR Quoi!déjà!
NORBERT
Vous
craignezla tempête?RICHARD
Que
t'importe, vassal?16
CONNOR ONIAL
CONNORNon,
Richard;un moment.
O'Meaghliniciprèscherche
un
sitecharmant
Dontilcompte
ànosyeuxménager
lasurprise.Attendons-le
du
moins.—
Voiscomme
souslabrise Toutle lacétincelleenéclairsargentés...Richard répond
par un
gested'impatience.Mais, nourriloin de nous dans le bruit des cités,
A
ces calmes plaisirs-tonâme
estplusrebelle.richard, piqué.
Peut-être.
co.nnor, à Norbert.
Et cependant
que
notre Irlandeestbelle!Etquelbarde inspiré nela
nomme
enses versL'émeraude du Nord
et lejoyaudesmers
Y N'est-cepas?NORBERT
Monseigneur,Dieu, quil'atant chérie, Entretoutes
combla
notre sainte patrie.Voilàpourquoises fils, à la vie, à lamort, Lui gardent
un amour
etsi tendreetsi fort.CONNOR
Mais toi-même, autrefois, chantant sa noble histoire,
A
nosfestinsjoyeux tu conviaisla gloire.L'àme
des vieux hérostressaillait dans ta voix.Queljourt'ai-jeentendu pourladernièrefois?
C'était...
norbert, hésitant.
C'était
un
jour plein d'espoiretd'ivresse...Dans
Tarah. .richard
Que
dit-il ?ACTE PREMIER
17 connor,à part.Souvenir qui m'oppresse!
Ne
pourrai-je le fuir?NORBERT
Lebarde, Monseigneur, Veutdes jours d'espérance
ou
des joursde bonheur;Etdepuis lors...
RICHARD Tais-toi.
NORBERT
Vous
m'imposez silence?De
quel droit?RICHARD Malheureux!
NORBERT
Trêve deviolence.
Votre pèreest ici,quej'ai servivingt ans;
Ses ordres
me
sont chers, aussije les attends; Maisjedoute, seigneur,que
sonâme
offenséeMe commande
jamais detrahirma
pensée.CONNOR
Laisse,Richard, etcrainsla langue
du
flatteur Plusquelesfrancsdiscours d'un loyal serviteur.Rappelle-toi,
mon
fils, que,parmi nos ancêtres, Lesplusfiers chevaliers furent les plusdoux
maîtres.Toi, Norbert, à
Lungar
tuviendras aujourd'hui.Ton
seigneurestenfête, il teveutprèsde lui.NORBERT
Aimerait-il encorles chantsde lapatrie?
CONNOR
Oui, dis-nous aufestin quelquevieille féerie;
18
connok
o'nialChantelaverteErin et les
noms
de ses preux, Attirantà luiNorbert et àdemi-voix.Comme
tu les chantaisquand nous
étionsheureux.Entre O'Meac/hlin.
SCÈNE V
NORBERT, CONNOR, RICHARD, OMKAGHLLV
richard, apercevant O'Meaghlin.
Enfin!
CONNOR C'est O'iMeaghlin?
o'meaghlin
Pardonnez,MilordComte, D'un
vague
souvenirje faisaistrop decompte
Etj'interrogeen vaintouslesbois d'alentour.CONNOR
Tu
n'asrien découvert?o'meaghlin
Non.
RICHARD
Songeons
auretour.Quinous arrête?
CONNOR Allons.
o'meaghlin
La
brisenous invite, Et labarqueau manoir
abordera bienvite.connor, à Norbert.
Mon
désirt'estconnu.ACTK
PIIKM
IKK 19 NOHHERTVous
serezobéi.Connorsortarec sa suite.
SCÈNE
VINORBERT,
seul.Chanter àcefestin, danslTlster envahi.
Sousleregardaltierdes archers d'Angleterre Quisouillentde nosrois l'asilehéréditaire.
Tandis que WilliamCray, derrièreeuxabrité, Préparc
un
coup mortel à notre liberté! MaisConnor
l'a voulu. Quelétrange caprice!Devait-il provoquer
ma
voix accusatriceA
luijeter lesnoms
de nos illustres morts?Trouve-t-on quelque
charme
à nourrirleremords?Veut-il, au souvenir d'unâgeplusprospère?...
J'aperçoisnosamis.
Entre Shaneavec les Irlandais.
SCÈNE
VIINORBERT, SHANE, ODOWELL, RILDAHK, MAGUIRE (TCÀRROÊL, MAC DORA
shane, à Norbert.
Eh
bien! qu'aditmonpère
? Parle. Quelssentimentslaisse-t-il entrevoir?NOBBERT
Ilsouffre, noble Shane.
KILDABE
Est-ce un gaged'espoir?
20 CONNOR
O'NIALSIIANE Kikiare, en doutez-vous?
NORBERT
Plein du passé qu'ilaime,
11 voudrait, m'a-t-ildit, leretrouver lui-même.
O'CARROLL Est-ilvrai?
MAC DORA Lepasséneseretrouve pas.
SHANE
On
le répare.NORBERT
Ilveutqu'aujourd'hui, survospas,
A
Lungar, aufestin, jereprennema
place,Pour
chanter devantluiles gloires de sarace.SHANE
Non, lesangdes O'Nial ne pouvaitpas mentir, Etbientôt...
o'donnell
Vous
croyez?...SHANE
Je crois au repentir; Jecrois
aux
jours plusbeaux dontj'entrevoisl'aurore; Je croisau noblechef que vous aimezencore,A
soncœur
faibleun
jouret septansmalheureux.J'en répondssurle mien.
MACUIRE
Vous
êtesgénéreux.KILT)ARE
Maisne vousbercez pas d'espérances trop vaines.
àctk premier
21 o'donnellToutle sangdes O'Nial ;i passé dans vos veines, Brave
Shane
; etConnor...shane, vivement.
Est
mon
père,O'Donnel.MAC HOUA
Maiscepèreenversvousn'est-ilpas criminel?
MACUIRE
Quand
parun
coup soudain Béatrice ravie Expira dans safleur en vous donnant lavie,Ne
l'avons-nous pasvu, parun
indigne choix,Au
sangdu
forgeron mêler le sangdes rois, Et dès lors,amitié, tendresse, confiance, Prodiguertoutau filsde lamésalliance,A
l'insolentRichard?SHANE
Assez, Maguire,assez.
Dieu gardele secretdes pleurs quej'aiversés.
Ils ont fait
mon
trésor; ils feront, je l'espère,La
rançondel'Irlande et celle demon
père.—
Pardonnez:un moment,
j'ai besoinde repos.—
Maître Gérald!O'Kervalansortdu yroupe des écuyetset s'écarteavec Shane. Tous
deux
vont s'asseoir sur le banc de pierre.macdora,
aux
Irlandais.Amis, trêvede vains propos.
L'entrevue est
manquée
: occupons-nousdu
reste.o'donnell
Faut-ilque ce Richard nous soit partout funeste?
22 connor
o'nial o'cARUOLL Irons-nous àLungar?
KILDARE
Oui, bravonsle destin.
MA(.LIRE Allons.
MAC DORA
Et William
Gray
sera-t-ildu
festin?NORBERT
Eh! sansdoute.
A Lungar
n'est-ilpasle vrai maîtrei KILDAREL'espion d'Angleterre? MAGUIRE
Ah
î qu'iloseparaître, Etnous l'écraseronsdu
poidsde nosmépris.o'donnell
S'il
nous
jugeabattus, Norbert, ils'estmépris.O'CARROLL
Messeigneurs, craignez toutde safroide colère.
MAGUIRE Nous, le craindre, O'Carroll!
KILDARE
Devons-nous,pourluiplaire,
De
notre sainte Erin dépouillerlescouleurs?o'CARROLL
S'il l'exige ?...
ma<;uihe
Aux
Anglaisnous arrachons les leurs.o'cahroll Folles témérités!
a
en: PABHIES
23 o'donnell.Non, pasde complaisance.
MAC DORA
De
l'émissaire anglais rejetonsla présence.O'CARROLL
Mais sansdoute
Connor
voudra nousl'imposer.MAGUIRE
Eh
bien?...O'CARROLL
Que
ferez-vous?MACL'IRE
Nous
n'avonsqu'àbriser, suANEDepuisquelques instantsilprêteVoreille à leur entretien.
— A
part.
iiriser!
o'donnell
Voici lejourde l'épreuve suprême.
Il fautque le vieillard prononceaujourd'hui
même.
KILDARE
Il le faut.
MA GL'IRE Jusqu'ici nosclans irrésolus
Demain,
s'il resteAnglais, neleconnaissent plus.MANS,
à part.Malheureux
!O'CARROLL Mais alors?...
KILDARE
Alors?tirons l'épée.
24 connor
o'nial o'cARROLL Contre lui?IfAGU1BE Pourquoi
non
?o'donnfll
Si l'Irlande est trompée,
Iln'estplus notre chef, ilne nous estplus rien.
Notredevoirest simple.
shane, intervenant tout àcoup.
Et quel serale
mien
?O'CARROLL Hélas!
Un
silence.shani;
Entre quels droitsveut-on queje décide?
Dois-je sauverl'Irlande auprix d'un parricide
Ou
la sacrifieràl'honneur paternel?Quel est leplus
amer
et leplus criminel?Heureux, vousqui pouvez,libres detoutpartage,
De
notre seul pays consulter l'avantage!Moi,j'ai l'Irlande
ensemble
etmon
père à sauver;Et
quand
le,ciel,un
jour, voulut, pour m'éprouver,Que
cesdeux
intérêts fussentmis enbalance, J'aichoisi; mais au prix de quelle violence!Dieul'avu. Seul témoin del'horreur dece choix, Jedoutequ'il l'exige
une
seconde fois.Du
moins, sij'entendsmal
ses desseins que j'adore, Laissez-moime
tromper quelques heures encore;Ne
poussezpoint à boutmon
père, votreroi Grâce, grâcepourlui! C'estme
lafaire, àmoi.o'carroll Votre chef aparlé.
ACTE PREMIER 25
MAC DORANous
voudrions l'entendre.Mais l'Ulster, dites-moi,peut-il encore attendre?
Chaque
jour qui s'écouleaugmente
ledanger.o'donnkll
Chaque
heure,chaque
instant profite à l'étranger.MAC,DIRE
Du
palaisdes O'Nialdevenu
son repaire.Le lâche William Gray...
SHANE
Que
peut-il sansmon
père ?mac dora
Connor
estsonjouet.SHANE
Doutez-vous que
demain
Lejouet révolté n'échappe desamain
?Il souffre, on vous Ta dit; car cette
àme
en détresse Ne sait plusrenfermerle trouble qui lapresse.Longtemps
contrelagrâce il osa disputer;Mais labalance penche etDieu val'emporter.
O'CARROLL
Laissez à Dieu le temps d'achever son ouvrage;
Dans
l'âmedu
vieillard nejetezpointd'ombrage.SIIAXE
Surtout n'irritez pas, au lieu de le fléchir,
Cerestedefierté dontil va s'affranchir.
KILDARE Soit. Mais
que
faire alors1MAGUIRE
Déguisernospensées?
2
2(»
CONNOR
OMAL
KILDARE
Nous
taire?SHANE
Pas
un mot
des misèrespassées.MAO DORA Si
Connor
en parlait?...SHANE
Je répondrais pourtous.
o'donnell
Je
veux
bien obéir; mais, Shane, y songez-vous? L'Anglais vientdelTlsteracheverlaconquête; Ilrègne dans Lungar.SHANE
Eh
bien?o'nONNELL
Si cette fête Cachait...
SHANE Quoi donc?
o'donnell
Un
piège.BAGUIRE
Oui,quelquetrahison, suani:
Vous voulez que
mon
père,en sapropre maison,Du
plus vil guet-apensdeviennele complice?KILDARE
Ou
que,malgré Connor,un
autre l'accomplisse, SII.WF.Quel autre ?
ACTE PREMIER
27~~ KILDARK
William Gray.
SHANI
1/Anglais! il n'osera.
MAC DORA Dieu leveuilleî
SUANE
Aussi bien
mon
père,Mac
Dora,
Avant
de condescendre àpareille infamie, Périrait sousleferde lahorde ennemie.o'donnell Et pourtant, seigneur Shane...
SHAN'E
Arrêtez, O'Donnell;
Respectez
mon honneur
etl'honneurpaternel.A
tous deux àlafois vous feriez tropd'injure.Devant
Dieu quim'entend,sanscrainte je lejure:A
toutes lesdouleursici jeme
soumets, Sice lâche attentat seconsomme
jamais.Etmaintenant marchons, amis,carle temps vole.
A Lungar
!o'carroll Dieu nous aide!
Toussortent à lasuite de Shane.
—
O'DonnellretientMac
Dora.SCÈNE
VIIIO'DONNELL, MAC DORA
Êtes-vousconvaincu?
O DON'NELL
Encore
une
parole.28 CONNOR
O'XIAL MAC DORA Jelesuis àdemi.o'iHiNNELL
Shane
seperd.Eh
bien! écoutez, nobleami.Nous
ne partageonspoint safièreconfiance.Agissons.
MAC DORA
Je l'ai fait. Grâceà
ma
prévoyance,Tous mes
ancienssoldats, qu'onasu prévenir,A
Ferdick,cettenuit,doiventseréunir,Deux
cents braves au moins.o'donxell
Autour de cetteélite,
Nos
paysansarmés
segrouperont bienvite.MAC DORA
Sile crimeest
commis, du moins
noussommes
prêts.Comptez
surla vengeance : elle suivradeprès.o'donnell
Assemblez
donc
vos gens etrestezà leurtête.Je vousjoinsàFerdick
au
sortirdelafête.Sivousne
m'y
voyezdemain
avantlejour,On
nous auratrahis.MAC DORA
Et ce sera
mon
tour.ACTE DEUXIEME
Une
salledansle château deLun^aiSCÈNE PREMIÈRE
LORD WILLIAM GUAY,
seul.Oui, courage, Irlandais! J'aimecetteallégresse.
Oui,buvez
au
festinl'insoucianteivresse, Oublieuxdu
réveil qu'onvous prépareici.Je n'attendaisqu'un
mot
: peut-être le voici.Que
nousmande
lacour?Ils'assiedetlit.
«
Amener
Shane àreconnaîtrela suprématietempo-relle etspirituelle
du
Roi. » 1/s*interrompt.Le séduire? Impossible.
Dieu merci,jeprétends letrouverinflexible
Pour
lebriser enfin.—
Jeuneprésomptueux
!Vous
m'avez prodigué vos dédainsvertueux,Quand, du
Roimon
seigneurvousportantlemessage,Dans
Tarah,j'essayais de vous rendre plus sage.Nous
nousverrons.2.
30 CONNOU o'mal
IIreprendsa lecture.
« Sile fils aîné
du
lordcomte de Tyrone s'obstinait dansson oppositionaux
vues delacour, obtenirdu
pèreun
actequiledéshériteet transfèreses titres etseigneu- ries au secondfils, le lord barondeDungannon.
»Ils'interrompt.
Richard, cetéternel enfant, Ce baronfaitd'hier, favori, triomphant,
Comblé, maistoujours
prompt
à rêverdavantage.De
l'aîné qu'iljalouseil lui faut l'héritage:Il l'aura.
Il lit.
« S'assurer de la personne de Shane et l'envoyer
comme
otage à Dublin.»Noble
Shane
I on l'auraitcherchéloin, Etlui-même, en venant, nous épargne ce soin.A
merveille!—
Sept ans, sansjeterune
flamme,La
vengeance endormie a couvé dansmon âme.
//se lève avec transport.
Enfin voici
ma
proieet jevaislasaisir.//secontientetpoursuit avec
un
demi-sourire.Non, sachons froidement savourerceplaisir.
Le
cœur
del'homme
fort,quand une
injure y tombe, Estfidèle etglacécomme
serait latombe
;Il
met
savolupté, son orgueil,sondevoir,A
n'oublierjamais, sansjamais s'émouvoir.Etsi pourlehérosl'Irlandese soulève,
S'ilfautcombattre?...
—
Soit! Viennel'heuredu
glaive!Avec mes
cent archers, derrière ces remparts, Jesoutiendrais dix ansle droitdes Léopards.Pourm'assurerd'un coup vengeance, honneur,fortune, L'occasion
manquait
:Shane m'en
apporteune,ACTE DEUXIEME
31 PoussonsPUlsteràbout: la victoire est auKoi, L'odieux àConnor
et ladépouilleàmoi.Entre Richard.
SCÈNE
IIW. GRAY, RICHARD
w. sbat, assis.
C'estvous! Etle festin?
RICHARD
Vous
oubliez, peut-être, Milord, qu'undeuilrécentme
défendd'yparaître.W. GRAY
Ah
! pardon!RICHARD
Lord William, vous souriez, je crois.
W. GRAY Moi, Milord?
RICHARD
Après tout,soyons francs
une
fois.Jefaisgloire, ilestvrai, de nem'arrêterguère
Aux
pertesdonts'étonneun
courage vulgaire.Les
nœuds
étaientrompus
d'ailleurs, etdèslongtemps.Quand
naguère, occupé de soins plus importants, J'apprisquela baronneavait cessé devivre, Vous savezsi ledeuilm'empêcha
depoursuivre.w. GRAY Je l'avoue.
RICHARD
Aussi bien, cesplans queje formais, Alice
Mac
Dora nelescompritjamais.32 connor
o'nial W. GRAYFaçonné
parsesmains, dèsl'âge le plus tendre, Croyez-vousque
sonfilssachemieux
vous entendre?RICHARD Hugues?...
Vous blâmez
donc?...w. GRAY
Non,je ne
blâme
rien.RICHARD Maisalors?...
W. GRAY
Je m'étonne, etMilordle saitbien,
Que
ce fils, loinde vousélevé dans Tyrone, Soitdemeuré
neuf ansaux mains
delabaronne.RICHARD
Pouvais-jeaccorder
moins
à leurs criséternels?Et que restera-t-il des discoursmaternels?
Hugues
n'estqu'unenfant.Que
voulez-vousqu'ilfasse?Des
souvenirsconfusqu'uneautreimage
efface, Quelquespleurs versés vite etplus vite essuyés, Est-celàlepérildontvous vous effrayez?W. GRAY
On
sesouvientlongtempsdes leçonsd'unemère.Hugues nous
montrera si c'estune
chimère.Doit-onpas à
Lungar
l'ameneraujourd'hui?RICHARD
Jel'attendsd'heure en d'heure, etj'aibesoin delui.
Qu'il
amuse
l'aïeul!...Me
trompé-jedu
reste?Maisdepuis ce voyageà nos desseins funeste,
—
De
l'orgueil indocile est-ceun
premierréveil?Que
sais-je?Est-ce le fruit d'unperfideconseil?—
Le
vieillard estmoins
souple,et sonhumeur
plushaute,Use
lassedu
joug.ACTE
DETJXIKMK33
w. <;rayRichard,à qui lafaute?
Parvosbrusqueschagrins pourquoi l'appesantir?
RICHARD A boiï retourici pouvais-je consentir?
W. GRAY
Vous
l'auriezempêché.—
Plus calmeet plus habile,Menez
en laflattantsa volonté débile;Épargnez-lui toujourslahonte decéder;
Faites qu'ilobéisseencroyant
commander.
richard, pique.
Voilàbien les secretsde votre politique!
w. GRAY
Vous
neles goûtez pas?RICHARD
Qui?
moi
?Je les pratique, Milord. Voyezplutôt:j'évitele festin.Librede nos regards, maîtrede son destin, Levieillard estflatté de son indépendance.
Ai-je si
mal
compris vosleçonsde prudence?Mac
Gennis,ilest vrai, lesurveillepour nous, Carjeredoute encore...W. GRAY
Et qui redoutez-vous?
RICHARD Shane.
\V. GRAY Mais ilnous sert.
Vous lecroyez?
W. GRAY
J'y compte.
34 connor
o'nialQuand
il futannoncé,j'observaisJevieuxComte.Votre père pâlit, puisje vis dansses
yeux
Passercomme
l'éclairun
dépit furieux.RICHARD Mais l'amour en son cœur...
W.GRAY
Est-ce àvous de le craindre,
Vous
qui, depuis quinzeans, travaillez àl'éteindre?RICHARD
Eh
bien!oui.Ce
héros, ceShane
tantvanté.Aussi cher à nosclans quej'en suis détesté, Cerivalqui
me
hait, qui nesaitque me
nuire,Dans
lecœur
paternelj'ai voulule détruire.Que
dis-je?C'étaitpeu
de l'amour de Connor.Il
me
restait,pourvaincre, àlui ravirencor Leshonneurs
que luidonne un
vain titred'aînesse.Voilà dequel espoira
vécu ma
jeunesse,Milord; c'estlà
mon
rêveetmon
triomphe,àmoi.W. GRAY
Vous
ytouchez.RICHARD
Comment
?w. gray, luiprésentant les lettres rie la cour.
Lisezl'ordre
du
Roi.A
part, tandisque Richard lit.Piquons-le jusqu'auvif.
RICHARD
Qu'ai-je
vu
?La
couronne Promettrait àmes vœux
lecomté
deTyrone
!W. GRAY Oui,si
Shane
ànosloisrefused'obéir.ACTE DEUXIÈME 35
RICHARDrage ! en consentants'ilallait
me
trahir!...Mais non...
W. CRAY
Etsi Connor, desa pleine puissance, Briseen votre faveur lesdroitsde lanaissance.
RICHARD
Il le fera.
—
Voilà lemot
quej'attendais.A
moi
Tyrone! Et vous, barbares Irlandais, Imbécile troupeau, bien faitpourl'esclavage, CeRichard,méconnu
par votre orgueilsauvage, Vous l'aurez pourseigneur,etde vos longs mépris Le joug,un
joug defer,seralejuste prix.Mais
Shane
entresesmains
garde nos destinées.S'il m'arrache, en cédant, le prix dedix années?...
w. gbay, calmeet froid.
On
veutquej'ytravaille etde toutmon
pouvoir.Lisez.
RICHARD
Que
ferez-vous?w. GRAY
Je ferai
mon
devoir.Les ordres sont précis;jenepuis
m'y
soustraire.RICHARD
Il obéira
donc
?W. GRAY Espéronslecontraire.
RICHARD Maisenfin, s'il vous trompe?....
w. gray, impassible.
Eh
bien, Milord, après?36
CONNOIt O'XIAL RICHARDVous
aurezde vosmains
détruitmes
intérêts, w. gray, aprèsune
pause.Vous
vousflattezjeunehomme;
à quoibon
vous le taire?Car avantd'êtreà vous,je suis à l'Angleterre, Et
vous
n'attendezpasque sonambassadeur
Poursuive entout cela votre seule grandeur.Ellecherche
un
vassal reconnaissant,fidèle,Qui
lui garde soumis toutce qu'il tiendrad'elle.A
cerôle, ennaissant,Shane
futdestiné:Qu'il l'accepte, ànos
yeux
ilredevientl'aîné, Etjedoute, Milord,que Londres s'aventureA
troublersans raison l'ordre de la nature.RICHARD
Est-ce bien William Grayqui
m'abandonne
ainsi? Ciel!\v. gray, se levant etallantà lui.
Calmez-vous, Richard.L'épreuvea réussi ;
Je suiscontent.
RICHARD L'épreuve?
W. GRAY
Il suffit; je suis vôtre.
Sous
mon
rôle d'empruntjem'en
réserveun autreOù mes
ressentiments seconderont vosvœux.
Oui,que
Shane succombe
:il lefaut,jele veux.Unissons
ma vengeance
et votre... jalousie.Le mot
vousblesse-t-il ?richard, après avoir hésité et
comme
prenant sonparti.Moins quel'hypocrisie.
Le vulgaire ignorants'enétonne; mais
non
:ACTE DEUXIEME 37 Où
j'acceptele fait peu m'importe lenom.
Appelezdonc ainsi l'ardeur qui
me
dévore.Ce
Shane
estmon
rival, jele hais, je l'abhorre:Est-cevice ouvertu ?...
—
D'ailleurs, ignorez-vous Qu'ils ont conspiré tous àm'en
fairejaloux?Depuis queje sais voir,
on
m'obsède, onm'irrite,On
m'accablepartoutdu
poidsde sonmérite.A
luilabeautéfièreet lamâle
vigueur, Lapuretédu
sang,lanoblessedu
cœur.A
moi... mais que vous dire? injuretrop amère!Ilsm'ont reprochétout,jusqu'au
nom
dema
mère.Malheurdoncàceluique l'on
m'a
préféré!Ilfaut queje l'écrase et je l'écraserai.
Ou
plutôtnon
;c'estpeu dele frappermoi-même
:Qu'il sesentepérirsous
une main
qu'il aime, Etque sonpère...w. gray, Varrêtant.
On
vient.Entre
Mac
Gennis.SCÈNE
IIIW. GRAY, RICHARD, MAC GENNIS
W. GRAYMac
Gennis!MAC GENNIS
Oui,j'accours.
Venez: à Milord
Comte
ilfautporter secours.Ses vassaux...
RICHARD
Que
dis-tu?38 connor
o'nialmac
gennisLeurbrutale insolence Peut-être à leurseigneur
va
faire violence.RICHARD
Ah
!j'yvais.W. CRAY
Un moment
: ilen fautplus savoir.richard,à
Mac
Gennis.Eh
bien?MAC GENNIS
C'est
un
complotqui se laisseentrevoir.Ils parlentde combattreetde briser leur chaîne, Ivresdeliberté, de
vengeance
etdehaine, Norbertdeces transportsadonné
le signal.Ildisait lesexploits
du
premier des Q'Nial;Maistout àcoup lebarde au vieux chantpopulaire Mêle des traits
nouveaux
pleins d'uneâprecolère.Toutfrémit, toutrépond àses crisbelliqueux.
LesIrlandais...
richard, avec impatience.
Et
Shane
?MACGENNIS
En
vain, plus sagequ'eux...Entre
Connor
suivi cVO'Meaghlin, quis'efforceenvain de le retenir.SCÈNE
IVW. GRAY, RICHARD, MAC GENNIS, CONNOR, O'MEAGHLIN
connor,à Q'Meaghlin.
Non,
je sors.ACTE DEUXIÈME 39
ôikachlinOubliez
un
éclat regrettable, Monseigneur!CONNOR Laissez-moi.
o'Meaghlindisparaît avec
un
gestede découragement.Connor
descend en scène.Sous
mes
yeux,àma
table !Lesimprudents!
Ilmarche avecagitation.
w. GHAY Milord...
RICHARD
Mon
père, qu'ont-ils fait?CONNOR Osertirerl'épée!
w. gray, froidement.
Imprudence, eneffet.
CONNOR
C'est
Shane
; desamain
jereconnaisla trace;A
cesprovocateursilinspirel'audace.Etquefait-ilici? Quil'avaitconvié?
De
quel front paraît-il? Ai-je rienoublié?richard, ironique.
Mais ilfallaitmontrer, dès votrebienvenue, Satendressede fils trop longtemps contenue.
Prèsde vous tout d'abord il venait se ranger, Etson respect fidèle...
CONNOR
Il venait m'outrager, Livrer
mes
cheveux blancsà l'insolence folle40 CONNOR
O'NIALDe
ces lâches vassaux qui l'ont pris pouridole.N'ont-ils pas, à
mes
yeux,tousengagé
leurfoiDe
n'accepterjamaisl'autoritédu
Koi?W. GRAY Est-il vrai?
con>.or
Contre lui d'en appeler
aux armes
? w. gray, froidement.Démence
!RICHARD
Et pourquoi donc, négligeant
mes
alarmes,De
cetUlstermaudit
reprendre lechemin
? Avais-jetort?CONNOR
Mon
fils,nous
partirons demain.W. GRAY
Y
songez-vous, Milord?Épargnezvotre gloire.Que
penserait la couretque
dirait l'histoire?CONNOR Comment donc
?W. GRAY
Fuirez-vous devantdes révoltés?
CONNOR
Ils verrontsije cèdeà leurs témérités.
Oui, laissons
un exemple
àl'Irlande vassale.Richard, ces factieux n'ont pointquittéla salle.
Ordonnez
qu'on les chasse.RICHARD Et
Shane
?CONNOR
Shane
aussi.ACTE DEUXIEME
41 W. GRAYPermettez qu'un instant...
CONNOR
Suis-je lemaîtreici?
Qu'onles chasse,vous dis-je; obéissez.
Il sort.
SCÈNE V
W. GRAY, RICHARD, MAC GENNIS
w. gray, arrêtantRichard.Non
certe!Qu'ilsaggraventleurfauteet
consomment
leurperte.RICHARD
Vous
voulez?...W. GRAY
A
toutprixilfaut les retenir.Veillez-y,
Mac
Gennis.Mac
Gennis sort.richard, à part.
Où
veut-ilenvenir?SCÈNE
VIW. GRAY, RICHARD
W. GRAYPrenonsl'occasion que ledestin nous livre.
Votre pèreestàmoi. Richard:je vaisle suivre, Le provoquer, l'aigrir et lepousserà bout.
C'estl'heure décisiveet jeréponds de tout.
A
bientôt.42 CONNOR
o'xiALSCÈNE
VIIRICHARD,
seul.Laissonsfaire. Oui, j'en croissa vengeance,
Avec moi
contreShane
ilest d'intelligence.Incident favorable,etqui va pour longtemps
Nous
rendrele vieillard et sesvœux
inconstants!SCÈNE
VIIIRICHARD, O'DONXELL, RILDARE, MAGUIRE, MAC GENNIS, O'CARROLL, NORBERT.
Ils entrent tumul- tueusement en chassant devanteuxMac
Gennis.o'donnel Arrière,
Mac
Gennis!KILDARE
Osez-vous reparaître?
MAGUIRE
Nous
nesouffrironsplus laprésence d'un traître,D'un Anglais.
mac gennis, montrant Richard qui est descendu à l'autre extrémité
du
théâtre et que les Irlandais n'ontpas remarqué.Vosaffronts
montent
plushautque moi.Ilsatteignent Milord.
Ilsort.
richard, froidement.
Et le
Comte
etle Roi.MAGUIRE
Ilsepeut.
ACTE DEUXIÈME 43
o'CARROLLVoiciShane.
Entrent Shane et O'Meaghlin.
Mac
Gennis sort.SCÈNE
IXRICHARD, O'DONNELL, KILRARE, MAGUIRE, O'CARROLL, NORBERT,
SIIAXE.O'MEAGHLIN
SHANE
Ah!
coupable folieINORBERT
Pardonnez, Monseigneur, à l'ardeurqui s'oublie.
SHANE
Mais
comment
demon
père apaiserlecourroux?Où
letrouver, Norbert?RICHARD
En
vain le cherchez- vous.shane, gwt n'avaitpas
remarqué
Richard.Ciel! Richard!
RICHARD
Il afui votre insolent tumulte, Et vousn'attendez pas,je pense, qu'à l'insulte
Une
secondefoisil daignes'exposer.SHANE
Est-ce à
moi
quel'on parle?Ose-t-onm'accuser?RICHARD Et quidonc?
SHANE
Ilsuffit.
RICHARD
Le reproche vous touche?
44 CONNOR O
NIAL SHANE Non.RICHARD
S'il a
moins
de poids poursortir dema
bouche,Vous
avez, noble Shane,un
autre accusateur:Votrepèredetoutvous déclare l'auteur
.
SHANE
Iljugeentresesfils; ilvoit,trop juste encore, Qui de nous lui faithonteetquide nousl'honore.
Pour
moi,resté fidèle àtout cequej'aimais,Au
respect,il le sait,je nefaillisjamais.RICHARD
Vousleniez?J'aicruque vous enfaisiez gloire.
SHANE Gloire!
moi
?RICHARD
Pourquoi
non?
N'est-ilpoint méritoire,Quand
onporteensesmains, héros officiel,La
liberté d'unpeuple et l'intérêtdu
ciel, D'abjurer, d'immoleràlasuprême
cause Les vulgaires devoirs quelanatureimpose?SHANE Prenez garde !
RICHARD
On
outrageun
père en cheveuxblancs ;Je
me
trompe, on lelivre àde vils insolents, Et, caché derrièreeux, insulteuranonyme, Aux
regardsdelafouleon
restemagnanime.
rildare, la
main
àVépée.C'enest trop.
SHANE Arrêtez.
ACTE DEUXIEME 45
o'donnku., tirant Cépée.A mort le traître!
MAGUIBE
A
mort!richard, la
main
à Vépée.Combien
sont-ilscontreun
? shane,aux
Irlandais.Obéissez.
o'meaghlin, contenantRichard.
Milord!
shane,
aux
Irlandais.Les glaivesaufourreau.
A
Richard.Prétendiez-vous connaître Jusqu'où desestransports
l'homme
peutrestermaître?Eloignez-vous.
RICHARD
Un
ordre!—
11faudrait décider Qui de nous dansLungar
adroitdecommander...
Mais, sans approfondir, contre
moi
jedécide.Mieux vautqu'à savertu j'épargne
un
fratricide.A
Shane, avecun
gesteprovocateur.Au
revoir.Ilsort.O'Meaghlinlesuit.
SCÈNE X
SHEANE, ODOXNEL, KILDARE, MAGUIRE, OCARROLL, NORBERT
«*»s. KILDARE
Folleaudace!
3.
46 CONNOR
O'.MAL o'donnellIlfallait le punir.
MAGUIRE
Nos
brasétaientlevés: pourquoilesretenir?SHANE
Moi,j'aurais à vos coups livré lesang d'unfrère! Hélas!
que
n'apasfaitvotreardeur téméraire?Quels ordres, quels devoirs n'avez-vous point trahis?
Vous
en répondreztous devantvotre pays.Que
dis-je? c'estmoi
seul qu'on enferarépondre.Tout m'accable àlafois; toutsert à
me
confondre.Queldessein?Quel
remède
?Où mon
père a-t-il fui?Entre
W.
Gray, suivide Richard, deMac
Gennis etd'archers.SCÈNE
XILes Mêmes,
W. GRAY, RICHARD, MAC GENNIS.
Archers.
o'carroll Quoi! ce Richard encore!
KILDARE
Etl'Anglaisavec lui!
MAGUIRE Deslances!
o'donnell Des archers!
w. gray,
aux
archers, montrant lesIrlandais.Bien. Qu'on lesenvironne.
Un
silence.W. Gray
continue,un
ordreécritàlamain.Hommes
noblesdu
fiefetcomté de Tyrone,ACTE DEUXIEME Du
Roi notre seigneuroyezles volontés.Qu'on arrête Milord.
o'carroll
Shane
?shane, semettant en défense.
Vous
m'arrêtez?w. gray, à Shane.
De
grâce!labravade icin'estplusde mise :Votre dignité seule en seraitcompromise.
Pour
leRoi, votre épée.shane, la tirant.
Appelletes soldats.
Au nom
d'unétrangerje ne la rendrai pas.w. GRAY
Au nom
devotre père, alors.SHANE
Vileimposture!
w. gray, luiprésentantl'ordreécrit.
Vous
nem'en
croyez pas?Lisez.SHANE
Sa signature!
Ah
! Dieu!Il remet son épée à
W.
Gray, qui la passe àMac
Gennis.o'donnell Qu'avais-je dit ?
kildare, à demi-voix.
mr
^ Guet-apens!maguire, de
même.
Trahison!
47
48 connor
o'nial w.gray,gracieuxet souriant.Le
manoir
paterneln'estpointune
prison, Noble Shane. Acceptez lalégère contrainteDe
resterquelquesjours libre dans son enceinte.Le
LordComte
àsonfilsen fera leshonneurs.Qu'on
emmène
Norbert...Deux
archers Vemmènent.— Aux
Irlandais.Quant
à vous, Messeigneurs, Jenedirai qu'un mot.La
royaleclémencePardonnera
sansdouteune
heure dedémence
; Mais letemps
estpassé des rêvesfactieux.Le
roi quenous
tenons de labontédes cieuxA
ses droits souverains exige qu'on défère.Allezl
o'donnell
Oui,nous savons cequinous resteàfaire.
Les Irlandais-sortent
par
la gauche;W.
Gray,Mac
Gennisetles archerspar
la droite. Shanereste ac- cablésans paraître s'apercevoir de ce qui sepasse.Richard est demeuréimpassible de l'autre côté
du
théâtre.
— Un
silence.SCÈNE
XIISHANE, RICHARD
RICHARD
Shane, entre ses
deux
filsleComte
aprononcé.SHANE
Tu
n'as plus riende l'homme, ettoncœur
est glacé.Barbare!
ACTE DEUXIÈME 49
RICHARDJe levois,
ma
présence vousblesse.Jeseraigénéreux,
mon
frère:jevouslaisse.//s'éloigne lentement.
ACTE TROISIEME
Même
décor que dans leprécédent.SCÈNE PREMIÈRE
SHANE, (VMEAGHLIN
o'meaghlin L'orage seracourt, ilsera ledernier;
N'en doutezpas, seigneur.
SHANE
Prisonnier!prisonnier Sousle toitde
mon
père!o'meaghlin Hélas!
SHANE
ma
patrie!En
te voyantaux
fers, gémissante, meurtrie,Dévoré du
besoinde lutter,de souffrir,A
toutes les douleursjebrûlais dem'oflrir.Tomber,
le glaiveen main,surun champ
decarnage,Te donner
toutmon
sangdèsla fleurdemon
âge,ACTE TROISIEME
51 Mourir!...Ah
! cedestin n'eût paseu derigueurs.J'aurais
aimé
l'exil et sesmornes
langueurs.De
la nuitdes cachots, de l'horreur des supplicesPour
leCieletpourtoij'auraisfaitmes
délices.
Je nerefusaisrien;mais fallait-ilprévoir
Qu'un
père contremoi
dûtarmer
son pouvoir?Mon
Dieu!o'meaghlin
Dès
cemoment
croyezqu'il leregrette.L'Anglaisa pousséloin savictoire indiscrète;
Il a trop exigé.
SHAXE
Que
n'a-t-il obtenu?o'meaghlin
Mais votre père enfinvous estassezconnu.
Pluslecourroux est
prompt
dans sonâme
surprise, Plus ceteffort soudain lafatigue et labrise.Lefeubrille et s'éteint; la fièvred'un
moment Tombe
et laisseaprèselleun
longabattement.Si bientôt...
SHAXE
L'as-tuvu, dis-moi, depuis
une
heure? o'meaghlinNon, Milord. l'Anglais seul auprès deluidemeure.
J'ai voulum'introduire; on ne l'apas permis.
shane
Il n'accueille, il n'entend que
mes
seuls ennemis.Tout
me
nuitdans Lungar, hélas!ou m'abandonne.
o'meaghlin Seigneur, le croyez-vous?
SHANE
CherO'Meaghlin, pardonne.
52
connor
o'nialTrop injustepourtoi, tropcoupable envers Dieu, J'oubliais qu'un
ami me
reste danscelieu.Maisje
veux
qu'ilme
serve autantqu'ilme
console.o'meaghlin
Comment?
SHANE
Mon
père t'aime; ilsouffre taparole.Fais
un
nouveleffort et vois-le.o'meaghlin
Jesuis prêt, Monseigneur; mais il fautque, dansvotreintérêt, Je
m'impose
laloideménager
encoreEt Richard quejeplains etl'Anglaisquej'abhorre.
SHANE
Je ne
demande
rienquilespuissealarmer.Sache quelest
mon
crime et pourquoim'enfermer.J'ai des accusateurs; nepuis-je lesentendre?
A me
justifiernesaurais-je prétendre?Aurais-je
donc
perdu, sous letoitpaternel,Un
droitquel'on accordeauplus vil criminel?...Mais
non
: qu'àses bontés taprière s'adresse;Plutôt que la justice invoquelatendresse.
Pour un
filsmalheureux
qu'abriséson courroux, Implorela faveur d'embrasserses genoux.Je ne
murmure
point des coups dontilm'accable;Mais
comment me
résoudreà luisembler coupable ? Qn'ildaignem'écouter. Va.o'meaghlin J'ycours.
Ilva
pour
sortir.SHANE
Oh!
merci!ACTE TROISIÈME 53
o'meaghlinMais que vois-je?
Lui-même.
SHANE
Est-il vrai?
Entre Connor.
SCÈNE
IISHANE, O'MEAGHLIN, CONNOR CONNOR
Vous
ici,O'Meaghlin!
o'meaghlin
Votre
cœur m'en
sait gré, je l'espère, Monseigneur!CONNOR
Ilsuffit. Laissez-nous seuls.
O'Meaghlinsort. Connor s'assied àdroite.Shanereste deboutetdécouvert.
— Un
silence.SCÈNE
IIICONNOR, SHANE
SHANE
Mon
père,Un
rêvesi flatteurne m'étaitpoint permis.J'avaisà vos
genoux
souhaité d'être admis;Et c'estvous...
CONNOR
J'aime à voir que,justepour