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L’aspect psychologique de la mort

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L’aspect psychologique de la mort

Vous avez découvert à travers des extraits de Philippe Ariès les notions de mort apprivoisée et de mort interdite.

Pour rappel :

La mort apprivoisée, c’est la mort qui nous est familière. Depuis l’aube des temps jusqu’au 18e /19e siècle, l’Homme vit avec la mort (guerres, épidémies, maladies, …). Il sait qu’il va mourir un jour et, même si cela ne le réjouit pas, il accepte cette condition. Le mourant prend ses dispositions quand il sent que la mort approche : il connait les gestes, les rites, les derniers actes à accomplir.

Tout le monde vient le voir pour un dernier adieu : les amis, la famille, les enfants et quiconque passe devant sa maison. Ses derniers jours sont telle une cérémonie publique et tout se fait simplement.

A partir des 18-19e siècles, les choses changent, entre autre à cause de la médecine : La mortalité diminue. La vie des gens a plus de valeur. La vie familiale et la société changent aussi. La mort n’est plus vue « comme la vieille amie ». Elle prive les gens du bonheur d’être ensemble. Au 20e siècle, surtout après les deux grandes guerres, les valeurs mises en avant par la société sont la jeunesse, la beauté, la santé et la richesse. La mort n’a plus sa place. Elle est devenue intolérable. Elle est considérée comme un échec ! Il y a à la fois un déni mais aussi un tabou : on ne peut plus en parler. Comme on en parle plus, on ne connait plus les rituels, les gestes qui accompagnent le mourant et la communauté. Le mourant se retrouve seul. Le veuf/veuve doit faire son deuil en silence. Les autres ne trouvent pas les mots, gestes pour le/la soulager. D’où les conséquences psychologiques. C’est ce que Ph. Ariès appelle la mort interdite.

Dans « La mort intime », cet aspect-là est présent.

Vous allez penser qu’il exagère : en effet, les choses ont changé depuis 10-15 ans. Le thème de la mort a fait son retour dans les médias avec les questions liées essentiellement à la fin de vie et donc l’euthanasie.

1) la mort, l’enfant et l’adulte

Le thème de la mort devrait être abordé dans les familles depuis le plus jeune âge. Parfois, en effet, face au poisson rouge flottant dans le bocal ou la mouche morte gisant à terre, les parents vont aborder le sujet. Parfois ceux-ci, fuyant le sujet, iront vite acheter un nouveau poisson rouge pour remplacer le mort

« en stoumelings ». Ni vu ni connu, on n’aborde pas le sujet. Et puis, un décès important arrive et on ne sait plus quoi inventer (le mort est parti en voyage, il dort, …) avec le risque de graves conséquences psychologiques.

Il y a deux raisons pour lesquelles les parents ont difficile d’aborder le sujet avec l’enfant qui est intéressé par tout !

Voir syllabus p.138

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1) D’abord, mettre un enfant au monde, c’est lui donner la vie et non la mort, lui donner de la vie et non de la mort. Dans leur inconscient, les parents refusent de mélanger la vie et la mort, de même qu’au plus profond d’eux-mêmes, ils se sentent confusément coupables d’avoir appelé à la mort en appelant la vie. D’où en grande partie la motivation inconsciente du refus de certains adultes d’avoir des enfants.

2) Ensuite, reconnaître le fait de la mort devant l’enfant, c’est renoncer à un pouvoir parental de sécurisation, de toute-puissance et de protection. Quand la dimension de la mort intervient entre l’enfant et ses parents, chacun y perd quelque chose, qui est de l’ordre de l’illusion pour l’un et du pouvoir pour l’autre. L’enfant perd l’illusion qu’avec ses parents il est nécessairement à l’abri du mal, de la séparation et de la mort ; les parents perdent quant à eux le pouvoir de laisser croire qu’ils échappent à la mort et qu’ils peuvent en protéger leur enfant.

Ainsi, l’adulte a difficile à aborder le sujet. Actuellement, il existe plein de petites livres pour enfants pour aider à aborder la question. Tu as peut-être dans ta bibliothèque « Bonjour madame la mort » qui est un classique. Il y en a d’autres.

Dans le cours, j’ai mis beaucoup de témoignages d’enfants. Ils sont écrits en italique. A la page 141, il y a 10 témoignages : ce serait bien de les numéroter car je vais y faire référence plus loin.

 Le cas n°8 illustre bien les problèmes psychologiques liés au non-dit.

 Le cas n°9 : la mana est interloquée car elle ne s’attendait pas à cette question. Elle est surprise car il ne s’est rien passé. Les enfants sont très observateurs et curieux de savoir.

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 A la page 139, il y a un tableau qui explique le niveau de compréhension d’un enfant du concept de la mort. Ce sont de grands axes. Les âges ne sont pas figés. Tout dépendra du vécu et de la maturité de l’enfant.

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Alors, je ne vais pas tout commenter mais il y a des choses sur lesquelles je vais insister.

A 0-2 ans : l’enfant ne comprend pas ce que c’est la mort. Il est très marqué par les séparations et les changements dans ses habitudes. Il ressent la peine de la famille mais ne la comprend pas. Un enfant c’est une éponge sensorielle. Il ressent tout.

A 2-5 ans : un jour on est mort, le lendemain on est vivant : comme dans les dessins animés ou les jeux vidéo ! On ne meurt pas pour toujours. Et donc l’enfant ne comprend pas (cas n° 1) mais est intéressé par la question (cas n° 6, 7, 9 et 10)

Il est encore anxieux face aux séparations et aux changements. Par exemple le cas n°5.

Comme il ne comprend pas, il est normal qu’il se comporte comme d’habitude.

Un enfant de 4 ans qui court dans une église ne rigolant lors d’un enterrement : cela choquera des gens mais c’est une réaction normale (un jour mort, le lendemain vivant).

Vu qu’il est sensible à la détresse, il peut avoir un comportement de régression, càd qu’il va redemander sa tutte, va refaire pipi au lit, …,

Quelque chose de très important ! La pensée magique. Tout part de lui et donc il a l’impression qu’il a du pouvoir sur les choses et les évènements et qu’il peut les causer. Imaginons, un conflit entre u petit et sa mère : celle-ci lui refuse quelque chose. L’enfant frustré et en colère lui dit : « méchante maman, je voudrais que tu meures ». Par malchance, celle-ci peu après se fait écraser par une voiture et meure. L’enfant croira que c’est lui qui a provoqué les évènements.

A 5-9 ans : pour continuer sur la pensée magique, l’enfant va penser qu’il est responsable de cette mort. D’où graves conséquences psychologiques ! Il faut donc être très attentif à des enfants qui ont vécu un décès dans ces tranches d’âge (4-9 ans).

C’est aussi le moment où l’on va donner « un corps » à la mort. L’enfant va essayer de se la représenter (un monstre, ..)

Maintenant, le « jamais plus » est envisagé. L’enfant est entre deux stades selon sa maturité.

A 9-12 ans : il comprend la mort comme un adulte : on n’y échappe pas, elle est universelle et on ne revient pas. VU cette compréhension, il en a peur (personne ne veut mourir). Il s’intéresse beaucoup aux causes de la mort (comme cela je peux y échapper ?).

Le cas n°4 exprime bien le problème (lié à la mort interdite) d’aborder le thème de la mort avec les autres. On n’ose pas en parler pour ne pas faire souffrir l’endeuillé mais c’est parfois pire.

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L’adolescent est lui aussi parfois face à la mort. A la page 140, tu vas lire cet article et tu retrouveras des éléments dont on a déjà parlé avec la mort interdite.

Le dernier paragraphe est important car il explique pourquoi il faut en parler aussi en classe (d’où le cas n°4).

 Voilà pourquoi il est important de parler de la mort à l’enfant en utilisant les bons termes selon son niveau de compréhension (et ne pas échanger le poisson mort avec un nouveau) et d’être attentif à son éventuel sentiment de culpabilité.

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