PRÉVENTION DU HARCÈLEMENT EN MILIEU SCOLAIRE
Françoise PENENT – CTS Eliane CHRISTIN – IEN 1°
Eric COULEAU – CT EVS
2021/2022
Programme pHARe 1
Définition
Violence répétée (verbale, physique, sexuelle, psychologique) perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre, en position de faiblesse, l’agresseur agissant dans l’intention de nuire à sa victime.
Le plus souvent :
- violence physique : → coups
→ dégradation matériel scolaire, vêtements → jeux dangereux sous contrainte
- violence morale :
→ moqueries sur l’apparence physique ou le comportement → rumeurs pour fragiliser et transformer en bouc émissaire
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Importance
Ce n’est pas un phénomène mineur : de nombreuses études internationales évaluent à 10 % le nombre d’élèves harcelés
Il touche de nombreux pays
EU, Canada, Angleterre, Australie, Pologne, Norvège, Finlande, Israël en ont déjà fait une priorité de leur politique éducative
En France, les premières assises nationales sur le harcèlement à l’école datent de mai 2011
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Dynamique
Question d’affiliation au groupe, à travers l’apparence et la soumission aux codes.
Fondé sur le rejet de la différence et sa stigmatisation
- apparence physique : poids, taille, couleur ou type de cheveux….
- identité de genre : garçon jugé trop efféminé….
- handicap (surtout psychique ou mental)
- appartenance à une minorité sociale ou culturelle
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Caractéristiques
Harceleurs et harcelés même vulnérabilité : difficultés relationnelles et mauvaise estime de soi
- le harceleur s’impose par la force en utilisant la moquerie - le harcelé se résigne en silence
Origine dans les personnalités respectives mais maintien grâce au soutien des pairs
- la victime est privée d’empathie
Favorisé par le défaut de vigilance des adultes : absence de regard sur les mécanismes de fonctionnement du groupe
- mauvaise ambiance au sein des adultes de la communauté éducative
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Les conséquences psychiques et sociales
Harcelé
- court terme : isolement, perte d’estime de soi, culpabilité, indisponibilité psychique pour faire face aux apprentissages
- moyen terme : troubles anxio-dépressifs, absentéisme, troubles du comportement alimentaire, refus scolaire, risque suicidaire
- long terme : trauma psychique, risque de phobie sociale, transmission à la génération suivante
Harceleur
- court terme : verrouillage de l’empathie, renforcement du narcissisme - moyen terme : conduites psychopathiques et asociales
- long terme : risque marginalisation, risque dépression avec conduites addictives, risque de transmission générationnelle
Spectateurs
- sentiment lâcheté, oubli par refoulement ou rationalisation (je ne pouvais rien faire d’autre)
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Identifier les signes d’alerte
Tout changement brutal d’attitude, de comportement ou de résultats scolaires, tout élève ayant tendance à s’isoler, à chercher sans cesse la présence d’un adulte, les retards systématiques et l’absentéisme
Enfants
- les parents voient les premiers signes : troubles du sommeil, irritabilité, agitation, colère, somatisation anxieuse
Adolescents
- stratégies d’évitement : retard systématique, allégation d’oubli de matériel, isolement, absences - puis tentative de défense : attitudes agressives et désorganisées
- puis signes d’anxiété et chute des résultats scolaires
- puis signes dépressifs avec risque de passage à l’acte suicidaire et déscolarisation Discussion en équipe pour croiser les regards avant de recevoir les parents
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Le collège
Contexte national en collège: enquête nationale de climat scolaire et de victimation 2017 collège
● 5,6 % des élèves sont en situation de multivictimation.
● 1 élève sur 3 en situation de multivictimation ne qualifie pas son cas de harcèlement.
● À l’inverse, 44 % des collégiens qui se considèrent comme harcelés ne subissent pas de multivictimation.
● 18 % des collégiens déclarent avoir subi au moins une atteinte via les réseaux sociaux ou par téléphone portable (usurpation d’identité, vidéos humiliantes ou diffusion de rumeurs).
● 11 % déclarent avoir été insultés ou humiliés via ces nouvelles technologies.
● Pour 7 % des collégiens, le nombre d’atteintes déclarées peut s’apparenter à du cyberharcèlement. Il est davantage subi par les filles (8 % contre 6 % pour les garçons).
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Proportion d’élèves ayant connu une cyberviolence selon le sexe, le type d’établissement et le niveau de formation (%) - Enquête collège 2017
Violences par Internet ou par téléphone (SMS...) collégiens
Filles Garçons REP+ HORS REP+
6° 3°
Insultes ou humiliations
Rumeurs, usurpation d’identité ou diffusion de films humiliants
A connu au moins une de ces violences ci- dessus
A connu au moins trois atteintes différentes
11 18 25 7
13 18 26 8
10 17 24 6
13 21 30 9
11 18 25 7
10 16 23 6
11
19
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Le lycée
Contexte national en lycée: enquête nationale de climat scolaire et de victimation 2015 et 2018 lycée
● Les élèves de lycées professionnels sont plus nombreux à déclarer un nombre répété de violences pouvant s’apparenter à du harcèlement. Ces élèves sont deux fois plus nombreux à connaître une victimation allant de modérée à forte (8 % contre 4 % pour les autres LEGT).
● Un niveau de violence plus faible au lycée qu’au collège
Les 4 atteintes les plus citées sont les vols de fourniture scolaire (35,8%), la mise à l’écart (35,2%), les surnoms désagréables (27%), les moqueries de la bonne conduite en classe (22,4%) et les insultes (21,7%)
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Combattre les idées reçues
Harcèlement mot trop fort pour de simples moqueries
● Humiliations qui laisseront des traces sur l’estime de soi – gravité fonction de la durée A toujours exister, pourquoi s’en préoccuper ?
● Roman autobiographique « Le petit chose » d’Alphonse Daudet.
● Les études des années 70 ont montré les troubles anxio-dépressifs et le risque de déscolarisation.
● Les réseaux sociaux multiplient le risque.
Histoires d’enfants dont il ne faut pas se mêler
● Aggravation du sentiment d’abandon.
Les harcelés ne sont pas toujours innocents et provoquent souvent
● Simple volonté de se défendre, ne se préoccupent pas de se faire prendre (à l’inverse des harceleurs).
● Souvent attitude de défense des adultes qui craignent de gérer des situations complexes.
Combattre les idées reçues
On ne peut rien contre l’effet de groupe
● Un groupe d’enfants a tendance à s’auto-organiser en éliminant les plus grandes différences (« Sa majesté des mouches » de William Golding).
● Apprendre à vivre ensemble est un des objectifs de l’Education nationale.
Il suffit de punir sévèrement les harceleurs ou de les exclure
● Cela ne suffit pas : il s’agit d’une dynamique de groupe mettant en jeu les protagonistes mais aussi les spectateurs et qui se produit dans un contexte bien particulier notamment lorsque le climat scolaire est dégradé ou en raison d’un déficit de surveillance dans certains lieux (toilettes, vestiaires, cour de récréation, bus, sorties).
● La prise en charge ne peut se satisfaire d’un règlement individuel. Elle doit concerner l’ensemble de la communauté éducative, y compris les personnes prenant en charge les élèves en dehors des cours.
Pas le problème de l’école mais celui des parents
● Adoption de comportements différents sous la pression des pairs que ceux de la maison souvent source d’incompréhension.
● Nécessité que les adultes qui ont la responsabilité éducative d’un enfant (parents et équipe éducative) se fassent davantage confiance.
● Importance d’une expérience de socialisation positive clé d’une sociabilité épanouie.
Agir pour prévenir
6 conditions
•Nécessité d’un bon climat scolaire : il n’est pas pensable de demander aux jeunes de bien s’entendre si les adultes n’en sont pas capables. La cohésion de l’équipe est un facteur protecteur.
•Mise en place de règles claires :
– ne pas agresser les autres élèves, venir en aide aux élèves agressés, faire participer les élèves isolés,
– sanctionner après analyse circonstanciée et action de sensibilisation de la classe visant à augmenter l’empathie chez les agresseurs et les témoins.
•Participation et implication des parents par le biais des comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté.
•Existence de lieux de paroles, heures de vie de classe, conseils de classe, commission éducative.
•Mise en place de pratiques collaboratives régulières entre enfants et travail sur l’empathie.
•Inscription dans la durée : vivre ensemble s’apprend.
Présentation des bonnes pratiques
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Traiter le harcèlement
Règles simples
•S’interposer en tant qu’adultes: devoir d’ingérence.
•Repérer les enfants isolés.
•Savoir écouter : ne pas mettre systématiquement en doute les propos entendus.
•Distinguer les petites plaintes de la souffrance réelle.
•Croiser les regards.
•Contacter les parents.
•Leur déconseiller de régler eux-mêmes le problème.
•Se doter d’un dispositif de prévention : sensibiliser le plus tôt possible, former les élèves à la médiation (ambassadeurs prévention harcèlement).
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Ce qui est fait
● Adoption de la loi pour une école de la confiance en juillet 2019 dont l’article 5 consacre le droit à une scolarité sans harcèlement.
● Développement d’un réseau de 335 référents dans les territoires.
● Formation de 10000 élèves ambassadeurs harcèlement (NAH).
● Installation du 3020 numéro vert gratuit contre le harcèlement.
● Installation du 3018 pour les jeunes victimes de violence numérique.
● Plateforme téléphonique nationale « Stop Harcèlement » qui propose une saisie informatique sécurisée à destination des référents académiques.
● Concours et journée NAH.
● Travail de prévention de l’équipe mobile de sécurité (EMS).
● Installation d’un référent prévention du harcèlement dans chaque établissement (réseau des assistants sociaux).
Présentation des bonnes pratiques
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Et depuis le 1 décembre 2021, adoption de la proposition de loi du député Erwan Balanant en première lecture par l’Assemblée nationale
Création d’un nouveau délit de harcèlement scolaire
- concernera les élèves comme les adultes travaillant dans les établissements scolaires et universitaires publics et privés
- peines allant de 3 ans d’emprisonnement et 45000 euros d’amende, lorsque les faits auront causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours, à 10 ans d’emprisonnement et 150000 euros d’amende lorsqu’ils auront conduit la victime à se suicider ou tenter de se suicider.
Présentation des bonnes pratiques
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