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LES PARADOXES AMÉRICAINS

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LES PARADOXES AMÉRICAINS

Gérard-François Dumont

To cite this version:

Gérard-François Dumont. LES PARADOXES AMÉRICAINS. Le Moci, 2001, pp.72-73.

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Les

paradoxes

am6ricains

La couverture

journalistique

des Etats-Unis

dans les m6dias

frangais

donne parfois

l'impression

d'une accumulation

de clich6s.

[ann6e 2000 n'a malheureusement

pas failli d la rdgle avec

I'id6e souvent

reprise

selon laquelle

les deux principaux

candidats

d la pr6sidence

des

Etats-Unis avaient le m6me programme.

{

I I suffisait d'dcouter I'un des ddbats tdldvisuels Bush-Gore pour constater leurs nombreuses diffdrences en politique fiscale, en politique sociale, en politique dducative, en politique familiale, en politique 6trangd-re ou, dans ce que nous appellerions en France, la politique intdrieure. Au regard de cette demidre question, leurs deux concep-tions s'opposaient, conformdment h I'an-cien clivage amdricain qui a conduit d la guerre de Sdcession, ddsignde par les nor-distes (ou Unionistes) comme << la guerre civile > et par les Sudistes (ou Confdddrds) comme < la guerre entre les Etats ,. D'un cdtd, Al Gore reprdsentait clairement une conception unioniste, avec le souhait de renforcer le pouvoir fdddral, c'est-i-dire, selon la comprdhension amdricaine, le pou-voir central. En revanche, Georges Walker Bush s'est toujours exprimd dans la logique des Confdddrds, considdrant que le poids de Washington, qui distribue 200 milliards de dollars entre les Etats et les collectivit6s ter-ritoriales, est trop important. Lardalitd am6-ricaine est un tissu de paradoxes dont quelques-uns mdritent d'6tre soulignds : entre le libre et I'interdit ; entre les avancdes technologiques et des retards considdrables ; entre urbanisation et refus de la ville.

Le librc et I'interdit

Les Etats-Unis

sont le pays de la tibertd.

Pour qui en douterait, il suffit de regarder d I'entrde d'une petite commune de quelques milliers d'habitants le grand panneau prd-sentant la varidtd d'6glises qui cohabitent. Plus loin, on rencontre souvent des ddifices religieux d proximitd les uns des autres, voire aux quatre coins d'un carrefour sans que cela se traduise par des conflits reli-gieux. Ce respect de la libertd religieuse, garanti par la Constitution, n'a gudre d'dquivalent au monde. C'est ainsi que les Amish, venus de Suisse et qui refusent les LE Moct . N'1480 . a r6vRten zoot

Gnn lno-FRANeors DUMONT Rectear, profess eur d l' univ ersili

Paris-Sorbonne

apports de la civilisation moderne, circulent avec leurs carrioles du XVIIe sidcle, coha-bitant avec les fameux et dnormes trucks (camions semi-remorques), cofllme avec les motos Harley-Davidson. Cette marqge de motos utilise d'ailleurs le thEme de la liber-td dans de grandgs affiches publicitaires avec le slogan : live free and drive (vivez libre et roulez). Libertd religieuse, libertd de geffe de vie, libertd associative, libertd politique, les Etats-Unis peuvent apparaitre comme un hymne d la libert6. Tout cela peut aussi 6tre considdrd comme une expression d'une indiffdrence envers le comportement d'autrui, aussi longtemps qu'il ne conteste pas l'ordre social dtabli.

Les

Etats-Unis

peuvent

apparaitre

comme

un hymne

a la libert6,

avec leurs

contradictions

et leurs interdits.

Ndanmoins, en m6me temps, ta' tiUene ddbouche sur des connadictions et des inter-dits. Ainsi le respect d0 aux minoritds conduit d caractdriser des personnes qui ne souhaite-raient pas l'6tre, comme les Africains-Amdricains, les Asiatiques, les Hispaniques (les << of color ")... et les homosexuels. En outre, les interdits ne manquent pas,

comme la fameuse speed limit (limite de vitesse), souvent i 50 miles (82 km/h) mdme sur de larges routes en pleine cam-pagne, ddnudes de circulation. D'autres interdits, issus du puritanisme, sont trds prd-gnants, mOme s'ils n'apparaissent qu'indi-rectement. Ainsi, la crainte de I'agressivitd sexuelle interdit d un professeur des Universitds d'offrir un cafd d I'une de ses dtudiantes (ot I'un des dtudiants... car la crainte du harcblement homosexuel est dga-lement forte). Une grande prudence s'impo-se dgalement dans les conversations, car certains propos anodins en Europe sont considdrds comme de I'agressivitd sexuelle aux Etats-Unis.

Avancdes et rcfclrds @rnolqiqtes

Comme la libertd mais dans un tout autre domaine, la technologie am6ricaine appa-rait paradoxale. D'une part, il est incontes-table que les Etats-Unis disposent d'une avanc6e technologique considdrable. Les nouvelles technologies de I'information sont largement pr6sentes, notamment dans des bibliothbques avec des dizaines d'ordi-nateurs i disposition 24 heures sur 24... De m6me, les systdmes amdricains de management ont fait leur preuve et la renta-bilitd des entreprises amdricaines n'est plus i ddmontrer.

Mais, dans le m€me temps, le FranEais est souvent surpris par de nombreuses r6alisa-tions en retard sur les technologies utilisdes en Europe. La plus visible et peut-€tre la plus grave pour une bonne 6cologie de la planbte concerne le faible recours i des pro-cddds dconomiseurs d'dnergie. ks automo-biles amdricaines consomment environ deux fois plus d'essence que les frangaises. Les trains de voyageurs font souvent songer i la p6riode bien antdrieure au TGV comme le Boston-New York-Philadelphia-Express tractd par deux dnormes diesel de 100 tonnes chacun. Les maisons - mOme celles des milliardaires de Newport - sont

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des gouffres dnergdtiques, car leirrs normes d'isolation sont trbs faibles, voire inexis-tantes. Beaucoup d'usines n'ont pas encore recours i des procddds anti-polluants trds efficaces. Nombre d'automobiles sont dqui-pdes d'amortisseurs i lames faisant songer aux vdhicules europdens des anndes 1950 tout en bdndficiant d'un maximum de gad-gets dlectroniques.

Tout cela donne I'impression que si les Etats-Unis recourraient aux mdthodes utili-s6es en Europe pour les transports et la construction, leur consommation d'dnergie pourrait 6tre divisde par deux ou plus sans aucune baisse de qualitd de vie. Les Etats Unis en ont-ils conscience ? On peut se demander si l'dconomie d'dnergie est sou-hait6e, non seulement par les producteurs d'dnergie mais surtout par les consomma-teurs et, d'ailleurs, cela correspond-il d la culture amdricaine actuelle ? Cette dernid-re ne privildgie-t-elle pas, dans un vaste pays oir tout est grand, voire d6mesur6, la grosse voiture dont le moteur relativement bruyant mais toujours puissant correspond moins d une logique d'efficience au coOt rdduit qu'h un souci d'affirmation de soi ou h une certaine fiert6 de son propridtaire. Pour beaucoup d'Amdricains moyens, rou-ler en voiture europdenne (et donc dcolo-gique) dquivaut )r Otre un << lunatic >. Quant h la construction immobilidre, elle est considdrde comme temporaire, notamment en raison du taux de mobilitd des Amdricains, et ne semble pas en consd-quence justifier le recours ir des matdriaux ou )r des proc6d6s accentuant I'isolation et en m6me temps une pdrennitd qui, pour le moment, n'est gubre demandde.

Dans cette m6me optique paradoxale se trouve ces millions de kilomdtres de fils dlectriques ou t6ldphoniques non enterrds, ir quelques mbtres du sol et d peine au-dessus des immenses trurckJ, donnant une impres-sion de provisoire, et qui font songer i la France des anndes 1950. En m6me temps, on comprend les effets ddvastateurs des intempdries pdriodiques, compte tenu des agencements mddiocres de ces rdseaux d'alimentation.

Villes et

tradition anti-urbaine

Personne ne conteste que les Etats-Unis ont connu une consid6rable urbanisation, sym-bolisde par ce que Jean Gottmann a ddnom-m6 en 196l la Mdgalopolis qui s'dtend, sur 750 kilombtres, de Boston d Washington en

In seule agglomdration de New York compte 25 millions d'habitants, elle est ln deuxiime au monde apris TbkYo.

passant par New York, Philadelphie, et Baltimore. La seule agglomdration de New York, avec 25 millions d'habitants, est la deuxidme du monde aprds Tokyo. Outre les grandes villes de la Mdgalopolis, d'autres polarisent le territoire amdricain soit, dans I'ordre ddmographique, Los Angeles, Chicago, San Francisco, Miami, Dallas, Detroit, San Diego, ou Houston pour ne citer que les agglorndrations comptant'plus de trois millions d'habitants. Les statis-tiques amdricdines indiquent un taux d'ur-banisation de75 Vo.

On pourrait en conclure que les Amdricains aiment la ville, d'autant qu'ils semblent avoir inventd la ville verticale avec ces centres-villes peupl6s de gratte-ciel. Mais ces gratte-ciel sont des immeubles de bureau, non d'habitation, d'autant que les Etats-Unis sont restds d I'dcart de I'urbanis-me des tours et des barres promu par la Charte d'Athbnes de Le Corbusier.

Si les Etats-Unis

utilisaient

les

leur consommation

d'6nergie

pourrait

6tre

divis6e

par deux.'

Les Etats-Unis, bien qu'urbanisds, sont en r6alit6, conformdment aux dcrits de 1805 de l'homme politique et architecte Thomas Jefferson, un pays de tradition agraire et anti-urbaine. Ceci est attestd par leur

m6thodes

europ6ennel

conception de la ville et par diff6rents choix politiques, et s'est manifestd avec I'dlection de Bush, minoritaire en voix dans les grandes villes, mais majoritaire dans le monde rural et les villes moyennes, de New York d Los Angeles. La ville amd-ricaine est de plus en plus dtal6e, le dessin en dchiquier lui enlevant toute borne et per-mettant h la ville de s'dtendre d l'infini. Elle est donc une ville horizontale, avec ces dizaines de kilomdtres d'espaces commer-ciaux qui bordent les principaux axes rou-tiers partant des centres-villes des grandes agglomdrations et ces centaines de milliers de rdsidences qui dtirent la ville sur des dizaines de kilomdtres.

Au total, les Etats-Unis sont urbanisds mais peu denses, y compris dans les agglomdra-tions et les communes-centre, lorsqu'on les compare aux autres grandes villes mon-diales. Cette crainte d'un poids excessif des villes les plus importantes est mise en dvi-dence par le contexte Politique.

Eviter que la capitale Politique

des Etats soit la mflme

que la caPitale 6conomique

En effet, contrairement aux habitudes euro-pdennes et surtout franEaises, les Etats-Unis ont pris soin d'6viter que la capitale poli-tique des Etats soit la mOme que la capitale dconomique. Le monde entier a pu s'en rendre compte d I'automne 2000 en ddcou-vrant que la capitale de la Floride'n'dtait ni Miami, ni Tampa, mais Tallahassee. Il en est de mOme dans la plupart des Etats. La Pennsylvanie, dont Philadelphie est la principale ville dconomique, a pour capita-le politique Harrisburg ; la capitacapita-le de I'Etat de New York est Albany ; celle de l'Ohio n'est pas Cincinnati, mais Columbus ; celle de la Californie n'est ni Los Angeles, ni San Francisco, ni San Diego, mais Sacramento ; celle de I'Illinois n'est pas Chicago, mais Springfield...

Aux yeux d'un Europden, ces paradoxes amdricains montrent que les Etats-Unis, qui sont d l'origine des enfants de la culture europdenne, ddveloppent uR€ leur propre identitd, sans doute difficile d comprendre au travers du prisme culturel du Vieux Continent.

Il est pourtant indispensable de le faire si I'on veut dviter de se contenter de clichds et pouvoir dialoguer et commercer intelligem-ment avec le pays qui demeurera, sans doute encore pendant longtemps, la premid-re puissance du monde. I o v o

-,

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