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Analyse géo~sociologique des attitudes face au remembrement :

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Analyse géo~sociologique des attitudes face au remembrement : L' exemple de St. Herblon ( L.-A. )

N. Croix .J. Renard

27

"Dans l 'espace agraire méticuleusement or ganisé

en vue de buts précis et hiérarchis~s , le remembremen t apparait en un premier temps , comme une ré volution psy chologique bien plutôt que tech nique " •

P. Rambaud - Société Rurale et Urbanisation - 1969 - p. 201

(2)

INTRODUCTION

a) Une nouvelle fois 1des géographes Nantais (1) se sont penchés sur le problème du remembrement . Il est vrai que ce thème reste particulièrement riche et complexe dans notre région. C'est un terrain d'études idéal pour des étudiants qui veulent,après quelques années de cours théoriques , se plonger

dans le milieu rural , en comprendre toutes les imbr ications , sen - tir vraiment les problèmes humains. Aussi lorsque la D.D.A. et M. GUELLEC proposèrent l'analyse de SAINT-HERBLON où les travaux de remembrement démarraient -non sans problèmes -, avons -nous accepté d'étudier à nouveau les répercussions que ceu x- ci en - trainaient dans la commune, et "d'être à l 'écoute " des agri cul - teurs directement concernés . Dès le départ , lors d 'une réunion de la sous -commission en février 1975, notre proposition a été exposée clairement: celle d'observateurs "scientifiques " char - gés d 'analyser les paysages, de souligner les complexités des structures agraires, et en fin de compte d'aider si possible

l'e nsemble de la communauté à voir plus cl airement les problèmes . Il n'était pas question de prendre parti, d 'êt re des "agents"

de l 'administration , du géomètre , de soutenir tel ou tel groupe , mais de dire ce que des géographes venus de l'extérieur , voyaient ,

comprenaient.

b) Pour cela , pendant près de 6 mois et presque tous les jeudis , l'équipe de Géographes est venue pass er la journée à Saint -Herblon, voir des exploitants agricoles, parler avec eux . Nous tenons à les remercier vivement pour l 'accueil qu ' ils nous ont réservé, la patience dont ils ont fait preuve devant la naiveté de certains , la maladresse d'autres. A part quelques

(1) C'est à dire les étudiants du Cl de Géographie Rurale (Mlles et MM. BACHELIER, BOURGET, BOURMAUD, CHESNEAU, COLLINEAU, GIRARD, GUIBERTEAU, HARTH, D'HOSTEL, LOCORNO, LODAY, RINEAU, SUREAU) sous la direction des enseignants CROIX et RENARD durant l'année universitaire 1974-1975.

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exceptions, bien rares, et quelle que soit leur position face au remembrement, ils ont toujours accepté de nous donner quelques

instants (et parfois bien plus !) d'attention.

Dans un premier temps, nous avons étudié à partir des cadastres de 1817, 1913, 1974, la propriété foncière. Mais notre objectif principal était double: constituer une série de

fiches -questionnaires (1) concernant les 115 exploitants de la commune (recensement de la Chambre d'Agriculture de 1974) ,

dresser des cartes de parcellaires d'exploitation , de maillage des haies . Nous aurons l'occasion de le redire , ce travail était

trop lourd dans le temps imparti , et nous sommes conscients de l'aspect parfo is trop rapide de notre analyse, de l 'aspect un peu partiel de notre étude. Mais répétons -le : nous ne voulions pas (et nous ne pouvions pas) dicter des conclusions exhaustives, des solutions préremptoires , mais simplement fournir une réflexion supplémentaire~ à propos d'un évènement important: le remembre - ment à Saint -Herblon .

I. SITUATION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES EN 1975

Nous n'avons pu voir, malgré le travail de 5 équipes, les 115 exploitations retenues en 1974 par la Chambre d'Agricul - ture. D'une part, il faut souligne r la difficulté pour :es étudiants de se déplacer (manque de véhicules) : certains travaillent et ne pouvaient al ler à St Herblon plus d 'une fois par semaine. Par manque d'habitude , au début les interviews d 'exploitants ont été

longues (1 seule par matinée parfois !) • La commune située à l 'est d'Ancenis est vaste (3 600 ha) et la population agricole vit dans des villages plus ou mains éloignés, des écarts isolés , ce qui mult ipl ient les démarches. Si celle -ci alourdissent le

travail, elles ont permis cependant de conna1tre la campagne de St Herblon et d'y re trouver les paysages et le charme des communes riveraines de la Loire : buttes aux beaux panoramas , val lons étroits rejoignant le fleuve , la rges marais en partie

inondés l'hiver, éléments de plateaux schisteux aux pentes adou - cie et aux sols plus ou mains profonds.

(1) Cf. Exemplaire ci-joint.

(4)

D'autre part, il est toujours délicat d'aller déran- ger des exploitants, parfois au milieu de travaux contraignants

(ensilage) et notre rythme de travail s 'est calqué au maximum sur les disponibilités des gens interrogés . Malgré cela 1 19 exploi- tants n'ont pu être contactés . Mais nous n'avons pas pourtant 96 fiches complètes ! En effet,certains n'ont pas voulu répondre

(refus ou absences répétées 7), d 'autres étaient déjà à la retrai - te (2). Quelques-uns ont pu être connus indirectement par les

voisins , les parents (11) . Il y a enfin les cas particuliers : 2 associations qui ne correspondent à aucune exploitation réelle avec sol, 1 exploitant âgé qui loue ses terres à son gendre d'une commune voisine et n'habite plus sur St Herblon , 5 prennent leur retraite à la Toussaint 1975, et voient les problèmes du monde rural avec une certaine indifférence . Finalement , nous pourrons compter sur 80 réponses à pattir desquelles nous avons élaboré l 'essentiel de ce rapport.

1. Tai.ile e:t ~~on d~ explo,U:a;ûo~ :

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FIG. 1

Sur cette carte , les très petites et très grandes exploitations apparaissent peu nombreuses : 8 ont mains de 10 ha , 8 plus de 50 (dont 1 de 78 ha et 1 de 104 ha !) . Les tranches

10-20 , 20-30 et surtout 30-50 ha sont les mieu x représentées : respectivement elles forment 25 % (28) , 25 % (29) et 35 % (40) du total . La moyenne exploitation (de 25 à 35 ha) l ' emporte donc largement , ce qui est fréquent dans not re région.

Les exploitants se répartissent suivant un semis ré - gulier sur

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territoire communal. Il faut noter que les villages tendent à se vider de leurs habitants,et que peu à peu,la ferme seule, d'une trentaine d'hectares ou plus , devient le cas général : à la Copaire au Nord du bourg , il restera en 1976 1 exploitant,

alors qu 'en 1970 ils étaient 4, et en 1967 7 ! Allons -nous vers une standardisation des exploitations? A St Herblon , une diver -

sité subsiste encore , en particulier dans 4 secteurs : concentra - tion d'exploitations plus petites à l 'Est (Carcouet , Boissay) , au sud (Fressigaudière , Méron , Binaudière ) et vers le nord

(5)

F,g t. LES EXPLOITATIONS A

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Salmonnière). Au contraire,à l'extrême ouest , les grandes exploi- tations bien espacées dominent.

2.

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FIG. 2

Au premier abord, un trait dominant , le Érmage l'em - porte . Dans le détail, des nuances aux conséquences importantes apparaissent. Le fermage intégral est surtout bien représenté dans le tiers -ouest de la commune : fermes importantes apparte - nant depuis longtemps à un grand propriétaire. Dans les villages au contraire, le fermage intégral est plus rare , le nombre de propriétaires pour chaque exploitant augmente . A l 'Est , au Nord, au Sud, les cercles se noircissent,montrant la part grandissan - te de la propriété. Peu nombreux sont les exploitants , proprié - taires en totalité ; cette situation est même exceptionnelle si la superficie de l'exploitation dépasse 30 ha (2 cas) . Cette si- tuation agit sans a11cun doute sur les réactions et les mentalités des gens. Le fermier de 50 ans , montrant encore beaucoup de res - pect pour son propriétaire , dirigeant d'une manière traditionnelle une quarantaine d1hectares, se rapproche finalement beaucoup du propriétaire moyen (25 ha) qui a depuis plusieurs années échangé des terres, rassemblé ses parcelles , les a aménagées. Par con - tre, le fermier qui possède quelques biens souvent éparpilJés, dépend de plusieurs propriétaires , trouvera plus de compréhension auprès du jeune exploitant dynamique qui n'a pas de problèmes

fonciers ,mais qui est en cutte aux multiples problèmes techni- ques, et à l'endettement

1entraînés par des systèmes de produc - tion modernes. Mais il y a aussi des exceptions et des cas par - ticuliers ! L'âge de l'exploitant n'est pas toujours un facteur d'explication dans ses réactions,et il ne nous a pas paru utile d 'introduire une carte qui tend surtout à montrer l'importance des plus de 45 ans, (4 exploitants ont moins de 30 ans, 22 de

30 à 45 ans, 65 de 45 à 60 ans et 19 pus de 60 ans !)

(7)

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Si l 'on se contente d'analyser les renseignements fournis par la Chambre d'Agriculture , une gra nde monotonie se dégage de cette lecture. L'orientation principale et dominante reste l'élevage pour une production mixte (lait et viande sur - tout) . En allant visiter l 'exploitation , parler avec l'exploi- tant,bien des particularités et des différences apparaissent . Dès l'extérieur déjà 1 l 'aspect des bâtiments varie: étables

plus ou mains grandes, pùs ou moins équipées , soulignant l ' impor - tance

de la production de lait, présence ou absence d'installa - tions de stabulations libres (rares encore à St Herblon: 3 ou 4, elles devraient augmenter d'après les projets exposés par certains exploitants) . La taille plus ou moins grande du trou - peau , les races élevées,sont aussi des facteurs de différencia - tion; 30 à 50 bovins forment le troupeau moyen , la race Maine - Anjou domine et souligne le type de production mixte qui est le plus souvent choisi . Certains préfèrent éleve r des gén isses , d'autres engraissent des charolais; que lques uns multiplient

des méthodes semi -industrielles , batteries de veaux (2) , éleva - ge de taurillon s (1) . Il n'est pas rare de voir , à côté des bo - vins , une spéculation d 'élevage secondaire,et cela aussi contri - bue à dive rsi fier les systèm es de production : élevage de porcs , de moutons , de poulets,voire de lapins. Là encore 1 nous avons vu des porcheries (180 truies) ou des bergeries (550 brebis) moder - nes à côté d'él evages plus modestes : une vingtaine de moutons soignés par une retraitéeveuve , 2 ou 3 coches élevées dans un coin de la fe rme. Et il y a toujours les cas part iculier s : l 'é- levage de chevaux de course , de poneys etc •.• Que ce soit pour la viande ou le lait , la coopérative toute proche de la CANA à Ancenis n 'a pas la prépondérance à laquelle on pourrait s'atten - dre : certes pour ce rtains éle vages spécialisés (porcs , tauril - lons) ou pour la vente des bovins , quelques exploita nts sont affiliés et ont des resp onsabilités , mais au nord -est de la com- mune , nombreux sont ceux qui préfèrent vendre à des marc hands de

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bestiaux de passage sans contrats contraignants. Dans le domaine des cultures, l'importance des cultures fourragères , plantes

sarclées, les prairies et les prés soulignent cette prépondéran - ce (varié e nous l 'avons vu) de l 'élevage. Là encore pourtant 1 des nuances : absence ou présence de cultures de céréales, du maïs

(assez rare) , pratique récente ou déjà ancienne de l 'ensilage de l 'herbe parfois du mais . A l 'est , tro i s exploitants abandonnant l 'élevage se sont lancés dans les vergers en liaison avec une coopérative de Carquefou . Ils ont aménagé leur exploitation en fonction de cette nouvelle activité et ont creusé un étang pour arroser. Et partout la vigne : quelques ares souvent , quelques hectares parfois , et pour 2 ou 3 une activité principale avec une vingtaine d'hectares . Comme partout chacun a son tracte ur

(encore que quelques -uns préfèrent faire tout à la main , et van - tent les mérites du cheval). Pour le matériel plus perfectionné , plus spécialisé , là encore les situations varient: appel le plus souvent à des entreprises privées , association ou entente entre voisins d'un même quartier (nord -est de la commune) , maté - riel personnel ou ut i lisation d'une CUMA (rare).

En conclusion , vue de Nantes et à partir de statis - tiques communales , l ' image moyenne de l 'exploitant de St Herblon est assez simple : un fermier, de 50 ans , qui s 'oriente surtout vers l'élev ag e pou r la production de viande , un peu de lait , et qui possède quelques arpents de vignes. Sur le terrain , si ces traits moyens se retrou vent , bien des éléments viennent les affiner , les préciser , les rendre plus complexes ••. Ce n'est pas seulement des différences dans les modes de faire valoir , les systèmes de production , le matériel ut i lisé mais aussi des condi - tions de vie et de travail , plus ou moins bonnes , des relations

plus ou moins étendues , un dynamisme plus ou moins poussé, un es - prit d'entreprise , d'ouverture , l 'espoir dans l 'avenir (présent ou non). Quels points communs y a t -il entre ce célibataire vi - vant près de son père dans une maison ancienne au sol en terre battue , sur une petite exploitation traditionnelle aux parcelles dispersées, et ce couple dynamique , aux responsabilités nombreu -

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ses (syndicales et professionnelles) travaillant dans un GAEC pour l'élevage des porcs (5 associés) et qui ont fondé avec leur frère une bergerie toute neuve? Quelle solidarité peut exister entre le riche fermier traditionnel au logis rénové dans une ancienne maison de maître , dont les enfants reprendront la fer - me,et ce couple qui voit approcher la retraite sans personne

pour diriger l'exploitation trop petite pour être viable , et aux bâtiments vétustes? Comment s'étonner alors , devant la variété des situations, des tempéraments , que lorsqu 'un problème impor -

tant a surgi , l'unanimité ne se soit pas faite ! Face au remem - brement , les explo i tants de St Herblon se sont révélés indiffé - rents ou passionnés , tranchants ou hésitants , divers.

II. ATTITUDES FACE AU REMEMBREMENT

Là encore , l 'enquête directe nous a mont r é une atti - tude souvent nuancée de la part des exploitants , bien loin d 'un schéma simpliste, manichéen : les favorables , les opposants ,

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En 1960, le Consei l Municipal avait retenu l ' idée du remembrement (dél i bération du 5 juin) . Mais les délais de réalisation effective étaient tels que beaucoup d'habitants

avaient abandonné cette possibilité, Certains qui ava ient déjà aménagé leur exp loitation , amélioraient leur ins tallation en échangeant telle ou telle parcelle , en redressant à l'amiable tel le limite tortueuse , en canalisant le cours de ruisseaux

anarchiques. D'autres installaient les poin t s d 'eau nécessaires , acc roissaient peu à peu leur propriété , pou r rend re viable

l 'exploitation .

Or, au printemps 1974 , COFIROUTE signe un traité de concession "s'engageant à réaliser la sectio n H. ANGERS-NANTES avant le 1er Janvier 1978 , ,, ", il s 'agit d 'une portion de l 'au - toroute All dite l'Océane, dont le tracé,après études et concer -

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tation,est fixé, pour ce qui concerne St Herblon , au nord du bourg . Cette autoroute ne concer ne guère les ruraux des ca mpa- gnes traversées , elle servira bien plus aux citadins en mal de plaisir balnéaire (1) . Et pourtant 1toutes les communes touchées par cette voie vont être bouleversées et vont se poser des ques - tions. Devant les problèmes d'expropriation amenés par cette

construction , étant donné que les frais qui concernent les tra- vaux de part et d'autre de l 'autoroute sont couverts par COFIROU- TE, ne serait -il pas bon de se lancer dans une opération de remem - brement touchant toute la commune? Certaines communes disent

non, se limitant aux secteurs traversés par l 'autoroute ;les Con- seils Municipau x de Varades et St Herblon disent oui au remembre - ment total . Une association de défense de l 'autoroute All dont le but est de représenter les intéressés face à Cofiroute se cons - titue,regroupant représentants des agriculteurs , des municipali - tés et des propriétaires . Les techniciens de la Chambre d'Agricul - ture font le coloriage despropriétés et des exploitations avec -~;aide des agriculteurs.

Aussitôt une opposition virulente apparaît : la dé - cision du Conseil Municipal est contestée, les positions du syn - dicat local de la FDSEA critiquées . Deux formes d'action se met- tent en place : d 'une part , le syndicat F.F.A. se crée en recru- tant les personnes hostiles au remembrement , et d 'autre part une association de défense contre le remembrement est mise en

place pour St Herblon et Varades, sous la direction de M. MERCEREAU propriétaire à St Herblon , et Mlle SECHER1ancien maire de Varades .

2. Action de l'oppo~ilion

Cette association,sous l 'action dynamique d 'un petit groupe, va mùltiplier les démarches : déclarations dans les jour - naux locaux , réunions d'information , constitution de dossiers où

(1) R~flexion désabusée recueillie chez des exploitants.

(12)

sont rassemblés les éléments que l'assoc i ation considère être des échecs du remembrement dans d 'autres communes de la Loire Atlan- tique et de Vendée. Les visites auprès des personnalités ne sont pas négligées : sous -préfe cture , direction départementale de l 'agriculture, autres notables influents mais à l 'identité tenue secrète! Les commissions et sous -commissions sont pourtant mises en place , les premiers travaux du géomètre effectués' . Chaque quar-

tier rural envoie un délégué , et dans les sous -commissions les opposants sont représentés . La tension monte , les rumeurs les plus folles circulent , excitant les esprits , et forçant les par - tisans du remembrement à durcir leur pos i tion . Des incidents

éclatent et l 'on lit dans la presse locale: "ambiance houleuse à St Herblon oü un "comité de protection des intérêts agrico les"

remet en question le principe des opérations " (Ouest -France 28- 02- 75).

C'est dans ce climat que commence notre enquête .

3, S,i.,.tu_ation en ]1..UYt 1975

Au fur et à mesure que les opérations du remembre - ment se déroulaient (de manière ralentie à cause de l 'autoroute oü les démarches sont très longues) , en multipliant les entre - tiens entre administrations et exploitants , la situation est de- venue plus calme. Pour notre part , le fait d'aller voir chaque exploitant nous a permis de comprendre des positions moins tran - chées qu 'elles n'apparaissaient lors de débats publics , de recueil - lir des arguments mieux étayés , exposés calmement dans le cadre

de vie et de travail.

La FIGURE 3 montre la position d 'une ce ntaine

d'exploitants . Nous avons essayé de respecter l.'esprit des ré - ponses qui n' étaient pas toujours très nettes . Soulignons que

souvent 1nous avons trouvé des exploitants mal informés , hésitants , impressionnés par l'attitude de tel ou tel voisin, l 'assurance

de tel autre. Il nous est très vite apparu également que de

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vieilles rancunes personnelles , ou au cont raire des liens de parenté, d'amitié servaient de toile de fond aux positions ac - tuelles sur le remembrement. St Herblon divisé en deux camps?

Oui peut-être , mais avec une multitude de positions . Entre des extrêmes très tranchés POUR et CONTRE un remembrement total et en excluant ceux qui se désintéressent de la question (8) , il y a ceux qui veulent un remembrement , mais pour le voisin ou pour ceux qui se trouvent sur le passage de l 'autoroute , ceux qui dé - sirent des exclus pour les exploitations bien groupées , pour les vignes. Remarquons que les favorables au remembrement l 'emportent

sur notre carte (55 sur 97),mais que leur attitude est rarement brutale. Ce sont souvent eux qui insistent sur les cas importants d 'exclusions; quant à la répartition des réponses , il est dif -

ficile au début de définir des secteurs . Dans un même quartier rural, il est arrivé que deux voisins qui ont des conditions d'exploitation comparables soient d'avis contraire ! Un tel

s'opposera au remembrement, défendant les haies, et on s 'apercevra qu'il les a lui -même arrachées sur des ki lomètres dans ses pro - pres parcelles : mais il compte sur celle du voisin! Solidarité envers la communauté ou égoïsme , mesures écologiques et de défen - se de la ''nature " ou intensification de la production , tous les arguments ont été avancés parfois dans les deux "camps ", Auto - tal , nous pourrons peut être mettre en évidence des majorités

plus favorables au remembrement au nord, à l'est et au sud de la commune. Quelles sont les motivations de ces attitudes parfois si nuancées?

III. LA RECHERCHE DES MOTIVATIONS PROFONDES.

La rapide analyse des diverses attitudes des agricul - teurs face au projet de remembrement dû

f

l ' intervention d'un fait extérieur et imprévisible -la construction de l 'autoroute Allet son passage sur la commune - a montré la variété des com- portements des agriculteurs .

(15)

41

Il est très délicat, voire même impossible , de re - chercher les causes réelles, déterminantes, de ces conduites dont la rationalité échappe, par leur nature même, à l'enquêteur venu interroger les intéressés. C'est que des blocages d'ordre psycho -sociologiques , associés à des situations particulières

dans la perception locale des hi érarchies sociales ou à des ran - cunes ou rancoeurs anciennes , viennent interférer avec des fac - teurs apparemment plus logiques ou plus rationnels pour l 'obser - vateur qui se veut "objectif " (structures des exploitations , mo- des de faire valoir , besoins de regroupement de parcelles épar - pillées, etc .) •

On s 'explique ainsi la formation de groupes antago - nistes vis à vis de la nécessité et du type de réaménagement fon - cier. Progressivement,les positions se radicalisent et font ap - paraître des malentendus entre l'administration et le géomètre , peu au fait au départ de la géo -sociologie de la commune, et certaines fractions de la population . C'est ce que A. Barthes

(1) signale à propos d'une autre communauté villageoise et que nous reprenons volontiers à propos de St Herblon : "l ' idée et

la prat ique du remembrement s'insèrent dans le village en emprun - tant le réseau de relationsexistant entre les groupes , cheminant ainsi à travers les divergences communales , elles perdent parfois de leur signification première . Il en résulte un échange d' infor - mations biaisées, ou même incohérentes , entre les aménageurs et la population locale" .

Ainsi partisans du remodelage foncier et défenseurs intégristes des paysages agraires , échangent -ils des arguments de nature différente, économiques pour les uns, psycho - sociolo - giques pour les autres, qui masquent en réalité des conceptions de la vie, des situations acquises , des hiérarchies sociales

reconnues, toutes choses que le terme vague de "menta lités dif - férente~ recouvre.

(1) A. Barthes : la décision dans le village : l'exemple du remembrement . Economie Rurale , N°106, Mars-Avril 1975, pp. 23-31.

(16)

Aussi est -il nécessaire , ce que l 'administration re - conna1t volontiers et ce que des géomètres de plus en plus nom- breux acceptent , d'agir avec prudence. Il faut prendre en compte des éléments peu quantifiables . A St Herblon, le géomètre nous est apparu très au fait 1et il connaissait parfaitement le terrain et les gens. Cependant notre trop brève observation de St Herblon nous a permis de mesurer l 'écart qui séparait le langage du tech - nicien de celui de l 'agriculteur , écart qui explique beaucoup

d 'incompréhension; elle nous a aussi permis de dégager quelques éléments dont le rôle apparaît plus déterminant que d'autres.

1. Le poid6 du pM~é

Dans nos campagnes bocagères,très peu de choses ont changé jusqu 'à une date récente quant à la répartition des types d'habitat agricole et aux grandes lignes de st ructures foncières depuis la lente mise en place des métairies à l 'époque Moderne

(XVème au XVIIIème siècle) par les classes possédantes . Les ava - tars des patrimoines ont pu être nombreux , des métairies ont pu changer de mains , des régisseu r s ont pu prendre la place de vieil -

les familles , mais la structure double opposant les métairies

des domaines aux borderies de villages est la réalité fondan enta - le qui demeure pratiquement inchangée depuis plus de deux siècles.

Une telle permanence a fortifié les structures et ankylosé les mentalités.

Nous ne revenons pas sur la description de cette

juxtaposition de deux types d'habitat , d 'exploitation, de struc - ture de •Ja propriété , d'outil agricole ;nous l 'avons faite par ailleurs et à une autre échelle (1) . A St Herblon 1cette opposition entre les villages et les fermes isolées est encore ressentie

et les notions de borderie et de métairie sont reconnues. Mais il n'y a pas dans la commune une opposition géographique bien mar - quée entre des quartiers de village et des secteurs de grandes

(1) J. RENARD. Les évolutions contemporaines de la vie rurale dans la région nantaise. Thèse de Doctorat d'Etat . 1975, 448 p. , Ed. Le Cercle d'Or.

Les Sables d'Olonne,

(17)

43

propriétés bien groupées. Les structures foncières présentent une disposition imbriquée en mosaïque. C'est ce que la figure 4, construite d 'après l 'examen des matrices et plans du premier ca - dastre, schématise. On voit clairement que Mme Cornulier , le plus grand propriétaire de la commune (471 ha) ,poss ède une dizaine de fermes qui ne constituent pas un seul bloc,mais qui sont géogra - phiquement dispersées. Cependant chaque métairie regroupe ses

parcelles , vastes et géométriques, autour des bâtiments. Les parcel - laires menus et émiettés des villages où la propriété est extraor- dinairement morcelée et les exploitations faites de minuscules

parcelles dispersées se localisent à l 'est de la commune, au nord (la Salmonnière , la Copaire) et au sud -ouest, entre les marais de Méron et l'actuelle départementale 19.

Depuis , peu de choses ont changé quant à cette dispo - sition. Au long du XIXème siècle ,on peut voir le poids de la gran - de propriété s 'a ppesantir , trait original à la région nantaise et preuve du rôle fondamental de la propriété foncière dans les va -

leurs sociales reconnues. En 1913, 7 propriétaires ont chacun plus de 100 hectares et ils possèdent près de 40 % du territoire communal. On assiste à un regroupement des domaines autour du château ou d'une maison bourgeoise , notamment à l'ouest (famille Brossaud de Juigné) , et au nord et au sud du bourg (familles

Bianchi et De Semale) . Un sensible effritement des grands domaines dO aux partages entre héritiers et à quelques ventes s 'est fait jusqu'à aujourd'hui . Quatre propriétaires seulement ont désormais plus de 100 hectares et ils possèdent environ 20 % des terres.

Les noms ont quelquefois changé , encore qu'à l 'ouest de la commu- ne subsiste un important domaine de près de 400 hectares autour du château de Juigné , mais surtout la réalité de la métairie

s'est conservée. La transformation la plus sensible réside dans l 'appropriation par les fermiers en place de quelques unes de ces grandes fermes aux parcelles groupées .

Ainsi, l'existence de structures foncières contrastées et juxtaposées introduit -elle à St Herblon un clivage fondamental pour expliquer les différentes attitudes face au remembrement . Nul besoin de longs développements pour comprendre que face à une

(18)

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45

restructuration foncière globale, les besoins des uns et des autres seront différents et les réactions très opposées. La plu- part des propriétaires des anciennes métairies ne ressentent

pas la nécessité du remembrement; il en va de même chez leurs fermiers, même si un certain nombre de ces derniers comprennent qu'autour des villages, la survie de nombreuses unités agricoles dépend du remembrement et qu'ils en acceptent le principe par solidarité.

2. Le 1tôle et

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Depuis une vingtaine d'années,les structures fonciè - res de St Herblon ne sont plus immuables. Alors qu'elles furent figées pendant près de deux siècles, peut être plus même, la diminution accélérée de la population agricole, la motorisation, l'introduction de la technique à tous les niveaux de la produc- tion modifient radicalement les rapports entre l'homme et la ter - re.

Un tel phénomène n'est pas particulier à St Herblon, il est général. On peut saisir l'ampleur des évolutions par l'ob- servation de l'éclaircissement inégal du maillage bocager. Les transformations agricoles du paysage ne faisant que traduire les effets de la modernisation des structures.

Or, en ce domaine, les initiatives à St Herblon, ont été très différentes selon les individus. Certains ont provoqué et réussi des échanges amiables, d'autres pratiquent systématique- ment des échanges de droits de culture sans en référer toujours

aux propriétaires, d'oü leurs craintes vis à vis d'une restruc- turation juridique ne prenant pas en compte cette réalité. De nouvelles images du parcellaire des exploitations sont apparues que traduit l'arrachage de kilomètres de haies, Pour ces agricul- teurs le remembrement est déjà fait, nul besoin d'une interven - tion de l'administration qui risque de défai re ce qu'une généra - tion a péniblement réussi à faire. De plus, on ne veut pas payer pour les autres et on accepte le remembrement chez le voisin

mais pas chez soi.

(20)

Tous ces réaménagements effectués depuis vingt ans font que les idées d'un si mple remembrement partiel , pour les autres ou pour quelques quartiers , sont partagées par beaucoup . Elles traduisent à notre avis l ' éclatement de l 'unité de

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com- munauté agricole l 'harmonie et la solidarité des premiers temps de la modernisation de l 'agriculture , pronées par les pionniers du développement, sont aujourd 'hui dépassées . A St Herbl on sont apparus de nouveaux clivages économiques et sociaux qui se sont surimposés à l 'opposition traditionnelle des gens des fer mes et des bordiers des villages . Là encore l 'observation de St Herblon pourrait se retrouver en beaucoup d'au tres communes.

Nous manquions de comparaisons avec la situation anté - rieure pour mesurer l 'importance du réaménagement agraire. Il faudrait pouvoir connaître parcelle par parcelle l'histoire mou- vementée de chaque exploitation et la reconst i tuer par une sér ie d' instantanés , Nous sommes certains que beaucou p de choses se - raient alors mises en lumière qui éclaire raient le géomètre sur les raisons réelles des oppositions à une éventuelle restructu - ration .

Les missions aériennes de l 'Institut Géographique National (I .G.N.) de 1958 et de 1971 permettent dependant de restituer l 'état du maillage bocager à deux moments privilégiés, c'est à dire d 'une part au début de la pério de d 'éclairciese ment du bocage et à la veille de la décision du remembrement d 'autre part .

Nous avons choisi 3 secteurs de la commune dont les évolutions ont été inégales. Au sud du bourg, sur le s glacis en pente douce vers la Loire (fermes de la Rochepallière - Rond Buisson) le paysage est presque totalement découvert (figu re 5) . En 1958 , ce secteur de gross es métairies présentait un aspect

de bocage géométrique et aéré . On comprend aisément que les

propriétaires refusent le remembrement, Les terres sont remarqua - blement groupées , On comprend moins bien qu 'ils défendent l ' inté - grité du bocage au nom d'arguments écologiques , ils ont pratiqué avec leurs fermiers un débocagement individuel très poussé qui offre aux vents d 'ouest un couloir privilégié.

(21)

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(22)

A l'ouest de la commune, et à l 'est des marais de la Grée dont le paysage a tou jours été découvert , dans le quar - tier des villages, depuis la Haie au nord, jusqu 'au delà de la Fressigaudière au sud, le débocagement a été mené de façon très anarchique . Le maillage bocager était t~ès dense en 1958 , (figure 6) chacun paraît avoir arraché quelques dizaines de mètres de haies sans plan d'ensemble, de nombreux chemins ont perdu leur fonction et sont envahis par la végétation . La dispersion des parcelles des exploitations, le grand nombre des propriétaires,

ont été des obstacles insurmontables et l'état du bocage en 1971 traduit cette incohérence. Ici , on voit mal une amélioration sub - stantielle se faire dans les prochaines années sans l 'interven - tion du remembrement .

L'évolution du paysage agraire au nord du château du Fort (fig. 7) est plus complexe. Dès 1956 on note l 'opposi - tion entre des finages villageois au maillage bocager dense et menu , (la Salmonière et la Copaire) , des parcellaires de métai - ries (Bois Pasteur, Beauvais) en voie d 'éclaircissement par arrachage individuel; tandis que la présence d'un vas - te espace déclos à l'est du village et la Copaire correspond

en fait à un clos de vigne d 'appellation (La Challoire) . En 1971 le débocagement a été considérable . Au nord -est de la Copaire les haies ont toutes disparu, tout ce secteur ayant été englobé dans l'opération de restructuration amiable de la commune voisine de la Rouxière. Au sud-est, les fermiers des métairies isolées ont pratiqué de très inportants arrachages . Au nord (Beauvais) un bocage à larges mailles s 'est constitué . Seules les parties

sud des finages des villages de la Salmonnière et de la Copaire ont encore un "vrai" bocage . Il s 'agit d'un terroir de prairie permanentes où de multiples pr opriétés coexistent et en fait ce bocage n'est plus guère fonctionnel tant l 'entretien des haies laisse à désirer, les parcelles enclavées sont laissées en friches.

Ainsi 1 à l'oppositbn traditionnelle entre les borderies des villages et les fermes isolées qui permettait d 'expliquer

(23)

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(25)

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les nécessités plus ou moins ressenties d'un remembrement,s'ajou -

tent les effets des évolutions récentes très inégales selon les quartiers et les individus. C'est le poids cumulé des héri tage s du passé et des mutations récentes qui explique la diversité des attitudes face au remembrement. L'examen de quelques structures d 'exploitation que nous tirons de la carte du parcellaire des exploitations de la commune illustre cetle diversité.

3. Lu 6;(Jw,e,:Cultu du e.xpto,i;ta;üon-6.

Nous l 'avons déjà souligné , l 'ouverture du bocage, très inégale selon les lieux, ne fait que traduire l 'effort

d'adaptation des agriculteurs au niveau du foncier pour se consti- tuer des outils aux dimensions des techniques modernes .

En schématisant nous avons observé trois types de structures d'exp loitation.

Les anciennes métairies des domaines, généralement aux mains de non-exploitants et en fermage aujourd 'hui, ont des structures figées. Le groupement des parcelles est fait depuis des siècles, la taille de ces dernières est souvent adaptée au

tracteur . Iln'y a nul besoin de restructurer ces bons outils

(fig . 8) . Leur nombre a peu varié depuis le début du XIXème siè - cle. Si , à la fin du siècle dernier elles ont été quelquefois

dédoublées dans la phase d'intensification-travail liée à la sur - charge démographique, on assisterait aujourd'hui à leur regrou - pement . Les exploitants faisant confiance à l'herbe et aux métho- des traditionnelles conservent les haies pour abriter le bétail, les exploitants plus audacieux et tournés vers la culture ont souvent arraché les buissons (ex. à la Rochepalli ère, fig . 5).

A l'opposé, des exploitations de village ont conservé un émiettement parcellaire considérable (fig . 9). Il leur faut arrondir leurs lopins en propriété de nombreuses petites locations.

souvent sans bail et ,à la dispersion préjudiciable des parcelles , s'ajoute l 'insécurité. Ce sont eux qui ont le plus besoin du

(26)

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Exploita tions voisines du vil lage de la Copaire

F,g 10 - Un exemple de restructuration inachevé e

Clos de vigne de la Chaloi re

(28)

remembrement. Or,un certain nombre le refusent obstinément au nom des principes qu'ils défenden t mais dont ils sont les preraers à souffrir. Il y a là un illogisme que les facteurs psycho-socio - logiques sont seuls à expliquer.

Enfin, d 'autres bordiers de village ont réussi , par une politique obstinée ou par la conjoncture, à se constituer

une exploitation de plus en plus vaste et de mieux en mieux grou- pée. Un bon exemple nous est fourni par le cas de Mme A. à la Copaire (fig. 10). Au printemps 1975,les exploitants du village ne sont plls que deux (7 en 1967). A la Tous saint 1975 , Mr Ail.

abandonnera son exploitation, Tout naturellement Mme A. va se retrouver à la tête d 'une cinquantaine d 'hectares et seule exploi - tante au village, Elle souhaite le remembrement qui lui permettra de constituer un outil viable qui aura les dimensions et la

structure d 'une ferme isolée d 'un domaine.

Dans le village voisin de la Salmonnière, lui aussi situé à proximité de la future autoro ute dans la zone d'emprise , l 'évolution a été plus lente, Quatre exploitants se partagent

les terres et l'un d 'entre eux est hostile à toute restructura - tion .

On aurait pu penser que l 'a ttitude des exploitants face au remembrement serait en conformité avec les structures

de leur exploitation. Il en va différemment 1et ce fait n'est pas sans expliquer les malentendus avec les aménageurs . Chacun à sa logique qui n'est pas nécessairement celle des autres. Il est vrai que d 'autres facteurs interviennent, plus ou moins avoués , pour expliquer les attitudes.

4. LeA aut!teA 6ade.uM deA a.:tû;tudeA 6ac.e. au .1t.e.me.mb.1t.e.ment.

Ici , 1 'enquête auprès des exploitants n'a pas pe rmi s d 'élucider les tenants et aboutissants des attitudes observées . Nous sommes restés à des impressions . Il aurait été nécessaire d'interroger d'autres personnes dont le pouvoir dans la commune ou le rôle sur les exploitants ne sont pas négligeables (équipe

(29)

55

municipale, propriétaires fonciers, notables traditionnels et influents, notaires et agents d'affaires, etc •• • ).

L'existence de terroirs différents , notamment de quartiers de pré -marais et des prairies de fauche des fonds de vallons , a constitué un élément perturbateur face au p~ocessus de réaménagement. Dans le type traditionnel d 'élevage pour la viande à base de la race Maine -Anjou, il fallait s 'assurer des prairies alors que les terres séchantes des versants et des pla - teaux présentaient un intérêt moindre. L' actuel renversement des valeurs quant à cet aspect lié à l 'intensification et à la cul - ture de l 'herbe pèse donc d~fférernment selon le degré d 'ouvertu - re des exploitants aux techniques nouvelles.

Un autre aspect de blocage a été révé lé par la des - tination des aires d'appellations contrôlées Muscadet simple sur les coteaux bien exposés auprès du bourg et en quelques clos pri- vilégiés (la Challoire). Les bruits les plus contradictoires ont couru sur ce que la commission entendait faire des vignes . Dans

l 'esprit de nombreux agriculteurs el les devaient être remembrées comme le reste alors qu ' il n'en était r ien. Or, le lopin de vi - gne est souvent le seu l bien en propriété de beaucoup de fermiers . Toucher à leurs que lques rangs àe vigne c'était en faire des

adversaires de tou t remembrement . A cet égard, l'information fut semble -t -il déformée plus ou moins consciemment.

L'activité da ns le syndicalisme FDSEA accompagnant fréquemment l 'appartenance à des groupements de prêts de matériel, l'ouverture aux techniques nouvelles , le recours à la coopération

(contrats avec la CANA) est un élément impo rtant du cl ivage

entre pro - ou anti-remembrement . C'est ,semble-t -il,à la fois un signe et une conséquence d'un état d'esprit qui fait que l'on est plus réceptif aux avantages économiques provoqués par le remem - brement.

Inversement , les exploitants disposant de bonnes surfaces, aux terres bien groupées , ne faisant guère appel aux services de la coopérative et aux organismes d 'entraide , voient mal :es avantages d'une rest ructuration foncière et insistent

(30)

plutôt sur ses inconvénients et ses dangers. On les retrouve au sein du syndicat FFA qui regroupe des g~n s venus d'h oriz ons d·ifférents : gros propriétaires non exploitants , fermiers "bien assis" , petits propriétaires exploitants des villages qui se retrouvent ensemble pour défendre la propriété et le libéralisme face à une admi~istration jugée trop lointaine et technocratique .

D'autres critères s 'ajoutent à ceux -c i pour nuancer et expliquer les attitudes observées : l 'appartenance à l 'équipe municipale ou l 'espoir d'y parvenir , les relations personnelles

entre propriétaires et locataires (les représentants des famil-

les des "châteaux " pèsent encore lourd dans la géographie commu-

nale) , la présence ou l 'absence d 'un éventuel successeur sur l 'exploitation , la proximité d'un bourg et les espoirs cachés d'une spéculation , l'orientation envisagée du système de produc - tion , la stratégie locale du marché foncier qui fait espérer

à certains des agrandissements aux dépens de voisins âg és et que le remembrement risque de remettre en cause, etc .

Il faudrait pouvoir peser chacun de ces élé ments vis à vis des autres pour comprendre véritablement l'attitude face au type de remembrement souhaité ou refusé .

IV, QUELQUES PROPOSITIONS D'AMENAGEMENT

De nos visites chez les agriculteurs , après la con - fection d 'une carte au 1/5 000 du parcellaire des exploitations

visualisant la complexité des situations observées (carte à exem - plaire unique déposée à la mairie de St Herblon), des rencontres avec les responsables et les notables de la commune, des entre - tiens avec le géomètre, nous retirons la conviction qu 'une res - tructuration fonc ière doit prendre des formes vari ées à St Her - blon et ne pas englober toute la commune.

La figure 11 schématise les propositions que nous ferions si nous av.bns pouvoir de décision . C'est à dire :

1°. Exclusion des zones de vigne à appellation .

2° . Exclusion des secteurs homogènes des grandes propriétés (où le remembrement a été en fait effectué il y a plusieurs siècles).

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