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En souvenir de Christian Simon (18.08.1941 - 03.04.2000)

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En souvenir de Christian Simon (18.08.1941 - 03.04.2000)

CHAIX, Louis

CHAIX, Louis. En souvenir de Christian Simon (18.08.1941 - 03.04.2000). Cahier de

recherches de l'Institut de papyrologie et d'égyptologie de Lille , 2000, no. 21, p. 11-14

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106307

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En souvenir de Christian SIMON (18.08.1941 - 03.04. 2000)

Notre ami Christian est parti beaucoup trop tôt, enlevé par une cruelle maladie hélas si répandue actuellement.

Il nous laisse, sa famille, ses amis, ses col- lègues et particulièrement l'auteur de ces lignes, devant un vide et une absence que seuls les souvenirs parviendront à rendre moins dou- loureux. Cette absence, que personnellement je crois être provisoire, se manifeste aussi bien dans le domaine de l'anthropologie que dans celui de l'amitié.

Christian Simon a suivi un parcours atypique qui a contribué à forger sa personnalité, modes- te, patiente et tenace.

Né en 1941, dès la fin de sa scolarité, il aide son père dans sa petite entreprise de travaux du bâtiment. Après son certificat de fin d'appren- tissage, il en reprend la responsabilité jusqu'en 1973.

Durant cette période, malgé un rude travail physique et grâce à l'aide et à la compréhension de son épouse, il prépare un diplôme de fin d'études secondaires (maturité fédérale) qu'il obtient en 1972.

Il s'inscrit alors à la faculté des sciences de l'Université de Genève où il suit les cours prépa-

rant au diplôme d'archéologie préhistorique.

Son intérêt pour l'ostéologie et plus particulière- ment pour le squelette humain se développe et l'aide paternelle du professeur Marc-Rodoplphe Sauter, alors directeur de l'Institut d'Anthro- pologie, lui permet de se perfectionner dans cette discipline. Il suit également des cours d'os- téologie animale et je me souviens de sa grande curiosité dans ce domaine ainsi que des cadeaux qu'il me fit de divers squelettes, plus ou moins repoussants pour un non-spécialiste.

Christian complète son instruction par une formation approfondie en statistique et analyse des données, domaines qu'il mettra constam- ment en œuvre lors de ses recherches.

Ses études seront couronnées par une thèse consacrée à l'étude anthropologique et à la paléodémographie d'une vaste nécropole du Haut Moyen-Age, à Sézegnin, dans le canton de Genève. Dès lors, son intérêt pour l'étude de la structure des populations anciennes ne va ces- ser de s'amplifier et cet aspect sera développé dans de nombreuses publications. L'influence du Professeur Claude Masset sur cette orienta- tion sera prépondérante.

Parallèlement aux nombreuses études anthropologiques qu'il entreprend sur des

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EN SOUVENIR DE CHRISTIAN SIMON

populations fossiles, du Néolithique à l'époque médiévale, Christian Simon, après plus de 6 ans d'assistanat au Département d'Anthropologie de l'Université de Genève, se voit confier, en 1981, le poste de collaborateur scientifique, ce qui lui assure une certaine stabilité. En 1985, il est nommé chargé de cours, position qui lui permet d'assumer la responsabilité scientifique de nombreuses maîtrises et thèses. En fait, il est le responsable des divers enseignements et tra- vaux pratiques dans le domaine de l'anthropo- logie physique, dispensés par le nouveau Département d'anthropologie et d'écologie dirigé alternativement par les Professeurs Alain Gallay et André Langaney.

Outre ces fonctions, il assure une charge de cours à l'Université de Berne et participe à de nombreux jurys de thèses d'anthropologie phy- sique, essentiellement en France.

Il prend part à diverses fouilles anthropolo- giques en Suisse romande, mais également en France et en Italie. Il y joue fréquemment le rôle d'expert.

Il gère aussi la maintenance et la mise à jour de l'énorme base de données biométriques conservée au Département d'anthropologie, base mise sur pied par notre regretté collègue Roland Menk et qui comporte actuellement plus de 50.000 squelettes provenant de 4.500 sites.

Dès 1978, il participe, en tant qu'anthropo- logue, à la Mission archéologique de l'Université de Genève au Soudan, dirigée par le Professeur Charles Bonnet. Il récolte, au cours de nombreuses campagnes, un important corpus de matériel qui va du squelette aux che- veux et aux ongles, en passant par les copro- lithes et les contenus stomacaux. Tous ces maté- riaux seront distribués aux divers spécialistes internationaux avec lesquels Christian Simon a noué des relations indispensables. Au Soudan

toujours, Christian assure l'étude de squelettes néolithiques et plus tardifs issus des fouilles de la Section française d'archéologie à Khartoum mais aussi des recherches soudanaises dans diverses zones du nord du pays.

Il pratique, sur le terrain, l'étude anthropo- logique des sites égyptiens de Tell el-Herr et Tell el-Makhzan, dans le Nord - Sinaï, fouillés par la mission franco-égyptienne dirigée par le Professeur Dominique Valbelle, de l'Université de Lille Ill.

En 1998, il étend son domaine d'intérêt au Brésil. Dans cet immense pays, il encadre les recherches anthropologiques de Madame Olivia Alexandre de Carvalho consacrées à la nécropole préhistorique de Xingo, vaste ensemble archéologique noyé par le lac de bar- rage établi sur le Rio San Francisco, dans la pro- vince du Nordeste.

Christian Simon est membre de plusieurs sociétés savantes et il est, de 1988 à 1990, prési- dent de la Société suisse d'anthropologie.

Le Prix Bertillon, décerné par la Société d'Anthropologie de Paris, vient, en 1986, récompenser l'ensemble de ses recherches.

Son œuvre scientifique, outre les divers tra- vaux universitaires qu'il a encadré et dirigé, sont illustrés pa:r plus d'une centaine de publi- cations dont les titres ou le contenu sont l'ima- ge de ses principaux axes de recherche.

Les domaines de l'anthropologie physique abordés par Christian sont multiples.

Nous rappelerons brièvement certains d'entre eux.

Au niveau de l'étude anthropologique clas- sique, je me souviens du soin avec lequel mon collègue examinait les squelettes, aussi bien lors de l'examen scopique que lors de la mensura- tion des os. Dans ce domaine, Christian Simon avait développé de nouvelles méthodes comme

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celle qui permet la reconstitution de la taille à l'aide de fémurs incomplets ou diverses autres approches décrites dans un article de 1990 inti- tulé: «Du bon usage de l'anthropométrie».

Toujours dans le domaine de la méthodolo- gie, Christian s'est livré, à la suite de Claude Masset, à la critique des estimateurs d'âge, plus particulièrement celui basé sur les sutures crâ- niennes et leur oblitération.

Ces études sont en effet à la base de toute approche paléodémographique. Cette tentative de reconstruire la structure des populations du passé a toujours été un domaine de prédilection pour Christian. De nombreuses publications en sont la preuve, traitant des aspects généraux de la paléodémographie (1987, 1999) ou de pro- blèmes plus spécifiques comme l'étude diachro- nique des structures de mortalité (1983) et la surmortalité féminine (1986).

La taphonomie des sépultures, méthode qui apporte d'utiles informations sur la position du corps, mais aussi sur les perturbations posté- rieures ayant pu affecter la tombe, tous ces aspects n'étaient pas étrangers à l'anthropo- logue de terrain que fut Christian. L'influence de Henri Duday et de son école bordelaise est incontestable et plusieurs articles sont consa- crés à ce sujet.

Christian Simon a également développé dans son laboratoire l'étude de ce que l'on appelle les « caractères discrets ». Il s'agit essen- tiellement d'éléments morphologiques visibles sur le squelette et qui peuvent être présents ou absents, avec divers degrés de développement.

Ces caractères sont aussi bien observables au niveau du crâne que sur la surface masticatrice des dents ou sur les os longs.

L'origine des caractères discrets est peu clai- re et l'éventualité d'une transmission génétique doit être recherchée. Dans le cas où elle est prouvée, l'anthropologue dispose alors d'un

marqueur familial intéressant, utilisable surtout lors de l'étude des nécropoles. Christian Simon a créé et dirigé un programme, qui, partant de l'étude de cimetières désaffectés de Suisse romande, permet de connaître les liens paren- taux existant entre les défunts et après étude de leurs squelettes, de voir si ces « caractères dis- crets » sont transmis ou non à l'intérieur de la famille. Ces recherches ont fait l'objet de plu- sieurs publications et d'une thèse soutenue récemment par Isabelle Gemmerich, une de ses étudiantes.

Les recherches qu'il a menées sur l'anthro- pologie de nombreux cimetières aussi bien en Suisse qu'en Afrique, l'ont amené aussi à s'inté- resser à des modifications squelettiques d'origi- ne culturelle. Nous citerons ici ses travaux sur les déformations crâniennes, visibles aussi bien au Néolithique qu'à l'époque burgonde ainsi que ses recherches sur l'ablation volontaire des incisives, particulièrement répandue dans le continent africain ou l'étude de stries de décar- nisation observables sur plusieurs squelettes humains dans des contextes divers.

Ces aspects sont synthétisés dans un article écrit avec Michel Billard en 1995.

Pour clore ce paragraphe, nous n'aurons garde d'oublier les travaux entrepris sur les mandibules d'hominidés en collaboration avec Helga Roth ou ceux consacrés à la génétique moléculaire des populations nilotiques avec Svante Paabo.

Cette revue rapide et bien incomplète des travaux menés par Christian Simon témoigne du large éventail de ses intérêts et des diverses ouvertures qu'il a créé pour ses collaborateurs et ses étudiants.

Ces derniers sont actuellement nombreux et la sympathie qu'ils lui portent montrent qu'il avait su les conquérir par sa simplicité, mais aussi par l'intérêt qu'il leur manifestait. La sec-

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tion anthropologique du Département montre un développement réjouissant grâce aux diverses bourses et subsides que ses démarches tenaces ont permis d'obtenir.

Pour toute son équipe, Christiane, Geneviève, Suzanne, Jocelyne et Olivia, l'absen- ce est grande.

Christian fut aussi un ami et le compagnon de plus de 20 campagnes de fouilles au Soudan, compagnon de terrain mais aussi de chambre.

Cette chambre, domaine des ostéologues au sens large, eut fait frémir plus d'un non-initié.

Entre des rayonnages ornés de crânes chevelus et de pieds momifiés et la casserole où macé- raient les vestiges d'une gazelle, trônaient les lits des deux scientifiques, séparés par une table de travail, surchargée d'ossements divers. Cette

table n'était pas un obstacle et nos conversa- tions, d'un lit à l'autre, furent souvent animées et fructueuses.

Que dire aussi de la grosse araignée noire, prise dans la moustiquaire de Christian, petit animal inoffensif qui engendra des courses et des sauts désordonnés, entrecoupés de fous rires inextinguibles !

Nos séjours en Egypte, dans la belle maison de fouille de Tell el-Herr et sur les collines bré- siliennes sont aussi remplis de souvenirs heu- reux d'une vie qui passe trop vite.

A bientôt, Christian, dans le pays où Ezechiel a contemplé la résurrection des morts.

Louis CHAIX

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