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[Compte rendu de :] Wort und Glaube : Bd. 4 Theologie in den Gegensätzen des Lebens / Gerhard Ebeling. - Tübingen : J.C.B.
Mohr, 1995
ASKANI, Hans-Christoph
ASKANI, Hans-Christoph. [Compte rendu de :] Wort und Glaube : Bd. 4 Theologie in den Gegensätzen des Lebens / Gerhard Ebeling. - Tübingen : J.C.B. Mohr, 1995. Positions luthériennes , 1997, vol. 45, no. 4, p. 459-461
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contemporaine ? On peut le formuler dans une question plus concrète : peut- on, et si oui, comment peut-on parler aujourd'hui de « la raison totale » (no- tion importante chez Siegwalt), si on ne peut plus parler de « l'esprit absolu»?
Et si la philosophie a cru devoir renoncer à une pensée « totalisante » (renoncement qui lui a coûté cher), est-ce la vocation de la théologie d'y revenir et de revendiquer une pensée « totalisante » et « englobante » (cf. pp. 44 s., 67 et passim) ? La conviction de l'auteur est que la situation actuelle ne nous laisse pas d'autre choix et que le caractère catastrophique de cette situation est justement dû à une particularisation non seulement de la réalité, mais aussi de la vie spirituelle de l'homme - y compris sa raison.
À ce manque répond la Dogmatique pour la catholicité évangélique elle y répond en montrant et en expliquant l'urgence d'un changement profond de notre pensée.
Hans-Christoph ASKANI
G. EBELING, Theologie in den Gegensatzen des Lebens (Wort und Glaube IV), Tübingen : J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1995, 687 pages. ISBN 3-16-146334-X.
Entre les années 1933 et 1965, R. Bultmann a publié les quatre volumes célèbres de ses essais et articles sous le titre Glauben und Verstehen. La for- mulation Wort und Glaube sous laquelle Ebeling depuis 1960 a fait paraître ses articles de théologie historique et systématique marque - dans sa diffé- rence par rapport au titre de Bultmann - un changement important dans le mouvement de la« théologie herméneutique». L'idée et la notion de« l'évé- nement » du langage y gagnent en signification. Ebeling n'est pas le seul re- présentant de ce tournant qui reconnaît l'importance de la théologie bult- mannienne et qui néanmoins cherche et trouve des chemins nouveaux. De manières différentes y ont contribué des théologiens comme E. Kasemann, E. Fuchs, G. Ebeling, E. Jüngel et d'autres.
Le livre recensé d'Ebeling est le quatrième volume de la « série » Wort und Glaube. Il porte le titre Theologie in den Gegensii.tzen des Lebens (La théologie au milieu des contradictions de la vie). La formule est reprise d'un article qui figure au début du volume et qui a été demandé à Ebeling pour une collection dans laquelle des théologiens contemporains se présentaient eux-mêmes. Le titre est donc significatif non seulement pour ce livre mais pour toute la théologie d'Ebeling. Il caractérise l'essence de la manière de penser de cet auteur, pour laquelle sont déterminants aussi bien
«l'antithèse» (une antithèse qui n'est pas forcement exclusive) que le rap- port à la vie (cf. VII). Dans la polarité principale entre la« Parole de Dieu»
et la « situation fondamentale de l'homme » qui structure l'œuvre entière d'Ebeling, les deux sont présent : l'antithèse et la relation à la vie. Ladite po- larité se reflète sur plusieurs niveaux et dans des formulations diverses : en tant que relation entre la parole et la foi, entre l'Écriture et l'expérience, entre le Christ et la conscience (Gewissen) etc. Ces oppositions indiquent le centre de cette pensée qui maintient décidément la tension entre Dieu et l'homme et qui la comprend comme un combat, comme une dispute, comme
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un procès «juridique». La situation de l'homme-Ebeling l'appelle« situa- tion fondamentale» (Grundsituation) - est justement celle de se trouver au milieu de ce combat entre Dieu et lui-même, entre jugement de Dieu et ju- gement de l'homme. C'est dans ce combat et seulement en lui que les vérités de la foi deviennent (que la vérité de la foi devient) vraie(s). Et c'est dans cette controverse - qui est une controverse autour de la vie et de la mort - que doit entrer, si elle prétend à avoir quelque chose à dire, la théologie :
«die Theologie ... erfüllt sich nicht als eine widerspruchsfrete Gedankenkonstruktion, sondern als Eingreifen in die Strittigkeiten des Lebens » (20). ( « La théologie ... ne se réalise pas en tant que construction intellectuelle sans contradicitions, mais en tant que participation aux dis- putes de la vie. ») C'est ce qui est partout présent dans ce livre, et .qui contri- bue à sa dynamique et son sérieux, son ouverture vers la tradrtJOn et en
même temps son actualité. .
Le volume comporte, à l'exception de deux textes plus ancrens, des ar- ticles qui ont été rédigés dans les années 19~6 à 1994. L'ordre n'est pas chronologique, mais thématique, comportant cmq chapitres qm ont ~h~cun
un titre «antithétique» : Evangelium und Religion (Evangile et reltgwn), Heiliger Geist und Zeitgeist (Esprit saint et esprit du temps), Réformation einst und jetzt (La Réforme autrefois et aujourd'hui), Theologie und Wissenschaft (théologie et science), Leben und Lehre (vie et doctrine).
Des textes s'intéressent à Schleiermacher, Feuerbach, Lavater, Barth, Paul Gerhardt. .. et-bien sûr- Luther (voir en ce qui concerne ce dernier les textes fondamentaux : « Luthers Wirklichkeitsversüindnis » («La com- préhension de la réalité selon Luther » ), « Des Todes Tod. Luthers Theologie der Konfrontation mit dem Tode » ( « La mort de la mort. La confrontation avec la mort dans la théologie de Luther»), « Zur Luther- Kritik Karl Barths »(A propos de la critique de Luther par Karl Barth») ... ) Luther n'est cependant pas seulement thématique dans ces textes, il y est presque toujours présent. À son propos, il n'est pas vrai de dire qu'il s'agit de simples interprétations de sa théologie. Le but d'Ebeljng n'es~ pas- en tout cas pas seulement-de présenter une exégèse de Luther. TI fart autre chose : il pense avec Luther, il se réfère à Luther pou~ aborder des thè~~s-et des problèmes de la théologie actuelle. On peut le drre encore plus precrsement : la théologie en tant que tâche présente trouve son actualité dans la rencontre avec la profondeur et la pro-vocation de la pensée de Luther. Ainsi la réfé- rence au réformateur ne dimjnue-t-elle pas, mais elle intensifie au contraire l'actualité de la réflexion systématique. Une actualité qui n'est pas donnée comme telle, qui ne va pas de soi (car réfléchlr aujourd'hui n'implique pas forcement l'actualité), mais qui est toujours à découvrir. Ebeling montre comment est loin de telle ou telle mode théologique la vraie actualité, la- quelle dépend de la capacité et du courage à distinguer là où on aimerait mélanger et où on se contenterait de c~ qu'on a toujours su, cru ~t sent\;
"Das rechte Unterscheiden. Luthers Anlertung zu theologrscher Urtetlskraft tel est le titre de l'un des textes. ( « Bien distinguer. L'instruction de Luther pour la capacité du jugement »)
Ebeling comprend ce qu'il appelle « distinguer » en tant que « cor~bat de la vie» (cf. p. 423 s., 531 s. et passim), en tant que combat entre la vte et la mort. Ainsi renvoie-t-il à Luther qui avait dit que la capacité de distinguer entre la Loi et l'Évangile fait un vrai théologien. (Cf. WA 39, 1; 552, 10-13,
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cité chez Ebeling, p.420.) S'il en va ainsi, chaque chrétien devrait être - et est d'une certaine manière - un théologien ; et s'il en va ainsi, qui pourra ja- mais dire qu'il est un bon théologien : qui peut dire d'avoir vraiment compris la différence entre l'Évangile et la Loi ?
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0.fcter.-r David J. BOSCH, Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et ave- nir des modèles missionnaires, Lomé, Paris -Genève : Haho, Karthala, Labor et Fides, 1995, 774 pages, ISBN (Labor et Fides): 2-8309-0793-0, 180 F.Voilà un livre qui fera date pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la mission et qui se demandent ce qu'elle doit et peut être aujour- d'hui. L'auteur commence par nous proposer, en introducti~n, des réflexions sur la crise contemporaine de la mission (qui est celle de l'Eglise et de la fm en <>énéral). La crise touche au fondement de la mission, à son but et ses motivations, ainsi qu'à sa nature même. Une «définition provisoire. de la mission » (pp. 20-22) souligne que la foi chrétienne, parce qu'« expliquant la révélation d'une vérité absolue et universelle » est « intrinsèguement mis- sionnaire». Mais c'est aussi toute l'existence chrétienne et l'Eglise comme telle qui sont missionnaires.
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faut distinguer entre la missio D,ei (mission de Dieu) et les missions de l'Eglise qui sont les formes parttculieres de par- ticipation à la mission Dei. La mission est le « oui » de Dieu au monde, mais cela implique aussi un non au monde. La solidarité des chrétiens avec la société et l'évangélisation ne doit pas condllire à confondre le christia- nisme avec des mouvements sociaux et politiques.L'ouvrage se structure ensuite en trois grandes parties. La première pré- sente les modèles de mission décelables dans le Nouveau Testament (pp.27- 238). C'est quasiment une théologie du Nouveau Testament, dans la pers- pective de la mission, tant le propos est ample et bien info~é su~ l~s div~rs
travaux des spécialistes. Il est question bien sûr de la pratique ffil~swnnarre
de Jésus et de l'Église primitive, y compris les défaillances de l'Eglise pri- mitive (le christianisme est devenu une religion à part, le mouvement s'est trop cristallisé en des codes, des institutions et des dogmes, p. 72 ; autre faute: la rupture avec les Juifs): en fait il était difficile d'éviter ces dé- faillances. L'auteur décrit ensuite les paradigmes missionnaires de l'évan- gile de Matthieu (la mission, c'est faire des disciples); de Luc et des actes (mettre en pratique le pardon et la solidarité avec les pauvres) ; de Paul: la mission est une invitation à rejoindre la communauté eschatologique.
Une deuxième partie, toujours bien informée, traite des modèle histo- riques de la mission (pp. 241-469), en se fondant sur la théorie des para- digmes (c'est-à-dire modèles d'interprétation ou cadres de :éf.érenc.e) de Thomas Kuhn. TI est question successivement du paradtgme ffilSStonnarre de l'Église d'Orient, du paradigme catholique romain de la mission au ~oyen Age, du paradigme missionnaire de la Réforme protestante, de la m1ssron dans le sillage des Lumières.
La troisième partie (pp. 473-694), intitulée:« vers une missiologie perti- nente», évoque la mission en situation de post-modernité. Selon l'~u~eur,
nous sommes sortis de la sphère d'influence des Lumières. Les rehgrons non chrétiennes n'ont pas disparu, une vision nouvelle de la science se fait
