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Prospection archéologique dans un émirat du Golfe Arabo-Persique:
le "Survey" archéologique du Fujairah
CORBOUD, Pierre
CORBOUD, Pierre. Prospection archéologique dans un émirat du Golfe Arabo-Persique: le
"Survey" archéologique du Fujairah. Bulletin du Centre genevois d'anthropologie , 1988, vol. 1, p. 127-128
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Prospection archéologique dans un émirat du Golfe Arabo-Persique : le «Survey» Archéologique du Fujairah
L'Émirat de Fujairah est certainement le territoire qui, parmi l'ensemble des Émirats Arabes Unis, avait fait l'objet, jusqu'en 1986, du moins d'attention de la part des archéolo
gues. Pourtant, la pointe de la péninsule arabe occupe une position stratégique depuis plusieurs millénaires, au confluent des grandes civilisations telles que celles issues de Mésopo
tamie, d'Égypte, de la vallée de !'Indus, etc. La richesse en cuivre des montagnes d'Oman a très tôt fait de cette région, dès le début du troisième millénaire avant notre ère, un centre d'intérêt commercial considérable. Les royaumes mésopotamiens connaissaient déjà le c�ivre du «Pays de Makan», mais si les âges des métaux sont particulièrement bien représentés parmi les découvertes archéologiques, les périodes plus anciennes et même plus récentes sont elles aussi présentes.
Parmi les sept émirats du Golfe, !'Émirat de Fujairah est le seul à être situé sur la façade orientale, c'est-à-dire que ses côtes sont baignées par les eaux du Golfe d'Oman. Sa
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superficie correspond à peu près à celle d'un canton suisse (l' 1 50 km 2) mais la plus grande partie de ses territoires est comprise dans la chaîne des montagnes d'Oman, hormis une bande côtière assez découpée.
Le programme de «survey» archéologique du Fujairah, entrepris en décembre 1987, est le premier pas d'un projet de collaboration scientifique entre le gouvernement de
!'Émirat de Fujairah et la Fondation Suisse-Liechtenstein pour les recherches archéologiques à l'étranger (FSLA). Les buts de cette collaboration sont multiples, mais ils s'inscri
vent dans le cadre de la mise en valeur et de la connaissance des richesses archéologiques et culturelles du territoire de Fujairah. Les recherches archéologiques, qui découlent de cette collaboration, sont prévues pour une durée de plusieurs années. En 1 987, il s'agissait de la première opération de terrain menée par la FSLA. Cette fondation a été créée à Vaduz le 1 0 juin 1986, S.A. le Prince-Héritier Hans-Adam de Liechtenstein en assure la présidence, secondé par le professeur Hans-Georg Bandi (Berne), secrétaire général et le professeur Michel Egloff (Neuchâtel), président de la commission scientifique.
L'idée d'un projet de collaboration entre le Fujairah et la FSLA est née en 1 986 et s'est concrétisée le 10 avril 1 987 à Vaduz, par la signature d'un accord entre le Gouvernement de Fujairah et la FSLA. Les principaux termes de cet accord prévoient la mise en place d'un service des antiquités, axé sur la protection et l'étude des sites et monuments archéologique du pays, ainsi que le développement de moyens de diffusion de cette connaissance à travers la présentation des sites, des trouvailles archéologiques et de leur conservation.
Le programme de recherches de l'année 1987 s'est déroulé sur une période de deux mois. Il prévoyait tout d'abord de dresser la carte des sites préhistoriques et historiques du pays, afin d'en permettre la protection et l'étude à long terme. Nous avons nommé notre programme «Survey Archéologique du Fujairah», car l'ensemble des opérations peut s'articuler autour de la connaissance de la plus grande part possible du patrimoine archéologique et culturel du pays.
La protection des sites identifiés n'était pas oubliée dans l'élaboration du programme 1 987; en effet, la première campagne sur le terrain avait aussi pour mission de récolter des informations afin d'ébaucher un projet de musée archéo
logique à Fujairah. Ce musée, associé au fort et à l'ancien village de Fujairah, devrait offrir le moyen de présenter au public le résultat des découvertes archéologiques et ainsi de donner une image la plus complète possible du passé de cette région.
Le travail de l'équipe de prospection a porté sur la description de plus de 40 sites, représentant près de 500 structures archéologiques des plus variées (tombes mégali
thiques, anciens villages, gravures rupestres, etc.).
À la fin de la campagne, un sondage a été réalisé dans un des sites identifiés, où un ensemble de tombes de l'âge du Fer (deuxième à premier millénaire avant notre ère) était menacé par l'extension du nouveau village. Ces fouilles ont
permis la mise au jour de quatre tombes, dont la plus grande est d'un type inconnu dans l'ensemble des Émirats Arabes Unis. L'étude de cette structure devrait se terminer au début de la seconde campagne (novembre 1 988). mais elle montre déjà à l'évidence l'importance considérable des sites archéologiques du Fujairah pour la connaissance du passé de cette partie de la péninsule arabe.
Pierre Corboud
