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Le monde de... Collection dirigée par Claude Moatti. Le nazisme. Serge Berstein. EDITIONS 6, rue Emile Dubois Paris

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L'information reste de nos jours trop souvent frag- mentaire ou d'une érudition difficilement accessible. Or, la compréhension d'un concept ou d'un débat exige une connaissance globale de son contexte.

La collection Le Monde de... propose, dans tous les domaines du savoir, des synthèses adaptées à la vie contemporaine.

Elle offre le lexique de base indispensable à chaque thème abordé. Evénements, biographies, analyses théori- ques, historiographie du sujet..., présentés sous forme d'articles concis et suivis d'une bibliographie spécialisée, concourent ainsi à une approche diversifiée de la ques- tion.

La présentation alphabétique laisse au lecteur une totale liberté dans sa recherche d'informations, tandis qu'un système de renvois entre les articles assure la cohé- rence des exposés et favorise la circulation à l'intérieur du volume.

Ce choix exigeait, de la part des auteurs, un sens pédagogique réel et une connaissance affirmée de la question : tous possèdent, dans leur spécialité, une auto- rité qui garantit le sérieux de leur ouvrage.

Le Monde de...: une encyclopédie de poche, effi-

cace, rapide à consulter.

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Le monde de...

Collection dirigée par Claude Moatti

L e n a z i s m e

Serge Berstein

M A

EDITIONS 6, rue Emile Dubois

75014 Paris

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Illustration de couverture:

Heil Prussial, dessin de Karl Arnold

© M A E d i t i o n s — Paris 1985 T o u s droits réservés Fabrication : C. et J.B. Dumeril

I.S.B.N. 2866761901

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INTRODUCTION

Il n'existe probablement pas d'univers plus clos que celui du nazisme. Il n'en existe pas de plus singulier, ni de plus aberrant. Il faut cependant établir des distinctions. Le régime nazi s'apparente aux autres formes de régimes autoritaires qui se sont développés en Europe durant l'entre-deux-guerres. Il est au même titre que le régime stalinien ou le régime de Mussolini un de ces totalitarismes qui représentent la solution au problème de l'intégration des masses dans les pays dépourvus de tradition de démocratie libérale, par l'enrégimentement des foules au moyen d'un parti unique détenteur et défenseur d'une doctrine globale d'explication du monde.

Comme les autres totalitarismes, il fonde son projet sur la volonté de transformer l'homme en le coulant au moule de cette doctrine et vise l'intégration en prétendant inspirer au nom de celle-ci toutes les formes de l'activité humaine, non seulement celles qui relèvent du social et du politique, ce qui est le propre de toutes les dictatures, mais aussi, ce qui est plus original, celles qui ont trait aux domaines les plus intimes, la famille, les croyances spirituelles, les goûts esthé- tiques... A l'image des autres totalitarismes, le nazisme abolit ainsi la distinction entre société civile et société politique en absorbant la première dans la seconde.

Parmi les totalitarismes, le nazisme partage avec le régime italien le qualificatif de fascisme. C'est-à-dire que la doctrine qui l'inspire se réclame d'une vision inégalitaire du monde qui réserve le pouvoir

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aux seules élites mais à des élites issues des masses et non des classes dirigeantes traditionnelles. C'est donc à un bouleversement que convie le fascisme, ce qu'il appellera à ses origines une révolution, c'est-à-dire à une substitution aux milieux dirigeants des pays qu'il prend en main de ceux que la crise qui donne naissance au mouve- ment promettait à la misère. Il est vrai qu'il y a loin, en ce domaine, de la théorie à la pratique et que le fascisme au pouvoir sera contraint de faire alliance avec les dirigeants traditionnels, sans jamais toutefois se confondre avec eux, sans jamais abandonner sa méfiance à leur égard et en finissant par se débarrasser d'eux avec une rapidité plus ou moins grande pour tenter d'aller jusqu'au bout de son expérience totalitaire.

Il reste qu'en dépit de ces parentés réelles, le nazisme se distingue des autres totalitarismes et du fascisme italien par un trait majeur, sa volonté de n'agir qu'en fonction de sa vision du monde, de sa Wel- tanschaaung, en ignorant le réel, que celui-ci s'incarne dans le passé historique ou dans le présent concret. L'affirmation peut surprendre.

Le nazisme a-t-il ignoré l'histoire, lui qui prétendait ressusciter la grandeur passée de la race germanique, pervertie à ses yeux par les métissages des siècles les plus récents ? Et peut-on prétendre que sa naissance ne doit rien au passé de l'Allemagne ? En fait, il est peu douteux que, comme tout régime politique, le nazisme soit un pro- duit de l'histoire nationale. Les intellectuels qui se sont penchés sur son passé n'ont pas manqué de mettre en évidence les éléments annonciateurs de sa venue, parfois en remontant jusqu'à Luther.

Produit de l'histoire allemande, le nazisme n'est cependant que la réalisation de l'une de ses multiples virtualités, sans doute la moins probable, si on examine sereinement l'histoire nationale allemande.

En revanche son caractère négateur de l'histoire est clairement attesté. Le passé qu'il prétend ressusciter doit tout aux mythes et fort peu au réel. Au demeurant, toute une série d'organismes d'Etat se sont chargés de réécrire l'histoire afin de la faire cadrer avec les théories que le nazisme entendait faire triompher. Refusant les réali- tés du passé, le nazisme entend également s'affranchir de celles du présent. Là encore l'affirmation peut surprendre : le nazisme n'a-t-il pas su gouverner l'Allemagne, réduire le chômage, développer la puissance industrielle, rebâtir l'infrastructure, plier l'Europe à ses lois ? Le poids de la réalité et les drames dont le vécu du nazisme a été porteur n'interdisent-ils pas d'évoquer ici l'utopie ? Précisément, ils la confirment. Le nazisme (et c'est là que réside son caractère

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aberrant) a précisément soumis l'appareil d'Etat et les immenses moyens qu'il suppose à la mise en application d'une doctrine totale- ment déconnectée du réel. Le génie technique de l'Allemagne, son patrimoine scientifique, les ressources de son esprit d'organisation, l'efficacité des ses fonctionnaires ont été tout entiers tendus vers la réalisation d'objectifs strictement idéologiques. Le réalisme de la nation allemande n'a servi qu'à trouver les moyens de réaliser des fins qui résidaient totalement dans la conception du monde d'Adolf Hitler.

En dernière analyse, celle-ci constitue le noyau dur, le principe explicatif du monde du nazisme, l'élément sans lequel tout le reste n'est qu'une suite d'événements dépourvus de toute consistance.

Autour de ce noyau dur, s'agitent des hommes, s'élaborent des insti- tutions, se répandent des idées, se produisent des faits, simple jeu de marionnettes dans un théâtre d'ombres... C'est autour de la volonté forcenée de parvenir par tous les moyens à réaliser l'idée qui com- mande la conception de l'histoire selon Hitler, celle d'un principe biologique qui donne la primauté politique à la race supérieure, que s'ordonne le monde du nazisme. Un monde qui, pour faire triom- pher son système de pensée a asservi l'Allemagne, domestiqué son peuple, déchaîné la guerre en Europe, précipité l'humanité dans l'apocalypse, fonctionnarisé la barbarie et la cruauté, fondé une poli- tique sur le génocide, avant de s'effondrer à son tour dans le sang et les larmes.

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A L L E N W.S.

Ce sociologue américain a étudié, à partir des archives munici- pales, de la presse locale et des souvenirs des habitants interrogés par questionnaires, la manière dont la ville de Northeim en West- phalie, qu'il baptise Thalburg a glissé vers le nazisme. Son livre, tra- duit en français sous le titre Une petite ville nazie (1930-1935) remet en question l'idée selon laquelle le nazisme se serait appuyé, pour parvenir au pouvoir, sur les marginaux et les déclassés, aurait bénéfi- cié des nouvelles structures qu'il offrait à une classe moyenne atomi- sée par une crise qui aurait fait disparaître ses structures tradition- nelles. Allen, au contraire, tend à montrer que la société de Thal- burg n'est nullement déstructurée et que ses classes moyennes sont relativement épargnées par la crise au moment même où elles assu- rent la percée du nazisme (28% des voix en 1930, 51% en avril 1932, 62% en juillet). Dès lors, celle-ci s'expliquerait par la crainte diffuse de ces classes moyennes devant l'avenir, craintes attisées par le vocabulaire agressif de la social-démocratie, et nullement par le désespoir. Quant au parti nazi, il s'imposerait dans la ville par son dynamisme, mais aussi par le caractère respectable de ses dirigeants qui paraissent porteurs des valeurs traditionnelles de l'Allemagne.

Ce sont les nazis qui, après leur prise de pouvoir en 1933, déstructu- rent la société traditionnelle, en dissolvant les organisations exis- tantes et en intégrant la population dans les cadres nouveaux que contrôle le parti unique.

Lecture

— Allen (W.S.) The nazi seizure of Power. The Experience of a Single German Town, 1930-1935, Chicago, 1965.

— Trad. fr. : Une petite ville nazie 1930-1935, Paris, Laffont, 1969.

— Ayçoberry (P.). La question nazie. Les interpréta tions du national-socialisme 1922-1975 Paris, Seuil, 1979, col. « Points.»

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A N S C H L U S S

Ce terme sert à désigner le projet d'union politique de l'Autriche et de l'Allemagne, né en 1919, lorsque la perte des territoires non- germaniques de son Empire fait de l'Autriche un Etat spécifique- ment allemand. Interdit par les traités de Versailles et de Saint-Ger- main-en-Laye, l'Anschluss est envisagé par Hitler dans le cadre de la réunion à l'Allemagne des peuples germanophones d'Europe. Socia- listes et catholiques autrichiens qui en étaient partisans à l'époque de la République de Weimar s'y opposent dès lors que le nazisme gouverne l'Allemagne. Pour vaincre la résistance du chancelier chré- tien-social autrichien Dollfuss, Hitler compte sur le parti nazi autri- chien qui provoque en juillet 1934 un putsch au cours duquel Doll- fuss est assassiné. L'énergique réaction de Mussolini qui envoie des troupes à la frontière du Brenner et se rapproche de la France et de la Grande-Bretagne contraint Hitler à renoncer provisoirement : le chancelier Schuschnigg succède à Dollfuss. Mais, début 1938, les circonstances sont plus favorables : Hitler s'est rapproché de Musso- lini et celui-ci a rompu avec les puissances occidentales depuis la guerre d'Ethiopie. Le 18 février 1938, Hitler convoque à Berchtesga- den le chancelier Schuschnigg et, sous menace de guerre, lui impose un ultimatum : libérer tous les nazis autrichiens emprisonnés, laisser toute liberté d'action aux hitlériens d'Autriche, nommer leur chef Seyss-Inquart, ministre de l'Intérieur. Convaincu qu'il s'agit là d'un assujettissement à l'Allemagne, Schuschnigg tente de réagir en déci- dant un plébiscite « pour une Autriche libre et allemande, indépen- dante et sociale, chrétienne et unie ». Décidé à éviter un plébiscite qui prouverait au monde que l'Autriche rejette l'Anschluss, Hitler passe à l'action. Le 10 mars 1938, pendant que les troupes alle- mandes se pressent aux frontières, les nazis d'Autriche, puis Göring exercent une pression directe sur les autorités pour obtenir successi- vement la renonciation au référendum, la démission de Schuschnigg et la nomination de Seyss-Inquart au poste de chancelier. Aussitôt, celui-ci demande l'aide des troupes allemandes qui franchissent la frontière le 12 mars. Le 13 mars, Hitler proclame l'annexion de l'Autriche qui devient une simple province allemande.

Lecture

— Duroselle (Jean-Baptiste), Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Paris, Dalloz, 1971.

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— Geheimer Briefwechsel Mussolini-Dollfuss, Introd. de A. Schärf, Texte de K.H. Sai- ler, Vienne, Wiener Volksbuchandlung, 1949

— Gehl Jürgen, Austria, Germany and the Anschluss 1931-1938, Londres, Oxford University Press, 1963.

Cf. Dollfuss, Hossbach (Protocole), Schuschnigg, Seyss-Inquart

A N T I S É M I T I S M E

La haine des Juifs est un élément constituant fondamental de la doctrine nazie.

Elle s'appuie en Allemagne, comme en Autriche, sur des racines très anciennes et aux origines diverses. On contaste ainsi qu'il existe un antisémitisme religieux, fondé sur la notion de « peuple déicide » appliquée aux juifs par les milieux chrétiens et qui remonte au Moyen-Age. Au XIX siècle naît un antisémitisme xénophobe et raciste qui se développe à partir des ouvrages de Gobineau. (Essai sur l'inégalité des races humaines,) paru en 1853, de Darwin : (L'Ori- gine des espèces, 1859) et de Houston Stewart Chamberlain : (Les Fon- dements du X X siècle, 1899) qui font des Juifs le peuple corrupteur, responsable de l'abâtardissement du peuple allemand, naturellement supérieur. Il faut enfin y ajouter un antisémitisme socio-économique qui trouve ses bases dans les réussites financières et économiques d'un certain nombre de juifs auxquels se trouvent barrées les autres voies de l'ascension sociale dans une Allemagne conservatrice, réus- site qui paraît menaçante à la masse des paysans et des membres de la classe moyenne qui suivent difficilement les mutations économi- ques du XIX siècle.

Les juifs deviennent ainsi les boucs émissaires de toutes les diffi- cultés économiques subies par l'Allemagne, qu'il s'agisse des périodes de dépression cyclique ou des difficultés d'adaptation de la société traditionnelle à la révolution industrielle. Symbolisant la modernisation, le capitalisme, l'expansion urbaine, on les présente en destructeurs de la culture et de la société allemande tradition- nelle. L'antisémitisme sert ainsi de base aux mouvements et aux par- tis de droite qui, à la fin du XIX siècle, recrutent en Allemagne et en Autriche une large clientèle populaire.

Solidaire de ce climat culturel, Hitler va faire de l'antisémitisme une des bases de sa doctrine raciste. Recueillant le double héritage

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du X I X siècle, celui du juif naturellement corrupteur de la pureté raciale et celui du juif profiteur économique et destructeur de la cul- ture germanique, il voit en lui le principe de tout mal. Alors qu'un peuple se définit à ses yeux par « l'espace vital » qu'il a su conquérir, les juifs sont un « non-peuple » puisqu'ils ne possèdent pas d'espace propre. Dès lors, ils s'implantent au milieu des autres peuples, constituant un élément parasite. Or, cet élément se mêle à ces peu- ples et finit par les dénationaliser, les abâtardir, leur faire perdre les qualités propres qu'ils doivent à la nature. Les juifs apparaissent ainsi comme les adversaires des lois de la nature, ceux qui ont empêché le peuple aryen, le peuple supérieur, particulièrement bien représenté en Allemagne, d'accomplir sa destinée historique.

Le constat étant dressé, le diagnostic s'impose avec une logique diabolique. Rendre sa grandeur à l'Allemagne, c'est la débarrasser des juifs. Dans le programme en 25 Points dressé en 1920, il n'est question que de les écarter des fonctions publiques et de la presse, d'interdire leur immigration en Allemagne, voire de les expulser en cas de crise. Après l'arrivée au pouvoir, la théorie va devenir pratique et déboucher sur l'horreur qui va traumatiser le monde. Aux vio- lences directes qui marquent les premiers mois de l'arrivée au pou- voir se substituent bientôt l'exclusion légale des Juifs de la nation allemande par les lois de Nuremberg en 1935, puis la persécution par la violence organisée, l'arrestation et la déportation qui prend un tour décisif en 1938, enfin, à partir de 1941, l'extermination froide- ment et méthodiquement organisée, la «solution finale» du pro- blème juif.

Lecture

— Fromm Erich, Espace for freedom, New-York, Holt, Rinehart & Cy, 1941.

— Reichmann Eva, Die Flucht in den Hass, Die Ursachen der deutschen Judenkatas- trophe, Francfort-sur-le-Main, Europäische Verlangsanstalt, 1956.

— Sorlin Pierre, L'antisémitisme allemand, Paris, Flammarion, 1969 — Friedländer Saul, L'antisémitisme nazi, Histoire d'une psychose collective, Paris, Seuil, 1971.

Cf. Voir : H.S. Chamberlain, Juifs, Nuit de cristal, Nuremberg (Lois de), Mein Kampf, Solution finale, Vingt cinq Points.

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A U T A R C I E

Système économique dans lequel un Etat est supposé pouvoir se suffire totalement à lui-même, trouvant sur son sol toutes les res- sources qui lui sont nécessaires, sans recours à l'étranger. C'est un objectif autarcique qu'Hitler assigne en 1936 à l'économie alle- mande en lançant le « Second Plan de Quatre Ans » qui doit permet- tre à l'économie allemande d'être en 1940 totalement indépendante de l'étranger. Cet objectif est évidemment inséparable de la prépara- tion à la guerre, puisque le déclenchement de celle-ci risque d'abou- tir comme en 1914 à un blocus exercé par les puissances ennemies et à une asphyxie économique du pays. Mis en œuvre par Hermann Göring et Walter Funk, ce plan autarcique donne la priorité à l'industrie chimique (création de succédanés, d'«ersatz» pour les matières premières manquantes), à l'industrie d'armement, aux industries aéronautiques. Pour exploiter les sources d'énergie ou les matières premières jugées non rentables par l'industrie privée sont instituées des enteprises publiques de production, comme les « Her- mann-Göring Werke » pour la recherche et l'exploitation du minerai de fer dans les mines abandonnées.

Le financement de l'autarcie va peser très lourd sur le Trésor et la population : multiplication des traites d'Etat, des emprunts, alourdis- sement de la pression fiscale, ponction sur les dividendes des entre- prises.

Quant aux résultats, ils ont été fort limités. La dépendance écono- mique de l'Allemagne vis-à-vis de l'étranger a diminué, mais elle demeure encore de 45% en 1939. L'autarcie n'est complète que pour le charbon et l'azote. Mais pour toutes les autres matières pre- mières, l'Allemagne ne peut se passer d'importer, et cette dépen- dance s'avérera particulièrement lourde pour des produits stratégi- ques où le Reich reste largement déficitaire comme l'acier, l'alumi- nium et surtout le pétrole.

Lecture

— Dubail René, Une expérience d'économie dirigée, l'Allemagne nationale-socialiste, Paris, Imprimerie Paul Dupont, 1962.

— Born Erich, Moderne deutsche Wirtschaftgeschichte, Cologne, Berlin, Kiepenheuer

& Witsch, 1966.

Cf. Göring, Funk, Hitler, second Plan de Quatre ans.

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A X E R O M E - B E R L I N

Nom donné par Mussolini dans son discours de Milan du 1 novembre 1936 au rapprochement germano-italien qui s'opère à ce moment. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une alliance, mais d'une entente cordiale entre les deux dictatures. Jusqu'en 1936, Mussolini ne montre que dédain pour Hitler et il se méfie de ses projets d'Anschluss. C'est contre l'expansionnisme allemand qu'il se rapproche en 1935 de la Grande-Bretagne et de la France dans le Front de Stresa. Mais l'agression italienne contre l'Ethiopie en 1935 rompt cette alliance. Pendant que les puissances occidentales font condamner l'Italie à la Société des Nations et prennent contre elle des sanctions économiques, l'Allemagne noue avec elle des liens économiques qui lui permettent de se procurer les matières pre- mières stratégiques indispensables. Par ailleurs, en remilitarisant la Rhénanie en mars 1936, Hitler affaiblit la résistance des démocraties à la conquête italienne. Ainsi se trouve affirmée la solidarité des deux dictatures fascistes face à la France et à la Grande-Bretagne.

Elle est consolidée par l'aide qu'elles apportent l'une et l'autre au général Franco contre la République espagnole en juillet 1936. Une visite à Hitler du ministre italien des Affaires Etrangères, le comte Ciano, le 24 octobre 1936 affermit le rapprochement. Un protocole secret entre l'Allemagne et l'Italie est signé qui définit une collabora- tion entre les deux Etats sur la base de vues stratégiques communes en ce qui concerne le destin de l'Europe. Par ce rapprochement, Hitler met fin à son isolement diplomatique en Europe.

Lecture

— Duroselle Jean-Baptiste, Histoire diplomatique, op. cit.

— Wiskemann Elisabeth, L'axe Rome-Berlin, Histoire des relations entre Hitler et Mussolini, Paris, Pavot, 1950.

— Funke Manfred, Sanktionen und Kanonen, Hitler, Mussolini und der Internatio- nale Abessinienkonflikt, Düsseldorf, Droste, 1970.

Cf. Anschluss, Hitler.

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B A M B E R G ( C o n g r è s d e )

C o n g r è s d u parti nazi t e n u e n février 1926 et q u i p e r m e t à H i t l e r d ' a s s u r e r d é f i n i t i v e m e n t sa m a i n m i s e s u r le N . S . D . A . P . A p r è s le p u t s c h d e la Brasserie e n 1923, le parti nazi, privé d e s o n c h e f e m p r i - s o n n é d u r a n t q u e l q u e s m o i s , c o n n a î t u n e crise d e c r o i s s a n c e . S o n a u d i e n c e a c c r u e lui a p e r m i s d e faire élire u n c e r t a i n n o m b r e d e d é p u t é s e n s ' u n i s s a n t a u x partis racistes et a n t i s é m i t e s d u n o r d d e l ' A l l e m a g n e . Mais le parti nazi, r e n f o r c é , r i s q u e d ' é c h a p p e r à H i t l e r . Les p a r l e m e n t a i r e s s o n t t e n t é s d e j o u e r l e u r p r o p r e jeu. La S.A.

s'efforce d e se c o n s t i t u e r e n force a u t o n o m e . E t s u r t o u t , de n o u - v e a u x c h e f s c o m m e n c e n t u n e a s c e n s i o n p o l i t i q u e q u i p o r t e o m b r a g e à H i t l e r . P a r m i e u x , G r e g o r Strasser, d é p u t é , q u i t e n t e d ' e n g a g e r le parti d a n s des voies n o u v e l l e s , p l u s p o l i t i q u e s et p a r l e m e n t a i r e s . A p r è s sa l i b é r a t i o n , H i t l e r t e n t e d e se le c o n c i l i e r e n lui o f f r a n t la d i r e c t i o n d u parti e n A l l e m a g n e d u n o r d . A i d é d e s o n frère O t t o e t d e s o n secrétaire, J o s e p h G o e b b e l s , Strasser se c o n s t i t u e b i e n t ô t u n véritable fief et se p o s e e n rival d e H i t l e r . F i n 1 9 2 5 , u n e v é r i t a b l e révolte, c o n d u i t e p a r Strasser e t ses c o l l a b o r a t e u r s , g r o n d e c o n t r e H i t l e r e n A l l e m a g n e d u n o r d . P o u r m e t t r e fin, H i t l e r c o n v o q u e à B a m b e r g e n A l l e m a g n e d u s u d , loin d u fief d e Strasser, u n c o n g r è s d u parti. Il p r e n d soin d e choisir u n j o u r d e s e m a i n e p o u r éviter la v e n u e des d i r i g e a n t s d u n o r d q u i s o n t s o u v e n t salariés alors q u e c e u x d u s u d s o n t f r é q u e m m e n t p e r m a n e n t s d u parti. E n f i n , il c i r c o n v i e n t G o e b b e l s qui a b a n d o n n e Strasser. Mis e n m i n o r i t é , celui-ci d o i t s'incliner et a c c e p t e r les d é c i s i o n s i m p o s é e s p a r H i t l e r : le P r é s i d e n t d u parti, u n e fois élu, n o m m e les a u t r e s d i r i g e a n t s ; les 25 P o i n t s d e v i e n n e n t le p r o g r a m m e i n t a n g i b l e d u p a r t i ; u n t r i b u n a l , l'Uschla, d o n t les m e m b r e s s o n t n o m m é s p a r H i t l e r , réglera les d i f f é r e n t s a u sein d u parti.

Lecture

— Orlow Dietrich, The history of the Nazi Party 1919-1933, Pittsburg, University of Pittsburg Press, 1969.

— Strasser Otto, Hitler et moi, Paris, Grasset, 1940.

Cf. Brasserie, G. Strasser, Goebbels, N.S.D.A.P., 25 Points, SA.

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B A R B A R O S S A ( P l a n )

P l a n d ' a t t a q u e c o n t r e l ' U n i o n S o v i é t i q u e , d é c l e n c h é d a n s la n u i t d u 21 a u 22 juin 1941. D è s 1919, H i t l e r c o n s i d è r e la c o n q u ê t e d ' u n e s p a c e vital à l'est, c o n t r e les Slaves q u i n e s o n t à ses y e u x q u e des s o u s - h o m m e s , c o m m e u n article e s s e n t i e l d e s o n p r o g r a m m e . La c r a i n t e d e d e v o i r l u t t e r s u r d e u x f r o n t s le c o n d u i t e n 1 9 3 9 à différer l ' e n t r e p r i s e et à s i g n e r avec Staline le 23 a o û t u n p a c t e d e n o n - a g r e s - sion assorti d ' u n p r o t o c o l e s e c r e t d e p a r t a g e d e la P o l o g n e q u i lui laisse les m a i n s libres c o n t r e celle-ci et les p u i s s a n c e s o c c i d e n t a l e s . Mais d a n s s o n e s p r i t , il n e s'agit q u e d e g a g n e r d u t e m p s . E n juin 1941, la m a j o r i t é d e s pays e u r o p é e n s a y a n t été c o n q u i s e p a r le R e i c h et l ' A n g l e t e r r e s e m b l a n t b i e n i n c a p a b l e d e m e n a c e r la s u p r é m a t i e a l l e m a n d e , H i t l e r j u g e le m o m e n t v e n u d e m e t t r e à e x é c u t i o n s o n p r o j e t d e c o n q u ê t e à l'est. L ' a r m é e a l l e m a n d e , s o u t e n u e par d e s c o n t i n g e n t s f i n l a n d a i s e t r o u m a i n s e n v a h i t l'U.R.S.S. p a r le n o r d (Pays Baltes), le c e n t r e (Biélorussie), le s u d (Ukraine). E n d é p i t d e la r é s i s t a n c e a c h a r n é e d e s R u s s e s , les A l l e m a n d s s o n t , d è s l'hiver 1 9 4 1 - 4 2 , a u x p o r t e s d e M o s c o u e t d e L é n i n g r a d . A u p r i n t e m p s 1942, ils r e p r e n n e n t l'offensive e n la c o n c e n t r a n t a u s u d d u front, vers le D o n et la V o l g a p o u r c o u p e r a u x S o v i é t i q u e s la r o u t e d u p é t r o l e d u C a u c a s e . D u r a n t l'été 1 9 4 2 , l'avance a l l e m a n d e a t t e i n t s o n e x t e n s i o n m a x i m a l e : les t r o u p e s d u R e i c h p é n è t r e n t d a n s Sta- l i n g r a d e t p l a n t e n t le d r a p e a u à c r o i x g a m m é e s u r le M o n t E l b r o u z , p o i n t c u l m i n a n t d u Caucase. La g u e r r e c o n d u i t e p a r H i t l e r e n U . R . S . S . est c o n s i d é r é e p a r lui c o m m e u n e g u e r r e d ' a n é a n t i s s e m e n t c o n t r e u n a d v e r s a i r e v o u é à l ' e x é c r a t i o n , le b o l c h e v i s m e t e n u p o u r u n e d e s e x p r e s s i o n s privilégiées d u j u d a ï s m e . D è s juin 1941, u n o r d r e p r e s c r i t l ' e x é c u t i o n i m m é d i a t e d e s c o m m i s s a i r e s p o l i t i q u e s d e l ' A r m é e R o u g e . D e r r i è r e les soldats d e la W e h r m a c h t a r r i v e n t les c o m m a n d o s s p é c i a u x d u Service d e S é c u r i t é (S.D.) et d e la police q u i , e n q u e l q u e s m o i s , a r r ê t e n t e t d é p o r t e n t u n m i l l i o n d e juifs s o v i é t i q u e s .

Lecture

— Carell Paul, Unternehmen Barbarossa. Der Marsch nach Russland Francfort-sur-le- Main. Ullstein. 1963.

— Seaton Albert, The Russo-german War, 1941 - 1945. Londres, Arthur Barker, 1971.

Cf. Darré, Racisme, Stalingrad.

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B E C K , G e n e r a l L u d w i g v o n ( 1 8 8 0 - 1 9 4 4 )

N é le 29 juin 1 8 8 0 à Biebrich, le g é n é r a l Beck est u n t y p i q u e r e p r é s e n t a n t d e l'aristocratie militaire a l l e m a n d e q u i va t e n t e r d e résister a u r é g i m e h i t l é r i e n . A n c i e n officier d e l ' é t a t - m a j o r d u K r o n - p i n z , g é n é r a l e n 1930, il d e v i e n t e n 1935 c h e f d u g r a n d é t a t - m a j o r d e l ' a r m é e ( O . K . H . ) . P e r s u a d é q u e l ' a r m é e d o i t j o u e r u n rôle i m p o r - t a n t d a n s l'Etat nazi, il c o n ç o i t ce rôle c o m m e a u t o n o m e p a r r a p p o r t a u r é g i m e , selon la t r a d i t i o n d e l ' a r m é e a l l e m a n d e . M é p r i s a n t les p a r - v e n u s q u i e n t o u r e n t H i t l e r , il g a r d e ses d i s t a n c e s à l e u r égard. E n 1938, j u g e a n t l ' A l l e m a g n e m a l p r é p a r é e à la g u e r r e , il d o n n e sa d é m i s s i o n d e c h e f d e l ' O . K . H . et va r e g r o u p e r a u t o u r d e lui u n e t i m i d e r é s i s t a n c e militaire a u r é g i m e . E n a c c o r d avec l ' a n c i e n b o u r g - m e s t r e d e Leipzig, Carl G o e r d e l e r , B e c k s'efforce d e c o n v a i n c r e les p u i s s a n c e s o c c i d e n t a l e s , d ' a b o r d d e n e c o n s e n t i r a u c u n e c o n c e s s i o n à H i t l e r , puis u n e fois la g u e r r e d é c l a r é e , d e traiter avec u n g o u v e r n e - m e n t a l l e m a n d d é m o c r a t i q u e . Mais ces initiatives n e s o n t c o u r o n - n é e s d ' a u c u n s u c c è s , la R é s i s t a n c e a l l e m a n d e a p p a r a i s s a n t p e u c r é d i - ble a u x Alliés e t é t a n t c o n s i d é r é e p a r certains A l l e m a n d s a n t i - n a z i s e u x - m ê m e s c o m m e s u s p e c t e d e t r a h i s o n . A p r è s avoir e n v i s a g é d e m u l t i p l e s a c t i o n s p o u r se d é b a r r a s s e r d e H i t l e r et r e n v e r s e r le r é g i m e nazi, B e c k se rallie a u c o m p l o t d u c o l o n e l V o n S t a u f f e n b e r g e n juil- let 1944. Il g a g n e à la cause d e s r é s i s t a n t s u n e p a r t i e d e l'appareil militaire a l l e m a n d . L u i - m ê m e p r e n d la t ê t e d u p u t s c h à Berlin. Il se s u i c i d e le 2 0 juillet 1944, à la s u i t e d e l ' é c h e c d u c o m p l o t .

Lecture

— Hoffmann Peter, Widerstand, Staatsstreich, Attentat. Der Kampf des Opposition gegen Hitler, Munich, R. Piper Verlag, 1969.

Cf. Goerdeler, Kreisau, Nouveau Début, Résistance communiste, Résistance socia- liste, Rose Blanche, von Stauffenberg.

B L I T Z K R I E G (Guerre-éclair).

Cette expression s'applique à la tactique militaire allemande employée en 1939-1941 et qui consiste à concentrer sur un seul adversaire et en un point précis l'ensemble des moyens dont dispose

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le Reich, afin de briser très rapidement la résistance de l'ennemi, de démanteler sa défense et de le mettre hors de combat avant qu'il n'ait eu le temps de s'organiser, de se fortifier, de trouver des aides extérieures. Les atouts maîtres dont joue Hitler sont la rapidité, l'uti- lisation jusqu'à l'usure des moyens motorisés qui permettent de la mettre en œuvre et la rupture du front ennemi par la concentration sur un secteur limité des armes modernes, chars et avions, constitués en un fer de lance. Cette tactique de l'offensive à outrance et de la victoire obtenue par la surprise et la rapidité sont commandées par un certain nombre de nécessités : la crainte de devoir combattre sur deux fronts, mais aussi les très nombreuses insuffisances du matériel et de l'armement, qui placent l'Allemagne en situation d'infériorité en cas de guerre d'usure. Cette tactique de la «guerre-éclair» a été appliquée avec succès lors des grandes offensives qui ont permis la conquête de la Pologne (septembre 1939), du Danemark et de la Norvège (avril 1940), de la Belgique, des Pays-Bas puis de la France (mai-juin 1940), de la Grèce et de la Yougoslavie (avril 1941). En revanche, elle échoue contre l'Angleterre car l'Allemagne ne par- vient pas à s'assurer la maîtrise des airs. Et surtout, après quelques succès initiaux, elle est impuissante à régler le sort de l'immense espace soviétique. Dès lors, l'Allemagne est conduite à entrer dans cette guerre longue dont elle n'avait pas les moyens et qui, dès 1942, s'avère d'autant plus catastrophique pour elle que ses adversaires peuvent compter sur l'immense potentiel industriel des Etats-Unis.

Lecture

— Wright Gordon, L'Europe en guerre 1939-1945, Paris, A. Colin, 1971, coll. U.

— Hillgruber Andreas Les entretiens secrets de Hitler, septembre 1939-décembre 1941, Paris, Fayard, 1969.

B L O M B E R G , M a r é c h a l Werner von (1878-1946)

Né à Stargard le 2 novembre 1878, Von Blomberg accomplit une carrière militaire très traditionnelle. En 1926, il devient chef du Truppenamt au ministère de la Reicheswehr, ce qui équivaut au poste de chef d'état-major. A ce poste qu'il conserve jusqu'en 1929, il est un des artisans du réarmement clandestin du Reich. Après un

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voyage en U.R.S.S. durant lequel il est frappé par le surcroît de force que donne à l'armée l'appui populaire, il sympathise avec le national socialisme dans lequel il croit discerner un mouvement populaire porteur des idéaux traditionnels de l'Allemagne. Cette attitude lui vaut de devenir ministre de la Reichswehr dans le gouvernement formé par Hitler le 30 janvier 1933. Au nom de l'armée dont il devient le représentant au sein du nouveau régime, il approuve le massacre de la Nuit des longs couteaux qui débarrasse les militaires de la concurrence de la S.A. et donne son aval après la mort de Hin- denburg, en août 1934, à l'asccession de Hitler aux fonctions de pré- sident du Reich qui lui assurent la direction suprême de l'armée.

Lui-même devient commandant en chef de la Wehrmacht (nouveau nom de la Reichswehr), puis ministre de la guerre en 1935. Il pré- side au réarmement ouvert du Reich et accepte de laisser pénétrer dans l'armée les idées nouvelles propagées par les nazis, aux dépens des vieilles traditions. En dépit de cette bonne volonté qui l'oppose à la plupart de ses collègues, il apparaît bientôt comme un obstacle aux yeux des nazis. Il désapprouve en effet la politique qui conduit à l'affrontement avec les démocraties en considérant que l'Allemagne n'est pas prête à l'assumer. En février 1938, un acte de sa vie privée (son remariage avec une ancienne prostituée), habillement exploité par Heydrich et Goring le contraint à démissionner. Il n'exerce plus dès lors aucune responsabilité jusqu'à sa mort le 3 mars 1946, qui survient alors que le tribunal de Nuremberg instruit son procès.

Lecture

— Erfurth Waldemar, Die Geschichte des deutschen Generalstabes von 1918 bis 1945, Göttingen, Musterchmidt Verlag, 1957.

— Müller Klaus-Jürgen, Das Heer und Hitler, Armee und nationalsozialistiches Regime 1933-1940, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1969.

Cf. Göring, S.A., Hindenburg, Heydrich, Hitler, Nuremberg, Nuit des Longs Cou- teaux, S.A.

B O H Ê M E - M O R A VIE, (protectorat de)

C'est le 15 mars 1939 qu'Hitler décide de liquider la Tchécoslova- quie qu'il n'a pu qu'amputer lors de la conférence de Munich, à l'automne 1938, en annexant les provinces Sudètes. Dans la nuit du 14 mars, alors que la Slovaquie proclame son indépendance, les

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troupes allemandes pénètrent en Bohême et Hitler impose au prési- dent thèque, Hacha, la transformation du territoire restant en « Pro- tectorat» de Bohême-Moravie. Le «Protecteur» en est le diplomate Von Neurath. Il dirige le pays en légiférant par ordonnances et contrôle sa gestion ; mais celle-ci demeure confiée à un gouverne- ment autonome présidé par Hacha qui exerce un pouvoir adminis- tratif restreint. Le pays est entièrement soumis au Reich qui l'exploite économiquement, prélève sa main-d'œuvre et contrôle étroitement l'enseignement et la vie intellectuelle. Cette oppression fait naître une opposition intérieure qui mène contre les Allemands une activité de résistance relativement efficace. C'est pour y mettre fin, au moment où l'effort de guerre hitlérien exige une exploitation accrue de la population, que Reinhardt Heydrich, chef des services de sécurité du Reich, décide en septembre 1941 de s'installer à Pra- gue comme «vice-Protecteur». Mêlant concessions à la population et répression contre la Résistance, il réussit à affaiblir cette dernière. Le 27 mai 1942, les Résistants jettent une bombe sur sa voiture, qui provoque sa mort une semaine plus tard. Cet attentat entraîne une cruelle vengeance : tous les habitants de la bourgade de Lidice sont exécutés et plus de mille condamnations à mort prononcées. A par- tir de 1944, l'enjeu stratégique que constitue la Bohême-Moravie aboutit à une surveillance plus étroite encore du pays. Les divisions allemandes en retraite depuis l'ouest et depuis l'est combattent avec acharnement les Américains et les Soviétiques. En vertu des accords entre alliés, ce sont ces derniers qui entrent à Prague le 9 mai 1945.

Cf. Voir : Heydrich, Munich, Von Neurath, Sudètes.

B O R M A N N , M a r t i n (1900-1945 ?)

Né à Halberstadt en Saxe le 17 juin 1900. Régisseur d'un domaine agricole du Mecklembourg, il fait partie après la première guerre mondiale de diverses associations secrètes d'extrême-droite et même d'un Corps franc. Il n'est pas un nazi de la première heure et n'adhère au parti qu'en 1925. Il y occupe des fonctions administra- tives dans lesquelles il se fait remarquer par son efficacité. A ce titre, il devient en 1933 chef de cabinet de Rudolf Hess et il sait progressi-

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vement se rendre indispensable au Führer dont il veille à faire met- tre en œuvre les ordres. En 1941, il succède à Rudolf Hess comme chef de la Chancellerie du parti. A partir de 1943, il vit dans l'inti- mité de Hitler, filtrant ses visiteurs et les nouvelles qui parviennent jusqu'à lui et se servant de sa position pour exercer aussi bien sur le parti nazi que sur toutes les décisions prises un contrôle étroit. Véri- table éminence grise de Hitler ce fonctionnaire efficace mène en fait une politique personnelle et nombre des actes les plus contestés du III Reich portent sa marque : nazification de l'armée, persécution des Juifs, politique anticlériale. Après le suicide de Hitler, Bormann disparaît dans la nuit du 1 au 2 mai 1945, sans qu'on sache exacte- ment s'il est mort à Berlin ou s'il a réussi à se réfugier en Amérique du sud.

Lecture

— Bormann Martin, The Bormann letters, Londres, Weidenfeld and Nicholson, 1954.

— Besymenski Lew, Martin Bormann, Zurich, Aurora, 1965.

— Wulf Josef, Martin Bormann-Hitlers Schatten, Gütersloh, S. Mohn Verlag, 1962.

Cf. R. Hess, Juifs

BRASSERIE (Putsch de la)

Première manifestation publique des ambitions de Hitler, le

Putsch de la Brasserie se situe dans le contexte troublé de l'Alle-

magne en 1923 : une inflation qui atteint son niveau maximum ; une

crise politique marquée par l'arrivée au pouvoir du gouvernement du

chancelier Cuno, axé notablement plus à droite que la majorité du

Reichstag; l'occupation de la Ruhr par les Français devant la mau-

vaise volonté du Reich à s'acquitter des Réparations ; l'effondrement

consécutif de l'économie allemande, privée des livraisons de charbon

et d'acier indispensables ; enfin une agitation sociale et politique

marquée par des soulèvements communistes en Saxe et en Thuringe

et par le développement de mouvements autonomistes en Rhénanie

(occupée par les Français) et en Bavière. Refuge de l'extrême-droite

nationaliste, la Bavière abrite les sociétés secrètes issues des Corps

Francs et divers groupuscules (comme le parti nazi) qui rêvent d'une

dictature nationale et populaire dans un Reich uni. Mais le pouvoir

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en Bavière est exercé par un gouvernement hostile au parlementa- risme, antisémite, mais fidèle à la dynastie bavaroise des Wittelsbach et de tendance autonomiste. Profitant de la crise qui atteint le Reich, le chef de ce gouvernement Von Kahr s'octroie le titre de Commis- saire général de l'Etat et rompt avec Berlin. Il reçoit l'appui du Com- mandant du district militaire de Bavière, von Lossow. Pendant qu'une situation de crise s'instaure ainsi entre le Reich et les autori- tés bavaroises, Hitler, chef du parti nazi, qui se range parmi les natio- nalistes unitaires, rompt avec von Kahr dont il s'était jusqu'alors montré l'allié et décide d'exploiter la trouble situation bavaroise pour son propre compte. Le 8 novembre 1923 au soir Hitler et ses parti- sans envahissent la Bürgerbraukeller, une brasserie de Munich dans laquelle von Kahr et ses amis tiennent une réunion, et sous la menace, ils les contraignent à accepter la nomination d'un nouveau

«gouvemement du Reich» dont Hitler serait le chancelier, Luden- dorff devenant chef d'une armée qui doit marcher sur Berlin pour en chasser le gouvernement «rouge». Mais dans la nuit, von Kahr se ravise. Il prend contact avec le gouvernement du Reich et mobilise l'armée et la police bavaroises qui, le 9 novembre, tirent sur Hitler et ses partisans. Il y a quatorze morts. Hitler et Ludendorff sont arrêtés.

Le procès qui suit, en février-mars 1924 aboutit à l'acquittement de Ludendorff et à la condamnation de Hitler à une peine de cinq ans de forteresse (il n'y restera que quelques mois). Considéré par le parti nazi comme son premier haut fait historique (les nazis au pouvoir célébreront chaque année à Munich le 9 novembre), le putsch de la Brasserie a une importance historique considérable. Il permet à Hit- ler et à son parti de se faire connaître hors de Bavière. Et surtout, il convainc le fondateur du nazisme que le putsch n'est pas la voie de l'accès au pouvoir. Il développe désormais le thème de la « révolution légale» et de l'appui sur les forces dirigeantes traditionnelles de l'Allemagne.

Lecture

— Der Hitler-Putsch, Bayer, Dokumente zur 8/9 Nov . 1923, éd. par Ernst Deuerlein, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1963

Cf. Hitler, von Kahr, N.S.D.A.P

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B R A U C H I T S C H , maréchal Walter von (1881-1948)

Né à Berlin le 4 octobre 1881 von Brauchitsch est inspecteur de l'artillerie en 1932 et commandant du corps d'armée de Königsberg en Prusse-Orientale en 1935. En 1938, il succède au général von Fritsch comme commandant en chef de l'armée de terre, après s'être engagé à favoriser le rapprochement de l'armée et de l'Etat, c'est-à- dire la pénétration de l'idéologie nazie dans l'armée. Partageant les appréhensions des principaux chefs militaires sur la politique aven- turiste de Hitler, il refuse cependant de suivre le général Beck qui propose une démission de tous les généraux allemands pour arrêter la politique agressive du Führer durant l'été 1938. Il joue un rôle important dans la préparation des victoires militaires allemandes en Pologne et en France, ce qui lui vaut son bâton de maréchal. Mais il manifeste une vive opposition à la déclaration de guerre à l'Union Soviétique. La maîtrise de la campagne contre l'U.R.S.S. dans laquelle Hitler impose ses vues stratégiques lui échappe très large- ment. En décembre 1941, Hitler le relève de son commandement en chef. Il meurt à Hambourg le 19 octobre 1948.

Lecture

— Müller Klaus-Jürgen op. cit.

Cf. Von Fritsch

C A M P S D E C O N C E N T R A T I O N

La création des camps de concentration est directement issue de la doctrine totalitaire du nazisme qui ne peut accepter que subsiste la moindre manifestation d'indépendance par rapport à l'idéologie offi- cielle du régime.

De 1933 à 1939 se met en place le système concentrationnaire nazi.

Il s'agit alors de mettre à l'écart les opposants (réels ou supposés) au régime, communistes, socialistes, démocrates Ils sont détenus en vertu des pouvoirs de police confiés à Hitler après l'incendie du Reichstag, selon le système de la « détention préventive de sécurité » qui permet l'internement arbitraire, sans aucune procédure d'appel.

(23)

D'abord confiée à la S.A., l'administration des camps passe à la S.S.

et son chef Himmler à partir de 1937. Une inspection générale des camps est installée à Orianenburg, de laquelle dépendent les trois camps existant à ce moment, Sachsenhausen, Dachau et Buchen- wald. A partir de 1938 arrivent les résistants des territoires annexés par le Reich (Autriche, Tchécoslovaquie) qui nécessitent l'ouverture de nouveaux camps Mauthausen, Neuengamme puis, en 1939, Ravensbruck, réservé aux femmes. A la veille de la guerre, l'univers concentrationnaire est en place avec sa direction par les S.S., ses règlements avec leurs tarifs de punitions prévoyant la mort pour tout détenu qui se révolte ou accomplit des actes de sabotage, sa hiérar- chie d'exécutants choisie parmi les internés de droit commun et ses profits tirés du travail forcé de la population des camps.

Le déclenchement de la guerre en 1939 étend à l'Europe entière le système des camps nazis et modifie ses objectifs. De nouveaux camps s'ouvrent : au Stutthof, près de Danzig en 1939, à Flössenburg et Auschwitz en 1940, à Gross Rosen, au Struthof dans les Vosges, à Majdanek et Theresenstadt en 1941, à Belzec et Treblinka en 1942, à Bergen-Belsen en 1943. Ils se remplissent d'une population nou- velle. Aux Allemands ou aux peuples soumis en 1938-1939, Autri- chiens et Tchèques, s'ajoutent les Polonais, Belges, Hollandais, Fran- çais, Grecs, Yougoslaves et bientôt les prisonniers de guerre Soviéti- ques. 1941 représente une année décisive dans l'histoire des camps de concentration. D'abord parce que la nécessité de mobiliser tous les Allemands en âge de porter les armes pose à l'Allemagne un pro- blème de main-d'œuvre qui va transformer les camps en réservoir de travailleurs au service de l'industrie : l'exploitation du travail des détenus devient la priorité absolue. Ensuite parce que c'est en 1941 qu'est expérimenté sur des prisonniers soviétiques le « cyclon B » qui permet l'extermination systématique de groupes entiers. Enfin parce que le décret Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) de décembre 1941 promet à l'extermination, immédiatement ou dans les camps où ils sont maintenus au secret, les résistants des pays occupés.

A partir de 1942 s'ouvre la période qui va faire, jusqu'en 1945, des camps de concentration les camps de la mort. Il s'agit d'une part d'une extermination par le travail. Une ordonnance du 30 avril 1942 prescrit l'utilisation systématique du travail des détenus, sans limite de temps et afin d'obtenir la plus haute production, même si le tra- vail est épuisant. Dès lors les «commandos» de travail font l'objet d'âpres marchandages entre les dirigeants de l'économie qui s 'effor-

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