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Le Camp de Qôttingen

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Le Camp de Qôttingen

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No 51 l»ON S)

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Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. 30 Janv. 1916.

Méditation philosophique

o- LA BOITEUSE -o-

C'est une vieille, vieille, très vieille femme.

Elle existe sans doute depuis le commencement du monde car depuis qu'il y a des hommes ils se racontent les uns aux autres qu'ici ou là, à tel moment ou à tel autre, on l'a vue passer et qu'elle a laissé des traces de son passage.

Tantôt des traces sanglantes, autour desquelles

«n a entendu des gémissements et des cris de douleur, tantôt des traces riantes, fleuries d'ané- mones, toutes parfumées de danses, de joie.

Ceux qui l'ont pu voir disent que c'est une petite vieille semblable à toutes les autres. Mal- gré qu'elle soit toujours en route, sa robe ne porte pas un grain de poussière, sa chevelure, admirablement blanche, est soigneusement lisse et peignée. Et elle a la manie du rangement.

Elle redresse les sentiers tordus, elle rejette dans le champ les fruits tombés sur la route, elle élague des ronces qui, des haies, débordent sur les chemins. Elle ramène les brebis perdues et on l'a vue même remonter sur ses épaules la terre, la bonne terre végétale que les pluies torren- tielles avaient emportée de la vigne haute d'un pauvre dans les prairies basses d'un riche. On dit qu'un geste de sa main gauche sème le malheur, qu'un geste de sa main droite fait fleu- rir la joie.

Elle va, rôder autour des édifices où des hom- mes jugent leurs semblables : tribunaux, acadé- mies, parlements, bureaux de rédaction, salles d'examens et de concours. On voit alors sa taille grandir. Quelle que soit la hauteur des murs, sans pénétrer dans les édifices, elle regarde à travers les vitres ce que disent, ce que font les juges. De temps en temps son visage s'éclaire d'un sourire profond et grave et sa main droite fait le geste de bénir ; mais souvent sa main gauche se lève, tremblante de colère, tout son visage se rembrunit et elle se rapetisse pour reprendre sa course errante.

Tous ceux qui l'ont vue disent qu'elle boite.

Mais ce qu'il y a d'étonnant c'est qu'elle boite tan- tôt d'un pied et tantôt de l'autre. Parfois, après un acquittement, on la voit boiter de la jambe

droite ; d'autres fois, après une condamnation, on la voit s'en aller, toute mince et menue, boitant de la jambe gauche.

Dès qu'un homme a fait une bonne action, elle se prend à le suivre. Mais à cause de sa courte jambe elle met longtemps avant de pou- voir l'atteindre et tracer sur son front le geste qui sème la joie.

Dès qu'un homme a commis un crime, elle le suit aussitôt. Mais à cause de sa courte jambe elle arrive péniblement à le rejoindre. Il marche vite, fier d'avoir bravé les lois, les lois de l'homme et les lois de Dieu. Mais elle s'attache à ses pas.

Quand il croit l'avoir dépistée, après des jours, des mois, des années, tout à coup, au détour d'un chemin, il aperçoit la vieille boiteuse et dans ses yeux il puise une vision de terreur.

Car elle a des yeux étranges, noirs comme la nuit, brillants comme des étoiles, des yeux qui percent les murailles osseuses des crânes, qui lisent à livre ouvert les pensées, des yeux calmes comme un lac des montagnes, des yeux profonds comme les abîmes, des yeux où chacun se voit soi-même.

Et ces yeux merveilleux ne perdent jamais de vue l'homme qu'elle veut poursuivre. Ils vont partout où il va: leur acuité, leur puissance, leur portée varient avec les obstacles, les écrans ou les distances qui s'interposent entre l'homme et elle.

Elle va lentement, clopinant, claudiquant, l'œil toujours rivé sur l'homme. Et sa jambe boiteuse a beau traîner, elle arrive toujours à rejoindre celui qu'elle suit.

Car au moins il arrive un jour où la mort le couche et l'immobilise et à ce moment la vieille, boiteuse et propre, la vieille femme aux yeux lumineux est toujours là qui fait les gestes droits ou les gestes gauches, les gestes de bénédiction ou les gestes de malédiction. G. F.

LETTRES DE GOSSES

Cher Papa,

C'est ton petit diable qui t'envoi se petit mot je suis bien portante et je voudrais bientôt te voir moma a été me faire photographier

je t'embrasse Petit Père comme je t'aime ta Malou Madeleine B... (5 ans).

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— 206 —

Petit Père Chéri

Je profite d'aujourd'hui jeudi pour te donner de mes nouvelles je suis en bonne santé je souhaite que ma lettre te trouve de même en classe je travaille bien la semaine dernier j'ai obtenu un tableau d'honneur et pour recompense un livre de sciences physiques et na- turelles car l'on ne peu pas me donner toute les semaine la croix il y a aussi des petites compagnes qu'il faut récompensé jespère cher papa que tu sera heureux a ton retour de ta fille chérie je t'ermine cher Papa en t'embrassant de tout mon coeur ta fille qui t'adore

Marthe

Beaucoup et plusieurs baisers de maman et grand mère Marthe B... (8 ans).

Mon cher Papa

Le temps me semble toujours bien long, car tu ne reviens pas. Nous sommes tous deux bien sages. Maman va t'envoyer un colis bien plein, il ne pleut plus tant.

Nous avons du charbon. Albert est bien sage. Je tra- vaille bien à l'école pour te faire plaisir quand tu reviendras. Albert sait lire, il est au un «t au an. Je le fais toujours lire, il travaille bien en classe, il commence à bien écrire. J'apprends toujours mes leçons par coeur pour les savoir le lendemain matin. Je fais beaucoup de progrès en ortographe. Quand tu seras revenu je te montrerai mon cahier. Maman fait lire Albert. Nous

"travaillons bien en classe tous deux. Maman lit son journal à côté du feu. Je voudrais bien que la guerre finisse et que tu reviennes bientôt. Je m'amuse bien avec Albert dans la cour de l'école. Maman va se faire photographier dans la maison. Nous sommes tous en bonne santé. Nous nous ennuyons bien de toi. Nous ne sommes pas malades. Nous couchons toujours dans la salle à manger. Nous avons reçu aujourd'hui ta carte du 8 Novembre qui nous a fait bien plaisir. Quand tu reviendras je serai grandie et Albert aussi Je ne sais pas quand cette guerre affreuse finira. Ecris-moi donc une petite lettre pour me faire plaisir. Ce matin, il a gelé, on glisse, Marie-Germaine a mis du sable. Maman n'est pas malade. Je voudrais bien que tu reviennes pour aller promener. Es-tu en bonne santé. Dans notre grenier il y a beaucoup de souris. Notre jardin est cultivé, il y a des poireaux, des salades. Je pense beau- coup à toi et Albert aussi. Je voudrais bien que tu reviennes. Il fait bien froid et j'ai peur que tu t'en- rhumes. As-tu assez de vêtements chauds ? Albert et Maman se joignent à moi pour t'embrasser bien bien fort. Ta petite Renée qui t'aime beaucoup.

Renée V... (8 ans).

Pages d'Aujourd'hui.

LE REVE ET LA REALITE

Nous vivons dans la réalité. Elle nous entoure, nous oppresse, nous tient brutalement sous son emprise puissante et si parfois elle nous fait un peu de bien en nous conduisant avec fermeté dans les chemins ardus et féconds de l'expérience et de la science, elle est plus souvent encore pour nous une source toujours vive de maux et de regrets car la réalité est décevante. Depuis que les hommes existent ils se sont efforcés de mentir à eux mêmes, de nier cette compagne enchaînée aux minutes rapides ; ils ont voilé d'un

double manteau, le rêve et l'idéal, cette déesse majestueuse, impassible et froide dont les mains impitoyables semblent se plaire à démolir et à disperser à tous les vents les monuments disjoints et branlants que malgré notre , .faiblesse, nous n'hésitons pas, présomptueux;, à élever pour la nier ou la contraindre. Mais qu'importe !

Le rêve naît et meurt pour revivre à nouveau ; l'idéal, tout instable et personnel qu'il soit, demeure à jamais marqué dans le regard des hommes qu'il a pu inquiéter.

Chaque peuple, chaque civilisation a son rêve particulier. Ouvrons les livres, lisons les inscrip- tions, regardons la pierre taillée, les fresques, les peintures murales, que sais-je. Là nous retrouvons le songe assyrien sanglant, cruel et tragique com- me un cauchemar sans fin; le rêve sévère et raisonnable des Juifs et des Arabes, patriarcale et monothéiste; l'imagination sensuelle et polythéiste des Egyptiens dont la longue suite des hiérogly- phes, où défilent côte à côte, les dieux coiffés du pschent, les danseuses aux vêtements trans- parents et aux sourcils arqués, des guerriers et des esclaves, nous arrêtent comme une révélation ; plus loin le rêve brumeux et fugitif des Cimmé- riens dont parle Homère ; plus loin encore, très loin de nous et presque hors de nous, grimaçant grotesque, profond, étrange, le rêve des hommes jaunes, aux yeux clignotants, à la longue cheve- lure noire et pressée, et qui ne vivent que dans le mensonge et le convenu et semblables à des enfants alourdis de vieillesse. (à suivre.)

Jean Desbordes.

" CE QU'ON PEUT DIRE "

Sortie de Concert. Calme et obscur dans la nuit, comme vide, le théâtre se dresse. De rares prisonniers poursuivent lenr monotone promenade. Les phares ba- lancent au vent. Il doit être huit heures passées. Un murmure sourd et irrégulier monte de la salle comme d'un guêpier. Tout à coup, à l'improviste, un applaudis sèment sauvage, tintamarre musical, illumination inté- rieure s ibite, et, par les portes cédant sous la pression, bondissent les spectateurs. On les prendrait pour des soldats débarquant d'un féerique pays, heureux d'être de retour. En raz-de-marée, dans la même direction, ils se ruent, réveillant le camp. Dans leur rumeur, on dis- tingue le nom des artistes, répété sur tous les tons.

L'esprit encore emporté sur les ailes du rêve, doit déjà reprendre place parmi les dures réalités, car les clefs grincent : on ferme les baraques et le grand troupeau se hâte. Malgré tout, on se ressouvient d'autres sorties de théâtre au temps clair et joyeux de la liberté ; on revoit les mêmes foules hâtives, mais beaucoup plus douces et plus colorées. Aussitôt rentré dans les bara- ques, la chaude atmosphère d'intimité fait rire et parler.

Gaiement aux camarades on dit: "Eh bien, mon vieux, pas mal le concert de ce soir!" et sur ce thème la con- versation amorcée se continue jusque bien tard dans la

nuit- Sinfruskin.

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ACTUALITÉS ET SOUVENIRS Les lettres du jour de l'an! Je me rappelle -qu'autrefois je commençais toujours ainsi : "En ce beau jour....* Et puis, en grandissant, j'ai trouvé que c'était banal. D'ailleurs aujourd'hui il fait un temps de chien. "Beau jour" n'irait pas. Qu'est ce qu'on pourrait bien mettre?

— Prête-moi la tienne, pour que je voie ce -que tu dis...

— Mais tu vas copier!

— Au contraire, c'est pour ne pas écrire la même chose que toi.

Alors on prête la lettre qu'on a faite au grand'père. Et la voisine ou le voisin se dépêche -de la copier pour l'autre grand'père, ou pour une

tante, ou pour le parrain

— Et toi, mon chéri, as-tu bientôt fini ?

— Moi, j'en ai déjà fait huit. Je fais tout le temps la même.

— Vilain ! s'ils se la montrent...

— Oh ! dit une grande, il ne fait pas les mê- mes fautes d'orthographe dans toutes.

— Bon ! un paté. Est-ce qu'il faut recom- mencer ?

— C'est pour qui ?

— C'est pour grand'mère, pas votre maman à

TOUS, celle de papa.

C'est pourtant vrai qu'elle a dit cela, la coquine...

On lui a fait recommencer tout de même.

Mais ce sont des souvenirs, tout cela. Et voilà qu'aujourd'hui, une fois de plus, je suis attablé devant quelques feuilles de papier blanc. Ce n'est pas très drôle et pourtant cela me plaît. D'abord c'est une vieille coutume et il y a quelque chose de charmant à refaire, aux mêmes époques de l'année, les mêmes gestes que tous ceux qui ont vécu avant nous, a être agité des mêmes pensées, à les inscrire, avec les mêmes efforts, dans des formules toujours pareilles. Pareilles ne veut pas dire banales. Mais les autres, s'ils ont un peu de cœur, ou de savoir-faire, ou d'esprit, un peu de n'importe quoi, peuvent toujours s'en tirer.

A mon avis, le mieux est de servir tout chaud, dès les premières lignes, le plat de résistance:

"Je vous souhaite une bonne année". Ou mettre aussi: "Je vous envoie mes vœux les plus "

Ici, variantes: sincères, pour le commun; affec- tueux, pour les parents et les bons amis; tendres, quand ça chauffe vraiment ; ardents, quand on est du Midi. Après cela, la tradition est servie, le devoir accompli et il n'y a plus qu'à bavarder.

Il faut le faire gaiement, de bon cœur, comme si les gens étaient là et qu'on ait du plaisir à les voir.

Et puis, entre nous, un bon conseil; ne copiez -donc pas vos lettres l'une sur l'autre. Dites à peu

près la même chose dans toutes, si vous voulez^

mais au courant de la plume, en changeant les formules. Je trouve que c'est une petite affaire de conscience. Ou alors, faites comme un ami que j'avais et qui envoya une année à tous ses parents une belle circulaire de Jour de l'An, imprimée sur papier de luxe, avec deux ou trois blancs qu'il remplissait pour chacun. Il n'avait qu'à mettre sur chaque lettre des mots faciles, comme respectueux, tendres baisers, hommages, mon vieux, Votre Grandeur, chérie, etc.. C'était

tout de suite fait. A. Pi.

PAGES VÉCUES

L'ennemi bombardait le petit village de X...

Dans l'attente de la fusillade, nous avions vu s'écrouler, avec grand fracas, le clocher de la vieille église, les deux moulins à vent qui, telles deux sentinelles en gardaient les entrées et sem- blaient protéger de leurs grandes ailes les frêles habitations disséminées derrière eux.

Le feu d'enfer dura toute la nuit pour s'apaiser à l'aurore et cesser brusquement. Nous reçûmes l'ordre d'occuper ce qui restait de X... Nous y pénétrâmes. Quel aspect de désolation se présenta à nos regards! Partout des monceaux de ruines, fumantes encore et d'où le vent nous apportait de temps à autre des craquements sinistres de bois à moitié consumés. Plus rien ne restait debout. Â.u tournant d'un chemin, notre attention fut attirée par les hurlements plaintifs d'un chien.

En cherchant parmi les décombres, nous le découvrîmes. Il y avait là, une maison, dont un obus avait arraché une partie, mettant ainsi au jour les restes d'une modeste chambre à coucher.

Près du lit démantibulé se tenait le chien, mai- gre et sale, les poils hérissés et l'écume à la gueule. Il regardait tantôt le lit, tantôt la che- minée restée intacte, puis levant lentement la tête, la queue basse, il se dressait sur les quatres pattes en poussant des hurlements lugubres. Il grognait et montrait les dents à quiconque faisait mine d'approcher. Nous devinâmes aisément ce qui s'était passé. Tous les habitants du village avaient fui le danger qui approchait. Seul, ce chien, n'avait pas voulu abandonner la maison et était resté pour défendre le bien de ses maî- tres. Maintenant, malgré le fracas des obus, mal- gré la mitraille qui s'abattait autour de lui, malgré la fumée et le feu qui l'encerclaient, malgré les dangers passés et présents, il restait, toujours â la même place, lançant à espaces égaux ses appels désespérés et vains. Nous eûmes pitié de cette pauvre bête et nous lui jetâmes

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— 208 — quelques croûtes de pain. Il ne parut pas y faire attention. Nous dûmes partir et l'abandonner à son triste sort. Le soir, pendant une accalmie, je prêtai l'oreille. Mêlé au bruit sec d'une fusillade lointaine le hurlement funèbre du chien se perdait dans la Huit profonde.

André Lechêne.

Carillons et Clochettes

Pourquoi n'es-tu plus là.

Quand la rafale heurte à ma porte en hurlant, Quand la bise aux vieux toits gémit sa plainte amère, Quand le froid du dehors ronge mon cœur dolent Pourquoi n'estu plus là, femme au cœur fort, [ma mère?

Que ne puis-je ce soir, comme en l'heureux jadis, Sangloter, oublier près de toi que nous sommes Bien méconnus parfois ? Tu comprendrais ton fils...

Pourquoi n'es-tu pas là, quand il souffre des [hommes ? Jadis, tu m'apprenais à m'adresser aux Saints, Tu fus fidèle à Dieu, tu fus mère très sage : Je t'invoque ce soir en baisant ton image.

Tu luttas, tu souffris tout ce dont je me plains;

Femme au cœur fort et fier, la plus sainte des [femmes, Veille sur ton enfant de ton pays des âmes.

L. V.

Le Cantonnier.

C'est lui qui cueille la poussière Du bout de ses balais poilus, Rogne les herbes des talus Et comble les creux de l'ornière.

C'est lui que l'on voit à genoux Sur un dur coussinet de paille, Décimer, comme à la bataille, A coups de maillet, les cailloux, Ou, d'une pelle peu pressée En disposer ces petits tas Qui vont radouber, sous les pas, Le dos d'âne de la chaussée ; Ou plus souvent, d'un plein panier Extrayant cruche et casse-croute, Rendre jalouse la grand'route,

Des loisirs de son cantonnier. L. F.

A ma Mère.

Quand j'étais tout petit, espiègle et cher tyran, Que j'avais des enfants la bruyante colère, Que je frappais du pied, — rappelle-toi, ma

[mère, — Tu me disais Maintes fois : "Quand donc sera-t-il [grand ?"

Mais me voici jeune homme. Hélas ! L'indépendance M'entraîne en son courant. Tu souffres en secret;

Tu penses à ces jours heureux de mon enfance ; Ton espoir d'autrefois se transforme en regret.

Et lorsque, loin de toi, quelque plaisir m'attarde, Inquiète, écoutant un pas qui retentit,

Tu te souviens ; ton cœur dans le passé regarde ; Tu songes: "Que n'est-il encore tout petit?"

Jeunes gens, mes amis, si vous lisez ces lignes»

Qu'un tendre sentiment me dicte en un bon jour, Oh ! rappelez-vous bien qu'il faut, pour rester [dignes Des baisers d'une mère et de tout son amour, Repousser les désirs d'une liberté vaine,

Lui prouver votre amour en lui concédant tout, Et, sans un seul soupir, savoir porter la chaîne Que vous font ses deux bras passés à votre cou,

F. C.

Heures d'amertume.

Hanté par le besoin de veus revoir, un jour, Vers vous je reviendrai las de ma vie errante.

Mais en vos yeux, encor trouveraî-je apparente' La flamme qui console et qui parle d'amour?./

Vous aurez de l'Oubli bu la coupe enivrante, Car le bonheur d'Antan souvent est sans retour f Un autre aura reçu votre cœur à son tour, Et votre âme, au passé sans doute indifférente.

Tandis que j'irai seul traînant mon sort affreux, Jalousant tristement le rival plus heureux Qui de votre tendresse aura fait la conquête ! Ah ! que mon souvenir vous semblera léger ! Peut-être direz-vous : "Quel est cet étranger ?"

Et n'aurez plus pour moi l'aumône que je quête I

H. B.

V«r»ntwortlich: Pr«f. Dr. Cari Stange; Druek und Vtrlag: Louis Hofer („Getting«r Zeitung"); beid* in Gotting«n

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Concert Sympiionique du 23 Janvier

Nous vécûmes ce soir quelques moments réels de la vie civile : nos oreilles furent charmées par les sons d'un orchestre qui ferait rougir, le mot n'est pas exagéré, plusieurs orchestres de nos conservatoires ou écoles de musique. C'est dire avec quelle perfection nos braves musiciens jouè- rent un programme aussi difficile que varié.

Celui-ci débutait pompeusement par le Cortège Romain, marche solennelle de Périgneau, qui nous mit en verve : l'exécution en fut parfaite d'ensemble et de justesse. Dans l'art si difficile et si rarement atteint de faire des fantaisies, Mignon et Faust, toutes deux de E. Tavan, sont peut-être les mieux réussies. Malgré leur demi- siècle d'existence, Mignon comme Faust sont des œuvres qui restent et resteront tels des rocs dé- fiant les années et la tempête. Mignon possède peut-être plus de fraîcheur que Faust, mais cer- tainement moins d'ampleur : le nom seul de Faust évoque la conception parfaite de l'opéra.

Malgré la haute difficulté de la première fantaisie, l'orchestre fut transcendant. Eurent tour à tour le chant : Wetzels, au violon, un peu terne dans

"Connais-tu le pays", Ceulemans, au violoncelle, très expressif dans "Elle ne croyait pas dans sa candeur naïve* ; le hautbois, en possession d'un déplorable instrument, fit merveille. L'or- chestre, trop mou dans les attaques hardies et majestueuses de Faust, manqua d'homogénéité.

Une mention spéciale à Métais, dont le piston eut plusieurs fois le chant : il possède un son très doux et bien lié ; nous lui conseillons un peu plus d'assurance dans son jeu. C'est avec un réel plaisir que nous avons constaté les grands progrès accomplis par le flûtiste. La Danse Per- sane, air de ballet de E. Giraud, est une œuvre, originale certes par son cachet oriental, mais lascive et qui ne plait pas à tout le monde ; l'exécution en fut impeccable. La Norma, fan- taisie sur l'opéra de Bellini, vieillotte et démodée, est empreinte, malgré ses longueurs, de certains charmes bien propres à l'âme italienne, l'orches- tre, dont les premiers violons dominaient trop, pécha ça et là par la justesse. La Bohémienne, ouverture peu connue de Balfe, est un mélange parfois trivial qui manque de cohésion. Un numéro du programme piquait notre curiosité au

vif : Tanagra, scènes chorégraphiques, de Ch.

Mêlant. Nous avouerons franchement que nous fûmes légèrement déçus. Cette œuvre nuageuse est une suite de danses d'inégale valeur : à l'au- dition, elles nous parurent plagiées, de malheu- reuse façon, dans Claude Delbussy, qu'on nous pardonne cette impression un peu osée et toute personnelle. L'orchestre par contre fut tout sim- plement admirable. L'Etoile de Lagny, fantaisie- polka pour piston, de H. Paradis, nous trans- porta de la salle du conservatoire ou nous nous croyons, dans un Music-Hall. La splendide technique, l'aisance du jeu de S. Dargent chas- sèrent cette désagréable surprise et délassèrent joyeusement nos esprits tendus depuis deux

heures.

Les applaudissements nourris de l'auditoire, récompensèrent largement notre vaillant orchestre et son habile directeur S. Dargent, du réel effort qu'ils ont fourni. Un Amateur.

CONCERT WALLON du 12 Janvier 1916

Il nous faudrait, croyons-nous, remonter assez loin dans le passé, pour trouver une Soirée Wallonne aussi bien réussie.

Les Namurois, dont nous connaissons tous la bonne volonté et le zèle qu'ils apportent à l'accomplissement de leur tâche, avaient monté sous la régie de J. Mambour.

une comédie en 3 actes : "Li visite d' el' ma tante" de J. André. Cette pièce, à intrigue simple, fut enlevée avec un brio et un ensemble merveilleux. Vraiment, avouons- le, nous ne nous attendions pas à un succès si plein et si affirmé. Depoortere et Noël, dans leurs rôles de Jules et Alfred, deux jeunes gens amoureux de la vie et de ses hasards, pluren' beaucoup. Qu'ils nous permettent pourtant ds leur faire une petite observation : leur dia- logue du 1' acte fut trop précipité ; la connaissance parfaite de leurs rôles en est-elle la cause ? Remy, se surpassa dans le rôle du domestique, vieux garçon, quoi- que tiraillé toujours par l'hymen. Georges, fut une vivante caricature du commissionnaire public, et enfin Fronville, un agent autoritaire qui ne perdit même pas son sang- froid et son autorité à la chute un peu inopportune du rideau! Passons aux rôles fémtmins et félicitons chaleu- reusement; Ancia, qui incarna, dirons nous, à la perfection le ;rÔle de la vieille tante méticuleuse, intrigante et pimbêche. Les succès d'Ancia dans ce genre, nous avaient révélé déjà des grandes qualités d'acteur : le succès qu'il vient d'obtenir ne fait que les confirmer. A côté de lui, Cuvelier, constamment en progrès, nous présenta une jeune Mélanie, jalouse et colérique. Qu'il joigne, à sa beauté physique, un peu plus d'expression dans la diction et d'assurance dans son jeu de seine. Il dévie»

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dra alors impeccable dans les rôles de femme. A tous nous adressons un bravo sincère et mérité, et souhaitons les revoir bientôt.

L'intermède, qui laisse parfois à désirer, fut cette fois encore, très brillant. Martin y parut toujours aussi sympathique et aussi goûté dans : "Li Batteu". Henrius, doue d'un bel organe très juste, nous chanta : "Dji seus Solaie". Nous voudrions le voir moins nonchalant sur la scène, et plus sobre de gestes. Enfin J. Mimbour nous débita gaîment, avec sa bonhomie habituelle, VAccidint", ce qui lui valut un chaleureux rappel.

L'orchestre, sous l'habile direction de S. Dargent, fut particulièrement remarquable, le public le lui prouva par ses applaudissements nourris.

Bref, soirée en tous points réussie, dont tous garde- ront un excellent souvenir. Poivrésel.

Soirée Sportive du 17 Janvier 1916 organisée par le C. A. I.

Le programme de cette séance fut de nouveau varié et très bien dressé. Aux numéros déjà inté- ressants que nous eûmes le plaisir d'applaudir précédemment est venu s'ajouter l'escrime, un des sports les plus beaux et des plus profitables.

Passons au programme.

Garnier (F.) et Harmau (A.) nous donnèrent une démonstration très intéressante de boxe, nous présentant divers coups et leur parade.

Le match qui suivit entre Ghislain (B.) et Crespy (F.) ne fut pas sans intérêt. Les deux novices furent courageux au possible. Ghislain, déclaré vainqueur aux points, attaquait beaucoup plus que son adversaire. Nous ne doutons pas que tous deux, avec du travail, ne deviennent bons boxeurs. Le match supplémentaire entre Holland (A.) et Nabbs- (A.) fut un match très dur et très acharné. Holland est très vif mais Nabbs plus puissant. Holland fortement handi- capé par une blessure réouverte, faiblit quelque peu à la fin. La décision de l'arbitre, déclarant match nul a été très juste, vu la mauvaise volonté de Nabbs à ne pas exécuter ses ordres.

Nous connaissons déjà la valeur de la section de gymnastique dans ses mouvements d'ensemble.

Cette fois encore sa tenue fut impeccable. Dans les mouvements, imposés et libres, aux barres parallèles, nous avons remarqué avec plaisir que les gymnastes, pour la plupart débutants sont arrivés à des résultats très respectables, nous les félicitons tout particulièrement.

Le funambule, Mlle Grégorina, que nous avions vu, tout débutant lors de la dernière séance, a progressé aussi avantageusement.

Le numéro d'acrobatie par M. Vipalclosse nous révéla de fortes aptitudes pour ce genre d'exercice chez nos camarades.

Pour l'escrime nous eûmes: Le mur au fleuret

par 6 exécutants. Ensuite deux démonstrations:

1° au fleuret, par MM. les prévôts Châtelain et Bonnaffoux; 2° à l'épée par MM. Châtelain et Pelletier.

Les deux assauts, le premier de fleuret entre MM. Bonnaffoux et Baudin, le second, d'épée entre MM. Thierry et Van den Pereboom furent vivement menés et nous firent admirer la science et la précision de nos meilleurs tireurs.

L'assaut de sabre entre MM. Groombridge et Lambert fut également très apprécié.

L'orchestre fut, comme toujours, à son poste,

le poste indispensable. R. M.

L'Action Sociale au Camp

Dans un article du "Camp de Gôttingen", du 16 Janvier 1916 et intitulé "L'assistance aux Tuberculeux", le Président du Comité Français nous a fait connaître l'infortune de certains de nos compagnons durement atteints par la maladie et les souffrances.

En conclusion de son article, il fait appel à la générosité des prisonniers pour fonder et alimen- ter une œuvre de secours "L'assistance aux Tu- berculeux". Nous approuvons bien sincèrement une œuvre dont le but est si noble, mais nous tenons à faire remarquer à nos compatriotes, que depuis sa fondation L'Union Belge, comité de secours, s'est particulièrement occupé de secourir les malades belges. A cet effet, le Comité a re- cueilli dans le camp les dons que des mains gé- néreuses et des cœurs compatissants lui offraient.

De même, il s'est adressé à des œuvres et des personnes charitables en Belgique, en France et en Suisse et il a eu la satisfaction de voir ses appels entendus.

Nous remercions nos compatriotes qui coopèrent à notre œuvre, nous espérons qu'ils continueront à nous accorder leur confiance et qu'ils nous apporteront comme par le passé les dons destinés aux malades. Union Belge, comité de secours.

A travers les communiqués officiels. —

Les Russes ont renouvelé leurs attaques auprès de Dubno et de Czernowitz.

Sur le front oue.-t, les Allemands ont eu un succès local à Neuville (nord d'Arras).

Leurs hydroplams ont bombardé Douvres.

Des aviateurs français ont bombai dé Metz.

Dans les Balkans les Autrichiens ont occupé Scutari.

Sur le iront du Caucase, les Turcs se sont repliés dans la direction d'Erzérum. Les Eusses ont occupé Koprokoï.

En Herse, les Russes sont entrés à Sultanabad.

En Mésopotamie, violents combats entre les troupes turques et anglaises dans la région de Kut-el-Amara.

Yerantwortlich Prof. Dr. Cari Stange; Druck uud Veilag: Louis Bofer («Gottinger Zeitung") beide in GMtingeo

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