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« Nous devons un accès de tous à des soins de qualité »

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24 La Gazette - 26 juin 2017

Interview

FORUM

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Emmanuel Vigneron

Géographe de santé

« Nous devons un accès de tous à des soins de qualité »

Professeur à l’université de Montpellier ainsi qu’à l’Institut des hautes études en aménagement et développement des territoires à Paris, Emmanuel Vigneron publie

« L’Hôpital et le Territoire » (SPH éditions, mai 2017). Sous-titré « Une histoire pour le temps présent », son nouvel ouvrage mêle, dans un style aussi érudit que limpide, l’histoire et la géographie autour de l’hôpital. Une réflexion précieuse sur la politique de la santé et sa régionalisation, à l’heure où les groupements hospitaliers de terri- toires bouclent leur projet médical de territoire. l

Pourquoi cette « histoire pour le temps présent » ?

D

onner du sens aux recompo- sitions et aux coopérations hospitalières d’aujourd’hui suppose de les replacer dans une pers- pective historique, de l’hôpital médiéval construit à côté de l’église aux groupe- ments hospitaliers de territoire (GHT) nés au forceps au lendemain de la loi

« Santé » du 26 janvier 2016. Il faut se méfier des anachronismes ou d’une périodisation artificielle, mais à partir de travaux de juristes, de ceux de Michel Foucault et des miens, je distin- gue cinq étapes : l’hôpital a d’abord eu pour fonction d’assurer le salut de ses fondateurs (Antiquité, Moyen Âge) ; puis d’affirmer l’autorité temporelle (Renais- sance) ; de maintenir l’ordre social (depuis Louis XIV), d’assurer le progrès du genre humain par la médecine (Révolution française, 1848 et depuis la IIIe République) ; et enfin d’assurer à tous l’accès à des soins de qualité (à partir du Front populaire et de la Libération). A chaque fois, les relations avec le territoire ont été refondées.

Vous situez la région du côté de l’Etat et le secteur, ou territoire, du côté de la population. Est-ce une opposition ?

L

a régionalisation de la politique de santé n’a, historiquement, rien à voir avec une volonté quelconque de décentralisation.

A la fin du XIXe siècle, il s’est d’abord agi de lutter contre les épidémies à l’échelle régionale, perçue alors comme la bonne échelle de transmission des ordres de l’Etat ; puis, lors de la Grande Guerre, d’organiser le service de santé des armées dans le cadre des régions militaires ; et enfin, de combattre certaines maladies « difficiles » comme le cancer, par exemple, en concentrant les forces, notamment du fait de la rareté et du prix du radium vers 1930…

L’idée de sectorisation, née à la fin du XIXe siècle, a évolué jusqu’à nous avec les territoires de santé d’aujourd’hui et une interrogation permanente sur le contour le plus pertinent pour être proche du « terrain », mais toujours prise dans une contradiction avec les perspectives de l’administration.

On en arrive au T de GHT…

O

n a eu tort de se préoccuper du contenant, le périmètre du GHT, avant le contenu, le projet médical de territoire. Il est dommage aussi que les établissements privés n’aient pas été invités à y participer.

Tous les acteurs doivent être mobilisés pour résoudre le problème de l’accès aux soins. Mais, en fonction d’indica- teurs géographiques précis et du cri- tère central de 45 minutes maximum de déplacement – il n’est inscrit ni dans la loi ni dans la réglementation, mais est un invariant depuis très longtemps, à pied, à cheval, en diligence… – mes travaux ont abouti à un nombre théo- rique de 157 GHT pour éviter au mieux les angles morts. Finalement, 135 se sont constitués. Ceci dit, il ne s’agit que de la première étape d’une coopé- ration à construire. Ce que nous devons à nos concitoyens ce n’est pas de tout, partout. C’est l’assurance d’un accès de tous à des soins de qualité, au bon endroit, au bon moment.

Propos recueillis par Catherine Maisonneuve O. DESALEUX

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