SUR LES ÉQUATIONS DES TIGES DROITES,
PARLONS ROY.
INTRODUCTION.
Les
équations
du mouvement destiges
droiteshomogènes
etisotropes,
de sectioncirculaire,
ont été données autrefois par Poisson. On sait que cegéomètre
identifiait les deux coeflicients de Lamé Aet 1J.; mais,
si l’onreprend
la méthodequ’il
asuivie,
en laissant ces deux coefficients
distincts,
on retrouve leséquations
obtenuesaprès
lui par Kirchhoff. Sa méthode,
toutefois,
n’est pas à l’abri de toutecritique
et laisseà désirer au
point
de vue de la clarté. Plustard,
Kirchhoff et Clebschreprirent
lathéorie de la déformation des
tiges
de formequelconque,
enappliquant
àchaque
tronçon de la
tige
les formules de la flexion et de la torsion desprismes. L’application
de ces formules
prête
encore à certainescritiques, qui
ont été formulées notamment par E. Mathieu dans sa Théorie de l’élasticité des corpssolides,
mais la méthode de ,Kirchhoff
paraît, cependant, susceptible
de donner des résultats trèsapprochés, quand
latige
est droite et très peu déformée.Voulant soumettre à
l’épreuve
les résultats de cettethéorie,
E. Mathieu(1)
a con-sidéré une
tige
droiteisotrope
de section circulaire et a cherché leséquations
de sonmouvement transversal d’une manière
plus analytique,
enpartant
del’expression
dutravail des forces
élastiques
et enappliquant
leprincipe
des travaux virtuels.Dans cette
analyse,
E. Mathieu suppose,qu’en chaque point
de l’axe, ledéplace-
ment
longitudinal
est constamment nul, cequi
revient àadmettre, a priori,
l’indé-pendance
mutuelle des mouvementslongitudinaux
et transversaux. Deplus,
encalculant certaines dérivées des
déplacements,
il commet une faute de calcul, cequi
le conduit à des
équations
de mouvement de même forme que celles deKirchhoff,
mais
qui
ne coïncident avec elles que dansl’hypothèse ~
= N. La même remarque est àfaire, quand
ilapplique
la méthode de Poisson en rendant distincts les deux coeffi-(1)
E. MATHIEU, Théorie de l’élasticité des corps solides, ch.20
cients de Lamé. Aussi, ne s’étant pas aperçu de son erreur, il n’hésite pas à affirmer que le désaccord est dû à ce que ses
équations
sontplus approchées
que celles de Kirchhoff et de Poisson.Nous nous proposons de
reprendre l’analyse
de E.Mathieu,
mais en lui donnantune
plus grande généralité.
Toutd’abord,
nous n’annulerons pas, apriori,
ledépla- cement longitudinal
sur l’axe ; d’autrepart,
nous ne supposerons pas que latempé-
rature de la
tige
soit uniforme et constante, comme on le fait habituellement dans la théorie de l’élasticité, et nous tiendronscompte
des déformationsthermiques.
Aulieu du travail des forces
élastiques
que considérait E. Qlathieu, nous considérerons lepotentiel thermodynamique
interne de latige,
dont nous commencerons par rechercherl’expression ;
nous en déduirons leséquations
du mouvement parl’emploi
del’équation
fondamentale del’Energétique, qui généralise
le théorème ded’Alembert.
Cette
analyse
nous conduira à ce résultat que leséquations
du mouvement trans-versal,
tant indéfiniesqu’aux limites,
sontindépendantes
de latempérature.
Ceséquations
coïncident bien avec cellesdonnées, antérieurement,
par Kirchhoff. Latempérature
n’intervient que dans leséquations
du mouvementlongitudinal, qu’on peut,
du reste, obtenir par une méthodeplus rapide,
ainsi que nous l’avons montré ailleurs(1),
sans faired’hypothèse
aussiparticulière
sur la forme et la contexture de latige.
Nous terminerons en formant les
équations complémentaires
de latempérature,
déduites de la théorie de la conductibilité. Ces
équations, jointes
à cellesdéjà
obte-nues,
permettront
de traiter, dans toute leurgénéralité,
les deuxproblèmes insépa-
rables du mouvement et de la distribution de la
température.
Formules
préliminaires.
Nous considérons une
tige
de sectioncirculaire,
dont les bases sont deux sections droites de rayon s, et dont l’axe estdirigé
suivant l’axe des z. Aucunepression
exté-rieure n’est censée s’exercer sur la surface latérale. Nous ferons usage des coordonnées
rectangulaires
x, y, z, en mêmetemps
que des coordonnéescylindriques
r, ~, z.Soient v,
~,
y les cosinus directeurs de la normale extérieure à la surface de latige, N~, N3, T~, T~,
lescomposantes
de lapression
intérieure en unpoint;
puisque,
sur la surfacelatérale,
lapression
est nulle, nous avons, pour r == e :(1)
Journ. de rnath.(6e série),
t. VI, fasc. III, I9I0, p. 2fi(.En
général,
ï. étant une fonctionquelconque
de x, y, ~, t, nous poserons, pourabréger :
D’après cela,
endéveloppant 1Ï1
etT3
suivant lespuissances
croissantes de x et de y, et enremplaçant chaque
fois x et y,respectivement,
par ra etna,
lapremière équation ( 1 )
donne :Nous aurions deux
égalités analogues
pour les deux autreséquations (i).
En se
limitant,
dans cesdéveloppements,
aux termes en~2,
en yremplaçant 03B13
para(I
-p’), ~3
parp(I
-x~),
et enégalant
à zéro les coeflicients dex, a, oc’, ~’,
on obtient un certain nombre de
relations,
dont nous retiendrons seulement les suivantes :Nous supposerons que la
tige
se refroidit par rayonnement dansl’espace ambiant,
dont latempérature
absolue1’0
seraprise
pourorigine thermométrique. Soit
>alors
>~ la
température
en unpoint,
K et k les coefficients deconductibilité intérieure
et.extérieure ;
nous avons, pour r == g,n
désignant
la normale extérieure. Enposant h == 2014,
nous pourrons écrirel’égalité précédente
Développons
lepremier
membre de cetteéquation,
comme nous avonsdéveloppé
les
équations (1).
En nous limitantégalement
aux termes en~00FF,
nous arriverons à des relations dont nous utiliserons seulement les suivantes :Cela
posé,
considérons ledéveloppement
de la fonction 3- : ’d’après
leségalités (5),
on voit aisément que cedéveloppement peut
s’écrireles termes non écrits
étant,
aumoins,
du troisième ordre depetitesse.
Désignons
parU, V,
V les troiscomposantes
dudéplacement
et parDt’ D2, D3, Gi, G~, G3
les six déformations en unpoint quelconque
de latige.
Nous nous propo-sons de calculer les
quantités
au moyen des fonctions u. v, w et 6. Les relations entre les
pressions
intérieures, les déformations et latempérature, prises
sur l’axe de latige,
nous donnent tout d’abordv étant un troisième coefficient
d’élasticité, qu’il
faut considérer enplus
des deuxcoefficients de Lamé À
quand
on veut tenircompte
des effets de latempérature.
La
première
et laquatrième
deségalités (2)
s’écrivent, en tenantcompte
des deuxpremières égalités (7) :
d’où nous déduisons
La
première égalité (3)
et la deuxièmeégalité (4)
nousdonnent,
en tenantcompte
de la deuxième
égalité (3)
et des deuxpremières égalités (7) :
La
première égalité (4) jointe
à la troisièmeégalité (3)
et laquatrième égalité (3)
nous donnent de même
D’autre
part,
les deux dernièreségalités (2) s’écrivent, d’après
lesquatrième
etcinquième
deségalités (7) :
Comme elles ont lieu
quel
que soit z, on en déduit en différentiantD’après
cela, leséquations (g)
et(
Io)
nousdonnent,
en les résolvant et en remar-quant
q ue,d’a p rès
les deuxpremières égalités (5),
lesdérivées ~03B8 ~(x,y)
18 sont du secondordre :
Enfin,
les deux dernièreséquations (3)
s’écriventd’où,
en différentiant parrapport
à z, ,et les formules
(8)
différentiées achèveront de faire connaître ces dérivées.Potentiel
thermodynamique
interne de latige.
Le
potentiel thermodynamique
interne de latige
a pourexpression générale :
dd étant un élément de volume de la
tige
et une fonction de latempérature
seule.
Nous allons
remplacer,
sous lesigne
les déformations et latempérature
par.
leurs
développements,
en nous limitant, pourl’expression
entrecrochets,
aux termesdu second ordre de
petitesse.
D’après
la deuxièmeégalité (2),
g3 est du second ordre et,d’après
les deuxième ettroisième des
égalités (3), 1~3
et1~3
sont nuls. Donc, leglissement G,
est du secondt)y 2’x
ordre de
petitesse
et son carré,qui
est duquatrième,
doit êtrenégligé
dansl’expression (I5).
D’après
les deux dernièreségalités (2)
et(3),
nous pouvons écrirel’ensemble des termes non écrits étant du second ordre.
Or,
la troisièmeégalité (4) peut
s’écrireSupposons,
avec E.Mathieu,
que,pendant
son mouvement, latige
ne subisse pas de rotation autour de son axe, on auraOn déduit de ces deux dernières
égalités
.par suite, dans les
développements
deG,
et deG2
fournis par leségalités (16),
lestermes en rx et
r~
sont nuls. Lesglissements G~
etG2
sont donc aussi du secondordre et leurs carrés
peuvent
êtrenégligés
dansl’expression (i5).
Nous allons
remplacer,
dansl’égalité (15),
les dilatations et latempérature
par leursdéveloppements ;
celui deD, est
et ceux de
D2
etDa
ont des formesanalogues;
celui de 3 est donné parl’égalité (6).
Nous obtenons ainsi, en
remplaçant 03B1 et 03B2 respectivement
par cos 03C6 etsin 5 :
les coefficients
’’j~ ~ ‘~ ~ , , , ~ ~~ ~ , , ,
étant des fonctions de z et de t seulement.Si nous
intégrons
parrapport à ~
de o à ~~,puis
parrapport
à r de o à e, nous auronsla dernière
intégrale
étantprise
tout lelong
de l’axe de latige.
On vérifie que les coeflicients restants del’égalité (18)
ont pourexpressions
En tenant
compte
des troispremières
relations(7),
nous obtenonsIl nous reste à
remplacer,
dans lesexpressions (19), (20)
et(21),
les dilatations et leurs dérivées par leurs valeurs. Dans le calcul de~t:,
nous devrons, euégard
audegré d’approximation adopté,
nous limiter aux termes en ë2 et, dans celui(~
et de
~‘i ,
aux termesindépendants
de e. Nous voyons donc, dès àprésent, d’après
lespremière
etquatrième
deségalités (2),
que, dansl’expression E,
les termesen n et n doivent être
négligés.
Enremplaçant 3
par ~w ~z , on obtient pourA,
d’après
les formules(8)
et enposant
car on vérifie que les termes en ê2 se détruisent. Il
n’y
a pas nonplus
de termesen s, car toutes les
quantités
que nousremplaçons
par leursvaleurs,
aussi bien dansl’expression (19)
que dans lesexpressions (20)
et(21),
sont des fonctions linéairesen S2.
Remarquons
quet/t)
nedépend
que de 2v et de 6.,
Passons au calcul de
S) ~ ~ : d’après
leségalités (1 I), (12) (i3),
où nous devonsnégliger
lesquantités
ens2,
nous voyons que les deuxpremières lignes
du secondmembre de
l’égalité (21)
nedépendent
que de u et de v. D’autrepart, d’après
leségalités (i4)
et(8),
la troisièmeligne,
que nous devons réduire à son dernier terme,d’après
cequi
a été ditplus haut,
nedépend
que de w et de 0, étant donnée la troi- sièmeégalité (y);
nous pouvonsdonc,
dansl’expression (18), négliger
sonproduit
par E’ vis-à-vis de
J6
et limiter0D + 6
à ses deuxpremières lignes.
Nous obtenonsainsi, d’après
les formules(11), (12), ( I 3),
Quant
à laquantité
onvoit, d’après
les formules(8), qu’elle
nedépend
que de w et de 6. Sonproduit
par e’peut
donc être aussinégligé
vis-à-vis deu40
dansl’expression
deJ~.
L’égalité (18)
devient ainsi :Equations
dumouvement.
Pour obtenir les
équations
du mouvement de latige,
nous devonsécrire, d’après
les
principes
del’Energétique, qu’on
a, dans toute modification virtuelleisothermique compatible
avec lesliaisons,
â~e désignant
le travailélémentaire
des forcesextérieures, 8~
celui des forces d’inertie et la variationisothermique
dupotentiel thermodynamique
interne.Soient
X,
Y, Z les composantes par unité de masse de la force extérieureappliquée
à
chaque
élément devolume, c
ladensité, P,~, Py, P~
lescomposantes
de lapression
extérieure
qui
s’exerce sur les bases de latige,
on aâU, 8V,
8Wdésignant
les variations desdéplacements
dans la modification virtuelleconsidérée,
etl’intégrale
double s’étendant aux deux bases de latige.
En
développant,
comme nous l’avonsdéjà fait,
lesdéplacements
virtuels et lescomposantes
des forces extérieures et enintégrant
deuxfois,
onobtient,
ennégligeant
les termes
X,
Y,
...,P~ désignant
maintenant lescomposantes
des actions extérieures pourr = o. Nous aurions de même
On a, d’autre
part :
Soient z =
(o, 1)
leséquations
des deux bases de latige.
Enintégrant
parparties,
nous obtenons successivement .
D’après
cela,l’égalité (28)
devientSupposons
les troisquantités, qui figurent
dansl’équation (25), remplacées
par leurs valeursd’après
leségalités (26), (2y)
et(29).
Enégalant
à zéro successivement la somme des coefficients duou,
ov et owqui figurent
sous lessignes /,
nousobtenons
leséquations
indéfinies du mouvement :1~ °
En annulant, de même, les coefficients de
~03B4u, ~03B4v
et la somme des coefficients de lz lz8~t, ôv, bw
qui figurent
dans lapartie
toutintégré.e,
nous obtenons les conditions auxbases de la
tige:
dans
lesquelles
lesigne supérieur
serapporte
à la base z = l et lesigne
inférieur à la base z = o.Nous voyons que les
équations (30)
et(32)
du mouvement transversal sont indé-pendantes
de latempérature ;
elles coïncident avec cellesqui
’ont été données par Kirchhoff et avec cellesqui
ont été données par Poisson,quand
on y fait À = p..’
Equations
de latempérature.
-Considérons un tronçon de la
tige
limité par deux sectionsdroites ;
nous allonscalculer la
quantité
de chaleurcQ qu’il dégage, quand
on luiimpose
une modification virtuelle.Soit f le potentiel thermodynamique
interne par unité devolume, représenté
par laquantité
entre crochetsde l’expression (15);
lathermodynamique
nousenseigne
qu’on
aE
désignant l’équivalent mécanique
de la chaleur, T latempérature
absolue aupoint
où se trouve l’élément d et
l’intégration
s’étendant à tout le volumeoccupé
par le tronçon. Si nous posonsC
désignant
lacapacité calorifique
par unité de volume, nousreconnaîtrons, d’après l’égalité (15),
quel’expression
deèQ peut
s’écrireRemplaçons
les dilatations et latempérature
par leursdéveloppements et
inté- grons dans toute l’étendue d’une section droite, comme nous l’avons fait pour arriver àl’égalité (18);
ennégligeant
les termes en~‘,
nous auronsl’intégration
s’étendant à toute la hauteur du tronçon et Tdésignant,
maintenant, latempérature
absolue sur l’axe de latige.
Tenonscompte
deségalités (8)
et posonsil viendra
Comme on a T =
To
+ ,3 etque:;
esttoujours
trèspetit
vis-à-vis deTo,
C’ estsensiblement constant et diffère peu de C.
Soit
dQ
laquantité
de chaleurdégagée pendant
une modification réelle de duréedt;
nous aurons,d’après l’égalité précédente :
Mais,
la théorie de lapropagation
de la chaleur nousenseigne qu’on
a aussiF dS désignant
le flux de chaleurqui pénètre
dans le tronçon detige
par l’élément dSde sa surface latérale,
et ,,
le débit par unité de volume de la source de chaleur aupoint
où se trouve l’élément d Lapremière intégrale
se compose de deuxparties
qui correspondent,
l’une aux bases du tronçon, l’autre à sa surface latérale ; cellequi correspond
aux bases a pourexpression, d’après l’égalité (6) :
la
première intégrale
du second membre étant étendue à la basesupérieure,
ladeuxième à la base inférieure du tronçon. Si l’on
intégre
parrapport à 03C6
et à r, onreconnaît que le second membre de
l’égalité précédente peut
s’écrireau même
degré d’approximation
queprécédemment.
D’après
la condition de refroidissement à la surfacele flux de chaleur
qui pénètre
par la surface latérale du tronçon a pourexpression
de sorte
qu’en
définitive nous avonsNous verrions
également qu’on
aS
désignant
le débit de la source de chaleur sur l’axe de latige
et L son coefficient de diathermanéité.Si nous substituons les
expressions (36)
et(3~)
dansl’égalité (35),
nous en dédui-rons, par
comparaison
avecl’égalité (34), qu’on
doit avoiren
posant,
pourabréger,
32
L’équation (38)
devant avoir lieuquelle
que soit la hauteur du tronçon suivantlaquelle
onintégre,
il s’ensuit,d’après
un raisonnement usuel enphysique
mathé-matique, qu’on
doit avoir en toutpoint
de l’axeC’est
l’équation
indéfinie que nous voulionsétablir, qui
devient linéaire parrapport
aux déformations et à latempérature.
si l’on yremplace
T parTo’
et ceciconstitue une
approximation
bien suffisantesi,
dans son état naturel, latige, qui
estalors à la
température
del’espace ambiant,
est suffisammentéloignée
du zéro absolu.A
l’équation précédente
nous devonsadjoindre
la condition aux limites .dans
laquelle
lesigne supérieur
serapporte
à la base z = l et lesigne
inférieur à la base z = o.Les
équations (39)
et(4o), jointes
à celles que nous avons établies dans leprécédent paragraphe, permettent
de traiter dans toute sagénéralité
leproblème
du mouvementde la