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NIKIOS (Révolte à Babylone)

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RÉGINE M. REBOUL ILLUSTRATIONS DE BERTRAND

NIKIOS

(Révolte à Babylone)

LES PRESSES DE LA CITÉ — DÉPARTEMENT G.P.

80, RUE SAINT-LAZARE, PARIS-9

© 1967 - Les Presses de la Cité - Département G P., Paris

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PRINTED IN FRANCE

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EXTENSION DE L'EMPIRE PERSE AU DÉBUT DU V SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST

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PRÉFACE

La légende s'est emparée de l'exploit de Léonidas aux Thermopyles et tout le monde connaît les batailles célèbres livrées à Marathon et à Salamine. Les premiers rois de Rome ont imprimé dans les mémoires les noms de Numa et de Tarquin et personne n'ignore que Carthage fut réduite en cendres par les légions victorieuses.

Pour la plupart, toutefois, ces noms fameux et familiers évoquent des faits glorieux mais isolés dans le temps et dans l'espace. Les liens qui les unissent restent dans le vague. Ces peuples et ces pays si différents, si éloignés parfois, alliés ou dressés les uns contre les autres en fonction d'affinités de race ou d'intérêts divergents, ont contribué à former une civilisation dont nous sommes les héritiers directs.

Qui se souvient qu'entre Marathon et Salamine le monde antique tout entier se scinde en deux blocs coalisés : les Cartha- ginois, au sommet de leur prospérité, et les Étrusques, au déclin de leur puissance, embrassent prudemment la cause de l'énorme et invincible empire perse, tandis que Phocéens de Gaule et Grecs de Sicile, courageusement, essaient de soutenir leurs lointaines métropoles menacées de destruction. Seules les cités totalement dépourvues d'importance militaire et diplomatique pouvaient rester en dehors du conflit, telle cette petite ville de cultivateurs, au bord du Tibre, sur laquelle régnait Tarquin l'Ancien.

Arrière-petit-fils du fondateur de Milet, Nikios se trouve situé à un carrefour privilégié de l'histoire. Élevé en captivité, mêlé par le jeu des circonstances à la révolte de Babylone,

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jeté par les vents, les tempêtes, les pirates aux quatre coins de la Méditerrannée, arrivant à Athènes pour trouver la ville en flamme et les Athéniens réfugiés sur leurs bateaux dans la rade de Salamine, peut-être le récit de ses avatars pourra-t-il mettre en lumière les faits de ce temps-là tels que certains ont pu les vivre, et dans le cadre qui les entourait.

Ce décor, sauvage et primitif dans les pays barbares, grandiose et magnifique dans l' Orient achéménide, était plus divers qu'on ne l'imagine généralement. Le jeune visiteur de nos musées, lorsque s'offrent à son admiration les fresques de dragons et d'archers qui disent la splendeur passée de Persé- polis, fait-il bien le lien entre ces merveilles et les statues archaïques de la Grèce du VI siècle, exposées dans une salle voisine ?

C'est ce rapprochement que le personnage de Nikios voudrait créer, en proposant à l'imagination de son lecteur de rendre la vie à ces témoins du passé.

La plupart des faits ou des personnages décrits dans cette histoire ont été sculptés en bas-relief par les hommes de ce temps-là. Le visiteur moderne du musée du Louvre n'aura aucune peine à reconnaître Tipherne dans ces archers à cheval à casque pointu, Asshur ou le grand prêtre dans ces seigneurs montés sur des chars de parade, à moins qu'il ne préfère relire dans la pierre la chasse au lion du satrape ou la route des cèdres convoyés sur l'Euphrate.

Sur le plan humain, les guerres médiques sont sans conteste un des sommets de l'histoire universelle. Dans ce conflit de « l'arc contre la lance », de l'Europe contre l'Asie, le sort de notre civilisation s'est joué.

A cette époque, entre deux guerriers qui combattent, il n'y a pas d'autre distance que la longueur de leur glaive;

l'homme vit très proche de l'animal réputé le plus noble :

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la vie du cavalier dépend bien souvent du courage et de la rapidité de son cheval, et il arrive que l'animal soit payé en retour d'un attachement profond.

En Nikios s'incarne en raccourci l'esprit propre aux Athé- niens qui les conduisit, de Marathon à Salamine, à défendre leur liberté, un contre cent, envers et contre tout, acceptant de livrer un combat qu'ils n'avaient en principe aucune chance de gagner, pour en sortir à jamais couverts de gloire. Ainsi, Nikios, le dernier des Néléides, enfant à l'âge où l'on devient un homme, refuse la captivité et réalise l'impossible en revenant du bout du monde, prouvant par les faits que rien jamais n'est désespéré, parce que les dieux aiment la justice et protègent le courage.

Après deux mille cinq cents ans, telle est la leçon qui se dégage des guerres médiques, leçon qu'on peut encore offrir à méditer aux jeunes du XX siècle.

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CHAPITRE PREMIER LE COLLIER DES ESCLAVES

C'ÉTAIT en 486 avant Jésus-Christ, dans une vaste habitation babylonienne proche de l'embouchure de l'Euphrate. Avec ses murs épais d'argile séchée au soleil, l'énorme habitation se voyait de fort loin. Dépourvue de fenêtres, elle semblait une forteresse bâtie pour résister à un ennemi quelconque.

Il n'en était rien cependant. Depuis plus de quarante ans le pays était en paix, mais il connaissait la servitude.

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Conquis par le Perse Cyrus, il était devenu une satrapie, c'est-à-dire une province de son immense empire. Archers d'une habileté légendaire, cavaliers infatigables, guerriers invincibles, les Perses avaient d'ailleurs conquis le monde ou à peu près. Égyptiens de la vallée du Nil, Juifs de Jéru- salem, Phéniciens de Tyr et de Sidon, Syriens de la monta- gne des cèdres, Babyloniens du bas Euphrate, Assyriens à Ninive, Lydiens à Sardes, et jusqu'à ces Bactres lointains par-delà le plateau montagneux qu'était la Perse elle-même, aux frontières de l'Inde fabuleuse, tous ces peuples étaient rangés sous la loi de Darius, successeur de Cyrus, roi des Perses, le Grand Roi, Roi des Rois — quels titres fantas- tiques ne lui donnait-on pas encore?

Seules de tout le monde antique, les petites cités de la Grèce lointaine conservaient encore leur indépendance, mais le Grand Roi avait décidé d'y mettre fin. En effet, Milet, une ville grecque d'Asie Mineure, avait fait la folie de se révolter, avec l'aide des Athéniens, contre les Perses. La riposte du Grand Roi avait été terrible : la ville prise, tous les Milésiens en âge de porter les armes avaient été tués, les femmes et les enfants emmenés en esclavage.

Où ? A l'autre bout du monde, à l'embouchure de l'Euphrate, à l'extrémité de la basse Babylonie, non loin des rivages de ce que nous appelons maintenant le golfe Persique. D'un tel voyage, on ne revient guère.

C'est dans cette province lointaine, à des mois de marche de la Grèce, que se dressait cette vaste maison aux murs nus, si grande qu'on eût dit une citadelle. Ce n'en était pas une cependant et seuls le matériau employé et les ardeurs d'un soleil implacable autant que celui d'Afrique obligeaient à cette architecture. Dans un pays où la pierre est presque aussi rare que le bois, toutes les constructions importantes

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consistaient en énormes murs de briques, formées d'argile mélangée de paille hachée, que le terrible soleil se chargeait de sécher et de rendre dures comme de la pierre. Il est vrai qu'une pluie importante aurait fait fondre ces murs comme neige au soleil, mais l'eau qui fait de la Mésopotamie une plaine fertile ne tombe pas du ciel, elle descend des mon- tagnes du Nord couvertes de neige dans le lit de deux grands fleuves. Si les hommes n'avaient pas su l'empri- sonner dans des canaux innombrables pour se l'approprier, elle apporterait la mort plus encore que la vie sous la forme de formidables inondations.

Le seul ennemi dont se protégeait cette vaste demeure était le soleil. Lorsqu'on avait pénétré à l'intérieur, on débouchait dans une immense cour carrée où l'on remar- quait des anneaux fixés dans le sol. Il s'agissait d'un des haras du satrape, ou gouverneur de Babylone, pour lequel on élevait des milliers de chevaux. Cette cour à ciel ouvert était en fait une écurie, où les animaux se trouvaient pro- tégés des bêtes féroces de toute sorte qui pouvaient les menacer.

A cette heure de l'après-midi, le soleil déclinait et dans la cour déserte, à l'ombre du mur de l'ouest, se tenaient un jeune garçon et un vieillard. Devant la porte de sa chambre, assis en tailleur, une tablette d'argile posée sur ses genoux, un stylet à la main, le bonhomme gravait patiemment des signes étranges, tout en traits et en angles.

L'écriture cunéiforme des Babyloniens était d'une compli- cation extrême, et nombreux étaient les scribes comme celui-ci qui avaient passé de longues années de leur vie à en apprendre tous les secrets. L'enfant debout derrière lui lisait par-dessus son épaule :

— Goudorrou envoie au satrape de Babylone huit chevaux

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bais et vingt-quatre juments, tous dressés et propres à être montés pour servir aux soldats de sa garde. Mardouk protège le satrape...

Le bonhomme, étonné, se retourna.

— Ton esprit est rapide, enfant; tu as appris à lire si vite que j'inclinerais à croire qu'il y a quelque sorcellerie là-dessous.

L'enfant éclata de rire.

— Quelle magie veux-tu voir partout ? Chaque fois que je m'ennuie, je viens te voir et je te demande le sens de ce que tu écris. J'ai fini par apprendre, voilà tout.

Le scribe posa sa tablette et regarda fixement l'enfant :

— Écoute, Nikios, aimerais-tu devenir scribe?

La réponse fut sans hésitation :

— Moi? Oh! pas du tout!

Le vieillard était complètement déconcerté.

— Comment, tu ne souhaites pas devenir scribe et savant ?

— Mais non, je t'assure. Pourquoi veux-tu que je devienne scribe?

— Je vais t'expliquer l'idée que j'ai eue. Peu d'enfants, dans les écoles de scribes, sont capables d'apprendre la valeur des signes avec tant de facilité. Aussi avais-je l'inten- tion de parler de toi au maître, qui m'écoute quelquefois avec bienveillance, quand ses affaires sont bonnes. Je lui aurais montré qu'un esclave scribe a beaucoup de valeur, et que ce serait une bonne affaire pour lui que de t'envoyer à l'école pour ensuite te revendre un bon prix. D'autant que tu es grec et que, sachant déjà lire et écrire le grec, tu pourrais être vendu comme interprète à un marchand de la côte. Qui sait? Cela pourrait changer ta vie, Nikios, penses-y.

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Cette fois, Nikios avait compris et il réfléchissait.

— Tu es un brave homme et je te remercie de penser à moi, mais je ne veux pas aller à l'école des scribes et quitter cet endroit-ci. Vois-tu, ton métier est un métier difficile et on estime assez les hommes qui savent le faire. Mais je

n'ai pas envie de devenir savant. J'aime marcher, courir au grand air, galoper sur le dos des chevaux; je serais malheureux s'il fallait que je reste pendant des heures assis, immobile comme toi, à compter l'argent du maître pour ses achats et ses ventes de chevaux et à l'écrire sur des tablettes.

Le vieux scribe était têtu et il insistait :

— Mais pourtant tu es curieux de ta nature, puisque tu es venu de toi-même, et sans que personne t'y oblige, apprendre à mes côtés une partie de ma science. Songe à ce qui t'attend ici : une vie de palefrenier, de valet d'écurie,

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toujours à cheval, à garder des chevaux, à les parquer, à les capturer, à les dresser. Bien sûr, à ton âge, ce sont des exercices amusants; mais toute ta vie, y as-tu pensé?

Brusquement Nikios leva les yeux qu'il tenait obstiné- ment fixés à terre pendant le discours du vieux scribe.

— Écoute, je t'aime bien et j'ai confiance en toi, veux-tu me garder un secret?

Le bonhomme de saisissement posa à terre à côté de lui la tablette sur laquelle il travaillait.

— Un secret? Quel secret peux-tu avoir? Aurais-tu fait quelque bêtise? Confie-le-moi, enfant, je t'en prie.

Aurais-tu le projet de t'enfuir? Je sais que tu ne penses qu'à cela, inutile de le nier. C'est une idée folle; tu es à des mois et des mois de marche de ton pays, tu ne seras pas parti d'ici depuis trois jours que le collier de fer qui

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est soudé à ton cou t'aura fait reconnaître, que tu seras repris, ramené ici. Et qui sait quel châtiment te punira de cette folie !

— Le collier des esclaves, il est vrai, dit Nikios d'un air sombre et farouche en portant la main à la plaque de fer rivée à une chaîne qui pendait à son cou et qui portait le nom de son propriétaire.

Pour se débarrasser de ce triste bijou, il fallait les outils du forgeron.

— Non, sois tranquille, reprit-il plus calmement, je n'ai pas l'intention de m'enfuir, du moins pour le moment, car je ne crois pas que ce soit possible. Mon secret est autre.

Le vieux scribe secouait la tête tristement.

— Tu trouveras la mort le jour où tu feras cette folie, soupira-t-il. Allons, dis-moi ton secret.

— Tu sais, commença Nikios, que mon travail dans la campagne consiste à garder un pont de palmiers jeté sur le grand canal qui longe et délimite les terres de Goudor- rou. Je suis simplement en faction pour barrer le passage aux chevaux qui paissent sur les immenses étendues de la ferme, si l'idée leur venait d'aller se promener de l'autre côté. Je n'ai rien à faire; j'ai eu tout loisir de me construire une hutte de roseaux, de me tailler un pipeau pour imiter le chant de tous les oiseaux du voisinage, de me fabriquer un arc et des flèches pour exercer mon adresse et même — tu ne le diras pas — pour tuer un canard de temps en temps afin de le mettre à la broche. Voilà qui me change des éternels oignons du maître.

— Je sais, je sais, soupira le vieux scribe. Pourvu que le contremaître ne te prenne pas un jour en train de plumer un canard, c'est tout ce que je souhaite.

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— J'ai fait pire que de tuer des canards, continua paisiblement Nikios. Un matin que j'arrivais à mon poste au soleil levant, j'ai trouvé un tout jeune cheval, de ceux qui vont bientôt avoir l'âge d'être dressés. Oh! je l'avais souvent remarqué quand il trottait dans la plaine. C'est un étalon blanc et ce sera le meilleur coursier du haras. Ce matin-là, il était perdu, couché dans l'herbe; il ne pouvait pas se relever : sa jambe antérieure gauche était démise.

Si le contremaître l'avait trouvé ainsi, il l'aurait abattu, sans aucun doute. J'ai mis du temps à pouvoir m'en appro- cher sans qu'il me morde. Il souffrait, il mourait de faim et de soif. Lorsqu'il a été à moitié évanoui, à bout de forces, je lui ai apporté de l'eau et il l'a bue. Alors j'ai pu le caresser et il a compris que je ne lui ferais pas de mal. Heureuse- ment ma... ma mère, ajouta-t-il avec une pointe d'hésita- tion, m'a appris toute sa science pour soigner les blessures et réparer les membres cassés.

— Il est vrai, approuva le vieux scribe, ta mère était une digne femme; elle connaissait tous les secrets de son mari, qui avait été un des plus habiles médecins de la ville de Milet. Elle a souvent soigné les gens d'ici et elle a soulagé tant de maux que tout le monde a regretté sa mort.

Enfin, tu as guéri ton cheval et tu l'as apprivoisé, voilà ce que je comprends. Mais en quoi tout cela t'empêche-t-il de devenir scribe?

— Tu ne comprends donc pas? demanda Nikios.

J'ai un cheval à moi, un ami, il m'appartient puisque je l'ai sauvé, je l'ai soigné comme un tout petit enfant, je lui ai apporté à boire, à manger, pendant des jours et des jours, au point que j'ai pu lui remettre son articulation démise sans qu'il bouge. Songe que c'est affreusement douloureux;

s'il n'avait pas compris que je le soignais, il aurait rué, il

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Ce livre NIKIOS (Révolte à Babylone) de Régine M. Reboul illustré par Bertrand est le deux cent quarante-troisième

de la Série SOUVERAINE

Il a été imprimé sur les presses de l'Imprimerie G. Maillet et C

à Saint-Ouen Photogravure S.T.O.

Dépôt légal n° 1575 - 2 trimestre 1967 Septembre 1967

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