F RÉDÉRIQUE S EGOND J EAN -P IERRE C HANOD
Grammaire applicative : traitement informatique de la composante morpho-syntaxique
Mathématiques et sciences humaines, tome 103 (1988), p. 23-43
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1988__103__23_0>
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GRAMMAIRE APPLICATIVE : TRAITEMEN’F
INFORMATIQUE
DE LACOMPOSANTE
MORPHO-SYNTAXIQUE
Frédérique
SEGOND1 Jean-Pierre CHANOD 2Cet article
présente
nos travaux dans le cadre de lagrammaire applicativc
universelle(G.A.U.).
Notre but est
d’implanter
sur machine unegrammaire
dufrançais qui
utilisele formali,sme
destypes propre à cette
grammaire.
Dans un
premier temps
nous situeronsrapidement
lagrammaire applicative
pour exposer ensuite lesprincipes
et lesmétarègles
que nous proposonsd’y ajouter ;
enfin nous décrironsun
prototype
de programme.l. 1,A GRAMMAIRE APPLICA’I’IVE : IJN SURVOL
La
grammaire applicative
est une extension de lagraf11111ai,.(’ catégorielle.
Celle-ci remonteaux années 1930 avec les travaux du
logicien polonais
Ka7irnicrzAjdukiewicz qui
met aupoint
en 1935 un
système
formalisé de vérificationsyntaxique
desexpressions.
A la base de cesystème
on trouve les idées duphilosophe
I:drnundIlusscrl, plus particulièrement
cellesqui
concernent sa théorie sur les
catégories
designification.
L’idée
d’Ajdukiewicz
est, eneffets,
de considérer lescatégories grammaticales
comme desfonctions
qui s’appliquent
à desopérandes
pour fournir un résultat.Il se donne deux types de base : les termes, notés t,
qui symbolisent
les syntagmes nominauxet les
propositions
notées s.1 E-11-E.S.S. / Centre scientifique 1.R.M.-France
2 Centre scientifique I.R.M.-France
3 Pour un exposé complet sur la grammaire catégorielle se reporter Si .I.l,. Gardics
[19]
et pour un exposé plusbref à Lyons
[23]
A
partir
de ces deuxtypes
de base(nous
pouvons mêmeparler
decatégories
debase)
il vaengendrer
récursivement une infinité detypes
dérivés(qu’ AjdukieBvicz appelle foncteurs) qui
vont
représenter
les autrescatégories syntaxiques
dufrançais.
Ainsi un
adjectif
va être considéré comme une fonctionqui agit
sur un syntagme nominal(de type t)
pour donner unsyntagme
nominal.Par
exemple l’adjectif "bleu"
est unefonction qui agit
sur le syntagme nominal" ciel" pour donner le syntagme nominal "ciel bleu". De même le verbeintransitif >"dort"’
est unefonction qui agit
surle syntagme
nominal "l’enfani" pour former
laproposition ""l"enfant
dort".La notation
adoptée
parAjdukiewicz
pourreprésenter
lesfoncteurs,
est celle des fractions formelles avec lasimplification
des fractions.Nous donnerons ici un
exemple
afin que le lecteurpuisse
se faire une idée du mécanisme desimplification
formelle.Exem le :
Les
codages
sont les suivants :4bleu:
t/t
ciel: t l’ :
t/t
enfant: t
dort:
s/t
Les
règles
desimplification
sont les suivantes :où u et v sont des
types quelconques.
On forme le
syntagme
nominal(ciel bleu)
ensimplifiant
les fractions selon lesrègles indiquées précédemment :
ciel bleu -
(ciel bleu)
t
* t/t
= tAvec les mêmes
règles
desimplification
on forme laproposition (l’enfant dort).
L’ enfant dort -
(l’enfant) dort-(l’enfant dort)
1,’intérêts d’un tel formalisme est de
pouvoir,
à l’aide d’une ;culcrègle
trèssimple,
établir si uneproposition
est correcte dupoint
de vue de lasyntaxe (/BjdukieBvicz
disaitsyntaxiquement
connectée ou
normale).
D’autres auteurs se sont ensuite
penchés
sur lagrammaire catégorielle.
Citons les noms de Lambek et de BarI Iillel ;
mais si séduisante que soit cette théorie elle doit être enrichie : c’est le propos de lagrammaire applicative
universelle.La
grammaire applicative apparaît
dans les années soixante avec les travaux dulinguiste
Sébastian Konstantinovitch
Shaumyan qui, partant
de la distinction entre le niveau des observables et le niveau desconstruits,
va établir cequ’il appclle
unlangage génotype.
Ce
langage génotype
est unmétalangage
dedescription
desopérations
constitutives deslangues
naturelles. Lagrammaire catégorielle engendre
unsystème génotype d’expressions
dedifférentes
types.
Lagrammaire applicative
universelle est une extension de lagrammaire catégorielle
obtenue en luiadjoignant
des combinateur.s et des loisspécifiques
à la théorielinguistique.
Comme en
grammaire catégorielle,
on trouve les deuxtyycs
de base î et i àpartir desquels
sont construits les
types
dérivésappelés,
engrammaire applicative,
desopérateurs,
4 te numérateur de la fraction symbolise le résultat, le dénominateur ! argument de la fonction.
Remarquons
que la notation fractionnaire étantintrinsèquement ambiguë,
lagrammaire applicative adopte
les notations suivantes :t est un
type
s est un
type
Si x est un
type
et si y est untype,
alorsOxy
est untype.
Un
opérateur
est donc uneséquence préfixée
par0,
srclvie du type de son argument(ou o érande ),
lui-même suivi dutype
du résultat( résultant).
Ainsi, /’ adjectif
est codé Ott(au
lieu det/t),
le verbeintransitif
est codé Ots(au
lieu deslt),
leverbe
transitif
est codéOtOts,
etc.Nous avons les
types
suivants :Bien entendu cette liste n’est
qu’indicative.
Cette notation a
l’avantage
de mettre en valeur la notiond application qui
est à la base de lagrammaire applicative. Signalons
à ce propos que lagrammaire applicative emprunte
le formalisme de lalogique
combinatoire.6 Ainsi toutopérateur
sera considéré comme étant unefonction à un
argument.
Une fonction à n-arguments sera doncenvisagée
comme unecomposition
de n-fonctions à un seulargumenta
En
pratique,
au lieu de considérer le verbe transitif comme unopérateur qui agit
sur deuxopérandes (le
COD et lesujet),
on le considérera comme unopérateur qui agit
sur unopérande (le COD)
pour former unopérateur qui
attend unopérande (le sujet)
pour formerune
proposition ;
ceciapparaît
clairement dans lecodage
du verbe transitif : 0101,,;.D’autre
part
lagrammaire applicative
nouspermet d’engendrer
des arbresapplicatifs qui
mettent bien en évidence les
rapports qu’entretiennent
les diTércnts mots de laphrase.
5 Ainsi un adverbe qui modifie un verbe intransitif est noté, de façon ambiguë, s/t/s/t dans le formalisme d’Ajdukiewicz alors qu’il est noté sans
ambiguïté
OnLSOLS dans le formalisme applicatif.6 Consulter l’article de Curry
( 10~
7 Pour un exposé plus complet cf. J.-P. Desclés C 12)
Donnons un
exemple
:l1,1 La notion de
combinateur :
Les combinateurs sont des
opérateurs
abstraitsqui
servent dans lacomposition d’opérateurs plus
élémentaires. Achaque
combinateur est associécanoniquement
un schéma derègle
deréduction
qui reçoit
le nom de{3-réducliol1.
Ce schéma définit lasignification
propre du combinateur en tantqu’opérateur.
Exemple
:9Le combinateur de
composition
B est défini à l’aide de larègle
defl-réduction
suivante :"/?XYZ-~
X(YZ)
oùX ,
Y sont desopérateurs quelconques
et Z est une entitéquelconque."’°
Ainsi,
onpeut
dire que leprédicat
"endort" est unprédicat complexe,
dérivé duprédicat
"dort"à l’aide du
prédicat grammatical "cause",
au moyen du combinateur decomposition
B. On adonc la relation suivante : endort ~ B cause dort
où le
prédicat "cause"
a pourtype
OsOts et leprédicat "dort"
a pourtype
Ots. Enappliquant
la
fl-règlc
de réduction on obtient leprédicat
binaire ’Iendort" de type Ot()ts.Considérons la
phrase:
"Jean endortMarie",
et montrons comment leprédicat
"endort" estdérivé du
prédicat
"dort".1.
(endort Marie)
Jean2. endort ~ B cause dort 3. B cause dort Marie Jean 4. cause
(dort Marie)
Jean8 Les opérateurs sont
symbolisés
par des lignes douhles, les arguments par des lignes simplcs9 Notons qu’il existe d’autres combinateurs ; cf.
Desclés
~° cf.
Desclés[ 12]
Le type de B est calculé en fonction du contexte.
1.2 La notion de
métarégte :
Maintenant que nous avons un
métalangage
pour décrire lelangage
naturel il va nous falloirétablir,
sur cemétalangage,
unsystème
de calculqui
nouspermette
de vérifier si uneexpression
est ou n’est pas bien formée.Pour ce
faire,
nous avions engrammaire catégorielle
lasimplification
desfractions ;
engrammaire applicative,
avec les notationsadoptées,
nous avons larègle
desimplification
suivante :
y/x
* x = y devient :Oxy
x -~ yx *
y/x
= y devient : xOxy -
y où x et y sont destypes quelconques
Or cette seule
règle
desimplification
se révèlerapidement
insuffisante pourdiriger l’analyse.
Nous avons donc besoin de trouver d’autres
règles qui
vont"gouverner"
cetterègle
desimplification,
en ce sensqu’elles
vont nouspermettre
de restreindre sonemploi,
de lepréciser.
Ces nouvellesrègles reçoivent
le nom deniéiarègles.
On voit donc que la
grammaire applicative
est unegrammaire catégorielle
àlaquelle
on aajouté
desmétarègles
et des combinateurs.On
peut
dire que le but de lagrammaire applicative
est de restreindre lesystème génotype
àl’aide de lois
(restrictions) qui
sontexprimées
avec les comhinateurs.Dans la suite de cet article nous proposons un ensemhle de
métarègles : métarègles syntaxiques
dans unpremier temps, morphologiques
ensuite.Elles visent d’une
part-à
enrichir les informations données par lestypes,
d’autrepart
à fournirune
interprétation globale
des relationsimpliquées
par lelangage génotype.
Notons que le souci de réaliser un
prototype
degrammaire applicative
sur machine aguidé
notre réflexion.
2. ANALYSE
SYN’I’AXIQUE:
METAREGLES :2.1
Métarègle
d’ordre des arguments :La relation
opérateur/opérande,
telle que nous l’avonsprésentée jusqu’à présent,
neprend
pasen
compte
l’ordre des mots.Or,
il convient depouvoir représenter
des informations telles que :.
l’adjectif
attend un terme indiEl’éremment à droite ou àgauche,
. l’article attend un terme à
droite,
. le verbe intransitif attend un terme à
gauche (le sujet),
. le verbe transitif attend un terme à droite
(le COI», puis
un terme àgauche (le sujet).
On
procède
de lafaçon
suivante :1. On code dans le dictionnaire les informations relatives à l’ordre : le type d’un
opérateur
est
suivi,
dans ledictionnaire,
de l’indication de laposition
que doit occuper chacun deses arguments. Pour chacune des
catégories syntaxiques
que nous venons d’énumérer on trouve :chien : t
gigantesque : Ott,
droite ougauche
le :
Ott,
droite bondir :Ots, gauche
parcourir
:OtOts, droite, gauche
2. On
applique
au cours del’analyse syntaxique
lamétarègle d’ordre, qui
consiste à vérifier dans une relationopérateur/opérande
lacompatibilité
de l’ordre des mots avec les contraintesqui
leur sontimposées
par le dictionnaire.Ainsi sans la
métarègle
d’ordre on obtient lasimplification
suivante :Avec la
métarègle d’ordre, l’analyseur
n’e~’ectuera aucunesimplirication :
chien le
Il est clair que cette seule
métarègle
nepeut
rendrecompte
de toutes lesquestions
liées àl’ordre des mots, et
qu’il faudra,
pour traiter de cas tels quel’interrogation,
lepassif,
etc., introduire d’autresmétarègles
utilisant des combinatcurs."2.2
Métarègle
de comptage desarguments :
La
métarègle
decomptage
est une méthode pouréliminer,
d’entrée dejeu,
des choix detypes
qui
de manière certaine ne conduiront pas à uneanalyse syntaxique
correcte.Règle
decomptage :
Un même mot
peut
être associé à différentestypes,
selon lacatégorie grammaticale qui
lui estattribuée. Par
exemple
le mot "ferme"peut
être nom,adjectif,
verbe transitif ou intransitif etrespectivement
associé auxtypes
t,Ott, OtOis,
011. Il en résultequ’à
l’échelle d’une mêmephrase
il existeplusieurs
combinaisonspossibles
detypes,
dont certainesn’ont, indépendamment
desrègles
desimplification
et desmétarègles,
aucune chance deproduire
uneexpression
normale detype
,s.La
métarègle
decomptage permet
deprévoir,
sans effectuer desimplification d’opérateur, quelles
sont,parmi
toutes les combinaisons detypes possibles
pour unephrase donnée,
cellesqui
sontsusceptibles
deproduire
desexpressions
normales detype
s. Onpeut
doncrejeter
d’emblée certaines combinaisons de
types,
sans avoir à effectuer la moindreanalyse syntaxique.
Enrevanche,
si larègle
decomptage
assurequ’une
combinaison choisie pour lestypes
estsusceptible
deproduire
uneexpression
normale detype
s, il reste bien évidemment àpoursuivre l’analyse syntaxique
pour s’en assurer.Il Consulter, pour le
passif
et les réflexifisl’ouvrage
de DESCLES-SII/B UrvlY A N-(JUEN1~CIIEV A[17]
La
métarègle
decomptage s’exprime
au moyen de deux fonctions decomptage,
compt, et compt,, définies comme suit’2:De même:
Pour une
phase donnée,
lamétarègle
decomptage
détermine les combinaisons(ou séquences)
detypes 1~ T2
...1:
pourlesquelles :
Dans le cadre de la
métarègle
decomptage,
lesambiguïtés
associées à la notationcatégorielle d’Ajdukiewicz
n’ont aucuneffets, puisqu’on
ne considère pourchaque opérateur
que son"bilan",
en termesd’opérandes
et de résultants detypes ç
ou i, sans se soucier des contraintes associées au mécanisme desimplification
desopérateurs.
Dans le formalisme
d’Ajdukiewicz,
lamétarèglc
de comptage revient donc à effectuer dessimplifications
de fraction entre les i et entre les î, selon lesrègles
usuelles del’arithmétique,
comme dans
l’exemple
suivant :Il
peut paraître avantageux,
pour la commodité de lalecture,
de revenir à cette notation dans laprésentation
desexemples qui
suivent. Considérons laphrase :
"la belle ferme le voile" et examinons les entrées du dictionnaire :L’analyseur
doitenvisager
64configurations
résultant des différentes combinaisonspossibles
pour le
type
de chacun des mots.La
règle
decomptage
desarguments permet
de n’en retenir que 10susceptibles
deproduire
une
expression
detype s après simplification.
Ce sont les suivants :
t2 On trouve une règle analogue dans l’article de Van Benthem
[24]
Parmi ces 10
séquences
detypes
pourlesquelles
compt, = 1 et compt, =0 , certaines,
biensûr,
neproduiront
pasd’expression
normale. Defait,
seules trois de cesséquences
serontréduites à des formes normales par
l’analyseur syntaxique (cf.
ultérieurement lesmétarègles
de
priorité).
L’intérêt de lamétarègle
decomptage
est toutefois d’avoiréliminé,
à moindrecoût,
bon nombre deséquences incorrectes,
sans même effectuerd’analyse syntaxique.
C’estlà une
parfaite
illustration de l’intérêt dulangage génotype.
Pour
souligner
l’intérêt de cettemétarègle
onpeut
la comparer avec uneapproche plus
traditionnelle : les ATN.’3
Disposant
d’unegrammaire qui
utiliserait des A’rN nous serionsobligés d’envisager
d’unepart
toutes lescatégories possibles
pour chacun des mots et d’autrepart
pour chacune de cescatégories
nous aurionsplusieurs
chemins à tester. Sur unephrase
comportant
autantd’ambiguïtés
que "la belle ferme le voilc" ons’aperçoit rapidement
que lamétarègle
decomptage
desarguments représente
ungain
detemps
considérable.2.3
Métarègles
depriorité
associées auxopérateurs:
Considérons la
proposition
suivante :Le
léopard
bonditOtt t Ots
on sait que "le"
(Ott)
attend un terme àdroite,
et que ’bondit(Ots)
attend un terme àgauche
;
"léopard"
est donc attendu à droite et àgauche.
Nous avons donc deux
analyses possibles :
1 er essai :
L’analyseur
ne termine pas.2ème essai :
J3 cf. Woods [28]
Pour lever un tel
type d’ambiguïté’4
nous allons introduire desmétarègles qui
vont nousindiquer quel
estl’opérateur qui agira
enpriorité.
Cette démarche repose surl’hypothèse
que l’information fournie par lestypes peut
déterminer unestratégie d’analyse syntaxique.
Pource faire nous avons dû
opérer
une classification desopératcurs.
La
terminologie
suivante estinspirée
de Bar~Iillel ;
nous l’avons affinée et enrichie.Définitions :
Opérateurs endotypes
et exotypes :1. Un
opérateur endotype
unaire relativement à u a pourtype
Ouu où u est untype
quelconque.
Exemple :
2. Un
opérateur endoijpe composite
relativement à Il a pour type OuOxu où x est untype
quelconque.
Exemple :
.3. Un
opérateur
exotype relativement à u a pourtype
0,,:( où x :F u et x :FOyu.
Exemple :
Ces définitions étant
posées,
nous allons établir une hiérarchie entre lessimplirications.
Le
principe
en est le suivant : lesopérateurs
lesplu.s puissants opèrent
enpriorité,
lapuissance
des
opérateurs
étant définie comme suit :les
opérateurs endotypes
unaires sontplus puissants
que tesopérateurs endotypes composites,
eux-mêmes
plus puissants
que lesopérateurs exotypcs.
Enonçons
ceprincipe
sous forme demétarègles.
.
M étarègle
depriorité 1 :
Si OPI est
endotype
unaire relativement à u, etplus puissant
que OP2 alors onapplique
d’abord la
simplification
de OPI sur le terme detype
u.Autrement dit :
Si OPI est de
type
Ouu etOPI«
>OP2,,
alors:OP I u OP2 se
simplifie
en:(OP I u)
OP2.
Métarègle
depriorité
Ibis :(cette métarègle
est unesimple convention)
Si OPI et OP2 sont
endotypes unaires,
alors onapplique
d’abord lasimplification
de OP2sur le terme de
type
u.Autrement dit :
Si OPI est de
type
Ouu et OPI = OP2 alors : OP I u OP2 sesimplifie
en : OP I(u OP2)
~4 Cette ambiguïté dans la simplification peut se présenter sous la forme Oxy x ()xz où x, y, z sont des types quelconques.
~
Métarègle
depriorité
2 :Si OPI est
endotype composite
relativement à u, etplus puissant
que OP2 alors onapplique
d’abord lasimplification
de OP I sur le terme detype
u.Autrement dit :
Si OP2 est de
type
OuOxu etOPI«
>OP2.
alors :0P 1 u OP2 se
simplifie
en :(OPI u)
OP2~
Métarègle
depriorité
3 :Si OPI est
exotype
relativement à u, etplus puissant
que OP2 alors onapplique
d’abordla
simplification
de OP 1 sur le terme detype
u.Autrement dit :
Si OPI est de
type
Oux etOPI.
>OP2.
alors :OP 1 u OP2 se
simplifie
en:(OPI u)
OP2Strate
La hiérarchie entre les
simplifications
s’établit enappliquant
lapremière métarègle
leplus longtemps possible, puis
ladeuxième,
ou si elle même ncs’applique
pas, latroisième,
et enrevenant à la
première
dès quepossible.
Métarègles
depriorité : exemples
Le
léopard
bonditOu t ots
On
repère l’opérateur
leplu,s puissant ;
c’est Ott(endotype
unaire relativement àt) ;
c’est donc luiqui
vaopérer
enpreiiiier.
Il attend un terme àdroite ;
ilopère
donc ,sur le termeléopard
pour donl1r,.(le léopard).
(le léopard)
bonditt Ots
Il ne nous reste
qu’un opérateur
exotype()t.s ;
ilnpère
donc .4tllr t(le léopard) puisqu’il
attend un terme àgauche
poiii-.(O,.111er
laproposition (le léopard bondit).
Prenons un
exemple plus complexe
que nouspermettent
de traiter cesmétarègles.
On
repère
lesopérateurs
lesplus puissants,
c’ e...t-à-dire lesopérateurs endotypes
unaire,s
(Ouu)
et onapplique
lesntétarèKlcs
depriorité
1 etJ hi..’; :
on utiliseégalement
lamétarègle
sur l’ordre des argurmnts sans la citerexplicitement
pour la clarté de la lecture.Il
n’y
aplus d’opérateurs endotypes
unaire,s. On cherche donc lesopérateur,s endoiypes
n-aire,s(OuO.xu)
et onapplique
la111élarègle
depriorité 2 ,
ttoujours
en s’aidant de la
métarègle
sur l’ordre des argument.’;.(le petit chien)
quepoursuit (le
chatgris) (de
lafille) (court vite)
t ()«)tots)()tott OtOts t ()tt ()lc;
Un
opérateur endotype
unaire(OUIJ)
est apparu ; onapplique
donc à nouveaula
métarègle
depriorité
1.(le petit chien)
t
(le petit chien)
t
(le petit chien)
t
On voit
qu’au
coursde
l’exécution desmétarègles,
vont se former desgroupements qui
détermineront la structure de la
phrase.
Cette idée d’introduire une hiérarchie entre les
types
sembleégalement
avoir unepertinence linguistique.
Eneffets,
elle traduit le fait que la détermination(symbolisée
par lesopérateurs endotypes) précède
laprédication (symbolisée
par lesopérateurs exotypes)
dans laconstitution
d’unephrase.
3. ANALYSE
MORPHOLOGIQUE :
PRINCIPES ET METAREGLELe
type d’analyse
dont nous avonsparlé jusqu’à présent
estpurement syntaxique,
et par là même nettement insuffisant.L’analyseur
que nous avons défini détermine si unephrase
estsyntaxiquement
correcte, c’est-à-diresi, après simplification
on obtient uneexpression
detype
. s ou t.
Toutefois,
sansanalyse morphologique,
ondécomposera
correctement, auplan
de lastructure, des
phrases
telles que :*la
petit
chattes mangez le soupeUne
analyse morphologique
est doncnécessaire ;
ellepermettra même,
dans certains cas, de lever desambiguïtés syntaxiques.
Nous avons voulu trouver un formalisme
qui,
d’unepart, permette d’exprimer
desgénéralités
telles que :
"l’adjectif
s’accorde en genre et en nombre avec le motauquel
il serapporte"...
et
qui,
d’autrepart,
soitcompatible
avec le formalisme dulangage génotype.
Nous avons donc
posé
lepremier principe
suivant :3.1
Principe
de transmission :Le résultant
d’un opérateur
hérite de certains des traitsmorphologiques
del’opérande.
Illustrons ce
principe.
Ott hérite son genre et son nombre du terme
qui
est sonopérande : Exemple
solide : Ott ’
amitié : t ,
fém, sing
(solide amitié) :
t,fem, sing
L’opérateur
Ott(solide) s’applique
à sonnpérande
t(amitié)
pourformer
leterme t
(solide amitié) qui
a hérité des traitsmorphologiques
de genre et de nombre del’opérande (amitié).
De même un verbe intransitif de
type
Ots hérite son genre, son nombre et sa personne duterme
qui
constitue sonopérande (le sujet) :
bondis : Ots
je : lpers, sing
(je bondis) : 1 pers, sing
L’opérateur
Ots(bondis j agit
sur sonopérandes
t(je) pour former
laproposition
s
(je bondis) qui
a hérité des trait,smorphologiqijes
del’opérande
t(je J.
On voit donc
qu’au
fur et à mesurequ’un opérateur opère
sur sesopérandes,
il forme desexpressions progressivement
enrichies dupoint
de vuemorphologique.
Cependant
lapremière
remarquequi s’impose
est la suivante : lesopérateurs
sont eux aussiporteurs
de traitsmorphologiques
dans ledictionnaire ; ainsi,
les verbes ou lesadjectifs
vonthériter de certains des traits
morphologiques
de leursopérandes
alorsqu’ils possèdent déjà
de tels traits. Par
exemple l’adjectif
"solide"figure
dans le dictionnaire commemasculin/singulier
ou commeféminin/singulier indépendamment
du nomauquel
il serapporte.
Il convient donc d’assortir le
principe
de transmission despropriétés morphologiques
d’unprincipe
decompatibilité qui
s’énonce ainsi :3.2
Principe
decompatibilité :
Un trait
morphologique
nepeut
être hérité par uneexpression
que s’il estcompatible
avec lestraits
morphologiques imposés
initialement par le dictionnaire àl’opérateur
autourduquel
s’est formée
l’expression.
Autrement
dit,
les informationsmorphologiques
associées auxopérateurs
par le dictionnairesont considérées comme des contraintes
imposées
au mécanisme de transmission.Reprenons
lesexemples précédents
pour illustrer ceprincipe : Exem les :
On voit que
l’expression finale (solide al1titié)
a pu hériter des traitsf1torphologiques
associés àl’opérande (ant;’ ié), riniqueiiient
parce que ces traits étaient dans le dictionnaireégalentent
a.s,sroié.s àl’opérateur (solide) :
il y acon1patibilité.
De la même
façon l’expression (je bondis)
l’a hériter des traitsmorphologiques
attachés à
l’opérande (je)
parcequ’ils
sontégalement
associés àl’opérateur
(bondis) ;
alors quel’analy,seur
varefii.çer
deformer l’expression (je
bondissions j
car le.s traitsmorphologiqul’s
a.ssociés àl’opérande (je)
sontdifférents
de ceuxqui
sont associés àl’opérateur (bondi.s,sions~ :
iln’y
a pascompatibilité.
Ces deux
principes
nous ontpermis
d’élaborer leprincipe
suivant donnant naissance à unemétarègle morphologique :
Les
expressions
de mêmetype
obéissent aux mêmesrègles
d’accordmorphologique.
Exemples :
l. Les
adjectifs
et les articles sont codés Ott et ces deuxcatégories
ont laparticularité
des’accorder en genre et en nombre avec le nom
auquel
elles serapportent.
On voit doncqu’à
descatégories distinctes,
articles etadjectifs,
mais de mêmetype Oit,
sont associéesles mêmes
règles
d’accordmorphologique.
2. Les verbes intransitifs sont codés Ots et ils s’accordent en genre, en nombre et en personne
avec leur
opérande,
lesujet.
3. Les autres
catégories
semblent apriori
ne s’accorder ni en genre, ni ennombre,
ni enpersonne, avec leur
opérande.
Dans un tel casl’expression
formée conservera les traitsmorphologiques
associés àl’opérateur
dans le dictionnaire.Cette
hypothèse
est en fait unejustification profonde
du mécanismeproposé
pour lamorphologie
et une preuve de sonadéquation
aulangage génotype.
Si cette
hypothèse
n’est pas démentie nous pourrons construire une tableindiquant
pourchaque
type lesrègles
de transmission.Donnons un
exemple synthétisant
ce que nous venons d énoncer :Exem le :
-
’
je
mange la soupeNous
disposons
desinformations
suivantes dnrT.s le dictionnaire concernant le typeet les traitî
morphologiques
de chacun des ntt)ts(on
negarde,
pour illustrer notre propos,qu’une ambiguïté parmi
cellesprap~nsér~,s
pour une .sipetite phrase).
je :
t( 1 pers, sing)
mange : OtOts
( 1 pers, sing)
mange : OtOts
(3pers, sing)
la : Ott
(fém, sing)
soupe : t
(fém, sing)
On peut donc
former l’expreîsion
"lasoupe" qui
va hériter des trait.s de genre etde nombre du terme
"soupe", lesquels
trait.s ,sontcompatibles
avec ceux del’opérateur
"la" tels que lesdéfinit
le dictionnaire. On obiieni :je :
t( 1 pers, sing)
mange : OtOts
( 1 pers, sing)
mange : OtOts
(3pers, sing)
la soupe : t
(fem, sing)
On
forme
ensuite àpartir
del’opérateur "mange" l’expre.ssion "mange
lasoupe",
pour
laquelle
aucune transmissionmorphologique
ne seproduit (le
COD d’unverbe
transitif
pouvant êtrequelconque).
Les contraintes attachées àl’opérateur "mange"
sont conservées par le résultant"mange
lasoupe".
Onobtient :
je :
t( 1 pers, sing)
mange la soupe : Ots
( 1 pers, sing)
mange la soupe : Ots
(3pers, sing)
’On
forme
ensuitel’expression je
mange lasoupe",
pourlaquelle
genre, nombreet personne sont hérités du
.sujet ’je".
je
mange la soupe : s( 1 pers, sing)
On remarque
qu’il
y acompatibilité
entre les traits hérités dusujet
et ceuximposés
initialement à l’une des entrées duverbe" mange".
On remarqueégalement
quel’héritage
du genre se ramène à uneopération nulle,
le genre de’Je"
étant indéterminé.Montrons que l’on obtient de la sorte une
description
trèsgénérale
de lamorphologie
bienadaptée
auxtypes
et unejustification
de la distinctionopérée
entre les notions de transmission despropriétés morphologiques
et decompatibilité
des traitsmorphologiques,
distinctionqui pouvait paraître
artificielle apriori.
Considérons les
propositions
suivantes : chemise vertechemise de coton
Nous allons voir que le formalisme des
types
va faireapparaître
le fait que "verte" et "de coton"jouent
le même rôle dans laphrase.
Examinons les entrées du dictionnaire : chemise: t,
fém., sing.
verte :
Ott, fem., sing.
de
: OtOtt,
sans genre, sans nombrecoton : t, masc.,
sing.
"de" a le type
OtOit -
si bien que1"expi-e.ççioti
"de coton"prend
le type Ott(comme "verte")
et se trouve, en vertu de larègle
énoncéeprécédemment,
hériter du genre et du nombre de ,son
opérande
s’il y acoptipalibilité.
(de coton)
:Ott,
sans genre, sans nombrechemise de coton : t,
fém., sing.
chemise verte : t, fém.
sing.
C’est dire que la notion de transmission
morphologique
associée autype
Otts’applique
sansdifficulté à "de
coton",
comme elles’applique
auxadjectif
et aux articles. Si ce n’est quel’expression
"de coton"n’ayant
de contrainte ni de genre ni denombre,
nul n’est besoin de considérer larègle
decompatibilité
dans ce dernier cas.4. PROGRAMME
INFORMATIQUE :
I,es
principes
de lagrammaire applicative exposés
dans cet article ont étéimplémentés
enmachine sous forme d’un
prototype.
L’utilité de ceprototype
était de tester, sur un certainnombre
d’exemples,
la validité desmétarègles.
Il nes’agit
donc pas d’unsystème opérationnel
àgrande
échelle.Remarquons
toutefois que c’est le souci deproduire
une. réalisation
informatique
effective de lagrammaire applicativc qui
aguidé
notre réflexion etque les
métarègles
depriorité,
si elles semblent avoir unepertinence linguistique particulièrement adaptée
auxprincipes
de lagrammaire applicative,
sont leproduit
direct decette volonté d’informatisation.
4.1
Représentation
des informationssyntaxiq ues :
La
première étape,
lors de l’écriture du programme, a été de déterminer unereprésentation
desdonnées
qui
soitcompatible
avec lesprincipes
de lagrammaire applicative
et avec la naturedes
métarègles proposées.
Lelangage génotype
sereprésente
en machine naturellement aumoyen de listes
canoniquement
associées aux différents typesd’opérateurs.
Si l’onadjoint
lesinformations
syntaxiques complémentaires (relatives
à l’ordre desopérandes
ou à lamorphologie
parexemple)
oncomprend
la nécessité pour le programme demanipuler
desstructures de tableaux de tableaux. Comme par ailleurs les
métarègles qui
sont au coeur duprogramme
(métarègles
depriorité) dirigent 1"analyse syntaxique
de manièreprocédurale,
APL2 nous a paru un
langage
tout à faitadapté
à cepremier prototypage.
4.2
Représentation
destypes :
Les
principes
de base dusystème génotype (t
est un typc ; s est untype ;
si xet y
sont destypes,
alorsOxy
est untype)
ont unéquivalent naturel, qui produit
dans la structure internedu programme des
types
sous forme de tableauxnumériques : (1
est untype ;
2 est untype ;
si X et Y sont destypes,
alors(X Y)
est untype).
Nous montrons ci-dessousquelques exemples
de lacorrespondance qui
s’établit de la sorte :4.3
Codage
de l’ordre desopérandes :
Nous avons
signalé
que lamétarègle
d’ordreexige
que des informations relatives à l’ordre desopérandes
soient codées dans le dictionnaire pourchaque
motqui
est associé à unopérateur
du
langage génotype.
De manièreinterne,
on code l’information de lafaçon
suivante:. 0
signifie
quel’opérande
seplace
indiftêremment à droite ou àgauche,
. 1
signifie qu’il
seplace
àgauche,
. 2
signifie qu’il
seplace
à droite.Pour les entrées du dictionnaire associées à des
types
de base(essentiellement i)
cetteinformation n’est pas
pertinente,
étant donné que de tels motsn’agissent
pas commeopérateurs.
4.4
Codage
des informationsmorphologiques :
Les informations
morphologiques (genre,
nombre et personne dans le cadre de notreprototype)
sont codées dans le dictionnairenumériquenlcnt ( 1 /2
pourmasculin/féminin,
parexemple).
Lecodage
estidentique,
que les informationsmorphologiques
soient associées à destypes
de base ou à desopérateurs,
bien que lamétarèglc
demorphologie
traite différemmentces deux
types (cf. supra).
4.5 Structure des données
(récapitulatif) :
.Les entrées du mini-dictionnaire constitué pour le
prototype
sont structurées sous forme d’un tableauqui comporte :
1. la chaîne de caractères
qui représente
l’intitulé del’expression
2. le
type
del’expression
3. l’ordre
droite/gauche
de chacun desopérandes
définis par le type 4. les indicateursmorphologiques.
Certains des éléments décrits ci-dessus peuvent être eux-mcmes
représentés
par destableaux ;
c’est le cas notamment des