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Academic year: 2022

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doi:10.3166/r2ie.1.55-66 © 2009 Lavoisier SAS. Tous droits réservés

Clusters de tourisme, compétitivité des acteurs et attractivité des territoires

Par Nathalie Fabry

Maître de Conférences HDR, Université Paris-Est - Equipe S3IS, Responsable du Master Ingénierie du Tourisme – Université de Marne-la-Vallée

Résumé

Avec la mondialisation, la demande touristique a connu de fortes mutations qui imposent aux destinations et aux territoires une sérieuse remise en cause. œuvrer à la visibilité et la lisibilité des destinations semble donc être l’enjeu de toute politique d’attractivité touris- tique. Nous montrons la richesse et la pertinence de du concept de cluster de tourisme comme support pertinent de l’attractivité d’une destination. Ce type de cluster est le ciment de la chaîne de valeur informationnelle, le support de la compétitivité des acteurs et de l’attractivité des destinations touristiques. Nous présentons les attributs d’une des- tination attractive (I), à travers une étude de la littérature, nous prouvons que les clusters peuvent être mis au service des destinations touristiques (II). Enfin, nous montrerons que le cluster de tourisme relève d’une logique construite pouvant donner lieu à un écosystè- me d’affaires (III). L’originalité de nos propos tiens à l’introduction de la notion de clusters dans une optique d’intelligence économique. La destination touristique est une construc- tion, une mise en réseau et non une collection d’acteurs juxtaposés. Cette lecture peut contribuer à donner au secteur du tourisme les rangs de noblesse qu’il mérite de par sa contribution à la croissance des pays. © 2009 Lavoisier SAS. Tous droits réservés

Mots clés : Intelligence économique territoriale, clusters, tourisme, compétitivité, attractivité, territoire

Abstract

Tourism clusters, actors’ competitiveness, and territories’ attractiveness. With globa- lization, demand in tourism has undergone profound changes that have been a challenge to destinations and territories. Striving for visibility and legibility of destinations therefore seems to be an aim of any policy concerning touristic attractiveness. In this article the author shows the richness and relevance of the concept of tourism clusters applied to a destination’s at- tractiveness. This type of cluster is what binds the information value chain, and is the base of

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actors’ competitiveness and of the attractiveness of tourist destinations. The author presents the attributes of an attractive destination (I) through a study of the literature, and shows that clusters can be put to the service of tourist destinations (II). Finally, she shows that the tourism cluster is based on a constructed logic that can produce a business ecosystem (III). The originality of this article is the introduction of the notion of clusters in an economic intelligence perspective. The tourist destination is a construction, a networking, and not a collection of juxtaposed actors.

This reading can contribute to giving the tourism sector the status it deserves for its contribution to countries’ growth. © 2009 Lavoisier SAS. All rights reserved

Keywords: Territorial economic intelligence, clusters, tourism, competitiveness, attractiveness, territory

Le secteur du tourisme génère des activités économiques directes et indirectes non négligeables1 mais est paradoxalement peu étudié en intelligence économique et territoriale.

C’est avant tout un objet sociologique, géographique voire culturel (Pitte, 2006 ; Urbain, 2002). Ce secteur peut pourtant devenir un levier essentiel à la compétitivité d’un pays et contribuer à son rayonnement international (OCDE, 2006).

Avec la mondialisation, la demande touristique a connu de fortes mutations, les touris- tes tenant de plus en plus, par le voyage, à se distinguer, à faire montre d’originalité voire d’engagement. Le choix des produits est ainsi devenu très vaste et le spectre des destina- tions sans cesse plus ouvert. Mis à part les obstacles à la mobilité liés à la distance, aux formalités administratives (visas), aux facteurs géopolitiques (terrorisme, crises politiques) et sanitaires (vaccins, épidémies), les perspectives de développement du tourisme semblent quasi-illimitées. Cette nouvelle donne impose aux destinations et aux territoires une sérieuse remise en cause. Pour s’en convaincre, il suffit d’un côté de regarder combien le Maroc ou la Turquie peinent à sortir du cercle vicieux des vacances à bas prix. De l’autre côté, la mise en tourisme des pays en transition (Chine, Europe de l’Est) sur des niches rémunératrices (Tourisme d’affaires, Thermalisme, JO), montre que ces pays peuvent entrer en concurrence frontale avec les pays occidentaux. Oeuvrer à la visibilité et à la lisibilité des destinations touristiques semble donc être l’enjeu de toute politique d’attractivité.

On entend par attractivité touristique le fait, pour une destination, d’attirer des touristes.

La qualité de cette attractivité est révélée non seulement par le nombre d’entrées mais aussi par la durée des séjours et surtout des dépenses générées par ces touristes dans le respect de l’environnement socioéconomique de l’espace mis en tourisme. En d’autres termes, une destination attractive voit son tourisme intérieur2 s’accroître.

On ne peut concevoir de destination attractive sans acteurs du tourisme compétitifs.

Ainsi, dans un contexte international hautement concurrentiel, il est légitime de réfléchir

1 Selon l’INSEE (2005), le tourisme en France (= 6% du PIB), a généré un solde excédentaire de la balance des paiements de 9,8 milliards d’euros ; a employé directement près de 1 million de personnes et autant de façon indirecte et la consommation touristique s’est élevée à 105,9 milliards d’euros.

2 Le tourisme intérieur (Internal tourism) comprend le tourisme interne (domestic tourism) et le tourisme récepteur (Inbound tourism). On tient compte de l’activité économique induite par le tourisme des rési- dents d’une destination et celle induite par l’accueil des visiteurs étrangers dans ladite destination.

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aux moyens dont les acteurs du tourisme pourraient se doter afin de renforcer leur compé- titivité / attractivité. A l’évidence aucun d’entre eux (entreprises, collectivités territoriales) ne peut y prétendre de façon isolée.

Nous faisons la proposition suivante : le cluster peut représenter un cadre d’analyse prometteur dans une logique de développement des positions concurrentielles des entrepri- ses du tourisme et de l’attractivité des territoires. Nous parlerons à cet effet de clusters de tourisme. La question de recherche qui nous anime est la suivante : le cluster de tourisme ne serait-il pas le ciment de la chaîne de valeur informationnelle, le support de la compétitivité des acteurs et de l’attractivité des destinations touristiques ?

Dans une première partie nous verrons que l’attractivité d’une destination touristique ne peut être comprise sans faire référence à l’attractivité du territoire et à celle d’avantage à la localisation (I). Dans une deuxième partie, nous montrerons que le cluster de tourisme, relève d’une logique construite pouvant donner lieu à un écosystème d’affaires (II).

1. L’attractivité d’une destination : enjeux analytiques

L’attractivité d’un territoire3, repose sur trois piliers - le tissu productif, le tissu résidentiel et le tissu touristique - qui sont inégalement valorisés puisque le tourisme est souvent négligé ce qui n’est pas le cas du volet économique et productif (DIACT, 2005). En effet, un territoire est dit attractif s’il est capable d’attirer des entreprises et des capitaux (quelle qu’en doit la provenance) à des fins productives et des populations à des fins résidentielles. L’attractivité touristique est plus complexe car elle concerne à la fois les populations nomades (les touristes en résidence) et les entreprises touristiques pour l’essentiel productrices de services. Néanmoins, l’attractivité d’une destination, c’est-à-dire de tout territoire à vocation touristique, ne doit pas être dissociée de la problématique générale de l’attractivité d’un territoire.

1.1. De l’attractivité du territoire en général …

L’attractivité a été étudiée en économie internationale pour comprendre les ressorts des implantations des firmes étrangères dans un pays. Le concept qui en constitue la clé d’entrée est l’avantage à la localisation4 développé par Dunning (1993). Cet avantage a d’abord été vu sous l’angle des avoirs naturels dans une logique d’offre. Un territoire est attractif parce qu’il permet aux entreprises de bénéficier de ressources exploitables, d’infrastructures fiables, de main d’œuvre disponible, qualifiée et productive, de technologies, de services publics et plus généra- lement, parce qu’il bénéficie d’un environnement socio-économique et politique favorable. Si en plus ce territoire est doté d’une demande à fort potentiel de croissance, l’entreprise pourra y

3 Un territoire peut prendre plusieurs formes : Etat, région, département, Pays, agglomération urbaine, commune, …

4 Selon Dunning (1993), pour qu’un investissement direct étranger (IDE) ait lieu, trois avantages doivent être réunis simultanément : l’avantage intangible de l’entreprise (Ownership advantage) qui résume tous les éléments de supériorité d’une entreprise sur ses concurrents, l’avantage à la localisation (Localization advantage) relatif à l’avantage offert par le territoire d’accueil aux entreprises étrangères et l’avantage à l’internalisation (Internalization advantage) qui rend l’IDE stratégiquement plus intéressant qu’une sim- ple transaction de marché (sous-traitance). Parmi ces trois avantages, celui relatif à la localisation revêt une importance croissante dans la mondialisation contemporaine.

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développer ses parts de marché. De nos jours, la densification de la concurrence internationale pousse les entreprises à adopter une stratégie de recherche d’efficience qui combine optimisation des coûts et exploitation de nouveaux débouchés. Dans ce cadre, en plus des avantages naturels, l’attractivité est portée par des avantages construits comprenant l’environnement législatif, la stabilité macroéconomique et institutionnelle, la présence de compétiteurs locaux et internatio- naux entraînant des effets externes et des effets de réseaux, façonnent l’attractivité du territoire (Fabry & Zeghni, 2006 ; Rodrik & Subramanian, 2003).

Nonobstant le fait que l’analyse privilégie (trop) souvent l’accueil de firmes étrangères, le glissement des avantages naturels vers les avantages construits permet au territoire d’échapper à un déterminisme productif, ce qui donne à chaque territoire une marge de manœuvre potentielle pour dessiner les contours de son attractivité.

De plus, dans un contexte concurrentiel où les territoires sont en concurrence les uns avec les autres, l’attractivité apparaît comme une notion relative spatialement et temporellement.

Un territoire est attractif non seulement parce qu’il possède des avoirs naturels et/ou créés mais aussi parce qu’il est en mesure de les dynamiser et les projeter dans l’avenir, et donc de pérenniser son attractivité. Par ailleurs, les acteurs ont des représentations du territoire qui varient selon leur horizon temporel et leur secteur d’appartenance. Ces représentations influencent leur niveau d’engagement sur le territoire. Un territoire qui vise une attractivité pérenne se doit non seulement d’attirer mais aussi de retenir les populations et les entreprises.

L’attractivité fait aussi référence à l’appropriation du territoire par les acteurs localisés.

L’enjeu de l’attractivité consiste donc à articuler les actions d’acteurs hétérogènes, à favoriser leurs complémentarités et à dégager des synergies sans perdre de vue l’objectif d’un projet de développement pérenne. C’est dans cet ordre d’idée qu’il convient d’envi- sager l’attractivité d’une destination touristique.

1.2. A l’attractivité d’une destination touristique en particulier

Les destinations qui attirent des touristes capitalisent sur des richesses et oeuvrent à leur valorisation. La littérature retient que le statut de destination attractive découle de l’imbrica- tion de plusieurs éléments repérables tant du côté de l’offre que celui de la demande (Crouch

& Ritchie, 1999, 2000; Dwyer & Kim, 2003, Enright & Newton, 2004). Une destination attractive répond à quatre attributs majeurs (voir à ce sujet le schéma 1).

Premièrement, elle possède un portefeuille de ressources naturelles et/ou créées assimilable à un avantage comparatif. Les ressources naturelles comprennent tous les atouts relatifs aux espaces touristiques et aux paysages, au patrimoine historique, artistique, culturel et naturel.

Elles revêtent souvent un caractère unique, authentique et, de surcroît, difficilement reproduc- tible. Ces ressources servent de fondement à la spécialisation thématique des acteurs et d’une destination (tourisme de montagne, urbain, thermal, rural, littoral, culturel, d’affaires, …). A ces dotations naturelles il convient d’ajouter les ressources humaines qui constituent un facteur essentiel pour la mise en valeur et l’exploitation des ressources naturelles et l’accueil des touristes.

Les infrastructures et les capitaux affectés à la construction et la mise en exploitation des actifs touristiques constituent, pour leur part, des facteurs essentiels à la valorisation des ressources (infrastructures, transports, hébergements, aménagements des lieux de séjour et des sites). Le

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travail comme le capital n’ont pas le caractère figé et donné des dotations naturelles ; ils sont créés et constituent potentiellement un levier d’action pour favoriser la compétitivité des acteurs.

Ainsi, les ressources constituent le socle sur lequel les acteurs vont pouvoir valoriser les acquis et avantages touristiques, voire parvenir à les renouveler.

Deuxièmement, une destination doit être en mesure d’élaborer une politique de compétitivité orientée création de valeur ajoutée. Le prix, couplé à la qualité du service rendu, devenant un élément distinctif de la compétition internationale, une destina- tion attractive doit asseoir cette politique sur une industrie touristique structurée et concurrentielle. L’enjeu est de valoriser l’avantage comparatif auprès des touristes et de mobiliser les acteurs du tourisme en faveur de cet objectif par l’adaptation dynamique de l’offre à la demande (Buhalis, 2000 ; Craccolici & al. 2005). De nature essentiel- lement qualitative cette dimension dépend des acteurs en présence et en particulier de l’innovation intégrée dans la production de leurs services (TIC), de leur capacité à différencier et à créer des produits touristiques originaux ou renouvelés, de la fiabilité des infrastructures, de la qualité des ressources humaines, de la politique des pouvoirs publics (par exemple en matière de préservation des ressources naturelles et touristi- ques, de planification régionale) et, le cas échéant, des taux de change. Elle implique une coopération étroite entre les acteurs privés et publics.

Troisièmement, la destination doit pouvoir bénéficier d’un support institutionnel et gou- vernemental en amont et en aval, capable de renforcer l’image touristique de la destination, d’encadrer juridiquement la profession, de fixer les normes qualitatives, et de soutenir voire de susciter les manifestations de grande ampleur (JO, coupe du monde…). Plus généralement il convient de veiller à ce que le système éducatif soit capable de former de la main d’œuvre adaptée aux besoins spécifiques du secteur afin de renforcer le capital humain.

Portefeuille de ressources

Demande touristique soutenue Politique de compétitivité

Support institutionnel

Ressources naturelles : difficilement reproductibles, localisées, base de la spécialisation touristique

Ressources créées :

Valorisation des ressources et accueil des touristes

Espaces touristiques et paysages : reliefs, climat, littoral, rivières, fleuves, lacs, faune, flore, montagnes, …

Patrimoine historique, artistique, culturel et naturel : Château de Versailles, Joconde, Tour Eiffel, Côte d'Azur

Main d'œuvre

Infrastructures : transports, hébergement, aménagements touristiques, …

Industrie touristique compétitive (rapport qualité - prix)

Concentration spatiale des acteurs du tourisme

Capacité à innover, différencier l'offre, fiabilité des infrastructures et équipements, qualité des ressources humaines, planification régionale, …

Renforcer l'image touristique de la destination

Communication touristique, organisations de grandes manifestations

Encadrement de la profession, normes, formation

Cibler la demande au niveau national et international

Goût pour la variété des touristes et prise en compte de la variété des goûts des touristes : différenciation, niches, innovation de produits.

Attributs Supports Illustrations

Schéma 1 : Les quatre attributs d’une destination touristique

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Enfin, la destination doit rencontrer une demande touristique forte et ciblée ayant une dimension nationale et internationale, cette dernière permettant d’engranger des dépenses touristiques apparentées à des exporttions. Il s’agit de profiter de l’évolution de la demande contemporane caractérisée par un certain got des touristes our la vriééSchéma 1 : Les quatre attributs d’une destination touristique

Ces attributs constituent une grille ouverte dans laquelle de nombreux éléments sont juxtaposés. Or la difficulté consiste à structurer les interactions en présence. Selon Crouch et Ritchie (1999, 2000) et Dwyer et Kim (2003), l’attractivité résulte de la mise en tourisme de ressources via l’activité des acteurs du secteur du tourisme et leurs orientations mana- gériales. Ces auteurs fournissent une bonne photographie des acquis et potentiels mais ils ne s’intéressent pas à la nature des savoirs et ressources mobilisés pour faire émerger cette attractivité. C’est précisément dans cette optique de valorisation des savoirs et compéten- ces que nous devons nous positionner. Il nous semble que la différenciation touristique se noue au niveau de la recherche de liens dynamiques entre territoires et acteurs. La notion de cluster de tourisme nous semble pouvoir montrer que le tourisme est un secteur moteur capable de fédérer le tissu économique local autour d’une identité forte (i.e. thématique).

Cette notion est un dérivé de la notion de business cluster développée par Porter.

2. Les clusters de tourisme au service des destinations

Le statut de destination attractive impose de considérer le tourisme comme une activité génératrice de surplus et de synergies en totale symbiose avec l’environnement culturel et socio économique local. Aucun concept, hormis le cluster, n’est capable de combler ces exigences.

2.1. Le cluster de tourisme

Le concept de cluster5 est définit par Porter (1998) comme “[a] geographic concentration of interconnected companies and institutions in a particular field, linked by commonalities and complementarities (p.78)”. L’auteur reprend une idée ancienne développée par Marshall (1890) sur les districts industriels, par Perroux (1955, 1961) sur les pôles de développement et de croissance6. Cooke (2001) insiste sur les relations verticales et horizontales du cluster.

Pour lui “[a cluster is] geographically proximate firms in vertical and horizontal relationships involving a localized enterprise support infrastructure with a shared development vision for business growth, based on competition and cooperation in a specific market field (p.121)”.

Le cluster industriel est souvent associé à la présence d’activités de grande envergure, or pour Rosenfeld (1997) un cluster “is simply used to represent concentrations of firms that are able to produce synergy because of their geographic proximity and interdependence, even though their scale of employment may not be pronounced or prominent (p.4)”. Cette lecture est particulièrement adaptée au tourisme (Michael, 2003), secteur composé par une variété d’activités souvent portée par des petites et moyennes structures. Par ailleurs, le cluster de tourisme présente une différence majeure par rapport aux clusters industriels.

5 Selon McRae-Williams (2002), on doit le terme de « cluster » aux travaux de Czamaniski (1974).

6 Pour une comparaison entre clusters et districts et les auteurs associés, voir, par exemple, Zimmermann (2002).

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Il est « tiré » par les activités de services et doit accueillir le touriste pour que ce dernier puisse consommer son « produit ». Le cluster de tourisme est ancré au territoire et doit sa force à son immobilité géographique. Il est générateur de sens et d’image7.

La littérature sur les clusters8 dans le tourisme se développe depuis peu. De caractère essentiellement descriptive, les études peuvent être classées en deux familles : la remise en tourisme d’une destination dont l’attractivité s’érode et la mise en tourisme une destination nouvelle, souvent, mais pas exclusivement, dans un pays en transition.

L’exemple le plus réussi de redéfinition et de renouvellement de l’offre touristique autour de nouvelles expériences et nouveaux concepts concerne les stations de ski alpines.

Weirmaier & Steinhauser (2003) analysent le concept de Alpine Wellness et le besoin des stations de skis alpines (Autriche et Suisse) de s’adapter au vieillissement de la population et

7 Vu sous cet angle et mis à part les micros destinations (îles), chaque pays est en fait potentiellement une collection de clusters de tourisme aux caractéristiques peu échangeables.

8 La terminologie employée par les auteurs reste variable : Jackson (2006) ou Novelli et al. (2006) parlent de business cluster, tandis que Weiermair & Steinhauser (2003), comme l’OCDE (2006), parlent explicite- ment de Tourism clusters.

Exemples

Mise en tourisme

Alpine Wellness (Alpes Suisses et autrichiennes) : Stations de ski avec accueil de non skieurs ( Spa, natation, Bien-être, randonnées, remise en forme, esthétique….)

Wine clusters ( Californie, Australie, RU) : des régions vinicoles s'organisent pour proposer des circuits touristiques pour valoriser leur paysage, leur terroir et les traditions culinaires locales.

Cluster de Bien-être (Hongrie) : capitaliser sur une pratique ancienne mais ne répondant plus aux normes et attentes des touristes internationaux.

Création ex- nihilo :

Dubaï : tourisme d'affaires et haut de gamme

Disney Resort Paris : parcs de loisirs et complexe hôtelier

Reconversion d'un bassin industriel vers les services touristiques : Friches industrielles ( Amnéville, mines témoin, …)

Clusters de tourisme des régions périphériques (Chine)

Raisons Objectifs

Moyens

Remise en tourisme

Attractivité en érosion Attractivité à construire

S'affranchir de la saisonnalité et assurer

une fréquentation pérenne toute l'année Entrer sur le marché et devenir une destination touristique

Redéfinition et réorientation de l'offre Introduction de nouvelles activités et de nouveaux concepts

Diversification de l'offre par intégration amont / aval d'activités

Fédérer des acteurs dans un secteur émergent

Valoriser le patrimoine et les avoirs naturels ou créés

Schéma 2 : Grille de lecture des Clusters

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au réchauffement climatique. Pour prolonger leur attractivité auprès des séniors, les stations proposent des séjours autour du bien-être, du sport « doux » et le thermalisme (Spa). Ce recentrage émancipe les stations de la saisonnalité et génère une diversification horizontale et verticale de l’activité qui s’organise progressivement en clusters. Ainsi l’offre touristique intégrée s’élargit au paramédical et aux soins esthétiques.

Novelli, Schlitz & Spencer (2006) analysent le renouvellement de l’offre touristique du Sud Est de l’Angleterre autour d’une meilleure imbrication entre les acteurs éparpillés et adossés au terroir et à ses richesses culinaires. Autour de cette même nécessité de dynamiser, par le tourisme, des régions on trouve les Wine clusters en Californie (Napa Valley) et en Australie (McRae-Williams, 2004).

S’agissant de la mise en tourisme d’une destination jusque-là peu attractive, Jackson (2006) étudie l’opportunité de créer des clusters de tourisme en Chine afin d’ouvrir au tourisme des destinations périphériques attirant spontanément peu de touristes et peu d’investisseurs étran- gers. L’objectif est de permettre aux acteurs locaux de développer un certain niveau d’activité afin de stabiliser la population. En Hongrie, l’entrée dans le tourisme international passe par la création d’un cluster thématique sur le thermalisme (Pannon Thermal Cluster). Le pays cherche à capitaliser sur son avantage historique tout en créant les moyens de s’insérer sur le marché international très convoité sur ce créneau (Gecse. 2005).

Comme le soulignent Novelli et al. (2006), les clusters se sont développés sur une base essentiellement marketing afin de vendre une destination grâce à une image renouvelée.

Dans ce cas, le cluster est le fruit d’une logique spontanée. Or, nous pensons que le cluster de tourisme doit relever d’une logique plus construite, plus profonde, qui s’apparente à un

« écosystème d’affaires ». Il est donc légitime de s’intéresser aux ressorts du cluster comme outil de valorisation d’une destination.

2.2. Cluster de tourisme spontané versus construit

Le cluster de tourisme renforce la visibilité externe et la lisibilité interne d’une destination.

La visibilité externe consiste à donner une image thématique de la destination et s’adresse à la demande. La lisibilité interne consiste à fédérer la constellation d’acteurs regroupés géographiquement, souvent d’un seul point de vue fonctionnel. Sa raison d’être est sa capa- cité à valoriser les interactions en transformant la succession d’actions isolées en actions concertées et intégrées9. C’est ainsi que le cluster ajoute de la valeur à l’avantage comparatif et est à l’origine de la constitution d’une communauté de pratiques articulée autour d’une culture régionale et de savoirs localisés (Forsman & Solitander, 2003). Cette co-production raisonnée revêt une valeur informationnelle essentielle. Les résultats peuvent néanmoins varier selon que le cluster a été formé ou non sur une base spontanée (tableau 1).

9 Comme le précise la commission européenne (2003) “in order to be successful, cluster policy should be about empowerment – helping communities to help themselves –, leveraging on existing regional assets, promoting a climate of trust and confidence, fostering regional appropriation and identity, enhancing smart and interactive connections and knowledge valorization.”.

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Tableau n°1: Deux exemples de clusters de tourisme

1. Le cluster de remise en tourisme : Exemple d’un « cluster de Bien-être » Cible & Marché Marché de la remise en forme : femmes, retraités, jeunes actifs

Marché à forte valeur ajoutée de court et moyen séjour Pré-requis -

fondamentaux Offre balnéaire

Secteur paramédical et médical performant

« nœud »

du cluster Thématique de la destination (thalasso) qui assure la continuité des services touristiques et crée une gamme unique de prestations intégrées

(santé – tourisme).

Valeur ajoutée Abandon du tourisme traditionnel balnéaire

Prestations intensives en soins paramédicaux et médicaux (masseurs, diététiciens, kinésithérapeutes, infirmières, médecins) Externalités entre thalassothérapie, balnéothérapie, remise en forme, cosmétique, kinésithérapie, animations culturelles, sportives et bien entendu les structures hôtelières.

Apport du cluster Soutien à l’activité et à la coordination des acteurs - permet de clarifier les orientations et les objectifs des acteurs du développement régional et territorial à moyen et long terme

Pérennité Capacité de la destination à s’adapter à la demande, aux évolutions technologiques, et à comprendre voire anticiper les ruptures.

Portée Renouvellement de l’attractivité de la destination – amélioration du niveau des recettes touristiques

Application La Tunisie sur le créneau de la Thalasso (Lautier, 2005)

2. Le cluster de mise en tourisme : Exemple d’un ancien bassin industriel converti au tourisme Cible Marché Tourisme de loisirs et thermal

Marché de proximité de court séjour Pré-requis -

fondamentaux Un patrimoine industriel en déshérence – Des sources thermales

« nœud » du cluster Thermes et parc de loisirs (complexe sportif, zoo, cinéma, casino) Valeur ajoutée Changement de modèle économique

Prestations intensives en accueil-animation, et en soins paramédicaux et médicaux

Externalités entre les transporteurs régionaux, les infrastructures sportives (piscine, patinoire, golf, luge), les infrastructures de cultures (Casino, salle de spectacle, cinéma, musée et galerie), les établissements de thermalisme lié à la santé (cure) et à la détente (remise en forme) et l’hôtellerie restauration.

Apport du cluster Reconquête d’une image

Création d’une vocation touristique

Pérennité Capacité de la destination à renouveler l’offre pour fidéliser la demande de proximité et capter une nouvelle clientèle

Limite Cluster spontané sur initiatives locales – manque de synergie avec la dimension économique et sociale locale

Application Amnéville en Lorraine devenue Amnéville-les-Thermes (Fagnoni, 2004)

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Un cluster construit cherche à comprendre les logiques productives locales, les innova- tions, et plus généralement les relations socio-économiques en présence capables de donner corps à l’émergence d’un capital social basé sur des réseaux (Camagni, 2005). Il vise la visibilité et la lisibilité, tandis que le cluster spontané est plus axé sur la seule visibilité.

L’attractivité construite autour d’un cluster de tourisme est le fruit d’un processus de mise en synergie d’acteurs hétérogènes. C’est aussi un résultat repérable par nombre d’in- dicateurs de performances. Le Schéma 3 montre qu’un cluster se construit en quatre étapes.

La constitution de l’écosystème d’affaires est la résultante de la mise en place d’une chaîne de valeur destinée à proposer une offre intégrée de services aux touristes. L’attractivité d’une destination est portée par la compétitivité des acteurs et par leur engagement à moyen-long terme dans la valorisation du portefeuille de ressources.

Schéma 3 : Etapes de mise en place d’un cluster construit et indicateurs de performances

Etat des lieux Lister et identifier les avoirs localisés (compétences, atouts, ressources) et les acteurs en présence qui serviront de pré-requis et de fondamentaux à la spécialisation

Périmètre du marché Détermination de la cible et du marché convoité

Définir le nœud Choix de la thématique qui portera l' image de la destination et fédérera l' intégration de services

Ecosystème

d'affaires Mise en place d' une chaîne de valeur ajoutée (intégration de services) - Mise en complémentarité d' acteurs isolés et hétérogènes

Résultats (indicateurs)

Amélioration de l'attractivité de la destination et des recettes touristiques :

Arrivées touristiques

Nombre de nuitées et CA par nuitées Dépenses par tête

Poids de la thématique dans les recettes touristiques

Structure des emplois (directs et indirects)

T aux de fréquentation des sites Nombre de crimes et délits commis (sécurité)

Densité et couverture du réseau de transports

Accessibilité aux équipements de loisir Accessibilité aux équipements périphériques (santé, thalasso) Nombre d'équipements culturels et sportifs

Evolution de la structure des emplois liés au tourisme (directs et indirects) Développement de compétences spécifiques

Orientation économique et touristique de la destination

Développement des activités supports et périphériques

Poids du tourisme dans le PIB régional Part du patrimoine classé ou inscrit

Court terme Moyen terme

4 3 2 1

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Conclusion

Compte tenu de l’évolution de la demande et d’un positionnement croissant sur des niches et micromarchés, le cluster de tourisme apparaît comme le support pertinent de l’attractivité d’une destination. Nous avons montré que le cluster de tourisme présente des avantages institutionnels et organisationnels en fondant la visibilité externe et la lisibilité interne de la destination. A l’évidence, le cluster est une nécessité conceptuelle dans un monde complexe, ouvert à l’international et fait d’interactions variées entre acteurs polymorphes.

Si la France veut devenir une puissance touristique proactive - et non se contenter de renouveler passivement, et de plus en plus difficilement, sa notoriété - elle doit développer les clusters de tourisme. Ces derniers nous semblent être un concept prometteur capable d’aider à la valorisation raisonnée des ressources touristiques. Des expériences aux USA, en Australie, dans les pays alpins d’Europe et en Chine semblent montrer l’intérêt de suivre cette voie. L’originalité de nos propos tiens à l’introduction de la notion de clusters dans une optique d’intelligence économique. La destination touristique est une construction, une mise en réseau et non une collection d’acteurs juxtaposés. Cette lecture peut contribuer à donner au secteur du tourisme les rangs de noblesse qu’il mérite de par sa contribution à la croissance des pays.

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