RELATIONS ENTRE LE VOLUME DE LA CARCASSE DES BOVINS
ET LE POIDS DE SES DIFFÉRENTS COMPOSANTS
ANATOMIQUES OU CHIMIQUES
J.
ROBELINColette RAYNAL-RONGÈRE,R.
JAILLER
G. CUYLLE Labovatoive de la Yvoduction di,Viande,
Cei2tre de Rechevches de C!’)’M!OM<-.Ff)!a’M!. f. N. R. A., .,Theix, Saint Genès
Champanaelle,
G3110 BeaumontRÉSUMÉ
Nous avons calculé la relation entre le volume de la carcasse de 3r
jeunes
bovins mâles de 3 races, et lepoids
des différentscomposants anatomiques (squelette,
muscles,dépôts adipeux)
ou
chimiques (eau,
matières rirasses, minéraux,protéines)
de cette carcasse. La relation est très étroite : le coefficient de corrélationmultiple
estégal
à o,99g.!1 même
poids
de carcasse, le volume est lié enpremier
lieu aupoids
desdépôts adipeux (R = 0 , 44 )
ou deslipides (R = 0 , 42 ),
mais à même étatd’engraisscment
il est liéégalement
ala
composition
de la massemaigre (proportion
de muscles ou de matières minérales et de pro-téines). Compte
tenu de la variabilité de lacomposition
de la massemaigre
entre races, nous pen-sons que la relation entre le volume et l’état
d’cngraissement
des carcasses seraitplus
étroite àl’intérieur de
chaque
race. Un calcul effectué ilpartir
de nospremiers
résultats tend a confirmer cettehypothèse.
INTRODUCTION
Parmi les nombreuses méthodes permettant d’estimer la composition anatomique
ou
chimique de la
carcassedes bovins, la méthode densimétrique
a retenul’attention de nombreux chercheurs (cf. Revue de P EARSON
etal., I9 68). A la suite des
travauxde BE HNK E ( I94I )
surl’Homme,
etde
ceuxde R ATHBUN
etPACE ( 1945 )
surle Cobaye,
des études
ontété entreprises
surles Porcins (B ROWN
etal., 1951 ; DE SMOUI , IN , I97 o),
les Ovins (K IRTON
etB AR T ON , I9!8 ; ME Y E R , I9 6 2 ; T IMON
etB I C HARD , I9 65 ;
§K HANDEKAR
et C iL., 19 6 5 ; P RADH A N E t al., 19 66 ; R A TT RAY f’t C IL., I(!!3),
etles Bovins
(KRAYBII,I,
etC IL., I9 j2 ; GA RR ET
etH hIM A N , I96(! ; G IL
!tC IL., 1970 ; LED GER
etGILLIVER
, i 973 ; PRESTON
etal., z 97 q). Ces différents
travaux ontmontré que la densité des
carcasses oudu corps entier était
surtoutreliée à la proportion de dépôts adipeux
oude matières grasses. Cependant, les études entreprises
surles bovins
ontporté
surdes animaux de
raceAnglo-saxonne, dont l’état d’engraissement était
très important.
Nous
nous sommesdemandé si
cetteméthode densimétrique était applicable
à des animaux ayant
unétat d’engraissement plus faible,
et enparticulier si elle pouvait être utilisable dans le
casdes taurillons de
racesfrançaises.
Nous
nous sommes surtoutattaché
auxaspects méthodologiques
etanaly- tiques de la méthode, peu abordés jusqu’à présent : précision de la
mesuredu
volume d’une
carcasse,relation
entrele volume
etla répartition pondérale des diffé-
rents
composants de la
carcasse.L’étude de
cesdeux aspects paraît
eneffet néces- saire,
avantde calculer des équations d’estimation de la proportion des différents composants à partir du volume
etdu poids de la
carcasse.Cette analyse
aété réalisée à partir de 31
carcassesde jeunes bovins mâles entiers abattus
entre9
et16 mois
(tabl. i), disséquées afin d’interpréter des expériences nutritionnelles.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Mesure de la
composition anatomique
etciaimique
do la carcasseLe
poids
des différents tissus(squelette, muscles, dépôts adipeux)
a été mesuréaprès
dissec-tion
de la demi-carcasse droite. Ainsi que nous l’avons
déjà
décrit(llosELm,
GEAY et DERAN-GER,
1 9 74 ),
ces tissus ont ensuite étébroyés
etanalysés séparément :
mesure de la teneur en eau,lipides, minéraux, protéines
eténergie.
Nous avons déterminé le
poids
des différents tissus etcomposants chimiques
de la carcassechaude
entière,
àpartir
de lacomposition
de la demi-carcassedisséquée.
Nous avons admisque la
perte
depoids
entrel’abattage
et ladissection, perte
due àl’évaporation,
étaitproportion-
nelle au
poids
de chacun des tissus.Détermination du volume de la carcasse
Nous avons mesuré le volume de la demi-carcasse
gauche, après
avoir retiré la queue et lespiliers
latéraux et médians dudiaphragme (x hampe
n et oonglet n).
Le volume de la demi-carcasse
gauche
a été calculé par différence entre lepoids
P(pesée
dans
l’air)
et lepoids
Pi de la demi-carcasse mesuréaprès
immersion dans l’eau. Lepoids
P aété
mesuré,
à 100gprès,
immédiatementaprès l’abattage.
Lepoids
Pi a été mesuréaprès
unedurée de ressuyage de 18 à 24 heures en chambre
réfrigérée
à +4o C,
à l’aide d’une balance dont laprécision
étaitde
5 g. La demi-carcassecoupée
en deuxquartiers,
a étéimmergée
dans unecuve
cylindrique (hauteur :
200cm, diamètre : 140cm),
contenant de l’eau dont latempérature
était
comprise
entre 11°C eti 3 °C.
Les variations de cettetempérature
restantfaibles,
nous n’enavons pas tenu
compte
pour calculer le volume de la carcasse. Deplus,
la massespécifique
del’eau à i20C étant peu différente de 1
(o,ggg g 7 ),
nous avons calculé le volume de la carcasse direc- tement par différence entre P et Pi.Étude mathématique
des résultatsSoit P,
V, X I , X 2 , X 3 respectivement
lepoids
de la carcasse, son volume et lepoids
de sesdifférents
composants anatomiques.
Nous voulons savoir si P et Vpermettent
d’estimer lepoids X
I (dépôts adipeux).
Nous savons tout d’abordqu’il
existethéoriquement
deux relations mathé-matiques
entre ces différentes variables :La somme des
poids
descomposants
estégale
aupoids
de la carcasse, la somme de leursvolumes
(Or l ,
!X2, a3 étant les volumesmassiques
descomposants)
estégale
au volume de la carcasse.En
réalité, V, X i , X 2
etX.
sont des valeurs mesurées avec une erreurexpérimentale.
Larelation 2est donc une relation
statistique
que nous pouvons établir entre V etX I , X 2 , X 3 :
&dquo;!1, (!z. 13a
coefficients deX&dquo; X 2 , X.
sont alors des estimations des volumesmassiques
al, (X2, Ci3.
Pour que P et V
permettent
d’estimerX i
parexemple,
il faut enpremier
lieu que V soit étroitement relié àX I , X 2 > X 3 ,
c’est-à-dire que la variance résiduelle de la relation 3 soit faible.Néanmoins,
cette condition n’est pas suffisante pour queX i
soit lié à V et P. Il faut enplus
que la variabilité de V soit liée en
priorité,
sinon entotalité,
à la variabilité deX I .
La mise en évi-dence de cette dernière liaison n’est pas
possible
àpartir
del’équation
3, car V,X I , X 2 , X.
sontliés au
poids
de la carcasseP ;
nous avons donc tout d’abord éliminé del’équation
3l’influence dupoids
de la carcasse ; pour cefaire,
nous avons calculél’équation
derégression
de chacune des variablesV, X l , X 2 , X .
avec P :Ensuite,
pour chacune des carcasses, nous avons calculé les écarts résiduels aux droites derégression
4, 5, 6 et 7,respectivement
v, vl, V2, V3,qui
sont par définition des variablesindépen-
dantes de P. Par
exemple,
pour la carcassei,
dont lepoids
est Pi, le volumeVi,
l’écart résiduel à larégression
3 estégal
à :Enfin,
nous avons étudié la relation 8 :Par
régression progressive,
nous avons pu faire lapart
des différentscomposants
dans lavariabilité du volume de la carcasse,
indépendamment
dupoids
de carcasse.RÉSULTATS ET
DISCUSSIONs. -
Précision de la
mesuredu volume de la
caycasseAfin d’estimer la répétabilité de la
mesurede Pi,
nous avonseffectué
sury demi-carcasses, trois pesées successives
enretirant la demi-carcasse de l’eau
entrechacune d’elles. Le poids Pi (voisin de
10kg),
aaugmenté de 3! g
en moyenne(! y g)
entre
la première
etla seconde pesée, de 7,!
gseulement (::1:: g)
entrela seconde
et
la troisième pesée. Compte
tenudes poids
moyens Pque
nous avonsenregistrés (i,
5
o kg environ), l’erreur relative
surle calcul du volume à partir d’une seule pesée
est
égale à
2,1p.
i ooo.Il
estprobable que les variations du poids Pi
sontdues à
des bulles d’air qui
restent surles parois de la
carcasseaprès immersion ;
cephéno-
mène
adéjà été signalé par KrxTOV
etB AR T ON (>9!8).
Le volume réel de la
carcasse, etpar conséquent la
mesurequ’on peut
enfaire, dépendent de la durée écoulée
entrel’abattage
etla
mesure. Nous avonsobservé,
sur 2
demi-carcasses,
unediminution rapide
au coursdes premières 24 heures
( 10 ,
5 p.
i ooodu volume initial) ;
cettediminution
seralentit par la suite
i,6
7 p.
i ooo entre24
et4 8 heures, 0 ,8 9 p.
i ooo entre4 8
et72 heures (mesures effec-
tuées
sur6 demi-carcasses) .Au
coursdes nombreux
travauxréalisés jusqu’à présent
sur
la densité des
carcassesd’animaux, la
mesurePi
aété effectuée
endes temps variables après l’abattage selon les auteurs, de 1 8 heures (K IR T ON
etB AR T ON , 193 8 ;
Grr, et al., 1970 ) à 7 jours (KHA.!DI!Knx
etal., 19 6 5 )
sansque
cesauteurs, sauf K
L I N
E et al. (i95!), insistent particulièrement
surla standardisation de
cettedurée, qui
nousparaît importante.
Compte
tenude
cetteévolution de Pi
avecle temps,
etde l’air qui
reste surles parois des
carcassesaprès immersion, l’erreur expérimentale
surle volume, dans
les conditions où
nousl’avons mesuré (une seule pesée 1 8 à 24 heures après l’abat- tage) serait voisine de 3 p.
i ooo.Les conditions de la
mesuredu poids Pi
sontdonc beaucoup plus importantes à prendre
encompte que la précision de la balance.
En particulier, il paraît inutile d’effectuer
cettepesée
augramme près,
commele
font la plupart des
auteursdont
nous avonscité les travaux ;
uneprécision de 5 g
estsuffisante dans le
casdes bovins.
Les volumes massiques des deux côtés d’une même
carcasse, sansqueue ni
piliers du diaphragme,
ne sontpas significativement différents ; la différence
moyenneobtenue
sur8 comparaisons
estégale à
2,1dm ,/ g,avec
unécart-type de 1 , 3 d M 3 /g.
Quelle que soit
savaleur,
cettedifférence
apeu d’importance. En revanche,
savaria-
bilité entraîne
une erreurrelative supplémentaire
surl’estimation du volume de la
carcasse
totale égale à 2 , 4 p.
1 ooo.Si,
comme nousl’avons fait pour des raisons pratiques,
onétablit des relations
entrele volume de la
carcassemesuré
sur unedemi-carcasse,
etla composition
anato-mique
etchimique mesurée
surl’autre demi-carcasse, l’erreur relative totale
surla
mesure
du volume
estdonc égale à 3 -+- 2 , 4 , soit 5 , 4 p.
1ooo,soit 1 , 400 dm 3
enmoyenne
pour les
carcassesque
nous avonsutilisées dont le volume
moyenétait de 26
0 d m3.
2
. -
In fluence de la composition anatomique
ouchimique
de la
carcasse surles variations de
sonvolume
Nous
avonsobtenu la relation suivante
entrele volume V (dm 3 ) d’une
carcasseet
le poids (kg) des différents composants anatomiques, squelette (S), muscles (M), dépôts adipeux (D) :
N
estle nombre d’observations ayant permis de calculer l’équation, R 2 le carré
du coefficient de corrélation multiple
entreV
etS, M, D, SD l’écart-type résiduel
de la régression exprimé
endm 3 .
Entre le volume V,
etle poids (kg) des composants chimiques,
eau(E), matières
grasses (G), matières minérales (M)
etprotéines (P), la relation obtenue
estla sui-
vante :
D’après
cesdeux relations, la composition anatomique
ouchimique de la
car-casse
explique plus de 99 p.
100de la variabilité de
sonvolume. Les
erreursde pesée
des différents composants de la
carcasse etl’erreur due à la variabilité de leur volume
massique seraient égales à 0 , 4 dm 3 seulement. La variabilité résiduelle étant très
faible, le volume massique des différents composants anatomiques
ouchimiques
estdonc certainement peu variable
entre carcasses.Les coefficients des relations citées plus haut
sontthéoriquement des estimateurs de
cesvolumes massiques (cf. équation 3 ). Ces relations font intervenir
un terme constant(respectivement 2 , 17
et1 , 3 6) ; mais, il n’est pas significativement (P
<0(01 )
différent de
o.Ces estimations des volumes massiques
sontrelativement voisines de celles qui ont été calculées par différents
auteurs(KRAysW!, et al., r9!2 ; I,ox G xEErr
et
G ARR E TT , z9!q. ; B IEB E R
etS A FF L E, i 9 6i).
Les équations précédentes permettent d’étudier globalement l’influence de la
composition de la
carcasse surles variations de
sonvolume, mais elles
ne nousper-
mettentpas de faire la part respective de chacun des composants. En effet, les coeffi- cients de corrélation simples (tabl. 2 )
entrele volume
etle poids de chacun des
com-posants
ont unesignification très limitée, dans la
mesureoù le poids des différents composants
sontreliés
aupoids de la
carcasse(tabl. 3 )
etdonc liés
entre eux.Pour éliminer
unepartie de
cesliaisons,
et enparticulier celle qui
estdue
aupoids de la
carcasse, nous avonsétudié la relation
entrele volume
etle poids des
composants à poids de
carcasseégal (cf. § matériel
etméthodes). Dans
cesconditions,
le volume
estlié
enpremier lieu
aupoids des dépôts adipeux (R = 0,4!)
oudes
matières grasses (R
=0 , 42 ) (tabl. 4).
Mais, à poids de dépôts adipeux
oude matières grasses donné, les variations du volume
sontégalement liées
aupoids des muscles
oudes matières minérales
(P < o,or).
Ces variations du volume correspondent donc à des variations dans la compo- sition de la
massemaigre à poids de
carcasse età état d’engraissement constants ; d’ailleurs,
uncalcul portant
surle petit nombre d’animaux dont
nousdisposions
nous a
montré qu’effectivement la
raceavait
uneinfluence significative (P
<o,oi)
sur
la relation
entrele volume
etl’état d’engraissement des
carcasses.De plus, lorsqu’on retire l’effet de la
race,le volume de la
carcasse estindépendant de la
com-position de la
massemaigre.
3
.
-Estimation de la composition de la
carcassedes bovins
à partir du poids et du volume de la
carcasseLe nombre d’animaux dont
nousdisposons dans chaque
race ne nouspermet
pas de proposer des équations de régression généralisables, permettant d’estimer l’état d’engraissement des
carcassesà partir de leur poids
etde leur volume. Néan- moins,
nous avonsrapporté
autableau 5 les premières équations que
nous avonscalculées à partir de l’ensemble des animaux (toutes
racesconfondues). Nous
cons-tatons tout d’abord, qu’après le poids de
carcasse,le volume n’apporte
uneinfor-
mation significative (P
<0(01 ) que dans l’estimation du poids des matières grasses
ou
des dépôts adipeux. L / écart-type résiduel de la régression, voisin de 6, j kg pour
un
poids de
carcasse moyende 275 kg,
estcomparable
auxrésultats de K RAYBILL
et
al. ( 195 2), GA RR ETT (i 9 68), G ARR ETT
et HINXIAN( 10 6 0 ), Gu,
etal. ( 1970 ), I,!DG!R
et
G ILLIV E R ( 1973 )
oude PRESTO)! et al. (i 974 ). Cependant,
cetécart-type
estlégè-
rement
supérieur à celui qu’on obtient
avecl’estimation à partir de la
IFcôte (G
EAY
etB!xarrGER, i969).
L’analyse de
cespremiers résultats confirme que le volume de la
carcassedépend
enpremier lieu du poids des dépôts adipeux
oudes matières grasses, à poids
de
carcassefixé ; mais elle
montreégalement que le volume dépend de la composition
de la
massemaigre (rapport muscle/os,
enparticulier) variable
entre races.Nous devons donc poursuivre
cetteétude
avec unplus grand nombre d’animaux de chaque
race,de façon à proposer des équations d’estimation adaptées à chacune
d’entre elles.
Reçu pour publication
enfévrier
1975.REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier R. TOMASSONE
(Laboratoire
de Biométrie du C. N. R. Z. deJouy
en
Josas)
pour sa contribution àl’analyse statistique
des résultats.SUMMARY
RELATIONSHIP BETWEEN THE VOLUME OF THE 13!!F CARCASS AND THE WEIGHT OF ITS A1TATO:VIICAI, AND CHEMICAL COMPONENTS
Thirty
one young bulls of 3 breeds were used to calculate therelationship
between the volume of the carcass and theweight
of its different anatomicalcomponents (skeleton
muscles, fatdepots)
or chemical
components (water, fat,
minerals,protein).
There was a very closerelationship,
themultiple
correlation coefficientbeing
o.999At the same carcass
weight,
the volume wasprincipally
related to theweight
of fatdepots (I2 = 0 . 44 )
orlipids (I2 - o..j2) ,
but at the sameweight
offat,
it was also related to the compo- sition of the lean mass(proportion
of muscles or minerals andprotein).
On account of the varia-bility
between breeds asregards
thecomposition
of the lean mass, wc assume that therelationship
between the volume and the
degree
of fatness of the carcass would be closer within each breed.t1 calculation made from our first
findings
tends to confirm thishypothesis.
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