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Genre et handicap Pratiques inspirantes des femmes et des filles handicapées pour lutter contre la discrimination et la violence en Afrique

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Retour d’expérience

Genre et handicap – Pratiques inspirantes des femmes et des filles handicapées pour lutter contre la discrimination et la violence en Afrique

Direction de la protection et de la réduction des risques Octobre 2020

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Autrices

Rebecca Andrews Marie-Charlotte Garin Clara Lemonnier Sophie Pécourt Une publication de : Humanité & Inclusion Édition et mise en page

Stéphanie Deygas, Direction de l’innovation, de l’impact et de l’information Crédit photographique

© Arnold Temple Visuals, Kenya, 2019 Droits et licences

Ce document est disponible sous la licence Creative Commons Attribution – Pas d’utilisation commerciale – Pas de modification 4.0 International (CC BY-NC-ND 4.0). Cette licence vous autorise à copier, distribuer et communiquer ce document, à des fins non commerciales uniquement, dans les conditions suivantes : Maternité – Ce document doit être cité de la façon suivante : Lyon : Humanité & Inclusion/Making It Work, Genre et handicap – Pratiques inspirantes des femmes et des filles handicapées pour lutter contre la discrimination et la violence en Afrique, 2020. Licence : Creative Commons Attribution – Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 4.0 International (CC BY-NC-ND 4.0). Pas d’utilisation commerciale - Cet ouvrage ne peut être utilisé à des fins commerciales. Pas de modification - Cet ouvrage ne peut être modifié, transformé ou utilisé pour créer des œuvres dérivées.

Ce rapport est dédié à Rachel Kachaje, pionnière de la lutte pour les droits des femmes handicapées en Afrique et dans le monde. Rachel a été l’une des premières à comprendre que les femmes handicapées devaient s’organiser pour être représentées, dans un monde dominé par le patriarcat et le validisme. Leader née, elle a eu le courage d’être la première femme à occuper de nombreux postes, que ce soit en tant que présidente de la SAFOD, fondatrice de DIWA, présidente de l’Organisation mondiale des personnes handicapées, ministre des Personnes âgées et handicapées ou secrétaire du Forum africain des personnes handicapées. Rachel a été une source d’inspiration pour les femmes dans toute leur diversité et sa voix forte nous manquera terriblement.

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Sommaire

Avant-propos d’Adelaïde NYIGINA ... 4 Difficultés rencontrées par les femmes et les filles handicapées d’après l’expérience sur le terrain ... 6 Introduction ... 9 Présentation ... 11 Informations contextuelles sur les violences basées sur le genre à l’égard des femmes et

des filles handicapées 11

Informations contextuelles sur l’engagement masculin 12

Le marqueur Handicap, Genre et Âge 12

Mise à l’échelle : accroissement de l’impact 14

Prévention et lutte contre les violences basées sur le genre ... 16

Prévention des violences basées sur le genre 16

Lutte contre les violences basées sur le genre 20

Bonnes pratiques de 2019... 21 A. Renforcement des structures publiques et de l’accès aux services pour les femmes et les

filles handicapées – Ouganda 21

B. Utiliser le sport et l’art pour discuter des violences basées sur le genre avec les enfants et

les jeunes handicapés – Kenya 26

C. Développer l’autonomisation des femmes handicapées grâce à des activités génératrices

de revenus – Burundi 30

D. Promouvoir l’inclusion des femmes handicapées et le changement social au sein des

communautés – Kenya 34

E. Promouvoir les droits en matière de santé sexuelle et reproductive des femmes et filles

handicapées – Mali 37

F. Fournir un accès aux services et promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles

handicapées – Ouganda 41

G. Amplifier la voix des femmes handicapées au Kenya 45

H. Améliorer l’accès aux services de protection sociale et la réalisation des droits des femmes

malentendantes – Rwanda 50

Annexes ... 54

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Avant-propos d’Adelaïde NYIGINA

Dans la plupart des pays en voie de développement, la pauvreté endémique affecte beaucoup plus les femmes, en contribuant à l’inégalité entre les sexes. Plusieurs facteurs influent négativement sur l'intégration du genre dans les politiques de développement socio-économique des pays. Un facteur important enraciné dans les habitudes est la suprématie de l’homme par rapport à la femme, d’où la faible représentation des femmes dans les entités de prise de décision ainsi que leur insuffisante implication dans l'économie. La situation devient plus difficile encore pour les femmes handicapées. Les femmes handicapées rencontrent, dans leur existence quotidienne, des problèmes et difficultés d’ordre matériel dans l’organisation liés à la nature spécifique du handicap (la surdité, la mutité, la cécité, le handicap mental/psychosocial, le handicap physique et des cas complexes de handicap). Elles se heurtent, dans les sphères privée et publique, à des entraves à l’accès à un logement décent, à la santé, à l’éducation, à la formation professionnelle et à l’emploi. Elles subissent également des inégalités en termes d’embauche, d’accès à la formation, et d’accès au crédit et à d’autres ressources productives. Enfin, elles sont rarement associées à la prise des décisions économiques et politiques.

En dépit de l'évolution des cadres normatifs au niveau mondial, africain, sous-régional et national concernant à la fois les droits fondamentaux des femmes et ceux des personnes handicapées, l'impact des effets combinés du genre et du handicap n'a pas bénéficié d'une attention suffisante

; la discrimination, la marginalisation et les violences de tout genre à l'égard des femmes handicapées sont des faits réels qui sont longtemps demeuré largement ignorés.

Les femmes handicapées sont objet de nombreux préjugés et sont victimes de violences ou harcèlement que ce soit sur les lieux de leur travail ou bien dans leur foyer, du fait de leur faiblesse physique, leur difficulté à crier secours ou à porter plainte ; et l’accès aux services sociaux de base est très limité. L’inaccessibilité aux services liés à la santé et aux droits sexuels et reproductifs pour les femmes handicapées ne fait qu’aggraver leur vulnérabilité aux abus sexuels, aux infections sexuellement transmissibles, aux maladies non diagnostiquées et non traitées, ainsi qu’aux grossesses non désirées. Outre leur exclusion des services de santé essentiels, dans certains pays, les femmes et les jeunes filles handicapées peuvent subir des pratiques de soins et procédures médicales coercitives, telles que la stérilisation, l’avortement et/ ou la contraception forcés ; ce qui sont contre les droits humains.

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Les mythes et les préjugés constituent d’importantes barrières chez les filles et femmes handicapées lorsqu’il s’agit de participer à la vie sociale. Elles restent toujours discriminées et oubliées dans les politiques et programmes de développement bien que les Objectifs de Développement Durable auxquels nos gouvernements ont souscrit, imposent de ne laisser personne pour compte.

Le Forum Africain pour les Personnes Handicapées (FAPH/ADF) a fait de ce thème l’un de ses 4 objectifs stratégiques. Il s’engage à « donner aux femmes et aux filles handicapées africaines les moyens de promouvoir le respect, la protection et la réalisation de leurs droits et de leur inclusion, et de garantir l'égalité entre les femmes et les hommes au sein du mouvement africain pour les droits des personnes handicapées ».

En conséquence, l’ADF en partenariat avec les organisations membres et leurs partenaires doivent mobiliser des fonds pour réaliser des actions répondant aux objectifs assignés, et les organisations de personnes handicapées au niveau pays, sont appelés à s’approprier de ces objectifs.

La promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes est indispensable à la réalisation des objectifs de développement durable adoptés au niveau international ; et l’insertion professionnelle des femmes handicapées et leur autonomie financière sont des prérequis pour les protéger des violences, des exploitations et/ou autres sortes d’abus.

En tant que Représentante des femmes handicapées en Afrique, j’interpelle donc les autres organisations de personnes handicapées dans tous les pays africains de penser aux actions de l’autonomisation de la femme et la fille handicapée pour leur considération communautaire.

Les gouvernements, les donateurs, les agences de l’ONU et d’autres acteurs au développement doivent établir des mécanismes de suivi des investissements pour s’assurer qu’ils touchent aussi les femmes handicapées.

Le principe d’égalité de chances et de non-discrimination doit régner pour faciliter la jouissance des droits par les femmes handicapées, sur la base de l’égalité avec les autres.

Adelaïde NYIGINA, Présidente de l’Union des Personnes Handicapées du Burundi

« UPHB » et Membre Représentant les Femmes Handicapées au Comité Exécutif à l’ADF (Forum Africain Pour les Personnes Handicapées)

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Difficultés rencontrées par les femmes et les filles handicapées d’après l’expérience sur le terrain

 Par Sally Nduta, directrice de programme de l’UDPK (United Disabled Persons of Kenya), Kenya

Les violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG) à l’égard des femmes et des filles handicapées ont considérablement augmenté au Kenya ces dernières années. Dans le comté de Kakamega, 30 % des femmes handicapées ont subi des violences sexuelles, mais 40 % de ces agressions n’ont jamais été signalées à la police. Cela montre à quel point la situation est compliquée dans le pays. Les médias ont récemment rapporté de nombreux cas de femmes et de filles handicapées ayant subi des violences sexuelles et basées sur le genre.

Les principales difficultés auxquelles sont confrontées les femmes et les filles handicapées survivantes de violences basées sur le genre (VBG) sont les suivantes :

1. La stigmatisation et la discrimination : les femmes et les filles handicapées doivent faire face à plusieurs niveaux de discrimination, sur la base de leur genre et de leur handicap ; elles sont confrontées à une « double discrimination ». Il est dès lors peu probable qu’elles signalent des cas de VSBG. De nombreux prestataires de services médicaux doivent également revoir leur attitude. Ces facteurs contribuent à dissuader les femmes et les filles handicapées de signaler les agressions dont elles sont victimes.

2. Les informations relatives à la prévention, à la prise en charge et au soutien des survivantes de VSBG sont souvent limitées et non inclusives : de nombreuses femmes handicapées ne connaissent pas leurs droits ni les procédures de signalement des VSBG, et ne savent pas où obtenir l’aide nécessaire (soutien médical et psychosocial). Ces services sont par ailleurs inaccessibles à certaines femmes en raison de leur diversité. Par exemple, si une femme sourde fait appel à des services de prise en charge et de soutien après avoir subi des abus, elle est plus susceptible de rencontrer des difficultés de communication avec le personnel.

3. Les idées fausses et les attitudes négatives concernant le handicap : lorsqu’une femme handicapée fait appel à un service, il arrive par exemple qu’on lui demande si sa place est vraiment là. Ces questions dissuadent les femmes handicapées de recourir aux services médicaux.

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4. Les attitudes des agents chargés de l’application des lois : les agents de police prennent rarement la question des VSBG au sérieux ; certains se montrent méprisants et demandent aux femmes de résoudre ces « problèmes domestiques » au sein de leur foyer.

5. L’inadéquation des systèmes de référencement et de suivi des cas impliquant des femmes et des filles handicapées : les systèmes de référencement et de suivi des cas de VSBG sont globalement insuffisants, mais la situation des femmes et des filles handicapées est encore moins enviable.

 Par Miriam Nandwa, coordinatrice régionale de WARD (Women and Realities of Disability Society), Kenya

Les femmes et les filles handicapées sont souvent victimes de violence chez elles, dans les villes, dans les zones rurales, dans les transports publics, à l’école et à l’hôpital. Elles sont exposées à différentes formes de violences basées sur le genre :

 Le mariage précoce, qui les expose au VIH et aux grossesses précoces

 Les mutilations génitales féminines, qui compromettent leur santé physique et psychologique en raison des infections graves et des saignements importants causés par les instruments utilisés pour l’excision

 Le déni d’éducation, car le handicap est souvent perçu comme un mauvais présage.

Certains sont convaincus que les femmes handicapées ne peuvent pas réussir dans la vie et qu’il est inutile d’investir dans leur éducation.

 Par Tata Touré, responsable de programme d’ODI-Sahel (Organisation pour un développement intégré au Sahel), Mali

« Je n’étais encore qu’une enfant quand la polio m’a fait perdre l’usage de mes deux jambes.

Depuis, je suis handicapée physique. À l’âge de 12 ans, j’ai été violée par mon cousin qui était de passage dans le village. Un jour, mes parents et mon petit frère ont quitté la maison pour aller au marché. Comme d’habitude, je suis restée à la maison en attendant leur retour. Quand mon cousin a commencé à me faire des avances, je l’ai repoussé. À cette époque, j’avais peur des hommes et je considérais mon handicap comme une faiblesse. Mon cousin a profité de moi, de mon handicap et de la situation, sachant que j’étais seule et sans défense. Il m’a frappée à la tête, ce qui m’a fait perdre connaissance. Il m’a ensuite jetée sur le sol, brutalisée et violée. J’ai été réveillée par une douleur atroce dans le bas-ventre et d’importants saignements. Mon cousin a alors pris la fuite et

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préserver les « liens du sang ». C’est pour cette raison qu’ils ont dissimulé cet acte ignoble : il s’agissait selon eux d’une humiliation, qui risquait de compromettre nos liens familiaux et de nous déshonorer. Il fallait donc se taire pour préserver l’honneur de la famille. J’ai vécu ce calvaire en silence. Ma mère ne m’a pas emmenée au centre de santé. Elle m’a soignée à l’aide de décoctions et de tisanes. Ce viol continue à me hanter, 21 ans plus tard. Au-delà des souffrances psychologiques, ce qui me fait le plus mal aujourd’hui c’est que mon cousin n’a jamais été inquiété, en raison des traditions socio-culturelles, des mœurs et des coutumes de ma région. » Récit partagé par Tata Touré

 Par Agnes Aserait, responsable de programme de NUWODU (National Union of Women with Disabilities of Uganda), Ouganda

Les violences basées sur le genre et le handicap sont souvent dirigées contre les femmes et les filles atteintes de déficiences intellectuelles à Koboko et Pader. Un jour, une victime de VBG a raconté qu’elle avait été souillée et que sa famille n’avait même pas pris la peine d’agir contre son agresseur. Les familles sont en partie responsables du manque d’accès à la justice, car il est rare qu’elles encouragent la victime à se manifester auprès des autorités. La stratégie d’engagement masculin de NUWODU, qui consiste à former de jeunes militants issus des équipes villageoises de santé, des conseillers locaux, des responsables culturels et des chefs religieux, a suscité un changement positif au sein des communautés.

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Introduction

On estime que les personnes handicapées représentent environ 15 % de la population mondiale, soit quelque 1,1 million de personnes. Or, les statistiques indiquent que 19 % de la population féminine vit avec un handicap et que 80 % des personnes handicapées vivent dans des pays en développement où les services sociaux essentiels font défaut1.

Pour améliorer les conditions de vie des femmes, des hommes et des personnes non binaires en situation de handicap et pour garantir l’accès équitable aux services sociaux, il convient de soutenir des actions visant à promouvoir les droits de l’ensemble des personnes handicapées.

Ces actions doivent favoriser la protection contre la violence, l’intégration sociale et économique, la lutte contre la discrimination et l’exclusion, l’accessibilité aux transports, à l’éducation, à la santé et à l’emploi, ainsi que l’éducation des enfants handicapés.

Début 2019, les membres du Comité consultatif technique ont choisi huit organisations dirigées par des femmes mettant en œuvre des bonnes pratiques et leur ont proposé de devenir partenaires de l’initiative « Making It Work » dans leurs pays respectifs (Burundi, Kenya, Mali, Ouganda et Rwanda). Ils ont ensuite sélectionné huit bonnes pratiques en réponse à l’appel africain à soumission de bonnes pratiques sur l’élimination, la prévention et la réponse à la violence, aux abus et à l’exploitation des femmes et des filles en situation de handicap.

Les experts du Comité consultatif technique 2019 étaient : Silvia Quan (International Disability Alliance), Jorge Manhique (Disability Rights Fund), Sadiq Syed (ONU Femmes – Afrique de l’Est et l’Afrique australe), Arlene S. Kanter (professeure à la faculté de droit de l’Université de Syracuse), Audrey Lee (International Women’s Rights Action Watch – Asie-Pacifique), Lisa Adams, Yetnebersh Nigussie, Stephanie Ortoleva, Mijoo Kim et Fatma Wangare (African Disability Forum).

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Les bonnes pratiques sont les suivantes :

BONNE PRATIQUE ORGANISATION PAYS

Utiliser le sport et l’art pour discuter des violences basées sur le genre avec les enfants et les jeunes handicapés

KEFEADO (Kenya Female Advisory Organization)

Kenya

Améliorer l’accès aux services de protection sociale et la réalisation des droits des femmes malentendantes

RNADW (Rwanda National Association of Deaf Women)

Rwanda Renforcer les structures publiques et l’accès aux

services pour les femmes handicapées

NUWODU (National Union of Women with Disabilities of Uganda)

Ouganda

Fournir un accès aux services et promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles handicapées

MUDIWA (Mubende District Disabled Women

Association)

Ouganda

Promouvoir les droits en matière de santé sexuelle et reproductive des femmes et filles handicapées

ODI-Sahel (Organisation pour un développement intégré au Sahel)

Mali

Promouvoir l’inclusion des femmes handicapées et le changement social au sein des communautés

WARD (Women and

Realities of Disability Society)

Kenya Amplifier la voix des femmes handicapées au Kenya UDPK (United Disabled

Persons of Kenya)

Kenya Développer l’autonomisation des femmes

handicapées grâce à des activités génératrices de revenus

UPHB (Union des personnes handicapées du Burundi)

Burundi

Après avoir sélectionné ses nouveaux partenaires nationaux, l’initiative MIW a organisé à Nairobi un forum sur les programmes inclusifs de prévention et de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), l’engagement masculin et le marqueur Handicap, Genre et Âge, un nouvel outil mis au point par Humanité & Inclusion (HI) pour rendre compte des multiples identités croisées.

Le rapport Making It Work 2020 permet de mieux appréhender la violence et la discrimination que subissent les femmes et les filles en Afrique. Il présente également des initiatives de prévention et de lutte contre les violences basées sur le genre incluant les femmes et les filles handicapées. Il détaille enfin les bonnes pratiques présentées par nos organisations partenaires dirigées par des femmes dans différents pays d’Afrique.

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Présentation

Informations contextuelles sur les violences basées sur le genre à l’égard des femmes et des filles handicapées

Les violences basées sur le genre (VBG) sont des violences qui se fondent sur le genre d’une personne. Certaines femmes sont toutefois plus exposées au risque de VBG que les autres. Les femmes handicapées sont deux fois plus susceptibles de subir des violences domestiques et d’autres formes de violences sexuelles et basées sur le genre que les femmes sans handicap2,3. On estime que 83 % des femmes handicapées subiront des abus sexuels au cours de leur vie4. La violence touche davantage les femmes et les filles handicapées, qui subissent des formes spécifiques de violence du fait de la discrimination et de la stigmatisation fondées sur leur genre et leur handicap5. Par exemple, les abus sexuels commis par les aidants, la surmédication, la privation de produits de première nécessité, la confiscation des dispositifs sensoriels et le contrôle financier sont autant de formes de VBG. Par ailleurs, les VBG touchent davantage les femmes et les filles handicapées du fait de leur manque d’éducation, des opportunités limitées dont elles disposent et de l’absence d’environnement propice favorisant leur autonomie et les activités génératrices de revenus. S’il est vrai que toute personne peut subir des VBG, indépendamment de son genre et de sa situation de handicap, les femmes et les filles handicapées ont moins facilement accès aux services de lutte contre les VBG, ce qui les expose automatiquement à un risque accru et à des conséquences bien plus graves. Les prestataires de services doivent prendre en compte les besoins des femmes et des filles handicapées ayant subi des VBG afin d’adapter leur prise en charge et de développer des programmes répondant véritablement à leurs besoins.

Les initiatives de prévention et de lutte contre les VBG doivent inclure les femmes handicapées.

Les organisations dirigées par des femmes handicapées, comme les partenaires MIW présentés dans ce rapport, jouent d’ailleurs un rôle essentiel en la matière.

2 Ce risque est même multiplié par 10 pour les personnes atteintes de déficiences intellectuelles d’après Karen Hughes et al., Prevalence and risk of violence against adults with disabilities [...], The Lancet, 28 février 2012

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Informations contextuelles sur l’engagement masculin

L’engagement masculin révèle les rôles et les identités des hommes et des garçons. Il remet également en cause la domination masculine et favorise des masculinités positives. L’organisation de groupes de discussion composés d’hommes et de garçons pour évoquer les VBG, les droits en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) et l’autonomisation des femmes produit des effets non négligeables au niveau local. La notion d’engagement masculin est également liée à l’approche de synchronisation du genre. La synchronisation du genre correspond au déploiement volontaire d’efforts de transformation ciblant des hommes, des garçons, des femmes et des filles de différentes orientations sexuelles et identités de genre. Dans la mesure où les hommes et les femmes perpétuent les normes sexospécifiques au sein de la société, tous doivent être impliqués dans le changement.

Le marqueur Handicap, Genre et Âge

Le marqueur Handicap, Genre et Âge (HGA) est un outil mis au point dans le cadre de la politique Handicap, Genre et Âge adoptée par HI en 2018, qui vise à « ne laisser personne de côté » sur la base du handicap, du genre ou de l’âge. Le marqueur HGA :

 Indique si un projet :

 est conscient des inégalités liées au handicap/au genre/à l’âge ;

 intègre les considérations liées au handicap/au genre/à l’âge ;

 est transformatif.

 Permet d’identifier les lacunes en matière d’intégration du handicap, du genre et de l’âge

 Déclenche des mesures correctives visant à favoriser la transformation Dans le cadre de l’initiative MIW, nous utilisons

ce marqueur pour évaluer les pratiques de nos partenaires, en particulier la façon dont ils remettent en cause les inégalités de genre, préviennent et luttent contre les VBG, et défendent les droits de femmes. Sur huit pratiques, on estime que quatre intègrent les considérations de genre et trois sont transformatrices.

MARQUEUR

 Conscience des inégalités de genre

 Intégration des considérations de genre

 Transformation

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Étape 1 – Neutre

 Prend en compte les normes, rôles et relations déterminés par le genre

 A conscience des inégalités de genre, même si le plus souvent aucune mesure corrective n’est prise

 Les actions ne sont pas adaptées pour garantir un égal accès aux bénéfices des interventions

Étape 2 – Sensible au genre

 Prend en compte les normes, rôles et relations de genre, ainsi que leur impact sur l’accès aux ressources et le contrôle de celles-ci

Prend en compte les besoins spécifiques des femmes et des hommes

Cible volontairement un groupe spécifique de femmes ou d’hommes afin d’atteindre certains objectifs liés à un programme ou à une politique, ou de répondre à certains besoins

Étape 3 – Transformatif

Prend en compte les normes, rôles et relations déterminés par le genre, ainsi que leur impact sur l’accès aux ressources et le contrôle de celles-ci

Prend en compte les besoins spécifiques des femmes et des hommes

Remédie aux causes des inégalités de genre

 Comprend des mesures visant à transformer les normes, rôles et relations néfastes déterminés par le genre

 Promeut activement l’égalité de genre

 Favorise une évolution progressive des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes

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Mise à l’échelle : accroissement de l’impact

La mise à l’échelle vise à élargir l’impact d’un projet réussi.

Si l’on identifiait initialement deux types de mise à l’échelle courants (mise à l’échelle et élargissement d’une pratique), les recherches récentes définissent quatre types de mise à l’échelle : verticale, descendante, interne et horizontale6.

La mise à l’échelle verticale consiste à influencer les structures sociales, notamment les lois, les politiques, les institutions et les normes afin de garantir l’adoption plus large des bonnes pratiques.

On peut décrire la mise à l’échelle horizontale (également appelée réplication) comme la transposition d’une approche ou d’un modèle organisationnel à d’autres organisations travaillant à un niveau équivalent du système.

La mise à l’échelle interne (ou mise à l’échelle organisationnelle) implique que l’organisation investit dans le développement de ses propres capacités. Elle consiste à ajuster la structure, les fonctions ou les compétences d’une organisation afin de lui permettre de prendre les mesures spécifiques requises pour la mise en œuvre des bonnes pratiques qu’elle entend promouvoir.

Force est de reconnaître qu’un changement « externe » passe souvent par une évolution

« interne » de l’organisation.

La mise à l’échelle descendante consiste à allouer des ressources aux organisations à base communautaire. Cela permet de s’assurer que les changements législatifs, politiques ou normatifs sont associés aux moyens nécessaires pour mettre en œuvre les bonnes pratiques proposées sur le terrain.

La stratégie à adopter varie en fonction du type de mise à l’échelle. En cas de mise à l’échelle verticale, les organisations privilégient des changements axés sur les changements institutionnels souhaités. En cas de mise à l’échelle horizontale, les organisations établissent des partenariats avec d’autres organisations et/ou réseaux similaires afin de s’étendre géographiquement.

Les partenaires MIW ont bénéficié de soutien pour opérer une mise à l’échelle de leurs pratiques dans plusieurs dimensions. Les encarts figurant tout au long de ce rapport fournissent des informations sur la stratégie de mise à l’échelle choisie par chaque partenaire.

6 Sánchez Rodríguez AM, MacLachlan M et Brus A., The coordinates of scaling: Facilitating inclusive innovation, Systems Research and Behavioral Science, 2020, p. 1 à 18

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MISE A L’ECHELLE VERTICALE (institutionnalisation)

Mise en œuvre de changements législatifs, politiques, institutionnels ou normatifs

MISE A L’ECHELLE HORIZONTALE (expansion ou réplication)

Réplication géographique ou élargissement de l’éventail ou de la portée des bonnes pratiques afin de desservir un plus grand

nombre de personnes

MISE A L’ECHELLE INTERNE (renforcement des capacités)

Investissement dans le développement des capacités propres à une organisation afin de

lui permettre de mettre en œuvre des projets significatifs

MISE A L’ECHELLE DESCENDANTE (allocation de ressources) Mise en œuvre concrète au niveau communautaire, avec des adaptations en fonction des conditions et du contexte local

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Prévention et lutte contre les violences basées sur le genre

Bien que les mécanismes de prévention et de lutte contre les VBG soient les mêmes pour les femmes et les filles avec et sans handicap, il est essentiel de mettre en œuvre des activités spécifiques garantissant l’accès des femmes et des filles handicapées aux services de prévention et de prise en charge. Cette section décrit le contexte de la prévention et de la lutte contre les VBG, explique les stratégies inclusives utilisées et décrit les activités inclusives mises en œuvre par les partenaires MIW.

Prévention des violences basées sur le genre

La prévention des VBG repose sur :

 la sensibilisation ;

 l’élimination des causes profondes et des facteurs contribuant au risque ;

 l’autonomisation des femmes et des filles.

A.1 Sensibilisation

La sensibilisation aux VBG et aux droits des personnes exposées représente un grand pas vers la prévention de ce risque. Le fait d’informer des personnes qui n’avaient auparavant pas conscience de la prévalence des VBG et de ses effets négatifs contribue à faire évoluer la société, ce qui permet la mise en place d’actions positives. En outre, le fait d’informer les femmes handicapées les aide à défendre leurs droits au sein de leurs communautés.

Les stratégies de sensibilisation consistent notamment à :

 discuter avec les responsables communautaires afin de mettre en avant des aspects spécifiques ;

 s’appuyer sur des campagnes de communication pour atteindre une part importante de la société ;

 inciter les femmes et les filles handicapées à participer à des discussions de groupe pour promouvoir la participation et le leadership des femmes ;

 inciter les hommes et les garçons à participer à des formations et à des ateliers les encourageant à sensibiliser leurs pairs et à revoir leur approche des dynamiques de pouvoir.

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Activités

Activités d’ODI-Sahel :

 Organisation de séances de sensibilisation communautaire permettant de discuter et d’échanger des informations sur les droits des femmes et des filles handicapées en matière de santé sexuelle et reproductive

 Recours aux mécanismes de lutte contre les VBG, y compris signalement des cas à la police

 Présentation des méthodes de planification familiale

 Organisation de débats et de discussions de groupe visant à informer les autorités, les membres de la communauté et les chefs religieux sur les conséquences négatives de certains types de VBG (mutilations génitales féminines, mariage précoce et stérilisation forcée)

 Utilisation d’images « choc » pour faire réagir l’auditoire

 Partenariat avec une compagnie de théâtre locale pour mettre en scène des exemples de VBG

Activités de MUDIWA :

 Organisation de séances visant à informer les responsables culturels, les conseils locaux, les tribunaux et les collectivités locales sur les droits des femmes handicapées et sur les programmes de prévention et de lutte contre les VBG

 Dans le cadre de l’initiative d’engagement masculin, implication des responsables culturels, des chefs religieux et des agents de santé

 Mise en avant de la nécessité d’améliorer l’accessibilité des bâtiments publics, des bâtiments privés et des hôpitaux

Activités de l’UDPK :

 Dans le cadre de l’initiative d’engagement masculin, identification de chefs de file masculins au sein de l’administration locale, des membres de la communauté et des parents d’enfants handicapés

Activités de NUWODU :

 Formation des conseillers juridiques, des militants locaux, ainsi que des femmes et des filles handicapées

 Mise en place d’un dialogue communautaire avec la police et les leaders locaux

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A.2 Élimination des causes profondes et des facteurs contribuant au risque

L’élimination des causes profondes et des facteurs de risque implique de faire évoluer les normes, les attitudes et les comportements qui perpétuent les VBG.

Parmi les causes profondes des VBG figurent les inégalités de genre, les abus de pouvoir, les normes sociales favorisant la violence et le mépris des droits humains.

La pauvreté, le manque d’éducation, les conflits, la toxicomanie, l’absence de protection policière, l’impunité et les pratiques néfastes sur les plans sexuel, physique, émotionnel et économique sont autant de facteurs qui augmentent le risque de VBG. Tant les causes profondes que les facteurs contribuant au risque de VBG peuvent varier en fonction du contexte local.

L’élimination des causes profondes et des facteurs de risque peut notamment reposer sur les stratégies suivantes :

 La mise en œuvre d’interventions au sein des familles et/ou des couples afin d‘encourager une réflexion critique sur les normes, les rôles et les stéréotypes déterminés par le genre, de promouvoir le rôle des femmes et de défendre la parité entre les hommes et les femmes

 La création de programmes spécialement destinés aux hommes et aux garçons afin de faire évoluer les normes, les rôles et les stéréotypes déterminés par le genre au sein de la société. Cette stratégie peut impliquer de présenter aux hommes et aux garçons les notions de masculinité positive et de parentalité non violente afin de faire évoluer l’état d’esprit de la communauté.

Activités

Activités de MUDIWA :

 Dans le cadre de l’initiative d’engagement masculin, sensibilisation des hommes afin qu’ils utilisent leur position et le pouvoir qu’ils détiennent au sein de la société pour mettre fin aux normes de pouvoir et aux inégalités de genre.

Activités d’ODI-Sahel :

 Formation des professionnels de santé à la prise en charge des femmes et des filles handicapées, ainsi que des survivantes de VBG

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A.3 Autonomisation des femmes et des filles

L’autonomisation des femmes et des filles implique de promouvoir leur autonomie et leur autodétermination. Cela leur permet de défendre leurs propres intérêts et d’agir à leur propre initiative. Les possibilités éducatives et les activités de groupe peuvent aider les femmes à comprendre qu’elles ont un rôle majeur à jouer au sein de leurs communautés et qu’elles ont le droit de jouir de l’ensemble de leurs droits fondamentaux. L’autonomisation des femmes devrait idéalement permettre de combler les inégalités de genre et de s’assurer qu’elles bénéficient des mêmes droits que les hommes.

Activités

Activités de l’UPHB :

 Formation sur l’entreprenariat, ainsi que les systèmes de crédit et d’épargne

 Création d’activités génératrices de revenus pour les femmes et les filles handicapées Activités d’ODI-Sahel :

 Organisation de séances d’information sur les droits des femmes et des filles handicapées Activités de MUDIWA :

 Mise en place de groupes de femmes handicapées en vue de la création d’activités génératrices de revenus (élevage, confection et artisanat)

Activités de l’UDPK :

 Organisation de formations sur les prêts, les plans d’épargne, les financements publics et les subventions

 Organisation de formations sur la participation aux comités locaux et aux commissions scolaires

Activités de l’UPHB :

 Création d’activités génératrices de revenus pour les femmes et les filles handicapées (TIC et activités manuelles, réparation de téléphones portables, couture)

Activités de NUWODU :

 Mise en place de groupes de femmes handicapées ayant la légitimité de faire valoir leurs droits et d’affirmer leur autonomie

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Lutte contre les violences basées sur le genre

Outre la prévention des VBG à l’égard des femmes et des filles handicapées, il est essentiel d’inclure les personnes handicapées dans la lutte contre les VBG. L’accès à des services de qualité dans des domaines tels que la santé, la justice et l’éducation contribue à réduire les VBG, à protéger les individus et à prévenir les conséquences néfastes de telles violences. Les survivantes de violence doivent avoir accès à une protection immédiate et à un soutien coordonné et intégré de grande qualité, notamment à une prise en charge médicale, à des interventions de la police, à une assistance sociale, psychologique et juridique, ainsi qu’à un logement sûr. Les professionnels concernés (policiers, avocats, travailleurs sociaux et agents de santé) doivent être formés aux pratiques inclusives. Les prestataires de services doivent recevoir une formation systématique afin de garantir le respect des normes et protocoles de qualité.

Activités

Activités de RNADW :

 Organisation de séances de formation sur les droits des personnes handicapées et sur l’accès des femmes et des filles handicapées à l’assurance maladie, aux aides publiques et aux services de planification familiale

Activités de MUDIWA :

 Formation des conseillers juridiques sur les droits des femmes et des filles handicapées et sur les systèmes de référencement permettant le suivi des affaires de VBG portées devant la justice

Activités d’ODI-Sahel :

 Formation des professionnels de santé afin de leur fournir des conseils et des outils sur les modalités de prise en charge des femmes et des filles handicapées ayant subi des VBG Activités de l’UDPK :

 Organisation de forums de discussion afin de permettre au personnel de santé et au personnel judiciaire de plaider pour un meilleur accès des femmes et des filles handicapées à la justice et aux soins de santé

Activités de NUWODU :

 Formation des agents de santé aux modalités de prise en charge des femmes et des filles handicapées, ainsi que des survivantes de VBG

 Collaboration avec les conseillers juridiques afin d’améliorer l’accès à la justice et le signalement des cas de VBG

 Organisation de réunions de sensibilisation sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, et sur les mécanismes de prévention et de lutte contre les VBG

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Bonnes pratiques de 2019

A. Renforcement des structures publiques et de l’accès aux services pour les femmes et les filles handicapées – Ouganda

Organisation : NUWODU (National Union of Women with Disabilities of Uganda)

Contexte

Créée en 1999 par un groupe de femmes politiques et de jeunes handicapés lors de la conférence nationale de Kampala, NUWODU est une OPH dirigée par des femmes. En tant qu’organisation faîtière, elle regroupe différentes organisations afin de défendre d’une seule voix les droits et l’égalité des chances des femmes et des filles handicapées, et de lutter contre l’injustice et les VBG. Il s’agissait à l’origine de la branche féminine de l’Union nationale des personnes handicapées d’Ouganda (NUDIPU), créée en réaction au manque d’inclusion des personnes handicapées dans le mouvement pour les droits des femmes, aux violations des droits, aux obstacles et à la discrimination croisée subis par les femmes et les filles handicapées.

Aujourd’hui, l’organisation a pour objectif principal de promouvoir l’émancipation politique, économique, sociale et culturelle des femmes et des filles handicapées en plaidant pour leur

participation effective au développement. NUWODU poursuit des objectifs spécifiques comme la promotion de la participation et de l’inclusion des femmes et des filles handicapées, la promotion

Des conseillers juridiques et des militants locaux se déplacent à domicile pour informer les femmes et les filles handicapées, ainsi que leur famille, sur leurs droits. Ces interventions contribuent à prévenir les abus, qui sont souvent commis par des personnes que les victimes connaissent bien.

Agnes Aserait, responsable de programme

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Quelles actions ont été menées ?

Instaurée en 2016, la bonne pratique de NUWODU met l’accent sur le renforcement des capacités et la sensibilisation à tous les niveaux de la communauté.

Niveau 1 : conseillères juridiques

Le premier niveau est primordial. Il correspond aux femmes handicapées agissant en tant que conseillères juridiques. Une fois formées par NUWODU, elles sont en mesure :

 d’informer la communauté sur les droits des personnes handicapées, les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, et les circuits de référencement ;

 de militer au sein de leurs communautés, en encourageant les survivantes de VBG et/ou les personnes qui s’occupent d’elles à signaler les cas à la police et à porter les affaires devant la justice ;

 de jouer le rôle de modèles pour d’autres femmes et filles handicapées, les encourageant à aller à l’école, à sensibiliser la communauté et à se faire entendre en cas de violation de leurs droits.

Niveau 2 : militantes et militants locaux

Le deuxième niveau de la pratique implique que des membres clés de la communauté (hommes et femmes) deviennent des militants locaux. Il s’agit de responsables communautaires sans handicap, notamment de chefs religieux, de responsables culturels, de leaders d’opinion et de chefs de village. Les militants locaux reçoivent une formation sur les droits des personnes handicapées, la gestion des conflits et la médiation. Cette formation :

 éclaire leurs décisions en tant que responsables communautaires ;

 leur permet de défendre les droits des femmes et des filles handicapées auprès de différents publics

Niveau 3 : les points d’entrée

Le troisième et dernier niveau concerne les points d’entrée (les « gate-keepers » en anglais) qui sont impliqués dans la prévention et la lutte contre les VBG. Ce niveau comprend plusieurs groupes professionnels :

 Les membres des collectivités locales participent à des séances de sensibilisation en vue d’améliorer la prise en charge des femmes et des filles handicapées ayant subi des VBG et l’inclusion des personnes handicapées en général.

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 Les agentes et agents de police sont formés de manière à fournir des services inclusifs de prise en charge des VBG et participent au dialogue communautaire sur les droits des femmes et des filles handicapées.

 Les agentes et agents de santé sont formés par NUWODU afin d’améliorer leurs connaissances et leurs pratiques à l’égard des femmes et des filles handicapées. Cette formation traite des droits en matière de sexualité et de reproduction, du consentement et de l’accessibilité.

Outre cette approche à tous les niveaux, NUWODU fournit également un soutien spécifique auquel les femmes vulnérables n’ont pas nécessairement accès, comme le transport jusqu’aux lieux d’audience ou une prise en charge médicale en cas de VBG. Ce soutien ponctuel, associé aux activités à plusieurs niveaux, démontre la participation de l’ensemble des parties prenantes et la contribution effective des femmes et des filles handicapées.

Qu’est-ce qui a changé ?

L’état d’esprit de la population et la perception des personnes handicapées ont radicalement changé à tous les niveaux. Avant l’intervention de NUWODU, les personnes handicapées étaient insultées, délaissées, enfermées chez elles, et elles avaient des difficultés à accéder à l’éducation et aux services. Les femmes et les filles handicapées étaient souvent exclues par leur communauté et avaient rarement voix au chapitre. Elles étaient mal informées sur leurs droits et sur ce qui caractérise la violence, et n’étaient donc pas équipées pour signaler les violences.

Les femmes et les filles handicapées sont désormais mieux informées sur leurs droits et sur la façon de les exercer. Elles ont créé des groupes de femmes qui s’attachent à améliorer la prévention et la lutte contre les VBG et à informer leurs membres sur ces questions, tout en instaurant des espaces protégés pour exploiter leur pouvoir collectif.

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Les conseillères juridiques handicapées ont joué un rôle crucial en favorisant l’action et l’inclusion à tous les niveaux. Leur présence incite les communautés à identifier et à soutenir plus efficacement les survivantes de VBG et contribue à un système de protection communautaire actif. À l’instar des femmes impliquées à d’autres niveaux, les conseillères juridiques handicapées forment à présent une structure permanente qui représente les personnes handicapées au niveau communautaire.

La perspective « multi-niveaux » de cette pratique assure sa pérennité à long terme.

Les activités se sont poursuivies malgré l’arrêt des financements, ce qui démontre les changements profonds produits par l’intervention de NUWODU.

Réussites notables

1. Un engagement dans la lutte contre les VBG et la défense des droits des femmes et des filles handicapées a été observé à tous les niveaux.

2. Les femmes handicapées ont pu participer de façon effective et démontrer leurs capacités de leadership.

3. Le renforcement de leurs capacités a permis aux femmes handicapées de prendre conscience de leur capacité à susciter le changement.

4. Une femme malentendante a été nommée chef de projet et des femmes handicapées travaillent en tant que conseillères juridiques.

5. Le nombre de cas de VBG signalés a considérablement augmenté, de même que le pourcentage d’affaires portées devant la justice, ce qui démontre l’amélioration des systèmes de référencement et de l’efficacité de la justice pour les femmes et les filles handicapées.

6. Les agentes et agents de police prennent en compte et précisent la situation de handicap de la victime au moment de l’enregistrement des cas de VBG. Les professionnelles et MISE À L’ÉCHELLE ET IMPACT

RENFORCÉ : NUWODU

Formation des filles et des jeunes personnes handicapées à la SSR, aux VBG et aux droits

Formation des prestataires de services, des conseillères juridiques, des militantes et militants locaux, des femmes et des filles sourdes à la langue des signes

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professionnels de santé sont devenus plus inclusifs et s’adaptent mieux aux besoins, notamment en ce qui concerne le consentement des femmes et des filles handicapées.

7. Les processus de soins sont devenus plus inclusifs et plus adaptés aux besoins en matière de consentement des femmes et des filles handicapées.

8. Les agentes et agents du gouvernement local, notamment l’agent principal de probation, reconnaissent que les activités ont eu des répercussions positives sur leur travail, qui est entravé par le manque de ressources.

Principaux facteurs de réussite

1. La collaboration avec différents acteurs à tous les niveaux a grandement contribué à la réussite de cette pratique. L’interaction entre les différents niveaux de lutte contre les VBG fait partie du changement global obtenu et met l’accent sur les droits des femmes et des filles handicapées.

2. La présence de femmes handicapées parmi les leaders accroît les possibilités d’autonomisation et conforte l’ensemble des femmes handicapées dans leur capacité à susciter le changement.

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B. Utiliser le sport et l’art pour discuter des violences basées sur le genre avec les enfants et les jeunes handicapés – Kenya

Organisation : KEFEADO (Kenya Female Advisory Organization)

Contexte

D’après le recensement général de la population et de l’habitat de 2009 au Kenya, les personnes handicapées représentent 10 % de la population kenyane (4,44 millions de personnes), dont la moitié sont des femmes7. La base de données de l’ONU Femmes sur les violences faites aux femmes indique que :

 39 % des femmes âgées de 15 à 49 ans subiront des violences domestiques physiques et/ou sexuelles au moins une fois au cours de leur vie ;

 23 % des femmes âgées de 20 à 24 ans étaient mariées avant l’âge de 18 ans ;

 21 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines (MGF). 8

Créée en 1994, KEFEADO est une organisation nationale qui défend l’égalité de genre et les droits des femmes, en mettant l’accent sur les filles. L’organisation a pour but de créer une société sans violence, dans laquelle tous les individus seraient respectés, indépendamment de leur genre, de leur handicap ou de tout autre facteur de discrimination. Se positionnant plus particulièrement au croisement du genre et du handicap, KEFEADO a travaillé avec des organisations de femmes et a commencé à développer son expertise en coopérant avec des OPH comme Abled Differently9 et KADDNET10, mais également avec des femmes et des filles handicapées. KEFEADO est également membre du Forum féministe, un réseau local basé à Kisumu qui s’intéresse aux problématiques croisées et regroupe des femmes, des organisations LGBTQIA+ et des personnes

7 Bureau national de statistique du Kenya (en anglais)

8 Base de données de l’ONU Femmes sur les violences faites aux femmes, page consacrée au Kenya (en anglais)

9 Organisation de femmes handicapées basée à Kisumu, au Kenya

10 Kisumu Action Disability Development Network, organisation de jeunes handicapés basée à Kisumu, au Kenya Easter Okech, directrice générale

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handicapées. Le Forum féministe fait office de plateforme encourageant les réformes politiques et juridiques, et stimulant le partage de connaissances entre des groupes œuvrant pour différents droits.

Quelles actions ont été menées ?

Au cours des 16 jours d’activisme des Nations Unies pour mettre fin à la violence faite aux femmes en 2014, lors de la « Journée Orange » de sensibilisation et de prévention des violences faites aux femmes et aux filles, KEFEADO a décidé d’utiliser le sport et l’art pour discuter des VBG avec les enfants et les jeunes, qu’ils présentent ou non un handicap. Cette pratique s’adresse aux filles et aux garçons âgés de 10 à 24 ans. Elle cible également les enfants et les jeunes, qu’ils soient scolarisés ou non, et ceux qui vivent dans des pensionnats, où les enfants sont particulièrement exposés au risque de VBG. Elle mobilise des personnes atteintes de déficiences visuelles et motrices, ainsi que des personnes atteintes d’albinisme et de déficiences auditives, bien que ces dernières soient sous-représentées. Cette pratique s’appuie sur le sport, des séances de discussion et l’art.

Le sport est utilisé comme un outil permettant de contrebalancer les inégalités de genre, qui sont l’une des causes profondes des violences basées sur le genre (VBG) et de la stigmatisation liée au handicap. En encourageant les filles et les garçons à pratiquer des sports traditionnellement réservés à l’un des deux sexes, KEFEADO contribue à jeter les bases d’une évolution durable des mentalités, loin de l’influence des normes et des rôles négatifs déterminés par le genre. KEFEADO utilise également le sport pour lutter contre les VBG en aidant les filles à développer leurs capacités physiques et la force dont elles pourraient avoir besoin pour se protéger.

Des séances de discussion, organisées dans des espaces protégés au sein des établissements scolaires, ont lieu au moins une fois par mois. Cette activité s’adresse aux écoles qui proposent un apprentissage intégré (avec des salles de classe dédiées aux enfants handicapées), aux écoles qui ne proposent pas ce type d’apprentissage (pour les enfants sans handicap) et aux écoles réservées aux enfants handicapés. Certaines de ces discussions concernent à la fois les filles et les garçons, et sont axées sur le développement sexuel et les questions liées à la sexualité, comme le harcèlement sexuel, les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, ainsi que les infections et les maladies sexuellement transmissibles. Elles permettent également d’éduquer les garçons sur l’égalité de genre, les rôles sexospécifiques et l’engagement masculin.

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L’art est utilisé pour communiquer auprès des jeunes adultes à propos des rôles sexospécifiques, de la sexualité et de la violence. Le théâtre et la peinture permettent de mobiliser les filles et les garçons autour des questions liées aux VBG et à la sexualité.

Qu’est-ce qui a changé ?

Les membres de l’organisation mettent en avant des effets positifs, comme l’impact de la pratique au niveau local.

Réussites notables

1. Une loi sur le handicap a été adoptée en 2014 dans le comté de Kisumu11. Caroline Adwanda est une femme politique qui travaille avec KEFEADO dans la sphère politique depuis 2013. Elle a joué un rôle crucial dans l’élaboration de cette loi, qui traite des droits, de la réadaptation des personnes handicapées et de l’égalité des chances.

11 Kisumu County Gazette Supplement No.27 (Bills No.2l), 2014 (en anglais)

Intégration des considérations de genre avec KEFEADO

PAS DE DISCRIMINATION BASEE SUR LE GENRE

Participation de tous aux activités sportives et artistiques :

 Promotion de l’égalité de genre et de l’inclusion

 Remise en cause des normes, des rôles et des stéréotypes genrés.

 Création d’espaces protégés et discussion ouverte

MISE À L’ÉCHELLE ET IMPACT RENFORCÉ : KEFEADO

Plaidoyer à l’attention des organisations/ministères

Création de réseaux et identification d’autres organisations

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2. Les filles et les garçons ont également indiqué qu’ils étaient mieux informés après les activités et les discussions, qui leur ont permis d’aborder ouvertement des sujets précédemment tabous comme la sexualité, l’identité LGBTQIA+ et la santé reproductive.

3. Des jeunes du même âge ont accès à un espace unique où ils peuvent échanger à travers le sport, la discussion et l’art.

4. Certains jeunes ont été formés par des membres de KEFEADO pour encadrer et animer les conversations avec les jeunes filles et les jeunes garçons handicapés. Cela permet une transmission intergénérationnelle croisée.

5. Un réseau local et mondial a été mis en place avec plusieurs organisations afin de susciter un changement politique au niveau du comté et au niveau national.

Principaux facteurs de réussite

1. Mise en relation de jeunes du même groupe d’âge, indépendamment de toute autre caractéristique, et recours au sport, à l’art et aux activités ludiques pour leur transmettre des messages d’inclusion, d’égalité et d’autonomisation.

2. Rôle d’encadrement de jeunes handicapés, favorisant une transmission intergénérationnelle croisée.

3. Mise en place d’un réseau local et mondial démontrant la volonté d’établir des partenariats afin d’adapter les activités et de venir véritablement en aide aux femmes et aux filles handicapées. Le grand nombre d’activités dans le comté et le grand nombre de personnes concernées contribuent à créer un environnement favorable au changement politique au niveau du comté et au niveau national.

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C. Développer l’autonomisation des femmes handicapées grâce à des activités génératrices de revenus – Burundi

Organisation : UPHB (Union des personnes handicapées du Burundi)

Contexte

D’après le recensement de 2008 au Burundi :

 on compte 287 046 personnes handicapées au Burundi ;

 52,5 % des personnes handicapées du pays sont des femmes ;

 l’écrasante majorité (93,5 %) vit dans des zones rurales ;

 la plupart des services sont situés dans des zones urbaines et ne sont donc pas accessibles à la majorité des personnes handicapées12.

D’après l’enquête démographique et de santé de 2016 :

 36 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ;

 23 % ont subi des violences sexuelles.

Il n’existe aucune donnée sur les femmes et les filles handicapées13.

L’UPHB est un organisme à but non lucratif créé en 1989, qui s’est mué en un collectif regroupant 38 OPH de différentes provinces du pays en 2012 Sa mission consiste à protéger et à promouvoir les droits des personnes handicapées au Burundi en sensibilisant les communautés à leur situation et à leurs capacités. L’UPHB travaille en partenariat avec des organisations non gouvernementales internationales, l’administration publique et des organisations locales. Elle a été l’une des premières organisations à promouvoir et à défendre les droits des personnes handicapées au Burundi. Elle a également plaidé pour l’adoption de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

12 Recensement général de la population et de l’habitat du Burundi 2008, vol. 3 :13 Situation socio-économique des personnes vivant avec handicaps au Burundi

13 Troisième Enquête Démographique et de Santé au Burundi 2016-2017

Noella Ndayikeza, responsable de projet

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Quelles actions ont été menées ?

La pratique de l’UPHB a pour objectif d’éliminer la violence, l’exploitation et les abus subis par les femmes et les filles handicapées, tout en favorisant leur autonomie afin de contrebalancer leur vulnérabilité. Ce projet est mis en œuvre depuis 2013 dans les communes de Bujumbura, de la province de Gitega, de Ngozi et de la province de Muramvya.

Les activités visent à promouvoir les droits des femmes et des filles handicapées dans les domaines économique, social et culturel, mais aussi en matière de santé sexuelle et reproductive.

Les séances de formation portent sur différents sujets majeurs :

Emploi et opportunités économiques : formation à l’entreprenariat (y compris à la gestion et au développement), accès aux systèmes de crédit et d’épargne (y compris aux services de microfinance), activités génératrices de revenus pour les femmes handicapées et formations dans le secteur innovant des TIC (réparation de téléphones portables et d’appareils ménagers), mais également dans les domaines de la coiffure, du ménage et de la couture.

Santé sexuelle et reproductive : formation des femmes, des filles et des jeunes sur les risques associés (VIH, sida et IST), prévention des VBG et autonomisation par la connaissance.

Gestion des conflits et droits fondamentaux : promotion des droits grâce à la présentation des cadres juridiques régissant les droits des personnes handicapées à l’échelle internationale et au Burundi. En collaboration avec différentes OPH, l’UPHB identifie les candidats potentiels et leur propose cette formation.

Les activités génératrices de revenus ont concerné 37 femmes et filles. L’UPHB propose aussi des formations dans le secteurs innovant des TIC (réparation de téléphones portables et d’appareils ménagers), mais également dans les domaines de la coiffure, du ménage et de la couture. À ce titre, l’UPHB favorise le leadership et l’indépendance économique des femmes et des filles handicapées. Ces activités aident à prévenir les VBG, dans la mesure où la pauvreté est l’un des facteurs contribuant à ce risque.

Au total, 20 formateurs, deux modérateurs et plusieurs membres de l’organisation spécialement formés se relaient pour assurer les différentes formations. Les formateur sont des femmes handicapées qui ont été formées pendant les activités. Un partage de connaissances s’opère entre les femmes handicapées et d’autres membres de la communauté, et l’information circule

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Qu’est-ce qui a changé ?

Les actions liées à l’emploi, aux opportunités économiques et aux activités génératrices de revenus qui en découlent ont concerné 37 femmes et filles.

Les activités génératrices de revenus ont produit plusieurs effets positifs pour les femmes et les filles handicapées, notamment :

 en développant leur autonomisation économique ;

 en transformant leurs relations personnelles et sociétales : les hommes ayant une épouse handicapée réagissent positivement à l’augmentation des revenus du ménage, ce qui peut réduire le risque de VBG ;

 en leur permettant d’acheter des aides à la mobilité, qui peuvent faciliter la participation aux activités économiques et sociales ;

 en les aidant à participer à la vente sur les marchés locaux.

Cette pratique permet de réduire la vulnérabilité économique et sociale, qui est l’un des facteurs contribuant aux violences sexuelles et basées sur le genre que subissent les femmes et les filles handicapées. Leur dépendance économique réduite assoit leur position et leur pouvoir au sein des ménages, leur permettant éventuellement de prendre leurs distances avec les auteurs de VSBG. Les activités répondent également au besoin urgent d’autonomie et de liberté des femmes handicapées.

Réussites notables

1. Au total, 124 femmes et filles ont pu suivre une formation sur les institutions de microfinance.

2. Par ailleurs, 227 femmes handicapées ont reçu les ressources nécessaires pour lancer leur propre activité.

3. Les femmes handicapées indiquent avoir une meilleure estime d’elles-mêmes, ce qu’elles expliquent par le fait qu’elles se sentent plus utiles et plus à leur place au sein de la communauté.

4. Les femmes handicapées sont davantage informées sur leurs droits et sont mieux équipées pour se défendre contre la stigmatisation et la discrimination.

5. Elles ont pu développer un réseau et un dispositif de soutien avec d’autres femmes handicapées et mères d’enfants handicapés. Pour ces dernières, le fait de participer à ces activités réduit considérablement leur exposition à la discrimination fondée sur l’association, qui survient lorsqu’une personne (généralement un parent ou un

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accompagnant) est victime de discrimination en raison de son lien avec une personne handicapée.

6. Les séances de formation sur les cadres législatifs ont permis de mettre en lumière la discrimination et la stigmatisation envers les femmes handicapées. Elles ont également fait évoluer les comportements de la communauté à l’égard des femmes handicapées et des personnes handicapées en général.

7. L’UPHB elle-même a constaté un renforcement du leadership des femmes et des filles handicapées. L’organisation est dirigée par une femme handicapée depuis 2016 et les femmes handicapées représentent 40 % du comité de direction. Cette pratique a permis de renforcer le leadership féminin. Certaines femmes handicapées ont même été élues au comité de gestion de systèmes de crédit et d’épargne locaux.

Principaux facteurs de réussite

1. L’implication d’un large éventail d’acteurs issus de l’UPHB, d’organisations locales et d’autres OPH du pays est l’un des facteurs de réussite, du fait de l’influence de chaque organisation. La diffusion d’informations à différents types d’acteurs est une façon efficace d’atteindre de nombreuses personnes et d’obtenir des changements à long terme.

2. L’accent mis sur les femmes et les filles handicapées lors des activités est un autre facteur de réussite majeur. Cela a permis de faire évoluer la façon dont elles sont perçues par les communautés, contribuant par là-même à réduire leur exclusion. Les femmes handicapées ont également eu accès à de nouvelles possibilités de leadership.

3. La participation active des femmes handicapées montre qu’elles ont cru à l’objectif de l’UPHB et qu’elles ont eu confiance dans l’efficacité des activités proposées.

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D. Promouvoir l’inclusion des femmes handicapées et le changement social au sein des communautés – Kenya

Organisation : WARD (Women and Realities of Disability Society)

Contexte

Créée en 2011 au Kenya, l’organisation WARD concentre ses activités sur les questions qui préoccupent les femmes et les filles handicapées, notamment le bien-être et la santé psychosociale, l’autonomisation, l’accès à l’éducation, l’emploi, l’accès à l’information sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, et la promotion d’attitudes positives.

Quelles actions ont été menées ?

D’après les fondateurs de WARD, les femmes handicapées sont invisibles au sein des mouvements de personnes handicapées et de défense des droits des femmes au Kenya. Par conséquent, les violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG) dont elles sont victimes sont souvent négligées, l’accès aux services est difficile et les femmes handicapées sont confrontées à des difficultés spécifiques concernant leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive.

Depuis 2015, la pratique de WARD lutte contre l’exclusion des femmes handicapées, contre les violences dont elles sont victimes et contre les obstacles qu’elles rencontrent dans l’accès aux services. Elle favorise le changement social et l’insertion sociale en assurant une prise de conscience et en dissipant les mythes liés à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles handicapées au moyen d’un dialogue communautaire inclusif.

Les activités de WARD s’adressent aux femmes avec et sans handicap des zones urbaines et périurbaines. Les femmes atteintes de déficiences motrices et visuelles représentent la majeure partie des bénéficiaires.

Miriam Nandwa, coordinatrice régionale pour l’ouest du Kenya

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