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Dossier de presse. Contact presse régionale Margaux Galton

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Création : CHRISTOPHE VIVANT / Photo © SYLVIA SCHILDGE - Pierre et Riyu, 2014 / Imprimé par : www.khilim.com

Dossier de presse

ContaCt presse nationale plan Bey : Dorothée Duplan

& Flore Guiraud, assistées d’eva Dias 01 48 06 52 27

bienvenue@planbey.com

ContaCt presse réGionale Margaux Galton

02 54 72 02 47

promenadesphotographiques.info@gmail.com

(2)

10 e édition

20 expositions

900 photos exposées 8 projections

8 lieux d’exposition 123 jours d’exposition 80 000 visiteurs en 2013

Entrée libre sur toutes les

expositions et projections

(3)

C 0 M 0 J 0 N 100 C 60

M 0 J 100 N 0

R 0 V 255 B 0

R 0 V 0 B 0

Pantone 376 Pantone 802 OU

DU 20 JUIN AU 21 SEPT.

Dix éditions…

Dix ans de belles rencontres, d’amitiés, de partage, d’enthousiasme, de rires et de larmes parfois, et un moteur : celui de la passion qui fait de ces promenades photographiques un événement classé dans le top cinq des événements photographiques en France.

Dix éditions qui ont accueilli les plus grands noms de la photographie contemporaine et documentaire. Des plus âgés aux plus jeunes, ils nous racontent le monde, leur monde intérieur, pour que la photographie témoigne sans concession et fasse rêver sans limite…

Dix éditions au cours desquelles nous avons donné la parole photographique aux plus fragiles en restituant les travaux de l’atelier des photos et des Mots. Dix éditions qui ont accueilli des étudiants en photographie du monde entier. Dix éditions réalisées avec la passion d’une équipe et de 90 bénévoles, grâce à la fidélité de nos partenaires. Dix éditions qui ont pu accueillir année après année toujours plus de visiteurs.

Merci de votre fidélité !

Cette année sera dédiée aux femmes photographes.

les regards de dix femmes dans leur plus grande diversité, respectant nos principes fondateurs de transversalité, de sens, de qualité, se rencontrent au Manège.

Des femmes qui parlent d’elles, des autres femmes, de leur lutte, de leur questionnement, de leur fragilité, de leur quête avec respect et douceur.

si elles ne se connaissent pas encore, leurs photographies se répondent, se complètent, elles écrivent ensemble une histoire de la photographie. les hommes ne sont pas oubliés pour autant, ils investissent le parc du Château et nous invitent au voyage.

tandis qu’au musée, l’un des plus beaux couples de photographes Claude et John Batho sont réunis. Deux formes de photographie cohabitent. Claude Batho n’a eu de cesse de tenter de retenir la poésie du quotidien pour ceux qui demeurent, tandis que John Batho, maître de la couleur - les amateurs retrouveront avec bonheur sa série « les parasols » - s’est intéressé dans « présents et absents » à l’effacement, l’oubli, la perte de mémoire. Deux visions qui disent la vie et qui se répondent dans le musée de Vendôme.

Je regarde la photographie, à mon tour je me pose cette question empruntée à patrick roegiers « en quoi la photographie me regarde- t-elle ? »

il y a-t-il une réponse ? est-elle dans l’éblouissement ou dans l’émotion suscitée, dans le sens contenu, dans la prise de position, dans le dialogue silencieux qui parfois s’installe entre les photographes et les spectateurs ?

Je me souviens de Jean Baudrillard, en 2006, qui me demandait « À force de voir autant d’images, n’as-tu pas envie de fermer les yeux parfois ? ». Cher Jean, quelquefois, je ferme les yeux pour ne pas, comme le disait robert Franck, « être usé d’avoir trop vu ».

Odile Andrieu, Directrice des Promenades Photographiques La photographie de l’affiche de notre 10e édition, signée sylvia schildge,

souligne notre choix de consacrer principalement cet anniversaire aux femmes photographes. elle est aussi à mes yeux révélatrice de notre histoire et de la vie des promenades photographiques en superposant des strates d’images pour constituer une nouvelle image, comme si chaque édition se nourrissait de celles qui l’ont précédée.

Je veux croire qu’il en va de même pour nos visiteurs, toujours plus nombreux, à qui nous proposons des promenades riches d’émotions esthétiques mais aussi riches de sens pour enrichir, s’ils le souhaitent, leur culture photographique et générer (qui sait ?) des vocations parmi les plus passionnés et talentueux d’entre eux.

Merci à toutes celles et tous ceux qui nous soutiennent, à tous nos bénévoles et bien sûr à tous nos visiteurs qui, fidèlement dorénavant, viennent partager nos choix photographiques au cœur du jardin de la France.

Bonnes promenades 2014

Guy Bourreau, Président des Promenades Photographiques

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la région centre mène depuis de nombreuses années une action d’envergure en faveur du développement culturel, vecteur essentiel de lien social, d’épanouissement personnel et source de rayonnement pour nos territoires. Cette démarche est conduite selon trois axes : la valorisation du patrimoine culturel et le soutien à la création artistique, la diffusion la plus large possible des œuvres, enfin l’encouragement à la pratique artistique, amateur comme professionnelle.

nous sommes attachés dans ce contexte à la présence sur l’ensemble du territoire régional d’une offre culturelle diverse et exigeante, qui permet de favoriser le meilleur accès de tous à la culture. Cette volonté se traduit en particulier par le soutien aux promenades photographiques de Vendôme, qui fêteront en cette année 2014 leur 10ème anniversaire. Cette édition fait la part belle aux femmes, affirmant avec un humour teinté d’ironie que « la femme photographe est une photographe comme un autre ».

Ce sont donc les approches croisées de ces femmes photographes qu’un public très nombreux découvrira tout au long de l’été à travers les 900 œuvres exposées en 20 expositions sur 9 lieux. Ce parcours esthétique au cœur du jardin de la France relie les lieux les plus prestigieux de Vendôme, la chapelle saint-Jacques, le musée et la cour du Cloître de l’abbaye, le manège et les écuries du quartier rochambeau, ainsi que le parc du château et sa vue exceptionnelle sur la ville.

Cette promenade photographique permet la découverte d’œuvres exigeantes et propose en outre de nombreuses manifestations et animations, et l’attribution annuelle de prix en particulier aux jeunes photographes les plus prometteurs. Fidèle à ses principes fondateurs, le festival maintient la gratuité pour ses expositions et projections dans le souci d’un partage artistique et culturel le plus large.

Je tiens à féliciter ici les organisateurs et les bénévoles pour leur engagement en faveur de cette belle manifestation qui fait honneur à notre région.

François Bonneau Président de la Région Centre Depuis 10 ans maintenant, la ville de Vendôme s’offre à la

photographie. 10 ans pour s’inscrire pleinement dans le calendrier national des manifestations qui constituent autant de rendez-vous incontournables.

Je veux saluer cette belle réussite qui passe par l’attention portée par odile et philippe andrieu, mais aussi par les autorités municipales de Vendôme pour faire de ces promenades photographiques d’abord un événement enraciné dans leur territoire. Qu’il s’agisse de l’investissement des différents lieux de la ville que le public peut gratuitement redécouvrir, ou de la mobilisation toujours croissante des nombreux bénévoles, c’est bien l’ensemble de la ville et de ses habitants qui sont concernés.

Mais il s’agit aussi d’un investissement exemplaire qui s’inscrit sur l’année avec, notamment, les ateliers « des photos et des Mots » qui nous montrent combien l’image - et, plus spécifiquement, la photographie - est un outil de communication et d’échange ouvert à tous et que la maîtrise de ce mode d’expression peut et doit être rendu accessible à tous les publics.

toutefois, la réussite de ces promenades ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans la qualité de sa programmation, chaque année réaffirmée comme une exigence naturelle.

Cette année encore, le prix Mark Grosset vient récompenser les travaux des écoles qui forment les auteurs de demain. Je suis évidemment très sensible au fait, qu’aux côtés de l’œuvre de John et Claude Batho, cette 10e édition soit marquée par le choix de présenter le travail de 10 femmes photographes.

la photographie, en effet, offre une multitude d’approches. Cet anniversaire sera ainsi l’occasion de vérifier la singularité du regard que les femmes auteures portent sur le monde et d’en apprécier la richesse et la diversité.

Aurélie Filippetti Ministre de la Culture et de la Communication

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Depuis 10 ans déjà, les promenades photographiques de Vendôme démontrent que la passion, l’engagement, la volonté et le travail d’équipe sont les plus sûrs moyens de réaliser ses rêves. en une décennie, les promenades photographiques ont acquis le statut d’événement culturel majeur en loir-et-Cher en proposant, au nord de la loire, une alternative aux grands festivals d’arles et de perpignan.

Fruits du formidable travail de Guy Bourreau, d’odile andrieu et de tous les bénévoles mobilisés chaque année, les promenades sont devenues le rendez-vous estival des amateurs de photographie de toute la France, attirant à Vendôme des publics toujours plus divers et nombreux.

pour célébrer cet anniversaire et mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel exceptionnel de notre loir-et-Cher, le Conseil général, en partenariat avec les promenades photographiques, propose une exposition des œuvres de Francis Cormon. Ce photographe, spécialiste des vues aériennes, offre à travers ses clichés une vision poétique et personnelle des richesses de notre territoire. Des formes géométriques de Beauce aux lumières irradiant les falaises percheronnes, ces tirages grand format sont une déclaration d’amour à nos terroirs et une belle façon de fêter les 10 ans de passion des promenades photographiques.

Bon anniversaire et vive la photographie en Loir-et-Cher !

Maurice Leroy, Ancien ministre, Président du conseil général de Loir-et-Cher

la rencontre d’une volonté et d’un territoire, telle est sans doute la meilleure définition des Promenades Photographiques. La volonté est celle d’odile andrieu, la directrice fondatrice de la manifestation, et de Guy Bourreau son président. leur ambition : créer à Vendôme un évènement d’envergure nationale consacré à la photographie.

le territoire c’est la Ville de Vendôme, la richesse et la densité de son patrimoine naturel et architectural, qui offre un écrin unique pour présenter les grands noms ou les jeunes créateurs de la photographie.

Comme souvent, ce sont les vertus contagieuses de l’enthousiasme et de la passion qui ont permis la réussite de l’alchimie.

Dès les premières éditions, les promenades photographiques se sont en effet imposées par la qualité et l’exigence de son organisation et de ses choix artistiques. son professionnalisme, en un mot, qui lui a permis de devenir un évènement majeur du 8e art en mobilisant tous les partenaires publics et de nombreux mécènes.

la manifestation s’est rapidement étendue à l’ensemble des sites prestigieux de notre ville, contribuant notamment à redécouvrir deux ensembles patrimoniaux à très fort potentiel, le château de Vendôme et le Quartier rochambeau.

Les Vendômois participent avec fierté à cette aventure. Leur implication a permis la constitution d’un réseau inédit de compétences bénévoles, pour installer les expositions, accueillir les touristes et être les ambassadeurs d’une manifestation qui est un de nos atouts touristiques majeurs.

la fréquentation des promenades photographiques, avec 85 000 visiteurs l’an dernier, témoigne de cette réussite ainsi que les très grandes émotions que nous ont offertes par exemple les expositions de Marc riboud, ara Guler, William Klein ou la présentation de l’œuvre photographique inédite de Jean Baudrillard.

nul doute que la 10e édition placée sous le signe de la photographie au féminin sera un nouvel enchantement, un dépaysement gratuit au cœur de l’été Vendômois qui rappelle que la culture est l’un des éléments essentiels de notre attractivité et de notre qualité de vie.

Pascal Brindeau, Maire de Vendôme

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SommairE

LES PhotograPhES - éDition 2014

CLaUDE Batho instants très simples 8 John Batho présents et absents et les parasols 9 naDia BEnChaLLaL sisters, femmes musulmanes dans le monde 10 DoLorÈS marat accords secrets 11 ELEna PErLino pipeline 12 FLorE-aËL SUrUn / tEnDanCE FLoUE totems 13 ÈVE morCrEttE immatérielles 14 Lana ŠLEZi Ć the window inside 15 SYLVia SChiLDgE passage n°9 16 ChriStinE LEFEBVrE origine 17 mirJam aPPELhoF Family life 18 CLairE LaUDE When water comes together with other water 19 FLora PROjeCtiOn - le Gel 20 LaUrEnt ViLLErEt PROjeCtiOn - les Héliotropes #7 / au nord de l’onirie 21 ériC martin le nil et la Volga 22 gUiLLaUmE riViÈrE le désert de Mojave 23 JEan-FranÇoiS BérUBé Bonum iter Compostellam 24 BErnarD DESCamPS Un voyage de funambule 25 FranCiS Cormon Vues du loir-et-Cher 26 hELEn DoYLE PROjeCtiOn - Dans un océan d’images, j’ai vu le tumulte du monde 28

PhiLiPPE BraULt PROjeCtiOn - le jeu des 1000 histoires 27 amaUrY VoSLion / nataCha WoLinSki PROjeCtiOn - s’il n’en restait qu’une 27

éCoLES intErnationaLES DE PhotograPhiE 29

Prix mark groSSEt 29

Simon LamBErt - lauréat 2013 après la rue, le r.a.C. 30 Jonathan PÊPE - lauréat 2013 Modénature 31

atELiEr PEm 32

inStitUt a. BEULé Et imE a.FaUVEt DE nogEnt-LE-rotroU portrait de mon village dans le perche 32 aLLoCatairES DU rSa DE SELLES-SUr-ChEr Ceux de selles 32 CoLLÈgE roBErt LaSnEaU DE VEnDômE 32 ExPoSition FUJiFiLm « LES ComPLiCES » 33

hiStoirES DES LiEUx D’ExPoSition 34

CooPération intErnationaLE 37

inFormationS PratiqUES 39

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Les

photographes

Plus de 50 photographes

de renommée internationale ou à l’avenir prometteur

s’offrent à notre regard.

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instants très siMples

« Ces photographies sont trop proches, trop intérieures pour qu’avec elles je puisse prendre de la distance. Elles sont remplies du temps qui passe, sur les enfants, les gens et les choses. J’ai voulu rendre sensibles des instants très simples, en retenir les silences. »

Claude Batho, Le Moment des choses, 1977; édition Des femmes Le regard de Claude Batho

« l’appareil photographique, dit Claude Batho, c’est l’œil au bout des doigts. » l’espace investi par son regard est précisément à portée de main. C’est celui qui se trouve dans la proximité : l’univers de la maison, ce qui se voit par la fenêtre, ou le long des chemins parcourus au cours de promenades familiales.

De ce choix résulte une photographie intimiste, qui doit beaucoup à l’intuition. images paisibles, rassurantes d’« instants très simples », qui disent la sagesse et l’ordre de l’immobile.

alors qu’elle exécute les tâches ingrates de la vie quotidienne, Claude s’interrompt, fait une pause, prend son appareil et saisit, pour la retenir, la poésie discrète des choses ou des moments ordinaires.

peut-être prétend-elle seulement n’en dire que l’existence. et c’est le tas de linge mouillé sur le rebord de la baignoire, les pommes de terre épluchées dans le fond de l’évier, l’enfant qui s’abandonne au bonheur du bain…

au-delà d’une apparente - et réelle - sérénité, s’exprime avec retenue la conscience, de plus en plus aiguë lors des années 1980-1981, de ce qui est « éphémère », « fragile », selon ses propres termes. aussi, de ces tranquilles images émane une force - presque une violence - qui surprend. la balançoire, déjà, est immobile, les rires et les cris des enfants se sont tus.

la rigueur avec laquelle Claude Batho approche son sujet contribue à l’impact de ses images : prises de vue frontales, selon la lumière disponible, refus des effets. si l’authenticité de la relation de l’auteur au sujet est naturelle, l’efficacité de la représentation est délibérée.

« l’œil au bout des doigts » de Claude Batho touche un patrimoine ordinaire. la qualité de son regard et sa recherche ont fait entrer son œuvre singulière dans le patrimoine culturel.

Dominique Bure, 2014

ClaUDe BatHo

FranCe

Claude Batho, née Bodier, naît le 1er juin 1935 à Chamalières dans le puy-de-Dôme. en 1950 elle entre à l’école des arts appliqués de la rue Duperré à paris où elle étudie la peinture, la conception de décor sur tissu et la photographie. elle poursuit sa formation à l’école nationale des beaux-arts de paris. en 1957, elle choisit la profession de photographe, aux archives nationales, où elle est appréciée pour la qualité de ses travaux de reproduction documentaire.

parallèlement, elle continue de dessiner, peindre et photographier.

en 1963 elle épouse John Batho, dont elle partage le goût pour l’image photographique. elle s’exprime essentiellement par le noir et blanc, et effectue elle-même ses tirages. son œuvre commence à être divulguée à partir de 1977. elle décède des suites d’un cancer en août 1981.

en 1982 le musée d’art moderne de la ville de paris lui consacre une importante exposition. les années suivantes, des publications et d’autres expositions feront connaître l’œuvre très personnelle de Claude Batho en France et à l’étranger.

Du 20 juin au 21 septembre / de 10 h à 12h et de 14h à 18h / Fermé le mardi

1 MUsée

« La poésie de l’intime », Claude Batho Du 18 octobre 2014

au 18 janvier 2015 au Musée nicéphore nièpce,

Châlon-sur-saône

Le Linge mouillé, 1980

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les parasols

présents et aBsents

À priori rien ne relie la série des « parasols » et celle des « présents et absents ».

la première série, débutée en 1977, s’inscrit dans le travail sur les lieux de couleur que je poursuis depuis une trentaine d’années. pour la deuxième, effectuée en une dizaine de jours en lituanie, à Vilnius, le noir et blanc s’est imposé pour donner aux figures humaines le sens que je souhaitais. Quels que soient les thèmes auxquels je m’attache, aussi différents soient-ils, mes préoccupations sont les mêmes : mettre en évidence la spécificité du sujet et restituer l’émotion visuelle.

« les parasols » ont été photographiés de façon épisodique. Mon propos n’est pas lié à une préoccupation iconographique : c’est un motif et un lieu, qui, constamment repris, permet d’éprouver une approche. affronter un sujet qui paraît inépuisable oblige à penser à ce qui surprend encore, à réfléchir au désir de photographier encore.

Il s’agit d’une réflexion méditative sur les variations de la lumière, sur la présence et l’organisation de la couleur, mais aussi sur les évolutions et le renouvellement du regard. l’attention à la couleur m’a conduit à interroger la photographie comme sujet en soi et m’a éloigné des utilisations et des usages de la photographie documentaire.

« présents et absents » résulte d’une commande, un projet d’échange entre la France et la lituanie. il m’avait été demandé de concevoir un projet sur place pouvant être présenté ensuite dans les deux pays.

la ville de Vilnius, en 1998, m’est apparue encore marquée par les stigmates de la shoah. Me sentant appelé par ce que j’avais sous les yeux, j’ai décidé d’abandonner un projet initial sur les couleurs de la Côte balte.

Je me suis intéressé à la perte d’identité, à l’effacement, à l’oubli. pour parvenir à restituer ces sentiments, j’ai conçu un dispositif permettant de photographier des visiteurs d’un Centre d’art, derrière un grand verre embué pour emprunter leur silhouette. Cela pour obtenir une sorte de grand album de famille composé de personnes dont on constate la présence sans pouvoir les identifier.

J’ai photographié les personnes comme venant de la mémoire, pour évoquer le passage du temps, la perte d’identité, l’absence.

la lituanie a perdu presque un tiers de sa population lors la seconde Guerre mondiale.

Du noir et blanc je retiens la simplicité et la gravité, de la couleur la jouissance et la subversion ; ces deux modes ne sont pas opposables, ils ne résument pas la préférence que l’on porte à certaines photographies : l’image aimée demeure une énigme pour celui qui l’a faite, pour celui qui la voit.

John Batho

JoHn BatHo

FranCe

né en normandie en 1939, John Batho commence à photographier en 1961. À une époque où prédomine le noir et blanc, il concentre sa recherche sur la photographie en couleur. À partir de 1977, la galerie Zabriskie, à new York et paris, diffuse ses travaux. suivent de nombreuses expositions, en France et à l’étranger, dans des galeries privées et des institutions, notamment à la Bibliothèque nationale de France en 2009.

À partir de 1996 John Batho expérimente les capacités des technologies numériques. il s’équipe, en 2001, pour effectuer la réalisation des prises de vue et la production de ses tirages en couleur, puis en noir et blanc. la précision du numérique lui permet de parfaire son œuvre et d’affirmer la signature de son style.

parallèlement à sa production artistique, John Batho a mené une activité d’enseignement : chargé de cours à l’université de paris Viii, de 1983 à 1990, puis professeur des écoles nationales supérieures d’art, jusqu’en 2001.

ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées, en France et à l’étranger.

www.johnbatho.com

représenté par la galerie nicolas Silin, Paris / www.galeriesilin.com

qUEStionS à John Batho

> Votre premier souvenir photographique

la photographie de mon père absent, auquel je devais dire bonsoir avant d’être mis au lit. après quatre années de captivité, un monsieur aux cheveux gris et presque chauve, se disant mon père, est rentré dans la maison, la chienne l’a fêté, moi j’ai trouvé qu’il ne ressemblait pas du tout à celui qui se trouvait dans un cadre ovale accroché dans la chambre des parents. J’avais alors cinq ans.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion

pour être objectif et éviter les injustices, je préfère les photographes qui questionnent, inventent, et affirment leur originalité.

> Votre première photographie

Je ne m’en souviens plus, c’était durant ce qu’on appelle maintenant la guerre d’algérie. avec ma première solde, j’ai fait l’acquisition d’un appareil photo rétinette Kodak, une sorte de leica du pauvre, pour garder trace des moments étranges et graves que je vivais alors avec les autres appelés du contingent.

> Votre plus beau souvenir photographique

Une photographie que je n’ai pas faite, et que je voulais faire, alors qu’elle venait vers moi, dans une robe claire, sur le chemin verdoyant d’un après-midi d’été.

J’avais préparé le temps de pose, cadré à l’avance, je n’ai pas appuyé sur l’obturateur, trouvant que rien ne pourrait retenir ni remplacer ce moment-là.

il demeure précis dans ma mémoire.

> Votre pire souvenir photographique

De mémoire, l’ironie savoureuse de robert Doisneau me disant :

« John, un photographe est foutu lorsqu’il devient intelligent. » l’ami bienveillant ne manquait pas de malice.

Du 20 juin au 21 septembre / de 10 h à 12h et de 14h à 18h / Fermé le mardi

1 MUsée

Série « Présent et Absents »

Série Parasols, 1981-2002 «Bâche jaune froissée».

(10)

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

Du 1

er

au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

3 ManèGe roCHaMBeaU

naDia BenCHallal

FranCe

nadia Benchallal a étudié au Centre international de la photographie à new York (iCp). De renommée internationale, elle a collaboré à la réalisation de nombreux reportages pour des magazines français et internationaux : Le Monde, Géo, Vogue Homme International, El País, Donne della Republica, News Week, Die Zeit. elle a aussi exposé ses travaux personnels dans des musées, galeries et festivals de photographie et a reçu de nombreux prix, dont le prix Women Face to Face du planning familial d’espagne, Madrid. prix d’encouragement : W. eugene smith Memorial Fund, new York, états- Unis. prix de la Fondation Mother Jones, san Francisco, états-Unis.

le prix paul Vaillant-Couturier, paris, France. 3e prix du World press,

« people in the news ». prix d’aide à la création, « FiaCre » ministère de la Culture, France. prix du Visa d’or, du festival pour l’image de perpignan (1994, France).

www.nadiabenchallal.com

qUEStionS à naDia BEnChaLLaL

> Votre premier souvenir photographique

la chambre noire lors de l’apparition de ma première photo dans le révélateur.

> Le ou la photographe qui suscite votre passion

les photographes Gilles peréss, eugene richard, abbas et bien d’autres…

> Votre première photographie

Un portrait de ma sœur sous un arbre fruitier fleuri lors d’une belle journée de printemps. elle avait coiffé ses cheveux longs en deux tresses et avait mis un chapeau pour la photo.

> Votre plus beau souvenir photographique

l’éblouissement d’une personne âgée à la vue de la photographie que je lui ai ramenée. elle n’avait jamais été photographiée avant.

> Votre pire souvenir photographique

Réaliser que je n’avais pas de film dans mon appareil photo.

sisters,

FeMMes MUsUlManes Dans le MonDe

C’est en 1992, lors de mon premier séjour en algérie, que j’ai décidé de développer « sisters, femmes musulmanes dans le monde. » Ce projet photographique englobe la diversité des cultures et des traditions, au- delà des stéréotypes qui veillent à maintenir les femmes musulmanes dans une seule et même représentation. elles s’emparent de la modernité tout en préservant leur tradition et leur culture dans des pays conservateurs. aller au-delà des apparences, rechercher l’intime pour transcrire en images leur quotidien et les transformations significatives des côtes africaines aux frontières du Moyen-orient, de l’asie Centrale au sud de l’asie, plusieurs cultures et héritages nationaux, des pays, des systèmes politiques et sociaux au contexte historique différent. C’est au travers de ce point de vue que j’aimerais continuer à développer mon projet. les photos exposées ici constituent la première partie d’un projet en cours et ont été réalisées, à différentes périodes, en algérie, Bosnie, iran, Malaisie, Myanmar, palestine-Gaza et France.

nadia Benchallal Après l’école, des jeunes filles rient devant une boutique de bonbons. Teheran.

Iran, 1998

De haut en bas, de gauche à droite :

Une jeune immigrante attend ses amis dans le centre de Roubaix. France, 1996.

Après le retour de Tunisie de Yasser Arafat, des femmes palestiniennes victimes de la diaspora retrouvent avec plaisir les plages de Gaza. Gaza. Palestine, 1997.

Vive Zene, un centre de thérapie pour réfugiées bosniaques musulmanes déplacées de Srebenica à Tuzla. Bosnie Herzegovine, 1996.

Des jeunes filles attendent leurs amis à l’université Bab Azzour, dans la banlieue d’Alger. Algeria, 1994.

Les expositions présentées au manège ont reçu le soutien particulier de la région Centre.

(11)

Dolorès Marat

FranCe

Née en 1944 à Paris. Après une enfance difficile, à l’obtention de mon certificat d’études, ma mère me fait apprendre la couture, j’en sors avec un certificat de culottière giletière. Je travaille tout de suite à domicile pour un tailleur. lors d’un congé, ma mère m’apprend que

«Froissard», le photographe cherche une bonne à tout faire. «Je crois que votre fille est douée pour la photo, je vous propose de la garder et de vous donner plus que ce qu’elle gagne avec la couture».

Malgré son désir de me voir couturière, à ma grande surprise, elle accepte. Voilà mes débuts dans le monde de la photographie. en cinq jours, je ne sais par quel miracle je comprends tout. Je fais le ménage le matin ; l’après midi, il m’initie au développement, tirage, retouche sur négatif, vente, et bien sûr à la prise de vue, j’y vit 3 ans de pur bonheur. J’arrive à paris en 1968, je trouve très vite du travail comme laborantine dans un mensuel, à l’époque noir et blanc.

après 17 ans de laboratoire en 1985, j’y deviens photographe de studio et passe à la couleur jusqu’à sa vente en 1995. toujours avec le salaire de laborantine, le pDG ne veut rien savoir, je suis rentrée laborantine, je reste laborantine. au début, je ne pensais pas faire de travail personnel en plus de la revue. Je cumulais plusieurs boulots pour élever mes enfants. l’envie de faire des photos pour moi vient en 1981. irrésistiblement, pendant un an, je cherche à comprendre ce que je veux faire et comment le faire. après beaucoup d’interrogations ce que je veux montrer est ce que je vois autour de moi. partout ou je vais, plus rien ne me gêne, tout est pour moi la possibilité de faire une photo. en 1995 je deviens photographe indépendante. Je travaille pour la presse avec passion, je ne refuse jamais une commande, tout me plait. Je commence une longue collaboration avec la maison Hermès, et les chaussures Weston.

Grâce à Hermès, je voyage à travers le monde : etats unis, europe, Japon. Weston, m’envoie dans la ville de Weston aux etats Unis, pour faire un catalogue, voyage inoubliable, il n’y avait rien. alors j’ai photographié le vide, plus le café et la pizzeria. ils étaient très content du catalogue. après sont arrivés les expositions internationales et les livres, je suis heureuse de faire des photos pour moi, et pour les autres.

Ce que je n’arrive pas à dire avec des mots, j’espère le dire avec mes photos et avec ce merveilleux procédé de tirage qu’est le tirage Fresson*.

www.doloresmarat.fr

Commissaire d’exposition : Marie andrieu

« Vers 10 ans, je travaillais très bien à l’école, à cette époque en fin d’année, on recevait des prix en récompense.

les prix étaient des livres de peinture, j’ai eu pendant plusieurs années des livres de Gauguin, que j’ai usés à force de les regarder dans tous les sens, je n’avais pas d’autre livre, je les adorais.

a la même époque, ma mère avait un tout petit Kodac, un jour je voulais la photographier : « Maman, la première photo je la fais quand tu as le soleil dans le dos et la deuxième quand tu l’as de face. » C’était la première fois que je touchais un appareil photo. lorsque que ma mère est allée les chercher , elle se trouvait très bien sur sur la deuxième, mais je préférais l’autre, complètement en contre jour, évidement on voyait à peine ma Mère.

Celle que je préférais m’avait remplie d’une sensation de bonheur dans tout mon corps que je continue à avoir encore aujourd’hui quand je réussis une image.

Je n’ai pas de mauvais souvenir de photo, j’ai aimé toute ma vie faire des photos que ce soit mon travail personnel ou de commande, même si souvent ça été douloureux, car j’en ai loupé beaucoup. »

Dolorès Marat

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

Du 1

er

au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

3 ManèGe roCHaMBeaU

aCCorDs seCrets

l’œuvre de Dolorès Marat, connue des plus prestigieuses cimaises internationales, n’est plus à présenter. elle éveille cependant, à chaque manifestation, de nouvelles curiosités sur sa genèse, sur le mystère qui l’impulse. ici, l’œil de la photographe a poursuivi sa quête complice avec la lumière, souvent captée au moment de sa plus basse intensité, de sa plus grande subtilité, pour catalyser l’espace avec le temps.

Cette recherche tire toute sa force du point de vue de l’artiste : une solitude qui « vise juste » et atteint ces petits riens fugitifs, ces lapsus du monde que, d’habitude, nous reléguons si promptement dans l’inconscient visuel de nos vies précipitées.

Joie et mélancolie entremêlées d’étrangeté confèrent à ces photographies leur âme si particulière, somptueusement servies par le procédé de tirage couleur le plus précieux, l’intemporel Fresson.

Ces images laissent sans voix ceux qui voient, comme au retour d’une longue marche dans un paysage qui relie à l’essentiel. elles font franchir des distances impossibles. elles révèlent les accords secrets scellés par la vie avec les êtres et les lieux ; signe et aveu qu’en arpenteuse du monde, Dolorès Marat improvise en photographie comme un jazz, fidèle à une intuition instinctive :

…Un arbre marche sous la neige à aurillac pendant qu’à new York un improbable trompettiste joue dans sa voiture…en syrie, les ruines de Palmyre évoquent une raffinerie de pétrole abandonnée, comme des augures adressés il y a deux mille ans à un futur monde trop certain de lui-même. À cette photographie fait écho, en égypte, la ronde de nuit de trois oies qui veillent à ce qu’un autre monde perdure…Deux hommes éclatent de rire à la foire du trône, écrasés sous leur poids démultiplié dans une centrifugeuse. leur répondent deux autres, aux blousons gonflés par le vent, qui décollent d’un monticule comme deux anges…élevé par ses légèretés, un vol d’étourneaux à Marseille fait contrepoids à la chute de l’acrobate qui tombe de son fil en Corse…

Jour après jour, dans nos regards quotidiens, un désert s’avance, ensevelissant nos consciences sous des tombereaux d’images insignifiantes. La photographie de Dolorès Marat, mélodie fraîche et mélancolique, y ouvre une oasis. on fait ici une pause salutaire.

on reconquiert ici une vision souveraine. Comme toute grande photographie, celle de Dolorès Marat offre donc un recours contre le dévoiement du sens par d’omnipotentes images, tendues comme des pièges, armées pour subjuguer et assujettir les regards à la marchandise.

la beauté sincère de cette œuvre est un antidote. elle permet de retrouver le plaisir de libre et pure jubilation des images. Un leica dans les mains de Dolorès Marat devient un instrument pour mesurer le pouls du monde.

Yves Muller, Le goût de la photographie

* tirage Fresson : décomposition des couleurs de l’image par tirage contact sur des plans films noir et blanc, avec un filtrage RVB qui permet la sélection successive de chacune des trois couleurs complémentaires, et accessoirement des noirs. il s’agit d’une application en couleur du tirage au charbon uniquement réalisée sur commande par l’atelier Fresson.

Les anges. Deauville, 1986

De gauche à droite, de haut en bas : La femme au sac à main, Paris 1987.

La Robe noire sur un lit. Le Danseur, NY, 1999. Niagara, Canada, 2000

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elena perlino

italie

elena perlino est une photographe italienne, membre de l’agence picture tank.

Depuis 2003, elle travaille sur des projets à long terme sur les phénomènes migratoires en Méditerranée, la traite des êtres humains et les questions de genre.

sélectionnée comme nominée pour le Magnum emergency Fund, elle a reçu en 2013 une subvention de l’open society Foundations pour son livre Pipeline sur la traite des êtres humains du nigeria vers l’italie. Ce livre sera publié en 2014 par Maarten schilt publishing.

ses photos font parties de collections privées et ont été exposées en europe et aux Usa.

www.elenaperlino.com

représentée par picture tank / www.picturetank.com

qUEStionS à ELEna PErLino

> Votre premier souvenir photographique

Mon premier souvenir photographique est lié à mon enfance : mon père prenait des photos de mes frères et sœurs et moi durant nos anniversaires avec son appareil photo analogique. puis il ajoutait des bougies en fonction des années.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion

apprendre à connaître le travail du photographe Michael ackerman a marqué un tournant dans ma façon de penser la photographie : l’émotion pure prend le dessus, la perfection formelle devient moins contraignante.

> Votre première photographie

Ma première photo remonte à un voyage scolaire à aoste, en italie, à l’âge de 12 ans.

> Votre plus beau souvenir photographique

le miracle de l’appareil analogique se répète : je suis toujours surprise par ce qui apparaît sur le négatif à chaque fois que je retire le film. Ne pas avoir un contrôle total sur ce que vous avez fait a des avantages : il vous oblige à donner le meilleur de vous-même.

> Votre pire souvenir photographique

lorsqu’on m’a volé mon appareil durant une mission ainsi que le jour où j’ai réalisé que les rayons X à l’aéroport de tel aviv avaient irrémédiablement endommagé des pellicules avec des documents précieux.

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

Du 1

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au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

3 ManèGe roCHaMBeaU

pipeline

le reportage photo « p ipeline » a été réalisé de 2006 à 2013.

l’exploitation sexuelle des femmes nigérianes est un phénomène courant et complexe. elena perlino a suivi certaine de ces femmes lors de différents moments de leur séjour en italie, entre turin, Gênes, rome, naples et palerme.

80 % des jeunes filles qui viennent en Italie arrivent de Benin City, dans la région rurale de l’Edo State. Une fois arrivées elles finissent dans le réseau de la prostitution.

La figure clé de cet esclavagisme sexuel est « la maman ». Elle contraint les femmes arrivées en europe à se prostituer et contrôle que soit payée leur dette. elle représente pour chaque femme de 50 à 80 mille euros. Cette somme ira soutenir la puissance de la mafia nigériane, et alimente ainsi ses nombreux trafics illégaux : organes armes, drogue.

le « juju » (vaudou)*, contracté avant de partir du nigeria, les maintient dans la crainte de ce qui peut leur arriver, à elles ou à leur famille en cas de non-respect du contrat.

Durant les quinze dernières années, ce sont 500 femmes nigérianes qui ont été assassinées en italie.

Ce reportage témoigne de l’esclavagisme de la rue mais elena perlino a souhaité aussi rendre compte de leur vie quotidienne, des raresmoments de normalité, le pentecôtisme, l’assistance sanitaire, les maisons de protection prévue par l’article 18, le mariage avec des italiens, les contrôles de la police, et la vie à l’intérieur des Cie (centre d’identification et d’expulsion).

pour ces femmes, rentrer dans son pays, expulsée ou par retour assisté, est souvent vécu comme une défaite. Cela signifie que le projet migratoire n’a pas été mené à bien et qu’elles ne sont pas capables de se prendre en charge . isoke aikpitanyi, victime de la traite des femmes, et aujourd’hui une référence pour les femmes nigérianes en italie : « Qui retourne à la maison, y retourne avec de l’argent, peu importe d’où il provient. au nigéria, personne ne demande ; ils ne demandent que s’il n’y a pas d’argent. »

*l’accord est scellé par une sorte de rite vaudou, le « juju ». Un peu de sang, des rognures d’ongles, des cheveux ou poils pubiens sont prélevés sur la fille. Si la prostituée s’échappe ou ne rembourse pas sa dette, la croyance veut que ces prélèvements puissent être utilisés pour rendre une personne malade, folle, ou la faire mourir. (cf: amnesty international, www.amnestyinternational.be)

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Flore-aËl sUrUn

FranCe

Flore-aël surun photographie des « survivants », qui la touchent au cœur sans crier gare.

elle descend dans les souterrains de Bucarest pour partager la vie des adolescents des rues. elle réalise un travail sur la transsexualité, à paris. À partir de 2003, suite à un voyage à Bethléem, elle revendique son engagement de témoin, en quête de ceux qui choisissent la non- violence comme moyen de résistance. C’est le début d’une série de reportages sur « la tentation de la paix ». Un pan de cette histoire photographique est consacré aux actes politiques de la jeunesse sur les lieux de revendication. elle rassemble ses sujets sur la jeunesse en une seule histoire : « Du désir dans les ailes » où elle compose un portrait fragmenté d’elle-même.

ses contrastes de couleurs, chaud/froid, clairs/obscurs, tendres et violents, portent cette nécessaire tension qui hante sa vision.

iris Milîloba, Montréal, 2014

Membre du collectif Tendance Floue / www.tendancefloue.net

qUEStionS à FLorE-aËL SUrUn

> Votre premier souvenir photographique, la première émotion Quand j’ai ouvert les yeux à ma naissance ! Avoir soudain accès à la vision, quelle merveilleuse émotion.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion

impossible de ne citer qu’un seul photographe. les femmes bien sûr tout particulièrement m’ont touchée. Que ce soit des reporters engagés comme Jane evelyn atwood, ou des artistes comme nan Goldin, sarah Moon, lise sarfati… toutes ont un rapport très particulier au monde qui les entoure et qui me fascine.

> Votre première photographie

la première image qui a marqué le début de mon histoire a été prise en roumanie : une mère de famille avec un bébé dans les bras et une ribambelle d’enfants de tous âges autour d’elle, éclairés à la bougie dans les méandres des souterrains de Bucarest.

> Votre plus beau souvenir photographique

Un homme sur la plage, la nuit, qui porte une écharpe blanche, et à qui je demande de poser, il se transforme en ange avec la pose longue ; une femme qui saute le mur entre israël et la palestine ; un tibétain qui fait une marche non-violente… et d’autres encore… tous des Anges !

> Le pire souvenir photographique Je n’en ai pas !

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

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au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

3 ManèGe roCHaMBeaU

toteMs

Dé-corps libres où retrouver nos empreintes

De l’intérieur et au-delà, dans ce corps et ces dé-corps de passage, l’invisible nous accompagne. Des esprits sages dans l’œil de Flore-aël surun où sa peau découverte devient le palimpseste translucide de rencontres possibles, de ce que la vie sauvage nous raconte avec ses apparitions animales, ses paroles sensuelles, ses éveils puissants et son détachement du réel.

Basculons sans craindre les percussions du cœur, ni les tambours d’autres réalités, si tel est le lieu où se superposent le réel et l’imaginaire, les messages des sens et les respirations du monde. Gardons et regardons ces plumes élancées dont nous nions trop souvent la présence, dénudons nos interprétations pour mieux embrasser cette chair qui nous entoure. les corps écrivent toujours leur propre histoire, en marge des lumières et de la conscience de nos gestes, hors capture et hors champ.

À l’orée des bois, blottie dans les pierres, abandonnée dans l’apaisement de ce qui n’a plus besoin d’être visible et dicible, sentir monter en soi la vie et la mort, les écailles lumineuses du serpent, la queue glissante du changement, cette délicatesse à l’ombre de nos peurs viscérales. Ces connaissances flamboyantes dont témoigne sa silhouette incarnée de mémoire, de toutes les forces et de tous les rêves.

au sein de ces visions, rien ne ment, la quintessence du vivant advient en nous de répétition en répétition, au rythme de la création, de notre désir de nous accomplir en mouvements, d’être une multitude de visages libres sans frontière.

À notre place, reconnaissant l’infinie beauté de l’ailleurs.

iris Milîloba, Montréal, 2014

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èVe MorCrette

FranCe

ève Morcrette est photographe depuis 1986. les nombreuses récompenses officielles obtenues attestent de son talent. Prix Air France - prix attention Jeunes talents. invitée d’honneur au Fepn 2009 en arles. ses photographies sont à la Bibliothèque nationale de France et à la Bibliothèque historique de paris… arte, France 2 et Canal + lui ont consacré plusieurs courts-métrages. l’art délicat et nuancé du sfumato, si cher à léonard de Vinci caractérise le travail de cette artiste. sans contraste brutal, entre rigueur et douceur, avec poésie, ève Morcrette élabore ses images légères, aériennes, immatérielles autour d’une large gamme de gris très subtils. elle nous transporte dans un monde onirique dans lequel les femmes se métamorphosent, les animaux conversent, les nus se désérotisent, les odalisques se muent en statues… et, où parfois, le soir au couchant, descendent des anges.

Brigitte Mao-Ducousso, historienne de l’art www.eve-morcrette.com

qUEStionS à ÈVE morCrEttE

> Votre premier souvenir photographique, première émotion J’ai 8 ans, mon père m’oblige à chevaucher un percheron, l’animal est gigantesque, j’ai peur. Je suis impatiente que la photographie soit faite. le cliché a disparu.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion ?

Beaucoup de photographes ont attisé ma passion, Cartier-Bresson m’a fascinée puis Bill Brandt, Frantisek Drtikol, Man ray, William Klein, Claude Dityvon, Willy ronis, Jean-François Bauret… tous ont créé en moi ce désir infaillible de photographier et d’évoluer.

> Votre première photographie

Une famille éparpillée sur les rives pentues de la loire s’extasie, j’appuie sur le déclencheur de mon appareil photo… réminiscences inconscientes du déjeuner sur l’herbe de renoir et des bords de Marne d’Henri Cartier-Bresson.

> Votre plus beau souvenir photographique l’idée de la prochaine séance.

> Votre pire souvenir photographique

Dans un appartement parisien récemment incendié, une femme nue au visage de flamant rose commence à poser pour moi. Soudain des bruits réguliers tac… tac-tac… se rapprochent de nous. le pommeau en argent d’une canne frappe la rampe d’un escalier.

Un bel homme aux cheveux blancs, orné d’une moustache so british et deux hommes de main surgissent dans la pièce. les deux sbires sont congédiés. « pourquoi ne m’avez-vous pas demandé l’autorisation ? » me dit le propriétaire « Me l’auriez-vous donnée ? » répondis-je « Bien sûr que non ».

et la séance cessa immédiatement.

iMMatérielles

avant je photographiais dans les rues ou dans le métro. J’arpentais joyeusement paris, le visage caché derrière mon appareil photo. Je suivais les promeneurs, je déclenchais généreusement, c’était facile.

puis les gens ont commencé à me faire des remarques, à me poursuivre, jusqu’au jour où une femme a attrapé mon appareil photographique et a détruit ma pellicule argentique. il m’est devenu impossible de continuer à photographier dans des lieux publics.

l’idée de photographier des modèles consentants s’est imposée à moi. J’ai évolué vers une photographie plus intime, exacerbant ma principale obsession, le temps. J’ai commencé à photographier elsa, et cela, pendant 20 ans. À cette même époque, isabelle, merveilleux modèle, m’a sollicitée pour poser nue. Cette expérience différente m’a intéressée, sans faiblir depuis.

le nu est devenu un de mes thèmes favoris que je décline sans cesse avec les Bains, le Bestiaire, le Fauteuil, rouges, etc.

avec la nudité, les modes vestimentaires et les époques s’estompent.

Les repères deviennent difficiles, les lignes géométriques deviennent essentielles.

J’aime reproduire des corps fragmentés, souvent sans tête, sans identité. J’aime aussi continuer à photographier les mêmes modèles pendant longtemps.

il y a environ trois ans, j’ai basculé du nu féminin au nu masculin. et, il y a un an j’ai commencé à photographier des groupes d’hommes et femmes, jusqu’à huit personnages. avec mes temps d’expositions lents j’ai démultiplié mes nombreux personnages. Ces accumulations m’ouvrent de nouvelles perspectives. l’objectif de l’appareil photo n’est plus axé sur une seule personne, la pression est moins forte pour les modèles. avec cette autre manière de photographier, j’ai quelques fois la sensation de devenir un chef d’orchestre qui dirigerait une symphonie.

actuellement je m’inspire de chefs-d’œuvre qui jalonnent l’histoire de l’art européen et je les pastiche. aucune copie n’est conforme, c’est tout l’intérêt.

ève Morcrette

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

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Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

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lana ŠleZiC

CanaDa

lana ŠleziĆ est une photographe internationalement primée, surtout connue pour son travail documentaire et ses portraits. elle a gagné le prix World press photo pour sa série de portraits sur les femmes afghanes et a également remporté le luis Valtuena Humanitarian photography award en espagne. lana a publié dans le National Geographic, Time, Newsweek ainsi que dans d’innombrables autres publications à l’échelle mondiale. son premier livre Forsaken a été désigné comme l’un des dix meilleurs livres de photographie de l’année par American Photo Magazine en 2008. son travail a été exposé de new York au Japon. elle est actuellement basée à toronto, au Canada avec son mari et ses deux enfants.

www.lanaslezic.com

qUEStionS à Lana ŠLEZi

Ć

> Votre premier souvenir photographique

Quand j’avais 8 ans, je me souviens, j’étais assise dans la chambre noire de mon père dans notre sous-sol. l’odeur des produits chimiques était forte. C’était comme si ses photos étaient venues à la vie dans les 3 cuvettes de liquide. tout était calme et sombre à l’exception de la douce lumière rouge. seule la voix de mon père a brisé le silence.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion

larry towell, un photographe canadien de l’agence Magnum fut le premier photographe qui m’a inspirée. son œil était subtil, doux et il soignait chaque détail dans le cadre.

> Votre première photographie

Mes premières photos ont été prises en inde. J’ai été diplômée de l’Université au Canada dans un tout autre domaine. J’avais besoin de voir plus de ce monde alors je suis allé en inde. avant de partir mon père m’a donné son appareil photo pentax. Quand j’ai commencé à prendre des photographies quelque chose de magnétique m’a attiré dans le processus. Ce fut une découverte et une passion si intense. Je suis retournée au Canada étudier la photographie.

> Votre plus beau souvenir photographique

Chaque moment où une belle photographie est faite est important.

Cet instant où l’art et l’histoire se rencontrent dans un cadre - que vous le sentez au plus profond de votre ventre - c’est le moment photographique parfait.

> Votre pire souvenir photographique

J’ai abordé beaucoup d’histoires difficiles - le plus difficile était avec les femmes en afghanistan. l’un des pires souvenirs a été d’apprendre que Malalai Kakar, que j’avais photographiée et avec qui je m’étais liée d’amitié à Kandahar a été tuée par les talibans.

Je la connaissais bien. J’ai passé du temps avec sa famille. elle était mère de six enfants ainsi que la première policière de Kandahar après l’éviction des talibans en 2001. elle était la femme la plus courageuse que j’ai jamais connue. la perdre était comme perdre un membre de ma famille.

« il n’y a pas de place pour l’amour en afghanistan », me dit un jour une jeune adolescente alors que nous buvions le thé dans le salon de l’appartement de sa famille à Kaboul. elle le dit comme une vérité, comme si ça l’était depuis des années, aussi longtemps qu’elle puisse s’en souvenir.

non seulement à ce moment dans le crépuscule de cette soirée mais pendant plusieurs années ensuite, sa remarque me poussa à réfléchir à l’espace dans lequel l’amour se consume. Un espace sans fin et sans limite, comme une esquisse sans charbon de bois ou une goutte de pluie sans eau – Un espace plus grand que même les montagnes glorieuses de l’Hindu Kush ne pourront jamais avoir. Ca n’était pas le cas, ça ne pouvait pas être le cas dans le petit cœur de cette jeune fille Afghane, où l’amour et tous ces beaux inconnus auraient pu s’épanouir.

l’amour que j’ai ressenti en afghanistan a été un luxe. C’était un luxe parce que j’étais une étrangère et je pouvais m’imprégner de l’afghanistan d’une manière qui me permettait de reconnaître la beauté dans toute sa dureté. Et bien que ce pays et son conflit me donnaient souvent, presque tous les jours, le sentiment d’être vaincue, perdue et compatissante, j ‘ai eu la chance d’être protégée par un

« coussin moelleux » constitué par l’amour de ma famille et les souvenirs d’une vie radicalement différente de ce dont j’étais témoin ici.

C’est à partir du moment où j’ai atterri à Kaboul que l’amour a pu s’exprimer dans plusieurs directions. il aurait pu reposer dans le paysage, ou dans les enfants, ou dans la poésie qui existaient dans les regards. Mais j’ai été attirée sans équivoque – comme quelqu’un par la lumière dans le noir le plus profond – par les femmes afghanes.

pour elles, j’avais de la passion et de l’énergie. pour elles, mes émotions n’avaient aucune limite. Je voulais de tout mon cœur les montrer comme je les voyais moi même : papillons plus complexes dépouillés de leurs ailes.

et puis un jour, une surprise : un jeune homme que je connaissais m’apporta une pile de lettres. plus de six cents pages. C’était une correspondance amoureuse secrète, une de celles qui permettent à l’imagination et l’amour de vagabonder, car c’était seulement dans ces pages et dans leurs rêves qu’ils pouvaient être ensemble. la divulgation de cette correspondance aurait voulu dire la fin de leur amour, et peut-être pire . Ce jour là, je réalisais que l’amour existait en afghanistan – en un seul coup d’oeil, à un certain ton, à l’ombre d’une cour école – mais non sans de grands risques et conséquences.

pour moi, cet entrecroisement complexe de l’amour prit forme dans la pénombre des appareils photo moyen format. C’était comme si je scrutais un minuscule espace au fond d’une malle au trésor, isolé du reste de l’afghanistan. Je pouvais pleinement exprimer ce que je ressentais pour ces femmes.

lana ŠleziĆ Afghan Woman 1

Afghan Woman 2, Afghan Woman 3, Afghan Woman 4, Afghan Woman 5

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sYlVia sCHilDGe

FranCe

sylvia schildge est photographe plasticienne, diplômée de l’école nationale supérieure des arts Décoratifs. elle vit et travaille à paris.

en 2002, elle sort le Livre des coeurs aux éditions thierry Magnier.

en 2003, elle créé l’installation « Mesures et démesures » en forêt de Compiègne, puis « Il y a un fil rouge » avec l’artiste Yoshirei Shin, en 2004, dans la forêt de rambouillet. en 2005 elle expose sa série photographique « passage n°1 » à la Galerie Guillaume à paris, puis

« passage n°2 » en 2006 à la GM galerie à Montpellier. De 2003 à 2006, elle met en place une installation de rue intitulée « De passage » à l’hôtel du sauroy à paris. en 2010, elle expose « passage n°5 » à la galerie photogagraphique akaaka Galery de tokyo. la même année sort, aux éditions oFr, le postcard book intitulé Seventeen countries. en 2011, elle créé d’abord l’installation « passage n°6 » au palazzo Marigliano à naples, puis, en 2012, elle créé le prix Virginia, le prix international décerné à une femme. la même année elle expose sa série « passage n°7 » à l’espace photographique de l’hôtel du sauroy et à la galerie omnius à arles. en 2013, elle participe à deux expositions de groupe, « Croquis avec mon iphone » (sauroy) et « Marie » avec tresse 13 des-tresse et délacet treize. elle réalise aussi dans le cadre de la nuit Blanche 2013 une installation, square du temple à paris, « le temps renversé ».

www.sylviaschildge.com

qUEStionS à SYLVia SChiLDgE

> Votre premier souvenir photographique, la première émotion Mon premier appareil photo, un Kodak « Brownie » Flash reçu à l’âge de 12 ans.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion Jacques Henri lartigue et richard avedon.

> Votre première photographie

sans doute ma chienne et ma sœur, j’avais 12 ans, souvenir effacé.

> Votre plus beau souvenir photographique

labrang Chine un matin quand tout est endormi et je me retrouve seule avec les chants des tibetains, les aboiements des chiens, une voiture grinçante passe, un jeune moine court, les moulins à prières tournent, la vie commence. Moments saisissants.

> Votre pire souvenir photographique

Quand j’étais directeur artistique dans la publicité et que j’assistais à des prises de vues de fayots et saucisses !!! Qui duraient des heures.

« Ce n’est pas l’objet qui importe, mais l’oeil : si l’oeil est là, l’objet apparaîtra, et si vous n’avez pas l’oeil, quel que soit l’objet, vous n’y trouverez rien. » Ce sont sur ces mots empruntés à Dostoïevski que nous accueille sylvia schildge sur son site internet.

aucun doute, l’œil est là, le questionnement apparaît, la recherche de l’être, de sa place, de sa filiation. Le regard affuté, bien à l’affût ne cache pas la question qui demeure : où suis-je ? Qui suis-je ? nous ne sommes qu’un, éternellement resteront en nous les particules de ceux qui les ont réunies pour nous donner chair et sang. Quelle que soit l’histoire qui nous construit, nos gênes composent une identité non visible, sylvia schildge rend cette identité palpable, troublante.

Dans la série « ordener », elle saisit les passants, silhouettes anonymes.

Déjà la question se pose : qui sont-ils ? Où vont-ils ? Au fil des ans, les séries poursuivront ce questionnement jusqu’à composer ce corpus

« Filiation ».

« Je travaille sur le passage : passage du temps, passage des individus dans la rue, passage d’écriture. les femmes de ma famille m’ont été fondatrices : Virginia ma grand-mère pianiste, ma grand-tante peintre, et ma mère sculpteur ont nourri ma curiosité pour l’art depuis ma plus tendre enfance. Cette filiation a ouvert mon chemin d’artiste plasticienne… Je propose les traces d’une chronologie familiale et sentimentale, comme une énigme non résolue. De ces visages qui se pénètrent et se superposent, naît le trouble d’un masculin/féminin aux limites d’une identité. ils questionnent sans apporter de réponse. ils dévoilent mon histoire, l’histoire d’une transmission. »

les hasards n’en sont jamais vraiment, notre rencontre intervient au moment où je cherche le point final de la phrase photographique composée dans le manège pour cette dixième édition. Un ami commun qui nous est cher sera le vecteur de la rencontre décisive.

Je suis touchée par la poésie, la liberté et la tendresse transmise émanant de ces portraits recomposés. C’est alors une évidence : sylvia schildge, cette instinctive discrète et généreuse sera la ponctuation du récit.

odile andrieu Merci à Jacques Borgetto

passaGe n° 9

Ce « passage n° 9 » est sous le signe de la rémanence. À travers des visages, sylvia schildge propose les traces d’une chronologie familiale et sentimentale, comme une énigme non résolue. De ces visages qui se pénètrent et se superposent, naît le trouble d’un masculin/féminin aux limites d’une identité. ils questionnent sans apporter de réponse, ils dévoilent notre histoire, l’histoire d’une transmission. le passé est devant nous, il a été vécu. le futur, lui, est derrière nous, puisqu’à venir…

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

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au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

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Pierre et Riyu

Liliane, Pierre, Martin Martin, Noé, Isa et Sylvia

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CHristine leFeBVre

BelGiQUe

Christine lefebvre vit et travaille à Bruxelles, pratique la photographie depuis 2005. elle utilise exclusivement l’argentique et réalise elle- même ses tirages. elle expose à la galerie acte 2, « arts paris » au Grand palais en 2007, à la galerie le Chantier à Vichy en 2008, à la Ds galerie à Bruxelles en 2009 et la galerie oZ’art à tours, puis au festival «les photographiques» du Mans en 2011. en 2012, elle expose à la galerie 127 de Marrakech, et participe au festival les nuits photographiques de pierrevert.

www.christinelefebvre.be

qUEStionS à ChriStinE LEFEBVrE

> Votre premier souvenir photographique

Bien avant d’oser me servir d’un appareil photo, dans un petit coin perdu de la campagne chinoise, quelqu’un montre une photo de sa famille, nous sortons les nôtres : les enfants, la maison… tout à coup, sans parler la même langue, juste avec quelques photos en main, on rit, on se comprend, on se retrouve : si éloignés et pourtant tellement identiques !

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion

Mon imaginaire est autant nourri de cinéma que de lecture ou de photographie.

pour ne citer qu’un nom en photographie : Mario Giacomelli.

> Votre première photographie

en 2005, je suis amenée à former des instituteurs en namibie : coup de foudre pour le peuple «san».

Besoin de fixer, d’intensifier cette rencontre, j’y retourne avec, pour la première fois, un appareil photo en main !

> Votre plus beau souvenir photographique

Mon premier portrait, celui d’un « san » avec qui je travaillais.

nous nous sommes compris : moment de grâce où j’ai reçu ce que je n’aurais jamais osé revendiquer !

> Votre pire souvenir photographique

Serait de m’arrêter de prendre des photos !.. J’ai mis si longtemps à me décider !

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

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au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

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nous sommes nés à notre insu, comme une absence de commencement…

nous avons vécu avant de naître, connu la vie avant que le soleil n’éblouisse nos yeux.

il y a un passé immense qui nous manque…

pourquoi ne pas s’aventurer à en porter témoignage ?

pascal Quignard

oriGine

Cette série propose de nous emmener vers la notion d’oubli, de souvenir.

elle questionne sur ce qui fait appel à une partie de nous-mêmes que nous ne maîtrisons pas : la mémoire.

parcourir le champ de sa propre mémoire, mais aussi faire surgir des mondes liés à la mémoire ancestrale : guetter le déjà-vu, déjà vécu.

pour cela, en travaillant dans la pénombre, Christine lefebvre se confronte à cette obscurité originelle, à ce chaos dont nous sommes issus. Par un long déclic, une pause de quelques secondes, en confiant ainsi à l’image une part de hasard, elle recueille les vibrations de la lumière et restitue la trace de ce qui se consume en chacun de nous.

Quand l’aube sort de la nuit, la nature semble reprendre ses droits. en ce lieu, et en ces instants, elle est ce végétal ; elle est cette eau ; elle est cette pierre ; elle est ce feu. C’est alors, devant l’empreinte de ses rêves, qu’elle tente d’y poser ses pas.

ses photographies sombres, souvent patinées, où la lumière qui éclaire semble s’éteindre, nous ouvrent un passage ténu vers le péril ou l’accomplissement de notre être. C’est de cette ambivalence que peut renaître la vague et s’envoler l’oiseau.

Belgique, Olmen, 2012

De haut en bas, de gauche à droite : Népal 1 2013. Madagascar 2009. Sacha 2012. Népal 2 2013

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MirJaM appelHoF

paYs-Bas

en 2010, j’ai trouvé une façon de transformer mes émotions profondes le mieux possible. J’ai décidé d’utiliser l’appareil photo comme un instrument pour créer mon monde interne. J’ai trouvé là un moyen d’exprimer mes sentiments. Mes créations reflètent la plupart du temps le mouvement parce que je crois que rien n’est statique. « il y a le moment qui s’arrête et le mouvement continu dans le temps ».

Ma passion et mes recherches pour traduire les sentiments en images se sont développées en une collection de travaux personnels. Je suis reconnaissante d’avoir trouvé ma voie.

www.mirjamappelhof.nl

qUEStionS à mirJam aPPELhoF

> Votre premier souvenir photographique, première émotion Ma façon de photographier a commencé avec la phrase : rien n’est statique. Ma première rencontre avec la photographie a été après la naissance de l’ainé de mes enfants evy. C’était mon inspiration.

> Le ou la photographe qui a suscité votre passion ?

Je n’ai pas commencé par l’inspiration de quelqu’un d’autre mais le long de ce chemin j’ai eu de l’admiration pour le travail des autres comme Francesca Woodman et sarah Moon.

> Votre première photographie

« Marchand rouge »

> Votre plus beau souvenir photographique

C’est que j’ai trouvé une forme authentique à la photographie.

> Votre pire souvenir photographique

la peur que j’ai d’être coincée dans mon processus créatif. la peur et le processus ne s’arrêtent jamais.

FaMilY liFe

Ce projet est ce que je peux faire de mieux dans mon travail personnel.

il raconte l’histoire de ma sœur et de ma mère, Brigit et irene.

Brigit a mis fin à ses jours il y a 25 ans. Cela m’a énormément affectée. elle était mon âme sœur. la vie de ma mère est devenue difficile, elle était à la recherche permanente d’une paix intérieure.

Malheureusement, cette quête lui a valu anxiété et psychoses.

elle vit aujourd’hui dans un institut qui traite les maladies psychologiques, et nous pensons qu’elle y restera jusqu’à la fin de ses jours.

avec tout le respect et l’amour que j’ai pour elles, je me suis engagée à leur offrir l’attention qu’elles méritent en produisant un livre dans lequel j’essaie de montrer le combat de leur vie.

J’ai choisi de m’exprimer en noir et blanc car cela reflète nos heures les plus sombres. Grâce à ce livre, j’exprime la joie que j’éprouve en voyant Brigit revenir à la vie, et cela me permet de prendre du recul sur cette période.

avec amour

Mirjam appelhof

Du 20 juin au 31 août / de 14h30 à 18 h 30 / Fermé le mardi

Du 1

er

au 21 septembre / Uniquement le week-end, de 10 h 30 à 18 h 30

3 ManèGe roCHaMBeaU

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