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Les arguments économiques en faveur de l atténuation en Tunisie :

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 1

Les arguments économiques en faveur de l’atténuation en Tunisie :

Études de cas dans les secteurs du

transport, de l’industrie et des déchets

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Cette recherche est menée sous les auspices du programme North Africa technical Assistance facility (NATAF) par Vivi Economics, une société de conseil en développement basée en Tunisie et partenaire de mise en œuvre. Le programme NATAF est financé par le Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) du Royaume-Uni et mis en œuvre par Tetra Tech International Development. Les opinions exprimées dans ce document sont celles de l’auteur et ne reflètent pas l’opinion de l’ambassade britannique à Tunis ou du FCDO.

Avis de non-responsabilité

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LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 3

Cette recherche a été rendue possible grâce aux contributions inestimables d’un certain nombre de personnes et d’institutions, et Tetra Tech International Development tient à reconnaître leurs apports et à les remercier. Tout d’abord, tous les chercheurs et le personnel de Vivid Economics méritent un grand merci pour leur travail de collecte, de consolidation et de présentation de toutes les données existantes disponibles sur les impacts du changement climatique dans les trois secteurs cibles. Nous sommes également redevables à Daniel Yeo et Renée Chartres de Tetra Tech pour leurs conseils techniques et leur direction de l’analyse tout au long du projet, ainsi que pour leur révision détaillée du rapport. Nous remercions également Aaron Hickman pour son excellente gestion du projet et sa révision approfondie du rapport.

Nous tenons également à exprimer notre gratitude au Ministère de l’Environnement, à l’Ambassade de Grande-Bretagne à Tunis et à Saddem Jebali de Tetra Tech, pour avoir facilité les présentations et les réunions cruciales pour la collecte des données. D’autres organismes gouvernementaux, notamment le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche et l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL) doivent également être remerciés pour avoir permis l’accès aux données et rapports existants.

Remerciements

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Avant-propos

L’ambassade britannique de Tunis est fière d’avoir soutenu la production de ce rapport, « Les arguments économiques en faveur de l’atténuation en Tunisie «. Ce rapport, élaboré dans le cadre du Fonds d’assistance technique pour l’Afrique du Nord (NATAF) financé par le gouvernement britannique, et en collaboration avec le gouvernement tunisien, est le premier d’une série de deux rapports sur le changement climatique et l’économie en Tunisie. Le deuxième rapport «Impacts économiques du changement climatique en Tunisie» est publié en parallèle.

En tant qu’hôte de la conférence des Nations unies sur le changement climatique COP26 en novembre 2021 à Glasgow, et en tant que leader mondial de l’action climatique, le Royaume-Uni s’est engagé à adapter les politiques économiques établies car elles sont à la fois nécessaires et bénéfiques. La Tunisie ressent directement l’impact du changement climatique et sa population s’intéresse à la lutte contre cet impact.

Cependant, les dirigeants ont besoin de voir des chiffres percutants qui montrent l’urgence économique de mener à bien les changements nécessaires pour que les objectifs «net zéro» deviennent une réalité.

C’est ce que fait ce rapport. Il démontre, à l’aide d’études de cas dans les secteurs clés du transport, de l’industrie et des déchets, que la réduction des émissions n’est pas synonyme de réduction de l’efficacité ou de perte d’activité. Les études de cas montrent clairement que la transition vers une économie neutre en carbone dans ces trois secteurs n’est pas seulement favorable à l’environnement en Tunisie mais également à son économie. Ces résultats visent à instaurer un consensus plus large dans les secteurs public et privé sur les avantages de la mise en œuvre de politiques et de pratiques neutres en carbone.

Dans cette optique, je remercie tous ceux qui ont participé à la publication de ce rapport et j’attends avec impatience de voir le gouvernement et les partenaires économiques de la Tunisie utiliser les données pour inspirer des décisions courageuses et à long terme. Le Royaume-Uni continuera à être un partenaire proche et solidaire de la Tunisie dans cette voie.

Chargé d’affaires du Royaume-Uni Matthew Forman

SE. Madame Leila Chikhaoui, Ministre de l’Environnement- Tunisie

La 26ème session de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques tenue à Glasgow du 31 Octobre au 12 Novembre 2021 a été une occasion renouvelée pour rappeler l’urgence d’une action climatique efficace et d’un engagement renforcé de tous les pays du monde.

En Tunisie, nous en sommes conscients, nous devons aujourd’hui même engager l’action pour instaurer les bases d’un développement plus propre, durable, inclusif, sobre en carbone et résilient.

Dans cette optique, la neutralité carbone en 2050 devra être considérée comme une urgence et une priorité absolue. Ce choix stratégique devra favoriser une transformation radicale de notre développement, offrant de grandes opportunités pour la préservation de notre capital naturel et de notre environnement, la création d’une nouvelle forme de richesse économique basée sur l’innovation et l’ouverture vers les marchés internationaux.

En outre, la neutralité carbone devra sensiblement contribuer à la création de l’emploi, la lutte contre la pauvreté et la réduction de la disparité entre les communes et régions de la Tunisie.

Parallèlement, compte tenu de la vulnérabilité confirmée de la Tunisie aux impacts, déjà très décelables, du changement climatique, le développement futur de la Tunisie devra accorder la priorité absolue à la préservation des écosystèmes et des ressources naturelles et la garantie de la sécurité alimentaire.

Les étapes intermédiaires de notre politique climatique, notamment reflétées dans notre CDN actualisée, transmise à la Convention en octobre 2021, témoignent de l’engagement de la Tunisie à allier les enjeux climatiques avec les priorités de développement de la Tunisie.

En effet, Notre CDN actualisée a adopté une vision innovante, donnant une place de choix aux enjeux climatiques, notamment dans les secteurs les plus stratégiques à l’instar des énergies renouvelables, d’industrie propre, d’agriculture durable et une meilleure gestion des déchets, consolidant les fondements d’une économie circulaire, à grande capacité de création de la richesse, de l’innovation technologique et d’emploi pour les générations actuelles et futures.

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Table des matières

Abréviations et acronymes Sommaire exécutif

Introduction

Conclusions

Secteur des déchets : Constatations

Le secteur des transports : Constatations

Secteur industriel : Constatations

Le secteur de l’énergie : Revue de la littérature Introduction et contexte

Introduction et contexte

Introduction et contexte

Introduction et contexte Étude de cas : Djebel Chekir

Étude de cas

Secteur industriel : Étude

Co-bénéfices de la transition énergétique en Tunisie Bénéfice 1 : Réduction des émissions

Bénéfice 1 : Réduction des émissions

Bénéfice 1 : Réduction des émissions

Analyse par sexe

Bénéfice 2 : Amélioration de la sécurité énergétique

Bénéfice 2 : Amélioration de la sécurité

Bénéfice 2 : Économies d’énergie Analyse de genre

Bénéfice 3 : Amélioration de la qualité

Analyse de genre Conclusions

Bénéfice 4 : Création d’emplois

Conclusion Analyse de genre

Conclusions

2 3

4 5 1

6

6 7

9

11 12 14 15 16 17 18

19 21 22 23 24 24 25 26 28

29 30 31 32 33 33 33

34 3535

39

40

(6)

Abbreviations &

Acronyms

AGIL ANGED ANME ANME ANPE CCS CDM EPA EV GDP GHG ILO IRES LFG MLAE MRV MSW MW NAMA NDC NTU NUMP SDG STEG SWH SWM TD TSP UN UNIDO USD WHO

Société nationale de distribution des pétroles Agence Nationale de Gestion des Déchets L’Agence Nationale de Maitrise de l’Energie

Agence Nationale de Protection de l’Environnement Séquestration du dioxyde de carbone

Mécanisme de développement propre Agence de protection de l’environnement Véhicule électrique

Produit Intérieur Brut Gaz à effet de serre

Organisation internationale du travail

Sources d’énergie renouvelables intermittentes Gaz de décharge

Ministère des affaires locales et de l’environnement Surveillance, rapports et vérification

Déchets solides municipaux Mégawatt

Mesures d’atténuation appropriées au niveau national Contribution déterminée au niveau national

Unité nationale de coordination des transports Plan national de mobilité urbaine

Objectifs de développement durable

Société tunisienne de l’électricité et du gaz Chauffe-eau solaire

Gestion des déchets solides Dinar Tunisien

Plan solaire tunisien

Organisation des Nations Unies

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel Dollar américain

Organisation mondiale de la santé

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LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 7

Résumé exécutif

Après avoir récemment mis à jour sa contribution déterminée au niveau national (CDN) et avec une mise à jour plus importante en cours, la Tunisie a une occasion clé d’accroitre son ambition pour les mesures d’atténuation dans des secteurs précédemment négligés. La CDN de 2015 s’est largement concentrée sur le secteur de l’énergie, avec 85% des besoins totaux de dépenses estimés réservés à ce secteur1. Dans cette optique, les prochains mois et années offrent l’opportunité à la Tunisie de renforcer la crédibilité de ses objectifs d’atténuation et d’augmenter l’ambition dans un ensemble plus large de secteurs. Ce rapport se concentre sur les secteurs des déchets, du transport et de l’industrie, qui ont été jusqu’à présent largement négligés dans l’action nationale d’atténuation mais qui sont très importants en termes de contribution aux émissions, à l’emploi et à la croissance économique.

Ce rapport présente les arguments économiques en faveur de mesures d’atténuation dans les secteurs des déchets, des transports et de l’industrie. Chacun de ces secteurs offre la possibilité de contribuer simultanément à la réduction des émissions et à une croissance économique durable à long terme. Pour chaque secteur, l’analyse quantifie les co-bénéfices associés à une étude de cas illustrative. Ce faisant, ce rapport démontre que les investissements dans la transition vers une économie à faible émission de carbone sont des choix économiques intelligents, favorables à l’emploi et à la croissance économique

Dans le secteur des déchets, le gaz de décharge pourrait être exploité directement pour la production d’électricité. La Tunisie a installé avec succès des systèmes de capture et de torchage dans la plupart des décharges contrôlées, mais l’utilisation du gaz de décharge pour la production d’électricité pourrait offrir d’importants avantages en matière de réduction des émissions et ainsi remplacer les importations de gaz naturel.

Parallèlement, le secteur des transports en Tunisie connaît une croissance rapide. Ainsi, il existe une opportunité majeure pour l’expansion des solutions de mobilité électrique. Le transport routier est le principal contributeur aux émissions de gaz à effet de serre dans les transports, représentant un cinquième de toutes les émissions du pays.

Les émissions industrielles proviennent en grande partie de la production de ciment et l’amélioration des procédés de fabrication permettrait d’obtenir des avantages environnementaux et de réduire les coûts. La production de clinker (un matériau intermédiaire) représente 85 % des émissions de gaz à effet de serre dans la production de ciment. La réaction chimique qui produit le clinker libère à elle seule de grandes quantités de dioxyde de carbone, mais cette réaction se produit également à haute température dans des fours qui produisent leurs propres émissions.

L’étude de cas se focalise sur la plus grande décharge du pays, Djebel Chekir, qui a été équipée d’un système de capture et de torchage en 2008. Si un système de valorisation énergétique des déchets avait été installé à la place, les émissions auraient pu être réduites de 12 % tout en produisant de l’électricité pour satisfaire la demande énergétique croissante du pays. En outre, le projet aurait permis de réduire considérablement les besoins en gaz naturel importé. Les 370 000 MBtu de gaz de décharge utilisés auraient une valeur marchande de 20 millions de dollars. Cette étude de cas illustre l’ampleur des avantages à la fois économiques et environnementaux qui peuvent être obtenus si des systèmes de valorisation énergétique des déchets sont installés dans les décharges en Tunisie.

L’étude de cas porte sur le déploiement de 50 000 véhicules électriques d’ici 2025, avec une croissance soutenue du marché par la suite. Le remplacement des véhicules à moteur à combustion interne par des véhicules électriques pourrait réduire les importations de carburant de 660 millions de Dollars US sur la période 2020 - 2030, offrant des avantages en matière de sécurité énergétique et de qualité de l’air. Le déploiement de ces véhicules présente également des opportunités de création d’emplois dans la fabrication et la maintenance des véhicules eux-mêmes ainsi que des infrastructures de recharge. En plus des avantages environnementaux et économiques susmentionnés, les flottes de véhicules électriques présentent des opportunités de croissance mutuelle pour l’énergie verte en Tunisie, en offrant des possibilités de stockage à grande échelle pour les sources d’énergie intermittentes dont l’énergie solaire.

L’étude de cas se concentre sur la réduction du ratio clinker/ciment, en substituant partiellement le clinker à d’autres produits minéraux. En réduisant le ratio clinker/ciment à 74 % d’ici 2030 (par rapport à une valeur initiale de 85 %), la Tunisie pourrait non seulement réduire les émissions associées à la production de ciment, mais aussi économiser 330 millions de dollars en coûts énergétiques. L’énergie étant le coût d’entrée le plus important du ciment, cette mesure pourrait renforcer la compétitivité de ce secteur stratégique.

(8)

La Tunisie s’est engagée à intégrer la dimension genre dans les programmes d’atténuation du changement climatique et dans le développement d’une économie verte. Reconnaissant la vulnérabilité particulière des femmes au changement climatique, la troisième communication nationale de la Tunisie à la CCNUCC a inclus le genre comme une question transversale.2 Cet élan s’est poursuivi, le Ministère de la Femme, de la Famille et des Seniors étant en train de préparer un plan d’action national sur le genre et le climat pour améliorer la participation des femmes à la prise de décision et leur garantir l’accès à l’innovation verte.

Selon la méthodologie développée par ONU Femmes, les actions d’atténuation discutées dans ce rapport peuvent générer un impact neutre sur la lutte contre les inégalités de genre et la transformation de la vie des femmes. Ce rapport évalue les activités d’atténuation de chaque secteur sur le genre et fournit des recommandations pour s’assurer que les actions d’atténuation assurent l’égalité de genre, contribuant ainsi à soutenir l’engagement du gouvernement tunisien à intégrer le genre dans les programmes d’atténuation du changement climatique.

1 CCNUCC (2015). CDN de la Tunisie. Disponible sur : https://www4.Unfccc.int/sites/ndcstaging/PublishedDocuments/Tunisia%20First/INDC-Tunisia-English%20Version.pdf 2 Troisième communication nationale de la Tunisie à la CCNUCC (2019) Disponible sur : https://unfccc.int/sites/default/files/resource/Synthese%20Ang%20Finalise%20Tunisia.pdf

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LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 9

Introduction

Le processus actuel de mise à jour de la contribution déterminée au niveau national (CDN) de la Tunisie représente une opportunité clé pour relever l’ambition des mesures d’atténuation dans des secteurs précédemment négligés. La CDN de 2015 engageait la Tunisie à réduire l’intensité carbone de son activité économique de 41% d’ici 2030, par rapport à 2010.

Les actions à l’origine de cet objectif étaient concentrées dans le seul secteur de l’énergie, avec un objectif sectoriel de réduction de l’intensité carbone de 46 %. Alors que la Tunisie met à jour sa CDN, il est important de continuer à renforcer la crédibilité de ces objectifs et de maintenir l’appui politique pour les actions sous-jacentes. Pour faciliter cela, ce rapport vise à illustrer l’idée que les investissements dans la transition vers une économie à faible émission de carbone sont des choix économiques intelligents bons pour l’emploi et la croissance économique, et pas seulement pour le climat. En se concentrant sur les secteurs des déchets, du transport et de l’industrie, ce rapport vise également à attirer l’attention sur des secteurs importants qui n’ont pas encore reçu autant d’attention que le secteur de l’énergie et qui sont significatifs pour la Tunisie en termes de contribution aux émissions, à l’emploi et à la croissance économique.

L’urbanisation rapide et l’évolution du mode de vie de la population ont contribué à l’augmentation des niveaux de déchets solides, avec l’augmentation des émissions qui en découle. En outre, l’augmentation de la population urbaine³ et l’évolution du mode de vie4 ont entraîné une augmentation des déchets solides municipaux (DSM)⁵. Dans l’ensemble, le secteur des déchets est responsable de 7,2% des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) de la Tunisie (3,1 MtCO2 e), dont la majorité (2,7 MtCO2e) est constituée de méthane résultant de la décomposition des matières organiques dans les décharges.

La CDN 2015 de la Tunisie prévoit des mesures pour le captage et le torchage du gaz de décharge, mais une réduction encore plus importante pourrait être obtenue en exploitant le gaz de décharge pour la production d’électricité, ce qui pourrait également remplacer les importations de gaz naturel en provenance d’Algérie.

Pour atteindre ces objectifs, ce rapport quantifie les avantages potentiels associés aux mesures d’atténuation dans chacun des trois secteurs, en adoptant une approche d’étude de cas pour illustrer des exemples d’actions dans le contexte tunisien.

Les études de cas ont été approuvées et validées par le Ministère des Affaires locales et de l’Environnement, le Ministère des Affaires étrangères, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, le Ministère de la Santé, le Ministère des Transports, le Ministère du Tourisme, l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie et l’Office national de l’assainissement, ainsi que par des experts de la GIZ et de l’ONUDI. Les études de cas choisies dans chaque secteur sont décrites ci-dessous. Les détails de la méthodologie se trouvent à l’annexe 1.

Les émissions du secteur des transports en Tunisie sont importantes et continuent de croître, notamment en raison de l’augmentation du nombre de voitures privées, la croissance urbaine dépassant les investissements dans les transports publics. Le secteur des transports est responsable de 20% des émissions nationales de GES et de 26% des émissions de GES liées à l’énergie,6 tandis que les émissions ont augmenté de manière substantielle au cours des dernières années en raison de l’augmentation considérable du nombre de voitures privées,7 la croissance urbaine et l’urbanisation dépassant les investissements dans les transports publics. L’étude de cas quantifie les avantages d’un déploiement étendu des véhicules électriques pour atteindre l’objectif de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) de 50 000 véhicules électriques d’ici 2025, en supposant que cela catalyse une croissance durable du marché. En évaluant les co-bénéfices économiques, cette analyse estime la création d’emplois liée à l’installation, l’exploitation et la maintenance des infrastructures de recharge. En outre, elle estime également les économies de carburant résultant du déplacement des véhicules à moteur à combustion interne. L’analyse quantifie également les avantages de la réduction de la pollution atmosphérique sur la santé de la population.

L’étude de cas d’investissement choisie dans le secteur des déchets est un projet énergétique visant à exploiter les gaz de décharge pour produire de l’électricité.

L’étude de cas d’investissement choisie dans le secteur des

transports se focalise sur l’expansion du déploiement des véhicules électriques.

7.2 %

20 %

le secteur des déchets est responsable de 7,2% des

émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES)

e secteur des transports est responsable de 20%

des émissions nationales de GES

3.1

MtCO2e

3 La population urbaine en Tunisie - en tant que part de la population totale - a augmenté de 63,4% en 2000 à 69,6% en 2020. Banque mondiale (2020). Population urbaine en % de la population totale. Disponible sur : https://data.worldbank.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS

4 Observé par l’augmentation de la quantité et de la diversité des déchets solides municipaux à Tunis, comme le rapporte Aydi, A. et al (2013). Gestion des déchets solides municipaux dans la ville de Tunis, Tunisie. Disponible à l’adresse : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0956053X13002110?via%3Dihub

5 Aydi, A. et al (2013). Gestion des déchets solides municipaux dans la ville de Tunis, Tunisie. Disponible à l’adresse : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0956053X13002110?via%3Dihub 6 GIZ (2019). Le concept d’atténuation des GES de la politique nationale de mobilité urbaine de la Tunisie. Disponible à l’adresse suivante : https://www.changing-transport.org/publication/ghg-mitiga- tion-concept-tunisia/

7 Le parc automobile en Tunisie croît chaque année à un rythme de 70 000-80 000 véhicules, à partir d’une base relativement faible. Carnis et al (2018) Revue des capacités Tunisie. Disponible sur : https://

ec.europa.eu/research/participants/documents/downloadPublic?documentIds=080166e5bb0d625d&appId=PPGMStheir relevant stakeholders. In this regard, they communicate the industry’s views on all technical, environmental, energy and downstream issues and policy development.

(10)

L’analyse de genre fournie dans le rapport est centrée sur la notation des activités et des avantages en fonction de la façon dont ils transforment la vie des femmes. Étant donné la nature d’étude de cas de l’analyse, les activités manquent du détail nécessaire pour évaluer comment les activités différencient les groupes cibles. Par conséquent, l’analyse suggère quelques recommandations sur la façon dont les activités pourraient être conçues pour être sensibles au genre et soutenir la participation des femmes dans les actions d’atténuation.

Suite aux résultats des études de cas, tels que présentés dans les sections 2, 3 et 4, l’étude fait également état du secteur de l’énergie dans la section 5. Grâce à une analyse documentaire, cette section décrit les plans actuels d’atténuation dans le secteur, tels qu’ils sont définis dans la CDN existante de la Tunisie, le Plan solaire tunisien (PST) et le Plan d’action pour les énergies renouvelables, en soulignant en outre les avantages économiques connexes et attendus de ces actions.

Le secteur du ciment représente plus des trois quarts des émissions industrielles, étant responsable de 8,3 MtCO2e, soit plus de 14% des émissions brutes nationales de GES en 2017. La CDN actuelle de la Tunisie identifie une opportunité de réduire les émissions cumulées du secteur du ciment de 20 MtCO2e entre 2017-2030. Pour démontrer l’impact des actions d’atténuation dans ce secteur, l’étude de cas se concentre sur la diminution du ratio clinker/ciment. La production du produit intermédiaire, le clinker, représente 85 % des émissions de la production de ciment , principalement en raison de la décarbonisation du calcaire, ainsi que des niveaux élevés d’émissions thermiques car des températures élevées sont nécessaires pour cette réaction chimique. Le remplacement du clinker par d’autres composants minéraux finement broyés permet d’éviter certaines de ces émissions.

L’étude de cas estime spécifiquement les avantages de la réduction du ratio de clinker pour qu’il soit conforme à la moyenne de CEMBUREAU d’ici 2025 et conforme aux objectifs de CEMBUREAU à partir de cette date. Ces avantages se traduisent par une réduction de la consommation d’énergie, ce qui renforce la sécurité énergétique et réduit la pollution atmosphérique.

L’analyse fait également la distinction entre l’étude de cas spécifique et l’action d’atténuation plus large au sein du secteur.

Conformément aux directives d’ONU Femmes , les activités se voient attribuer l’un des cinq scores suivants :

Cette analyse complémentaire de genre reflète l’importance de l’intégration du genre dans les actions d’atténuation.

L’étude de cas d’investissement choisie dans le secteur industriel porte sur la réduction du ratio de clinker dans la fabrication du ciment.

14 %

The cement sector is responsible for more than

14% of national gross GHG emissions in 2017

8.3

MtCO2e

5

1 Négatif:

les relations et stéréotypes culturels et fondés sur le genre sont utilisés pour atteindre un objectif spécifique, ils renforcent les normes fondées sur le genre inéquitables ou en tirent profit

3 Sensible:

comprend des mesures visant à neutraliser l’inégalité entre les sexes et les inégalités auxquelles sont confrontés les groupes vulnérables, ou à prendre en compte les inégalités existantes dans la réalisation d’autres objectifs, garantit que les processus et les activités n’exacerbent pas les inégalités entre les sexes

2 Neutre:

le genre et les groupes vulnérables ne sont pas considérés comme un aspect pertinent et les stéréotypes ne sont pas pris en compte, il fonctionne autour des normes de genre et culturelles existantes

4 Positif/réceptif:

activités visant à modifier les modèles et les relations existants, à assurer une distribution équitable des avantages, des ressources, du statut et des droits, mais ne s’attaquant pas aux causes profondes des inégalités

Transformatives:

celles qui visent à changer les relations existantes, les normes et les valeurs culturelles, les structures de pouvoir et les racines des inégalités.

8 GIZ. Alternative fuels: a solution sustainable development in the cement sector 9 PMR (2018). Tunisia Market Readiness Proposal.

10 PMR (2014). Organizing Framework for Scoping of PMR Activities.

11 CEMBUREAU is a professional association of the cement industry comprising 29 European members and Turkey. Their primary audience is Europe both policymakers and

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Secteur des déchets :

Constatations 2

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Introduction et contexte

Le secteur des déchets en Tunisie est responsable d’émissions annuelles de 3,1 MtCO2e, soit l’équivalent de 7,2% des émissions annuelles de GES du pays.

Ces projets ont été mis en œuvre en 2008 et devraient permettre de réduire les émissions cumulées de 6876 ktCO2e d’ici 2030, pour un coût d’investissement de 11,3 millions USD. 23 La quantité de déchets solides ménagers produits en Tunisie augmente à un taux annuel moyen de 2,5 %, une augmentation alimentée par l’urbanisation et les changements de mode de vie. , L’augmentation des déchets solides municipaux pose un problème pour les objectifs d’atténuation de la Tunisie, car la décomposition des déchets solides municipaux, industriels et autres éliminés dans les décharges produit des quantités importantes de méthane (CH4). En tant que GES ayant un potentiel de réchauffement global 27,9 fois plus élevé que le dioxyde de carbone (CO 2) sur une période de 100 ans , la réduction des émissions de méthane provenant du secteur des déchets est une question urgente pour les gouvernements qui cherchent à respecter leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Paris.

La Tunisie dispose d’un cadre juridique établissant une approche durable de la gestion des déchets solides (GDS). La législation de base de la GDS est définie dans la loi 96-41, qui met en place le cadre des pratiques de GDS. Cette loi établit dans ses objectifs principaux la réduction des déchets à la source et leur réutilisation comme source d’énergie. Le recours aux décharges ne survient qu’en dernier lieu, lorsqu’aucun autre recyclage ou récupération n’est possible. Le respect de ces objectifs est assuré par le Ministère des affaires locales et de l’environnement (MALE), l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) et l’agence nationale de gestion des déchets (ANGED), bien que les municipalités soient entièrement responsables de la gestion des déchets ménagers.*

La Tunisie a déjà pris certaines mesures pour réduire les émissions associées aux déchets des décharges en lançant des initiatives de Mécanisme de Développement Propre (MDP) qui visent l’installation de systèmes de récupération et de torchage des gaz de décharge dans 10 décharges, dont la plus grande du pays, celle de Djebel Chekir. , En capturant et en brûlant le CH4 contenu dans les gaz de décharge, ces installations convertissent le CH4 en CO2 et en eau. Le CO2 ayant un potentiel de réchauffement planétaire inférieur à celui du CH4. Cette politique d’atténuation s’est avérée efficace.

MtCO2e

3.1

7.2 %

of the country’s annual GHG emissions

2008

11.3 millions USD

6,876 ktCO2e

les émissions

cumulées d’ici 2030 coût d’investissement

12 CEMBUREAU. Cementing the European Green Deal.

13 UN Women (2016) Gender and climate change – training handbook. Available at: https://inovacije.klimatskepromene.rs/wp-content/uploads/2020/08/Training-Handbook_Web-ENG.pdf

14 GIZ (2014). Report on the Solid Waste Management in Tunisia. Available at: https://www.retech-germany.net/fileadmin/retech/05_mediathek/laenderinformationen/Tunesien_laenderprofile_sweep_net.pdf 15 Urban population in Tunisia – as a share of total population – increased from 63.4% in 2000 to 69.6% in 2020. World Bank (2020). Urban population as a % of total population. Available at: https://data.wor- ldbank.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS

16 Observed by the increased quantity and diversity of MSW in Tunis, as reported by Aydi, A. et al (2013). Municipal Solid Waste Management in Tunis City, Tunisia. Available at: https://www.sciencedirect.com/

science/article/pii/S0956053X13002110?via%3Dihub

17Aydi, A. et al (2013). Municipal Solid Waste Management in Tunis City, Tunisia. Available at: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0956053X13002110?via%3Dihub 18 IPCC (2021). Sixth Assessment Report – Climate Change: The Physical Science Basis. Available at: https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_Full_Report.pdf 19 UNFCCC (2019). Circular Economy Crucial for Paris Climate Goals. Available at: https://unfccc.int/news/circular-economy-crucial-for-paris-climate-goals

20 Hassen, A. et al (2021). Waste and biomass management in Tunisia: Current situation and opportunities for renewable fuels production. Available at: https://www.researchgate.net/publication/350278391_

WASTE_AND_BIOMASS_MANAGEMENT_IN_TUNISIA_CURRENT_SITUATION_AND_OPPORTUNITIES_FOR_RENEWABLE_FUELS_PRODUCTION 21 CDM (2018). Djebel Chekir Landfill Gas Recovery and Flaring Project – Tunisia. Available at: https://cdm.unfccc.int/Projects/DB/DNV-CUK1151885381.07/view 22 CDM (2018). Landfill Gas Recovery and Flaring for 9 bundled landfills in Tunisia. Available at: https://cdm.unfccc.int/Projects/DB/DNV-CUK1157359296.95/view

(13)

LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 13

La Tunisie aurait besoin de 17 milliards de dollars US sur la période 2015-2030 pour atteindre ses objectifs d’atténuation, dont 70 millions de dollars US sont

destinés au secteur des déchets solides.

Les efforts de la Tunisie afin de réduire davantage les émissions du secteur des déchets sont exposés dans sa CDN et dans les mesures d’atténuation appropriées au niveau national (MAAN). Selon sa CDN,

Les mesures comprennent des programmes visant à introduire des systèmes de dégazage dans les décharges contrôlées et à récupérer l’électricité des gaz captés, au moins dans les plus grandes décharges sanitaires (SLF). Ces objectifs sont renforcés par les NAMAs de la Tunisie , qui comprennent également des plans de valorisation énergétique du CH4 émis par les décharges contrôlées.

La réduction des émissions provenant du secteur des déchets nécessite une approche globale impliquant un ensemble de solutions technologiques et réglementaires. Une stratégie intégrée de gestion des déchets solides nécessitera des objectifs de prévention des déchets, une amélioration des taux de recyclage, le compostage et la valorisation énergétique.

Parmi les autres options plus sophistiquées, citons l’installation de systèmes de captage et de stockage du carbone (CSC) dans les usines de production d’énergie à partir de déchets , pour lequel existe un intérêt croissant dans l’espace financier mondial consacré au climat. Toutes ces options de réduction des émissions nécessiteront une amélioration de la collecte, de la gestion et du traitement des déchets. La collecte des déchets solides municipaux reste inégale : 80 % dans les zones urbaines et 10 % dans les zones rurales. De nombreuses décharges municipales ne répondent pas aux normes sanitaires et 20 % des déchets sont mis en décharge, ce qui entraîne des dommages environnementaux plus importants.

L’analyse de l’étude de cas ci-dessous se concentre sur l’utilisation du LFG pour la production d’électricité. En raison de la teneur élevée en matières organiques de ses déchets solides, la Tunisie a un fort potentiel de capture et d’utilisation du gaz d’échappement comme source d’énergie potentielle. Le gaz d’échappement est un sous-produit naturel de la décomposition des matières organiques dans les décharges et contient 50% de CH4 et 50% de CO2. waste at small-scale facilities,32 progress on biogas recovery from landfills has been stalled.33

Avec un pouvoir calorifique d’environ 500 Btu par pied cube standard (ft3), les gaz d’enfouissement sont une source d’énergie durable qui peut être convertie en électricité par des moteurs ou des turbines. Comme 68% des déchets solides municipaux en Tunisie sont constitués de composés organiques, le potentiel de capture et d’utilisation des gaz d’échappement comme source d’énergie est important. Bien que la Tunisie ait une certaine expérience de la récupération de l’énergie à partir des déchets dans des installations à petite échelle , les progrès en matière de récupération du biogaz dans les décharges sont au point mort. La décarbonisation du système énergétique étant au cœur des stratégies climatiques du pays, la valorisation énergétique des déchets est une alternative qui peut faire progresser la Tunisie dans ses objectifs d’énergie renouvelable tout en réduisant les émissions de GES, servant à la fois l’ODD 7 (énergie propre et abordable) et l’ODD 11 (villes et communautés durables).

2015 - 2030

17 milliards de dollars US 70 million de dollars US

objectifs d’atténuation secteur des déchets solides

23 UNEP DTU Partnership (2021). CDM pipeline database. Available at: https://cdmpipeline.org/

24 UNFCCC (2015). Tunisia NDC. Available at: https://www4.unfccc.int/sites/ndcstaging/PublishedDocuments/Tunisia%20First/INDC-Tunisia-English%20Version.pdf 25 The removal of gaseous components from waste through ventilation or flaring systems.

26 NAMAs are aimed at achieving a reduction in emissions relative to ‘business as usual’ scenarios. Although NAMAs are not a new concept, there is renewed interest post-Paris in using NAMAs as a vehicle to drive the implementation of NDCs. See more at: IISD (2016). NAMAs as a vehicle for driving NDC implementation. Available at: http://sdg.iisd.org/

commentary/guest-articles/namas-as-a-vehicle-for-driving-ndc-implementation/

27 UNFCCC (n/d). Nama map - Pre-2020 action by countries. Available at: https://unfccc.int/topics/mitigation/workstreams/nationally-appropriate-mitigation-actions/nama-map- pre-2020-action-by-countries

28 Climate Change Committee (2020). The Sixth Carbon Budget: Waste. Available at: https://www.theccc.org.uk/wp-content/uploads/2020/12/Sector-summary-Waste.pdf 29 Global CCS Institute (2019). Financing CCS in developing countries. Available at: https://www.globalccsinstitute.com/resources/publications-reports-research/finan- cing-ccs-in-developing-countries/

30 EPA (2020). LFG Energy Project Development Handbook. Available at: https://www.epa.gov/lmop/landfill-gas-energy-project-development-handbook 31 Ibid.

32 Bir El Kassa biogas production unit from vegetable waste, or Chotrana biogas production unit from sewage sludge waste: Hasse, A. et al (2021). Waste and biomass mana- gement in Tunisia: Current situation and opportunities for renewables fuels production. Available at: Hasse, A. et al (2021). Waste and biomass management in Tunisia: Current situation and opportunities for renewables fuels production. Available at: https://www.researchgate.net/publication/350278391_WASTE_AND_BIOMASS_MANAGEMENT_IN_

TUNISIA_CURRENT_SITUATION_AND_OPPORTUNITIES_FOR_RENEWABLE_FUELS_PRODUCTION/link/6058907692851cd8ce5ac145/download

33 Hasse, A. et al (2021). Waste and biomass management in Tunisia: Current situation and opportunities for renewables fuels production. Available at: https://www.re- searchgate.net/publication/350278391_WASTE_AND_BIOMASS_MANAGEMENT_

34 AlQattan, N. et al (2018). Reviewing the potential of Waste-to-Energy (WTE) technologies for Sustainable Development Goal (SDG) numbers seven and eleven. Available at:

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1755008418301297

(14)

Cette étude de cas est basée sur le projet de récupération et de torchage du gaz d’enfouissement de Djebel Chekir mis en oeuvre par le biais du MDP en 2008.38 Comme cinq de ses six cellules sont maintenant à pleine capacité39, l’installation d’un projet de valorisation énergétique des déchets conduirait à des résultats inefficaces en termes de gaz d’échappement capturé, de réduction des émissions et de résultats économiques. Au lieu de cela, cette étude de cas se concentre sur la réponse à la question suivante : quels auraient été les avantages si le projet énergétique avait été installé simultanément avec le système de capture et de torchage ? Cette question a également été choisie en raison de sa reproductibilité dans d’autres décharges en Tunisie. En effet, cet exercice suppose que le système de capture et d’utilisation du LFG est installé à un stade précoce de la vie opérationnelle de la décharge.

L’utilisation des gaz d’enfouissement pour la production d’électricité présente deux avantages principaux : la réduction des émissions et l’amélioration de la sécurité énergétique. Premièrement, l’utilisation des gaz d’enfouissement pour la production d’électricité génère des émissions à partir de deux sources : a) la combustion pour la production d’électricité et b) le brûlage des gaz résiduels. La première source n’augmente pas les émissions nationales car l’analyse suppose que le LFG remplace le gaz naturel, de sorte que l’intensité des émissions de la production d’électricité reste inchangée. Par conséquent, les réductions d’émissions résultent de la deuxième option, où les volumes de CH4 brûlés à la torche dans le cadre du scénario d’étude de cas sont sensiblement inférieurs à ceux du scénario de référence, ce qui entraîne une diminution des émissions globales - voir la figure 1. Le deuxième avantage résulte du déplacement d’autres sources de combustible : en réduisant les importations de gaz naturel, ce projet peut améliorer la sécurité énergétique.

L’étude de cas se concentre spécifiquement sur les avantages de l’introduction d’un projet énergétique dans les décharges contrôlées. Cependant, l’extension de ce projet à l’ensemble de la Tunisie nécessitera une amélioration de la gestion des déchets, ce qui aura des effets supplémentaires sur l’environnement et la santé. Les décharges contrôlées et sanitaires réduisent la pollution de l’air, limitent la contamination des sols, des eaux souterraines et des cours d’eau par des substances toxiques et des lixiviats et préviennent les maladies vectorielles. La collecte des gaz d’échappement améliore la sécurité en réduisant la migration des gaz vers les structures, où les gaz piégés ou accumulés peuvent créer des risques d’explosion.40 L’amélioration de la GDS permettrait également de créer des emplois et aurait le potentiel d’améliorer les conditions des personnes vulnérables travaillant dans le secteur.

Étude de cas : Djebel Chekir

La décharge de Djebel Chekir a été créée en 1999 et est située dans le gouvernorat de Tunis à Borj Chekir. Elle reçoit les déchets de Tunis, de l’Ariana, de la Manouba et de Ben Arous , qui représentent 40% des déchets domestiques nationaux produits. C’est la plus grande décharge du pays, avec une capacité de 7 millions de tonnes de déchets solides municipaux répartis dans six cellules. 77% de la composition de ses déchets est issue des matières organiques (c’est-à-dire des déchets alimentaires, du papier, du bois et de la paille). Ces conditions (flux de déchets important et sa composition organique élevée) font de Djebel Chekir une étude de cas idéale pour évaluer les avantages économiques

Tunis Governorate in Borj Chakir

Receives waste from Tunis, Ariana, Manouba and Ben Arous 40%

77%

of the national domestic waste produced

organic material of its waste composition 7 million Tons of MSW

35 Environmental Justice Atlas (2017). Borj Chakir landfill, Tunisia. Available at: https://ejatlas.org/conflict/borj-chakir-landfill-tunisia

36 EIB (2007). Study on CDM project identification in FEMIP countries. Available at: https://www.eib.org/attachments/country/study_on_clean_development_mechanism_en.pdf 37 Environmental Justice Atlas (2017). Borj Chakir landfill, Tunisia. Available at: https://ejatlas.org/conflict/borj-chakir-landfill-tunisia

38 CDM (2018). Djebel Chekir Landfill Gas Recovery and Flaring Project – Tunisia. Available at: https://cdm.unfccc.int/Projects/DB/DNV-CUK1151885381.07/view 39 CDM (2018). Djebel Chekir Landfill Gas Recovery and Flaring Project – Tunisia. Available at: https://cdm.unfccc.int/Projects/DB/DNV-CUK1151885381.07/view..

40 Health Protection Agency (2011). Impact on health of emissions from landfill sites. Available at: https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/334356/

RCE-18_for_website_with_security.pdf

(15)

LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 15

300 250 200 150 100 50 0

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024

14,000 16,000

12,000 10,000 8,000 6,000 4,000 2,000

CO2 emissions (intervention)

CO2 emissions (absence of the project)

MtCO2

Figure 1: Methane flared & emissions reductions associated with the intervention

Si toutes les décharges équipées de systèmes de récupération et de torchage des gaz d’enfouissement installaient des systèmes de production d’électricité, les émissions du secteur pourraient être réduites de 4,2 MtCO2e d’ici 2030.

L’utilisation des gaz d’échappement comme source d’énergie à partir de la plus grande décharge de Tunisie pourrait réduire la quantité de méthane brûlé à la

4.2 MtCO2e 2030

Bénéfice 1 : Réduction des émissions

Dans le scénario de base « sans intervention », le projet de récupération et de torchage des gaz d’enfouissement aurait entraîné le torchage de 3700 millions de pieds3 de méthane entre 2010 et 2024. Avec le projet de production d’électricité de l’étude de cas, au cours de la même période, le torchage aurait été réduit à 900 millions de pieds3, soit une réduction de 76 %. La réduction du torchage du méthane au cours de cette période aurait permis d’éviter 150 ktCO’2 d’émissions41. La figure 1 montre la réduction annuelle des émissions associée au projet.

(16)

En Tunisie, les déchets sont responsables d’émissions de 3,1 MtCO2e par an, représentant 7,2 % des émissions de GES en 2017. Sur la base des tendances actuelles42, le secteur des déchets devrait émettre 36 MtCO2e entre 2021 et 2030.

Si les décharges dotées de systèmes existants de récupération et de torchage des gaz d’enfouissement produisaient de l’électricité, 4,2 MtCO2e pourraient être évitées d’ici 2030 - ce qui équivaut à 12 % des émissions de GES liées aux déchets. Ces avantages en matière d’atténuation sont équivalents à 21% et 16% des objectifs de réduction des émissions établis, respectivement dans le cadre des objectifs inconditionnels et conditionnels de la CDN de la Tunisie.

Cependant, les réductions d’émissions pourraient être encore plus importantes si les décharges sans systèmes de récupération et de torchage étaient prises en compte, puisque la production d’électricité remplacerait les émissions directes de CH4 - actuellement, 97 % des DSM en Tunisie sont déposés dans des décharges contrôlées où la conformité aux procédures de contrôle technique43, telles que les systèmes de capture et de torchage, est obligatoire. Pour combler cette lacune, le programme national de gestion des déchets solides visait à fermer 400 décharges ; cependant, les résultats ont été limités à ce jour, car la plupart d’entre elles restent ouvertes et non contrôlées. 44

42 Les émissions de GES du secteur des déchets en Tunisie ont augmenté à un taux de croissance annuel moyen de 1,7% sur la période 2000-2017.

43 Abdulrahhman, A. (2021). Gestion des déchets solides en Tunisie. Disponible sur : https://www.ecomena.org/solid-waste-management-tunisia/

44 WWF (2019). Arrêter le déluge de plastique : Un guide pour les décideurs politiques en Tunisie. Disponible à l’adresse : http://awsassets.panda.org/downloads/05062019_

wwf_tunisia_guidebook.pdf

45 En utilisant un facteur de conversion de 1 TJ = 948 millions de BTU (MBtu), conformément à Convert Measurement Units (n/d). Calculateur de conversion des unités de mesure. Disponible à l’adresse : https://www.convert-measurement-units.com/conversion-calculator.php

Bénéfice 2 : Amélioration de la sécurité énergétique

En exploitant le LFG pour produire de l’électricité, la Tunisie peut réduire sa dépendance aux importations étrangères. Après avoir été un exportateur net de gaz avant 2000, la Tunisie dépend désormais des importations de gaz pour satisfaire ses besoins en énergie primaire - elle importera 123 875 160 MBtu par an en 201945, avec un taux de croissance annuel moyen de 5,8 % (1999-2019).46 Le réseau tunisien dépend fortement du gaz naturel : 97 % de la capacité installée de la Tunisie est associée à la combustion du gaz naturel et pourtant la production nationale a diminué.47 Étant donné que la proportion élevée de contenu organique signifie que les DSM tunisiens produisent de grandes quantités de gaz naturel liquéfié, la Tunisie a la possibilité de réduire sa dépendance au gaz naturel étranger en le remplaçant par du gaz naturel liquéfié produit et exploité dans ses propres décharges.

Une efficacité accrue peut encore augmenter la sécurité énergétique. La quantité d’électricité que la Tunisie peut produire à partir de l’exploitation des gaz d’enfouissement générés dans ses décharges peut encore augmenter si les meilleures pratiques internationales sont suivies. Les données suggèrent que l’efficacité de la collecte des gaz d’enfouissement en Tunisie est de 33 %49, ce qui est inférieur aux efficacités standard dans le monde, qui vont de 50 % à 95 %.50 Cela signifie que deux tiers du gaz d’enfouissement généré dans les décharges équipées de systèmes de dégazage sont rejetés dans l’atmosphère. En supposant que le projet énergétique capture 85 % des gaz d’enfouissement - conformément au taux d’efficacité suggéré par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) - et que toutes les autres choses restent égales, l’électricité produite augmenterait de 160 %. En outre, en captant davantage de gaz d’échappement, la quantité de CO2 évitée grâce à la réduction du brûlage à la torche augmenterait dans les mêmes proportions, passant de 150 ktCO2 avec un taux d’efficacité de 33 % à 390 ktCO2 sur la période 2010-2024.

En exploitant le LFG produit à Djebel Chekir, la Tunisie aurait pu économiser plus de 20 millions USD (2021) d’importations de gaz naturel sur la période 2010-2024.

La capture et l’utilisation du LFG pour générer de l’électricité sur le site de Djebel Chekir pourrait permettre d’exploiter 370 000 MBtu/an de gaz LFG sur la période 2010-2024. Cela se traduit par des économies cumulées de 20 millions USD sur cette période, soit 1,4 million USD par an en moyenne.48 Le flux de déchets de Djebel Chekir au cours de cette période et la quantité de gaz d’enfouissement effectivement collecté et exploité sur le site se traduisent par 8,5 USD/tonne de déchets. Ce chiffre montre l’ampleur des avantages que cette technologie pourrait apporter si elle était reproduite dans chacune des décharges du pays. Cependant, il est important de préciser que ce chiffre est sensible à un certain nombre de facteurs, notamment la composition des déchets, les prix du gaz naturel, les taux d’efficacité de la collecte du gaz naturel, le facteur de capacité du moteur, entre autres.

20 million USD

2021

(17)

LE CAS ECONOMIQUE DE L’ATTENUATION EN TUNISIE

Septembre 2021 17

Encadré 1 : Réserves de change

En exploitant le LFG produit dans ses propres décharges, la Tunisie peut réduire les importations de gaz naturel d’Algérie et/ou les importations de GNL des marchés internationaux. Cela pourrait potentiellement augmenter les réserves de devises étrangères de la Tunisie et pourrait également aider à maintenir le taux de change. Cependant, l’impact que cela pourrait avoir sur les réserves de devises réelles est négligeable - les économies accumulées grâce à l’utilisation du LFG de la décharge de Djebel Chekir pour produire de l’électricité se traduisent par 20 millions USD sur la période 2010-2024, ce qui est minime par rapport aux réserves officielles de devises de la Tunisie - 9,2 milliards USD (2020).51

47 85 % de la capacité installée provient de turbines à gaz à cycle ouvert et combiné, et 12 % d’unités de vapeur à double combustible (utilisant du gaz naturel et du fioul lourd).

La Banque mondiale (2018). Projet d’amélioration de la performance du secteur énergétique en Tunisie. Disponible à l’adresse suivante : https://documents1.worldbank.org/

curated/en/241221549641861408/pdf/Concept-Project-Information-Document-Integrated-Safeguards-Data-Sheet-Energy-Sector-Performance-Improvement-Project-P168273.pdf 48 En supposant que la durée de vie d’un projet énergétique est de 15 ans. Les prix du gaz naturel ont été obtenus à partir des données historiques de l’AIE et les prévisions des prix du gaz naturel de l’UE à partir de l’AIE (2020). Perspectives énergétiques mondiales 2020. Disponible à l’adresse : https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2020 49 Abdelwahab, A. (2012). Valorisation énergétique d’un gaz de décharge de déchets solides municipaux (DSM) : Une étude de cas tunisienne. Disponible à l’adresse : https://

www.hilarispublisher.com/open-access/energy-recovery-from-a-municipal-solid-waste-msw-landfill-gas-a-tunisian-case-study-2157-7587.1000137.pdf

50 Barlaz, M. et al (2009). Contrôles de l’efficacité de la collecte des gaz de décharge : performances instantanées et sur toute la durée de vie. Disponible à l’adresse : https://

pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20066905/

51 FMI (2021). Indicateurs sélectionnés de liquidité internationale. Disponible sur : https://data.imf.org/regular.aspx?key=61545856

52 OIT (2020) Emploi par sexe et par profession. Disponible à l’adresse : https://www.ilo.org/ilostat-files/Documents/Excel/INDICATOR/EMP_2EMP_SEX_OCU_NB_A_EN.xlsx

L’installation de machines pour convertir le LFG en électricité créera un petit nombre d’emplois d’installation à court terme et des postes d’exploitation et de maintenance permanents. Selon les estimations de l’OIT, 41% des opérateurs d’usines et de machines et des assembleurs en Tunisie sont des femmes, donc sans action ciblée. Il est probable que la création d’emplois sera orientée vers les hommes.52 L’électricité produite par le projet énergétique proposé alimentera directement le réseau, par conséquent le projet ne devrait pas modifier l’accès à l’électricité, ni le prix ou la fiabilité de l’électricité pour les ménages.

Au-delà de l’étude de cas spécifique, toutes les options de réduction dans le secteur des déchets nécessiteront une amélioration de la collecte, de la gestion et du traitement des déchets. L’amélioration de la GDS permettrait également de créer des emplois et aurait le potentiel d’améliorer les conditions des personnes vulnérables, les barbechas, qui travaillent dans le secteur (voir encadré 2). L’investissement dans la gestion des déchets, et en particulier la formalisation de la collecte des déchets, serait une activité « sensible » au genre. Les femmes barbechas sont confrontées à des problèmes particuliers en raison des exigences physiques de la collecte des déchets,5354 et du harcèlement qu’elles subissent de la part des hommes.55 Les femmes barbechas ont moins de pouvoir de négociation et sont donc obligées de vendre les déchets à des prix inférieurs aux marchands intermédiaires. Une réforme du système visant à améliorer l’intégration des barbechas dans les systèmes formels de collecte des déchets serait donc particulièrement bénéfique pour elles, car elle augmenterait la transparence des prix et garantirait que les femmes puissent recevoir une rémunération égale pour leur rôle dans la collecte des déchets.56 Pour assurer la « transformation », des mesures pourraient être prises pour établir les femmes barbechas

L’étude de cas sur l’utilisation du gaz d’échappement

Analyse de genre

Encadré 2 - Ramasseurs de déchets en

En Tunisie, le recyclage des déchets dépend en grande partie d’une main-d’oeuvre informelle de ramasseurs de déchets, ou barbechas. Cette main-d’oeuvre, dont le nombre est estimé à 15 000, ne bénéficie pas des droits des travailleurs ni d’une assurance maladie. Gagnant généralement entre 10 et 40 dinars tunisiens (3,50-14 USD) par jour, ces travailleurs vivent dans la pauvreté. a Le travail est dangereux, en particulier pour les femmes, et les barbechas sont exploitées par les marchands intermédiaires auxquels elles vendent leurs produits.

L’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED) gère un système public Eco-Lef pour la récupération et le recyclage des emballages usagés, en partenariat avec les autorités locales. Par le biais du système Eco-Lef, le secteur privé collecte les déchets d’emballages (principalement en achetant des matériaux aux barbechas) et vend les produits à l’ANGED. Cependant, le système Eco-Lef a subi des pressions, étant donné que les déchets collectés ont chuté d’un pic de 157 000 t en 2009 à 3 400 t en 2018.b Cela est dû en partie à la concurrence entre Eco-Lef et les entreprises de recyclage privées. Bien que les barbechas jouent un rôle important dans la récupération des matériaux pour le système Eco-Lef, elles n’ont pas de reconnaissance officielle et sont obligées d’accepter des prix plus bas de la part des intermédiaires que ceux qu’elles recevraient si elles pouvaient accéder directement à Eco-Lef.

Les investissements dans l’amélioration de la gestion des déchets offrent l’occasion non seulement de revitaliser les efforts de recyclage, mais aussi d’intégrer les barbechas dans les systèmes publics, en renforçant leurs droits et leurs conditions de travail.

a Fourdi. (2019). Alors que les ordures s’accumulent dans les villes tunisiennes, les ramasseurs de déchets demandent une reconnaissance. Disponible sur : https://www.reuters.com/article/us-tunisia-waste-rights-idUSKCN1UR300 b Prévenir les déchets (2020). Rapport pays - Tunisie. Disponible sur : https://prevent-waste.net/wp-content/uploads/2020/09/Tunisia.pdf

a. Fourdi. (2019). As garbage piles up in Tunisian cities, waste pickers demand recognition.

Available at: https://www.reuters.com/article/us-tunisia-waste-rights-idUSKCN1UR300

b. Prevent Waste (2020). Country report - Tunisia. Available at: https://prevent-waste.net/wp-content/uploads/2020/09/Tunisia.pdf

(18)

53 Les collecteurs de déchets (tels que les Barbechas) luttent dans la Tunisie post-révolution | EJAtlas 54 La force musculaire chez les femmes par rapport aux hommes | Livestrong.com

55 Alors que les ordures s’accumulent dans les villes tunisiennes, les ramasseurs de déchets demandent une reconnaissance | Al Arabiya English

56 Approches de la formalisation du secteur informel des déchets dans les systèmes municipaux de gestion des déchets solides dans les pays à revenu faible et intermédiaire : Examen des obstacles et des facteurs de réussite - ScienceDirect

57 Dignifier la vie des femmes dans la gestion des déchets : Challenges and Way forward - Practical Action

58 NREL (2017). Electrification et décarbonisation : Exploration de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis dans des scénarios avec électrification généralisée et décarbonisation du secteur de l’électricité. Disponible à l’adresse : https://www.nrel.gov/docs/fy17osti/68214.pdf

Conclusions

L’exploitation du gaz de décharge permettrait de réduire de 12

% les émissions du secteur des déchets tout en produisant de l’électricité pour satisfaire la demande énergétique croissante du pays.

L’électrification des services d’utilisation finale - associée à la décarbonisation de la production d’électricité - a été identifiée comme l’une des voies clés pour atteindre un avenir à faible émission de carbone.58 Comme 68% des émissions de GES du secteur des déchets en Tunisie proviennent du stockage des déchets solides59, trouver des solutions pour réduire les émissions des décharges est crucial pour atteindre les objectifs climatiques du pays. La valorisation énergétique des gaz d’enfouissement permettrait de réduire le brûlage à la torche tout en produisant de l’électricité pour répondre à la demande croissante d’électricité en Tunisie, qui a régulièrement augmenté de 5 % par an au cours de la dernière décennie.60 En utilisant le gaz de décharge, la Tunisie peut augmenter sa sécurité énergétique en réduisant sa dépendance au gaz naturel importé.

La quasi-totalité de l’électricité tunisienne est produite grâce au gaz naturel, en grande partie importé d’Algérie - les importations de gaz naturel ont augmenté de 210% au cours des 20 dernières années (1999-2019), avec une croissance de 6% en moyenne chaque année.61 Avec la hausse des prix internationaux, l’utilisation du gaz naturel liquéfié produit localement pour la production d’électricité pourrait réduire la vulnérabilité aux fluctuations des prix des hydrocarbures, tout en réduisant la pression sur les prix intérieurs, que le gouvernement a essayé d’atténuer par des subventions dans le passé.

L’analyse démontre que l’exploitation du LFG pour la production d’électricité est une option économiquement viable. Le tableau 1 résume les coûts d’investissement et d’exploitation associés à l’intervention, ainsi que les avantages monétisés des émissions évitées et des économies d’énergie. Le projet atteint un ratio avantages/

coûts de 2,2, ce qui indique une forte viabilité économique d’un point de vue sociétal.

Tableau 1 : Résumé des coûts et bénéfices (actualisés) (m USD) Acteurs Y0 Y1 Y2 Y3 Y4 Y5 Y6 Y7 Y8 Y9 Y10 Y11 Y12

USD (m) Costs Total installed CAPEX

Q&M costs Total costs Benefits GHG Emissions reductions Value of utilised LFG Total benefits Benefit: cost ratio

Actors Y0 Y1 Y2 Y3 Y4 Y5 Y6 Y7 Y8 Y9 Y10 Y11 Y12 Y13 Y14Y15 Total

ANGED ANGED

Society

ANGED | STEG 4.0 - 4.0

-

- -

- 0.4 0.4

0.6

1.5 2.0

- 0.3 0.3

0.5

1.3 1.8

- 0.3 0.3

0.5

1.1 1.6

- 0.3 0.3

0.4

1.0 1.5

- 0.3 0.3

0.4

0.9 1.3

- 0.2 0.2

0.4

0.8 1.2

- 0.2 0.2

0.4

0.7 1.1

- 0.2 0.2

0.3

0.6 0.9

- 0.2 0.2

0.3

0.5 0.9

- 0.2 0.2

0.3

0.5 0.8

- 0.2 0.2

0.3

0.4 0.7

- 0.2 0.2

0.3

0.4 0.7

- 0.2 0.2

0.3

0.4 0.6

- 0.1 0.1

0.3

0.3 0.6

- 0.1 0.1

0.3

0.3 0.6

4.0 3.4 7.4

5.5

10.7 15.8

59 PNUD (2012). Les émissions de gaz à effet de serre en Tunisie. Disponible sur : http://www.tn.undp.org/content/dam/tunisia/docs/Projets/Environement%20et%20Energie/

UNDP_TUN_TCN_Syn%20Ang.pdf

60 Société Tunisienne d’Electricité et du Gaz (2019). Intervention de M. Moncef HARRABI Président Directeur Général de la STEG. Disponible sur : https://renewables-grid.eu/

fileadmin/user_upload/images/Events/2019/Moncef_Harrabi_CEO_STEG_compressed.pdf

61 La Banque mondiale (2019). Projet d’amélioration de la performance du secteur de l’énergie : P168273. Disponible sur : https://documents1.worldbank.org/curated/

en/241221549641861408/pdf/Concept-Project-Information-Document-Integrated-Safeguards-Data-Sheet-Energy-Sector-Performance-Improvement-Project-P168273.pdf

(19)

Secteur des transports :

Constatations 3

(20)

Introduction et contexte

Le secteur des transports en Tunisie connaît une croissance rapide et constitue une source importante d’emplois. En 2016, le secteur représentait 7% du PIB national et 15% des investissements annuels en capital et employait directement 160 000 personnes (environ 4%

de la population active).62 Le secteur a également connu une croissance constante de 5 % chaque année et le nombre total de véhicules immatriculés a augmenté dans les mêmes proportions, la flotte s’accroissant chaque année au rythme d’environ 70 à 80 000 véhicules.63 64 Cette croissance est en grande partie due aux véhicules de tourisme individuels, qui représentent 62,5 % de tous les déplacements motorisés des individus, tandis que le transport de masse représente 37,5 %, les autobus étant la principale forme de transport de masse.

La CDN de la Tunisie indique que les mesures d’efficacité énergétique dans le secteur des transports pourraient contribuer à une réduction de 11% des émissions d’ici 2030 par rapport à 2010, soit jusqu’à 11 MtCO266. Une étude de MobiliseYour City a estimé les avantages en termes d’atténuation d’un ensemble de politiques plus ambitieuses dans le secteur, notamment l’amélioration de la qualité des carburants, le développement de la mobilité électrique, la promotion des carburants alternatifs, l’électrification des chemins de fer et l’extension des pistes cyclables et des voies piétonnes. L’étude a permis de constater que ces mesures permettraient d’éviter 21 MTCO2 d’émissions entre 2016 et 2030. Cependant, le gouvernement n’a pas encore publié de plan sectoriel détaillé décrivant la stratégie d’atténuation pour le secteur des transports.

Le plan d’action NUMP 2020-2025 décrit les actions à mener pour une mobilité urbaine plus sûre, plus propre et plus inclusive.67 La mise en oeuvre de NUMP dans 15 villes tunisiennes devrait contribuer à réduire les émissions de 1,2 MtCO2 d’ici 2030.68 Le gouvernement a également développé une NAMA pour le transport au niveau sous-national.69 Ces deux politiques - NUMP et NAMA - fournissent des lignes directrices sur la gouvernance et les mécanismes financiers ; la restructuration des transports publics ; la mobilité urbaine durable ; l’établissement d’un inventaire et de projections de GES basés sur les meilleures pratiques internationales en matière de surveillance, de déclaration et de vérification (MRV) ; et le développement des capacités dans le secteur des transports. 70

Le secteur des transports est responsable de 20% des émissions nationales de GES et de 26% des émissions de GES liées à l’énergie.65

L’analyse de l’étude de cas se concentre sur la mobilité électrique, une option d’atténuation reconnue pour le secteur et un pilier clé du plan national de mobilité urbaine (NUMP). Le Gouvernement tunisien et les partenaires internationaux ont pris des mesures initiales pour soutenir l’introduction des véhicules électriques, notamment :

20 %

26 %

émissions nationales de GES émissions de GES liées à l’énergie.

Développer un cadre réglementaire favorable.

L’ONUDI entreprend un projet de cinq ans pour soutenir la mise à l’échelle de la mobilité électrique, en se concentrant initialement sur l’amélioration de l’environnement favorable et du cadre réglementaire. En janvier 2020, le groupe chinois SAIC Motor a reçu l’autorisation du gouvernement de commercialiser la première voiture 100% électrique dans le pays. 71

Installation d’une infrastructure de recharge.

La multinationale française Total a lancé la première station de recharge publique pour véhicules électriques à Tunis.73 En janvier 2021, la Société nationale de distribution du pétrole (AGIL) et la Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG) ont établi un accord pour l’installation de bornes de recharge pour voitures électriques. 74

Encourager la fabrication de composants.

En 2018, le gouvernement a signé un accord avec le groupe chinois BYD pour la fabrication de composants de véhicules électriques. 72

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