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No 412 SÉNAT DEUXIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE Annexe au procès-verbal de la séance du 7 juillet 1993 ALLOCUTION PRONONCÉE

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No 412 SÉNAT

DEUXIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1992-1993

Annexe au procès-verbal de la séance du 7 juillet 1993

ALLOCUTION

PRONONCÉE

par M. RENÉ MONORY,

Président du Sénat ,

Allocations. - Président du Sénat

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Monsieur le Premier ministre,

Monsieur le ministre délégué aux relations avec le Sénat,

Mes chers collègues,

Voilà neuf mois à peu prés jour pour jour, je prononçais, dans

les mêmes conditions, ma première allocution. Je définissais alors, d'une façon assez vague au demeurant, mes intentions et les souhaits

que je formulais pour le Sénat et le travail législatif.

La session qui s'achève, après avoir commencé lentement - ce

n'était pas votre faute, monsieur le ministre délégué aux relations avec le Sénat - a été un peu bousculée ensuite. Mais c'est toujours le cas

lorsqu'elle débute ainsi !

Le moment est venu de dresser un premier bilan.

Tout d'abord, monsieur le Premier ministre, je vous ferai part de

ma satisfaction. En effet, sur les dix-sept textes dont le Parlement a été saisi, neuf ont été déposés en première lecture au Sénat, contre

huit à l'Assemblée nationale. A cet égard, vous avez respecté votre

promesse. Cela montre toute la considération que vous portez au

Sénat !

Ont été discutés, au cours de la présente session, vingt-quatre textes et quinze conventions internationales, auxquels s'ajoute la réforme de la Constitution, qui n'a pas été une « mince affaire » et

dont l'examen n'est d'ailleurs pas complètement achevé.

Nous avons eu deux cent trente heures de débat et - je me

tourne vers nos collègues de la gauche - quelque 5 000 amendements ont été déposés. Certes, ils n'ont pas tous été discutés, certains ne nous ayant pas semblé très constitutionnels. Quoi qu'il en soit, confor­

mément à la tradition de cette assemblée, les droits de chacun, notam­ ment ceux de la minorité, ont été respectés. Je m'efforcerai de faire en sorte qu'il en soit toujours ainsi.

Un autre motif de satisfaction, monsieur le Premier ministre,

réside dans le fait qu'ont été adoptées sept propositions de loi, dont cinq d'origine sénatoriale. Il convient de le souligner, car, jusqu'à pré ­ sent, les propositions de loi qui émanaient du Sénat rencontraient peu

de succès auprès du Gouvernement.

J'en viens aux affaires européennes.

L'année dernière, nous avons introduit, dans la Constitution, un

article 88-4. Aux termes de la procédure prévue, quatre-vingt-dix

textes ont été présentés, quatre résolutions ont été rédigées et deux

d'entre elles ont été votées. Pour la petite histoire, je préciserai que la

première résolution votée émanait de notre Haute Assemblée. Il me

paraît important de le signaler !

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De grands débats ont eu lieu. L'un, sur votre initiative, monsieur le Premier ministre, a porté sur l'aménagement du territoire, mais j'y

reviendrai dans un instant. D'autres se sont déroulés à l'occasion de

la discussion de questions orales avec débat, notamment sur la dépen­ dance des personnes âgées et sur l'industrie du textile.

Par ailleurs, une commission d'enquête a, elle aussi, bien tra­ vaillé. Elle s'est intéressée au sort de la SNCF, dont on parle beau­

coup à l'heure actuelle. Cette commission d'enquête a éclairé quelque

peu un débat qui risquait de s'enliser.

Enfin, plusieurs missions d'information ont été organisées. Elles ont porté respectivement sur l'aménagement du territoire, les fruits et légumes, les accords de Schengen et la télévision éducative. En ce qui concerne ce dernier sujet, nous disposerons bientôt d'un rapport très documenté, qui passionnera sans doute le Gouvernement.

Sur le plan législatif, le Sénat a adopté définitivement onze textes

après navette et six après accord en commission mixte paritaire.

Quelques textes sont encore en cours de discussion mais, le 13 juillet prochain, nous aurons sans doute adopté l'ensemble des textes dont

vous souhaitiez, monsieur le Premier ministre, disposer.

Monsieur le Premier ministre, je vous remercie d'avoir respecté

votre parole. Vous avez pris le Sénat en amitié - il vous en portait déjà beaucoup aussi, me semble-t-il -, ce qui a facilité la communion

de pensée et la communication entre nous.

Je tiens à remercier également M. le ministre chargé des relations avec le Sénat, qui est resté un peu des nôtres, d'ailleurs : il n'est pas dépaysé chez nous et, quand on le rencontre dans les couloirs, c'est à

la fois le sénateur et le ministre qu'on salue.

Nous l'écoutons beaucoup et il nous entend. Cela dit, tout se

passe bien et, à cet égard, nous nous réjouissons de votre choix, mon ­

sieur le Premier ministre. Nous ne demandons pas à changer de ministre chargé des relations avec le Sénat ! -

Je remercie également l'ensemble du Gouvernement, en particu

­ lier les deux ministres qui ont peut-être été, avec M. le garde des

sceaux, les plus présents dans notre hémicycle. Je veux parler de nos amis MM. Pasqua et Hoeffel. Ils ne peuvent s'empêcher de revenir au

Sénat : ils ont le virus ! De plus, ils traitent de sujets qui nous intéres­

sent particulièrement et sur lesquels je reviendrai tout à l'heure, même si c'est pour manifester un petit désaccord avec eux. Mais ce désac

­

cord est si faible qu'ils me pardonneront.

Nous avons apprécié que les ministres concernés par les très dif

­

férentes questions traitées soient présents, même si, à une ou deux

reprises, vous les avez excellemment remplacés, monsieur le ministre chargé des relations avec le Sénat. De ce fait les débats ont toujours

été approfondis et de grande qualité.

Je remercierai maintenant tout particulièrement le personnel du

Sénat, dont la réputation est grande. Elle n'est pas surfaite, au demeu

­ rant : nous lui demandons un travail par à-coups, les moments de calme sont suivis de moments difficiles où il faut agir vite et travailler

la nuit. Le travail est, par nature, irrégulier et aux périodes de calme

succèdent des moments difficiles qui réclament de grandes compé­

tences professionnelles, ainsi qu'une grande maîtrise et une grande

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disponibilité. Chacun le fait cependant avec beaucoup de bonne volonté, sans critique ni regret. Je me félicite tous les jours de la qua­

lité de nos fonctionnaires.

Pour permettre à la maison de s'ouvrir sur l'extérieur, il convien­

drait d'accroître, pour eux, la possibilité de faire des stages, afin de parfaire leur culture, qui est déjà grande et dont ils font profiter nos

travaux .

Je voudrais aussi remercier les vice-présidents, en leur présentant mes excuses car ils ont beaucoup préside nos séances, en tout cas plus que moi, je le reconnais. Ils ont eu à affronter des situations parfois tendues, difficiles, qu'ils ont parfaitement surmontées, quel que soit le vice-président concerné. Je tiens donc, messieurs les vice-présidents, à vous remercier très sincèrement de votre coopération.

Je veux également remercier MM. les questeurs, grâce à qui nous avons un peu changé nos méthodes de travail : ils ont accepté, avec beaucoup de gentillesse et d'imagination, quelques modifications dans notre organisation. Ils m'ont beaucoup aidé à développer la transpa­

rence de la gestion de cette maison et à répondre à la critique de n'être pas suffisamment ouvert à l'information. Ce n'est plus le cas, et je dois dire que tout s'est fort bien passé, avec l'aide de nos ques

­

teurs .

Je voudrais, en outre, remercier les autres membres du Bureau.

Nous avons pris la bonne habitude de nous réunir une fois par mois.

Il n'est pas mauvais, en effet, que nous nous retrouvions régulière

­ ment, d'une façon conviviale, pour discuter des problèmes de la

Haute Assemblée .

Il n'est pas bon de prendre les décisions tout seul et je préfère

consulter les vice-présidents lorsque surgissent des problèmes un peu

épineux avant de proposer au Bureau des solutions nouvelles.

Enfin, les membres des commissions ont beaucoup travaillé. Il est

vrai que l'on a exigé beaucoup d'eux. En effet, de temps en temps, on leur a transmis certains textes en leur demandant d'être prêts trois

jours plus tard. Cela a cependant toujours été fait, et avec bonne

humeur. Ainsi, les présidents et les rapporteurs ont été présents,

parfois, pendant toute la nuit au banc de la commission. Il faut souli­

gner le travail qu'ils ont accompli !

L'opinion publique a parfois un peu tendance à critiquer les hommes politiques. C'est tellement facile ! Quand on n'a pas de res

­

ponsable on en trouve ! Elle a aussi tendance à déplorer le fait que l'on ne travaillerait pas assez. Beaucoup de ceux qui nous critiquent s'apercevraient pourtant, s'ils devaient suivre le rythme auquel nous

sommes parfois soumis, que ce n'est pas si simple !

De plus, comme certains l'ont fait remarquer, notamment M. Hamel, les commissions sont parfois réunies en même temps qu'ont lieu les séances publiques. Or il est important de faire face à

ces différentes tâches, car les travaux en commission ont autant d'im­

portance que les travaux dans l'hémicycle.

Je voudrais remercier aussi les journalistes, avec lesquels nous

entretenons de très bons rapports. Je ne sais pas si vous l'avez

remarqué, mais le Sénat a été relativement présent dans la presse.

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Cela n'a pas toujours été le cas dans le passé ! C'est très important car il faut que le Sénat, aux yeux de l'opinion publique, n'ait plus un simple rôle de législateur, mais exerce aussi d'autres responsabilités, que je veux évoquer maintenant.

Nos méthodes de travail ont, en effet, sensiblement évolué.

Comme je le disais voilà un instant, nous avons fait progresser, avec MM . les questeurs, notre gestion vers plus de transparence.

Nous avons aussi modifié l'organisation des séances de questions d'actualité afin d'améliorer leur qualité télévisuelle. Mais nous avons d'autres projets pour l'avenir.

Le Sénat s'est très sensiblement ouvert sur l'extérieur. Lorsque M. Séguin est venu me voir, après son élection à la présidence de l'Assemblée nationale, je l'ai entretenu des innovations que nous essayons, pour notre part, d'apporter. L'Assemblée nationale a fait de même. Je m'en réjouis, car tout cela renforcera l'importance du Parle­ ment dans la vie politique française. M. Séguin et moi-même aurons d'ailleurs des contacts qui nous permettront de faire évoluer les deux

assemblées dans le bon sens.

On a beaucoup parlé du budget du Sénat. Tout et son contraire ont été dits à ce sujet. Mais le budget du Sénat est un budget tout à fait normal , à propos duquel nous avons pris deux décisions.

S'agissant, tout d'abord, de la fameuse caisse de retraite, les

membres du Bureau, d'un commun accord, ont décidé de choisir le

système de la capitalisation.

Les sommes engrangées depuis près d' un siècle - voilà en effet près d'un siècle que des sénateurs et des fonctionnaires cotisent à cette caisse - représentent aujourd'hui, grâce à environ 5 p. 100 d'intérêt de placement, pratiquement la totalité des besoins nécessaires pour servir les pensions des personnels et des sénateurs.

Nous avons pris, d' un commun accord, la décision de ne plus

alimenter la caisse de retraite des sénateurs au-delà de cette réserve.

Cela signifie que pendant trois ans probablement, monsieur le Premier ministre, nous ne demanderons aucune augmentation en francs cou­ rants de notre budget. Voilà qui devrait vous satisfaire !

Nous aurons ainsi participé à l'effort que vous avez demandé à tous et que vous avez accompli vous-même.

Tout en respectant les traditions de cette maison, notamment les droits des minorités, je souhaite une évolution - modérée, bien entendu ! - du Règlement du Sénat, afin que certains débats intermi­ nables puissent s'achever un peu avant sept ou huit heures du matin.

Chacun partagera cet avis, me semble-t-il, et je sais que M. le prési­ dent de la commission des lois a déjà travaillé sur ce dossier.

Comme je l'avais indiqué lors de ma première allocution, le Sénat jouera un rôle d'autant plus important qu'il saura travailler en amont.

En effet, si, lors du processus législatif, la Haute Assemblée, par son droit d'amendement, peut améliorer les textes et même si, comme dans toutes les démocraties, elle ne peut le faire aussi largement qu'elle le souhaiterait, elle peut aussi soumettre au gouvernement des propositions qui, même si elles ne sont pas forcément retenues, peu­

vent influencer le comportement de ce dernier.

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Par conséquent, le Sénat, au-delà du travail législatif, a, à mon avis, un rôle de proposition.

Quelques expériences ont déjà été tentées. Ainsi, s'agissant de la procédure pénale, un colloque a été organisé et animé par M. le prési­ dent de la commission des lois. Cela a abouti à une proposition de loi, puis, le Gouvernement ayant accepté d'inscrire ce texte à l'ordre

du jour du Parlement, à une loi. Si nous n'avons certes pas donné satisfaction à tout le monde, nous avons ainsi, néanmoins, beaucoup

atténué les oppositions à la précédente loi .

Le Sénat, au travers de ses groupes de travail, a fait également un certain nombre de propositions en matière de logement, de bilan financier et de finances publiques. Le rapport Raynaud s'est, ainsi, quelque peu inspiré des travaux de la commission des finances puisque les chiffres avancés par cette dernière étaient sensiblement équivalents à ceux de M. Raynaud.

Les sénateurs, notamment MM . Laffitte et Trégouët, travaillent très sérieusement sur la télévision éducative, ce qui aidera certaine­ ment le Gouvernement dans l'élaboration des projets qu'il veut pré­ senter à cet égard. J'attache personnellement beaucoup d'importance à

ce sujet car la formation française ou étrangère sera, dans les pro

­

chaines années, l'un des fers de lance de notre économie .

Ces souhaits avaient déjà été évoqués à l'automne dernier. Natu­ rellement, nous travaillerons beaucoup car, comme je l'ai dit, on ne peut pas tout transformer du jour au lendemain. Il faut une réflexion ; je crois qu'elle est menée en ce moment.

Il nous faut beaucoup anticiper le futur. C'est, à mon avis, l'une des orientations que le Sénat doit prendre.

Monsieur le Premier ministre, nous sommes là pour dire un cer­ tain nombre de choses qui paraissent évidentes et qui ne constituent en aucun cas des critiques à votre encontre . D'ailleurs, le soutien de la majorité sénatoriale ne vous a jamais fait défaut.

Jamais les sociétés occidentales n'ont évolué comme elles le font

actuellement, jamais nous n'avons été confrontés, dans le passé, à un taux de croissance nul ou négatif. Or nous portons tous en nous une certaine forme de culture économique et financière adaptée à des périodes de croissance. Mais, aujourd'hui, il nous faut imaginer, anti­ ciper, pour l' Europe d'abord, et pour le monde occidental en général, de nouvelles formes de réponse à un certain nombre de problèmes qui

se posent.

J'approuve totalement, à cet égard, tout ce qui a été fait par le Gouvernement, et qu'il fallait réaliser absolument. Je reviendrai d'ail­

leurs dans un instant sur le problème de l'emploi.

Ce matin, j'entendais à la radio que les instituts de conjoncture,

qui, voilà un mois, prévoyaient une croissance de 1,5 p. 100 pour

1994, évoquaient maintenant un taux de 0,8 p. 100. Ont-ils raison ?

Ont-ils tort ? Ils commencent à prendre quelques précautions ! Moins

0,8 p. 100 cette année et plus 0,8 p. 100 l'année prochaine, cela abou

­

tirait à zéro sur deux ans, ce qui poserait certainement au Gouverne

­

ment, et à nous-mêmes, des problèmes d'adaptation, quelles que

soient les bonnes mesures qui ont été prises.

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Le Sénat doit continuer à travailler sur cette anticipation du

futur. Lorsque nous aurons cinq ans d'avance dans la réflexion et le raisonnement sur la société - comme je le dis souvent et notre mode d'élection nous le permet - nous aurons alors la chance d'être un peu

plus avertis des problèmes à venir.

En tout cas, je tiens à remercier M. le Premier ministre, qui a toujours accepté, au cours de ces derniers mois, nos critiques

constructives .

Je voudrais maintenant parler de l'aménagement du territoire. Je suis ravi que mes amis MM . Charles Pasqua et Daniel Hoeffel soient présents, cet après-midi , dans cet hémicycle.

Je voudrais cependant dire que, s'agissant de l'aménagement du territoire - vous pardonnerez ma brutalité - il y a un peu le feu dans la maison ! On en a beaucoup parlé et, malheureusement, les ten­

dances n'ont pas été inversées. Or, si nous ne procédons pas rapide­

ment à des modifications structurelles en la matière, nous ne réus­

sirons pas, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, le désespoir s'installe, depuis un certain nombre d'années, dans les campagnes et dans les petites villes. La concentra­

tion coûte de plus en plus cher, alors que notre société aura de moins en moins d'argent. Nous devons pourtant trouver une réponse à cette question .

J'ai cru comprendre, hier, monsieur le Premier ministre, en enten­ dant l'allocution que vous avez prononcée devant les députés et les sénateurs de la majorité, que vous alliez procéder à une très large consultation. Cela me paraît constituer une bonne idée. Mais je vou­ drais vous faire part de mon souci .

Au sein du Sénat, une mission d'information, présidée par

M. Jean François- Poncet, a été créée afin d'étudier, dans une première étape, l'espace rural , puis, dans une seconde étape, l'aménagement du territoire dans ses composantes urbaines et rurales, puisque l'un ne va pas sans l'autre : de même que la région parisienne ne peut être isolée du reste du territoire, la réflexion sur les villes s'accompagne obliga­ toirement d'une réflexion sur les campagnes.

Nous possédons déjà de nombreux éléments. Je ne dis pas pour autant que la consultation ne soit pas nécessaire, mais nous avons suffisamment d'éléments pour pouvoir répondre dès maintenant à un certain nombre d'interrogations.

Nous connaissons déjà la réponse des maires, des conseillers généraux et des conseillers régionaux dans trois domaines.

Tout d'abord, le problème de l'égalité fiscale, c'est-à-dire l'égalité de traitement s'agissant des sommes reversées par l' État, n'est pas

encore résolu, alors qu'il est soulevé tous les jours par les maires.

Par ailleurs, il convient d'encourager l'intercommunalité et, sur­

tout, de ne pas la pénaliser alors qu'elle se met en place. Je souhaite vivement qu'un jour 2 000 communautés de communes, de villes ou

de districts couvrent tout le territoire. Nous aurons alors résolu bien

des problèmes ! Nous aurons, dans un contexte devenu certainement

plus difficile, protégé la gestion de proximité en maintenant l'exis ­

tence de la commune. Grâce à une synergie de moyens, plusieurs

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communes pourront, en outre, réaliser ensemble des investissements

plus importants, auxquels elles n'auraient pu procéder seules. Nous connaissons les remèdes ; appliquons-les rapidement !

Enfin - c'est sans doute le point le plus important - les emplois dépendront essentiellement, demain, de notre capacité à créer les structures de l'intelligence et de la formation. Plus nous pourrons rap

­

procher rapidement ces structures du monde rural - je ne prétends quand même pas qu'il faudra installer une université dans chaque

petite commune ! - plus nous aurons de chance de créer, demain, les

emplois que nous ne connaissons pas encore. C'est par là, me semble-

t-il, que passe le véritable aménagement du territoire.

Il faudrait que quelques mesures puissent être prises le plus rapi

­ dement possible dans ce domaine. Monsieur le Premier ministre, nous sommes à votre disposition : nous avons les éléments et le chiffrage.

Je suis ravi de la perspective d'une loi de programme sur

cinq ans. Mon souci actuel, ainsi que celui d'un certain nombre de

sénateurs - ils m'en ont fait part - est cependant de ne voir apparaître la loi qu'au milieu, voire à la fin de 1994. Nous ne voudrions pas, en

effet, que cette loi sur l'aménagement du territoire soit entachée de

contingences électorales, dans la mesure où l'élection présidentielle

sera très proche.

La mission d'information présidée par M. François-Poncet

remettra son rapport au mois d'octobre. Début janvier, nous pré­ voyons d'organiser un colloque en un lieu non encore fixé. Dans l'avenir, cette mission pourrait devenir, de façon informelle, une sorte

d'observatoire de la politique d'aménagement du territoire. Elle peut

varier dans sa composition, mais elle compte des hommes et des femmes qualifiés et elle peut être un bon point de repère, compte tenu

du travail qu'elle a déjà fourni .

Voilà quelques suggestions que je me permets de vous soumettre, monsieur le Premier ministre. Si certaines mesures pouvaient être

accélérées, malgré la proximité des échéances électorales, nous en

serions ravis.

L'emploi constitue le principal sujet de préoccupation des séna­ teurs. Je sais les efforts que vous faites dans ce domaine, monsieur le

Premier ministre, et je suis conscient que vos regards et vos pensées sont tournés vers ce problème. Il n'en est pas moins vrai qu'une relance de la croissance - que je souhaite - risquerait de se faire sans profiter à l'emploi ; en effet, la productivité sera sans doute le maître mot des prochaines années, au service de la compétitivité.

Tout le dispositif que vous avez mis en place était important, monsieur le Premier ministre ; mais il convient probablement, dès la

rentrée, de commencer à réfléchir ensemble afin de « rebrasser » cer­

taines cartes. En effet, notre système économique comporte des blocs qui sont un peu figés ici ou là, mais qui peuvent aider à la relance.

Un certain nombre d'acquis - j'ai l'habitude de dire ce que je pense, même si ce n'est pas toujours populaire ! - seront remis en cause. Si l'on veut donner progressivement du travail à tout le monde, il est probable que des sacrifices seront demandés à ceux qui sont les mieux placés en matière d'emploi. Il faut le dire, à mon avis, car c'est

à ce prix que nous pourrons y parvenir ; si nous ne le faisons pas,

nous n'y arriverons pas.

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Comme chacun d'entre nous, je tiens des permanences dans ma

ville ou dans mon département ; sur quinze personnes que je reçois,

treize viennent demander un emploi. Quand elles sont accompagnées

par leurs parents, c'est d'autant plus triste, car les parents pleurent

dans le bureau. On se rend alors bien compte qu'on ne peut plus

ignorer ce sujet.

Je sais que c'est votre préoccupation, monsieur le Premier

ministre, car vous me l'avez dit plusieurs fois. C'est aussi la première

préoccupation de la population française. Sur ce point, nous sommes prêts à vous aider encore et à vous apporter quelques suggestions sup ­

plémentaires, si elles se révélaient nécessaires.

Le domaine international est le dernier sujet que je voudrais

aborder ici.

J'ai vivement souhaité que le Sénat s'ouvre au maximum sur l'ex ­

térieur. Cela a été largement réalisé et nous avons un peu modifié nos

structures afin d'accorder encore plus d'importance aux relations

internationales. Nous avons ainsi accueilli, à la présidence, vingt chefs

d'État et de gouvernement, ainsi que quinze présidents d'assemblée et

vingt à vingt-cinq ministres de toutes attributions. Nous avons établi un dialogue avec tous ces hôtes et nous avons pu ainsi leur expliquer que nous avions, nous aussi, quelques problèmes à résoudre en

France et en Europe.

Ce dialogue me paraît tout à fait nécessaire et je remercie donc beaucoup les groupes d'amitié, qui jouent un rôle essentiel à cet

égard. Ils sont très utiles, je l'affirme ici, car ils permettent une convi ­

vialité qui facilite ensuite le dialogue entre les différentes autorités. Je

voudrais les en remercier.

Je souhaiterais aussi que l'on pense à l' Europe. Aujourd'hui, il est facile de la critiquer ; elle est loin de nous ! Il est facile, égale ­

ment, aux hommes politiques de dire de temps en temps : « C'est la

faute des fonctionnaires ! ». Mais l' Europe nous a beaucoup apporté

pendant longtemps !

Il est vrai que, aujourd'hui, nous nous trouvons dans une période difficile. D'ailleurs, un rapport a été établi sur les délocalisations,

auquel fera suite un deuxième rapport proposant des solutions.

L'Europe est encore, me semble-t-il - heureusement ! - l'un des espoirs de demain, à condition de bien l'expliquer et de prendre

quelques précautions.

Dans certains cas, c'est exact, la brutalité des délocalisations ou de la concurrence de nouveaux pays peut provoquer le départ de telle ou telle entreprise dans tel ou tel endroit.

Mais je me souviens avoir initié, en 1977, l'accord multifibres,

dans le domaine du textile. Les résultats ayant été probants, cet accord a été reconduit à deux ou trois reprises.

Nous pouvons appliquer ce genre de méthode en n'oubliant

jamais - je me réfère à nouveau aux infrastructures de l'intelligence et

de la formation - que, dans le cadre de cette concurrence, il nous faudra privilégier, au plus haut niveau, les métiers que l'on ne connaît

pas, les métiers à forte valeur ajoutée, c'est-à-dire ceux qui peuvent

apporter, demain, un « plus » à notre balance commerciale.

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N'oublions pas qu'actuellement, dans notre structure financière,

le fait que notre balance commerciale soit légèrement excédentaire génère 150 milliards de francs supplémentaires de valeur ajoutée.

Lorsque la balance commerciale est équilibrée, c'est parce que nous achetons des produits de base non transformés dont nous ne pour ­

rions pas nous passer.

Si nous fermions nos frontières brutalement, les autres pays ne resteraient pas inactifs, si bien que notre pouvoir d'achat accuserait

une baisse rapide. Par conséquent, soyons prudents, réfléchissons et

travaillons sur ce sujet extrêmement important.

Je souhaiterais, je l'ai dit, que l'on ouvre davantage cette maison

sur l'extérieur. M. le président de la commission des finances et moi-

même avons œuvré dans ce sens, lors de notre rencontre avec

M. Schleisinger, président de la banque allemande. Près de quatre-

vingts journalistes participaient ». cet entretien.

Il est essentiel de parler avec les autres et de chercher à les com­

prendre. La tentation protectionniste qui est actuellement la nôtre est

partagée par tous. C'est, dans ces conditions, le dialogue qui per ­

mettra de changer les choses.

Je sais que vous avez fait preuve de beaucoup de persuasion,

monsieur le Premier ministre, aussi bien avec la Commission euro­

péenne qu'avec le président des Etats-Unis. C'était nécessaire et si, un

jour, nous pouvons vous aider, nous le ferons.

Plus nous dialoguerons, plus nous aurons de chances d'aboutir. A

cet égard, M. le président de la commission des affaires étrangères

recevait ce matin Mme Harriman, le nouvel ambassadeur des Etats-

Unis en France. Le dialogue a été très amical. Auparavant, j'ai eu moi-même un entretien avec elle et, lorsque je lui ai dit que, plutôt que de nous combattre, nous devrions additionner nos forces pour

surveiller davantage la situation en Asie du Sud-Est, elle m'a approuvé.

Aucune initiative de ce type n'est donc inutile et chacun, à son niveau, peut jouer un rôle.

Enfin, avant ri-, conclure, j'ajouterai que je me suis rendu à Bonn, à la demande nos amis allemands, au mois de février dernier, accompagné de M. Louis Jung. J'y ai été reçu par le chancelier Kohl.

Au cours de notre conversation, je l'ai invité à venir au Sénat, invita­

tion qu'il a spontanément acceptée. Le 6 juin dernier, il m'a confirmé sa venue au Sénat le 13 octobre prochain.

Chaque fois que nous pourrons effectuer ce genre de démarches,

il faudra le faire.

Ce sera l'occasion de poser des questions et, peut-être, de faire

progresser nos idées, soit pour l' Europe, soit contre l'Europe, selon

notre position dans l'hémicycle. Il me paraît en tout cas très utile de

développer notre connaissance des autres.

Le Sénat, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre

d' État, messieurs les ministres, est à votre disposition pour vous aider

à élaborer les réformes nécessaires et à chercher à donner davantage

de bonheur aux Françaises et aux Français.

Nous devons imaginer des solutions pour l'emploi, ce qui n'est

pas facile.

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1 1

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Par ailleurs, nous comptons sur votre appui er. ce qui concerne l'aménagement du territoire .

Quoi qu' il en soit, nous sommes ouverts et disponibles. . nous n :- sommes pas contestataires, mais nous sommes parfois innovateurs, et

nous conserverons cette liberté d' innovation , tout er vous soutenait

sans réserve .

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