Manifestations cutanées allergiques et non allergiques aux antihistaminiques antiH1 :
revue systématique de la littérature et série de cas
Flore Kurihara, Tullia De Risi-Pugliese, Emmanuelle Amsler, Jean Eric Autegarden, Olivier Bayrou, Hafida Gaouar, Catherine Pecquet, Annick Barbaud, Angèle Soria
Service de Dermatologie et Allergologie Pr BARBAUD hôpital Tenon, APHP, Paris, Sorbonne Université
Aucun lien d’intérêt
Hypothèses et objectifs du travail
• AH1: utilisés dans l’urticaire/dermatoses prurigineuses
• Rarement incriminés comme imputables en cas de manifestations d’hypersensibilité
• Effets secondaires cutanés, décrits mais peu connus
• Identification de patients dans le service présentant
- des poussées/exacerbations d’urticaires sous AH1 - des manifestations évocatrices d’hypersensibilités
Principal: décrire les manifestations cutanées allergiques et non allergiques associées aux AH1
Secondaires: déterminer:
- les classes d’AH1 les plus incriminées - les allergies croisées entre AH1
1. Etude systématique de la littérature des effets secondaires cutanés aux AH1,
pris par voie générale
2. Etude rétrospective monocentrique des patients explorés pour suspicion d’allergie aux AH1 dans le service de dermatologie et allergologie de l’hôpital
Tenon de 2001 à 2017
Revue de la littérature Série de cas
138 patients:
-
Réactions urticariennes (n=42) - EPF (n=39)- Anaphylaxie (n=13)
- Eczéma de contact systémique et toxidermie flexurale (n=12)
- EMP (n=11) - PEAG (n=7)
- Photoallergie (n=4)
- Toxidermies bulleuses (n=2)
- Autres manifestations cutanées (n=12)
18 patients:
- Réactions urticariennes (n=13) - Anaphylaxie (n=1 + 2)
- EMP (n=3) - PEAG (n=1)
SDRIFE à l’hydroxyzine
Akkari 2013 Indian J Dermatol
PEAG à la cétirizine
Badawi 2014, Dermatol Online J
• Prouvées par TPO positif dans 30 + 6 cas
• 47% atopiques, 17% intolérants aux AINS, 49% urticariens connus: 21 UC, 6 UAI
• Urticaire superficielle dans tous les cas, associée à un angioedème (12%)
• AH1 responsables
• d’apparition (47%)
• d’exacerbation (56%)
• et de persistance de l’urticaire (10%) prouvée par TPO + dans 2 cas
• Délai moyen : 14,4 heures (qq min à 6 jours)
• Durée moyenne : 1,8 jours (3min à 15 jours pour les UA)
• Différentes classes d’AH1
• 3 patients: réaction anaphylactique grade ≥2
• Tests cutanés: bonne VPP mais mauvaise VPN
Urticaire « paradoxale » : urticaires apparaissant ou s’aggravant sous AH1, systématiquement reproductibles lors d’une prise ultérieureUrticaires sous AH1: 42 + 13 patients
TPO + 1h après prise de cétirizine
TPO + 1h après prise de cétirizine
Fung 2014 J Allergy Clin Immunol Pract
• Physiopathologie non connue
• Tests cutanés négatifs:
• Réaction aspécifique sur dégranulation mastocytaire et/ou basophile, pouvant être médiée par le complément ?
• Altération du métabolisme de la voie des phospholipases A2 et de l’acide arachidonique par les AH1?
• Médiée par le groupement éthylamine de l’AH1, analogue de la chaine latérale de l’histamine?
• Faux négatifs par responsabilité d’un métabolite des AH1?
• Tests cutanés positifs:
• IgE médié?
• Faux positif sur dermographisme (fréquent dans cette population d’urticariens)?
Aucun mécanisme unique ne permet d’expliquer toutes les UP
Discussion: urticaire paradoxale
Critères diagnostiques et PEC
Critères diagnostiques des urticaires paradoxales aux AH1 :
- Au moins 2 épisodes distincts d’urticaire superficielle et/ou profonde sans signe systémique apparaissant dans les minutes, pouvant aller jusqu’à 4 jours après
l’administration d’AH1 par voie générale OU
- Urticaires superficielles +/- profondes, aiguës ou chroniques, régressant en 15 jours après l’arrêt des AH1
ET
- TPO positif avec un AH1 incriminé, reproduisant la réaction urticarienne
Suspicion d’urticaire paradoxale
Tests cutanés négatifs:
TPO avec l’AH1 testé en milieu hospitalier
Tests cutanés positif:
TPO de substitution:
alkylamines tolérée dans 50%*
Arrêt des AH1 Réalisation de tests
cutanés
*En cas d’UC persistante malgré l’arrêt des AH1 et TPO de substitution positif: TPO avec antagoniste des récepteurs des leucotriènes
EPF aux AH1
• 2e manifestation cutanée la plus fréquente: 39 patients
• Lésion unique dans 23%, multiples dans 62%, NR dans les autres cas
• Bulleux (13%), atteinte muqueuse dans 1/3
• 77% patch tests positifs en peau lésée
• Réaction croisée dans la classe des pipérazines. Non noté entre les autres classes
Bhari, Dermatologic therapy 2016
TPO positif 1h après prise de cétirizine
Patch test positif
sur peau lésée
Conclusions
• Urticaires paradoxales: manifestation cutanée la plus fréquente
• Apparition, exacerbation ou persistance d’urticaire
• A plusieurs classes d’AH1
• Diagnostic difficile, souvent suggéré par le patient
• Physiopathologie non connue
• Attention aux réactions anaphylactiques
• EPF: 2
èmetoxidermie en fréquence
• Autres toxidermies: PEAG, EMP, SDRIFE, eczéma de contact systémique, photoallergie, toxidermie bulleuse, …