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La modélisation des effets de l'immigration: quelques simulations pour la Suisse

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La modélisation des effets de l'immigration: quelques simulations pour la Suisse

MUELLER, Tobias

MUELLER, Tobias. La modélisation des effets de l'immigration: quelques simulations pour la Suisse. In: J. de Melo et P. Guillaumont. Commerce Nord-Sud, migration et

délocalisation: conséquences pour les salaires et l'emploi. Paris : Economica, 1997.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:35476

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La mod´elisation des effets de l’immigration : quelques simulations pour la Suisse

Tobias M¨ uller Universit´ e de Gen` eve

A paraˆıtre in :

J. de Melo et P. Guillaumont (1997),Commerce Nord-Sud, migration et d´elocalisation : cons´equences pour les salaires et l’emploi, Economica, Paris.

R´esum´e

Les ´etudes empiriques portant sur l’impact ´economique de l’immigration sont souvent partielles (la plupart ne tiennent compte que de l’effet sur les salaires) et aboutissent `a des r´esultats qui ne sont pas tr`es robustes. Dans cet article, nous adoptons une approche alternative, peu explor´ee jusqu’ici. Les effets de l’immigration sur le bien-ˆetre des r´esidents du pays d’accueil sont

´evalu´es `a l’aide d’un mod`ele d’´equilibre g´en´eral appliqu´e pour la Suisse. Nous discutons la sensibilit´e des r´esultats `a diff´erentes hypoth`eses de mod´elisation, concernant la structure du march´e du travail, la mobilit´e du capital sur le plan international et la mod´elisation du commerce ext´erieur.

Introduction

Quels sont les effets de la migration sur le revenu ou, plus g´en´eralement, sur le niveau de bien-ˆetre des r´esidents du pays d’accueil ? Dans la litt´erature consacr´ee

`

a cette question, on trouve un ´etonnant clivage entre les approches th´eoriques et les ´etudes empiriques. Berry et Soligo (1969) avaient montr´e, d’un point de vue th´eorique, qu’au niveau agr´eg´e l’immigration produit en g´en´eral des gains pour le pays de destination. En revanche, la plupart des ´etudes empiriques r´ecentes adoptent une perspective plus partielle et se concentrent uniquement sur l’´evaluation des coˆuts de l’immigration, notamment en estimant son impact sur les salaires et l’emploi des r´esidents1.

Si l’on veut quantifier les effets de l’immigration dans un cadre plus complet que le font ces ´etudes, une analyse en ´equilibre g´en´eral nous semble ad´equate puisqu’elle tient compte notamment des interactions entre mouvements de facteurs et ´echanges

Je remercie Jaime de Melo et Ian Wooton pour leurs commentaires et suggestions. Cette recherche a ´et´e financ´ee en partie par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (subsides No 12-28650.90 et 12-42011.94).

1. L’article de Borjas (1995) fait exception. Cet auteur estime, pour les ´Etats-Unis, le surplus en´er´e par les immigrants et qui revient aux nationaux. Ses calculs font cependant abstraction des aspects intersectoriels et de l’interaction entre l’immigration et le commerce international.

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de biens. C’est l’approche qui est adopt´ee dans ce papier o`u nous tentons de cerner l’impact de l’immigration dans une petite ´economie ouverte `a l’aide d’un mod`ele d’´equilibre g´en´eral appliqu´e pour la Suisse.

La construction d’un tel mod`ele ne se justifie ´evidemment que si l’immigration affecte l’´economie de mani`ere significative. Or, certains r´esultats th´eoriques laissent supposer que l’impact de l’immigration sur les prix des facteurs, et donc sur le bien-ˆetre, pourrait ˆetre minime. En effet, dans le mod`ele du petit pays, les prix des facteurs ne sont pas modifi´es par un mouvement de facteurs si le nombre de biens est ´egal ou sup´erieur au nombre de facteurs (et si le mouvement de facteurs ne change pas l’´eventail des biens produits), puisque dans ce cas les prix des fac- teurs sont compl`etement d´etermin´es par les prix (exog`enes) des biens. Pour ´eviter ce cas de figure peu spectaculaire, la plupart des auteurs qui analysent l’impact de l’immigration supposent simplement que le nombre de biens est inf´erieur au nombre de facteurs. En revanche, le mod`ele d’´equilibre g´en´eral appliqu´e qui est pr´esent´e ci-dessous comporte un grand nombre de secteurs, et donc beaucoup plus de biens que de facteurs. Cependant, pour rendre le mod`ele plus r´ealiste, nous admettons que les biens domestiques sont diff´erenci´es des biens ´etrangers, aussi bien `a l’ex- portation qu’`a l’importation, et qu’il y a production jointe des biens domestique et export´e dans chaque branche (voir de Melo et Robinson, 1989). Par cons´equent, l’immigration influence les prix des biens domestiques et les prix des facteurs dans notre mod`ele.

Du point de vue empirique, on peut ´egalement avoir des doutes quant `a l’im- portance des effets de l’immigration. En effet, les ´etudes ´econom´etriques montrent souvent un impact n´egligeable de l’immigration sur les salaires des travailleurs in- dig`enes (voir Borjas, 1994, et Friedberg et Hunt, 1995, pour des tours d’horizon r´ecents dans ce domaine). La plupart de ces ´etudes utilisent des donn´ees transver- sales, en exploitant le fait que la part des immigr´es dans la population r´esidente varie d’une r´egion (ou d’un secteur) `a l’autre. Cette m´ethode n’est cependant pas sans probl`emes, comme le soulignent Borjas et al. (1996). Ils montrent en effet que, pour les ´Etats-Unis, les r´esultats obtenus avec une telle m´ethode ne sont pas robustes. Une des raisons pourrait en ˆetre que les d´ecisions de migration interne des travailleurs indig`enes r´eagissent `a des variables qui sont affect´ees par l’arriv´ee d’immigrants. Si c’est le cas, ces estimations sous-estiment le v´eritable effet de l’immigration. Pour cette raison, Borjas et al. (1996) proposent une autre m´ethode pour ´evaluer l’impact de la migration : l’immigration est consid´er´ee comme un accroissement au niveau national de l’offre de travail, d´esagr´eg´ee par niveau de qualification. L’effet de l’immi- gration sur les salaires est alors calcul´e `a l’aide d’´elasticit´es des salaires par rapport

`

a l’offre des diff´erentes cat´egories de travail.

Le mod`ele d’´equilibre g´en´eral appliqu´e que nous pr´esentons dans cet article peut ˆ

etre vu comme une extension de cette derni`ere approche, car il tient aussi compte de la relation entre capital et travail et des interactions entre les march´es des fac- teurs et ceux des biens et services. Ces mod`eles n’ont ´et´e que peu utilis´es dans le domaine de la migration2. Il nous paraˆıt donc int´eressant d’examiner la sensibilit´e

2. A notre connaissance, l’´etude de Weyerbrock (1995) est la seule qui utilise un mod`ele

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des r´esultats `a diff´erentes hypoth`eses de mod´elisation. Nous avons choisi de garder le mod`ele le plus simple possible afin de pr´eserver la transparence des r´esultats.

Nous avons donc exclu de l’analyse certains domaines qui peuvent ˆetre trait´es en dehors d’un mod`ele d’´equilibre g´en´eral ou qui auraient trop compliqu´e le mod`ele.

En effet, nous n´egligeons notamment les effets de l’immigration sur les transferts publics et les prestations sociales3, sur le chˆomage et la dynamique. Par cons´equent, la consommation publique, les impˆots directs et l’investissement ne figurent pas dans le mod`ele. En revanche, une attention particuli`ere est prˆet´ee aux hypoth`eses portant sur le march´e du travail et sur le commerce ext´erieur. Malheureusement, les donn´ees suisses ne nous permettaient pas de d´esagr´eger la main-d’oeuvre `a la fois par origine et par qualification. Par cons´equent, le mod`ele ne comporte qu’une seule cat´egorie de travail.

Pour d´ecrire les effets de la migration, la cat´egorisation de Markusen and Melvin (1988) nous paraˆıt utile ici. Les hypoth`eses de mod´elisation alternatives que nous examinons ont trait `a trois des quatre cat´egories d´efinies par ces auteurs4. Il s’agit : (i) des ⟨⟨ gains inframarginaux ⟩⟩ de la migration (dus `a la variation des prix des facteurs), (ii) des effets li´es aux termes de l’´echange et (iii) de l’effet ⟨⟨ volume des

´

echanges⟩⟩ (dˆu `a la pr´esence de droits de douane).

L’ampleur des ⟨⟨ gains inframarginaux ⟩⟩ d´epend fortement de la structure de la technologie et des march´es des facteurs. Par exemple, l’hypoth`ese de mobilit´e du capital sur le plan international affecte l’importance de ces gains. En revanche, si le march´e du travail est segment´e entre main-d’oeuvre indig`ene et allog`ene, comme nous le supposons dans certaines simulations, les gains ne sont plus seulement in- framarginaux. Dans ce cas l’immigration provoque un d´eplacement de la fonction de demande de travail indig`ene et des gains beaucoup plus importants peuvent ap- paraˆıtre si la main-d’oeuvre indig`ene et allog`ene sont compl´ementaire au sens de Hicks.

Les deux autres effets sont li´es au commerce ext´erieur. La variation des termes de l’´echange induite par l’immigration influence son impact sur le bien-ˆetre. Par cons´equent, la formulation du commerce ext´erieur dans un mod`ele d’´equilibre g´en´e- ral est d´ecisive, ce qui ressort aussi des exp´eriences avec des mod`eles appliqu´es. Par exemple, un certain nombre de mod`eles font appel `a l’hypoth`ese d’une ⟨⟨´economie ouverte semi-petite⟩⟩, c’est-`a-dire que le pays fait face `a une demande d’exportation qui n’est pas parfaitement ´elastique. Dans ce cas, l’arriv´ee d’immigrants induit une d´et´erioration des termes de l’´echange. Par cons´equent, l’impact de l’immigration sur

d’´equilibre g´en´eral appliqu´e pour ´evaluer les cons´equences d’un flux d’immigration exog`ene (dans le contexte des migrations est–ouest en Europe). D’autres auteurs ont mod´elis´e la migration de mani`ere endog`ene (libre circulation des personnes entre pays) dans le but d’analyser des questions comme les effets r´egionaux des taxes au Canada (Jones et Whalley, 1988) ou l’impact de l’accord de libre-´echange entre le Mexique et les ´Etats-Unis (Robinson et al., 1993).

3. Pour ´evaluer l’influence des impˆots directs et de la s´ecurit´e sociale, il faut proc´eder `a une analyse tr`es d´etaill´ee de tout le syst`eme de transfert de revenu. Comme une telle entreprise d´epasse le cadre de notre ´etude, nous en avons fait abstraction dans le mod`ele.

4. Le quatri`eme m´ecanisme (⟨⟨taux de rendement diff´erentiel⟩⟩), qui est li´e `a l’imposition des facteurs de production, n’apparaˆıt pas dans notre mod`ele, puisque nous n´egligeons les impˆots directs et les pr´el`evements sur les revenus de facteurs.

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le bien-ˆetre des r´esidents est n´egatif. Ce genre de mod`eles est critiqu´e par de Melo et Robinson (1989), car les variations importantes des termes de l’´echange que l’on ob- tient peuvent ˆetre irr´ealistes et tendent `a dominer tous les autres m´ecanismes. Cette critique pourra ˆetre r´e´evalu´ee dans nos simulations o`u quelques-unes des variantes du mod`ele retiennent l’hypoth`ese d’une ´economie ouverte semi-petite.

Comme ce papier discute la port´ee de diff´erentes hypoth`eses dans un mod`ele hautement simplifi´e, son but premier n’est pas de traiter le cas suisse. Les r´esultats ne repr´esentent donc qu’un premier pas vers une ´evaluation de l’impact de l’immigration en Suisse. En fait, le contexte suisse est int´eressant `a plusieurs ´egards. D’une part, la Suisse est le pays o`u la proportion d’´etrangers, ou d’immigrants, est la plus forte d’Europe (`a l’exception du Luxembourg) : en 1990, la proportion d’´etrangers dans la population ´etait de 18,1%, celle d’immigrants (personnes n´ees `a l’´etranger) de 20,5%.

D’autre part, la politique d’immigration repr´esente un enjeu majeur en Suisse. En effet, la crainte de l’impact potentiel d’une libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union europ´eenne ´etait certainement une des raisons principales du rejet, en votation populaire, de l’adh´esion de la Suisse `a l’Espace ´economique europ´een.

La suite de cet article est structur´ee de la mani`ere suivante. D’abord, nous d´ecrivons les ´equations de la variante de base du mod`ele d’´equilibre g´en´eral appliqu´e.

Ensuite, nous ´enon¸cons les hypoth`eses alternatives qui portent sur la segmentation du march´e du travail, la mobilit´e du capital, la diff´erenciation des produits, do- mestique et export´e, et l’´elasticit´e (finie ou infinie) de la demande d’exportation.

Finalement, nous examinons de quelle mani`ere ces hypoth`eses de mod´elisation in- fluencent les r´esultats des simulations d’une augmentation du quota d’immigration.

1 Le mod` ele de base

Dans le mod`ele de base, le march´e du travail est suppos´e segment´e. Cette hy- poth`ese se traduit par le fait que la main-d’oeuvre allog`ene est imparfaitement sub- stituable `a la main-d’oeuvre indig`ene dans la fonction de production5.

L’ensemble de la population r´esidente est divis´e en deux groupes : les Suisses et les ´etrangers. Nous mod´elisons le comportement de chacun des deux groupes

`

a l’aide de l’hypoth`ese du m´enage repr´esentatif. Les deux m´enages repr´esentatifs d´etiennent des facteurs de production qui sont utilis´es dans la production en Suisse ou `a l’´etranger et qui sont r´emun´er´es `a leurs productivit´es marginales. Le m´enage

´

etranger offre aussi bien de la main-d’oeuvre allog`ene qu’indig`ene, ce qui refl`ete le processus d’int´egration sociale d´ecrit ci-dessous `a la section 1.3. En effet, une partie des r´esidents ´etrangers parvient apr`es quelques ann´ees `a se pr´esenter sur le segment du march´e du travail r´eserv´e `a la main-d’oeuvre indig`ene.

En ce qui concerne la demande finale int´erieure, elle est d´eriv´ee des choix des m´enages suisses et ´etrangers, en tenant compte de leurs contraintes budg´etaires. Les

5. Nous d´efinissons les termes⟨⟨indig`enes⟩⟩et⟨⟨allog`enes⟩⟩de la mani`ere suivante. Le premier esigne les Suisses et les ´etrangers qui d´etiennent des permis d’´etablissement (et qui ont donc le eme statut l´egal sur le march´e du travail que les Suisses), le deuxi`eme tous les autres ´etrangers (permis annuels, saisonniers etc.).

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investissements ne figurent pas explicitement dans le mod`ele. Parmi les activit´es de l’´Etat, seuls les droits de douane et les impˆots indirects sont mod´elis´es. Ces derniers sont introduits dans le but de tenir compte de l’effet ⟨⟨ volume des ´echanges ⟩⟩ de l’immigration, et sont suppos´es ˆetre redistribu´es de mani`ere forfaitaire.

1.1 Production

L’hypoth`ese d’une main-d’oeuvre homog`ene (parfaite substituabilit´e entre main- d’oeuvre indig`ene et allog`ene) n’est `a notre avis pas tr`es pertinente pour d´ecrire la situation du march´e du travail dans les pays d’accueil. En effet, le march´e du tra- vail est souvent segment´e par rapport `a l’origine des travailleurs, surtout dans les pays qui ont introduit un syst`eme de permis temporaires ou un statut de guestwor- kers. Il se cr´ee donc entre main-d’oeuvre indig`ene et allog`ene un compartimentage qui les empˆeche d’entrer en concurrence (cf. Maillat, 1987). Les deux cat´egories de travailleurs ne sont donc que difficilement substituables dans le processus de pro- duction.

La situation l´egale particuli`ere en Suisse fait qu’`a cette forme de segmentation, que nous appelons⟨⟨verticale⟩⟩, s’ajoute la segmentation ⟨⟨horizontale⟩⟩, qui provient de la mobilit´e r´eduite des ´etrangers entre les branches ´economiques. En effet, la loi interdit `a un ´etranger ayant un permis de s´ejour ou un permis saisonnier de changer de branche avant la fin de la premi`ere ann´ee de son contrat.

A la suite de Grossman (1982), nous tenons compte de la segmentation en sup- posant que la main-d’oeuvre indig`ene et allog`ene ne sont qu’imparfaitement substi- tuables dans la fonction de production. Il est clair que cette mani`ere de formaliser la segmentation du march´e du travail est tr`es sch´ematique, car elle ne tient pas compte de la r´ealit´e institutionnelle.

Nous admettons que l’entreprise repr´esentative de la branche j produit deux biens diff´erenci´es : l’un est destin´e au march´e int´erieur, l’autre `a l’exportation. La technologie est suppos´ee ˆetre `a rendements constants et globalement s´eparable entre outputs et inputs. Rappelons que cette derni`ere hypoth`ese implique que la produc- tion des deux biens est jointe.

L’entreprise est suppos´ee maximiser ses profits sous la contrainte de la technolo- gie ; dans l’hypoth`ese de s´eparabilit´e ceci revient `a maximiser la recette des outputs sous la contrainte de la fonction de transformation :

maxPDjDj +PXjXj

Qj =

(adj)

1 τjD

1−τj τj

j + (aej)

1 τjX

1−τj τj

j

τj 1−τj

et de minimiser simultan´ement les coˆuts sous la contrainte de la fonction de produc-

tion : {

minPK ·Kj+PLS ·LSj+PLE ·LEj+iPIi·Iij

Qj =fj(Kj,LSj,LEj,I1j, . . . ,IM j),

o`u Qj d´esigne la production brute de la branche j, Dj la part de la production destin´ee au march´e domestique, Xj la part destin´ee `a l’exportation. Les variables

(7)

Qj

LSj LEj Kj . . . Iij . . .

σQj σjV A

σjKLE σjI

Dj Xj

outputs

inputs

6

τj

Figure 1 – Structure de la fonction de production de la branchej

Kj,LSj,LEj etIij sont les quantit´es de facteurs (capital, main-d’oeuvre indig`ene et

´

etrang`ere, inputs interm´ediaires) utilis´ees dans la branche j; PK,PLS,PLE etPIi

sont les prix correspondants. Une liste de toutes les variables, qui sont not´ees par des majuscules, peut ˆetre trouv´ee en annexe dans le tableau A.2. Les param`etres sont repr´esent´es par des lettres minuscules (param`etres de parts budg´etaires ou de proportionnalit´e) ou des lettres grecques (´elasticit´es) et sont d´ecrits au tableau A.3.

La fonction de transformation entre outputs est `a ´elasticit´e de transformation (τj) constante (CET). fj est une fonction de production CES emboˆıt´ee `a trois niveaux.

Sa structure, qui a ´et´e choisie en fonction des ´etudes empiriques (voir section 1.7), est d´ecrite dans la figure 1, o`u les param`etresσj d´esignent les ´elasticit´es de substitution des diff´erents niveaux de la fonction CES emboˆıt´ee.

Du probl`eme de maximisation des recettes on peut d´eduire les offres sur les march´es domestique et d’exportation, `a savoir les ´equations (1) et (2), ainsi que l’´equation (3) liant le prix `a la production aux prix domestique et `a l’exportation6. La minimisation des coˆuts conduit aux demandes d´eriv´ees de facteurs et au prix dual de l’output dont les expressions sont donn´ees dans les ´equations (4) `a (8).

1.2 Demande finale int´erieure et mesures du bien-ˆetre

Les m´enages sont suppos´es minimiser leurs d´epenses sous la contrainte de la fonction d’utilit´e. Comme forme fonctionnelle, nous avons choisi le syst`eme lin´eaire de d´epense qui a ´et´e estim´e pour la Suisse notamment par Antille et al. (1991).

Pour le m´enage repr´esentatif suisse, la fonction de d´epense est d´efinie de la fa¸con

6. Toutes les ´equations du mod`ele sont donn´ees en annexe dans le tableau A.1.

(8)

suivante :

es(PF1, . . . ,PFM;us) = min

i

PFiCis

i

(Csi −csi bsi

)bs

i

=us

,

o`uCsi d´esigne la quantit´e du bieni consomm´ee par le m´enage suisse. La solution de ce probl`eme peut s’´ecrire :

es(PF1, . . . ,PFM;us) =

i

PFicsi +PCS ·us,

o`u le prix dual PCS peut s’interpr´eter comme un indice de prix `a la consommation pour le m´enage suisse (voir ´equation (10)). En raison de l’hypoth`ese du m´enage repr´esentatif, les fonctions de demande des Suisses (9) sont obtenues simplement en multipliant les demandes compens´ees du m´enage repr´esentatif suisse par le nombre de m´enages suisses. Pour le m´enage ´etranger, les ´equations (11) et (12) sont obtenues de mani`ere analogue.

Les revenus des m´enages proviennent essentiellement de la r´emun´eration des facteurs. Comme il n’y a pas d’´epargne, la contrainte budg´etaire d’un m´enage peut ˆ

etre exprim´ee comme l’´egalit´e du revenu et de la d´epense totale (´equations (14) et (15)). Les transferts du m´enage ´etranger `a l’´etranger sont suppos´es ˆetre une part fixe de son revenu des facteurs (´equation (16)).

La formulation duale de la consommation des m´enages permet d’exprimer de mani`ere simple la variation ´equivalente de Hicks, qui est une mesure mon´etaire de la variation du bien-ˆetre. D´esignons par l’exposant 0 l’´equilibre initial et par l’exposant 1 l’´equilibre apr`es l’arriv´ee des immigrants. La variation ´equivalente est la diff´erence entre la d´epense minimale que le consommateur doit consentir, aux prix de l’´equilibre 0, pour atteindre le niveau d’utilit´e de l’´equilibre 1, et la d´epense minimale `a l’´equilibre initial. Par cons´equent, la variation ´equivalente pour le m´enage suisse peut s’´ecrire comme suit :

EVs=es(PF01, . . . ,PF0M;u1s)−es(PF01, . . . ,PF0M;u0s) =PCS0(u1s−u0s).

La variation ´equivalente pour le m´enage ´etranger (EVe) est d´efinie de mani`ere ana- logue. La variation du bien-ˆetre collectif est mesur´ee par la moyenne des variations

´

equivalentes des r´esidents :

EV = N0s

N0s+N0eEVs+ N0e

N0s+N0eEVe,

o`u Ns0 (Ne0) d´esignent le nombre de r´esidents suisses (´etrangers) `a l’´equilibre ini- tial. Cette mesure de la variation du bien-ˆetre collectif est ´evidemment quelque peu arbitraire, puisqu’elle suppose que les fonctions d’utilit´e sont cardinales et com- parables entre m´enages. La d´efinition donn´ee ci-dessus se rapproche d’une mesure qui d´ecoulerait d’une fonction de bien-ˆetre sociale utilitariste. Dans les r´esultats num´eriques, nous donnons les changements de bien-ˆetre en termes relatifs : la va- riation ´equivalente est rapport´ee `a la valeur que prend la fonction de d´epense `a l’´equilibre initial.

(9)

En ce qui concerne les dotations en facteurs des m´enages suisses et ´etrangers, nous supposons qu’elles sont proportionnelles au nombre de m´enages (voir ´equations (17)

`

a (23)). L’immigration sera simul´ee par une augmentation du nombre de m´enages

´

etrangers. Ces hypoth`eses assurent que les variations de bien-ˆetre de chaque cat´egorie de m´enages ne proviennent pas d’un effet de composition. En effet, l’arriv´ee d’im- migrants dot´es de peu de capital fait baisser le revenu moyen des tous les m´enages (r´esidents et nouveaux arrivants). Cependant, ceci n’implique ´evidemment pas que le revenu des m´enages r´esidents ait baiss´e. Les variations de bien-ˆetre ne peuvent donc ˆetre interpr´et´ees correctement que si l’on d´efinit des cat´egories de m´enages homog`enes.

Remarquons que dans ce mod`ele, le m´enage ´etranger repr´esentatif offre `a la fois de la main-d’oeuvre allog`ene et de la main-d’oeuvre indig`ene. Ceci peut ˆetre interpr´et´e comme l’´etat stationnaire d’un processus d’int´egration des ´etrangers, que nous d´ecrivons `a la section suivante.

1.3 Dynamique de la migration et int´egration des ´etrangers

Le fait que le march´e du travail est segment´e ne signifie pas forc´ement que les immigr´es restent enferm´es dans leur segment de march´e. En effet, apr`es quelques ann´ees certains s’int`egrent `a la soci´et´e du pays d’accueil et acqui`erent du capital humain sp´ecifique `a ce pays. Ils ont alors plus de chances de p´en´etrer dans le segment de march´e des indig`enes. D’un point de vue l´egal, ils peuvent obtenir la nationalit´e suisse ou un permis d’´etablissement (dans notre vocabulaire, l’´etranger devient alors indig`ene). La question de la segmentation est donc li´ee au flux d’immigration : pour que les emplois du secteur secondaire soient occup´es de mani`ere permanente, de nouveaux immigrants doivent continuellement arriver. C’est ce que Maillat (1987) appelle l’effet de diffusion.

Comme ce sont les effets de long terme de l’immigration qui nous int´eressent, nous devons ´etablir une relation entre les flux d’immigration et les effectifs de main-d’oeuvre (le stock). Malheureusement, dans un mod`ele statique, la distinc- tion entre flux et stocks n’est pas ais´ee. On peut partiellement surmonter cette difficult´e en d´efinissant des ´equations dynamiques r´egissant les flux d´emographiques ind´ependamment des variables ´economiques. Seules les valeurs correspondantes `a l’´etat stationnaire des ´equations d´emographiques seront alors introduites dans le mod`ele ´economique.

Pour illustrer une telle d´emarche, nous d´efinissons un mod`ele extrˆemement sim- plifi´e. Nous faisons enti`erement abstraction du mouvement naturel de la population.

L’accroissement de la main-d’oeuvre allog`eneLe est donn´e par l’´equation suivante : L˙e= ¯Le(te+ts)·Le,

o`u le point au-dessus d’une variable d´esigne sa d´eriv´ee par rapport au temps, ¯Le est le flux d’immigration suppos´e constant, te est le taux de retour des immigrants et ts repr´esente la part des allog`enes qui parviennent `a s’int´egrer, par exemple en obtenant un permis d’´etablissement ou en devenant Suisses.

(10)

Le nombre d’´etrangers int´egr´es (devenus indig`enes)Lc est d´etermin´e par : L˙c =ts·Le−tc·Lc,

o`utc d´esigne le taux de retour des ´etrangers int´egr´es.

L’´etat stationnaire du syst`eme est donn´e par les ´equations : Le=

L¯e

te+ts et Lc= ts

tc ·Le = ts

tc(te+ts) ·L¯e.

Par cons´equent, un changement permanent du flux d’immigration ¯Le affecte aussi bien l’effectif de la main-d’oeuvre allog`ene que celui de la main-d’oeuvre ´etrang`ere int´egr´ee. Dans les simulations du mod`ele appliqu´e o`u le march´e du travail est suppos´e segment´e, nous adopterons cette approche.

1.4 Commerce ext´erieur

Nous supposons que les produits domestiques d’une branche sont diff´erenci´es par rapport aux produits import´es de la mˆeme branche (hypoth`ese d’Armington).

Selon cette hypoth`ese, on minimise les coˆuts de l’agr´egat form´e du bien domestique et du bien import´e sous la contrainte d’une fonction d’agr´egation `a ´elasticit´e de substitution constante (CES). Les conditions n´ecessaires de ce probl`eme conduisent aux ´equations de demande d’importation (24) et de demande int´erieure du produit domestique (25). L’´equation (26) d´efinit le prix dual du bien⟨⟨composite⟩⟩i(agr´egat de la production domestique et des importations).

Dans le mod`ele de base, nous adoptons l’hypoth`ese du petit pays, `a savoir que la Suisse n’a aucune influence sur les prix mondiaux de ses importations et de ses exportations (voir ´equations (27) et (28)). Rappelons que la fonction d’offre `a l’ex- portation d´ecoule de la maximisation des recettes de l’entreprise repr´esentative.

1.5 Impˆots indirects et droits de douane

Les impˆots indirects ne sont pr´elev´es que sur la demande finale int´erieure. Par cons´equent, le prix d’un bien diff`ere selon qu’il est destin´e `a satisfaire la demande interm´ediaire ou la demande finale int´erieure (´equation (13)).

Comme nous n´egligeons dans ce mod`ele les impˆots directs et tout le syst`eme de s´ecurit´e sociale, les revenus de l’ ´Etat proviennent uniquement des impˆots indirects et des droits de douane. Ces recettes sont donn´ees par l’´equation (29). Elles sont redistribu´ees de mani`ere forfaitaire aux m´enages, suisse et ´etranger, c’est-`a-dire que chaque habitant re¸coit un montant ´egal (voir ´equations (30) et (31)).

1.6 Conditions d’´equilibre et num´eraire

Nous admettons qu’il y a plein emploi des facteurs de production. Les conditions d’´equilibre sur les march´es du travail et du capital sont donn´ees par les ´equations (33)

`

a (35). L’´equilibre sur le march´e des biens non ´echangeables est assur´e par l’´equation (32). Par la loi de Walras la balance des paiements est en ´equilibre. L’indice des prix

`

a la consommation du m´enage repr´esentatif suisse (PCS) est pris comme num´eraire.

(11)

1.7 Quantification du mod`ele

Pour quantifier les param`etres du mod`ele, nous avons fait appel `a diff´erentes sources d’information7.

Les param`etres de proportionnalit´e, not´es par la lettreadans les ´equations, sont quantifi´es par la m´ethode du calibrage. Cette m´ethode repose sur les donn´ees d’un

´

equilibre de r´ef´erence, c’est-`a-dire un ´equilibre de long terme avec plein emploi des facteurs. A d´efaut de donn´ees sectorielles sur les stocks de capital et les taux d’utili- sation des capacit´es, nous avons dˆu supposer que l’´economie suisse se trouvait dans un tel ´etat d’´equilibre en 1985. Par cons´equent, les param`etres de proportionnalit´e peuvent ˆetre calibr´es `a l’aide des donn´ees de la matrice de comptabilit´e nationale 1985 (voir Antille et al., 1991) : ils sont choisis de telle sorte que les donn´ees de cette matrice constituent une solution du mod`ele.

Les autres param`etres sont chiffr´es sur la base d’estimations effectu´ees par diff´e- rents auteurs sur des donn´ees suisses ou ´etrang`eres.

Les ´elasticit´es de substitution et de compl´ementarit´e entre capital, main-d’oeuvre

´

etrang`ere et indig`ene ont ´et´e estim´ees pour la Suisse `a un niveau agr´eg´e par B¨urgen- meier et al. (1991) et Kohli (1993). Les valeurs obtenues par B¨urgenmeier et al.

(1991) figurent dans la deuxi`eme colonne du tableau 1. Nous avons utilis´e leurs estimations pour sp´ecifier et quantifier les fonctions de production sectorielles. En effet, avec la structure de la CES emboˆıt´ee d´ecrite `a la figure 1 et avec les valeurs σiV A= 1 et σKLEi = 0.4, on parvient `a reproduire approximativement les ´elasticit´es estim´ees par ces auteurs (voir troisi`eme colonne du tableau 1).

Les ´elasticit´es li´ees au commerce ext´erieur avaient d´ej`a fait l’objet d’un survol de la litt´erature empirique dans Antille et al. (1991). Nous reprenons ici ces param`etres.

Les param`etres du syst`eme lin´eaire de d´epense qui caract´erisent le comportement des m´enages ont ´et´e estim´es ´econom´etriquement par Antille et al. (1991) dans une d´esagr´egation par fonction de consommation. C’est sur cette base que les param`etres du syst`eme lin´eaire de d´epenses par bien des m´enages suisse et ´etranger ont ´et´e quantifi´es.

Ajoutons que le mod`ele est programm´e `a l’aide du logiciel gams (General Al- gebraic Modeling System, voir Brooke et al., 1988). Pour la r´esolution du mod`ele, nous avons eu recours `a l’algorithme minos.

2 Mod` eles alternatifs

Dans cette section nous indiquons d’abord de quelle mani`ere le mod`ele de base doit ˆetre modifi´e pour int´egrer les hypoth`eses alternatives que nous avons men- tionn´ees dans l’introduction. Il s’agit des hypoth`eses d’homog´en´eit´e de la main- d’oeuvre, de mobilit´e parfaite du capital, d’homog´en´eit´e des biens domestiques et export´es et d’´elasticit´e finie de la demande d’exportation. Les ´equations correspon- dantes figurent en annexe au tableau A.1. Ces hypoth`eses sont ensuite combin´ees pour former diff´erentes variantes du mod`ele.

7. Nous ne donnons ici qu’un bref aper¸cu du calibrage du mod`ele. Une description d´etaill´ee peut ˆetre trouv´ee dans M¨uller (1995).

(12)

Table 1 – ´Elasticit´es de substitution et de compl´ementarit´e au niveau agr´eg´e B¨urgenmeier et al. CES emboˆıt´ee

Elasticit´´ es de substitution au sens de Allena

K,LS 1.36 – 1.50 1.00

K,LE -0.52 – -0.27 -0.38

LS,LE 0.78 – 1.13 1.00

Elasticit´´ es de compl´ementarit´e au sens de Hicksb

K,LS 0.58 – 0.66 1.00

K,LE 3.94 – 4.27 4.59

LS,LE 1.19 – 1.89 1.00

a. La valeur ajout´ee en volume est suppos´ee exog`ene.

b. Le prix de la valeur ajout´ee est suppos´e exog`ene.

2.1 Hypoth`eses de mod´elisation alternatives

Main-d’oeuvre homog`ene. Si la main-d’oeuvre est parfaitement homog`ene et que le march´e du travail n’est pas segment´e, les employeurs sont indiff´erents entre la main-d’oeuvre indig`ene et allog`ene. Par cons´equent, il n’y a qu’un seul taux de salaire dans l’´economie et la fonction de production est simplifi´ee : au lieu de comporter trois niveaux (comme montr´e `a la figure 1) elle n’en contient que deux. En effet, le premier niveau d´efinit un agr´egat qui regroupe le capital et le travail homog`ene, qui est combin´e au deuxi`eme avec l’agr´egat des consommations interm´ediaires.

Formellement, les conditions d’´equilibre (33) et (34) sont alors remplac´ees par les relations (36) et (37), donn´ees au tableau A.1.

Parfaite mobilit´e du capital sur le plan international. Si le capital est par- faitement mobile entre pays, son prix en Suisse s’aligne sur l’unique prix mondial.

Il faut donc ajouter l’´equation (38) au mod`ele et le capital ´etranger (d´etenu par des non-r´esidents) devient par cons´equent une variable endog`ene.

Homog´en´eit´e des biens domestique et export´e. Dans le mod`ele de base, nous avons admis que les biens, domestique et export´e, de chaque branche sont diff´erenci´es et que leur production est jointe. Certains mod´elisateurs supposent en revanche que chaque branche produit un bien homog`ene qui est soit export´e, soit vendu sur le march´e domestique. Dans le mod`ele, les ´equations (1) `a (3) doivent alors ˆetre remplac´ees par les ´equations (39) `a (41).

Demande d’exportation `a ´elasticit´e finie. Certains auteurs supposent que l’´elasticit´e-prix de la demande d’exportation est finie. Une telle sp´ecification peut ˆ

etre fond´ee sur l’hypoth`ese que, pour les pays du reste du monde, les produits suisses sont diff´erenci´es par rapport aux biens provenant d’autres pays. Ceci im- plique ´evidemment que la Suisse a un certain pouvoir de march´e par rapport `a ses exportations.

(13)

D’un point de vue formel, nous avons retenu une sp´ecification de la demande d’exportation `a ´elasticit´e-prix constante (voir l’´equation (42) qui remplace l’´equation (28) du mod`ele de base). On aboutit ´egalement `a cette formulation si l’on applique l’hypoth`ese d’Armington aux pays vers lesquels la Suisse exporte et que l’on admet que la part de march´e des produits suisses y est n´egligeable.

2.2 Variantes du mod`ele

Les diff´erentes variantes du mod`ele que nous allons examiner s’articulent autour des hypoth`eses alternatives discut´ees ci-dessus. Par souci de clart´e, ces alternatives sont regroup´ees en trois cat´egories, comme suit :

1. (a) le march´e du travail est segment´e ; ou

(b) la main-d’oeuvre est parfaitement homog`ene ; 2. (a) le capital ne se d´eplace pas entre pays ; ou

(b) il est parfaitement mobile sur le plan international ;

3. (a) dans chaque branche, les biens, domestique et export´e, sont suppos´es dif- f´erenci´es etla demande d’exportation est infiniment ´elastique ; ou

(b) les biens, domestique et export´e, sont suppos´es homog`enes et l’´elasticit´e de la demande d’exportation est finie.

La derni`ere hypoth`ese est composite dans le but de ne pas multiplier inutilement les variantes du mod`ele. Nous suivons en cela la pratique des mod´elisateurs8.

Le tableau 2 r´esume les variantes du mod`ele. Par exemple, SID d´esigne le mod`ele de base qui est fond´e sur l’hypoth`ese (a) de chacune de ces alternatives : le march´e du travail est suppos´e segment´e (S) ; le capital est immobile (I) entre pays ; dans chaque branche, les biens, domestique et export´e, sont diff´erenci´es (D) et la demande d’exportation a une ´elasticit´e-prix infinie.

3 Simulations

Dans cette section, nous d´ecrivons les effets d’une augmentation exog`ene du quota d’immigration dans diff´erentes hypoth`eses de mod´elisation. Avec chaque va- riante du mod`ele nous avons simul´e une augmentation exog`ene du nombre d’´etrangers9 r´esidant en Suisse (Ne) de 20%, ce qui correspond `a une augmentation de la popula- tion r´esidante totale de 3.1%. (Dans les faits, un tel accroissement de la population

8. En effet, si l’on suppose que les biens, domestique et export´e, sont homog`enes et que la demande d’exportation a une ´elasticit´e infinie, les prix domestiques s’alignent sur les prix mondiaux dans le mod`ele, ce qui est peu r´ealiste. Inversement, si l’´elasticit´e de la demande d’exportation est finie, l’exp´erience montre que l’hypoth`ese de biens diff´erenci´es par destination n’affecte pas les esultats de mani`ere significative.

9. Comme nous l’avons relev´e `a la section 1.3, l’effectif des ´etrangers peut ˆetre d´etermin´e `a partir du flux d’immigration en utilisant un mod`ele dynamique simple. A l’´etat stationnaire, le flux et l’effectif sont proportionnels. Par cons´equent, une augmentation du quota annuel d’immigration de 20% (passant de 69’300 `a 83’200 personnes) correspond `a long terme `a une augmentation de l’effectif des ´etrangers de 20% (´egal `a 204’000 personnes dans l’´equilibre de r´ef´erence). La part des

´

etrangers qui d´etiennent un permis d’´etablissement (et qui ont par l`a acc`es au segment du march´e du travail r´eserv´e aux indig`enes) reste constante.

(14)

Table 2 – Simulations : hypoth`eses de mod´elisation alternatives Hypoth`eses alternatives

Variantes 1 2 3

du March´e Mobilit´e Biens domestique Demande mod`ele du travail du capital et export´e d’exportation SID segment´e immobile diff´erenci´es ´elast. infinie SMD segment´e mobile diff´erenci´es ´elast. infinie HID homog`ene immobile diff´erenci´es ´elast. infinie HMD homog`ene mobile diff´erenci´es ´elast. infinie SIH segment´e immobile homog`enes ´elast. finie HIH homog`ene immobile homog`enes ´elast. finie HMH homog`ene mobile homog`enes ´elast. finie

´

etrang`ere s’est r´ealis´e entre 1985, l’ann´ee de base du mod`ele, et 1991.) Les r´esultats agr´eg´es des simulations sont donn´es dans le tableau 3.

Globalement, on constate que les r´esultats diff`erent tr`es peu quant `a l’impact de l’immigration sur le PNB : celui-ci augmente, suivant les variantes du mod`ele, de 2.3% `a 2.7%. Cependant, les conclusions concernant l’effet de l’immigration sur le bien-ˆetre sont invers´ees selon les variantes : si le mod`ele de base donne une augmen- tation du bien-ˆetre collectif de 0.4% (et une augmentation du bien-ˆetre des Suisses de 1.2%), la variante HMH montre une diminution du bien-ˆetre collectif de 0.7% (et une diminution du bien-ˆetre des Suisses de 0.6%).

Pour comprendre intuitivement ces divergences, qui s’agrandissent lorsqu’on si- mule une augmentation plus importante du nombre d’´etrangers, il s’av`ere utile de se r´ef´erer aux cat´egories de Markusen and Melvin (1988), cit´ees dans l’introduc- tion. En effet, l’impact n´egatif de l’immigration s’explique par l’effet ⟨⟨ termes de l’´echange⟩⟩, qui n’apparaˆıt que si la demande d’exportation n’est pas parfaitement

´

elastique. Par ailleurs, les ⟨⟨ gains inframarginaux ⟩⟩ sont petits si la main-d’oeuvre est homog`ene. En revanche, la segmentation du march´e du travail permet des gains plus substantiels, qui ne sont alors plus seulement ⟨⟨ inframarginaux⟩⟩. Finalement, on constate que l’effet ⟨⟨volume des ´echanges⟩⟩est n´egatif, mais tr`es petit, en raison du faible niveau des droits de douane en Suisse.

L’immigration induit une baisse du taux de salaire de la main-d’oeuvre indig`ene entre 0 et 1.8%, selon les simulations. Comment ces valeurs se comparent-elles aux estimations ´econom´etriques que l’on trouve dans la litt´erature ? Comme la plupart des ´etudes portent sur les ´Etats-Unis o`u la structure du march´e du travail est tr`es diff´erente et o`u la proportion d’immigrants est largement inf´erieure `a la Suisse, une telle comparaison n’est pas ais´ee. Dans son survol des ´etudes am´ericaines, Borjas (1994) conclut `a une ´elasticit´e des salaires indig`enes par rapport au nombre d’im- migrants de -0.02. Dans notre cas, o`u le nombre d’´etrangers augmente de 20%, on devrait donc s’attendre `a une baisse du salaire indig`ene de 0.4%. En revanche, si l’on tient compte du fait qu’il y a `a peu pr`es deux fois plus d’immigrants en Suisse qu’aux ´Etats-Unis, la baisse du salaire indig`ene serait de 0.8%. Ces valeurs sont tr`es

(15)

Table 3 – Comparaison des variantes du mod`ele : r´esultats agr´eg´es (variations en % par rapport `a l’´equilibre de r´ef´erence 1985)

R´ef´erence SID SMD HID HMD SIH HIH HMH Volumes

Mia de Frs 1985 Variations en %

PNB 251.753 2.6 2.6 2.3 2.4 2.7 2.5 2.5

PIB 238.348 2.4 4.1 2.5 3.5 2.4 2.5 3.0

Demande finale–Suisses 203.247 1.1 0.7 0.1 0.0 0.9 -0.2 -0.5 Demande finale–´etrangers 27.061 13.7 16.5 19.0 20.0 13.3 18.4 18.5

Exportations 87.841 2.2 7.8 2.9 6.3 1.7 2.5 4.3

Importations 79.800 2.6 3.9 2.4 3.3 1.4 1.0 0.7

Impˆots indirects 12.630 2.7 2.8 2.4 2.6 2.6 2.3 2.3

Production brute 452.172 2.4 4.4 2.6 3.8 2.4 2.5 3.2

Cons. interm´ediaire 226.453 2.4 4.8 2.6 4.1 2.4 2.6 3.3

Main-d’oeuvre indig`ene 129.033 2.7 2.7 3.6 3.6 2.7 3.6 3.6

Main-d’oeuvre allog`ene 12.490 13.2 13.2 13.2

Demande de capital 84.195 0.6 5.1 0.6 3.5 0.6 0.6 2.2

Prix r´eels

Indices Variations en %

Prix moyen `a l’exportation 1.000 -0.3 0.3 0.0 0.4 -0.1 -0.1 -0.1 Prix moyen `a l’importation 1.000 -0.3 0.3 0.0 0.4 0.9 1.4 2.3 Salaire m-d’oe. indig`ene 1.000 -0.4 1.4 -1.2 -0.0 -0.9 -1.8 -1.6 Salaire m-d’oe. allog`ene 1.000 -20.8 -14.5 -21.2

Prix du capital 1.000 4.0 — 2.1 — 3.6 1.5 —

Taux de change r´eel 1.000 -0.3 0.3 0.0 0.4 0.9 1.4 2.3

Variations en %

Population r´esidente (mio) 6.534 3.1 3.1 3.1 3.1 3.1 3.1 3.1 Bien-ˆetre Suisses (VE) 38.384 1.2 0.8 0.1 0.0 0.9 -0.3 -0.6 Bien-ˆetre ´etrangers (VE) 27.627 -5.6 -3.1 -0.9 -0.0 -6.0 -1.5 -1.4 Bien-ˆetre collectif (VE) 36.705 0.4 0.3 -0.0 0.0 0.1 -0.4 -0.7 Revenu agr´eg´e / tˆete 38.530 -0.5 -0.5 -0.7 -0.7 -0.8 -1.2 -1.4 Revenus des impˆots / tˆete 1.933 -0.4 -0.3 -0.7 -0.5 -0.5 -0.8 -0.8

Dans les variantes HID et HMD, la main-d’oeuvre est suppos´ee homog`ene. Le chiffre sous⟨⟨Main-d’oeuvre indig`ene⟩⟩esigne donc la variation de l’offre de travail totale.

VE =Variation ´equivalente au sens de Hicks

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proches de la diminution des salaires dans le mod`ele de base (SID) o`u le march´e du travail est suppos´e segment´e (par contre, la forte chute du salaire allog`ene paraˆıt peu plausible dans cette variante du mod`ele). En revanche, si la main-d’oeuvre est suppos´ee homog`ene (SMD), la baisse du salaire indig`ene est `a peu pr`es le double des estimations am´ericaines.

Avant d’examiner plus en d´etail le rˆole de chaque hypoth`ese de mod´elisation, une derni`ere remarque s’impose. Le gain de bien-ˆetre collectif qui apparaˆıt dans certaines simulations (notamment dans celles o`u les termes de l’´echange sont exog`enes) est dˆu au fait que nous simulons un afflux fini d’immigrants. En effet, si l’on admet depuis Grubel et Scott (1966) qu’une variation infinit´esimale du nombre de r´esidents n’af- fecte pas le bien-ˆetre des autres, Berry et Soligo (1969) ont montr´e que l’immigration augmente le bien-ˆetre des indig`enes dans le cas d’un flux fini d’immigration.

Main-d’oeuvre homog`ene. Les r´esultats des simulations contenus dans le ta- bleau 3 donnent des indications sur l’importance du choix entre les hypoth`eses por- tant sur le march´e du travail. En termes de bien-ˆetre, il y a en effet une grande diff´erence entre les r´esultats des mod`eles SID et SMD o`u le march´e du travail est sup- pos´e segment´e et ceux des mod`eles HID et HMD o`u l’on admet que la main-d’oeuvre est parfaitement homog`ene. Alors que les premiers montrent que l’immigration a un effet positif non n´egligeable sur les mesures de bien-ˆetre, une telle influence est `a peine perceptible dans les seconds. Cette divergence importante provient de deux m´ecanismes li´es `a la segmentation du march´e du travail.

D’une part, la variation des prix des facteurs induite par l’immigration est plus avantageuse pour les indig`enes dans le cas de la segmentation parce que la main- d’oeuvre allog`ene est compl´ementaire (au sens de Hicks) au capital et `a la main- d’oeuvre indig`ene. En effet, dans le mod`ele SID le taux de salaire des indig`enes ne diminue que de 0.4% (contre 1.2% dans le mod`ele HID o`u la main-d’oeuvre est suppos´ee homog`ene) et le prix du capital augmente de 4.0% (contre 2.1% dans le mod`ele HID). Cette situation plus favorable aux indig`enes est contrebalanc´ee par un effondrement (peu r´ealiste) du salaire de la main-d’oeuvre allog`ene (-20.8%).

D’autre part, la distribution de la main-d’oeuvre allog`ene dans les branches n’est pas proportionnelle `a celle de la main-d’oeuvre indig`ene. Par cons´equent, l’augmen- tation du nombre d’´etrangers affecte l’offre des branches diff´eremment du cas o`u la main-d’oeuvre est homog`ene. Les prix `a la production des branches o`u il y a une forte concentration de main-d’oeuvre allog`ene diminuent alors relativement aux autres. Comme il s’agit surtout de branches expos´ees `a la concurrence internatio- nale, le taux de change r´eel s’appr´ecie (les biens non ´echangeables se rench´erissent relativement aux biens ´echangeables). Ce m´ecanisme, qui est un r´esultat des inter- actions en ´equilibre g´en´eral, tend `a renforcer l’accroissement du prix du capital et du taux de salaire des indig`enes.

En r´esum´e, si le march´e du travail est segment´e, l’immigration est plus favorable aux indig`enes.

La structure de la production par branches r´eagit diff´eremment `a l’immigra- tion selon que le march´e du travail est segment´e ou non. Dans la variante SID, les branches dans lesquelles la main-d’oeuvre allog`ene est utilis´ee de mani`ere intense

(17)

profitent le plus de l’immigration. Il s’agit notamment des branches Textile, Ha- billement, Plastiques, Construction, Am´enagement et Hˆotellerie. Dans la variante HID, l’avantage de ces branches est moindre car elles ne peuvent pas discriminer la main-d’oeuvre allog`ene. Ce sont alors les branches les plus intenses en travail (main-d’oeuvre allog`ene et indig`ene) qui tendent `a gagner le plus.

Mobilit´e internationale du capital. Si le capital est parfaitement mobile entre pays, l’impact de l’immigration sur le bien-ˆetre est affaibli (simulation SMD), voire annul´e (simulation HMD) : en effet, les Suisses profitent moins et les ´etrangers r´esidant en Suisse perdent moins.

Si l’augmentation du PNB est semblable au cas o`u le capital est immobile, le PIB s’accroˆıt beaucoup plus (3.5–4.1% plutˆot que 2.4–2.6%). Ceci est dˆu `a un afflux de capital qui augmente le potentiel productif du pays : la r´emun´eration de ce capital est vers´ee `a l’´etranger et explique la divergence entre l’´evolution du PIB et du PNB. La d´epr´eciation du taux de change r´eel a une cause similaire. En effet, suite `a la r´emun´eration accrue du capital ´etranger, la variation du taux de change r´eel r´etablit l’´equilibre de la balance des op´erations courantes `a travers une hausse des exportations nettes.

L’hypoth`ese de mobilit´e parfaite du capital change les conclusions quant `a l’ef- fet de l’immigration sur la distribution des revenus. D’une part, l’augmentation de l’in´egalit´e entre Suisses et r´esidents ´etrangers est plus faible, comme mentionn´e ci- dessus. D’autre part, l’in´egalit´e `a l’int´erieur de la cat´egorie des Suisses risque mˆeme de diminuer, puisque les salaires des indig`enes augmentent de 1.4% (SMD), plutˆot que de baisser de 0.4% (SID), et que le prix du capital reste (par d´efinition) constant (SMD), plutˆot que d’augmenter de 4.0% (SID).

Homog´en´eit´e des biens, domestique et export´e, et ´elasticit´e finie de la demande d’exportation. Dans le mod`ele SIH, on suppose que les biens produits par une branche sont homog`enes, qu’ils soient export´es ou vendus sur le march´e domestique. On admet de plus que la demande d’exportation est `a ´elasticit´e finie10. Il y a alors deux effets qui agissent en sens inverse : d’une part, la segmentation du march´e du travail implique que l’immigration a une influence positive sur le bien-ˆetre des Suisses (et sur le bien-ˆetre collectif), d’autre part, la d´et´erioration des termes de l’´echange de 1.0% a un impact n´egatif sur le bien-ˆetre de tous les r´esidents. L’effet net reste positif : le bien-ˆetre des Suisses augmente de 0.9% et le bien-ˆetre collectif de 0.1%.

Par contre, si on suppose de plus que la main-d’oeuvre est parfaitement ho- mog`ene (variante HIH), les gains provenant de la segmentation du march´e du travail disparaissent. Dans ce cas, les termes de l’´echange ´evoluent de mani`ere encore plus d´efavorables (-1.5%) et l’impact net de l’immigration sur le bien-ˆetre devient n´egatif.

10. Remarquons que l’hypoth`ese d’une ´elasticit´e finie de la demande d’exportation domine celle de l’homog´en´eit´e des biens. En effet, si l’on combine une demande d’exportation `a ´elasticit´e finie avec l’hypoth`ese que les biens domestiques et export´es sont diff´erenci´es (fonction CET), les r´esultats ne diff`erent pratiquement pas de ceux du mod`ele SIH.

(18)

Si l’on ajoute encore l’hypoth`ese de parfaite mobilit´e du capital au niveau inter- national (variante HMH), alors l’immigration a un impact encore plus n´egatif sur le bien-ˆetre. En effet, `a cause de l’afflux de capital ´etranger, le taux de change r´eel se d´epr´ecie encore plus pour r´etablir l’´equilibre de la balance des op´erations courantes.

Comme dans ce type de mod`ele les termes de l’´echange varient parall`element au taux de change r´eel, ceux-ci se d´et´eriorent encore davantage (-2.4%) et la mesure de bien-ˆetre diminue de 0.6% pour les Suisses et de 0.7% au niveau agr´eg´e.

Les r´esultats des productions par branche d´ependent dans la variante HMH beaucoup plus des ´elasticit´es li´ees au commerce ext´erieur que dans le mod`ele de base : c’est une autre cons´equence de la forte variation des termes de l’´echange. Les branches dont la production augmente le plus (Cuir et chaussure, Min´eraux non m´etalliques, Papier) sont caract´eris´ees par le fait qu’elles sont expos´ees `a la concur- rence internationale et que leurs demandes d’importation et/ou d’exportation sont tr`es ´elastiques.

4 Conclusion

Dans cet article, nous ´evaluons la port´ee de diff´erentes hypoth`eses de mod´elisation qui jouent un rˆole important dans la transmission des effets de l’immigration sur l’´economie du pays d’accueil. Nous examinons notamment des hypoth`eses qui concernent la segmentation du march´e du travail, la mobilit´e du capital et la mod´elisation des exportations et des termes de l’´echange. Les r´esultats montrent qu’en g´en´eral, l’im- migration a un effet positif mais faible sur le bien-ˆetre collectif des r´esidents en Suisse. Si l’on distingue parmi ces r´esidents les Suisses et les ´etrangers, ce r´esultat doit cependant ˆetre nuanc´e : les premiers profitent de l’arriv´ee de nouveaux immi- grants, alors que les seconds perdent. Parmi les alternatives de mod´elisation que nous avons examin´ees, le choix des hypoth`eses s’est av´er´e crucial dans deux domaines : la mod´elisation du commerce ext´erieur et la structure du march´e du travail. En revanche, l’hypoth`ese de mobilit´e internationale du capital influence les r´esultats de mani`ere moins importante. En effet, cette derni`ere implique que l’effet favorable de l’immigration sur le bien-ˆetre est affaibli ; mais l’´ecart entre les deux cas n’est quantitativement pas tr`es important.

En ce qui concerne la mod´elisation du commerce ext´erieur, le choix entre l’hy- poth`ese d’une petite ´economie ouverte et celle d’une ´economie ouverte⟨⟨semi-petite⟩⟩

(o`u les prix `a l’exportation sont endog`enes) est fondamental, car il d´etermine le signe de l’effet de l’immigration sur le bien-ˆetre. La premi`ere hypoth`ese exclut une varia- tion des termes de l’´echange et l’immigration a en g´en´eral un impact positif dans ce cas. Par contre, la deuxi`eme hypoth`ese implique que les termes de l’´echange se d´et´eriorent n´ecessairement suite `a l’arriv´ee d’immigrants : l’effet de l’immigration sur le bien-ˆetre tend alors `a ˆetre n´egatif. Ce dernier ph´enom`ene, qui s’apparente `a la croissance appauvrissante, provient de la sp´ecification du mod`ele appliqu´e et non pas de la th´eorie qui ne pr´edit pas le signe de la variation des termes de l’´echange. Une telle formulation du commerce ext´erieur conduit donc `a des r´esultats trop extrˆemes.

A notre avis, elle est `a ´eviter dans des ´etudes appliqu´ees. Notre pr´ef´erence va donc

`

a l’hypoth`ese d’une petite ´economie ouverte, combin´ee avec une diff´erenciation des

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produits `a l’importation et `a l’exportation.

L’hypoth`ese portant sur la structure du march´e du travail d´etermine l’ampleur des gains de bien-ˆetre induite par l’immigration. En effet, si l’on suppose que la main-d’oeuvre est parfaitement homog`ene, l’impact de l’immigration sur le bien- ˆ

etre collectif est minime, mˆeme si le taux de salaire et le prix du capital varient. En revanche, si l’on suppose que le march´e du travail est segment´e, l’immigration a un effet faible, mais significatif sur le bien-ˆetre. A choisir entre ces deux hypoth`eses, il nous paraˆıt plus r´ealiste de supposer que le march´e du travail est segment´e. Mais notre d´efinition de la segmentation du march´e du travail est ´evidemment incompl`e- te, car elle se limite `a l’observation que la main-d’oeuvre allog`ene n’est qu’impar- faitement substituable `a la main-d’oeuvre indig`ene. Dans cette variante du mod`ele, l’immigration produit d’ailleurs une tr`es forte baisse du salaire allog`ene, ce qui est peu plausible.

Il serait donc int´eressant d’int´egrer au mod`ele une description plus compl`ete du march´e du travail, en le mod´elisant explicitement comme un march´e dual. Pour arriver `a des r´esultats plus r´ealistes, une d´esagr´egation de la main-d’oeuvre par niveau de qualification serait ´egalement souhaitable.

ef´ erences

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