DÉPARTEMENT DE L'HÉRAULT
VILLE DE SAINT-PONS
INVENTAIRE SOMMAIRE
ARCHIVES HOSPITALIÈRES
ANTÉRIEURES A 1790
PAR M.
J.SAHUC, ARCHIVISTE DE LA VILLE.
PRÉCÉDÉ DE
NOTES HISTORIQUES SUR L'HOSPICE DE SAINT-PONS
MONTPELLIER,
LAURIOL, IMPRIMEUR DE LA PRÉFECTURE, RUE COLLOT,
9.1910.
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding.from University of Toronto
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COLLECTION
INVENTAIRES SOMMAIRES
ARCHIVES HOSPITALIÈRES ANTÉRIEURES A 1790
l'UBLIÉE SOtlS LA DIRECTION
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
HÉRAULT
DÉPARTEMENT DE L'HÉRAULT
VILLK DE SAINT-PONS
INVENTAIRE SOMMAIRE
ARCHIVES HOSPITALIÈRES
ANTERIEURES A 1790
PAR M. J. SAHUC, ARCHIVISTE DE LA VILLE,
PRÉCÉDÉ DE
NOTES HISTORIQUES SUR L'HOSPICE DE SAINT-PONS
MONTPELLIER,
.1.
LAURIOL, IMPRIMEUR DE LA PRÉFECTURE, RUE COLLOT,
9.1910.
ù
m'A
A Monsieur le Maire de la Ville de Saint-Pons.
A Messieurs
lesMembres du Conseil Municipal
(1).A Messieurs les Membres de la Commission Administrative de l'Hospice
(2).RAPPORT
SUR L'ETAT DES ARCHIVES COMMUNALES ET DES ARCHIVES HOSPITALIÈRES
EN
1910.Vous
avez sansdoute remarqué,
souvent,dans
lacampagne,
cesmonticules que
lesfourmis aiment
à élever,comme un dôme, au
dessusde
leursmaisons. Pour
arriver à les construire, elles ont travaillépendant longtemps;
elles ont, petit à petit,amassé
et réuni sous l'ombre desgrands
arbres, à l'abride hautes
herbes, des brindillesde
paille, desfragments de
feuilles et cent autres ietus éparsautour
d'elles.De
tous ces petits riens elles ont faitun
tout, grâce à leur ordre, leurméthode
et leur labeurjournalier.Parfois, elles ont à peine
achevé
leur travailque
l'orage soufflantavec
violence renverse le ])etit édifice eten
dispersede
touscôtés les divers éléments.Mais
le plus souvent, c'estpar un
ciel sansnuages qu'un promeneur, dont
l'abord inspire la confiance,s'approchede
lafourmilière,admire
la patience et fhabileté
de
celles qui l'ont bâtie, s'étonnede
la peine, des soins,du
travail qu'elle a coûtés; puis, sans motif,du
reversde son
piedou du bout de
sacanne
il renverse l'œuvre qu'ilcontemplait
tout à l'heure.Quelques
débris restent sur le sol,mais
levent en emporte
le plusgrand nombre.
(1)
MM.
Denis Gros, maire; J.CormureauetE.
Moustelon,adjoints; conseillersmunicipaux,MM.
E. Belol, H. Gros, L. Gabrol, L. Petit, A. Guiraud, H.Membral.
A. Blanc, J. Piialippou, Petit-Tailhades, A. Pages, A. Sig-é, J. Sénégas, L. Pigassou, A. Belot, G. Guiraud, J. Rouanet.(2)
MM.
Denis Gros, maire, président-né; E. Moustelon, vice-président;membres, MM.
L. Petit.A. Blanc, F. Sénégas, A. Lignon et J. Sage.
\
6
ARCHIVES HOSPITALIÈRES DE SAINT-PONS
La
fourmi,cependant,
constate bientôt l'étenduedu
désastre.Mais
elle est laborieuse et patiente;se
mettant courageusement au
travail, elle construit ànouveau avec
les débris quelle recherclie opiniâtrement,un
autremonticule malheureusement
plus petitque
le précédent.Ne trouvez-vous
pas, Messieurs,que
cettefourmi ressemble étrangement
à l'archivisted'un
petitdépôt?
Lui
aussi avait élevéun
édificedans
lequel sescontemporains pouvaient
sinstruirede
l'expé- riencedu
passé.Pour arrivera
leconstruire, il avait travaillépendant longtemps;
il avaitamassé,
lui aussi, petit à petit, et réuni à
l'ombre de murs
épais des titres, desdocuments
et centmenu-s
papiers éparsautour de
lui.De
tous ces fragments, il avait,comme
lafourmi,
crééun ensemble,
grâceà son
ordre,à saméthode, à son
labeurjournalier.Voici
que
les révolutionset lesguerres
civiles ont passé;leur souffle avoulu
renverserl'édificed'un vieux régime
et effacerjusqu'càson
souvenir; il a balayé et disperséau
loin les diverséléments qui pouvaient
le rappeler. ]\Iais, le plus souvent, c'esten
pleine paixque
l'administrateur s'arrête à lavue de
ces papiers etde
cesparchemins
qu'iltrouve
sisoigneusement coordonnés
et rangés.Il
admire
lapatience et le savoirde
celui qui les a classés; il s'étonnede
la peine et des soins qu'a coûtés ce travaildont
ilcomprend
l'utilité;mais
lelendemain,
d'un geste inconscient,par simple
négligenceou
par fantaisiedu moment,
peut-êtremême
sans s'en douter, il renverse l'œuvre qu'ilcontemplait
la veille.Quelques
pièceséchappent
à la destruction;cependant
ledésordre
et lemauvais
vouloiren
font disparaître le plusgrand nombre.
L'archiviste aassisté
de
loin à ce désastre, il avu
l'anéantissementde son œuvre
et suivides yeux
les papiersdispersés.Comme
lafourmi, il est laborieuxetpatient; il oublievite, etseremettant courageusement au
travail il n'hésite pas à reconstruireun nouvel
édifice,malheureusement
plus petitque
l'ancienavec
les papiers et lesparchemins péniblement
retrouvés.Telle est, Messieurs, et telle
demeurera
l'éternelle histoire des petitsdépôts
d'archives.Vous devez comprendre que
la villede Saint-Pons
n'est pas la seule àdonner, pour
ses diffé- rentes archives, l'exemplede
ces installations et dévastations successives.Toutes
les petites villes qui,en
raisonde
leurmaigre budget ou du peu d'importance de
leur dépôt, n'ontpu
avoir d'archi- viste,en
sont aumême
point; elles offrent lemême
spectacle,dû aux mêmes
causes.Sous
l'ancienrégime,
ce sont : ledépôt
destitresdans
lescoffres àtroisclefs,que
l'on transportait soitd'unconsul chez
l'autre, soit d'un hôtelde
villedans
l'autre, suivantlehasard des
élections et desdéménage- ments;
l'abandon des titresde
lacommunauté
entre lesmains
etau
domicile des greffiersou de
consuls, qui
changeaient
tous lesans
; l'envoi d'ungrand nombre de
piècesaux procureurs ou
avoaitsde
laCour
desAides
etdu
Conseildu
Roi,pour défendre
les procèsinnombrables des communautés
contre les seigneurs; la facilité et lestendances que chacun
avait àprendre ou à
faire disparaîtreles pièces qui
pouvaient
l'avantagerou
legêner.Toutes
ces dispersions onteu
lieumalgré
les prescriptions incessantes desautoritéspour
assurerpar
inventaire et cla.ssement laconservation des archives.
La Révolution
àson
tour fit disparaîtreun
certainnombre
desdocuments épargnés
par lesguerres
civiles et lesguerres
religieusesdu XVl»
siècle.Enfin,
pendant
lapremière
moitiédu XIXe
siècle, les municipalités considérèrentcomme
inutiles etnégligeables les soins à
donner
à l'entretiende
titreséchappés aux
destructionsou aux
négligences antérieures. C'estseulement
vers 1855, alorsque commence
à sedévelopper
legoût
ARCHIVES HOSPITALIERES DE SAINT-PONS
7pour
l'étudede
riiistoire régionale et locale,que
Fautorité et les municipalités prirent desmesures en vue
d'assurer laconservation desarchives.J'ai 'dit ailleurs(1) quels avaient été,
durant
trois siècles, lesort et la destinéede nos Archives communales
: leclassement
et l'inventairede
1604, lerécolement de
1645, lesnouveaux
classe-ments
et inventairesde
1747, l'autodaféde
1793, l'étatsommaire
dresséen
l'an VIII, la venteaux
épiciers
en 1851
; ilne me
reste qu'àvous
rappeler leclassement
faiten
1894, l'inventaireimprimé en 1897
et ledéménagement
quine
tarda pasà lessuivre.Les Archives
hospitalièresne
paraissentpas avoir subi lesmêmes
vicissitudes.La
causeen
estdans
leur nature et leur origine; ellesrenfermaient
surtout des actesde
donation, des testaments, des titresde
propriété établissant les libéralitésdont
lacharité privéeavaitenrichi leshôpitaux.Les
administrateurs avaientdonc un
intérêt tout àfait particulier àen
assurer laconservation; d'autant (jue lamajeure
partie desrevenus provenaient
des rentesou
propriétés foncières.La Révolution épargna
ces dépôts et,malgré
l'ordrede
lesexpédier au
chef-lieudu département,
lesparchemins
et les papiers continuèrent à
sommeiller dans
leslocauxoù on
lesavait oubliés.Malheureusement,
le désordre, le
changement
et les transformations desbâtiments où
ils étaient renfermés, la négli-gence
des secrétaires, furent causede beaucoup de
pertes.Nos Archives
hospitalièresn'ont pasd'histoire.En
1683, Catherinede Goduro, femme de M. de La
Fajole,remit au Bureau
desPauvres
les registres etdocuments, que Jean de Goduro, son
père, avait eusen mains comme
syndicde
l'hôpital, et à cette occasion elleen
dressaun
inventaireque
l'ontrouve transcrit
aux
dernièrespages du
registrecoté B. 2.En
1689,M.
François-Linde
Brugai-roux de
Gopujol, alors syndic, fit dresserun nouvel
inventaire : « J'ay receudouze
solspour mes peynes
d'avoir fait l'inventaire des papiersde
l'hospital. »Quelque temps
après (2 avril 1697), leBureau
desPauvres prend une
délibérationpour
décider : « qu'il sera faitun garde-raube
àdeux
clefs
pour
tenir lespapiersde
l'hospital, qu'ilseramis dans
lachambre
des archivesdu
diocèse,dans
la
maison
presbitéralle».Lorsque M. de Gopujol
résigna ses fonctions, le30
octobre 1699, il dressaencore un
inventaire des actes, papiers etdocuments de
l'hôpital. Get inventaire, le dernierque nous
connaissions,comprend 175
articles.Les
registres et articles principaux quiy
figurentnous
ontétéconservésetnous
lesretrouvons encore au
milieude beaucoup
d'autres;on peut donc
assurer ([ne les archives n'ont paseu
à souffrirdepuis
1510, date à laquelle futcommencé
le plusancien
(registreB
1.)Gombien de temps
sont-elles restéesdans
lamaison
presbytéralede
S'-Martinavec
les archives
du
diocèse?Nous
l'ignorons; il est àprésumer cependant
qu'ellesdurent
être trans- portées,en
1793,dans
lesbâtiments de
l'hôpitaloù
ellesdemeurèrent jusques en
1892,époque
à laquelle ellesontété réuniesaux Archives communales pour
subirle sortcommun.
Vous
avezcompris.
Messieurs, qu'il était utilede conserver
etde
garantir, autantque
possible, contreune
nouvelle dispersionlesdocuments
anciens etmodernes que possèdent
notrecité etnotre hospice.Vous
avezjugé que
ledépôt transmis par
vos devanciers intéressaitnon seulement
l'his- toirede
notrepays
etde nos
aïeux,mais encore nos
institutions, les droitsde nos
établissements(1) VilledeSaint-Pons.Inve?ifaire
sommaire
desarchivescommunales
antérieures à1790
par J. Saliuc (Montpellier, Ricard frères, 1897). Introduction, p. ii.8
ARCHIVES HOSPITALIERES DE SAINT-PONS
publics et
même ceux
des particuliers; qu'ilspeuvent devenir
utilesen maintes
circonstances;que dans
lesvieux
papierscomme auprès
des vieillesgens on
trouve les meilleures leçons : cellesde
l'expérience.
Et vous
avez voulu, autant qu'il esten
votre pouvoir, assurer la conservationde
vos archivesen
les inventoriant, les classant, les installantdans un
endroitoù
elles paraissent devoir êtreen
sûretépendant quelque temps,
toutau moins
tantque vous
et vos successeursvoudrez
bien leuraccorder
lasauvegarde dont
elles ont besoin,sauvegarde
qu'ellesréclament
et qu'ellesespèrent de
vous.J'ai
pu
retrouver toutes les pièces figurant à l'Inventairedes Archives Communales que
j'avais dresséen
1894. Ilm'a donc
suffide
les reclassersuivant lesdispositionsde
cet inventaire, ajoutantsous une
coteIIquelques documents
retrouvés depuis.Pour
lesArchives
hospitalières, j'aidu
faireleclassement
et dresser l'inventaire.Sous
la cote A, pasde
titresde
fondation,mais
des lettres patentesdonnées par Louis XV
pour confirmer
l'établissementde
l'hôpital.En B
: registresde
possessions etde
rentes; titresde
ventes, acquisitions, donations, testa-ments;
piècesde
divers procès, ainsique du règlement de
la successionde M. de
Montgaillard,évêque de Saint-Pons
(1663-1713),dont
lespauvres
furent héritiers universels.J'ai coté
G
lespièces intéressantles matièresecclésiastiques, obits etfondations.La
sérieE
est des plusimportantes
; ellecomprend
diversdocuments
d'administration etde
comptabilité, des budgets, livresde
caisse, registresde
délibérations, quittancesde
fournitures.Sous
la cote F, j'ai classéles livresd'entrée etde
sortie des malades.Sous
la cote G, les registres des institutions succursalesde
l'établissement.Miséricorde de
la ville etMiséricorde de
lacampagne.
Enfin, j'ai réuni
sous
la lettreH
des papiersde natures
très variéesprovenant de
diverses sucesssionséchues
à fhôpital et qui constituentun fonds
plein d'intérêt.Tel est. Messieurs, le travail
que vous m'avez
confié. J'aiapporté
tousmes
efforts à lebien accomplir; apportez
toute votrepersévérance
à lebien
conserver.Et
laissez-moi,en
terminant,exprimer
le souhait que,par
exception, l'histoirede
lafourmi
et
de
la fourmilièrene
soit paspour Saint-Pons
cellede son
archiviste etd§
ses archives.Joseph SAHUG.
Aicliiviste dela villede Saint-l'ons.
QUELQUES NOTES
L'HISTOIRE DE L'HOPITAL DE SAINT-PONS
La fondationde l'hôpital.
—
Lesadministrateurs.—
Les hospitaliers, les Filles de laCharité, lesinfirmières laïques.—
Les bâtiments.—
Les médecins, chirurgiens, apothicaires, barbiers-perruquiers.—
Les contagions et les pestes.—
Lesremèdes
et les notes d'apothicaires.—
Les revenus de l'hôpital.—
Ses propriétés foncières.—
Lesbienfaiteurs del'hôpital.Peu
d'hôpitauxpossèdent
leurs actesde
fondation. Cetteabsence de
titres tient surtout à ce•que la création
de
ces établissementsremonte
àune époque
fort ancienne.Dès qu'une
villeforma une agglomération
assezimportante pour
avoir ses pauvres, il s'y fonda, le plussouvent
sansqu'aucun document
vînt le constater,une
associationpour
veniren
aideaux malheureux
infirmes•oumalades.
Nous ignorons
ladateà laquelle futcréél'hôpitalde Saint-Pons
;nous savons seulement
qu'il existait déjà
au
Xllle siècle, car,en
1280, Philippe leHardi donna en
sa faveur des lettresde
protection : «En una
cartaque
aytalsenhalO, faymensio
cosi l'ostal ettôt lo possessoridelhospital esen
protectio etsalvagarda delRey,
laquai concedit Moss'' Phelip, reyde France». Nous
ti'ouvons cettemention
trop courte,mais
ellenous prouve
l'existence,en
1280, d'un hôpital ayant déjà sesbâtiments
et ses biens.Le
plus anciendocument de nos Archives
Hospitalières estun
livrede
possessions,commençant par un
actedu 10
juillet1510;
lesecond
actede
ce registre estde
1535, puison
passe à1544 pour
arriver
rapidement
à l'année1650 avec
des lacunesde
dix etquinze
ans;il estdonc
bien difficilede
connaître d'unemanière
précise quelle aété,durant
cette période etjusques
àlaseconde
moitiédu XVIIe
siècle, la viede
l'hôpitalde
Saint-Pons.N'ayant
pasde
titrespour nous
indiquer d'unemanière
sûrecomment
fonctionnait et étaitadministré
cet établissement,nous devons supposer
/ju'il était régi suivant les lois
en vigueur ou
suivant l'usage, c'est-à-dire très mal. L'incurie, la^0
ARCHIVES HOSPITALIERES DE SAINT-PONS
négligence et le lucre étaient partout la règle générale; aussi Fi-ançois 1erdut rendre,
en
1543,un
édit attribuant
aux
baillis,sénéchaux
et autres juges la surveillancede
l'administrationdes hôpitaux avec
lafacultéde remplacer
lesadministrateurs. Cet éditde 1543
n'ayant pas étéexécuté,François
1erdut en donner un
autre, le4
janvier 1545,ordonnant
à touslesadministrateurs d'hôpi-taux de rendre compte aux prochains
juges des lieuxdu revenu
etde
Tadministralion desdits hôpitaux, àquelque
titre qu'ils les tiennent, etde
représenterles lettres et titresde
fondation;mais
les administrateurs s'opposaient à ces
mesures d
ordre qui les privaient d'unesource de
revenus.Nouvelles ordonnances
et nouvelles déclarationsde François
1er,d'Henri
II,de
CharlesIX
et enfinde Louis XIV. *
Mais
ces édits,rendus pendant
la décentralisationde
l'ancienrégime,
visaient plus particuliè-rement
Pariset l'Ile-de-France, etlorsque,plustard,Louis XIV appliqua
à laprovince
l'éditde
1656, ce fut surtoutpour empêcher
lesmendiants
et lespauvres
d"aftluer à Paris,en
obligeantchaque
ville à
garder
sesmalheureux dans
ses établissements hospitaliers.Aussi
leur applicationdans
lesbourgades
et villesde province
fut-ellepresque
nulle,chaque
seigneurou chaque communauté continuant
à lesadministrer
à sa guise.Jusques
à laseconde
moitiédu XVIIe
siècle, Thôpitalde Saint-Pons
fut trèsmal administré
et fortmal
installé.Les malades y
étaient couchés, pêle-mêle, sur la paille,dans un bâtiment humide
et
malsain au bord de
la rivière, lelong de
la routede Narhonne,
à feutréede
la villepar
leBourguet-Noou
; les soins étaientdonnés par un fermier que
les consulsde
laville et les baillisde
l'hôpital
nommaient chaque
année.Cependant, dans
les dernièresannées du XVIe
etpendant
lapremière
moitiédu XVIIe
siècle, lorsde
l'apaisement qui suivit lesguerres
civiles etpendant une
période d'effervescence religieuse, les libéralitéscommencèrent
à affluer à l'établissement, et bientôt il n'y eut plus prêtre, noble,bourgeois
etmême
artisan qui n'eût àcœur de
fairedans son testament une
disposition, siminime
fût-elle,en
faveur despauvres de
l'hôpital.Aussi
lesdernièresannées du XVIIe
sièclemarquent-elles
l'apogéede
l'hôpital.Louis XIV
venaitde
rendre,notamment en
1656,1662
et 1693,une
série d'édits qui introduisirent d'excellentesréformes dans
l'administration hospitalière, touten
laissantaux
administrateurs despouvoirs
exorbitantsde vendre,
aliéner etacheter sanscontrôle, ce quidonna
lieuà desabus
età l'arbitraire.Saint
Vincent de Paul
avait crééun mouvement admirable de
charité etcouronné son œuvre en fondant
l'ordre des Fillesde
la Charité, servantes des pauvres.Son
disciple, P.-J.-F.de Percin de
Montgaillard, quiconsacra son long
épiscopatde 50
ans,tout entier,au soulagement
desmalheu-
reux,monta
sur le siège épiscopalde
Saint-Pons, et alors, grâce à lui,une
organisation se forma.Les membres du bureau
despauvres
et ses syndicspurent
faireœuvre
utile et attirer les largessesdes
bienfaiteurs.En août
1720, J.-L. desBcrtons de
Grillon,évêque de Saint-Pons,
avait étédéputé par
les États pnni- [«orter les cahiersau
roi.Les membres du bureau,
craignant peut-êtreque
l'onne supprimât un
jourou
l'autre l'hôpitalde
Saint-Pons,comme on
l'avait fait (juelf(uesannées
aupara- vantpour un grand nombre
d'établissements hospitaliers etde
maladreries, [)rofitèrentdu
séjourde révoque
à Paris j)Our le prierde demander au
roi des lettres patentes «en
faveur dudit hôpital, etque
se trouvant ainsi estably sanspouvoir
estrejamais
destruit, cella put porterlesgens de
piété ày
faire desdons
».L'évêque
fit sesdémarches,
et, le 1erdécembre
1720,Louis XV
signa àParis
«les lettres patentes parlant cunliiination d'un hôpital à Saint-Pons.
Ces
lettrescontiennent eu
HISTOIRE DE L'HOPITAL DE SAINT-PONS
1120
articleslerèglement de
riiùpital et fixentson mode
d'administration, qui,jusques
à cetteépoque
avait étéfortarbitraire et avait
beaucoup
varié.Les
legsarriventencore
à fhùpital;mais
ilssemblent
se faire plus rares àmesure que
l'onapproche de
la Révolution.A
la findu XVI1«
siècle, sous l'influence d'unsentiment de
dignité peut-êtreexagérée
etde
philosophie humanitaire,on
essayade mettre en doute
l'utilité deshôpitaux
etde
lesremplacer par
l'assistance à domicile;
mais on dut
reconnaîtreque
cet essai n'était pas pratique.On
voulut alors centraliser ladirection des établissementsde
bienfaisanceen en
faisantune charge
nationale etnon
locale;
mais
ilne
fut pasdonné
suite à tous ces projets.L'Assemblée
Constituante se contentade remettre
l'administration des hospicesaux
municipalitéspar
sa loidu 22 décembre
1789.Le 23 messidor an
II, les biens deshôpitaux
furent déclarésnationaux
par laConvention
et confisquésau
profitde
FÉtat. Cette confiscation était la ruine etla destructionde
l'hôpitalde
Saint-Pons.Le 15
pluviôsean
II, la désorganisation s'accentue.Deux
administrateurs sont morts,trois sont détenus.Le
trésorierprovoque une réunion
desmembres du bureau pour
leurexposer
ledénuement dans
lequel se trouve lamaison
: «Je
n'aivu moi-même aucune
ressourceny aucun moyen
;mais
j'ai
pensé que vous
les trouveriezdans
voslumières
etdans
votre sagesse; la caissede
l'hôpital est vuide; ily
a plus,elle doit et assezconsidérablement;
lesappi-ovisionnementsmanquent totalement
et les
dépenses augmentent en
raisonde
la misère, soit par l'affiuence des militaires, soit par les habitantsde
lacommune.
»On
projetteun emprunt de
3,000 fr. quine
réussit pas, et legouverne- ment
envoieun
secoursde
5,000 fr.pour payer
le passif arriéré et faire faceaux
besoins les plus pressants.Le 26
pluviôsean
III, « l'hôpital esttotalement dépourvu
et se trouvedans
le plusgrand dénuement
;vous
êtes sans grains, sans vin, sans huile et sans bois, objetsabsolument
indispen- .sables... la caisse se trouvevuide
et doitconsidérablement;.
. . jene
sais plusoù prendre pour
fourniraux
besoins journaliersde
cettemaison
».On
projetteune
autredemande de
secours.Quelques mois
après, lacommission
desrevenus
publics envoie15,000
liv..
Deux mois
après, l'hôpital estencore dans un
étatde dénuement extrême. En
l'année IV, les administrateurs envoientun commissaire
à Montpellierpour exposer aux membres de
l'adminis- tiationdu département
fétat des besoins: lamisère augmente,
il y a00 malades
à l'hôpitalau
lieude 15
; les administrateurs ontdu emprunter
surleur garantie personnelle; lesfournisseurs refusent tout crédit.Depuis que
les Miséricordesde
la ville etde
lacampagne
avaient étésupprimées,
laRépublique
percevait leursrevenus; en
l'an IV,on
les réunitprovisoirement
à l'hospice, lui créant ainsiquelques
ressources passagères,dont
la principale était lefermage de
la métairiede
Gartoule, quidépendait de
la Miséricordede
la ville.En
l'an VI,on
n'admit plus «que
lesmalades
atteintsde maladies
incurables etdans un
étatde misère
etde dénuement
total », réservantainsi,pour
ces derniers, lesmodiques
ressourcesdont
disposait lacommission.
En
l'an VIII, legouvernement
décide, fort à propos, d'établirdans
toutes les villesoù
ily
avaitun
hospiceun
octroi provisoire,dont
tous lesrevenus
serviraient àson
entretien. L'octroi, qui remplaçait à Saint-Pons l'équivalent, devait rapporterenviron
4,000 livres. Il fut établidans
les
premiers
joursde
floréalan
IX, et l'hôpitalfermé depuis quelque temps peut
enfin rouvrirses portes. «La commission
a cru devoir ouvrir l'hospiceau moment de
l'établisssement de
lasub-
vention pour que
les habitantsen
supportassent le poidsavec moins de répugnance
lorsqu'ils Terraient lesmalheureux secourus
par cet impôt.La misère
et lenombre
desmalades
est consi--12
ARCHIVES HOSPITALIÈRES DE SAINT-PONS
dérable
au
pointque,
sans satisfaire à toutes les justesdemandes
quinous
sont faites, déjà ilen
est entré
douze
».Les
administrateursne pouvaient encore
secharger de
faire les grosses provisions.Aussi demandèrent-ils aux anciennes
religieuses, qui avaient pris lenom de
citoyennes,de pourvoir
à l'entretien desmalades moyennant
le prixde
fr.80
c. par tête etpar
jour. Cette clause était contraire à la règle des religieuses; elles acceptèrent,mais seulement sous
la réserveque
cette situation serait provisoire.A mesure que
l'ordre se rétablit, lesdonations
revinrent à l'hospice, quiput
ainsi, petit à petit, arriver àrendre
lesmêmes
servicesque par
le passé.Nous
lisonsdans un rapport
adresséau
Préfetde
l'Hérault,en mars
1836, qu'à cetteépoque,
lesrevenus de
l'hospice étaientde
7,500 fr.,y compris 2,000
fr. verséspar
la ville sur lesrevenus de
l'octroi.La
ville avait touiours versé cettesubvention
qu'elle adiminuée
insensiblement, etenfinsupprimée
d'unemanière
définitive ily
aquelques
années.A
la têtedu
service hospitalier se trouvaient,comme encore
aujourd'hui, des administrateurs qui ont porté diversnoms
et qui, touten conservant
la direction, confiaient l'administration àun ou
plusieurs d'entre eux.Le nombre
et lemode de nomination de chacun
d'eux, ladurée de son mandat
ont varié trèsfréquemment jusques en
1720.En
1510,on trouve
trois baillisou
gardesde
l'hôpital agissant seuls;en
1544, les trois baillis n'agissent qu'enprésence du
viguier etdes consuls;en
1555,on trouve encore ensemble
lesconsuls et les baillis;de 1555
à 1662,pendant une période de
plus d'un siècle, l'hôpital estgéré par
trois baillis et troisprocureurs;
à partirde
1666, l'évêque, assistéde
ses vicairesgénéraux
etdes consuls, préside l'assemblée; les troisprocureurs
despauvres
existent encore; ils sontnommés pour
troisans
etadministrent une année chacun. En
1673, il n'y aqu'un
seul syndic, qui n'est pasrenouvelé annuellement
et resteen
fonctions jusqu'aumoment où
ildemande son remplacement.
L'Éditde 1693 commença
lagrande réformation des hôpitaux de France
;mais
ladéclarationdu 12 décembre 1698 remplaça
lesrèglements
multiples,et particuliersde chaque
établissement.On
trouvedans
cet acte l'origine descommissions
administratives; il enlève la direction deshôpitaux aux
ecclé- siastiques touten
réservant laprésidence aux
évêques, présidents-nésde
ces assemblées.Le bureau
ordinairede
direction était alorscomposé de
l'évêqueou en son absence de son
représentant,du procureur, du
maire, des consuls,du
curé.Outre
ces directeurs-nés, ildevaitêtre choiside
troisans en
trois ans,dans
lesassemblées
généralestenues annuellement,
telnombre
d'habitants
jugé
àpropos dans chaque
lieupour prendre
partaux
séancesavec
voix délibérative;chaque
trois ans, lebureau de
direction devaitnommer un
trésorierpour
faire les recettes etpaver
lescharges de
l'hôpital.Le bureau
devait s'assemblerune
foispar semaine ou
tous lesquinze
joursau moins.
Les
lettres patentesde 1720
fixèrent ànouveau
lacomposition du bureau de
l'hôpital et les attributionsde
sesmembres. Le bureau
estformé de
l'évêque,du premier
officierde
la justicetemporelle de
l'évêque,du
syndicdu
chapitre,du curé de
la ville, des consuls et des directeurs éluschaque deux
ans.Les
assendjlées doivent avoir lieuune
foispar semaine dans
le palais épis- copal.Pour
les affairesde simple
administration, lesadministrateurspeuvent
délibérerà lapluralitédes
voix, s'ils sont sept;pour
les actes d'aliénation, ils doivent êtreau nombre aux moins de deux
tiers.
Chaque semaine,
ilserachoisideux
directeurspour
la visitede
l'hôpital et l'ordonnancede
laHISTOIRE DE L'HOPITAL DE SAINT-PONS
13<lépense journalière.
Le bureau
peut élireparmi
sesmembres un
syndic,un
secrétaire etun
rece-veur
quidevra rendre
descomptes
particulierscliaque troismois
etun
général cliaquefin d'année.La
loidu 16 vendémiaire an V
renditune
partiede
leurs biensaux
hospices etconserva aux
municipalités ledroitde nommer
leurscommissions
administrativescomposées de cinq membres
renouvelées chaque année
parcinquième
et choisissantdans
leurseinun
présidentetun
secrétaire.Les
loisdu
i6messidor an VIL du 28
pluviôsean
VIII etdu
7germinal an
XIIIapportèrentde
légères modificationsà cette organisationque
vinrentcompléter
ensuitelesordonnances
des6
février 1818,() juin
1830
et23 mai
1852.La composition
descommissions
administratives est actuellement réglée par la loidu
5 août 1879.Jusques
à 1673,nous
trouvons,pour chaque
année,un nouveau procureur
despauvres; mais
à partirde
cette date, ces dignitaires conservent,comme nous
l'avons dit, leurs fonctionspendant longtemps.
En
1673,Jean Codeur ou Jean Coduro,
qui n'étaitautreque Tarbouriech,
originairede Goduro, dans
lePardailhan, est installécomme
syndic despauvres ou
procureur. Ilhabitait,dans
lagâche
Ville-neuve, une maison,
aujourd'huimaison
Barthès.De son mariage avec
Christinede Tourbes,
il eutdeux
filles :Isabeau
et Catherine.Jean de Coduro mourut
le26
octobre 1688. « Estmort Jean Codur, procureur de
l'hôpital, après avoir reçu lessacrements,
et fut ensevelydans
l'églisede Saint-Pons
(1). » Il avait étémauvais
administrateuret laissa descomptes
fortembrouillés.L'admi-
nistration futobligéede
les faire revoir,etleurliquidationdonna
lieuàun
longprocès quisetermina,en
1738,par un
actede
transaction.Le jour même du
décèsde M. de Coduro,
lebureau
despauvres
se réunitpour
luidonner un
successeiu".
Sur
la présentationde
l'évèque,on nomma
à l'unanimité François-Linde Brugairoux,
sieiu"
de
Caupujol,de
la famille des co-seigneursde
Pardailhan. François-Lin,né
àSaint-Pons
le29 novembre
1656(2),était filsde Marc,
sieurde Peyremaure,
seigneurde
Pardailhan, etde Suzanne de
Verdiguier; il habitait,dans
lagâche du
Planel, lamaison
Castelbon.De
safemme,
Isabeaude
Fleyres, il eutune
fille :Suzanne. Son
administration fut des meilleures; ilremit Tordre dans
les affairesde
l'hôpital,termina avantageusement
plusiein-s affaires litigieuses ets'occupasérieusement de
ses fonctions. Aussi,lorsqu'il voulut se retirer,en
1695,on chercha
par tous lesmoyens
àlui faireconserver un
poste ([uil fut obligéd'abandonner,
en raisonde son
étatde
santé, et bienqu'on
lui eûtdonné un
aide. Il fit construire lebâtiment neuf de
l'hôpital, dressa l'inventaire desArchives
hospitalières etmême
celui desArchives de
la Ville,qug
l'on retrouvaen
1746, et futpremier
consulen
1694.Bien que
sa situationde
fortuneeût été biendiminuée
parla ventede
laseigneuriede
Pardailhan,vente que
samère dut
consentir dès qu'elle futdevenue
veuve,François-Lin
possédait les propriétésde Marquit
etde
la Boriettede
Marquit.M. de Caupujol
consentitcependant
àterminer deux
affairesen
cours et, par délibérationdu
11décembre
1695,on nomma
à sa place,comme
syndic,
Jean Maurel,
quiadministra
àcompter du
1er janvier 1696. Ilmourut
àSaint-Pons
le12
avril 1711 et futinhumé dans
l'église cathédrale (3).(1) Arch. miiM. do Saiiit-Pons.
GG.
14.(2) Idem. GG. 10.
(3) Idem. GG. lo.
14
ARCHIVES HOSPITALIÈRES DE SAINT-POXS
Jean Maurel,
filsde François Maurel, marchand,
habitait rueVialbnine
et futreceveur des
tailles
en même temps que
syndicde
l'hôpital.Époux de Suzanne
Hortala, il venaitde
mourii-,en
1748, lorsqueune de
ses filles se maria. Il avait déjàdemandé son remplacement au bureau des pauvres en
1738.Jean Maurel
possédait la métairiede
Coufins.Pierre-Joseph Maurel,
avocaten Parlement, son
fils, luisuccéda en
vertu d'une délibérationdu 5
avril 1738.L'évêque
le présentaau bureau;
«que pour
cet effet, dit-il, il a jette lesyeux
sur le sieurMaurel, son
fils,comme
étantau
fait des affairespar Texpériance
qu'il a acquiseen
travaillantavec son père
».Pierre-Joseph
étaitné
le17
octobre1700
(1) et avait été baptiséen danger de mort.
Il était
encore en
fonctions lorsqu'ilmourut, en
1758.Le règlement de
sescomptes donna
lieu à certaines difficultés, etpeu
après samort
sesdeux sœurs,
lesdames Rose Maurel, veuve Robert, médecin,
etElisabethMaurel, veuve Dor, donnèrent
àl'hôpitalune somme de 5,000
fr., «etattendu que
leurpère
etfrère ontadministré depuis longtemps
le bien des pauvres, ils auroientpeu pendant
cette administration avoir oublié,
obmis ou
négligé bien des cliosesdud.
h(')pital etque
voulant, autant qu'il leur est possiblepour
lerepos de
l'âmede
l'un etde
l'autre,y remédier,
elles offrent, etc. ».Jean-Jacques Tabarié
lui succéda. Il était filsde Jean-Jacques, époux de Françoise
Blézy, et avait épousé,en
1726, Marie-Claire Pradal,dont
il eut sept enfants.Tabarié
était,en même temps que
.svndicdes pauvres,receveur
destailles. Il habitait,gâche du
Planel,une maison
ayantappartenu
àCélestinChambert,
chirurgien, etqui,par
voie d'échange, estdevenue
lamaison de
refugeconnue
aujourd'huisous
lenom de
Hespitalet. Ilmourut
àSaint-Pons,
après avoir résigné ses fonctionsde procureur de
l'hôpital.Philippe Verlhiac, avocat
en Parlement, son
successeur,étaitnéà
Saint-Pons, le23 mars 1702
(2),du mariage de
Pierre etde Marie Simon, dans une maison de
lagâche du Théron
qui passa plus tardaux
pauvres. Il était déjàsyndic du
diocèse, lorsque, le30 novembre
1760,Tabarié demandant
à être
remplacé, en
raisonde son
âge etde
ses infirmités, il futnommé aux mêmes
fonctions.Verlhiac se retira
lui-même quelques années
après etmourut
àSaint-Pons
le8
juin1782;
il futinhumé dans
le cimetièrede
la paroisse «au tombeau de
sesancêtres(3) ».Au moment de
samort,
il était viguier et
juge en
la temporalitéde
l'évêchéde Saint-Pons.
Pierre-Jean-François
Castelbon, avocaten Parlement,
luisuccéda
le l^^r juin 1768.Né
àSainl-Pons,
le 7novembre 1728 de Guilhaume Castelbon
etde Marie Amans,
il avaitépousé Geneviève
Tabarié, nièced'un de
ses prédécesseurs, avait été consulen 1766
et habitaitgâche
delMercat dans une maison
(pii,en
1680," appartenait àRaimond
Ponset. Ildemanda son remplace- ment en
1776.Jean-Pierre Peyroimet. médecin,
filsde
Jacques, luisuccéda
le27 décembre 1772
etmourut
le.15
février 1782.Au moment de
samort,
les fonctionsde syndic
étaientsupprimées;
lebureau
l(jutentier administrait
avec un
secrétaireetun
trésorierque
l'onremplaçait chaque deux
ans.(1) Arcli.
mun.
de Saiiit-I'niis. ("in. l.i.d)
Idem. GO. !.">.(3; Idem. C.G. 20.
HISTOIRE DE L'HOPITAL DE SALNT-PO.NS
15Le bureau
dirigeait l'administration,mais
ilne
pouvait entrerdans
tous les détailsde
la vie Tnatérielle, etle rôledu
syndic devaitforcément
se réduire à celuide
surveillant et d'ordonnateur.il lui était nécessaire d'avoir, sous ses ordres,
un personnel
quidonnât aux malades
les soinsdont
ils avaient besoin.Ce
fut là,pendant
lesdébuts
etjusques en
1695,une
grosse difficulté.On
s'adressad'abord à des hospitaliers
ayant
déjàune
autre profession et qui,moyennant
la jouissancedu
jardinde
l'hôpital etune somme minime,
consentaient àgarder
lesbâtiments de
l'hospice et à soigner, tant bienque
mal, lesmalades. Le premier
bailque nous en ayons
estdu 18
avril1018;
l'acte
indique seulement qu'Etienne
Carratier fournira,pendant
toute l'année, la paille nécessairepour
coucher, àcharge de prendre
lejardin.Les baux
suivants sont plus explicites.Le
11mai
1621,Antoine Gran,
cardeur,consent
« à régir etadministrer
led. hôpital » et les parties sedonnent
actede
leurs conventions.Le
bail est faitpour un an
etaux
pactes suivants : « c'estque
led.Gran
sera tenu,comme
il s'en charge,de
bien etdûment
loger et serviraud. hôpital lespauvres
quiy
seront, .soyentmalades ou autrement, de
bienadministrer
lesmeubles
qui lui ontestesbailhés, desquels a esté fait inventaire,que
led.Gran
seratenu de rendre
à la flnde
l'annéeen
Testât qui luy ont esté bailhés; sera aussytenu
led.Gran de
bien cultiver le jardindépendant
dud. hospitalen bon ménager,
sans luy estrepermis de couper aucun
des arbres qui y sontà piedny
àbranche
etpour Farrentement
dud. jardin,pendant
la dite année, le sieurGran
seratenu de payer aux procureurs
la
somme de quarante
sols,en
oultre seratenu de
fournir etadministrer aux pauvres malades dud.
hôpital lesel et huile nécessaires ».Le preneur
recevaitune somme de quarante
sols par an.Gran conserva
l'hôpitaljusques en 1634;
cette année-là,Michel
Peyras, cardeur, prit sa place et laconserva jusques en
1637, toujoursaux mêmes
conditions.En 1650
et1658,on
trouve à cetemploi Jacques
Gazel, escardasseur;mais
il soigne trèsmal
lesmalades
etdemande
d'ailleurs à se retirer àcause de
songrand
âge;on
tentede
leremplacer
parlerégent quiconsentiraità s'installeràl'hôpitalpour pouvoir
à la fois soigner lesmalades
et exercerson
état;mais
il n'y a pasde
localpour
le recevoir.En
1673,M.
Devic,un
desprocureurs
est priéde chercher une femme; on
espère,en
effet, àjuste raison,
que
les soinsdonnés par une femme vaudront mieux que ceux
deshospitaliers;on
n'en trouve pas encore, etJacques
Gazel estmaintenu aux
gagesde 10
livrespar
an.L'année
suivante.Mademoiselle de Bernai
se présente et entreen
fonctionsaux appointements de 150
livres par an; ellene
tarde pas à êtreremplacée par Mademoiselle Langlade
qui reste hospitalièrejusques au 16 mars
1694.Cette année-là,
M. de
Montgaillard et lebureau
despauvres
décidentde demander
à lamaison
des Fillesde
la Charité, à Paris, quatre religieuses qui seront capablesde donner
des soins plus intelligents et plus dévoués. C'est alorsque
furent appelées àSaint-Pons
cesfemmes
qui,durant un
espacede deux
cents ans,donnèrent,
sanscompter,
à leurspauvres
et àleursmalades,avec une abnégation
etun désintéressement remarquables,
des soins éclairés, des parolesde
consolation etbien souvent
leurfortune personnelle.Les
préliminairesde
l'accordcommencèrent
le 6avril1694,
et
Jacques
Prévôt, prêtre,docteur de Sorbonne,
signa à Paris,comme mandataire du bureau des pauvres de
Saint-Pons, le traité intervenuavec
les Fillesde
la Charité, traité qui futrenouvelé
sur lesmômes
basesen
l'année 1853.Le 24 novembre
1694, quatre religieuses :sœur Marie Chauvin,
.sœurCatherine Naudin,
sa^urAnne
etsœur Marie
quittent Paris à destinationde Saint-Pons;
(îlles passent
par Lyon où
elles reçoiventun
subsidede
route et arriventen
janvier1695.
Elles restèrent
au nombre de
quatrejusques en
1765.A
cetteépoque,
ellesne pouvaient
-1(5
ARCHIVES HOSPITALIERES DE
SAI.NT-PO.NSsuffire, par suite
de
la quantité desmalades, de
lamisère
etde
la quantité des enfants qu'elles avaient à instruire.Cet
excèsde
travail «dérange
leursanté et, par suite, lasœur chargée de
l'école etde
l'instruction desjeunes
fillesde
laville setrouvant
obligéede donner
des secoursdans
riiité-rieur
de
lamaison ne peut vaquer
àson employ, comme
c'est actuellement, ce (pii a obligéde renvoyer
lesjeunes
fillesdepuis deux mois
».Pour
faciliter l'arrivéed'unecinquième
religieuse,sœur
Toussaint, alorssupérieure,«donna
lasomme de 600
livres et la plusgrande
partie d'un héritage quelle venaitde
recueillir ».On
décida aussi, lamême année, de prendre un
inlîrmier, qui «rendra de grands
servicesaux honmies, notamment pour
certainsremèdes que
lessœurs ne peuvent
administrer,pour garder
etsoigner
les
hommes
qui seraientdans
le délire, allerchercher
le prêtre la nuit, cultiA-er le jardin, trans- porter leshommes malades
d'un hôpital à l'autre ».Le 30 messidor an
III, les citoyennes Elisabeth Voisenet,Marie-Emilie Le
Besson,Marie
Lespinasse, Elisabeth Reversi,Françoise-Rose-Rosalie Guiraud
«cy-devant
fillesde
la Charité,employées au
servicedes pauvres malades,
» font la déclaration quelles sesoumettent aux
loisde
la
République.
Dans
lecourant du XIXe
siècle, lenombre
des religieuses fut élevé àsept.Depuis
leur arrivée àSaint-Pons, en
janvier1695 jusques
à leur départde
l'hôpitalen
juillet 1895, les Fillesde
la Charitéont eu comme
supérieures :Sœur Marie Chauvin, 1695
à1708; sœur Marie-Anne Conto- cheau, 1709
à1716; sœur
AntoinetteGuerbe, 1716
à1730; sœur
Toussaint,1731
à1760:
« a esté ensevelvedans
l'églisede
nostre hôpital, après avoir été portée à l'église paroissiale, lasœur
Toussaint, fille
de
la charité,supérieure de
nostre hôpital,décédée
lejour
précédent,âgée
d'environ81 ans
(1)»;Suzanne Bacquet 1760; sœur Marie Richard, 1772
à1783; sœur de
Létang,1783
à1795;
en
l'an III, la citoyenneEmilie Besson, cy-devant
fillede
la charité;sœur Suzanne
Robert,1811
à1822; sœur Marie
Espinasse,1822
à1826; sœur
Pérès,de 1823
à 1833, etdepuis
cetteépoque
:sœurs
Soulier,Barbe, Raynaud,
Gros, Petetin.Parmi
lessœurs
quidepuis 1695
ont soignénos malades,
ilnous
a étéconservé jusques
à laRévolution
lesnoms de
:sœurs Thérèse
(1704),Gautier
(1709), Gabrielle (1709), Ollivier (1711),Catherine
(1711),Marie-Anne
(1716),Renée
(1721),Hubert, morte à Saint-Pons en 1758
etremplacée par sœur Anne
Chrétien;Marie
(1760),Hélène, morte en 1762; Jacques
(1763),Verdier
(1766),Françoise
(1766),Paquié
(1774), Ginot (1776),Pages
(1777).Les
religieuses avaientencore
àleurservice,pour
les aiderdans
lestravaux
grossiers, lessives, nettoyages et autres,des
servantes gagées, ainsiqu'un
infirmierpour
les faciliterdans
les soinsà donner aux hommes
etun
jardinier s'occupanten
particulier destravaux
d'horticulture.L'hospice
de Saint-Pons
a été laïciséen
1899. Il aactuellement
à sa tête,en
lapersonne de
Madame
V.Morin
,veuve
Berger,une femme chez
laquelleon
estunanime
àtrouver
réunis, ledévouement
sansbornes,
les ipi.iliti'sdu
co'ur (>t ledésintéressement
absolu (pii luiit k's vraies Fillesde
Charité, les véritables servantesdes
pauvres.(\) Arcli. miiiiirip. r.G. IS.
HISTOIRE DE L'HOPITAL DE SAINT-PONS
17Il est bien difficile
de
savoir aujourd'hui,à
défautde
titres etde
plans, ceque
furentdans
ledébut
lesbâtiments de
rhùpital.Nous ne trouvons
pas tracede
devis nide
réparations avantlafindu
XVII«'siècle, etconune
les constructions faitesaux
dilférentesépoques
ont toujoursmanqué de
style et qu'elles ont subi des transformations sansnombre,
impossibles àdéterminer
actuelle-ment, nous devons nous
contenterde
signaler les diversremaniements
effectuésdepuis 1675 sans chercher
à les retrouver ni à reconstituer lesanciennes
bâtisses.Primitivement,
l'hôpitaldut
êtrepeu de chose
:une simple maison
bâtie sur la rive droitedu Jaur
près la routede
Croix-Caunete, à côtédu chemin du Bourguet-Xoou, un peu en amont du
pont,non
pasdu pont
actuel,mais de
celui qui était situéquelques mètres
au-dessus etdont on
voit
encore
des restesde
piliers sur lesmurs de
l'hôpital etde
la tannerie voisine.A
côté,se trou- vaient lachapelle etdesjardins. C'estdans
celocalhumide
etmalsain que pendant
plusieurs siècles furent hospitalisés lesmalades
indigents.A
la findu
XVII*^ siècle, alorsque
les ressourcesde
l'éta-blissement
ontaugmenté,
ainsique nous lavons
vu,on
essaie d'améliorer l'état des constructions.En
1669,on
refait lecouvert quimenace
ruineet l'onprojette des réparationspour pouvoir
installerun
hospitalierquine peut
y venirfautede logement
convenable.En
1G80,Jacques
Albes, menuisier,prend
le prixfaitde
la constructionde deux
salles : « s'oblige, ledit entrepreneur, à faire la voustedu bastiment neuf
qui confrontedu
levant lechemin, du midy,
le pourtaldu faubourg
et la rue,de couchant
la vielhechambre
dud. hôpital et d'aquilon lacour dud.
hôpital, laquelle voulte il feraconforme
àcelledu
cloistrede Saint-Pons
quiade longueur environ
dixcannes
etdix-huitpans ou
enviriinde
large,de
lahauteur
qui luy seramarquée. ...» En
1695, à l'arrivée des Fillesde
la Charité,on entreprend
la construction d'un «bâtiment neuf
»comprenant deux
sallesde malades
contiguës etcommuniquant,
ainsiqu'un logement pour
les religieuses.Mais
ces sallesde malades
sont troprapprochées;
ilen
résulte,pour
la morale, des inconvénientsque
l'austèreM. de
Montgaillard veut à tout prixfaire cesser, etl'on construitune
sallepour
lesfemmes
àun
autre étage.En
1715,lamuraille
de
l'ancienbâtiment menace
ruine le longde
la rivière;on
la reconstruiraen
profitantde
cettecirconstancepour remonter
lesbâtiments vieux
à lahauteur
des neufs.En
1718,on
refaitun bâtiment auprès de
lagrande
salle.En 1721
et 1722, c'estun
courroir.En
1723,on remet
àneuf
l'apothicairerie.
En
1749,on
renonce,en
raison des nouvellescharges de
lacommunauté,
àconstruirela salle
qu'on
avait projetéepour
leshommes. En 1765
et 1773,on
faitdes réparations urgentesaux
salles d'école. Enfin, le
2
février 1847,on commence, avec
lesfonds
laissésen
gi^ande partiepar Mademoiselle Roques,
laconstructiondes deux
bellessallesd'infirmespour
leshommes
etlesfemmes.
La
chapelle actuelle a été construiteen 1884
au-dessusde
l'ancienne,dont
l'accès se trouvaiten contre-bas de
l'escalier prèsde
la rivière et qui futemportée par
l'inondationde
1875.Dans
l'ancienne chapelle se trouvaient les sépulturesde sœur
Toussaint,de
Gilbertde
Pi-adines,inhumés
«