M ARIE -F RANCE E HRLICH
Problèmes pédagogiques. L’enseignement des notions élémentaires de méthodologie expérimentale : la planification des expériences
Mathématiques et sciences humaines, tome 50 (1975), p. 39-50
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1975__50__39_0>
© Centre d’analyse et de mathématiques sociales de l’EHESS, 1975, tous droits réservés.
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PROBLEMES
PEDAGOGIQUES
L’enseignement
des notions élémentaires deméthodologie expérimentale :
laplanification
desexpériences
Marie-France EHRLICH *
Note
Nous avons à
plusieurs reprises,
dans cette revue,souligné
1 lintéroet de laformalisation algébrique
(etplus précisément
del’algèbre
ensembliste et del’algèbre linéaire)
pourexprimer
les notions essentielles de laméthodologie expérimentale
**. Dans un ouvrage actuellement enpréparation
avec D.
Lépine,
nous nous proposons deprésenter
1 ’état de nos recherchesdans ce
domaine, depuis
l’élaboration duplan
méthodes
d’analyse statistique
des donnéesexpérimentales.
Deux documentspréparatoires
à cet ouvrage sont actuellementdisponibles
sousforme
ronéotée : ’
1) H. Rouanet et D.
Lépine :
Notionsfondamentales d’analyse
desdonnées protocoles
(1972)(document
deréférence
pour le cours destatistique
deH. Rouanet au
certificat
Cl dePsychologie générale).
2) D.
Lépine.:
Méthodes deplanification
etd’analyse
des donnéesexpérimentales
(1973)(document
deré férence
pour le cours destatistique
de D.
Lépine
aucertificat
C3 dePsychologie expérimentale).
Ces deux documents constituent les
références
de base pour l’articlequ’on
lira ci-dessous. idais ils ne sont pas exactement
adaptés
à unenseignement
élémentaire de la
méthodologie expérzmenta Ze,
tel que cetenseignement
est conçu traditionnellement à l’intention des étudiants de
psychologie.
* Laboratoire de
Psychologie expérimentale
etcomparée,
Université René Descartes etE.P.H.E.,
3ème section. Associé au C.N.R.S.** Voir notamment H. Rouanet :
Algèbre
moderne etméthodologie expérimentale (Mathématiques
et SciencesHumaines, 1967).
*** Je tiens à remercier vivement tous les
enseignants
et chercheursqui
m’ont aidée à mettre au
point
la version définitive de ce texte.Madame Marie-France
Ehrlich,
avec sescollèguea enseignants du certificat
Cide
Psychologie générale
etcherché
à. cetteZaaune.
En~
partant du
contenu actuel de1, ’enseignement
deZa méthodologie expérimentale,
elle a cherché,
sansmodifier
essentiezlement cecontenu,
à en donner uneprésentation "modern2sée ", conpatibze
avec desformalisations poussées,
maisrestant
cependant
extrêmement élémentaire au niveau dulangage mathématique :
le texte
ci-dessous, rédigé
pour servir de base à cette innovationpédagogique,
a pu être
effectivement ense2gné
par descollègues psychologues n’ayant
pas reçu depréparation mathématique particuîière.
C’estpourquoi,
étant donnéle caractère
pluridisciplinaire
de"Mathématiques
et Sciences Humaines"nous avons
proposé
à Madame Ehrlich de lediffuser
dans cette revue.H. ROUANET
INTRODUCTION
Les notions
présentées
dans ce texte seront illustrées à l’aide d’uneexpérience
de Généralisation dusignal
dontl’objectif
est d’étudier lephénomène
degénéralisation
dans uneépreuve
de reconnaissanceperceptive
portant sur des sons de
fréquence
variable. Cetteexpérience
est une variantedes
expériences classiques
degénéralisation,
réalisée avec desobjectifs
essentiellement
pédagogiques
dans le cadre del’enseignement
dePsychologie expérimentale (2e cycle).
L’expérience
se déroule de la manière suivante :. dans une
première phase, appelée ,phase d’acquisition,
onprésente
ausujet
un son caractérisé par une
fréquence déterminée, qu’on appellera
soncritique (s+),
. dans une seconde
phase, appelée phase-test,
le soncritique
estprésenté parmi
d’autres sons,appelés
sons connexes(s-)
defréquence plus
ou moinsproche
versl’aigu
ou vers le grave. Lesujet
doit alorsindiquer après chaque
son s’ils’agit
du soncritique (s+)
ou non. Cette secondephase
comporte trois blocs successifs d’essais.
Dans cette
expérience,
on étudieégalement
l’influence du délaiqui sépare
lapremière
de la secondephase.
Les stimulus
présentés
sont 7 sons purs émis par ungénérateur, enregistrés
sur bandemagnétique
et restitués à l’aide d’unmagnétophone.
Seule la
fréquence
des sons(mesurée
en hertz oucycles/sec.) varie ;
cesfréquences
sont telles que les 7 sons sontéquidistants
sur une échellelogarithmique ;
la distancequi sépare
deux stimulus successifscorrespond
â5 échelons différentiels.
L’expérience
se déroule de la manière suivante :. 1 ère
phase (acquisition) :
10présentations
successives de(s+).
Le
sujet reçoit
pourconsigne
d’écouterattentivement,
afin depouvoir
ensuitereconnaître ce son
parmi
d’autres sons.. 2ème
phase (test) :
on réalise trois blocs successifs d’essaisb1, b2,
b3.Chaque
bloc comporte 35 essais : 5présentations
de(s+)
et 5présentations
de chacun des 6 sons
(s-).
L’ordre deprésentation
des 35 stimulus estaléatoire et différent d’un bloc à l’autre.
Chaque sujet dispose
d’un carnet de 3grilles
deréponse
de 35 caseschacune.
Après chaque
sonentendu,
lesujet
écrit dans une case lesigne
+s’il pense reconnaître le son
critique
ou lesigne -
dans le cas contraire.Pour la
première
comme pour la deuxièmephase,
la durée dechaque
sonest de 1 sec., l’intervalle
qui sépare
deux sons successifs(c’est-à-dire
le temps
qui
s’écoule entre la fin d’un son et le début dusuivant)
est de4 sec.. Entre deux blocs
successifs,
le délai est de 30 secondes.On utilisera deux délais différents entre la
première
et la deuxièmephase.
-A- dl : la deuxième
phase
suit immédiatement lapremière :
délai nul.-B- d2 : un délai de 5 minutes s’écoule entre la
première
et la deuxièmephase.
L’expérience
nécessite ainsi deux groupes desujets :
A et B(d’où
un facteur"groupes" qui
sera confondu avec le facteurD).
Pour
analyser
lesrésultats,
on relève pourchaque sujet
le nombre defois où chacun des 7 sons a reçu la
réponse
+ et oncalcule,
pour chacun des 7 sons, le taux degénéralisation
absolue :On
représente
legradient
degénéralisation
en portant en abscisse les 7 sons(du plus
grave auplus aigu)
et en ordonnée le taux degénéralisation
observé pour chacun des sons.
Les
hypothèses qu’on
cherchera à examiner àpartir
des résultatsexpérimentaux
sont suivantes :- hl- le taux de
généralisation
pour chacun des stimulus(s-) ,
diminue enfonction de la distance
qui sépare (s-) de(s+) : c’est-à-dire
on obtient ungradient
degénéralisation.
- h2 - le taux de
généralisation
tend à augmenter(le gradient
tend à devenirplus "arrondi") lorsqu’on répète l’épreuve
test,c’est-à-dire
du Jer au 3ème bloc de la secondephase
del’expérience.
- h3 -
plus
le délaiqui sépare
lapremière
de la deuxièmephase
estlong, plus
lephénomène
degénéralisation
est accentué(le gradient
degénéralisation
tend às’arrondir).
1. NOTION DE PROTOCOLE
On peut
toujours exprimer
les données à traiter sous la forme d’uneapplication qui
à tout élément d’un ensemble fini Iappelé support,
associeun élément d’un ensemb le
tl, appelé
ensemble des observationsossib les,
ouespace des observations.
mwwmnwmrmwwwW
Cette famille sera
appelée : rotocole
desupport
I à valeur dansLL
ou famille des observations à valeurs dans
U .
x : I-> U
Concrètement,
unprotocole
pourra êtrereprésenté
par un tableau(tableau
desobservations),
ou par un ensemble de cartesperforées (en
vue du traitementautomatique)
etc.On ne définit pas la notion
d’espace
d’observations(ni
par suite celle deprotocole) ;
ces notions doivent être considérées commeprimitives,
c’est-à-dire :
1)
on ne les définit pas, même si on fait des commentaires à leursujet - 2)
àpartir
d’elles on définit les autres notions.2. COMMENTAIRES SUR LES NOTIONS DE
PROTOCOLE,
D’ESPACE D’OBSERVATIONS ET DE SUPPORTUn
protocole
n’est pasn’importe quelle application ;
nous allonspréciser
les notions
d’espace
d’observations et de support.2.1.
L’espace
des observationsli (ensemble d’arrivée) correspond
àl’ensemble des comportements
possibles auxquels
s’intéressel’expérimentateur
dans une situation
donnée,
ou, en d’autres termes, aux différentes valeurs que, peutprendre
la(ou les) variables dépendantes : lorsque
dans une mêmeexpérience
onenregistre plusieurs
variablesdépendantes,
onparlera
deprotocole
multivarié.L’ensemble des valeurs effectivement observées est inclus dans
l’ensemble
Bl
des valeurspossibles
de lavariable ;
cette inclusion peut êtrestricte ; l’application-protocole
n’est donc pas nécessairementsurjective.
2.2. Le
support
I(ensemble
dedépart)
est un ensemblequelconque
d’indices permettant d’identifier les observations recueillies parl’expérimentateur
Concrètement, lorsque
leprotocle
seprésente
sous forme detableau,
onpourra dire que la
grille
du tableau constitue le supportgraphique
duprotocole ; lorsque
leprotocole
estenregistré
sous formemécanographique,
on
parlera
desupport informatique,
etc. ; le terme de supportdésigne
la*
notion
générale sous-jacente.
Naturellement,
on peut avoir la même valeur observée pour des indicesdifférents ;
sauf casexceptionnels, l’application-protocole
n’est donc pasinjective.
3. NOTION DE SOUS-PROTOCOLE
. Par
définition,
la restriction d’unprotocole
x à unepartie
I’ du supportI(I’c 1)
est unsous-protocole.
. Si
l’espace Il
est unproduit
cartésien dontU’
r est une composante et si 7T’ est laprojection
deU
surIÈ ,
onappelle protocole projeté
l’application
x’ =7T’.
x ; pardéfinition,
x’ est aussi unsous-protocole.
Généralement,
onappellera sous-protocole
la restriction d’unprotocole projeté
à unepartie
du support.3.1.
Sous-prôtocoles disjoints:
deuxsous-protocoles
à valeurs dans le même espace d’observations sont ditsdisjoints
si leurs supports sontdisjoints
etsi
méthodologiquement
on ne tient pas compte des relations éventuelles entreces supports. Les données du groupe A et celles du groupe B constituent deux
sous-protocoles disjoints.
3.2.
Sous-protocoles appareillés :
deuxsous-protocoles
à valeurs dans le même espace d’observations sontappareillés
s’il existe unecorrespondance bijective
entre leurs supportsprivilégiée
pour des raisonsméthodologiques.
Les données recueillies dans le bloc
bl,
celles recueillies en b2 et celles recueillies en b3 constituent dessous-protocoles appareillés.
4. PROTOCOLE DE BASE ET PROTOCOLE DERIVE
Le
protocole
de basereprésente
la totalité des données recueillies en coursd’expérience.
Lesprotocoles
dérivés sont construits àpartir
duprotocole
debase en effectuant sur les données du
protocole
de base certainesopérations:
codages,
transformations ou regroupements parexemple.
Même si pour
l’analyse
des données on travaille souvent sur desprotocoles dérivés,
on atoujours
intérêt à conserver(par exemple
sur cartesperforées)
le
protocole
de base,qui
est leplus
riche.* Ainsi
lorsqu’à chaque
individu d’un ensemble S d’individus on associe sanote y
à uneépreuve,
ce n’est pasl’application
y : S ->U, qui
est unprotocole (sinon
on n’aurait pas besoin d’introduire le terme deprotocole)
mais toute I --> telle que I est un ensemble en
bijection
avec S
et x = y o f
(en notantf :
I -> S unebijection
de I surS) ;
cen’est donc que par abus (abus
qui risque
de conduire à de gravesmalentendus)
qu’on pourrait
dire que S est lesupport
duprotocole
x. (H.R.)Dans
l’expérience
degénéralisation, l’espace
des observations de base est la variabledichotomique 1+,-l ;
leprotocole dérivé, après
calcul dela
fréquence
desréponses
+ pourchaque
combinaison(fréquence
enhertz,
’ ’
s dans 1 2 3 4
1 } u’ on considérera comme
bloc, sujet)
est à valeurs dans{û, 5’ 5’ 5’ 4/5,1} qu’on
considérera commeune variable à valeurs dans l’intervalle
(0,I)
ou comme un pourcentage à valeurs dans l’intervalle(0,100).
5. LA DESCRIPTION DE L’EXPERIENCE
IMPLIQUE :
. l’identification des facteurs
qui
caractérisent les éléments du support ;. la mise en relation de ces facteurs;
ce
qui
caractérise leplan expérimental.
Comment classer l’ensemble des variables
qui
interviennent dans uneexpérience ?
5.1. - Variab le
dépendante. permet
de définirl’esp ace
des observations(cf. ci-dessus).
5.2. Variables
indépendantes,
au senslarge
du terme, se dichotomisent : . V.I. seulementenregistrées :
ojour
et heure del’expérience,
o numéro de la salle
d’expérience,
etc.. V.I.
contrôlées
parl’expérimentateur.
L’opérationnalisation
des V.I. conduit à la notion de facteurs et de niveaux(ou
modalités desfacteurs)
dansl’expérience
considérée. Nous nedéveloppe-
rons pas ici le
problème important
du statut des variablesindépendantes
elles-mêmes. Dansl’expérience
degénéralisation, l’expérimentateur
faitvarier la
fréquence
des sons en choisissant les niveaux du facteurfréquence équidistants
sur une échellelogarithmique
en tenant compte des données dela
psychophysique.
6. On peut alors établir une double distinction entre les différents facteurs:
6.1. - Par rapport aux
objectifs
del’expérience ;
ondistingue
d’une part les facteursprincipaux ;
ce sont ceuxqui correspondent
auxobjectifs
del’expérience,
c’est-à-dire ceux à proposdesquels l’expérimentateur
soitformule des
hypothèses
soitsimplement
se pose certainesquestions (dans
uneexpérience "pour
voir" parexemple),
et d’autre part les facteurs secondaires.6.2. Par rapport au modèle
d’échantillonnage
des niveaux dufacteur,
ondistingue :
. les facteurs
systématiques,
facteurs dont les niveaux ont été choisis poureux-mêmes,
parl’expérimentateur.
. les facteurs
aléatoires,
f acteurs dont les niveaux sont choisis au hasardet sont considérés comme les
représentants
d’une certaine distribution.Ces deux critères de distinction des facteurs se croisent.
6.3. Dans
l’expérience
degénéralisation :
- les facteurs
principaux systématiques
sont au nombre de trois :.
Fréquence
des sons, 7 niveauxF 7 ={s3g,s2g,slg,s+,sla,s2a,s3a}
. Blocs
d’essais, 3
niveauxB3 ={b 1, b2, b3}
*
. Délai
phase
1 -phase 2, 2
niveauxD2 ={dl, d2}
- il
n’y
apas de
facteurprincipal
aléatoire- les facteurs secondaires
systématiques
sont essentiellement les suivants(ils
ont été maintenus constants tout aulong
del’expérience).
. l’intensité des sons ;
. la durée de
présentation
dechaque
son : 1 sec.. l’intervalle entre 2 sons successifs : 4 sec.
. l’intervalle entre 2 b locs : 30 sec.
. le mode de
réponse
dusuje t : écrit ;
. le nombre de
présentations
du(s+)
dans lapremière phase
del’expérience :
10.- les facteurs secondaires aléatoires sont au nombre de trois :
. le facteur
Sujets (S)
. l’ordre de
présentation
des sons(0)
. l’ensemble des
présentations
ourépétitions
dechaque
son(R5) .
* On
désigne
un niveau d’un facteur au moyen d’une lettre minuscule suivie d’un chiffre de hauteur normalequi correspond
au numéro de ceniveau ;
lefacteur lui-même est
désigné
par la même lettremajuscule,
mais le nombrequi
l’accompagne
éventuellement est en indice etcorrespond
au nombre de niveaux de ce facteur.Ce
qui
peut être résumé dans un tableau à double entrée :6.4.
Remar ues
. Dans la case des facteurs secondaires
systématiques,
on trouvetoujours
"les variables maintenues
constantes",
c’est aussi dans cette case que l’onsituera, lorsqu’il
y alieu,
les variables"contrebalancées".
. Le facteur
sujets
est ici un facteur secondaire aléatoire. C’est le cas leplus fréquent
enpsychologie expérimentale.
Mais il est des situations où le facteursujets
est un facteurprincipal
aléatoire. Unexemple
en estdonné par
Faverge (T.II p.261) ,
Dans la recherche de critèresprofessionnels d’opératrices
sur machinesmécanographiques,
on a choisi auhasard,
dans unatelier,
7opératrices.
On les chronomètre chacune 28 fois à des momentspris
au hasard. Le
problème posé
est le suivant : est-ce que la mesure permet de bien différencier lesopératrices(en général,
et pas seulement les 7qui
ont été
choisies) ?
On a dans ce cas un facteursujets principal
etaléatoire
qui présente
7 modalités.Enfin,
dans les situations où ons’intéresse aux différences
individuelles,
le facteursujets
pourra être unfacteur
systématique, principal
ou secondaire.7. Parmi les
relations
entre facteurs on s’intéressera de manièreprivilégiée
aux deux suivantes : relation de croisement et relation d’emboîtement.
7.1. Relation de croisement : Deux facteurs sont croisés si chacun des
niveaux du 1er facteur est combiné
(ou associé)
à chacun des niveaux du 2ème facteur. On a alors au moins une observation pour chacune de cescombinaisons
(idée
decomplétude),
ou encore : l’ensemble des combinaisons des niveaux dupremier
facteur et des niveaux du deuxième facteur estégal
à leur
produit
cartésien. Si A et B sont deux facteurscroisés,
on noteradonc la relation de croisement comme le
produit
cartésien : A x B ou B x A.La relation de croisement est
symétrique.
Si chacun des deux facteurs comporte deux
niveaux,
on aura au moins uneobservation pour chacune des 4 combinaisons :
a lb 1, alb2, a2bl,
a2b2.. Pour que
plusieurs facteurs
soient croisés dans leurensemble,
il fautavoir au moins une observation pour chacune des combinaisons
possibles
deleurs niveaux : ainsi trois facteurs
A,B,C, présentant
deux niveauxchacun,
sont croisés dans leur
ensemble,
cequ’on
notera A x B x C, si on a au moinsune observation pour chacune des 8 combinaisons
alb 1 cl , alblc2, alb2cl,alb2c2, a2blcl, a2blc2, a2b2cl,a2b2c2.
. On peut avoir des facteurs croisés 2 à
2,
sansqu’ils
le soient dans leurensemble ;
c’est le cas d’unp lan
encarré
latin. Dans ce dernier cas, avec 3facteurs et 2 niveaux sur
chaque facteur,
on a des observations pour 4 combinaisonsseulement,
parexemple
alb lcl ,alb2c2, a2blc2,
a2b2cl.7.2. Relation d’emboîtement : Un facteur A est emboîté dans un autre facteur
B, si chacun des niveaux de A est combiné avec un seul des niveaux de B.
On a une
application surjective
de A sur B. Si Aprésente
4 niveaux et B2
niveaux,
on a 4observations,
parexemple : albl, a2bl, a3b2,
a4b2.La relation d’emboîtement est notée A
[B],
où A est le facteuremboîté,
Best le facteur emboîtant.
La relation d’emboîtement n’est pas
symétrique ;
c’est une relation réflexiveet transitive. Lorsque pour
chaque
niveau du facteur emboîtant(B)
on a le même nombre de niveaux du facteur emboîté(A)
on dit que l’ emb oi tement estéquilibré.
7.3. Si tous les facteurs d’un
plan
sont croisés dans leurensemble,
on ditque le
plan
est croisé oucomplet.
Si unplan
estcomplet
pour les facteursprincipaux
on diraqu’il
est factoriel. Unplan
est ditquasi-coup let
s’ilpossède
les deuxpropriétés
suivantes :(1)
tous les facteurs sont deux à deux croisés ou emboîtés(2)
les facteurs croisés deux à deux sont croisés dans leur ensemble.Un
plan quasi-complet
est donc unplan
danslequel,
"aux emboîtementsprès",
tous les facteurs sont croisés. Les
plans quasi-complets
constituent unélargissement
desplans complets
ou,inversement,
lesplans complets
sont desplans quasi-complets
sans emboîtements. Si unplan
estquasi-complet,
on peut résumer au moyen d’une formule l’ensemble des relations entre les facteurs duplan (voir
ci-dessous § 8.8. une telleformule).
Commeexemple
deplan qui
n’est pasquasi-complet,
on peut citerles plans
encarré latin, déjà
mentionnés avec 3 facteurs 2 à 2
croisés,
mais non croisés dans leur ensemble.8. Etudier la structure d’un
lan d’expérience,
c’est rechercher les relationsentre les facteurs en
commençant
par les relations 2 à 2.Reprenons l’exemple
de
l’expérience
degénéralisation.
Lagrille qui
une foisremplie
constituera leprotocole (en fait,
leprotocole
dérivé mentionnéplus haut)
peut êtreprésentée
de la manière suivante :Ce tableau permet de
présenter
les observations recueillies en coursd’expérience,
une foisregroupées
lesréponses
relatives aux 5présentations
d’un même stimulus
(facteur Rs)
etaprès
calcul des taux deréponses
+. Ony retrouve les 3 facteurs
principaux systématiques : F7,B3,DZ et
le facteur secondaire aléatoire : S(sujets)
En s’aidant de ce
tableau,
on peut définir les relations entre les 4 facteurs.8.1. Relation entre S et F
Chacun des
sujets reçoit
bien les 7 sonsqui
diffèrent par leurfréquence,
i.e.,
chacun des niveaux de S est combiné avec chacun des niveaux de F. S et F sont donc croisés : S x F.8.2. Relation entre S et B
Chacun des
sujets
dechaque
groupe estsoumis
au bloc blpuis
au bloc b2puis
au bloc b3 : S x B.8.3. Relation entre S et D
Chacun des niveaux de S est combiné avec un seul niveau de D d’où S
[D2 ]
S est emboîté dans le facteur D.Chaque sujet
ne passe que dans une seulecondition ;
dl = 0 ou d2 = 5 min.ou encore
chaque sujet n’appartient qu’à
un seul groupe : groupe A ou groupe B.8.4. Relation entre F et B
Chacun des 7 sons est
présenté
enbl,
en b2 et en b3. F est croisé avecB : F x B .
8.5. Relation entre F et D
Chacun des 7 sons est
présenté
à tous lessujets, qu’ils appartiennent
augroupe A ou au groupe B : F x D.
On remarquera que la relation : F x D peut être considérée comme une
conséquence
des 2 relations : S x F et S[D].
8.6. Relation entre B et D
Les 3 blocs d’essais seront réalisés pour les
sujets
du groupe A comme pour lessujets
du groupe B : B x D.8.7. Relation entre
S,
F et BChacun des
sujets reçoit
chacun des 7 sons et ceci pour chacun des blocs : les 3 facteursS, F,
B sont donc croisés dans leur ensemble : S x F x B.On remarquera que les relations
S x F, F x B, S x B
peuvent être considéréescomme des
conséquences
de la relation : S x F x B.8:8. Relation
entreD F
et BA
chaque
groupe(A
ouB)
est affecté chacun des 7 sons et ceci pour chacun des blocs : les 3 facteursD, F,
B sont donc croisés dans leur ensemble : D x F x B. On remarquera que la relation D x F x B peut être considéréecomme une
conséquence
de la relation S x F x B.En
conclusion,
leplan précédent
relativement aux facteursS, F,
B et Dest un
plan quasi-complet.
On montrequ’un
telplan
peut êtrereprésenté
parune
formule, qu’on
pourra écrire de la manière suivante :S [D 1 x F7 x B3.
Rems
l.
S,
facteuraléatoire,
estsouligné.
2. L’ordre d’écriture de la formule
dépend
des emboîtementspuisque
larelation d’emboîtement est non
symétrique.
Mais l’ordre danslequel
on écritles croisements est arbitraire. On a
pris
coutume(sans
que cela soitobligatoire)
de commencer par le facteursujets,
d’où les deux écriturespossibles :
et3. A
chaque
facteur de la formule duplan
est affecté un indice :. pour un facteur non
emboîté,
l’indice estégal
au nombre total de niveaux de cefacteur,
. pour un facteur
emboîté,
l’indice estégal
au nombre de niveaux de cefacteur pour chacun des niveaux du facteur
emboîtant. (Cette
écriture n’estpossible
quelorsque
comme ici l’emboîtement estéquilibré ;
sinon on n’écrirait pasd’indice).
Si
l’expérience
degénéralisation
a été réalisée avec 60sujets,
30sujets
dans chacun des groupes A et
B,
on aDans un
plan quasi-complet équilibré,
leproduit
des indicesqui
affectentchaque
facteur estégal
au nombre total d’observations : -30 2S 30 [D2lx F7
7 xB
3d’où 1260 observations
(rappelons
que les observations de ceprotocole
dérivé sont des pourcentages et non les observations brutes + et
-).
4. Dans le cas
particulier
de cetteexpérience,
le facteur emboîtant est constitué par un seul facteur. Mais on rencontre de nombreuses situations où il en est autrement, on pourra avoir parexemple : Sn [A 2
xB2 ]
cas d’uneexpérience impliquant
4 groupes desujets, chaque
groupe étant décrit aumoyen des deux facteurs A et B à deux niveaux chacun.
9. Le traitement des données : notion de
comparaison,
notion d’interaction.Une fois que
l’expérimentateur
a recueilli leprotocole,
soit sous la formede tableau des observations soit sous une forme
équivalente (cartes perforées, etc.),
ilanalysera
cesrésultats,
en liaison notamment avec leshypothèses
formulées.
Pour étudier l’effet d’un
facteur,
ilcomparera
différents sous-protocoles correspondant
aux différents niveaux de ce facteur.Eventuellement il étudiera l’interaction de deux
facteurs,
en comparant dessous-protocoles
construits par combinaison des niveaux des deux facteurs.Dans
l’expérience
degénéralisation,
le traitement des données doit aboutir à unjugement
relatif à la confirmation ou à l’infirmation deshypothèses hl, h2,
h3( cf, introduction) qui
mettenten jeu
les facteurs F,B et D
respectivement.
Dans un article
ultérieur,
on se proposera d’illustrer à propos de cetteexpérience,
cette démarcheexpérimentale
de traitement des donnéesqui
va des