S.
PRACHE,
M.THÉRIEZ, G. BÉCHET
H.
CASSAGNES,
P. AMBLARDP. LEBECQUE
INRA Laboratoire
Adaptation
desHerbivores aux milieux
Theix 63122
Saint-Genès-Champanelle
Complémentation
des agneaux au
pâturage pendant la phase d’allaitement
Interaction entre le niveau de complémentation et la quantité d’herbe offerte et effet sur le niveau de
parasitisme
L’apport de concentré
auxanimaux
aupâturage peut avoir plusieurs
objectifs. Il peut permettre de maintenir les performances animales lorsque
les disponibilités
enherbe
oula qualité de celle ci sont insuffisantes ; il peut permettre également, pour des animaux à besoins très élevés tels que les femelles
endébut de lactation, d’améliorer les performances obtenues
avec
l’herbe seule, même offerte à volonté. Enfin, bien que ceci soit
rarement évoqué, l’apport de concentré
aupâturage peut aussi permettre
de limiter les risques liés
auparasitisme.
La
réponse
des animaux àl’apport
deconcentré au
pâturage
varie avec laquantité
d’herbe
qui
leur est offerte. Pour de faiblesdisponibilités
enherbe,
lacomplémentation
permet d’augmenter
lesquantités
totalesingérées
et lesperformances,
parcequ’il n’y
apas ou peu de substitution de l’herbe par le concentré. Par
contre, lorsque
lesdisponibili-
tés en herbe sont
importantes,
lacomplémen-
tation a peu
d’effet,
car elle provoque alorsune forte substitution de l’herbe par le concentré.
Cependant,
peu d’auteurs ont réel- lement testé ou mis en évidence l’interaction entre ces deux facteurs surl’ingestion
d’herbeet sur les
performances
des animaux.Quelques expériences
ont été conduites pour étudier les effets del’apport
de concentré aupâturage
à des brebis allaitant deux agneaux,pendant
les 6 à 7premières
semaines de lac-tation,
et dans différentes conditions dedispo-
nibilités en herbe.
Young
et al(1980)
et Milneet al
(1981)
n’ont pas conclu à une améliora- tion de la croissance des agneaux allaités par les brebiscomplémentées.
Parcontre, Penning
et al(1988)
ont observé une augmen- tation de la croissance des agneaux avec uncomplément
contenant desprotéines
deplus
faible
dégradabilité (farine
depoisson)
queceux utilisés par les auteurs
précédents.
Cependant,
la croissance des agneaux dimi- nuaitaprès
l’arrêt de lacomplémentation
desmères et surtout pour le faible niveau de dis-
ponibilité
en herbe.L’apport
de concentré auxagneaux
pourrait
alors se révéler intéres- sante, mais peud’expériences
ont été réali-sées pour mesurer ses effets sur
l’ingestion
etsur les
performances
des animaux. Ellepeut cependant
être recommandée en cas de faiblesdisponibilités
en herbelorsqu’il
y acompéti-
Résumé
_________________________Pour étudier l’effet de
l’apport
de concentré à des agneaux à l’herbependant
laphase d’allaitement,
des agneaux d’herbe consommant à volonté du maïsgrain
humide ontété mis en
comparaison
avec des agneaux noncomplémentés, pendant
deux années consécutives. Trente six brebis Ile de France allaitant des doubles ont été utilisées pour ces deuxexpériences ;
elles ontpâturé
en rotation uneprairie
naturelle à unchargement
de 12 brebis/ha. Les agneaux étaientâgés
de 7 semaines en débutd’expé-
rience et de 16 semaines à la fin de la
période
depâturage.
Ils ont ensuite été finis enbergerie et, après abattage, la qualité
de la carcasse a étéappréciée.
L’effet de la
complémentation
sur la vitesse de croissance des agneaux aupâturage
etsur la
qualité
de la carcasse a été variable d’uneexpérience
à l’autre. Des différences dans laquantité
d’herbe offerte aux animauxpouvaient
être àl’origine
de ces résul-tats.
C’est
pourquoi
nous avons réalisé une 3èmeexpérience,
danslaquelle
24 brebis ontété
réparties
8 semainesaprès
mise bas en 4 lots aupâturage :
deux niveaux de quan- tité d’herbe offerte x deux niveaux decomplémentation.
Laquantité
d’herbe offerte était de57,0 (H)
et38,5 (B)
gMO/kg PV.j.
Les agneaux étaient soitcomplémentés
àvolonté avec du maïs
grain (C),
soit noncomplémentés (NC).
Les animaux ontpâturé
en rotation une
prairie
defétuque
elevée.Pour le faible niveau
d’herbe,
lacomplémentation
apermis d’augmenter
la vitesse de croissance des agneaux aupâturage
(287g/j
vs 226g/j),
alorsqu’elle
n’a eu aucun effetpour le niveau d’herbe élevé
(277 g/j
vs 276g/j).
C’est doncuniquement lorsque
laquantité
d’herbe offerte a été faible que lacomplémentation
des agneaux apermis
d’améliorer leur vitesse de croissance. Elle a
également
réduit le niveau deparasi- tisme,
mêmelorsque
lesquantités
d’herbe offertes étaientimportantes. Enfin,
elle a conduit à une amélioration de la fermeté du grasdorsal, lorsqu’elle
apermis
deréduire la durée de finition en
bergerie.
tion entre brebis et agneaux, et en cas de contamination
parasitaire
élevée desprairies.
Une
expérience
a donc été réalisée pour déterminer l’influence del’apport
de concentré à des agneaux allaités sur leursperformances.
Elle a été effectuée à un niveau de
charge-
ment de 12 brebis suitées par
ha,
et a étérépétée
deux années consécutives dans les mêmes conditions(expériences
1 et2).
L’effetde la
complémentation
a été différent d’une année àl’autre, probablement
à cause de dif-férences dans la vitesse de croissance de l’herbe. Une troisième
expérience
a donc étéréalisée au cours d’une troisième année pour vérifier cette
hypothèse,
à savoir un effet de lacomplémentation
variable selon laquantité
d’herbe offerte aux animaux
(interaction
niveau decomplémentation/niveau
de quan- tité d’herbeofferte).
Conditions expérimentales
1 / Dispositif expérimental
Les 3
expériences
ont été réalisées avec des agneaux Ile de France nés doubles outriples
et allaités
doubles ;
ils ont été mis à l’herbe àl’âge
de 50jours
en moyenne et ontpâturé
avec leur mère
pendant
environ 9semaines, puis
ont été sevrés et finis enbergerie
avec duconcentré et du foin de
prairie
de deuxième coupe. Ils ont été abattus(ou
sortisd’expé-
rience pour les animaux de
renouvellement)
dès que leurpoids atteignait
40kg
pour les mâles et 38kg
pour les femelles.Dans
chaque essai,
les animaux étaient conduits en un seul lot entrel’agnelage
et lamise à l’herbe. Pendant cette
période,
le com-plément
était distribué à volonté à tous les agneaux afin de les habituer à le consommer.Les brebis n’ont pas reçu de concentré au
pâturage.
Expériences
1(année 1)
et 2(année
2) : deux niveaux decompémentation
ont été com-parés,
dans un schéma factoriel à un facteur.Les agneaux étaient soit
complémentés
àvolonté au
pâturage (C),
soit noncomplémen-
tés
(NC). L’expérience
2comportait
deuxréplications.
Expérience
3(année 3) :
deux niveaux dequantité
d’herbe offerte et deux niveaux decomplémentation
ont étécomparés
dans un schéma factoriel 2 x 2. Lesquantités
d’herbeofferte étaient de
57,0 (H)
et38,5 (B)
g matièreorganique
parkg
depoids
vif et parjour (g MO/kg PV.j),
lepoids
vif considéréétant la somme du
poids
de la brebis et de sesagneaux. Les agneaux étaient soit
complé-
mentés à volonté
(C),
soit noncomplémentés (NC).
Cetteexpérience comportait
ainsiquatre
traitements :HNC, HC, BNC,
BC.Le
dispositif expérimental
ainsi que les cri-tères d’allotement sont
présentés
autableau 1.
2 / Alimentation et conduite du pâturage
La
complémentation
a été réalisée avec du maïsgrain,
conservé humide à l’acidepropio- nique.
-
Expériences
1 et 2Le
chargement
visé étant de 12brebis/ha,
chaque
lot apâturé
en rotation un ensemblede 3
parcelles
deprairie naturelle,
d’environ1700 m2
chacune, qui
lui a été définitivement attribué. Lesparcelles provenaient
d’uneprai-
rie
pâturée
en un seul blocprécédemment.
Les
changements
deparcelle
ont été décidés visuellement(à partir
de l’estimation de laquantité
d’herbe restante sur laparcelle pâtu-
rée et de la
quantité
d’herbeprésente
sur lereste du
parcellaire) ;
il a été réalisé en mêmetemps
pour tous les lots.-
Expérience
3La
prairie
utilisée(fétuque élevée)
avait étésemée l’été
précédent.
Elle a été divisée en 16parcelles,
etchaque
lot apâturé
en rotationsur 4
parcelles qui
lui étaient définitivement affectées. La surface de chacune d’entre elles était d’environ 780 m2 pour les lots B et 1150 m2 pour les lotsH,
cequi permettait
untemps
deséjour identique
pour les 4 lots. Apartir
de l’estimation de laquantité
d’herbeprésente
à l’entrée desanimaux,
letemps
deséjour
sur uneparcelle
a été calculé de la manière suivante :(quantité
d’herbeprésente
par hectare x surface de la
parcelle) / (poids
vif du lot x niveau de
quantité
d’herbe offerteprévu).
-
Expériences 1,
2 et 3Après
la sortie des animaux d’uneparcelle,
les refus étaientgyrobroyés.
Les
parcelles
ont reçu 40kg N/ha
audépart
en
végétation,
et 30kg N/ha après chaque
sor-tie des animaux.
Le calendrier de
pâturage
estprésenté
à lafigure
1.3 / Mesures
a
/ Aliments
Quantité
d’herbe offerteElle a été estimée à l’entrée des animaux
sur
chaque parcelle,
à l’aide d’un herbomètre àplateau
et selon unprotocole
décrit par Prache et al(1990) (hauteur
de coupe des échantillons d’herbe =1,5 cm).
Cette mesure aété faite
uniquement
pourl’expérience
3.Sur les échantillons d’herbe
prélevés,
lesteneurs en matière sèche
(MS),
matière orga-nique (MO),
matières azotées totales(MAT)
et cellulose ont étédéterminées,
ainsi que ladigestibilité
de la MO(méthode
cellulaseAufrère).
Quantités
d’aliments secsingérés
Seules ont été mesurées les consommations d’aliments conservés
(concentrés
etfoin).
Pour le lot BC de
l’expérience 3,
laquantité
de
complément
consommé et la hauteur de l’herbe ont été mesurésquotidiennement
pen- dant lepâturage
d’uneparcelle (du 09/06
au18/06).
Ceci nous apermis
de relier la quan- tité decomplément
consommé à la hauteur de l’herbepâturée.
b
/
AnimauxEvolution de
poids
Les animaux ont été
pesés régulièrement
entre
l’agnelage
et la fin del’expérience.
Temps
depâturage
L’activité alimentaire a été
enregistrée
quo- tidiennement sur 4 agneaux de chacun des lots BNC et HNC del’expérience 3, pendant
lepâturage
d’uneparcelle (du 09/06
au 18/06).Sur cette
parcelle,
la hauteur de l’herbe aéga-
lement été mesurée tous les
jours
à l’herbo-mètre à
plateau.
Ceci nous apermis
de com-parer le
temps
consacré àl’ingestion
dans lesdeux lots et de
déterminer,
enpâturage
tour-nant,
la liaison entre la hauteur de l’herbepâturée
et letemps passé
àingérer.
L’appareil
utilisé pourenregistrer
les activi- tés alimentaires a été décrit par Brun et al (1984).Qualité
de la carcasseLa carcasse a été
pesée après
24 h deconservation à +4°C.
Différents indicateurs de l’état
d’engraisse-
ment ont été mesurés :
poids
du graspéristo-
macal et du gras
périrénal, épaisseur
du gras dorsal.La fermeté du gras dorsal a été
appréciée, après
24 h deconservation,
par une note variant de 3 pour un gras huileux à 15 pourun gras dur.
Parasitisme
Seul a été étudié le
parasitisme
par lesstrongles gastro-intestinaux :
lesrisques
sonttrès
importants
chezl’agneau
et ondispose
deméthodes fiables pour le mesurer. Pour le
ténia,
autreparasite majeur
del’agneau,
il estseulement
possible
de relever laprésence
oul’absence d’œufs dans les fèces.
Pour déterminer l’effet de la
complémenta-
tion sur le niveau d’infestation des agneaux -
qui
sont initialement indemnes -, il faut d’abord connaître le niveau de contamination initial desprairies
et le niveau de contamina- tionsupplémentaire
dû à l’excrétion d’oeufs par les mères. Le niveau d’infestation des agneaux aégalement
unimpact
en retour surle niveau de contamination des
prairies (par
l’excrétion
d’oeufs,
débutant environ 3 semainesaprès l’ingestion
de larves infes-tantes).
La
politique
dedéparasitage
s’est fondéesur les résultats de
coproscopies
individuelles et a été la suivante :déparasitage
de tous lesagneaux
expérimentaux
dèsqu’un
lot attei-gnait
en moyenne 500 oeufs destrongles
par gramme de fèces (100 ocufs pour le genreNematodirus),
et dèsqu’un
oeuf de ténia était visible dans les crottes d’un agneau ; traite- ment contrestrongles,
ténia et coccidies ausevrage. Dans chacune des
expériences,
c’esten fait seulement au sevrage que les agneaux ont été traités contre les
parasites gastro
intestinaux.Dans
l’expérience 2,
on a effectué un dénom- brement et unediagnose
des larves infes- tantes destrongles
à la mise à l’herbe et ausevrage, sur la 2è&dquo;’e
parcelle
dechaque
lot.Dans
l’expérience 3,
cette mesure a été effec-tuée
juste
avant la mise à l’herbe sur l’en- semble duparcellaire
dechaque
lot. Laméthode
employée
est celle décrite par Gruner etRaynaud
(1980). Descoproscopies
indivi-duelles ont été
effectuées,
sur toutes les brebisà la mise à l’herbe
(expériences
2 et 3unique-
ment) et sur un agneau dechaque portée plu-
sieurs fois en cours
d’expérience.
La méthodeutilisée est celle de
Raynaud (1970).
L’évolution du taux de
pepsinogène sérique
aété mesuré sur tous les agneaux : le
pepsino- gène, présent
dans lacaillette,
passe dans le sang dèsqu’il
y a des lésions de la muqueuse decelle-ci,
et sondosage
dans le sangpermet
donc dequantifier
le niveau duparasitisme
de la caillette
(méthode
décrite par Kerbœuf1975).
On considère que le traitement des agneaux est conseillé
lorsque
les seuils -approximatifs
- suivants sont atteints : 1000 à 2000 larves
infestantes/kg
MSd’herbe,
500 oeufs destrongles/g
fèces(sauf
pour le genre Nematodirus : 100oeufs/g),
concentration du sérum enpepsinogène quintuplée
parrapport
au niveau de base avant infestation.
4 / Analyses statistiques
Les
performances
des animaux ont été trai- tées paranalyse
de variance(Sas 1985).
Résultats
1 / Quantité d’herbe offerte
Les deux niveaux de
quantité
d’herbeofferte
prévus
dans leprotocole
del’expé-
rience 3 ont été
appliqués progressivement
àla mise à
l’herbe,
de manière à éviter unechute
trop
brutale de la lactation(figure 2).
Les données concernant la
quantité
d’herbeprésente
surchaque parcelle
à l’entrée des animaux et laqualité
de celle-ci sontprésen-
tées au tableau
2 ;
elles montrent laqualité
correcte de l’herbe offerte.
Le
chargement pendant
lapériode
depâtu-
rage a été de
13,8, 13,8, 21,1
et19,5 brebis/ha respectivement
pour les traitementsHNC, HC,
BNC et BC del’expérience
3.2 / Ingestion de complément (tableau 3)
La
quantité
totale decomplément ingérée
par agneau dans les
expériences
1 et 2 a variéde
9,4
à13,9 kg
MS selon les lots. Dansl’expé-
rience
3,
elle s’est élevée à 16 et17,5 kg
MSrespectivement
pour le lot BC et le lot HC.Sur la
parcelle
du lot BC suivie en continu à la fin del’expérience 3,
la consommation quo- tidienne de concentré a varié de 263 à 492 gMS/agneau,
enaugmentant
linéairement avecla décroissance de la hauteur de l’herbe
pâtu-
rée
(figure 3).
3 / Evolution de poids pendant la phase de pâturage (tableau 3)
La vitesse de croissance des agneaux pen- dant la
phase
depâturage
a été élevée : enmoyenne
295,
283 et 266g/j
pour lesexpé-
riences
1,
2 et 3.Dans
l’expérience 1,
elle a étésignificative-
ment
plus
élevée pour les agneauxcomplé-
mentés que pour les non
complémentés (315 g/j
vs 276g/j ;
P <0,005).
Parcontre,
dans les deuxréplications
de l’essai2,
la com-plémentation
n’a pas eu d’effetsignificatif (289 g/j
vs 281g/j
et 294g/j
vs 269g/j
dans la1!°e et la 2’m’
réplication).
Dans
l’expérience 3,
la vitesse de croissance des agneaux a étésignificativement
influen-cée par le niveau de
complémentation (P <0,01)
et par le niveau dequantité
d’herbeofferte
(P <0,05),
et une interactionsignifica-
tive entre ces deux facteurs a été mise en évi- dence
(P <0,01).
Lacomplémentation
desagneaux a conduit à une
augmentation
deleur vitesse de croissance de 61
g/j
pour le faible niveau dequantité
d’herbe offerte(226
vs 287
g/j),
alorsqu’elle
n’a eu aucun effetpour le haut niveau
(277
vs 276g/j).
Lavitesse de croissance des agneaux du lot BNC
a été
significativement plus
faible que celle des agneaux du lot HNC(226
vs 276g/j ;
P <
0,001) ;
iln’y
avait pas de différencessignificatives
entre les lotsBC,
HNC et HC(287,
276 et 277g/j).
Dans aucune des
expériences,
les traite- ments n’ont eu d’effetsignificatif
sur la varia-tion de
poids
vif des mères.4 / Temps d’ingestion
aupâturage
Dans
l’expérience 3,
la hauteur de l’herbe(Y, cm)
sur laparcelle
suivie en continu entrele
09/06
et le18/06
a diminué de manière linéaire avec letemps (X, jours) jusqu’à
unehauteur de
5,6, 7,0
et8,5
cmrespectivement
pour les lots
BNC,
BC et HNC selon les modèles suivants :La
pente
de cetterégression
a étésignifica-
tivement
plus
faible pour le lot HNC que pour le lot BNC (P <0,01).
Six
appareils
decomportement
ont fonc-tionné
jusqu’à
la fin de lapériode
de mesure(4 et 2
respectivement
pour les lots HNC etBNC).
Letemps
depâturage
des agneaux dulot HNC
(figure 4)
a varié entre 463 et561
min/j
(520min/j,
enmoyenne).
Pour celot,
la hauteur de l’herbe à la fin du
pâturage
dela
parcelle
était de8,5
cm. Les agneaux du lot BNC ontpâturé pendant
527min/j
enmoyenne au début du
pâturage
de laparcelle,
tant que la hauteur de l’herbe était
supérieure
à
9,9
cm. Avec la réduction de la hauteur de l’herbepâturée,
letemps
depâturage
a aug-menté,
avec un maximum de 631 minutes àune hauteur d’herbe de
7,7
cm,puis
diminué(602
minutes à6,7
cm et 568 minutes à5,6 cm).
5 / Niveau de parasitisme
Dans
l’expérience 2,
la contamination dupâturage
à la mise à l’herbe était de 56 et 37 larvesinfestantes/kg
MS pour les lots NC(1°&dquo;
et 2è’&dquo;e
réplication)
et 5 et 73 pour les lots C(1&dquo;&dquo;
et 2è-eréplication) (tableau 4).
Les brebis des lots NC excrétaient en moyenne 959 et 240oeufs/g
de fèces(1&dquo;’
et 2è’&dquo;eréplication),
celles des lots C 189 et 489
ceufs/g (l è °e
et 2’meréplication).
A la mise à l’herbe del’expé-
rience
3,
l’ensemble desparcelles
dechaque
lot était indemne de larves de
strongles,
et lesbrebis des lots
BNC, BC,
HNC et HC excré-taient en moyenne
777, 807, 666,
et 1710œufs/g
de fèces. Ces données montrent que l’effet de lacomplémentation
sur le niveau deparasitisme
nepeut
être correctement testé que dans la 2èmeréplication
del’expérience
2 etdans
l’expérience
3 : eneffet,
dans la lé‘erépli-
cation de
l’expérience 2, malgré
un allotementdes animaux et des
parcelles
auhasard,
l’ex-crétion d’oeufs par les brebis et la contamina- tion du
pâturage
à la mise à l’herbe étaientplus
élevées pour le lot NC que pour le lotC,
ce
qui pourrait
conduire à des conclusionsoptimistes quant
à l’effet de lacomplémenta-
tion.
Le taux de
pepsinogène sanguin (figure 5)
atrès peu évolué au cours de
l’expérience 1,
et iln’y
a pas eu de différence entre agneaux com-plémentés
et témoins. Dans les deuxréplica-
tions de
l’expérience 2,
le taux depepsino-
gène, corrigé
pour le taux avant la mise àl’herbe,
a étéplus
faible pour les agneauxcomplémentés
que pour ceuxqui
ne rece-vaient pas de
complément ;
l’écart entre lesdeux lots était
significatif
dès 1 moisaprès
lamise à l’herbe
(P
<0,025
dans les deuxrépli- cations)
et au sevrage(P
<0,001
dans les deuxréplications).
Ce taux est restéinchangé
chez les agneaux
complémentés,
alors que chez les noncomplémentés
il avait doublé unmois
après
la mise àl’herbe,
et doublé(répli-
cation
2)
voire presquetriplé (réplication 1)
au sevrage. Dans
l’expérience 3,
le taux depepsinogène sanguin
au sevrage,corrigé
pour le taux avant la mise àl’herbe,
a étéplus
faible pour les agneauxcomplémentés
quepour les
témoins, significativement
pour le bas niveau d’herbe(P
<0,05),
nonsignificati-
vement pour le niveau élevé
(interaction
nonsignificative).
Entre la mise à l’herbe et le sevrage, ce taux est restéinchangé
dans lesdeux lots
complémentés,
il aaugmenté
de 40%dans le lot HNC et a doublé dans le lot BNC.
Le nombre d’oeufs émis par les agneaux
(figure 6)
dansl’expérience
1 a été faible etidentique
entre les deux lots. Dansl’expé-
rience
2,
ce nombre a étéplus
faible pour lescomplémentés
que les témoins(P
<0,001
et P <0,05
dans la 1è’e et la 2è&dquo;’eréplication).
Dans
l’expérience 3,
aucun oeuf n’était encoreémis par les agneaux au sevrage, la
période prépatente
n’étantprobablement
pas encore terminée. Seuls les deux lots NC del’expé-
rience 2 ont atteint au sevrage le seuil de 500 oeufs par g de fèces. Aucun agneau n’a atteint le seuil de 100 oeufs de Nematodirus par g de fèces.
Au moment du sevrage dans
l’expérience 2,
la contamination dupâturage s’élevait,
pour les lots NC à 600 et 802 larvesinfestantes/kg
MS
(1&dquo; °°
et 2’-’réplication) et,
pour les lots C à 68 et 236 larvesinfestantes/kg
MS(l è ’e
et 2è&dquo;’eréplication) (tableau 4) .
L’ensemble de ces résultats montre que le niveau de
parasitisme
n’ajamais
étéélevé ;
ilpeut
êtrequalifié
de faible dansl’expérience
1et de moyen dans les
expériences
2 et 3.6 / Performances des agneaux
aucours
de la finition et à l’abattage
Les
performances
des agneauxpendant
laphase d’engraissement
enbergerie
sont indi-quées
au tableau 5.La vitesse de croissance a été élevée pour tous les lots
(277
à 369g/j
enmoyenne).
Lepoids
moyen àl’abattage
a varié selon les lotsde
38,9
à41,1 kg
etl’âge
moyen àl’abattage
de 134 à 153
jours.
Iln’y
a pas eu d’effetsigni-
ficatif des traitementsappliqués pendant
lapériode
depâturage
sur la vitesse de crois-sance des agneaux en
bergerie
ni sur leurâge
à
l’abattage. Cependant,
les agneauxqui
avaient été
complémentés
à l’herbe tendaientgénéralement
à avoir une vitesse de crois-sance
plus
faible que les témoins.Le
poids
de la carcasse et les différents cri- tèresquantitatifs
de l’étatd’engraissement qui
ont été mesurés(tableau 6)
n’ont pas été modifiés par les traitementsappliqués
pen- dant lapériode
depâturage.
Parcontre,
lesagneaux
qui
ont étécomplémentés
aupâtu-
rage ont
présenté
un gras de couvertureplus
ferme
(expériences
1 et3)
ou aussi ferme(expérience 2)
que ceuxqui
n’ont pas été com-plémentés,
la différence étantsignificative
dans
l’expérience
1(P
<0,025).
La fermeté dugras dorsal
(Y,
note moyenne dulot)
a éténégativement
liée à laquantité
de concentré consommépendant
lapériode
de finition(X, kg),
selonl’équation :
Dans
l’expérience 1,
laquantité
de concen-tré
ingérée pendant
laphase
de finition a été nettementplus
faible pour les agneaux com-plémentés
que pour les témoins(26
% de MSen
moins),
ceciprovenant
d’une durée d’en-graissement plus
courte. Dans lesexpériences
2 et
3,
les différences entre lots C et NC sont moinsimportantes.
Discussion
La
quantité
d’herbe offerte aux animauxnon
complémentés
a eu un effetimportant
surla vitesse de croissance des
jeunes puisque,
dans
l’expérience 3,
il y avait un écart de 22 % entre les agneaux du lot HNC et ceux du lot BNC. Cet effet adéjà
été montré par de nom-breux auteurs
(Milne
et al1981, Penning
et al1986, Penning
et al1988). Lorsque
lesdispo-
nibilités en herbe sont
faibles, l’ingestion
d’herbe par les brebis
diminue,
cequi
entraîneune diminution de leur
production
laitière(Gibb
et Treacher1978).
Les agneaux sont alors pour leurpart incapables d’augmenter
leur
ingestion
d’herbe du fait de la faible dis-ponibilité
en herbe et de la concurrence des brebis(Gibb
et al1981).
Ceciapparaît
biensur les résultats des mesures de
temps
d’in-gestion
aupâturage.
Letemps d’ingestion
dulot HNC au cours du
pâturage
de laparcelle
suivie en continu est semblable à celui observé par
Hodgson (1985)
et Béchet et al(1989)
en conditions d’herbe non limitantes : ceci montre que ni ladisponibilité
en herbe(kg MS/ha)
ni la hauteur del’herbe, qui
avarié entre
8,5
et 13 cm, n’étaient limitantes.Le
temps
depâturage
des agneaux du lot BNC est restéproche
de celui du lot HNCpendant
les 5premiers jours ;
la hauteur de l’herbe était alorssupérieure
à 10 cm. Au6ème
jour
depâturage,
la diminution de ladisponibilité
en herbe et de la hauteur de celle-ci ontprovoqué
uneaugmentation
dutemps
depâturage
par unphénomène
de com-pensation, fréquemment
observé(Jamieson
etHodgson 1979,
Milne et al1981, Hodgson 1985).
Letemps
depâturage
des agneaux a alors atteint un maximum de10,5
h pour une hauteur de l’herbe de7,7
cm. Endeçà,
contrairement à ce
qui
est observé enpâtu-
rage continu
(Hodgson 1985),
nous avonsobservé une diminution du
temps
depâturage (10
h à6,7
cm,puis 9,5
h à5,6 cm).
Ilsemble,
à cet
égard,
que lecomportement
des animaux conduits enpâturage
tournant soit différent de celuiqui
est décrit enpâturage continu,
etque ceci
puisse
être attribuable à l’attente duchangement
deparcelle.
Lacomplémentation
de ces agneaux limités en herbe
peut
êtreenvisagée
pour maintenir leur vitesse de croissance.Malgré
des conditionsexpérimentales
simi-laires,
les résultats desexpériences
1 et 2 ontL’effet de la
complémentation
sur la réduc-tion du
parasitisme peut
être discuté àpartir
des résultats de
l’expérience
3 et de la 2’-’réplication
del’expérience 2,
danslesquelles
les niveaux de
parasitisme
initiaux à la mise à l’herbe(nombre
de larves infestantes sur lepâturage
etquantité
d’oeufs émis par les bre-bis)
étaientplus
faibles pour les lots NC.L’apport
de concentré aupâturage
apermis
de réduire le niveau d’infestation des agneaux et la contamination du
pâturage.
La réductionde l’infestation
pourrait
avoir deuxorigines :
d’une
part,
une réduction del’ingestion d’herbe,
d’autrepart,
unpâturage
moins ras -c’est la base des
plantes qui
abrite le maxi-mum de larves infestantes. Les résultats obte-
nus sur la
parcelle
suivie en continu dans l’ex-périence
3 vont dans le sens de ces deuxhypo-
thèses : d’une
part,
la décroissance de la hau- teur de l’herbe a été moinsrapide
pour le lot BC que pour le lot BNC(0,89
cm contre1,07
cm par
jour),
doncl’ingestion
d’herbe aproba-
blement été
plus
faible pour celot ;
d’autrepart,
le lot BC apâturé
moins ras que le lot BNC(la
hauteur de l’herbe à la sortie de par- celle était de7,0
vs5,6
cm).
Etant moins
parasités,
les animaux conta- minent moins leurpâturage,
comme le montrel’évolution du niveau de contamination dans la 2è’&dquo;e
réplication
del’expérience
2 : entre lamise à l’herbe et le sevrage, il est
passé
de 37à 802 larves
infestantes/kg
MS dans le lot NC et de 73 à 236 larvesinfestantes/kg
MS dans le lot C.Dans
l’expérience 3,
l’effet de lacomplémen-
tation sur la réduction de l’infestation
parasi-
taire des agneaux a varié avec le niveau de
quantité
d’herbe offerte aux animaux. Pour le faibleniveau,
la concentration enpepsinogène sérique
au sevrage a etéplus
faible chez lesagneaux
complémentés
que chez les témoins(P
<0,05),
alors que pour le niveauélevé,
iln’y
a pas eu de différencesignificative
entreles deux lots.
Dans
l’expérience 1,
le gras dorsal des agneauxcomplémentés
a étéplus
ferme que celui des agneaux noncomplémentés
(P <
0,01);
cecis’explique
par une durée d’en-graissement plus
faible et donc uneingestion
moindre de concentré durant la
période
definition. Dans les
expériences
2 et3,
ce résul-tat n’a pas été
observé,
mais les écarts d’in-gestion
de concentré en finition entre lots C etNC ont été
plus
faibles. Les agneauxengrais-
sés en
bergerie
avec des rations à base de concentré sont connus pourprésenter
un grasplus
mou que les agneauxengraissés
àl’herbe. Ce résultat
peut
être intéressant pour lessystèmes
danslesquels
les agneaux sont finis enbergerie après
lapériode
depâturage.
Dans les conditions où la
complémentation
àl’herbe des agneaux
permet
d’accroître leur vitesse de croissance et de réduire la durée del’engraissement
enbergerie,
ellepeut
per- mettre d’améliorer laqualité
des carcasses.Conclusion
La
complémentation
des agneaux d’herbependant
laphase
d’allaitementpermet
d’amé- liorer leur vitesse de croissancelorsque
laquantité
d’herbe estfaible,
mais elle n’aplus
cet effet
lorsque
laquantité
d’herbe est élevée.Elle
peut également
réduire l’infestation para- sitaire des animaux et la contamination dupâturage,
même si lesquantités
d’herbeofferte sont
importantes.
Ellepeut
enfin conduire à une amélioration de laqualité
descarcasses
(fermeté
du grasdorsal)
en rédui- sant l’effet de la finition enbergerie.
Les résultats présentés dans cet article ont été publiés, en partie, dans Grass and Forage Science, 1990, Vol 45, 423-429, et dans Reproduction Nutrition Développement, 1988, 28(1), 85-86.
Remerciements
Nous remercions D.Kerboeuf (Département de Pathologie
Aviaire et de Parasitologie) pour le dosage du pepsinogène sanguin.
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of a cereal
supplement during early
lactation on the per- formance and intake of ewes grazingperennial
ryegrass at threestocking
rates. Grass andForage
Science, 35, 197 - 202.Summary
Supplementation of grazing suckling
lambs withconcentrate. The interaction between the level
of supplementation
and theherbage allowance,
and theeffect
on the levelof parasitism.
In order to determine the effects of concentrate
supplementation
ofgrazing suckling lambs,
lambssupplemented
ad libitum withhigh-moisture
whole maize
grain (C)
werecompared
tounsupple-
mented lambs
(NC), during
two successive years.Thirty-six
Ile de France ewessuckling
twin lambswere used in these two
experiments ; they
weregrazed rotationnally
aroundpaddocks
of naturalpastures,
with astocking
rate of 12ewes/ha.
Lambs were 7 weeks old when turned out to grass and 16 weeks old at the end of the
grazing period.
They
were further fattened indoorsand,
afterslaughter,
carcassquality
was assessed.The effect of
supplementation
on lambgrowth
rateat
pasture
and on carcassquality
varied betweenexperiment
1 and 2. Thehypothesis
was that theseresults may have been due to differences in her-
bage
allowances. A thirdexperiment
was thereforecarried out : 24 ewes
suckling
twin lambs wereallocated 8 weeks after
lambing
between four gra-zing
treatments: two levels ofherbage
allowance xtwo levels of
supplementation. Daily herbage
orga-nic matter
(OM)
allowances were57,0
(H) and38,5 (B)
g OMkg
LW .1. Lambs were eithersupplemen-
ted ad libitum
(C)
orunsupplemented (NC).
Thesward consisted of tall fescue and was
grazed
rota-tionnally.
At the low allowance
level, supplementation
increased lambgrowth
rate(287
gd -’ vs
226 g d’1),
whereas it had no effect at the
high
level (277 gd
-’vs 276 g d
. 1 ). Therefore, supplementation
increa-sed lamb
growth
rateonly
whenherbage
allo-wance was low. It also reduced
parasitism,
evenwhen
herbage
allowance washigh.
It alsoimpro-
ved the firmness of subcutaneous
fat,
when it ledto a reduction of the duration of
fattening
indoors afterweaning.
PRACHE
Sophie,
THERIEZ M., BECHET G. 1992.Complementation
des agneaux au paturagependant
laphase
d’allaitement. Interaction entre le niveau de com-plementation
et la quantité d’herbe offerte et effet sur le niveau deparasitisme.
INRA Prod. Anim., 5, (2), 137 -148.