M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
D OMINIQUE G UIN
Une modélisation mathématique de la compréhension des énoncés additifs
Mathématiques et sciences humaines, tome 120 (1992), p. 49-77
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UNE
MODÉLISATION MATHÉMATIQUE
DE LACOMPRÉHENSION
DES
ÉNONCÉS
ADDITIFSDominique GUIN1
RÉSUMÉ 2014
Cet article fait suite à l’article paru dans le volume113
de cette revue (D. Guin[15])
où nousavons mis en évidence certains processus cognitifs élémentaires dans l’activité de
compréhension
d’énoncés additifs, puis proposé une modélisation de la compréhension permettant de prendre en compte ces processus.Dans celle modélisation basée sur la notion d’opérateur, nous avons distingué deux étapes : la compréhension linguistique de l’énoncé et la réduction à un prototype. Nous utiliserons des formalismes
mathématiques
(Grammaire Applicative, Logique Combinatoire) dans cette modélisation inspirée du modèle de la GrammaireApplicative et Cognitive de J.-P. Desclés pour définir les archétypes
cognitifs
du domaine des énoncés additifs.Les lois exprimées à l’aide de combinateurs (lois
linguistiques,
loisd’intégration
lexicales et loissémantiques)
nous permettront de réaliser par une
compilation
dereprésentations fonctionnelles
une simulation des deuxétapes
du processus cognitif de conpréhension d’un énoncé additif.
SUMMARY - A mathematical modeling of the
understanding
process of additive word problems.This article is following an article published in volume 113 of this journal (D. Guin
[15])
where we have pointed out some cognitive elementary processes in the understanding activity of additive word problems, then suggested a modeling which enables us to take into account these processes. In this modeling based on the operator notion, we havedistinguished
two steps : understanding the terms of the problem andreducing
it to aprototypical problem.
We usemathematical formalisms
(Applicative Grammar and Combinatorial Logic) in this modelinginspired
by theApplicative
and Cognitive Grammar modelof
J.-P. Desclés todefine
the cognitivearchetypes of
the additive wordproblems
domain. Laws expressed with combinators (linguistic laws, lawsof
lexical integration and semantic laws) enable us to realize, by a compilation
of functional
representations, asimulation
of
the two stepsof
thecognitive
processof understanding
an additive wordproblem.
AVANT-PROPOS
Nous
préciserons
tout d’abord notreconception
de la simulation par ordinateur d’un processus decompréhension.
Nousrappellerons
succinctement l’architecturecognitive proposée
dans(J.-
P. Desclés et alii
[11]) qui
est fondée sur la fonctionnalité et lacompilation
desreprésentations
intermédiaires :
l’objectif
visé n’est pas de simuler directement le comportement humain par un programmeinformatique,
mais de construire une modélisationthéorique
et desreprésentations
intermédiaires directement exécutables par les machines. La simulation rendra compte
uniquement
d’uneanalogie
entre lesstratégies
de traitement.Les
processus mis enjeu
au niveau fonctionnel sont définissablesindépendamment
desreprésentations
du niveausémantique
et des processuscognitifs
eux-mêmes : c’est ce que J.-P.Desclés
désigne
par lacompilation
desreprésentations
fonctionnelles. Nous avons dans un1 Laboratoire
d’Éludes
et de Recherches sur l’Enseigncll1cnt Scientifique (UniversitéMontpellier
II).premier
temps défini un vocabulairecognitif,
c’est-à-dire un corps de conceptspertinents
pourla
description
etl’analyse
des faitscognitifs,
etexpliqué
enquoi
la notiond’opérateur
est bienadaptée
à cettedescription (D.
Guin[ 15]).
Dans cetarticle, après
avoirprésenté
les formalismesmathématiques nécessaires,
nous montrerons que cette notion permet effectivement de décrire les différentesétapes
mises en évidence dans le processus decompréhension
en définissant lesprimitives sémantiques
etarchétypes cognitifs
du domaineadditif, puis
enprécisant
l’architecture du niveau fonctionnel.
1. INTRODUCTION
Notre but est de modéliser la démarche de
compréhension
d’un énoncé deproblème additif,
comme par.
exemple :
"
Pierre
a joué
deuxparties
de billes. A lapremière partie
il agagné
16billes, à
la secondepartie
il en a
gagné
9.Que
s’est-ilpassé
en tout ? " 1Plus
précisément,
nous voulons modéliser le comportement humain de l’élèveexpert2
aucours de la lecture d’un tel
énoncé,
afin depouvoir
réaliser ensuite une simulation surordinateur du traitement effectué. C’est dans une
perspective
non seulementcognitive,
maisaussi
didactique qu’il
nous fautexpliciter
le processusdynamique
d’élaboration par l’élève desa
représentation
duproblème.
Aplus long
terme, notre but est de modéliser l’activité de résolution d’unproblème
additif en vue de la réalisation d’un tutorielintelligent.
Nous avons mis en évidence dans
(D.
Guin[15])
la nécessité deprendre
en compte dans la modélisation de lacompréhension
les processuscognitifs
élémentaires tels quel’interprétation
du
langage
naturel et l’incidence descaractéristiques linguistiques
dans cetteactivité,
laparaphrase,
la reconnaissance d’invariantsopératoires (G. Vergnaud [21]).
Le conceptd’opérateur, qui
est à la base du modèle de la GrammaireApplicative Universelle,
permetd’appréhender
ces processus élémentaires d’une part dans le processus decompréhension linguistique,
et d’autrepart
dans celui de réduction à un prototype. Nous avonsprésenté
cettedernière
étape
dans l’articleprécité,
les types deproblèmes
intervenant dans cette modélisationont été définis à
partir d’opérateurs
définis surN,
et uneexpression
enlangue
naturelle desexemples prototypiques
y a étéproposée.
Nous détaillerons dans cet article la modélisation de la
compréhension linguistique inspirée
du modèle de la Grammaire
Applicative
Universelle de S. K.Shaumyan
et de l’extension de cemodèle réalisée par J.-P.
Desclés,
le modèle de lagrammaire Applicative
etCognitive. L’étape
de
compréhension linguistique
est celle de laprise
d’information dans l’énoncéadditif, qui
doitpermettre d’extraire la
signification
des énoncés additifs.Nous
rappellerons
tout d’abord succinctement le formalisme du modèle de la GrammaireApplicative
Universelle que l’on peut enrichir d’un niveaucognitif
en y introduisant desreprésentations cognitives qui
se veulent"indépendantes"
des contraintessémiotiques
dulangage
naturel : nousprésenterons
cemodèle, désigné
par GrammaireApplicative
etCognitive
dans
(J.-P.
Desclés[9]),
auparagraphe
2. Nousdévelopperons
ensuite le formalismeapplicatif
du domaine des
problèmes
additifsqui
nous intéresse(paragraphe 3),
nous pourrons alors l’étendre auxreprésentations cognitives
du domaine additif(paragraphe 4).
Cette modélisation de lacompréhension linguistique s’intègre
dans une modélisationcomplète
de lacompréhension
desproblèmes
additifs dont nousprésenterons
les différentesétapes
auparagraphe
5.1 Les
énoncés français sont extraits de G.Vergnaud
([201).2 Au sens de J.R. Anderson : expliciter comment !’c!evc " idea! " devrait se comporter dans cette situation.
2. FORMALISME DE LA GRAMMAIRE APPLICATIVE ET COGNITIVE
Notre modélisation
s’inspire
des recherches dulinguiste
S.K.Shaumyan qui
utilise laLogique
Combinatoire de H.B.
Curry
pour uneanalyse
des transformationsinterphrases
dans leslangues
naturelles. Il propose unmodèle, appelé
GrammaireApplicative Universelle, qui représente
lesphrases
sous formed’expressions applicatives,
c’est-à-dire sous formed’agencements
combinatoiresd’opérateurs
etd’opérandes
de différents types.2.1. Grammaire
Applicative
Universelle(GAU)
2.1.1.
Le modèle de la GrammaireApplicative
Universelle comporte unmétalangage
dedescription désigné
parlangage génotype
où l’on souhaiterait formuler tous les invariantssémiotiques
constitutifs deslangues
naturelles(entités
etopérations universelles).
Cesystème
est
universel, puisque
l’on peut établir unmorphisme
dulangage génotype
vers les différenteslangues phénotypes.
Sous certaineshypothèses,
il existe une réduction d’uneexpression
dulangage génotype (grâce
à lalogique combinatoire)
àuneforine
normale. Ces formes normales constituent unsous-langage,
ce sont lesreprésentants
des classesd’équivalences qui
sont desfamilles
paraphrastiques.
Dans ce
paragraphe,
nous reprenons le formalismeprésenté
dans cette même revue(J.-P.
Desclés
[8]) ;
pourplus
dedétails,
l’on pourraégalement
consulter(J.-P.
Desclés[9]).
Lessystèmes applicatifs
sontorganisés
avec uneopération
binaire notée ’ : ’(ou [ , ])
etappelée application. L’application
del’opérateur
f àl’opérande
a donne pour résultat b. Lesigne ’ ~ ’ exprime
la relation entrel’opération d’application
à effectuer et le résultat del’opération
effectuée. Nous avons donc :
f:a > b
Cette notion est
largement
utilisée dans le lainbda-calcul de Churchqui précise
lesrègles
desubstitution d’un
opérande
à une variable liée parl’opération
d’abstraction(A.
Church[4]).
Un
système applicatif
est alors la donnée de :- un ensemble
d’objets atomiques
etd’opérateurs atomiques (constants
ouvariables),
-
l’opération d’application qui
permet de construire desexpressions
dérivées àpartir
desatomes
(objets
etopérateurs).
Nous considérerons ici un
système applicatif
muni d’unproduit cartésien fini qui
permet de construire desn-uples d’objets
al , a2 ,..., an >. Nous dirons quel’opérateur
est à une,deux ou n
places
si sonopérande
estrespectivement simple,
uncouple d’objets
ou unn-uple d’objets.
Puisque
nous devonsmanipuler
différents typesd’opérateurs,
nous définissons unsystème applicatif typé
avecproduit
cartésien fini àpartir
d’un ensemble S de sortesd’expressions
debase
(entiers naturels, propositions,
termes nominauxetc...).
L’ensembleTyp [S]
des types fonctionnels desopérateurs
est défini récursivement à l’aide del’opérateur
binaire T formateurde types fonctionnels
(D.
Guin[15],
p17). L’assignation
d’untype
x à uneexpression
X seranotée ’ x : X ’.
2.1.2. Nous
présentons
uneadaptation
de la notiond’algèbre hétérogène (ou 1-algèbre
introduite par G. Birkhoff
([3])
au formalismeapplicatif (J.-P.
Desclés[6]).
Nous considérons maintenant unsystème applicatif particulier,
un S-schéma(d’opérateurs) Y, :
c’est la donnéed’un ensemble
d’opérateurs
élémentaires de différents types.Chaque opérateur
6 est caractérisé par uncouple v, 1’(J.l)
s > où v est le nom del’opérateur,
un élément du monoïde libreengendré par S,
et s est un type deTyp [S].
Afin depouvoir interpréter
lesopérateurs
apar des fonctions ensemblistes
a’,
nous utilisons la structurealgébrique
deS-algèbre (à
sortesdans
S j, qui
est la donnée :- d’un S-schéma
d’opérateurs 1,
- d’une famille E ~s~ d’ensembles
sous-jacents (à
un élément s deS,
on associe un ensembleES ayant une seule sorte s
d’objets),
- d’une fonction
interprétative
uqui associe,
àchaque opérateur
a caractérisé par uncouple
v, s >, une
opération o’v
= u(o)
E Hom( E ~, E s).
On montre
(J.-P.
Desclés[6]) qu’il
existe unobjet
initial A[E]
dans lacatégorie
desE-algèbres,
c’est-à-dire que pour touteE-algèbre
A dont l’ensemblesous-jacent
estA,
il existeun
unique’l-homomorphisme
u’ de A dansA,
telqu’on
ait lediagramme
commutatifsuivant :
L’algèbre
A[1:],
diteS-algèbre
libreengendrée
parE,
constitue une?’syntaxe
abstraite"indépendante
de touteinterprétation.
Laséinantique interprète
d’abord lesopérateurs
de base deE, l’interprétation
est ensuite"guidée
par lasyntaxe" puisqu’elle
est réalisée àpartir
de u’.2.1.3. Pour être en mesure de
préciser
le calcul des connexionssyntaxiques,
l’on étendlégèrement
lesystème précédent
en introduisant des typesgauche
etdroit, d’où,
pour un type tdonné,
un typeg(t)
etd(t).
L’on sedonne,
en outre, uneopération * correspondant
à laformation du type
"produit
cartésienfini",
et l’onajoute
deux schémas desimplification
dansTyp [S] qui expriment
les connexions desexpressions contigües
combinées entre elles selon lastructure
applicative opérateur-opérande,
etcompatibles
avec l’ordre linéaire desexpressions linguistiques,
de la forme :( T g ( t j ) t 2 )
* t1 t 2 pour tout tl,t2dans Typ [S]
=t2 pour tout 11 t 2 dans
Typ [S]
L’on
peut
aussi utiliser une notationmultiplicative
et fractionnaire :ou ou
Ce
système
est unegénéralisation
du formalisme des fractions formellesproposé
par K.Ajdukiewicz
et Y. Bar-Hillel([1] ; [2]) qui
est à la base desgrammaires catégorielles.
2.1.4. La
logique
combinatoire née d’une recherche menée par M. Schônfinkel([ 19])
vise àéliminer
complètement
la notion de variable liée en faisantappel
à desopérateurs abstraits,
lescombinateurs,
et a étédéveloppée
essentiellement par H.B.Curry ([5]).
Les combinateurs sontdestinés à combiner des
expressions applicatives
entre elles pour construire une nouvelleexpression applicative.
L’action sur leuropérande
est définie par unerègle
de réécritureappelée f3-réduction
formulée avec des variables nécessairement libres. Cette action définit enquelque
sorte la
signification
du combinateurindépendamment
de touteinterprétation
externe. Pourplus
de
détails,
l’on pourra se référer aux articlesprécédemment
parus dans cette revue(J.-P.
Ginisti[13] ;
J.-P. Desclés[8]).
THÉORÈME (J.-P.
Desclés[9],
p163) :
Tous lescombinateurs précédents peuvent
êtreexprimés
en fonction des combinateurs S et Kpris
comme combinateurs de base.En outre,
chaque
combinateur estreprésentable
par unelambda-expression 1.
Lessystèmes
du ~,-calcul et de la
logique
combinatoire sontéquivalents
si on leuradjoint
leprincipe
d’extensionnalité
(J.-P.
Desclés[9],
p1 b3) :
[Ext]
Si pour touteexpression
combinatoireU,
on a XU =YU,
alors X = Y.On peut définir la
puissance
d’un combinateur xrégulier
par :Exemple :
De
même,
on peut définir l’action à distance d’un combinateur par :X (k)
diffère
l’action ducombinateur X
de k pas et se comporte comme X àpartir
de lak+lèmc opérande ,
ilagit
donc effectivement sur la k+2 èrncopérande :
Exeinple :
Les combinateurs sont
composables
entre eux dans une structure de monoide. Ils donnent lapossibilité
de construire desopérateurs complexes
àpartir d’opérateurs
élémentaires.2.1.5. Le
premier
type de réduction effectuégrâce
auxP-réductions
des combinateurs est la réduction d’uneexpression applicative
à une forme normale utilisant des loislinguistiques (interprétation
d’unprédicat
transitifactif,
réductiongrammaticale passif-actif
etc...).
L’existence d’une fol-me normale pour une
expression applicative
n’est pas assurée. L’unicité est uneconséquence
du théorème de Church-Rosser(J.-P.
Desclés[8]). Cependant l’existence,
pour les
expressions applicatives tynée,s,
est uneconséduence
du théorème de Sanchis. Deuxexpressions applicatives
sontéquivalentes
si elles se réduisent à une mêmeforme
normale.1 Par
cxemple,
pour le combinatcurC:~xyz.xzy.
Chaque phrase
est alorsreprésentée
par uneexpression applicative typée
d’unlangage applicatif LI engendré
àpartir
desopérateurs linguistiques
de différents types, des combinateurs et desprédicats complexes.
L’ensemble des formes normales constitue unsous-langage Lo.
Lesformes normales sont les
représentants
des classesd’équivalences qui
sont des famillesparaphrastiques.
Nous allons voir dans le
paragraphe
suivant comment il estpossible
de continuer ladécomposition
des éléments dusous-langage Lo
enanalysant
lesprédicats
lexicaux à l’aide deprimitives sémantiques
combinées entre elles par les combinateurs de lalogique
combinatoire.2.2. Les
archétypes cognitifs
Pour une
analyse
détaillée l’on pourra consulter(J.-P.
Desclés[9]).
Dans le domaine desreprésentations
des connaissances J.-P. Desclés propose de recourir à desformalismes
applicatifs
pourreprésenter
la,signification
desprédicats linguistiques
au moyen de combinateursqui
agencent lesprimitives sémantiques
entre elles. Lasignification
dechaque phrase, qui
estreprésentée
par uneexpression applicative,
estanalysée grâce
au processus de réduction à unarchétype cognitif, exprimable
dans unlangage applicatif.
Lesarchétypes cognitifs
constituent unsystème
dereprésentation
des connaissances mettant enjeu
différentstypes d’opérateurs (primitives sémantiques, opérateurs ensemblistes, etc...).
Ils décrivent des relationsprototypiques qui
tiennent entre desobjets,
deslieux,
etplus généralement
entre dessituations. Une
propriété
fondamentale de cesystème
dereprésentation
est sonindépendance
par rapport à
l’encodage
dans unelangue
naturelle donnée. Lesarchétypes cognitifs
semblentbien
adaptés
à lareprésentation
des connaissances nécessaires à l’activité decompréhension,
deparaphrasage
et de raisonnement : bien que leurpertinence cognitive
ne soit pasassurée,
ilspermettent
de simulercomplètement
les mécanismes decompréhension
et raisonnement enexplicitant
toutes lesétapes (création, suppression,
modificationd’objets...).
La notion de
primitive .sémantique
est due à R. Schank([18]).
Sonsystème
limité auxverbes est basé sur
l’hypothèse
de ladépendance conceptuelle :
les verbes de toutes leslangues
sont
exprimables
au moyen d’un nombre restreint deprimitives sémantiques.
Lesprimitives sémantiques
se veulent être des relateurs etopérateurs
invariants par rapport à la diversité deslangues,
àportée
universelleindépendante
des moyensd’expression linguistique.
Elles ne sontpas relatives à une
langue
déterminée : ce sont des entités situées dans lemétalangage.
Cesuniversaux abstraits sont nécessaires pour permettre de décrire la
signification
des itemslexicaux. Il est ainsi
possible d’exprimer
lesprédicats
en fonction de combinateurs et deprimitives sémantiques.
On peut décrire les mécanismesintégratifs (D.
Piotrowski[ 16]) qui
ontpour fonction de
"composer"
entre eux les unitéssémantiques organisées
dans la structurecognitive.
On associe à une
expression applicative
une combinaison deprimitives sémantiques,
laforme normale associée à cette
expression applicative typée
définit unarchétype cognitif qui analyse
lasignification
del’expression applicative.
C’est la loid’intégration
lexicalequi exprime
comment composer les unités
sémantiques,
elle décrit lacompilation
del’expression linguistique
dans unsystème
derepésentation sémantique :
Tvédicat
= X[primitives sémantiques]
où ~C
désigne
un combinateurqui représente
un programmed’intégration
desprimitives sémantiques qui figurent
à sa droite dansl’expression.
Exemple :
Laphrase "la feuille
entre dans lapièce"
a pourreprésentation applicative :
"entre-dans"
T2
Tl ouT2 :
= lapièce,
Tl : = la feuilleOn
peut exprimer
leprédicat
"entre-dans" en fonction deprimitives sémantiques
dont nousrappelons
les définitions(J.-P.
Desclés[9]) :
eo : relateur de localisation
exprime qu’un objet
est localisé par rapport à un lieu ouqu’un
lieu estlocalisé par rapport à un autre lieu
1.
in
(resp ex) :
sont desopérateurs
de déterminationtopologique
d’unlieu,
ils déterminent l’intérieur(resp l’extérieur)
de ce lieu.MOUVT :
exprime
un mouvement affectant uneentité, qui
la fait passer d’un lieu à un autre.L’analyse sémantique
de "entre-dans" estexprimée
par la loi(*) d’intégration
lexicale desprimitives sémantiques MOUVT,
eo , in et ex décrite à l’aide des combinateurs et y :En utilisant les
règles
de réduction descombinateurs,
on se ramène àla forme
normale(sans combinateurs) :
Cette forme normale sera
l’archétype cognitif qui analyse
lasignification
del’expression applicative
" entre-dans "T2
Tl que nous pouvonsreprésenter
de la manière suivante :Autrement
dit,
il y a mouvement d’unobjet représenté
par Tl dont :-
l’origine
est la situationstatique :
eo(
exT2 ) T~,
- le but est la situation
statique :
eo(
inT2 ) T1.
Substituons maintenant à
T2
un lieu indéterminéloc,
nousreprésentons
alorsl’archétype cognitif de
" entre-dans " sous la forme :On peut calculer
explicitement
le combinateur ~Cqui représente
un programmed’intégration
desprimitives sémantiques :
1 Le rotateur de localisation est l’une dcs valeurs
spécifiques
de l’archirelatcur derepérage
qui admct d’autresvaleurs : attribution, ingrédicncc, etc... (J.-P. Desclés [7]). Pour une axiomatisation de la théorie du repéragc,
l’on peut consulter (J.-P. Desclés [6J ; J.-P. Désoles & C. Froidcvcaux [10]).
THÉORÈME X
=B(4) C(3) yI~3~
B V 4$ B.Nous utilisons la
présentation
des réductions comme dans la "déduction naturelle" de Gentzenprésentée
dans(J.-P.
Desclés[8 J,
p83 ;
J.-B. Grize[14]) :
Grâce au formalisme
applicatif
et à lalogique combinatoire,
nous pouvons ainsi décrire lemécanisme d’intégration
desprimitives sémantiques
pour réaliserl’archétype UbJ11l11l{Ul analyse
la
signification
del’expression applicative.
2.3.
Multi-représentation
des connaissancesL’extension du modèle initial de la GAU au niveau
cognitif constitue
le modèle de la Grammaireapplicative
etCognitive (GA&C,
J.-P. Desclés[9]) :
lesreprésentations linguistiques, génotypiques,
lesreprésentations cognitives
et le processus decompilation
dulangage
externedans les
représentations cognitives s’expriment
dans un même formalisme. Dans lesparagraphes précédents,
nous avonsrappelé
deux différents types de réduction effectuésgrâce
aux
p-réductions
des combinateurs :- la réduction d’une
expression applicative
à uneexpression applicative
normale utilisant des loislinguistiques ( interprétation
d’unprédicat
transitifactif,
réductiongrammaticale passif-actif etc ...),
- la réduction d’une
expression applicative
à unarchétype cognitif
utilisant des loisd’intégration
lexicales(interprétation
de lasignification
duprédicat
à l’aide deprimitives ,sémantiques).
La
compilation
d’unephrase
peut alors êtrereprésentée
par le schéma suivant :De même que deux
expressions applicatives
sontéquivalentes
si elles se réduisent à unemême forme
normale,
deuxreprésentations cognitives
sontéquivalentes
si elles se réduisent àune même forme normale. Une famille
paraphrastique
est une classed’équivalence
pour cette relationd’équivalence.
Cette relationd’équivalence
sur lesreprésentations cognitives
nouspermet de définir ainsi une
multi-représentation
des connaissances : nous pourrons choisir unreprésentant quelconque (une paraphrase)
de cette classed’équivalence.
Ce
point
estfondamental,
car il permet deprcndre
en compte dans lareprésentation
desconnaissances les processus
cognitifs
élémentaires tels quel’interprétation
dulangage
naturel etl’incidence
descaractéristiques linguistiques
dans cetteactivité,
laparaphrase, l’association,
et depouvoir
traduireexplicitement
les transformations à l’aide deprimitives sémantiques
etcombinateurs. Le choix de la
représentation
des connaissancesprésentée
dans ceparagraphe
estdonc une
conséquence
del’analyse cognitive
etdidactique
effectuées dans(D.
Guin[15]).
Ilnous faut maintenant
appliquer
cette théorie au domaineparticulier
desproblèmes
addditifs.3. LE FORMALISME APPLICATIF DU
DOMAINE
ADDITIF 3.1.Type sémantique
desopérateurs
Nous allons maintenant
adapter
le formalismeapplicatif
basé sur la notion de1-algèbre
audomaine
qui
nous intéresse.Puisque
nous voulons modéliser le comportement de l’élève au cours de la lecture d’un énoncéadditif,
nous définirons les sortes de base dans uneperspective
essentiellement
cognitive :
nous essaierons donc deprivilégier l’aspect sémantique
des énoncés.Les types
qui
seront définis àpartir
de ces types élémentaires seront donc des typessémantiques.
3.1.1. Le S-schéma
d’opérateurs £
Voici les quatre sortes de base de notre
système applicatif typé :
h :
propositions
j :
classes d’individusc : collections 1 lieux
L’ensemble des sortes S est donc
{ h, 1, C, c ~ .
Nous pouvons alors définir un S-schémad’opérateurs
2,. Donnonsquelques exemples d’opérateurs
de E :61=
gagne, Y ( j c )
h > ,opérateur
gagne à deuxplaces,
02 =
donne-à,
l’( j j c )
h >,opérateur
donne-à à troisplaces,
63 =
est-rouge, T c h > , opérateur
est-rouge à uneplace,
04 = > ,
opérateur
a-dan,s à troisplaces,
G5 = et, l’
(
xx ) x
> ,opérateur
et à deuxplaces,
où x E S. °3.1.2. La
Yalgèbre interprétative
Pour définir la
£-algèbre interprétative,
nous nous donnons une familleE(s)
d’ensembles:E c = ensemble de collections finies muni de la relation d’inclusion e, de la réunion
disjointe
u, de la différence 6 c c’ si c’c c.E C = ensemble de lieux muni de la relation d’inclusion c, de la réunion
disjointe
u, de la différence A 1 l’ si l’c 1.E ~
= ensemble des classes finies d’individus muni de la relation d’inclusion e, de la réuniondisjointe
u, de la différenceA j j’
sij’e j.
E h
= ensemble despropositions
des énoncés additifs.Exemple :
1 -L’expression
Paul gagne 3 billes est un élément deE h,
est donc de type h.Les
expressions Paul ,
Paul et Jean sont des éléments deE ~
Lesexpressions billes,
billes rouges sont des éléments de E cLes
expressions
laclas,se,
la cour, la cour d’école sont des éléments deE ’
2 - Considérons
l’opérateur
gagne, la fonctioninterprétative
u lui associe uneopération telle que :
[gagne , Paul,
3 billes>] ~
Paulgagne 3
billes3 - Considérons
l’opérateur
et, la fonctioninterprétative
u lui associel’opération
réuniondisjointe :
E ~ x E ~
--->E ~
telle que[et, Pierre, Paul >] ?
Pierre et Paul--->
E ~
telle que :[et,
des billes rouges, des billes vertes>] ~
des billes rouges et des billes vertes3.1.3. Fonctions de détermination
Soit f un concept ou
propriété,
c’est-à-dire une fonction à valeur dans{ le-vrai, le-faux } (Frege [12]).
A un conceptf,
nous associons une fonction 5( f ), appelée fonction
de détermination associée au concept f(J.-P.
Desclés[9]).
Ces fonctionsagissent
de manière interne sur les éléments d’une sorte, elles permettent de les déterminerplus précisément.
Exemples :
1 - Soit le concept"est-en -quantité- trois
". A ce concept est associée la fonction de détermination "en-quantité-trois
" : :5
"en-quantité-trois
"( billes ) =
" trois billes "2 - Soit le
concept "est-rouge ".
A ceconcept
est associée la fonction de détermination "rouge " :
:3 - Soit le concept "e.st-à-Jean". A ce concept est associée la fonction de détermination "à - Jean " : :
3.1.4.
Exemples
de typessémantiques
Nous pouvons maintenant donner
quelques exemples
de typessémantiques d’expressions
utilisées dans les énoncés additifs : 1 -
Il y a
3 garçons dans la courEn
effet,
selon larègle
desimplification
des types énoncée en(2.1.3) :
" ,
Ou si l’on utilise une notation
multiplicative :
Le type
sémantique
del’opérateur il-y-a-dans
est donc : Y( 1 c )
h ou((
h/ 1 ) / c).
Remarque. :
le typesémantique n’est pas modifié
par les déterminations."
2 - Paul gagne 3 billes .
Le type
sémantique
del’opérateur
gagne est donc : 3 - Paul doit 3 billes à PierreLe type
sémantique
del’opérateurdoit à
est donc : ’.4 - Paul a
gagné
3 billes en toutPaul a
gagné
3 billes en toutLe type
sémantique
del’opérateur
en tout est donc : l’ h h ou( h /d
h).
5 - Dans
l’expression
Pierre et Jean ont(ensemble) cinq billes,
letype sémantique
del’opérateur et
estT ( 1 1 ) 1
ou(( 1 /d 1 ) / 1 ).
- Dans
l’expression
Pierre a 4 boules rouges et 4 boules vertes, le typesémantique
del’opérateur et
est Y c c ou((
c/d c ) /
c).
- Dans
l’expression
Il y a trois chaises dans la cour et deux dans laclasse,
letype sémantique
del’opérateur et
est Y h h ou(( h /d h )
/ h).
Nous
assignerons
donc àl’opérateur
et, le type ou(( x /d x ) /x).
6 - Pierre a des billes dans sa main . Pierre a dans sa des billes main
Pierre a des billes dans sa main
Pierre a des billes dans sa main
Le type
sémantique
de a dans sa est donc T( j
Ec )
h ou((( h/d j) / E ) /
c).
7 - Paul a trois billes
Paul a trois billes Paul a trois billes
Paul a trois billes Paul a trois bille.s
Le
type sémantique
del’opérateur
trois est donc T c c ou( c /
c).
Plusgénéralement, considérons
un concept f du S-schémad’opérateurs 1,
detype f
xh,
où x E{c, C, } , l’opérateur
de détermination 5 faitcorrespondre
à f unopérateur
detype T
x x .3.2. Les
primitives sémantiques
du domaine additif3.2.1. L’archirelateur a et les
primitives sémantiques
associéesNous l1t1liprnn A ilr T D S’ _nC’l 1-
Nous utiliserons dans ce
paragraphe les
résultats Uv nous considérons le domaine desproblèmes additifs,
l’archirelateur a restreint au domainecomprend
deux valeurssémantiques
distinctes : 3.2.1.1. Lapossession a
possIl est
possible
dedistinguer
deuxspécifications :
- la
possession
aliénable : Jean a une maison dans le midi- la
possession
inaliénable : Jean a une main blessée(Cette
dernièrespécification
est trèsliée à la notion
d’ingrédience).
Le relateur a
poss est le converse du relateur est-à :
ex : Jean a une maison ----> une maison est à Jean
Nous
désignerons
par loisémantique
la loi suivantequi exprime
une relationsémantique :
3.2.1.2. La localisation a loc
- Dans un lieu : par
exemple, il y a
3 garçons dans la cour- Chez un individu : par
exemple,
Jean a lechapeau
de Paul sur la têteDans ce cas, nous pourons dire que le relateur a est le converse du relateur est-chez que nous noterons e joc : 1 Jean a le
chapeau
de Paul ----> lechapeau
de Paul est chez JeanOn a la loi
sémantique
suivante :3.2.1.3. Une
spécialisation
commune à lapossession
et la localisation :Dans la
phrase
"Jean a sonchapeau vert",
nous noterons le relateur a On a la loisémantique
suivante :Renwrques : -
Une distinctionanalogue
peut être effectuée pourl’opérateur a-dans-sa
quenous noterons :
a joc - dans-sa dans "Jean a 3 billes dans sa
poche"
a dans-sa dans "Jean a son mouchoir dans sa
poche"
- On ne
peut toujours
déterminer la valeursémantique
du relateur a(par exemple,
Jean a 5billes,
il en donne 4 à Pierre. Combien lui en reste-t-il?).
Nous pouvons résumer ces différentes valeurs
sémantiques
dans le tableau suivant :Les différents
archétypes correspondant
à lasignification
des verbes font intervenir ces différentes valeurssémantiques
du relateur a :a loc :
perd,
trouve,lui-reste, rend-à, donne-à,
doit-àa
poss : perd (jeu), lui-reste, doit-à,
gagnea
loclposs :
donne-àa loc - dans ou a loclposs - dans : met -dans 3.2.2. Primitives
sémantiques
associées auopérateurs
additifsNous avons défini en
(5.2)
de(D.
Guin[15])
desopérateurs
sur les entiers naturelsqui
interviennent dans notre
typologie
desproblèmes
etjustifié,
pour des raisonscognitives,
ladistinction entre
opérateur
unaire et binaire. Nous pouvons lesexprimer
enlangue
naturelle : ADD = " Faire la sommede", opérateur
binaireSOUS = "Faire la
différence de", opérateur
binaireAJOUT n =
"A jouter n à", opérateur
unaireRET n = "Retrancher n
à", opérateur
unaireLe
principe applicatif
de Schônfinkel(J.-P.
Desclés[8])
permetd’exprimer
lesopérateurs
unaires AJOUT n et RET n à l’aide des
primitives sémantiques
ADD et SOUSgrâce
àl’opération
deCurriage
Cur(f) qui
associe à unopérateur
n-airef,
unopérateur
unaire :Cur ~
Remarque.
Les relations ADD n n’ = AJOUT n( n’ )
et SOUS n n’ = RET n’( n )
ne sontqu’une
traduction de lapropriété caractéristique
del’opération
deCurriage.
3.2.3. Primitives
sémantiques
connecteursNous utiliserons
plusieurs primitives sémantiques
connecteurs d’états : ET : état x état ---> étatEx : il y a 3 chaises dans la cour et 2 dans la classe.
Le connecteur MODIF sera utilisé pour décrire un processus : MODIF : état x état --- > processus
Ex : Lundi Pierre avait 5
francs, aujourd’hui
il lui en reste 4.Le connecteur
MOUVT, spécialisation
deMODIF,
sera utilisé dans le cas d’un mouvement :Ex : Pierre donne à Paul 5 francs.
La
primitive sémantique
SUCexprimera
la succession de deux processus : SUC : processus x proce,ssu,s ---> processusEx : A la
première partie
Pierre gagne 3billes,
à la secondepartie
il enperd
2.Remarque.
Cesprimitives sémantiques
permettent de rendre compte du processuscognitif
d’association.
3.2.4. Primitives
sémantiques temporelles statiques
Les
primitives sémantiques
INIT et FIN permettentd’exprimer qu’un
état est l’état initial oufinal d’un processus. Nous avons donc les relations :
Ex : Pierre a
gagné
4billes,
avant il en avait 5.Pierre a
gagné
4billes,
il en a maintenant 5.3.2.5. Primitives
sémantiques temporelles dynamiques
Les
primitives sémantiques
PREM et DER permettentd’exprimer qu’une
modification estinitiale ou finale dans une succession de processus. Nous avons donc les relations :
Ex : Pierre à la
première partie
agagné
5 billes.Pierre à la deuxième
partie
agagné
5 billes.Remarques.
1 - Lesexpressions exprimant
une marquetemporelle
telle que à lapremière partie,
avant,hier,
etc...pouront
êtrereprésentées
àpartir
de cesprimitives sémantiques.
2 - Nous utiliserons