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Le mécanisme de la précipitation dans un cristal de solution solide métallique. - Cas des systèmes
aluminium-cuivre et aluminium-argent
A. Guinier
To cite this version:
A. Guinier. Le mécanisme de la précipitation dans un cristal de solution solide métallique. - Cas des systèmes aluminium-cuivre et aluminium-argent. J. Phys. Radium, 1942, 3 (7), pp.124-136.
�10.1051/jphysrad:0194200307012400�. �jpa-00233810�
MÉCANISME PRÉCIPITATION
CRISTAL DE SOLUTION SOLIDEMÉTALLIQUE.
Cas des
systèmes
aluminium-cuivre etaluminium-argent.
Par A. GUINIER.
Laboratoire d’Essais du Conservatoire national des Arts et Métiers.
Sommaire. - Étude, par la diffraction des rayons X, des transformations d’un monocristal de solution solide sursaturée avant et pendant la précipitation de la nouvelle phase. Les irrégularités du réseau sont
révélées par des diffusions anormales en dehors des directions de réflexion sélective. Les atomes dissous
. se rassemblent d’abord en noyaux où ils tendent à s’ordonner avec les atomes d’aluminium : puis le réseau
se transforme. Comparaison des stades intermédiaires dans le cas des alliages au cuivre et à l’argent.
1. - Introduction.
1. Le durcissement structural d’un
alliage
binaire. - Soit un métal A dans
lequel
unepetite proportion
d’un métal Bpeut
se dissoudre. Si la limite de solubilité croît avec latempérature (fin. 1 ),
Figez in
un
alliage
decomposition
donnée p,homogène
au-dessus d’une
température T,
sedécompose au-dessous,
en deuxphases : l’une, composée
dumétal A presque pur et une
phase précipitée
richeen B. Tel est l’état
auquel
on aboutitaprès
unrefroidissement assez lent pour que, à
chaque instant, l’équilibre puisse
être atteint.Si,
aucontraire,
on refroidit
brusquement l’alliage
partrempe,
àpartir
d’unetempérature supérieure
àT,
unephase unique
subsiste à latempérature
ordinaire : mais c’est un état horsd’équilibre
etl’alliage
évolueavec le
temps,
d’autantplus rapidement qu’on
leporte
à unetempérature plus élevée,
mais bieninférieure à
T;
c’estl’opération
du « revenu ». Cette évolution se traduit par unchangement
des pro-priétés mécaniques : l’alliage durcit,
aussi cephéno- mène, appelé
durcissementstructural,
a-t-il unegrande importance technique.
La
phase
finale de l’évolution del’alliage
estl’apparition
duprécipité :
mais lespropriétés mécaniques
et aussiélectriques changent
bien avantque le
précipité
ne soit visible aumicroscope;
il doit donc se
produire,
au sein du cristal de solutionsolide,
des modifications de structure laissant intactesa forme extérieure.
D’ailleurs, quand
leprécipité apparaît,
c’est sous forme deplaques
incluses àl’intérieur de
chaque
cristal avec des orientations bien définies(structure
deWidmanstâtten).
Aucours de la
réaction,
le réseau de la solution solide doit donc se maintenir. De nombreuseshypothèses
ont été faites sur la nature de ces modifications de
structure;
c’est seulement enzg38
que la diffrac- tion desrayons X apporta
des donnéesexpéri-
mentales directes sur le mécanisme de la réaction dans le cas des
alliages
aluminium-cuivre[ 1 ]
et[2] :
des faits
analogues
ont étésignalés depuis,
dansd’autres
systèmes.
Nous avonsrepris
dans demeilleures conditions
expérimentales
l’étude par la diffraction des rayons X de deuxalliages :
Al-Cuet
Al-Ag.
De nombreux faits nouveaux sont apparussur les
diagrammes,
nouspermettant
de donnerune vue
plus précise
etplus
sûre du mécanisme de la réaction.2. La diffraction des rayons X par un réseau cristallin
imparfait.
- Nous nous servironsconstamment au cours de ce travail de la notion
d’espace réciproque [3],
ôu espace du réseaupolaire
construit avec trois translations
LIL,L, réciproques
des translations du réseau du cristal
11[2[3’
tellesque
Soit un cristal où la densité
électronique
à l’extré-mité du
vecteur X
est,,.(x
nousappelons So
et smité du vecteur X
est ? X;
nousappelons 6*0
et Sles vecteurs de
longueur et
’parallèles
aux rayons- . >
incidents et diffractés. Soit B = S -
S,. L’ampli-
+
tude de la radiation diffractée dans la direction
S,
est
l’intégrale
étant étendue à tout le cristal.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0194200307012400
_ »
Si nous
portons
B àpartir
del’origine
du réseau/B
polaire, F B
sera une fonction depoints
définiedans la
sphère
derayon ] .
Si unpinceau
monochro-matique parallèle
tombe sur le cristal immobile et que l’onenregistre
sur uneplaque photographique
l’intensité des rayons
diffusés,
dans toutes les direc-tions,
on obtientexpérimentalement
les valeurs du module de FB
pour tous lespoints
d’unesphère
ditesphère
depassant
parl’origine
du réseau
polaire
etayant
pour centre l’extrémité+
du vecteur
- So :
nous avons donc une coupe del’espace réciproque
par lasphère
de réflexion.Quand
lapériodicité
estparfaite
et le cristal/B
infini, F B
éstnul,
sauf aux noeuds du réseaupolaire. Quand
un de ces noeuds se trouve sur lasphère
deréflexion,
il seproduit
une réflexionsélective
(tache
deBragg).
Maisquand
lapério-
dicité n’est
plus rigoureuse
ou que le cristal est depetite dimension,
il y a,d’après (1),
diffusionhors des noeuds du réseau
réciproque
tandis que l’intensité des réflexions sélectives diminue. Réci-proquement,
si l’on connaît la valeur deF (B)
en tous
points
del’espace réciproque,
l’inversion del’intégrale
de Fourier donne larépartition
de lamatière dans le cristal.
l’intégrale
étant étendue à toutl’espace réciproque.
Malheureusement,
la même difficulté seprésente
pour
l’emploi
direct de cette formule que dans les déterminations de structure cristalline :l’expérience
/B
donne
uniquement
le module deF B,
c’est-à-dire l’intensité et non la
phase
des ondesdiffractées.
En
général,
ces diffusions anormales sont d’inten- sité extrêmementfaible,
parrapport
aux réflexionssélectives et
quelquefois
derépartition compliquée :
pour
pouvoir
lesobserver,
l’échantillon devra être un monocristalqui,
sauf en certains cassimples,
doit être immobile
pendant
lediagramme,
car l’effetmoyen de nombreux cristaux serait un voile
plus
ou moins localisé et difficile à
interpréter;
lerayonnement
incident devra être strictement mono-chromatique
pourqu’aucune
tache de Laue ne seproduise;
toute diffusionparasite
devra êtresoigneu-
sement
évitée;
letemps
de pose sera de l’ordre de 1000 fois letemps
de pose nécessaire pour faireapparaître
les taches deBragg;
laplaque
seradisposée
pourenregistrer principalement
les rayons diffractés auxpetits angles
nousappellerons
lesdiagrammes faits
dans ces conditions«
diagrammes
de diffusion », paropposition
auxdiagrammes
de diffraction ordinaires(Laue,
cristaltournant et
Debye-Sherer), qui
ont pourobjet
l’étude des réflexions sélectives.
3. Perturbations du réseau décelées sur les
diagrammes
de diffusion. - Pourqu’une pertur-
bation
produise
une diffusionperceptible,
il estnécessaire
qu’elle
intéresse ungrand
nombre d’atomes et que lespériodes prépondérantes
dansl’analyse harmonique
de larépartition
de la matière soient de l’ordre dequelques angstrtims.
Un défautvisible au
microscope
ou la structuremosaïque (que
décèlent d’autres méthodes de rayonsX)
ne donnent pas de diffusion anormale. Il en serait de même d’atomes
étrangers
entrop petit
nombre.Dans un cristal pur et
exempt
de toute déformationmécanique, l’agitation thermique
des atomes autour de leurposition
moyenne est la cause de zones de diffusionqui
ont été décrites par Laval[4].
C’est un
phénomène important
car il se retrouvesur tous les
diagrammes
et se superpose auphéno-
mène étudié.
4.
Montage expérimental.
- Pour avoir unfaisceau incident à la fois
monochromatique
etsuffisamment
intense,
nous avonsemployé
le mono-chromateur à cristal courbé
qui
adéjà
été décrit[1];
la
pellicule photographique
était tantôtplane,
tantôt
cylindrique,
l’échantillon étant sur l’axe ducylindre.
Les conditions pour la focalisation des rayons diffusés n’étaient donc pasréalisées,
maisétant
donné le flou des zones de diffusionétudiées,
l’ouvertureangulaire
du faisceau incident(20)
n’apas d’inconvénient et
permet
de réduirebeaucoup
letemps
de pose. Les taches deBragg
seprésentent
sous la forme de
petites
droites de 2 mm delongueur,
comme la trace du faisceau direct. Le
rayonnement employé
étaitMoKa;
pour unrégime
du tubede 8 mA sous
4o kV,
lestemps
de pose ont varié de i à4
h. Le monochromateurréfléchit,
outrela radiation
voulue,
la radiation delongueur
d’ondemoitié. Pour
distinguer
sur le cliché les tachesprovenant
de cetteradiation,
ondispose
une secondepellicule
derrière une feuille de cuivre de1/10
mmd’épaisseur;
cette feuille absorbe à peuprès complè-
tement la radiation MoKa et affaiblit très peu la
radiation -’
2
Le cristal étudié était fixé sur un
petit support
orientable
qui pouvait
osciller autour d’un axe vertical.Certains
diagrammes
ont été faits à destempératures atteignant
55oo; le cristal était alors encastré dansune
tige
de cuivreémergeant
d’unpetit
four orien-table,
dont laparoi
extérieure était refroidie parun courant d’eau afin d’éviter l’échauffement de la
plaque photographique.
Cedispositif
apermis
de
prendre
lediagramme
d’un échantillon au coursd’un traitement
thermique.
II. -
Alliage
aluminium-cuivre.Après
les nombreux travaux consacrés au durcis- sement structural del’alliage aluminium-cuivre,
les
points
suivants sontacquis :
unalliage
à 5 pour I o0 de cuivre est à l’état de solution solidehomogène
en
équilibre,
seulement au-dessus de 520°.Après trempe
à latempérature ambiante,
il y aségrégation
~ d’une partie
des atomes de cuivre en amasplans parallèles
auxplans
10o du cristal de solutionsolide
(dénommée phase r.».
Ces amas croissent endiamètre et
aussi
enépaisseur
au cours du revenu;il
apparaît
ensuite unephase précipitée 8’,
decomposition A12 Cu, rigoureusement
orientée parrapport
au réseauprimitif.
Preston[2]
en a déterminéles
paramètres
et la structure.Après
un revenuà
plus
hautetempérature,
cettephase
intermédiairese transforme en une
phase 0
dont on connaîtégalement
la maille et la structure.1 Nous nous sommes
spécialement attaché,
dansle
présent travail,
à l’étude de l’édification de laphase
cristalline 0’ et de la transformation de 6’en
~;
deshypothèses
ont été émises sur ces méca-nismes,
mais n’avaient pas été soumises encore àun contrôle
expérimental.
A.
Préparation
del’alliage.
-- Nous avonspréparé
unalliage
aluminium-cuivre à5,o
pour I o0 de cuivre enpoids,
en fondant ensemble sousflux,
dans un creuset en
graphite,
de l’aluminium extra pur(99,99
pourIoo)
et du cuivreélectrolytique.
L’alliage
a étéhomogénéisé
par une suite de lami- nages et delongs
recuits à Le métal étant à l’état de tôle de1,5
mmd’épaisseur,
certains cristaux avaient atteint une taille deplusieurs millimètres;
nous en avons isolé certains par
découpage
à lascie de
bijoutier;
par dissolution à l’acidefluorhy- drique,
on a éliminé les couches déformées par ce traite- ment, et donné à l’échantillon uneépaisseur
convenable(5/io mm); enfin,
un recuit de24
h à5-~[oo,
suivi d’unetrempe
acomplété
le traitementpréparatoire.
Le cristal a été alors
placé
dans leporte-échantillons
chauffant et orienté de
façon
que les rayons X incidents soientparallèles
à un des axes du cubeun autre axe étant
vertical,
lepremier diagramme
a été
pris
à latempérature
de54o°, puis
le cristala été
trempé
et soumis à des revenuspendant
destemps variables,
à destempératures
croissantes.B.
Évolution
du cristal de solution solide. - Nous allons décrire la succession desdiagrammes
obtenus :
I ° ALLIAGE A UNE TEMPÉRATURE SUPÉRIEURE
A 520°. - Le cuivre est alors
intégralement
à l’étatde
solution,
c’est-à-dire que les atomes de cuivre doivent êtrerépartis
au hasard aux n0153uds d’un réseauqui
ne diffère de celui de l’aluminium pur que par sa maille un peuplus petite,
car l’atomede cuivre occupe un
plus
faible volumequeicelui
d’aluminium. Le
diagramme
de diffusion estanalogue
à celui d’un cristal d’aluminium pur à la même
température :
toutes les zones de diffusion visiblessont donc causées par
l’agitation thermique
desatomes. Elles sont différentes de celles
qu’Olmer [5]
a décrites pour un réseau de NaCl ou KCI et seront étudiées en détail dans un
prochain
mémoire.Si l’on suppose les atomes de cuivre et d’alumi- nium
répartis
au hasard aux noeuds d’un réseaurégulier,
il y a bienpériodicité rigoureuse
de laplace
des atomes, mais non de leurpouvoir
diffusant : il en résulte une diffusion que Laue[6]
a calculée :l’intensité diffusée serait
proportionnelle
àl’expres-
sion
iYplp,(Fl
-F2)?,
N étant le nombre totald’atomes,
pi et p, lesproportions
des atomes de facteurs de structureF,
etF2.
La diffusion serait doncanalogue
à celle d’un gazcomposé
d’atomesde facteur de structure
F2
etindépendante
de l’orientation du cristal : elle forme un très faible fond continu dont l’intensité décroît à
partir
ducentre du
diagramme.
Mais ce résultat suppose que le réseau restegéométriquement parfait;
or,il est
probable
que lesplans
cristallins sont locale- mentdéformés,
cequi peut augmenter
l’intensité diffusée d’une manière notable. Le calcul de Lauen’a jamais
été soumis à une vérificationexpéri- mentale,
mais dans le cas desalliages homogènes Al-Cu,
laproportion
d’atomesétrangers
est faible etla
température
élevéeaugmente
la diffusionthermique.
Aussi n’avons-nous pas cherché à vérifier la formule de Laue. En tout cas,
puisque
lesdiagrammes
de diffusion ne
présentent
pas departicularités,
rien ne
s’oppose
àl’hypothèse
de la solution solidehomogène
de substitution.20 PREMIER STADE : RASSEMBLEMENT DES ATOMES DE CUIVRE EN AMAS PLANS. - C’est l’état des
alliages qui, après trempe,
évoluent à latempérature
ordinaire ou à une
température
inférieure à Dans un travail antérieur[13], [14],
nous l’avonsétudié en
détail;
nous nous bornerons ici àrappeler
les résultats et leur
interprétation.
Les
zones de diffusion anormale secomposent
de
cylindres
depetit
rayonayant
pour axes lesrangées parallèles
aux axesquaternaires
du cubedu réseau
réciproque :
ce sont lesfigures
de diffraction de réseauxplans
peuétendus, identiques
aux troisplans
100 du cristal w. Nous avons montré que ces faitss’interprétaient
en admettant que, sur certainsplans parallèles
aux faces ducube,
les atomes de cuivre segroupent
en taches depetites
dimensions,réparties
au hasard. Ces tachespeuvent
n’être pas forméesuniquement
d’atomes decuivre,
mais lesatomes d’aluminium
qui s’y
trouvent ne sont pasrangés régulièrement, puisqu’il n’y
a pas de sur- structure dans lesfigures
de diffraction des réseauxplans.
Nous avons évalué le diamètre moyen deces amas
[14] :
ilaugmente
avec letemps
de revenu.Nous avons étudié en détail la variation de l’in-
tensité
diffusée,
lelong
d’unerangée
du réseau réci-proque, par
exemple
100. En faisant osciller le cristalpendant
la pose, onenregistre
sur le même cliché la diffusion en tous lespoints
d’unsegment
de larangée (fig.
a,pl. I) ;
l’échantillon est un monocristalAl-Cu,
après
un revenu de 2 ~ h à 100~,qui
oscille autour de l’axe001,
les rayons X incidents font avec l’axe 010un
angle
variant de + I 5~. Si les amas d’atomes de cuivre étaient formés d’un seulplan,
l’intensité diffusée lelong
de larangée
décroîtrait comme le facteur de structure de l’atome. Enréalité,
mêmeau début du
durcissement,
elle décroîtplus vite;
ce
-qui s’explique
ensupposant
que les amascomportent
deux ou troisplans
réticulaires super-posés [1].
11
1
Fig. c).
Mais,
pour des revenusplus poussés (à
onconstate que l’intensité sur l’axe 100 maximum au centre, décroît et s’annule avant la tache 200,
reparaît
àpartir
de cettetache, puis
s’annuleavant
400,
etc. Sur toutes lesrangées
2h,
2k,
z, laloi est la même. Pour les
rangées impaires 2 h + 1,
2 k +
1,
z,l’intensité,
à peuprès
constante entre z =-1 etz = -1-1
s’annule avantz = 3, reparaît
àpartir
de cepoint,
etc. Pourexpliquer
cefait,
onpeut,
avec Preston
(loc. cit.),
admettre que,quand
deuxplans
sontchargés
d’atomes decuivre,
ils ont tendanceà se
rapprocher
l’un del’autre, puisque
ces atomessont
plus petits
que les atomesd’aluminium,
et,en même
temps,
ils ont unpouvoir
diffusantplus
élevé. Par
exemple,
au schéma de lafigure
2 :deux
plans
depouvoirs
diffusant 1,2f,
distantsde o,g
d,
au sein d’une série d’un trèsgrand
nombrede
plans
depouvoir
diffusantf
à la distance réti-culaire
d, correspond
une courbe d’intensité de diffusionrappelant
les données del’expérience.
Naturellement,
le nombre deplans chargés
decuivre,
leur écartement et leurpouvoir
diffusant varient dans le cristal dans unelarge
mesure d’un amas àl’autre.
3° DEUXIÈME STADE : 1 FORMATION D’UNE SUR- STRUCTURE DANS LE RÉSEAU DE SOLUTION SOLIDE. -
Quand
le revenu seprolonge,
les zones dediffusion,
le
long
desrangées parallèles
aux axes ducube,
deviennent de
plus
enplus
étroites : les zones richesen cuivre se sont donc
élargies,
mais leurépaisseur
doit aussi
croître,
etl’organisation
intérieure desamas est révélée par un nouveau
phénomène
dediffusion
qui apparaît après quelques jours
dechauffage
à ioo° ouquelques
heures à i5oc,(fig. b, pl. I) :
ce cliché a étépris
dans les mêmes conditions que pour lafigure
a avec unalliage
revenu 3o hà i 5oo. Le
long
d’unerangée,
l’intensité de âitiusionne décroît
plus régulièrement
d’un n0153ud au noeudconsécutif,
maisprésente
troisren f orcement.s
situésaux
1/4,
i 2et 3/~ de
l’intervalle entre ces deuxnoeuds,
l’intensité de ces maxima allant en décroissant(le
3e est trèsfaible). Quand
le revenu sepoursuit,
ces maxima se
précisent,
maisjamais
ils n’arriventà avoir la netteté d’une tache ordinaire de
diffraction ;
par
exemple,
lalargeur angulaire
de cestaches, après zl~
h dechauffage
à z 8~°, est encore de l’ordredu 16 de la distance entre deux noeuds. Cet
élargis-
sement ne
paraît
passymétrique;
il estplus
étendu du côté des
grands angles
de diffraction.La
position
de cesnouvelles
tachespeut
êtreexpliquée
par laprésence
au sein du cristal de solution solide de troissystèmes
de cristauxquadra- tiques
à base centrée deparamètre a
= ao, c = 2a("an étant la maille de la solution
solide,
et orientés defaçon
que leursplans
de base coïncident avec l’un desplans
100 du cristal de solution solide. C’est doncsimplement
une surstructure du cristal et) : suivantun axe, il
apparaît
unepériode quadruple
de ladistance de deux
plans
consécutifs, lesplans
debase
gardant
une structureinchangée.
Ces nouveauxcristaux ont la forme de
plaques
trèsminces, puisque
les taches de diffraction sont
allongées
lelong
desaxes 100. A cause de l’étendue de ces
taches,
et de la diffusion notablequi
subsiste lelong
desrangées
100ce stade de la
précipitation
nepeut
pas encore être considéré comme unephase
cristalline bien caractérisée. C’estplutôt
un commencement d’ordrequi
se manifeste entre lesplans
riches en cuivrequi,
dans lepremier
stade, étaient distribués au hasard. La cellule élémentaire ne doit pas avoir de structure biendéfinie,
mais on doit chercher untype
moyenqui puisse
rendrecompte
de l’intensité relative des taches001, 002, 003,
(004 étant confonduavec 002 (,) de la solution
solide).
Nous admettrons : 1 ° que lesplans
lesplus chargés
en cuivre s’ordonnent defaçon
à êtreséparés
par troisplans
inter-médiaires.
Puisqu’il apparaît
unepériode quadruple,
2° que les
plans chargés
en cuivre serapprochent
les uns et les autres, et 3° que la
proportion
relatived’aluminium et de cuivre tend vers celle du
précipité, A12 Cu,
c’est-à-dire 2 à 1. Soit une cellule élémentaire3), composée
d’unplan
Ad’aluminium,
d’unplan
Criche en cuivre et de deux
plans
intermédiaires Bet D contenant aussi
quelques
atomes decuivre;
les
distances
entre lesplans
successifssont ?
+d,
a"-
- d, 2013 d, ‘2’ -E-
d. Les courbes donnent la2 2 2
valeur de l’intensité des réflexions
001, 002,
003 du cristalreprésenté
en fonction def-1
pour desao 2
pouvoirs
diffusantsFA
=F(,
= 2,Ffi
= FI) =I,2. Ces
nombres ont été choisis parce que lepouvoir
diffu-sant du cuivre est environ le double de celui de l’aluminium.
Fig. 3.
Au
voisinage
dea,â/2
2- 1
12on obtient desrapports
d’intensité conformes à
l’expérience :
il y aurait doncarrangement régulier
desplans chargés
encuivre avec seulement de très faibles modifications des distances
interplanaires.
Si les zones de surstructure cohérente sont de très faible
étendue,
surtout enépaisseur,
lesrégions
du cristal où le cuivre est en forte
proportion
sont bienplus grandes.
Eneffet,
aumicroscope,
on commence,à ce
stade,
àdistinguer
lespremiers signes
depréci- pité. L’attaque métallographique
met donc enévidence ces
régions
à structure cristallineimparfaite qui,
si ellesproduisent
des zones de diffusion anor-male avec un échantillon
monocristallin,
ne donnent pas naissance à des raiesDebye-Sherer, quand
l’échantillon est microcristallin. A ce
stade,
le micro- scope met en évidence dans le cristalun précipité,
dont la
composition
diffère de celle de la solutionsolide,
mais dont la structure cristalline est encoretrop
peu différentiée pour donner naissance à unspectre
de raiescaractéristiques.
C~~
TROISIÈME STADE : t’APPARITION
DE LA PHASECRISTALLINE 6’. - Pendant
qu’au
cours du revenu,s’intensifient et se
précisent
les taches de surstructure,apparaissent
d’abord trèsfaibles, puis
avec une inten-sité croissante les taches de diffraction
caractéristiques
de la
phase
~’ dont l’existence a été reconnue par Wassermann et Weerts[7],
et la structure établie par Preston(loc. cit.).
Elle estlégèrement quadratique
avecles
paramètres a
=5,70
=A,
c =5,Ra -~;
la
figure -’ représente
ladisposition
des atomes.Un
plan
d’atomes d’aluminiumidentique
auplan (100) ~
alterne avec unplan
d’atome de cuivrede densité moitié
(réseau
carréde maille
~ ~.
Il y a troissystèmes
de cristaux J’ dont chacun a unplan
de base com-mun avec le cristal de solution solide et l’axe
(100)
5 ’ , coïncideavec l’axe
(110)
M. Les tachesqui apparaissent
lespremières
sont les taches
111, puis 200;
des taches d’ordre
plus élevé, 4oo,
bien queplus
intenses dansles
diagrammes suivants,
nesont pas encore visibles. De
plus,
une zone de diffusionallongée
lelong
de l’axe c accom-pagne ces taches : donc le pre- mier noyau du cristal 0’ a aussi
la forme d’une
plaque
peu Fi g. 4.épaisse, parallèle
à une face ducube;
d’autrepart, puisque,
seuls les
premiers
ordresapparaissent,
lesplans
réticulaires doivent être fortement
perturbés.
La
phase 5’
s’édifie àpartir
de laphase
de sur-structure du second stade
puisque,
à mesure que les taches du réseau ~’s’intensifient,
les autresdispa-
raissent. Pour passer de
l’arrangement
de lafigure
3à celui de la
figure ~,
il faut que les atomes de cuivre sortent duplan
C etforment,
avec ceux de B etD,
deux
réseaux,
de densité moitié des réseauxprimitifs,
situés de
chaque
côté deC; puis, après
élimination des atomes d’aluminium enexcès,
lesplans
A secontractent de
8,08
à5,8o
A. Apartir
de ces germesplats,
le cristal 0’ croît auxdépens
desplans
envi-ronnants, dans la direction de son axe c. Grâce à la
disposition régulière
desplans
d’atomes de cuivreet des
plans
d’aluminium dans le stadeprécédent,
il
n’y
a pas de mouvement d’atomestrop compliqués
et l’on
conçoit
que l’armature du réseaupuisse
seconserver dans cette transformation.
Pour un revenu de I5 h à 2500
(fig.
c,pl. I,
mêmesconditions que a et
b),
toutes les zones de diffusion du second stade ontdisparu;
lediagramme
ne com-porte plus
que les taches de diffraction nettes des troisréseaux J" qui
ont donc atteint degrandes
dimensions.
Sur la structure de la
phase peut
faire lesremarques suivantes :
1°
D’après
la structure donnée par Preston etreproduite
sur lafigure 4,
les taches de diffraction(hkt)
telles queh -[- k -~- I = 4n -j- 2
doiventdispa- raître ;
eneffet,
pour cesplans,
il y a alternanced’un
plan
d’atomes de cuivre et d’unplan
d’atomesd’aluminium deux fois
plus nombreux, qui
ontdonc à peu
près
les mêmespouvoirs
diffusants.Or
si,
eneffet,
ces taches sont d’intensitéfaible,
, PLANCHE I. >
Fig. a, b, c, d. - Dans les 4 clichés, l’orientation du cristal est identique : l’axe (001) est vertical et le cristal oscille autour de cet axe, l’angle de (010) avec les rayons X incidents variant de - i à + 151. Radiation : temps de pose : 2 h. La
pellicule est enroulée sur un cylindre de 38 mm de,
rayon,
l’échantillon étant sur l’axe : les clichés sont réduits dans le rapport 3/4.’
Fig. e, f, g. - Diagrammes de diffusion
centrale
avecla
radiation CuKx. Temps de pose: 2 h; distance pelliculeéchantillon : ~5 mm. Diagrammes réduits dans le rapport 3/4.
Fig. h. - Cristal immobile, (001) vertical; rayons X incidents suivant (110). Radiation : Mo K IX; temps de pose : 3 h 3o min.
. Pellicule plane perpendiculaire au faisceau incident à mm de l’échantillon.
elles sont néanmoins visibles et la tache
200,
enparticulier,
n’a pas une intensité moindre que le1/10
de celle de la tache
400,
alors que lerapport
théo-rique
est de 3 1000.Donc,
l’ordrerigoureux
dela
figure !~
ne doit pas être effectivementréalisé;
ou certains atomes d’aluminium ne sont pas éliminés des
plans intermédiares,
nu l’un des élémerits est substitué à laplace
de l’autre aux noeuds du réseauFig. 5.
20 Toutes les taches observées
peuvent
être attribuées au réseau de la solution solide ou des trois cristaux9’,
sauf six taches situéessymétri- quement
sur les trois axes 100 du réseauréciproque
de la solution
solide,
etcorrespondant
à une distanceréticulaire
de 10,1 + 0,5
A. Leur intensité est compa- rable à celle de(200) ’;
ces taches sont bien dues àl’existence de la
phase 0’ puisque
leur intensité suitau cours des traitements
thermiques
les variations de l’intensité de la tache(200)
8’. Aucune autre tache dans lediagramme
n’est reliée à cettepériode
de 10, l À. La distance réticulaire de deux
plans
successifs
(001)
~’ esti,45
Â.Or, 10,1
== 7 X1,45.
Une telle
période
de surstructures’explique
diffi-cilement
seule;
mais on remarque que10, 1 =
5 X2,02, 2,02
a étant la distance réticulaire desplans
de lasolution solide
donc,
io,i I À est leplus petit
communmultiple
des deux intervalles desplans
001 descristaux et r’.
Le cristal 5’ est
noyé
au milieu du cristal (o(fig. 5) :
admettons que les
plans
de la solution solide exercentsur les
plans
de 6’ unepetite
déformation propor- tionnelle à la distance entre unplan
de 0’ et leplan
le
plus
voisin de c~. Ilapparaîtra
ainsi dans le cristal 0"une
période
de 10,1 _~ : deplus,
commel’irrégularité produite
est à peuprès sinusoïdale,
seul lepremier
ordre de diffraction aura une intensité notable.
Donc,
l’interaction entre le réseau 5’ et le réseau ce est trèsgrande.
C’estprobablement
l’action de ceréseau w
qui permet
à cetteconfiguration d’exister,
bien
qu’elle
ne soit pas encore laplus
stable.Aussi, quand
les cristaux 5’ auront atteint unegrande
tailleet que, par élévation de la
température,
les atomesacquerront
uneplus grande
liberté de mouvementau sein du
cristal,
les forces coercitives dues à l’action du réseau vont devenir insuffisantes et laphase 0’
va se transformer.
50
QUATRIÈME
STADE : 1 PASSAGE DE LA PHASE 0’A LA PHASE 0. -
Quand l’alliage
a étéporté
à3ooo,
il
apparaît
sur lesdiagrammes
de nouvelles tachesde diffraction très
nombreuses,
d’abord faiblesmais
toujours
nettes. En mêmetemps,
les taches duprécipité
9’ deviennent moins intenses : 1après quelques
heures dechauffage
à4ooo,
elles ontcomplètement disparu (fig. d, pl.
1 le cliché estpris
exactement dans les mêmes conditions que les
précédents).
Sur un
diagramme
donné par le cristalimmobile,
les nouvelles taches sont très
nombreuses,
cequi
prouveque les
cristaux,
contrai-rement aux cristaux de la
phase 8’,
ont des orientations variées. En certainspoints,
lestaches se touchent pour for-
mer une
portion
d’arc d’unanneau
Debye-Sherer.
Toutes ces taches sont dues
au
précipité
APCu(phase 8);
Bradley
et Jones[8]
enont donné les
paramètres :
~==6,o5~Â; c==~S6~Â,
etla structure
(fig. 6).
Nousavons d’abord cherché à déter- miner l’orientation des nou- veaux cristaux par
rapport
au cristal (-,). En
prenant
unesérie de
diagrammes
avec des orientations diverses ducristal,
nous avons trouvé larépartition
dansl’espace
des noeuds 200 et 111 du réseauréciproque
des cristaux 9 : à
chaque
axe 100 du cristal m corres-pondent cinq
groupes de cristaux~,
soit en toutquinze
groupes dont voici les orientations moyennes :Groupe
1 : Axe(001)
9 confondu avec(001) c,) :
axe
(100) 5
confondu avec(110)
ce. Tous les cristauxdu groupe ont une orientation très voisine.
Groupes
II et III : -. Axe(001) 9
suivant(110) ~~
ou
(l 10) ~ ;
axe(100)
9 suivant(001)
cü. Les axes(001)
0et
(110) ~
fonttoujours
unangle faible,
maisl’axe
(100) 0 peut
s’écarter de 10° de(001)
c.LGroupes
IV et V : Axe(001) 0
confondu avec(001) w;
l’axe
(100) 5
fait unangle
voisin de £ 200 avec(100) o (l’angle peut
varier de 16 à220).
La
multiplicité
des cristaux 0 obtenus àpartir
des trois groupes de cristaux 5’ montre
qu’il
nefaut pas chercher un mécanisme de transformation
analogue
à celui de l’édification de laphase
~.La réaction ne