• Aucun résultat trouvé

mâle, femelle et autres espèces animales

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "mâle, femelle et autres espèces animales"

Copied!
42
0
0

Texte intégral

(1)

mâle, femelle

et autres espèces animales

roman

mâ le, fem elle et a utre s e spè ces an im ales

Gauthier Entre

mâle

et

femelle

, combien de temps la passion

dure-t-elle vraiment ? Lorsque deux partenaires d’une espèce entament une relation, savent-ils réellement dans quoi ils s’embarquent ? Où se situe le bonheur parfait dans l’échelle de l’évolution humaine ?

Amélie Tremblay a beau avoir accédé au poste de rédactrice en chef du magazine Féminine.com, son nouveau travail s’avère pour le moins angoissant. Elle a beau vivre une relation amoureuse sans faille, quelques nuages gris se profilent à l’horizon. En effet, tandis que la routine s’installe lentement mais sûrement entre le charmant Samuel et elle, la jeune professionnelle apprend que son couple deviendra bientôt famille.

Cette grossesse imprévue chamboule complètement les habitudes des deux oiseaux et relègue aux oubliettes le peu de passion qui restait des premiers moments de vie à deux.

Difficile d’entretenir la flamme passionnelle lorsqu’on devient parent de petites bêtes qui demandent une attention constante et toute son énergie ! Encore plus difficile lorsque le mâle est de plus en plus absent et qu’un autre animal séduisant fait arquer le sourcil de la femelle…

Evelyne Gauthier écrit et travaille dans le secteur de l’édition depuis plusieurs années. Auteure à succès de romans jeunesse et grand public, elle signe ici son second livre « pour elles seulement »…

Photo : Richard Fournier

(2)

mâle, femelle

et autres espèces animales

(3)

Gauthier, Evelyne, 1977- Mâle, femelle et autres espèces animales

ISBN 978-2-89585-461-6 I. Titre.

PS8563.A849M34 2013 C843'.6 C2013-940181-4 PS9563.A849M34 2013

© 2013 Les Éditeurs réunis (LÉR)

Illustration de la couverture: HelgaMariah, iStockphoto Les Éditeurs réunis bénéficient du soutien financier de la SODEC et du Programme de crédits d’impôt du gouvernement du Québec.

Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Édition:

LES ÉDITEURS RÉUNIS www.lesediteursreunis.com

Suivez Les Éditeurs réunis sur Facebook.

Imprimé au Canada Dépôt légal: 2013

Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque nationale du Canada

Bibliothèque nationale de France Distribution au Canada:

PROLOGUE www.prologue.ca

Distribution en Europe: DNM www.librairieduquebec.fr

(4)

mâle, femelle

et autres espèces animales

E v e l y n e G a u t h i e r

roman

(5)
(6)

1

Ça promet…

(Août)

Le bonheur, c’est comme une note de musique: si ça dure, c’est monotone.

FrançoisLavallée Nom: AmélieTremblay.

Âge: Trenteans,maispasdequoienfaireundrame,je m’enfous!

Sexe: Féminin,etfièred’êtrefemme!

Profession: Rédactriceenchef delaprestigieuse–yeah, right!– revueFéminine.com.Anciennementchroniqueusedela sectionTestsoùjedevaisparlerdetrucsdomestiques insignifiantstelsquedesessuie-toutoudestringlesà rideaux.

Statut social:Encouple,caséeaveclebeauSamuelGagnon,mon dentistefavori–wouhou!

Monchum a une chevelure bouclée châtaine, des yeux gris turquoiseàfairedamnerunsaint,deslèvressensuellesetcharnuesqui luidonnentl’aird’unangelotetunsourireravageur–évidemment, il est dentiste! S’il avait un sourire moche, ce serait comme un chirurgien plastique avec un gros nez et des verrues – Samuel pourraitrivaliseraveclesublimePatrickDempsey,aliasDrShepherd deGrey’s Anatomy.MonamieGabrielle,lareinedessurnoms,l’ad’ail- leursrebaptiséDrTorride.Nimachonirose,Samuelestl’équilibre parfaitentrelavirilité,lacréativité,lasensibilité,laséductionetle

(7)

charisme.L’incarnationtypedel’undesderniersmodèlesmasculinsà lamode:lenovocasual.

Grandetmince,maissanscomplexedesupérioritéparrapportàla beauté,Samuelinspirelebien-êtrepresqueentoutescirconstances.Ilest juste assez musclé pour respirer la santé, mais sans avoir l’air d’un maniaqueboostéauxstéroïdesoud’unnarcissiquequis’embrasseraitles bicepstoutelajournée.Ilaunedémarchelenteetaguichante,digne d’undanseurbrésilien,etdesmainslongueseteffilées–trèshabiles!–

quidonneraientenviedesefairemasserpendantdesheures.Deplus,il dégage un agréable parfum léger, très subtil et légèrement épicé.

Commeunpaind’épicesouunebriocheàlacannelle.Miam…Cela donneenviedeprendreunepetitebouchéeaupassage!

Ilcuisinedivinement–çatombebienparcequej’aidumalàme préparerunhotdog–,nerechignepastropàfairedestâchesménagères, sefichequej’aiel’airdem’êtrecoifféeavecunrâteau,quejechante commeuncanardetquejesoistellementnullecommeménagèreque les minous de poils roulent dans la maison. Un de ses passe-temps favoris?Observerleleverdusoleil,assisdehorsensirotantuncafé.

Quoi,vouspensiezquel’hommeidéaln’existaitpas?Maisoui,ilest réel;c’estmoiquil’aitrouvéetjelegarde!

J’aimelafaçondontilmeregarde–ducoindel’œilavecunpetit sourire–quandonfaitdesactivitésensembletellesquelacuisineou l’épicerie–ouais!jen’auraisjamaiscruqued’acheterdeslégumesetdes conservespouvaitêtreaussiexcitantquandonestbienaccompagnée.

J’aimelafaçondontilm’effleurelecreuxdesreinsdesamainquandil passeprèsdemoi.

Je suis tellement heureuse que j’ai envie de chanter comme Julie AndrewsdanssonchampdefleursdansLa mélodie du bonheur.Restejuste àdéménageravecSamueletàmefairepasserlabagueaudoigt–rien demoins!

Bilandemavie:beaucoupmoinspathétiquequ’autrefoisettoutprès delaperfection.Yes!

(8)

***

C’estunmercredisoirdelami-août.J’arriveàlasallederéceptionoù ma grande copine Gabrielle Bouchard – surnommée Madame-la- Mariée–etsonmariAlexandreBélanger–ungenrede«montagnede musclesambulante»jalouxetavidedecontrôle–célèbrentleurpremier anniversairedemariage.Lesfameusesnocesdecoton…Personnelle- ment,j’auraispassésoussilencecedétail,maiscesdeux-làaimentfêter engrandàlamoindreoccasion.Ilyamêmeunorchestre!

Plutôtquedesecontenterd’allersouperentêteàtêteauresto,ilsont organiséunevéritableréception!Ilsn’ontprobablementpasencorefini depayerleurmariagequ’ilsremettentça.Ilfautdireque,denosjours, lesmariagesnedurentplusvingt-cinqoutrenteanscommeavant.Les chancesdeGabrielleetd’Alexandredeserendreauxnocesd’oroude diamantsontaussimincesquej’enaidegagnerleprixMissUnivers, alorsaussibienprofiterdetouteslesoccasionspossiblespourcélébrer leurunion.

Gabrielle,laSaguenéennequiressembleàuneSicilienne,toujours parfaitement maquillée, manucurée et épilée, resplendit, comme d’habitude.Ellesedéplaceaveclagrâced’unchatetdonnetoujours l’impressiond’uncontrôleparfait.Desyeuxnoirsenamandeàpeine soulignésd’untraitdecrayonetdescheveuxbouclésbrunfoncéhabile- ment coiffés – jamais un seul cheveu qui dépasse! – complètent le portrait.Peut-êtrequ’unjour,onvadécouvrirquesescheveuxsonten plastique,enfait.

Alexandreestungrandgaillarddeplusde1,80mètre,avecunecoupe decheveuxenbrosse,aulookquasimilitaire.Unhéritagedesamère…

heu!lapersonnalité,paslacoupedecheveux!Ilaaussidegrandsyeux vertsquiregardenttoujoursdanstouslessens–pourmieuxespionner Gabrielle,telunvraiagentduKGB.

GabrielleabeauêtreuneworkaholicaccrodudernieriPhone–digne remplaçantdesonanciencellulaireetdesonPalmPilot,deuxmachines désuètes,dignesdelaPremièreGuerremondiale–etêtreunecontrol freakqui aunepeurbleuedel’échec,ellen’enestpasmoinsdevenue

(9)

uneépousedévouéeàsonhommeetàsoncouple.Unpeuplus,etelle se mettrait à cuisiner des tartes aux bleuets tout en planifiant la prochaineexpositiondel’artisteleplusenvoguedel’heurepoursa galeried’art.

Étonnantcommeletempsestpassévite!Direqu’ilyaunan,jeme promenaisaumanoirRouville-Campbell,l’aird’unetarteletteaucitron dansunerobededemoiselled’honneurjauneserinavecdesmanches bouffantes–robechoisiebienévidemmentparlamariée.Cettefois-ci, jesuisvêtued’unemanièreplusdécente.Etenplus,jeneseraipasLA pauvrecélibatairedésespéréedulotd’invitées.J’auraimonbeaucavalier avecmoi.Plusbesoindemesoûlerlagueulepouroublierquejesuis misérableetseuleaumonde,commej’avaissouventcoutumedelefaire danslesmariages.Maintenant,jepeuxboireparpurplaisiretpour célébrermonnouveaubonheur.Yes!

Commeàsonhabitude,Camille,lavieilleréceptionnistedumagazine oùjetravaille,acognéàmaportecinqminutesavantmondépart,avec uneurgencedelaplushauteimportanceentrelesmains.Jevaisarriver enretard…Aïe!J’espèrequeSamueln’aurapasàattendre,seulavec desgensqu’ilconnaîtàpeine.

Aprèstout,nousnesommesofficiellementensemblequedepuisdeux moisetjen’aipuluiprésenterqu’unepartiedemesproches.Sans compter qu’il n’a jamais rencontré l’entourage de Gabrielle ou d’Alexandre.S’ilfallaitqu’enplus,legénéralnaziquisertdemèreà Alexandreleprenneenotageafindelemettreenchargedulivred’or duparty,oupire,lenommecaméramanofficieldelasoirée!Horreur!

M’yvoilàenfin!Unedouzainedepersonnessontprésentes.Jenevois nullepartlesdeuxautresinséparablesdenotregrouped’amis:Laurie et Antoine. Leurs conjoints respectifs brillent également par leur absence.Peut-êtresont-ilsprisdansletrafic?Surprise!Samueln’estpas encorelà.Ilestplutôtponctueld’habitude.Bon,aumoins,iln’aurapas euàpoireauteraumilieud’étrangersetjen’auraipasàmesentirmal del’avoirabandonné.Deleurcôté,GabrielleetAlexandresontintrou- vables.Étrange…

(10)

— Eh!Amélie!LagrandecopinedeGabrielle!Çafaitunbailqu’on s’estvus,non?

Jemeretournepourtenterd’associerunvisageàlavoixfamilièrequi vientdem’apostropher.Malheur!Monsangsefigedansmesveines.

C’estBenjamin.Jel’avaisoublié,celui-là!Sij’avaissuqu’ilseraitici…

Pourtant,j’auraisdûm’endouter,puisquec’estlefrèred’Alexandre.Il estvrai,pourmadéfense,quejen’avaispaslesidéestrèsclairesla dernièrefoisquejel’aivu,aumariagedeGabrielle,alorsmamémoire enaprisuncoup.Jenesaispass’ilsesouvientdem’avoirramenéedans machambred’hôtelparcequej’étaistropivrepourlaregagnersans aide.Lahonte!MonDieu,faitesqu’ilaitoublié!

— Tu te souviens de la dernière fois qu’on s’est vus? J’ai dû te ramenerdanstachambred’hôtelparcequetuétaistropivrepourt’y rendrepartoi-même!

Zut! Prière non exaucée. Une chance que je suis heureuse en ce moment,sinonjemediraisqueDieum’endoitune.J’espéraistoutde mêmenepasavoiràrevenirsurcettebourde.Faiscommesiderien n’était, Amélie. Avec un peu de chance, il va peut-être changer de sujet…

— Yavaitlongtempsquejen’avaisvuunefilleaussipartie,rigole- t-il.Pasdepuisl’université,dumoins.Ha,ha,ha!

Trèsdrôle…C’estquoi,l’idée?M’humilierenpublic?Grandcrétin! Direqu’ilyaunan,j’avaisétéattiréeparje-ne-sais-plus-trop-quoichez Benjamin;entoutcas,sûrementpasparlepamplemousseluiservantde cerveau.UnechancequeSamueln’apasentenducettehistoire.Pasle genrederéputationdontj’aibesoin!

Leçondevie:toujourssurveillermesfaitsetgesteslorsquej’aibuun verredetrop,carçapourraitmeretombersurlenezunjour,aumoment où je m’y attends le moins. Et mes paroles aussi, tant qu’à y être.

Essayonsdeparlerd’autrechose.

— Ettoi?Commentvas-tu?Ettafemme?

(11)

Aussitôt,sonsouriredisparaîtetsonvisages’assombrit.Sesyeuxse riventausol.

— Nous avons divorcé il y a trois mois, annonce piteusement Benjamin.

Oups!Pourlaleçondevie,c’estmalparti!Mêmesobre,j’arriveà mefoutrelespiedsdanslesplats.Etpuis,zut!jenepouvaispassavoir, moi. Mais je me sens mal quand même. Bon, passons l’éponge et abordonsunsujetmoinsdélicat.

Ah! J’aperçois ma porte de sortie. Antoine – autrefois baptisé le clinquant à cause de sonlook tapageur de charmeur en puissance, aujourd’huisurnomméRobindesBois–vientd’arriveravecMarianne.

Commed’habitude,monsieurlegrandséducteur,auxyeuxbleusetaux cheveuxchâtainfoncé,esttiréàquatreépingles,dansuncompletHugo Bossquiadûcoûterl’équivalentdehuitpaniersd’épicerie.

Maiss’ilesttoujoursaussiélégant,l’anciencoureurdejupons–quia certainementcouchéaveclamoitiédesbarmaidsdubarLeSex-symbol oùnousallionschaquemois–,estunhommerepentietapparemment trèsamoureuxdesaMarianneDubé,unefleurexotiquede1,70mètre, sortietoutdroitd’Haïti.Cettestabilitéamoureusedelapartdugarsqui apratiquementécritlesloisfondamentalesduParfait manuel du parfait séducteuretfaitl’apologieduplayboylibremesurprendencore.Jevaisme précipiterverseuxpourmesoustraireàmasituationgênante.

— Bon,bien…heu!…désoléepourtoutça,Benjamin.Jetelaisse, jevaisaccueillirdesamis.Bonnechancequandmême.

Vite!Ilvautmieuxquejefilesousd’autrescieux.J’espèrequeSamuel va arriver bientôt; je vais peut-être faire moins d’imbécillités en sa présence.Aumoins,quandilestlà,mespiresidiotiessemblentamoin- dries,carilvoittoujoursleboncôtédeschoses.

Aumomentoùj’essaiedemedéfiler,jetombesurmadameBélanger.

Aïe!LaFührersembleauborddelacrisedenerfs,pourjenesaisquelle raison.Àlamêmeseconde,l’orchestrecommenceàjouerlespremières notesdeEye of the Tiger, dufilmRocky III.Ouf!sauvéeparlacloche!

(12)

— Etmaintenant,clamelavoixduchanteurdansleshaut-parleurs, ceuxquevousattendieztous…GabrielleetAlexaaaaaaaandre!

Aussitôt,tellesdeuxvedettesderock,lestourtereauxsurgissentde derrièreuntreillisornédevignesàraisinsdeplastiquesouslesapplau- dissements.Gabriellesedandinetandisqu’Alexandrefeintedescoups depoingcommeunboxeur–letout,sousleregarddésespérédemaman Staline.

— Pfff!Quelgrotesque!soupire-t-elle.Unanniversairedemariage, c’estcenséêtresérieux.Uneinstitutionsacrée.

Hum!…IlyauraitdesflammèchesentreelleetLaurie,quipense encorequelemariageestunvastecomplotplanétaireetséculairepour avilirlesfemmesetlesforceràdevenirdesmachinesàbébés.Etpuis,en quoiçadérange,lamadamecontrôlante,queGabrielleetAlexandre s’amusent?C’estleurparty,ilsferontbiencequ’ilsveulent.Deplus,on estentrenous,onnereçoitquandmêmepaslareined’Angleterre.Pas besoindedécorumroyal.

— Heu!…Toutvabien,madameBélanger?

— Jamaisriennefonctionnecommeprévuquandonneprendpas toutenchargesoi-même!crie-t-elleàquiveutl’entendre,c’est-à-dire personne.VousêtesAmélie,n’est-cepas?UnecopinedeGabrielle? Croyez-vousça,vous,quelechef amisdujambondanslesminicroissants? J’avaisspécifiéquejevoulaisdeladinde!

— Oui,maisGab…

— Etlesfleurs!Jenevousparlepasdesfleurs!Ilmesemblaitavoir suggérédeslysblancs,pourlescentresdetable,pasdesorchidéesroses!

— Oui,maisc’estlafleurfavoritedeGabrielle…

— Voustravaillezdansunmagazinedemode,vous,non?mecoupe- t-elleencore.Qu’est-cequevouspensezdesonchoix?Jetrouveque c’estd’unmauvaisgoût!Cedoitêtreàlamodechezlesjeunes,je suppose?

(13)

Elleprononce«lesjeunes»aveclemêmeméprisqu’elleemploierait pourparlerdepestiférés.Jesupposequ’ellenousperçoittouscomme unebandededégénérésillettrésquiontperdulesensdesvraiesvaleurs.

Ellesembleoublierquec’estl’anniversairedeGabrielleetAlexandre, paslesien.Siellen’estpascontente,qu’elles’organisesonpropreparty etlaisselesautresvivreetrespirerunpeu!Ilyenaquisontincapables d’accepterqu’ilsnepeuventimposerleurschoixaurestedel’univers.Ça nedoitpasêtrefaciledel’endurersurunebaserégulière,celle-là.

MadameBélangersepencheàmonoreilleetmurmure:

— Jetrouvequeçaressembleaux…ehbien…auxpartiesintimes d’unefemme,vousvoyez?

QUOI?Ai-jebienentendu?Aussitôt,jeregardelesfleurs.Elleest joyeusement perverse, la madame, dites donc! Peut-être est-elle en manquedesexe?…Jeretiensunegrimacealorsquedesimagestentent desefrayerunchemindansmatête.Stop!Too much information…Si Samuelétaitavecmoiencemoment,ilsemarreraitsûrementetme sortiraituneblaguesalée.

— Et dire que ces fleurs sont à la vue de tous, ajoute madame Bélanger.Bon,jevouslaisse,jedoisvérifierlescouvertsqu’ilsontchoisis.

Jepariequ’onnem’apasécoutée,ENCORE,etque…

Etellepoursuitsonchemin,sansserendrecomptequ’elleparletoute seuleetquesajupeestcoincéedanssescollants,exhibantunegrosse culotteamincissanteenlycradignedescorsetsduXIXe.Ellequise souciaitdesfleursressemblantàdespartiesintimes,elledevraitplutôt sepréoccuperdesonpopotin.Est-cequejeluidisquetoutlemondea unevueimprenablesurlacellulitedesescuissesetsursagigantesque craquedefesses?…Naaaan!

***

Unedemi-heures’estécouléeetSamueln’esttoujourspasarrivé.En cemoment,j’ail’impressiondemeconfondreavecletissufleuridusofa surlequelj’aiprisplace.Àpartmoncercled’amisrestreint,jeneconnais personne.Etàpeuprèstoutlemondeestenpaire.AntoineetMarianne

(14)

jasentavecdeuxautrescouplespendantqueLaurie,affubléedeson Félix–rebaptiséFlixparGabrielle–,dissertesurladésuétudede l’institutiondumariage.

— OscarWildeaditOndevraittoujoursêtreamoureux.C’estla raisonpourlaquelleonnedevraitjamaissemarier»,pérore-t-elle.

SacréeLaurie!Iln’yaqu’ellepourdireunechosepareilleàcegenre d’événement.Ellesefichedesavoirsic’estlebonmomentpourune telleconversationetn’hésitepasàdéversersonfielsurtoutcequibouge quandl’envieluienprend.Àl’entendre,l’amourn’estqu’unmythe commelelapindePâques,unvastecomplotmillénaireorchestrépar lesautorités,aumêmetitrequelesecretderrièrelesattentatsdu11septem- breetlesextraterrestresdelaZone51.FaudraappelerMulderetScully bientôt,siçacontinue.Celanel’empêchepasd’êtretrèsamourachéede sonbeauFélixetd’avoirjointlagangducomplot.

Jel’adore,maLaurie.Elleestmadosevitaledecynismedanslavie: unmélangealtermondialiste,féministe,écologiste,nouvelleflexitariste.

Etsurtout,elles’opposeàtoutcequiest«conventionsociale».

Laurie,unedesignermultimédiaauxcheveuxcourts,blondclairet décoifféscommeunporc-épic–l’airdedire«jeviensdesortirdulitet jenemedonneraipaslapeinedemepeignerpourrépondreàvos critèresdebeautémachistes»–etàl’apparencegénéralementdébrail- lée,dittoujourscequ’ellepense–parfoissansréfléchirauxconsé- quences.Ellemarcheavecl’éléganced’ungorille,carpasquestionpour elled’avoirunedémarcheuntantsoitpeuféminine.Ellerejettetoutce quiestacceptéparlesautresetspécialementlamajorité.Quandtoutle monde dit noir, elle dit blanc. Elle abhorre tout ce qui est «trop féminin».Elledétestelerose,pensequelesrobesetlesjupesdevraient êtrebannies,quelescheveuxlongssontuneformed’asservissementde lafemme.Maiselleabeauêtreuneféministeacharnéequitombeàbras raccourcissurlesbourreauxdel’humanitédepuistoujours–etj’ai nommélaracemasculine–,celanel’empêchepasdesetransformeren servantepoursonbeauFélix.

(15)

Flix, son cher programmeur-analyste au physique franchement moyen,vitdanssabulleenparlantàpeineauxautresetenseconfon- dantaveclatapisseriedumur.Cegars-làesttellementamorpheque c’estàsedemanders’ilaunpouls.QuantàMadame-la-Mariée,elleest tropoccupéeàrecevoirdescomplimentspourremarquerlestirades antimariagedeLaurie,etc’esttrèsbienainsi.Chacunàsaplaceetles poulesserontbiengardées,quoi.

J’aifiniparapprendre,aprèsdeuxappelsaucabinetdeSamuel,qu’il avaiteuuneurgencededernièreminute.Impossibledeselibérer.L’une desréceptionnistes,MeganJohnson,metransmetsonmessaged’excuse:

«Samuelditqu’ilferatoutsonpossiblepourêtrelàauplusvite.»Je n’ensuispasfière,maisjesuisunpeudéçue.

Qu’est-cequej’aifaitàlaviepourdevoirendurercegenredesoirée, deuxansd’affilée…encoreseule?Etpuis,zut!Pourquoisuis-jeincapa- ble d’être autonome? Ne m’étais-je pas juré, par le passé, d’être indépendantefaceàmesconjoints?Denepluscalquermaviesurla leur?Alors,pourquoiest-cequ’àlapremièreoccasion,jerefaiscette erreur?

Aprèstout,qu’est-cequeçapeutfairequeSamuelnesoitpasavec moi?Cedétailinsignifiantnedevraitpasmedéranger.Mais,enmême temps,jesaistrèsbienpourquoicelam’atteint:encejouroùGabrielle célèbresonpremieranniversairedemariage,j’auraisaimé,moiaussi, montreràtousquej’aiuncopain.Bref,quejenesuispasqu’unefille cingléeetpathétique,etqueOUI,untypeestassezfoupourm’aimer etvouloirêtreavecmoi.J’auraisvouluqu’onmeregardeavecadmira- tion,voireavecenvie,etnonplusavecpitié.Ouais!mespréoccupations sonttrèsgirly,pasdequoiêtrenomméelaféministedel’année.

J’avaisoubliéàquelpointonsedéfinitparleregarddesautres,moi lapremière,etqu’onestsouventfaçonnéparl’opiniondesonentou- rage.Pourquoisuis-jesiaisémentinfluençable?Nedevrais-jepasavoir appris?Nedevrais-jepasavoirévolué?

Enfait,jesaisfortbiend’oùprovientcetteinsécuritéquantàlagent masculine.Bon,vousmedirezquetoutlemondeaétééchaudédansla

(16)

vie, que je ne suis pas la première poquée de l’amour. Mais mes expériencesamoureuses,jusqu’àprésent,ontéténonseulementdésas- treuses,maism’ontsouventlaisséemeurtrieetmarquéeàvie.

LepremieramourdemaviefutAntoine,quiestaussimonmeilleur amidepuistoujours.Héoui!…Surprise,surprise!Jenel’avaisencore jamaisavoué.Nousnoussommesrencontrésàlagarderieetc’étaitle tempsdesamourettesnaïves.Aveclesannées,quandj’aivulafaçon dont il traitait les filles, j’ai cessé de l’imaginer comme le possible géniteurdemesfutursenfants.Mapremièredéceptionamoureuse–

dont Antoine n’a jamais même soupçonné l’existence. J’avais alors comprisqu’ungars,cen’estpascommeunepoupéeKen–avecses cheveuxenplastiqueimmobiles–àquionfaitfairecequ’onveut,etque çapouvaitvousdécevoir.

Ilyaensuiteeumonpremieramourd’adolescente:William.Avecla candeurdemesseizeans,jelevoyaiscommeundieu.C’étaitleguita- riste d’un groupe punk de garage gothique – au désespoir de mes parents, qui m’imaginaient déjà devenir la groupie d’un groupe néosataniste organisant des orgies dans les cimetières. Finalement, Williamachangéd’écoleenmilieud’annéeetadisparusansmêmeme donnerdenouvelles.Mêmepasde«Hé,man,c’estpoche,mesparents m’obligentàdéménager!»ou«Undernierjointavantdepartir?» Rien.Niet. Nada.MêmedeuxmotsgriffonnéssurunPost-itcollésurma case,celaauraitétéplushumaindesapart.

J’aieulecœuratrocementécorché.Jenesaispluscequim’afaitle plusmal.Qu’ilsoitpartiouqu’ilaitfilésansrienmedire,commesije n’avaisétéqu’unepoupéegonflable.J’aipassédesmoisàmedemander cequej’avaisfaitdemalpourmériterunteltraitement.J’enaipleuré, desrivièresdelarmes,couchéesurleplancherdelachambred’Antoine, morvantetsanglotantcommeunbébé.Iln’yapasàdire,cegars-làm’a vuedanslespiresmomentsdemavie.

J’airessentiunedouleurcruellequim’alaisséunecicatricesurlecœur.

J’aifiniparprendretoutcequeWilliamm’avaitdonné–c’est-à-direun élastiqueàcheveuxetunbouchondebouteilledebière–etjel’aibrûlé

(17)

cérémonieusementsurunautelimproviséavecmesamis,ensouhaitant qu’ilmeurenoyédansunecuvettedetoilette.

Depuis,jemanquedeconfianceaveclesgars.Constamment,jeme demande si je n’aurais pas commis une bêtise sans le savoir, et je m’attendsàtrouverlamaisonàmoitiévideavecunelettred’adieuen revenantdutravail.

Ensuite,jesuissortiebrièvementavecuncertainJean-Charles,un beaugrandblondunpeucandide,doux,délicatetdiscret,alorsque j’étaismonitricedansuncampdejour.Notrerelationfutagréable, légèrecommeunvoiledemousseline,maisbrève:elleduraletempsde l’été.Jenel’aijamaisrevuensuite.

Monpremiercopainàl’âgeadultes’appelaitGuillaume.Maplus longuerelation,jusqu’àmaintenant.Cethommeéveillaitdessentiments àlafoissensuelsetmaternelschezmoi.Jecroyaisavoirlemeilleurdes deuxmondes.C’étaitunevieilleâme,unartistesensible,intelligent,mais quidevaitsanscessesefairegâteretrassurer.Ilavaitunbesoincontinuel d’attention et d’affection, comme s’il en avait été privé depuis sa naissance.

Commelejunkie quiabesoindesadose,ilavaittoujoursl’airen sevrage.Jel’aicouvéetsoutenupendantdeuxans,luiprodiguantmille etuneattentions,l’encourageantchaquefoisqu’ilallaitdéclamerunde sespoèmesdansuncafémiteuxetseplaignaitdel’absencederecon- naissancedesongénie.Jesuismêmealléejusqu’ànepasétudierpour undemesexamenspourl’épauleraprèsuneséancedecréationdifficile.

Jemesuisoccupéedeluitouteunenuitaprèsqu’ileutétéhumiliéen publicensecassantlafioleenbasd’unescènedethéâtre–aprèsla lectured’unpoèmepassionné,biensûr.Finalement,jel’aisurprisen traindesetaperunedesserveusesducaféoùilallait.J’aiappris,cejour- là,qu’ilavaitcouchéaveclamoitiédesfillesdudépartementdelittéra- ture,troisdesesprofs,touteslesemployéesducafé–etlapropriétaire aussi–,sapharmacienne,lafactriceetmêmelamèredesoncoloc.

Berk!S’ilyavaiteuunelaitière,ill’auraitbaiséeaussi.

(18)

Pourquoipersistait-ilàresteravecmoialorsqu’ilsautaittouteslesfilles quil’approchaientàmoinsd’unmètre?Jel’ignore.Peut-êtreparceque mettrefinànotrerelationétaittropduretquenotreroutineétaitsatis- faisantepourlui.Oualors,parcequej’étaislaseulecapabledel’endurer quandilfaisaitsescrisesartistico-existentielles.

Avec l’aide de mes amis, je me suis vengée. Oh! pas une grosse vengeance.J’airécupérélavidéodecettefameusefoisoùils’étaitcassé lagueuleetjel’aifaitpasserenbouclesurtouslesécransdetélévision dumagasind’électroniquesoùiltravaillaitpourarrondirsesfinsde mois–sescollèguessesontjoyeusementpayésatête.J’aiaussiréussi, toujoursgrâceàmesamis,àpiraterlestélévisionsdudépartementqui transmettentlesnouvellesdelafacultéetj’yaidiffusélamêmevidéo.

Descentainesd’étudiantsontpuvoirGuillaumetomberenbasd’une scène.Momentjouissif.Maiscelanem’apasempêchéed’êtreprofon- démentmeurtrieetdevoirmaconfiancedansleshommestrèsébranlée.

J’aieutrèsmal,jenevoulaisplusfaireconfianceàpersonne,jamais.

Jemesuissentietrahiedelamanièrelaplusintimequisoit.Jem’étais presquejurédecouperlescouillesauprochainquim’approcheraitet tenteraitdemefairecroirequej’étaisbelle.Mesamourssuivantesse sontrévéléessansgrandintérêt,nedurantpasbienlongtempsetne provoquantaucunremouschezmoi.J’étaisbiendécidéeàprotégermon petitcœurdugrandméchantloupjusqu’àcequelePrincecharmant arrive–àdéfautduchasseur.

IlyaeuensuiteOlivier–monderniercopain–,lepremierquia réveillédesémotionschezmoiaprèsunelonguepériodededisette.Mais ilmetraitaitcommesaservante.Autredéception.

Enfin,ilyaeul’homme,levrai.Avecsonélégancetoutenaturelle,sa délicatesse–pasdelamollesse!–,savirilitéetsasensualité,ilmefait chavirer et éveille des choses en moi que personne n’avait même touchéesduboutdesdoigts.C’estceluiquidevinemesdésirssansparler, commes’ilmeconnaissaitdepuistoujours.Celuiavecquijem’endors lesoiretavecquijem’éveillelematin.Celuiquimemetdansunétat d’extase par sa seule présence et me laisse vide et dépitée lorsqu’il s’éloignedemoi.Celuiquipeutmefaireautantdebienquedemal,qui

(19)

memetdansunétatdevulnérabilitéémotiveextrême,maisausside bonheurinfini.Etàqui,aprèstoutesmesmauvaisesexpériencesprécé- dentes,j’accordeuneconfianceabsolue.

At laaaaaaaast, my looooooooooove has come along. My lonely days are oveeeeeeer…

Hein,quoi?Bon,jebeurrepeut-êtreépaisetpuisjem’égare–fini, l’historiquedemavieamoureuse.Etpuis,j’agisenégoïste.Jesuislà,à meplaindredenepasavoirmonchumprèsdemoi,alorsquejedevrais meréjouirdubonheurdeGabrielleetd’Alexandre,êtreheureusepour euxetnonpasmetournerversmoi-mêmeetmespetitesémotions.

Suffit,l’autoprocès!

Leçondevie:cesserdemeregarderlenombrilàtoutboutdechamp etpenserdavantageauxautres.

Commentpourrais-jemerendreutileetoccupermasoirée?Devenir unpetitsoldatdelamèred’Alexandre?Tiens,jevaistenterderemon- terlemoralàBenjamin…Nedit-onpasquelorsqu’onsecompare,on seconsole?Çapourraitmeremonterlemoralàmoiaussi!

***

Arrgggh!labrillanteidéej’aieue!–insérerducynismeici.Aprèsune heuredeconversationavecledivorcédéprimé,jeregrettemongeste.

Moiquipensaisfaireunebonneactionenallantluioffriruneoreille amicale,jemesuisretrouvéeauxprisesavecungrosnounourscomplè- tementsoûlquin’acessédedéblatérersursa«connassed’ex»enl’insultant etenpleurnichantsurmonépauleetsurtout,dansmondécolleté.

Ilyaunan,j’auraisétéenextaseàl’idéed’avoirungrandtypemusclé bavantdedésespoirsurmapoitrine,maislà,c’estplusembarrassant qu’autrechose.Pasjoliàvoir.Combledemalheur,aumomentoùje songeàrepousserBenjaminqui,dansunaccèsd’ivresseextrême,esten traindeversersonrestantdemartinisurmajupe,Samueldécidede fairesonentréedansleresto.Bravo!Commequiproquo,onnepeut fairemieux…

— Jevousdérange,peut-être?lanceSamuel,narquois.

(20)

J’hésiteentreluijeterunregardassassinpourm’avoirlaisséetoute seuleetpousserunsoupirdesoulagementenvoyantmonchevalier servantvenirmerescaper.Dieumerci,Samuelsemblesurtoutamusé.Je n’aipasàluidébiterdesineptiesdugenreCen’estpascequetu penses,chéri!»

Benjamin,sesentantdetropdansnotrenouveautrio,décided’aller faireuntouraubar,histoiredevoirs’ilpeutterminersasoiréedansla petiteculottedelabellebarmaidrousse.Ouf!Fichuesoirée!Pourcequi estd’aiderlesautres,jenesuispastrèsdouée.J’aiencoreducheminà faire…

***

Uneautreheureplustard,aprèsquetoutlemondeamangéetbu, nousavonsdroit,ôjoie!–insérerducynismeiciaussi–,àunbeau discoursd’AlexandreetGabriellesurlabeautédumariage,lapureté del’amour,lesmerveillesdel’engagementettoutlebataclan.Cegrand momentestaccompagnéd’unemusiquesirupeusejouéeparl’orchestre installésurlascènebucolico-quétaine,aumilieudesvignesenplastique.

OnauraitpucroirequeGabrielleoumamaMussoliniauraientvouluun endroitdemeilleurgoût,mais…allezsavoir.Peut-êtrequ’aprèsavoir dépenséunefortunepourlacérémoniegrandioseaumanoirRouville- Campbell,ilneleurenrestaitplusassezpourlouerautrechosequ’une imitationdejardinencaoutchouc.

Soudain,surunsignald’Alexandre,legroupeentamelesnotesd’une chansonbienconnue.Etlemarié,armédesonmicro,commenceà chanter.

My love, there’s only you in my life, the only thing that’s right…

EtGabrielle,telleuneDianaRossrépondantàsonLionelRitchie,se lèveetsemetàchanterdanslemicro:

My first love, you’re every breath that I take, you’re every step I make…

Alors,lestourtereauxselancentdansl’exécutiond’unslowetentament leresteenchœur,souslesyeuxmédusésdelafoulequidoitsedemander

(21)

depuisquandilsdansentetchantentsibien.Etsurtout,quand,àtravers leursagendasaussiremplisqueceluiduprésidentdesÉtats-Unis,ilsont purépéteruntelnuméro.

And I, I want to share, all my love with you, no one else will do. And your eyes, they tell me how much you care. Oh yes, you will always be, my endless loooooooooove.

Wow!Endless Love!Ilssontalléslachercherloin,celle-là!Moncerveau gauche–l’analytique,lerationneletl’indécrottablecynique–n’aqu’une envie:semettreàriredevantlecôtéincroyablementcuculdelachose.

Maismoncerveaudroit–l’intuitif,lecréatif etl’incurableromantique–

crèved’envieetcrieMoiaussi,moiaussi,jeveuxvivreuntripcomme ça!»OnjureraitlepetitfrèreachalantdesTêtes à claques.

JejetteunœildiscretsurSamuelpendantcevibrantspectacle.Cette miseenscènesembleplutôtl’agacer.Àplusieursreprises,illèvelesyeux auplafondetfroncelessourcils.Visiblement,ilaencoresonmariageet sondivorceentraversdelagorge.Onlecomprendraitàmoins.

Iln’aréglésondivorceavecAryaneBergeron,sonex,quesixmois plustôt.Etce,aprèsseptmoisdelonguesetcoûteusesprocédures, durantlesquellesAryanel’aemmerdéaupossible.

Aryane, une ancienne cliente, lui avait couru après pendant des semainesavantdemettrelegrappindessusetleconvaincredel’épouser aprèsunandefréquentations.C’estalorsquelabelleetgrandeblonde s’esttransforméeentigressejalouse,quasipsychotique,etenvéritable control freak.Elles’estmiseàtalonnerSamuelsansarrêt,àtenterde contrôlersavie,àexigerqu’illuirendedescomptes,àl’accuserconstam- mentd’infidélité,àl’espionnermême…

Elleauraitdéjàégratignélavoitured’unecollèguedeSamuel,parce qu’ellelasoupçonnaitd’avoirunœilsurlui.Aprèsunandeharcèle- ment constant et une thérapie de couple, Samuel s’est fatigué et a demandéledivorce.

Celan’apasempêchéAryanedecontinueràluirendrelavieimpos- sible.Elles’estrévéléeintraitablesurtoutlorsdesprocéduresdedivorce: elleavaitdesexigencesridicules,ralentissaitleprocessus,changeait

(22)

d’idéessansarrêt,revenaitsursesdécisions.Sanscompterqu’aupremier rendez-vousquej’aieuavecSamuel,elles’estpointéeàl’improvistechez luietl’aengueulédevantmoi,m’accusantaupassaged’êtreunedeses maîtresses.Bref,cettecingléeluiafaitvivrel’enferpendantplusdedeux ansetdemi.Mesdeuxcerveauxsontaumoinsd’accordsurunpoint: pasétonnantqueSamuelsoitamer…

Aprèslenuméro«spécialquétaineannées1980»desmariésviennent lesdiscoursdesproches.Jemeréjouisdenepasavoireuàfaireça,en tant qu’ex-demoiselle d’honneur. Quant à Laurie, connaissant son opinionsurl’institutiondumariage,vautmieuxnepasypenser.C’est àunecousinedeGabriellequ’estrevenuecettetâche.

VientensuiteletourdeBenjamin,lefrèreetgarçond’honneurdu marié.BonDieu,çan’enfinitplus.Qu’est-cequ’ilyauraencore,après lesdiscours?Pasunenouvelleséancedephotos,j’espère?

— Benjamin?appelleAlexandre.Benjamin?C’estàtontourde parler!

Toutlemonderegardeauxalentours,cherchepartout,crielenomde l’interpellé.Maisoùsecache-t-il?Est-iltombésoûlmortdansune cuvettedetoiletteouendessousd’unetable,dansunplatdecrevettes? Jesuistoutàcoupsaisied’unfrisson.Benjaminsemblaitsidépriméet démoliquandilfaisaitsonmonologuemorveuxdansmondécolleté.

Soudain,laportedestoilettesdeshommess’ouvreetBenjaminensort encourant…toutenrajustantsonpantalonàlabraguetteouverte,sa chemiseàmoitiédéboutonnéeetsacravatedéfaite.Sonvisageestrouge, onjureraitqu’ilvientdefaireungroseffortphysique.Lepauvreapeut- êtreétémalade,aprèstoutcequ’ilabu.

C’est alors que la fameuse barmaid rousse sort, elle aussi, des toilettes…deshommes!Décoiffée,lemaquillagedéfait,lajupefroissée et détachée, la camisole à moitié remontée – elle a un sein à demi exposé!Enfindecompte,Benjaminsembleseconsolerfacilement.Dire quec’estpeut-êtreparlubricitéqu’ilmecollaitautanttoutàl’heure!

(23)

Toutlemondeleregardeavancerverslatabled’honneurtouten essayantd’ignorerlesmarquesderougeàlèvresquicouvrentsonvisage.

MadameBélangerestfurieuseetfusillesonfilsduregard.Lui,iln’estpas mieuxquemort.J’essaiederetenirunriretoutenregardantleplafond pendantqueSamuelsecouvrelaboucheetquesesépaulestressautent ensilence.

Wow!Çabatlemomentdemalaiseoùlamèred’Alexandres’est renducompte,aprèsplusd’uneheure,qu’elleavaitlaculotteàl’air.Elle étaitsihumiliéequ’elleestpartiesecacherdanslescuisinespourpleurer de honte pendant une demi-heure. Lorsqu’elle a daigné ressortir – probablementpours’assurerquelemondenes’écroulaitpassanssa surveillancebienveillante–,sonmascaraetsonfonddeteintétaient ruinés.Elleaeubeauretouchersonmaquillageauxtoilettes,ellen’a réussiqu’àsecréerunmaquillagequiluidonneunairdemime.Un peuplusetonluijetteraitdelamonnaie.

Alorsquetoutlemondeessaiedefairecommesiderienn’étaiten s’occupantavecunnapperon,unefourchetteouencomptantlenombre delampesaccrochéesauxmurs,Benjamincommenceenfinsondiscours souslesriresetlesquolibetsdesinvités.Pourunefoisquecen’estpasmoi quipassepourlataréedelajournéeenprenantunbouquetdefleursen pleinefigureouenmecassantlagueule!

***

Jeudi,lelendemainmatin.L’ététiretranquillementàsafin.Jerespire àfondensortantdemonappartementpourprendrelechemindu bureau.J’avaisoubliéàquelpointçafaisaitdubien,lebonheur!Et comment le fait d’être aimée et adulée par un homme merveilleux commeSamuelpouvaitdonnerdesailes.Jejuredeneplusjamaisrigoler quandj’entendraicettephrase,bienquecesoitleplusgrosclichédela terre.

Monvieuxlogementquitombeenruinem’apparaîtaussispacieux quelepenthousedeMadonna;machienneBingo,quiserégaledemes soutiens-gorgelesplusdispendieux–c’estqu’elleadugoût–,mesemble leplusaimabletoutouetjesuisprêteàaccueillirl’automnesansla

(24)

moindredéprime.Jesais,jedevraisessayerdenepasrayonnerautant etéviterdeneparlerquedemonSamueletdelabéatitudequ’il m’inspire,maisj’aibienendurélesdiscussionsdesautrescouplesdurant desannéesquandj’étaisseule,non?Àmontourd’avoirlesourireperpé- tuelsurlevisage.

Samuelaledondemefairesentirbelle,désirable,extraordinaire, intelligente,sensuelle,précieuse,voireuniqueaumonde.Rienqueça! Danssonregard,jesuislapersonnelaplussublimedelaplanète…les vedettesd’Hollywoodnem’arriventpasàlacheville.Mêmevêtued’un sacd’épiceriebrun,jecroisqu’ilmetrouveraitencoredivine.Dansces conditions,commentpourrais-jemeplaindre?Jesuisunepersonne nouvelle!Lavieestgéniale!Plusjamaisjenemelamenterai!

***

— Amélie,tudoisavoirfinidevérifierlesépreuvesduprochain numérodansmoinsd’uneheure!melanceCamille,paniquée.

Puis,ellesaisitletéléphonequinecessedesonnerdepuiscemidi.

L’appareildoitêtresurlepointdefondreoud’exploser.VoirCamille, notrevieillesecrétaire,auborddel’apoplexie,çatientduspectacle.Elle travaillepourlemagazineFéminine.comd’aussiloinquejemesouvienne et,entempsnormal,rienneparvientàl’énerver.Mêmelescircons- tanceslesplusexceptionnelles,commeunmaniaqueaupicàglace poursuivantlesemployéspartoutdanslebureau,neréussiraientpasà ladétournerdesamissionfondamentaledansl’univers:répondreau téléphone et classer le courrier. Sans compter son autre dévotion cosmiqueetspirituelle:prendresoindesemployésenversetcontretout.

Alors,apercevoirCamille,échevelée,surleseuildemonbureauet dansunétatd’affolementtotal,c’estquelquechosequiserapprochede laquatrièmedimension.Maisilyaunebonneraisonàtoutcebranle- bas de combat. Notre merveilleux CA, composé essentiellement de fantômes,s’estdonnépourdéfid’augmenterlecontenudumagazine de50%,afindecontrerlaconcurrencedeplusenplusférocedansle milieu – et particulièrement celle de notre ennemi juré, la revue Au féminin.

(25)

Inutiledepréciserqu’avec50%plusdechroniquesàproduire,la chargedetravailaaugmenté.Ladirectionaaumoinseulebonsens d’accroître le nombre d’employés et de pigistes. Nous venons d’accueillirtroisnouvellesadjointesàlarédaction,uneréceptionniste supplémentaireetnousavonspresquedeuxfoisplusdejournalistes qu’auparavant.

Mais ce changement vient un peu chambouler nos habitudes de travail.Ilnousfautacquérirunnouveaurythmedeproductionunpeu infernal!LaconditionmentaledeCamilleestdonclégitime.Bah!pas grave,j’adorelesdéfis!Aprèsavoirétéreléguéeàdeschroniquessurles déodorantspendantdesannéesoùjen’avaismêmepasledroitdepenser parmoi-même,mesnouvellesresponsabilitésmecomblent!

Jesuisplusdébordéequejamais,maisqueldéfi,surleplanintellec- tuel!C’estcommeuntourbillonconstantdestimulationoùilfautêtre àl’affûtdetoutetentouttemps.Jesensquemoncerveauvaexploser tellementilestsollicité,depuisquelquesmois.Jen’iraicertainementpas meplaindre!Jemesuismêmedécouvertdescapacitésmaternellesdont j’ignoraisl’existenceenm’occupantdemeschersemployés…

Celamefaitpenserquejedevraispeut-êtreproposeràDavidBlais, monsuccesseuràlachroniqueTests,defaireuneétudesurlesculottes amincissantesdemadame.L’idéem’estvenueaprèsavoireuenspecta- clelesfessesdemadameBélangerpendantprèsd’uneheure.Vivela déformationprofessionnelle!Entantquerédactriceenchef,onvoitdes sujetspotentielspartout.

Heureusement,contrairementàlarelationquej’avaisavecAudrey, monex-patronneetl’anciennerédactriceenchef dontj’occupemainte- nantleposte–etquej’appelaisàl’époqueVampirella–,toutbaigne dansl’huileavecDavidetnotrecollaborationsedérouleavecunefacilité déconcertante.Ilfautdirequec’estunjeunejournalistetrèsméticuleux ettoujourssupermotivé,mêmepourrédigeruntestsurlemeilleurgloss.

Unvraiboy-scout.Sonseuldéfaut,c’estqu’ilaautantdepersonnalité qu’unesécheuse.Iln’aaucuneopinion,neprendjamaisd’initiatives,ne faitjamaisdecoupsd’éclatetestparfaitementprévisible.

(26)

Aumoinsunefoissurdeux,c’estmoiquiluisuggèredessujets d’articles,qu’ilacceptesansbroncher.Unimmensechangementpar rapportàl’époqued’Audrey,quicontrôlaitabsolumenttout,jusqu’aux virgulesdenosproprestextes!Elleprenaitd’ailleursunmalinplaisirà m’imposer des sujets complètement ridicules, des brosses à toilette jusqu’auxthermomètresàviandeenpassantparlesaiguillesàtricoter.

Çapeutsemblerméchant,maislesemployésdumagazineontjoui d’unechanceinouïelorsqu’Audrey–cettechouetteblondeàl’airde maîtresse d’école qui faisait régner un tel climat de terreur qu’elle écrasaittouteinitiativeoucréativitéparsasoif decontrôle–asubiun infarctusdumyocardeilyaplusieursmoisetesttombéeencongéde maladiepourunepériodeindéterminée.Depuissondépartetl’arrivée deDavid,ons’estamélioréssurlaqualitéetl’originalitédesproduits testés.Terminés,lesflamantsrosespourdécorerlejardinetlesmitaines àfour.

Bref,avecunetellepersonnalité–oudevrais-jedirenon-personnalité–, Davidestlegenredegarsquepersonneneremarque…jusqu’àcequ’il ouvrelabouche.C’estqu’ilcompensecettefadeurparunincroyable verbiagediarrhéique.Ilpeutdiretellementdemotsenuneminuteque jemedemandeparfoiscommentilfaitpourrespirer.

Etcemoulinàparolesaunepassionpourlaphotographie.Iladore sepromenerdanslebureaupourfairedesportraitsdesemployés,etce, danslesposeslesplusbizarresoulesmoinsflatteuses,sipossible.Ildit qu’ilenfaitungrandscrapbooketdesmontagessurlemur.C’estlegenre depersonnequidoitavoiruntrainélectriquedanssonsous-sol,collec- tionnerdesschtroumpfsetconstruiredesrépliquesduTajMahalen Lego.

— Ah!s’exclamesoudainCamilledontjevoislatêteréapparaître danslecadredelaporte.J’aioubliédetedirequ’Annabellen’apas encoreenvoyésachroniquesurlesrestosdumois.Oncourtaprèselle, maisimpossibledelajoindre.Sionn’apasreçusonpapierdanstrois heures,ilfaudraavoirunplanB.As-tuuneidéed’articlepourrempla- cersontexte,sijamaisonnel’apasàtemps?Ilfautqueçaremplisseau moinstroisfeuilletsetdemi.

(27)

Troisfeuilletsetdemi!Celacorrespondàdeuxpagesdumagazine! Ouille!Commentsuis-jecenséeimproviserunarticleavecdesphotosen quelquesheures,moi?Jen’aiquandmêmepaslatêted’unemagicienne quitireunlapindesonchapeau.Peut-êtrequelquesvieuxreportages quenousavionsmissurlaglacetraînent-ilsdanslesarchives?Etdire qu’iln’yapassilongtemps,jememorfondaisparcequejen’avaispas deresponsabilités.Bah!jel’aidit:j’aimelesdéfis!Etpuis,j’enairédigé souvent,desarticlessurlecoind’unetable.Allez,onseretrousseles manches!

Amenez-en,desresponsabilités,jesuisprête!

(28)

2

Une question de karma

?

(Septembre)

Le destin est ce qui nous arrive au moment où on ne s’y attend pas.

TaharBenJelloun Sionm’avaitditilyaunanquejeparticiperaisàdesentrevuespour recruterdesemployéschezFéminine.com,j’auraiscertainementéclatéde rire–demanièresarcastique,biensûr.Etpourtant,mevoilà,pourla deuxièmefoisenquelquesmois,entraind’aiderJustin,monpatronet l’éditeurdumagazine,etMarilou,desressourceshumaines,àtrouver uneadjointeàCamille.Aveclachargedetravailsupplémentaire,la pauvreestdébordée.

JesuisflattéequeJustinmedemanded’assisterauxentrevues.Ilfaut direqu’ilm’atoujoursappréciéeetm’asouventdonnédesbonnes occasionsparlepassé.Ilestgentil,compréhensif,ettoujoursentrainde soutenirtoutlemonde.Sonseuldéfaut–quil’empêcheraitpeut-être desequalifierpourletrophéedupatrondel’année–estqu’ilestparfois unpeutropbonasse.Maisbon,onavupire.CommeAudrey,pourne paslanommer.Justinamêmel’apparencequivaavecsapersonnalité.

Prenezunangelot,ajoutez-luicinquanteansetvousavezleportrait parfaitdeJustin.

Jemesouviendraitoujoursdemapremièreentrevue,lorsquenous avonsembauchéAlexisSaint-Pierre-Medresh,notrechroniqueurArtset spectacles, anciennement simple chroniqueur Musique mais qui remplacedorénavantLéa,partieencongédematernité.Québécoiset Juif,ils’habilletoujourscommes’ilallaitsouperdansunbarfétichiste.

Ilseproclamebisexuelàquiveutl’entendre,maisilestsansdoutegaià 99,9%.Etencore,s’iladéjàcouchéavecunefemme,c’étaitsansdoute pouressayerunefoisdanssavieetvoirs’iln’allaitpasvomir.

(29)

— Vousdevezsavoirquenosclientssontmajoritairementdesfemmes etquenousdevonsêtrecapablesdeparlerd’elles,deleursenvies,de leursbesoins,deleursaspirations,deleursquestionnements,luiavait mentionnéMarilouenguised’introduction.Seriez-vouscapablede comprendrelespréoccupationsdenoslectrices?

— Ben…jesuispeut-êtreunhomme,maisjesuis«auxdeux»,alors, çapeutcompenser,non?avaitréponduAlexis,sansaucunegêne.

Ettoutelarencontres’étaitdérouléeaveccettemêmefranchise…Il fautavouerqu’endépitdesamarginalité,Alexisnousavaitimpression- nésparsondynamismeetsonaudace.Etilavaitétéengagé.

Aujourd’hui,pourlesentrevues,nousrencontreronsdesréception- nistesetjedoisadmettrematrèsgrandeincompétencepourjugerdes capacitésdesgensaprèsquelquesquestionsseulement.Laplupartdes candidatesmesemblentaumêmeniveauetjenesaispastropquelles sontlesaptitudesrequisespourceposte.

Enfindecompte,deuxpostulantessedémarquentdulot:Alysson Tcheou,unefilled’originechinoisemaisnéeauQuébec,etLouise Deschênes.Personnellement,jepenchepourlapremière.Mêmesielle paraîtunbrinlunatique,trèsjeune–elleaàpeinevingt-quatreans!–

et exubérante, elle est dynamique, audacieuse et motivée. Jusqu’à présent,cesqualités,quenousavionsremarquéeschezAlexis,nousont bienservis.Louise,lafinquarantaine,sembletrèsprofessionnelle,mais rigideetpeuavenante.Ellenousadéjàfaitpartdecertainesdeses exigences et a clairement fait comprendre que celles-ci étaient non négociables.

Pourmapart,çanem’inspirepasconfiance.Lemilieudumagazineest fortexigeantet,aussitristequecelapuisseêtre,ilfautêtresouplepoury survivreetêtreprêtàseconsacrercorpsetâmeautravailentouttemps.

Leboutonoff,surlapartietravailducerveau,n’estpasactivétrèssouvent.

Louiserisquedenepasresterlongtemps,danscesconditions.

NouschoisissonsdoncAlysson,quiaunepetitebouillesympathique etquivaêtreuneemployéeénergique.C’estunbonchoix:jecroisque

(30)

nous allons encore rajeunir l’image de la revue. Je sens qu’on va s’amuser!Etvivelajeunesseetlesangneuf!

***

Vendredimidi,troisièmesemainedeseptembre.Ilfaitencorebeau dehorsetl’airestagréable.Samueletmoiavonsprisl’après-midide congépourallerfaireunemerveilleuseactivité,tellementtypiquement automnale:allerauxpommes!Quoidemieux,commel’unedenos premièressortiesencouple,qued’allercueillirdebellesSpartanbien rouges,grimpersurlesbranchesd’unarbreenhumantleparfumsucré desMcIntosh,mordreàbellesdentsdansuneLobobienenchairouse promener dans un camion bringuebalant, au milieu des paniers de Cortland?Tellementbucoliqueetromantique!

J’entredanslecabinetduDrWilliams,oùSamueltravaille.Lesdeux secrétairesenposte,MeganetMarie-Anne,mesaluentd’unemême voix.Chaquefoisquejemerendssurplace,ellesm’accueillentavecun grandsourireetsonttrèsaimables.Unpeuplusetjem’ysentiraischez moi.Enfin,sicen’étaitdelagigantesqueafficheavecunschémagéant delabouche,del’énormetubedepâtedentifricesurlatableàcaféet desbrossesàdentssuspenduesauplafond,jepourraismecroiredans monsalon.

Çamefaittoutdemêmechaudaucœurd’avoirétéacceptéeaisément parl’entouragedeSamuel.Àcequej’aicompris,certainsm’attendaient avecappréhension,pournepasdireavecunebriqueetunfanal.Après Aryane,disonsquelaprochainefillequiallaitl’approcheravaitintérêt àseteniràcarreausiellenevoulaitpassefairemassacrerautantparles amis,lafamillequelescollègues.

Ilsveillaienttousaugrainetjemesuisfaitscruteràlaloupependant uncertaintemps.J’aimêmeeudroitàquelquesinterrogatoiresdégui- sés, mais bien en règle, sur mes relations passées, sur ma situation familiale,surmonimplicationauprèsdemonemployeur,etc.Unpeu plusetonmedemandaitmesbulletinsduprimaire,l’ascendantdemon signeastrologiquechinoisetlesrésultatsdemonderniertestPap…

(31)

Heureusement, tout a fini par s’estomper et je suis officiellement acceptéemaintenant.

Enfin,Samuelsortdelasalled’examen.Seigneur,cequ’ilpeutêtre beau!Sérieusement,ilestvraimentbeau.Etsexy,enplus.D’accord,je nesuispasimpartialeuneseuleseconde.Bon,pasdefiletdebavesuspect quicoulesurleborddemeslèvres?Non,toutvabien.

Etjenesuispaslaseuleàtombersoussoncharme.Marie-Anneet Meganluirendentdavantagedeservicesetilmesemblequesesclientes nerechignentpasbeaucouplorsqu’ellesapprennentqu’ellesvontavoir plusd’unrendez-vouspourunplombageouunechirurgie.

Samuelestbienleseuldentistequejeconnaissequipuissefairerevenir saclientèleaveclesourire.«Réellement» aveclesourire.Disonsqu’il méritebiensonnouveausurnomdeDr Torride.Jusqu’àtoutrécem- ment,lesdentistesmefaisaienthurlerdepeurdansmescauchemars.

Alors,voirdesbonnesfemmessortirdesoncabinet,souriantesmalgré leurboucheàmoitiéenflée,enayantl’airdeflottersurunnuageplutôt qued’êtretremblantesetcouvertesdesueur,c’estpresquelouche.Sije n’avaisuneconfiancequasitotaleenmonhomme,jemeposeraisdes questions.

Une chance que ses clientes le voient vêtu de sa chemise verte vraimentpassexy dedentiste,sinon,jecroisbienqu’ellesvoudraient toutesledéshabiller.Justement,Samuelestentrainderaccompagner uneautreclientejusqu’àlaréception.

— Alors,madameGosselin,n’oubliezsurtoutpasdevouspasserla soiedentairetouslesjours,hein?

Commetoujours,unbonconseilpourleclient.Souventlesmêmes–

lesconseils,paslesclients.LadamepaielanotependantqueSamuelva sechanger.Justeavantdepartir,laclientem’accrocheparlebras.

— Alors,c’estvous,lachanceusequiavezmislegrappinsurnotre beauDrGagnon?

(32)

Elleabiendit«notre»beaudocteur?Sansvouloirvousoffenser,ilest àmoi,chèremadame;nevousbercezpasd’illusionsenvousimaginant queparcequ’ilvousaradiographiélamâchoire,vousavezunerelation aveclui.Néanmoins,jesuisflattée.Çafaitplaisirdevoirquemon hommeestsiapprécié.Çafaitchangementd’Olivier,quiétaitaussi sociablequ’unputoisetfaisaitfuirtoutlemondeà100kilomètres.

— Ehoui,c’estbienmoilachanceuse,lamerveilleuseélue,réponds- jeavecmonplusgrandsourire.J’aieubeaucoupdeveineentombant surlui.

— Entoutcas,nousl’aimonsbiennotreDrGagnon.Unevraieperle! Ilestsiextraordinaire.Jepensequ’ilpourraitnousfaireuntraitement decanalsansanesthésie,tellementilestrassurant.Onsesenttoujours bienettellementenconfianceavecluiànoscôtés,quoiqu’ilarrive.

Wo!…Cettedamevientpratiquementdedire,motpourmot,ceque jeressensàl’égarddeSamuel.Alors,jeneseraispaslaseuleàmesentir ainsiensaprésence?Jenesaispaspourquoi,jesuisuntoutpetitpeu déçue.Bah!iln’yapasdequoifouetterunchataprèstout!Qu’est-ce queçapeutbienfairequeSamuelrended’autrespersonnesheureuses? Riendutout,c’estmêmeunebonnechose.«Unhommageàmonbon goût»,commediraitmamère.Jelaissedoncladamepartirenpaix, aprèsluiavoirconfirméàquelpointmonhommeestgénialetàquel pointonestfollementamoureuxl’undel’autre.Justepourluiclouerle becunbrin.

Samueletmoiquittonsdonclebureau,directionMont-Saint-Hilaire.

Après avoir traversé des routes bordées d’arbres ornés de couleurs magnifiques, nous arrivons dans un verger des plus champêtres.

Wouaaah!Coupdefoudretotal!L’endroit,prèsdelamontagne,est superbe.

Nouspassonsdoncl’après-midicollés,àregarderlesoiseauxvolervers lesud,toutenpique-niquant,unverredecidrepétillantàlamain.Àse roulerdansdestapisdefeuillesmortes,àsepromener,maindansla main, dans les rangées d’arbres et à se servir directement sur les

(33)

branches.Queldélicequedecroquerdansunepommebienrougeet fraîchementcueillie!

Quelle bonne idée Samuel a eue. Ça bat cent fois notre virée à NiagaraFalls–monidée,hélas!–enjuilletdernier,oùl’ons’estretrou- vésàvisiterdesmaisonshantéesridicules,àsefairearnaquerdansdes casinosetàdormirdansunhôtelmiteuxavecdescadavresdecoque- rellesséchées.Unechance,leschutesétaienttoujoursaussispectacu- lairesetvalaientledéplacement!Maisl’endroitnecorrespondaitpas tellementauxsouvenirsdemadernièrevisite.Ilestvraiquej’avaissix ansàl’époqueetqu’àcetâge,onn’estpastrèscritique.

Nousterminonsnotrejournéeassisdansl’herbe.Nousobservonsle coucherdesoleilengrignotantdeuxpommesaucaramel,achetéesàla boutiqueduverger.

Samuel,quimastiquaitsoncarameljusque-làavecappétit,s’arrête soudain,lesyeuxronds.Ilsemblepaniqué,toutàcoup.Onjureraitqu’il avuunehordedeMongolsassoiffésdesang.

— Qu’est-cequisepasse?

— Ilyauneabeillequitourneautourdemapomme,murmure-t-il, sansbouger.

Ahzut!Çadoitêtrelecaramelquil’aattirée.VoyantqueSamuelest figécommeunestatuedeseletobservel’abeilleaveclamêmefrayeur ques’ilregardaituntyrannosaure,jem’empressedeprendreleschoses enmain.Etpuis,commentpeut-onavoiraussipeurd’untelinsecte?Je saisbienquelesabeillespiquent,maiscontrairementauxguêpesqui piquentàrépétition,lesabeilles,elles,nelefontqu’endernierrecours.

Iln’yadoncpresquepasderisques.

JemeprécipitedoncendirectiondeSamuelavantqu’ilnefasseune crisecardiaque–parcequ’ilblanchitàunevitessedignedesmoteursà distorsiondeStar Trek.L’abeilles’estposéesurlecarameldelapomme, àenvirondeuxcentimètresduvisagedeSamuel,deplusenplusaubord del’apoplexie.

(34)

— Attention,Samuel,jevais…

Bang!Jedonneuncoupsurlapomme,quiestprojetéeàdeuxmètres.

Ohnon!J’airatél’abeille!Etc’estqu’elleal’airenragée!Ellequittela pommeàtoutevitesseetsejettesurSamuel.

— Aïe!Merde!

Oups!…Aucriquevientdelancermonhomme,jecomprendsque j’aigaffé,là.L’abeille,quantàelle,s’éloigneenvoletanttoutcroche, s’apprêtantprobablementàallermourirdansuncointranquille,après avoirgâchénotrebellejournée.Samuel,desoncôté,setientlamain surleborddelabouche,làoùilaétépiqué.

— Jesuisdésolée,Samuel,vraiment.Excuse-moi,jepensaisque…

Jem’arrêtedeparler,interdite.L’expressiondemonhommen’estpas rassurante du tout. Il commence sérieusement à ressembler à un cadavre.Onjureraitqu’ilvasemettreàvomir.

— Quelquechosenevapas?

— Heu!…Ilyaunproblème.C’estque…jesuisallergiqueaux abeilles.

Quoi? J’ai bien entendu, là? Allergique aux abeilles? Il blague sûrement! Ça fait trois mois qu’on sort ensemble et j’apprends ça

«maintenant»?C’estuneinformationcruciale,pourtant!Onparle d’uneallergiemortelle,là!

— Tuessérieux?Tunemel’asjamaisdit!

— Non?Désolé,jecroyaistel’avoirdit.Tuenessûre?

Benoui,jesuissûre!Ilestmarrant,lui!Sic’étaitlecas,jem’en souviendraisetjen’auraispasdonnéuncoupàcettefichueabeille commesic’étaitunevulgairemoucheàfruits.J’auraisfaitattention.Je meseraisinterposéeentrel’abeilleetSamuel,prêteàmefairepiquerà saplace,commeleshérosdefilmsaméricainsquiseprécipitentcoura- geusementdevantleurbellepourlaprotégerdesballes.Enfin,laissons tombercesconsidérations,ilyaplusurgent!

(35)

— Qu’est-cequ’onfait,là?

— Ilfautquej’ailleàl’hôpitalrapidement,répondSamuel.

Àl’hôpital?Maisonestenpleinecampagne!Oùtrouve-t-onun hôpitalaumilieudesvergers?EtsiSamuelperdaitconnaissanceau volant?Etmoiquisaisàpeinecommentdémarreruneauto!Jeviens àpeinedetrouverl’hommedemavieetilvapeut-êtremourirparma faute! Cette fois, c’est sûr, je vais finir vieille fille dans une maison délabréeavec25chats!D’ailleurs,pourquoilesvieillesdamesont-elles toujoursdeschats?Oualors,monkarmavaprendreunedégeléeetje vaismeréincarnerencrevette.Maispassons…

Samuelsembleretrouversonsang-froid.Ilsetourneversmoi.

— Amélie,vavoirdanslecoffreàgantsdelavoiture.Tuvasytrouver moncellulaireetungenredetubeblancdansunétui,c’estmonEpiPen.

Rapporte-levite,s’ilteplaît.Ensuite,appellele9-1-1.Jenepeuxpas prendrelerisquedeconduireetonnepeutpasperdredetemps.

Jevolelittéralementversl’auto.Aprèsavoirfouilléfrénétiquementet lancé presque tout par la fenêtre, je trouve le fameux EpiPen et le téléphone.Victoire!ÀlavitessedeJamesBondpoursuivipar15agents duKGBarmésjusqu’auxdents,jerejoinsSamuel.

— Lesvoilà!

Samuelestcouchédanslegazon;j’ail’impressionqu’ilachangéde teint. Au secours! J’imagine l’épitaphe sur sa tombe:Ci-gît Samuel Gagnon, mort à trente ans, assassiné par sa conjointe avec une abeille et une pomme au caramel.Quelleironie…

— Approche,jevaist’expliquercommentmel’administrer.

Moi,luiadministrerl’EpiPen?J’aidumalàchangerundiachylon sanstournerdel’œil.Etj’aidéjàcommisunebévuemonumentale aujourd’hui,c’estpassuffisant?

— Tuessûr?

(36)

— Çavautmieux,aucasoùjetomberaisinconscient.Tuvasvoir, c’estfacile.Vite,iln’yapasdetempsàperdre!

Ilmesemblequemoiaussi,jemesensmal.Allez,courage,Amélie!

— OK,dis-moiquoifaire.

— Sors l’EpiPen de son tube, tiens-le fermement et enlève le capuchongrisdesécurité.

J’obtempère, les mains tremblantes et pas fermes du tout. Et si j’échappaisletrucparterreetqu’ilsebrisait?

— Bon,ledispositif estarmé.

Armé?Çanemerassurepastrop.JenemesensplustrèsJamesBond, toutàcoup.EtcommentSamuelpeut-ilrestersicalme?Àmoinsqu’il soitinexpressif parcequ’ilestentraind’étouffer?Ilpoursuit:

— Placel’extrémiténoiresurlafaceexternedemacuisse.Attention! Àlamoindrepression,lesystèmepeutsedéclencher.

J’ail’impressiondetenirunebombeprêteàmepéteràlafigureàtout moment!Respire,Amélie.

— Neplacepastesdoigtssurl’extrémiténoire,c’estl’aiguille.

Arrrgggh…Demieuxenmieux.Suisauborddel’apoplexie,pas capabledemeconcentrer.Lesinfosentrentparuneoreilleetsortent parl’autre.

— Pressefermementsurmacuissejusqu’àcequetusentesun«clic», continueSamuel.Maintiensquinzesecondes,enlèvel’EpiPenetvérifie l’heuredel’injection.C’estbeau?Vas-y.

Ce n’est pas vraiment beau, mais il faut bien que je procède. En essayantdenepastremblercommeunefeuilleetdegardermoncalme –aprèstout,cen’estpasmoiquisuisendangerdemort,jedevraisavoir latêtefroide–,j’obéis.Heu!…Quelleextrémitéjenedoispastoucher, déjà?

— Non,pascelle-là!

(37)

LecrideSamuelmefaitsursauteretj’appuiesurleboutnoir.Aïe!Je viens d’effleurer cette satanée aiguille! J’entends le «clic» du mécanisme.Arrgggh!ilestenclenché!Catastrophe!Jemeprécipitesur Samueletluienfonceprestementl’aiguilledanslacuisse.Aprèsune quinzainedesecondes,jelaretire.Ouf!…Toutsemblecorrect,enfin decompte,maisonafrôléledésastre.Jeprendsl’heureennotecomme Samuelmel’ademandé.

Etdirequependantmesétudesenjournalisme,jevoulaisêtrecorres- pondantedeguerre!Jeseraissûrementtombéedansunétatcatatonique aprèsdixminutesetonm’auraitretournéeauCanadasurunecivière.

Ilestvrai,cependant,quec’esttoujoursplusangoissantquandcesont desprochesquisontendangeretnondesinconnus.

— Siçasemetàsaigner,presseavecunmorceaudetissu,explique Samuel.

Ah!parcequeçapeutsaigner,enoutre?Plusçava,plusj’angoisseet mesenscoupable.Zutdezut!Toutçaestmafaute.Pourquoij’aiacheté cespommesaucaramel?Pourquoij’aiprislamenaceàlalégèreet essayédechasserl’abeille?J’aiétésistupide!Etpuis,pourquoiles abeillesn’ont-ellespascommencéàhiberner,àcetempsdel’année?Je respireunboncoup.Suffit,l’autoapitoiement!

J’appelleprestementle9-1-1;j’expliquelasituationetdonnenotre emplacement.Toutenrestantenligneaveclepréposé,jerefoulemon affolement, souris et pose une main qui se veut tranquillisante sur l’épauledemonhomme.Ilabesoindemonsoutien,pasdemafrayeur.

— Net’inquiètepas,çavabienaller,luidis-je.

Enfait,jen’ensaisriendutoutetlemot«panique»doitêtreinscrit engrosseslettresdenéonsurmonfront.Sanscompterquemonsourire doitavoirl’airfigédansleciment.Enréponse,Samuelposesamainsur lamienneetmesourit.Iladéjàl’airbouffi,etsarespirationcommence àêtresifflante.

— Jesais,merépond-ilfaiblement.Ettuastrèsbienfaitça,mabelle.

(38)

Ilditsûrementçapourmeconsolerparcequejemesenssérieuse- mentnulleencemoment.Bonsang,ilblanchitetgonfleàvued’œilet commenceàressembleraubonhommeMichelin.Merde,elles’envient, cetteambulance?

***

Lesparamédicssesontpointésaprèsquinzeagonisantesminutes.Ilme semblequeSamuelavaitletempsdemourirdixfoisaumoins.Pendant cetemps,saboucheagonfléetrougietlapiqûreamaintenantl’air d’unegrossefraisedifforme.OnjureraitqueSamuelvientdesetaper uncombatdeboxe–ouquejelemaltraite,cequin’estpassiloindela vérité,aufond.Enfin…Direction:l’hôpital!

Àsonarrivéeauxurgences,l’étatdeSamuelaempiréetsarespiration faitpeuràentendre.Ilestimmédiatementprisenchargeparuneéquipe médicale.Onluifaitunremplissagevasculaireparintraveineusepour faireremontersapressionsanguine,onluiinjectedel’adrénalineetdes corticoïdes. Le pauvre a des aiguilles un peu partout et ressemble maintenant à un croisement entre une poupée vaudou et le p’tit bonhommePillsbury.Maisjenepensepasqu’ilvasemettreàriresi j’appuiesursonventre.

Commentai-jepugâcheruneaussibellejournée?Çaavaitpourtant si bien commencé. Quelle honte… Et comment ai-je pu faire ça à l’hommequej’aime?Samueldoitm’envouloiràmortetavoirenvie desesauveràtoutesjambes.Maisnon…ilrestesouriant–dumoins,il essaie,carcen’estpasfacileaveclevisagetoutboursouflé–etessaiede merassurer.

— T’enfaispas,marmonne-t-ilavecpeine,çam’estarrivédeuxfois avantetj’aitoujourssurvécu.

— Non,non…je…jenem’enfaispas,mens-jeavecaplomb.Jesuis sûrequetoutvarentrerdansl’ordrerapidement.

Si je pouvais, j’irais me cacher dans un de ces grands bacs dans lesquelslesdrapssalessontapportésàlabuanderie,autroisièmesous- sol,etjen’ensortiraisplus.Quoique…l’idéedemedissimulersousune

Références

Documents relatifs

[r]

Chaque lecture (1 kb* en moyenne pour du séquençage selon la méthode de Sanger ; 35 à 500 pb* pour du séquençage parallèle) est alignée par similarité de séquence avec

Par ailleurs, main et poignet devaient permettre le grimper et la progression arboricole, quoique probablement moins efficacement que chez des homininés antérieurs (A. afarensis),

*Accouplement : rapprochement de deux individus sexuellement complémentaires aboutissant à une reproduction sexuée 5- Certains êtres vivants sont capables de se reproduire

Les résultats de cette étude montrent que la <qualité> des ovo- cytes, mesurée par leur aptitude à assurer le développement embryonnaire in vitro, varie selon les vaches.

Ils soulagent les parents, qui peuvent leur confier les enfants, pour se retrouver en amoureux, entre amants, le temps d’une soirée, d’un week-end, de vacances. Malgré

« Nous vivons dans une société où nous n’avons pas le droit de nous ennuyer, de ne rien faire ou de faire une chose en pensant à une autre. Pour éviter l’ennui, on peut bien

La mise en commun de la troisième question fait l’objet d’un travail par groupe de 4 élèves qui ont pris la même position pour une paire de photo (satisfaisante ou non