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Les difficultés de placement des diplômés sur le marché de l’emploi en Algérie

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Academic year: 2022

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Pr. CHAIB BAGHDAD & Dr. KHOUANI LEILA 9

«Les difficultés de placement des diplômés sur le marché de l’emploi en Algérie»

Pr. CHAIB BAGHDAD1 & Dr. KHOUANI LEILA2

Résume :

Un marché de travail se définit par une nécessaire recherche d’un équilibre entre une offre bien déterminée et précise et une demande bien calculée et ajustée, dans un souci de ne pas pénaliser ni les premiers (généralement émanant des entreprises et des firmes), ni les seconds (conduits par des individus et des demandeurs d’emploi et d’embauche), le tout dans une optique d’équilibre général comme cela est, largement et abondamment, connu des étudiants en matière de macro-économie.

Il s’avère que ces derniers temps, et avec le développement d’approches et théories sur la question, il est devenu plus compliqué et délicat de concevoir un point d’équilibre et d’arrangement et entente entre les deux parties, du fait que chacun tente de défendre ses intérêts et avantages, tenant compte de la complexité régnante et régulière des économies nationales qui font face, d’une manière quotidienne, aux soubresauts et perturbations récurrentes de l’économie internationale.

Les entreprise et les firmes invoquent, souvent, le niveau des couts et des dépenses qui sont liées au recrutement et l’emploi des demandeurs, notamment la question des revenus et des salaires qui sont réclamés par les travailleurs, et les individus et chercheurs d’emploi évoquent la nécessité de trouver un emploi (et donc un revenu) pour subvenir à leurs besoins et surtout les besoins de leurs familles, et on se retrouve, de ce fait, devant une situation délicate où chacun raisonne convenablement et légitiment, car toute économie qui se respecte a besoin d’une entité qui produit et offre des services et autres prestations et mettre sur les marchés les marchandises et produits demandés par les consommateurs, et aussi des individus qui font bon usage de leurs revenus en termes de consommation et épargne, pour le grand bien d’une économie.

Ainsi, les décideurs économiques tentent des compromis et des accords entre les deux parties afin de trouver un terrain d’entente qui plaidera pour un intérêt mutuel et partagé entre les entreprises et les individus, sans que cela ne menace les intérêts ni des chefs d’entreprise, ni des ménages et ni de l’Etat, et c’est dans ce sens que ce dernier intervient pour placer les jeunes diplômés des universités, des instituts et des écoles au niveau du marché de l’emploi, un marché devenu, décidemment, plus compliqué et complexe que d’autres.

L’adéquation formation-emploi revient, encore une fois, à la surface et incite une meilleure réflexion de la part des concernés, du fait que les entreprises sont devenues plus exigeantes et appliquées en termes de choix des emplois qui répondent, exactement et parfaitement à leurs besoins et objectifs, indiquant, par-là, la nature et spécificité des emplois à pourvoir, en réponse au développement foudroyant et remarquable des marchés de consommation (par le biais des opérations de marketing et publicité), créant, ainsi, un air de suprématie des entreprises sur le choix des emplois et donc des individus qui doivent les occuper, en premier lieu les jeunes diplômés en provenance des centres de formation et d’apprentissage, compliquant, de ce fait, les espoirs de ces derniers à la recherche de leurs baptême de feu au niveau du marché de l’emploi et travail.

1 Professeur, FSEGC, Université de Tlemcen

2 Maitre de Conférences A, FSEGC, Université de Tlemcen.

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Pr. CHAIB BAGHDAD & Dr. KHOUANI LEILA

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1) Quelques définitions de rappel sur le marché de l’emploi:

La question de l’emploi demeure une préoccupation majeure pour la grande majorité des Etats, dans la mesure où la résorption et résolution de ce sujet sont inscrites parmi les priorités des institutions financières et économiques internationales, vu les difficultés et complications que rencontrent les chercheurs d’emploi afin d’assurer leurs vies ainsi que de leurs familles, du moment que les situations de chômage et précarité d’emploi inquiètent, au plus haut point, les décideurs économiques au niveau des pays, et incitent à une plus grande prudence et clarté dans le traitement d’une telle question.

Mondialisation aidante, de nombreux Etats se débattent dans le règlement définitif du placement des demandeurs (primeurs ou autres) dans le circuit du marché de l’emploi par le biais des mécanismes et politiques en faveur d’un équilibre de ce marché, tentant de convaincre les chefs d’entreprises pour contribuer dans l’absorption d’un grand nombre de ces demandeurs, à travers un ensemble d’avantages et encouragements pour ces entités économiques, particulièrement des avantages financiers et matériels.

On ne peut remettre en cause les arguments développés et défendus par les économistes Keynésiens et néo-classiques sur l’emploi, car chaque camp tentait de défendre des idées et des approches pour endiguer la question du chômage par le biais et truchements de quelques dispositifs, les uns qui préfèrent une focalisation sur les dépenses publiques pour réduire le nombre de chômeurs et les autres sur la nécessité de réduire les couts et dépenses des entreprises pour recruter plus et diminuer le taux de chômage.

Il n’en demeure que le placement des demandeurs d’emploi demeure toujours emblématique et problématique pour ne pas dire fatale et contraignante, ce qui urge et nécessite plus d’intelligence en matière de choix de politiques et tactiques, dans un souci d’assurer un équilibre macroéconomique pour le pays et l’envoi d’une image rassurante et convaincante pour les institutions économiques internationales, d’autant plus que la Banque Mondiale a placé la réduction du chômage parmi les objectifs du millénaire (les OMD) au cours de l’année 2017( initialement prévu pour 2015).

La tryptique Emploi, Chômage et Travail s’invitent, à plusieurs reprises dans les débats et discussions entre les dirigeants et décideurs des Etats, et invoquent, de ce fait, de passionnants échanges de points de vue et idées sur les manières à définir pour cette thématique, et en parcourant quelques propos émis et

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formulés, à l’instar de J.FRESSYNET, Y.L’HORTY, D.COHEN, J.M.FAHY et autres, on sent qu’il faut déployer des arguments et preuves valables et pertinents pour pouvoir lancer une discussion sur cette question, d’autant plus que le placement des individus sur le marché de travail ne se résume plus à une adéquation entre l’offre et la demande, mais plus une adéquation entre la formation et l’emploi, partant du fait qu’une grande partie des entreprises et des firmes s’intéresse, de plus en plus, sur le choix des emplois qui exigent une formation de haut niveau et se base sur des critères, parfois difficilement réalisables et maitrisables, nécessitant, de ce fait, une opération d’adaptation et conformité selon les besoins exprimés par les chefs d’entreprise.

Selon le courant néo-libéral, le travail est considéré comme une marchandise ou un produit qui s’évalue selon les lois mécaniques de l’offre et la demande, du moment où deux parties se rencontrent dans un marché, les uns proposent une force de travail en espérant une rémunération à juste valeur et titre, les autres qui recherchent une force de travail qui leur procurera un profit convenable, et cette confrontation va déterminer le salaire réel d’équilibre et le volume d’emploi d’équilibre, et c’est bien le taux du salaire réel qui demeure le principal élément et paramètre de prise de décision chez les chefs d’entreprise et correspond à la fois à la productivité marginale du travail et à la désutilité marginale du travail (le prix du temps libre) et va déterminer les comportements des acteurs.

Le scénario Keynésien est caractérisé par la nécessité d’inclure l’Etat en tant que facteur déterminant dans l’équilibre de ce marché, en plus des mécanismes inhérents au marché et ses lois, du moment que les dépenses publiques et les interventions du gouvernement peuvent créer des opportunités pour les demandeurs et offreurs de travail, dans un souci de sauvegarder un équilibre qui procurera un avantage mutuel et convaincant pour chaque partie.

Pour ce courant, les firmes et entreprises ne peuvent procéder à des recrutements et des embauches du moment que leurs ventes ont baissé par le fait que la demande effective ne s’est pas réalisée comme prévue, vu que les consommateurs ont failli dans leurs comportements justement par une faiblesse de leurs revenus, créant, ainsi, une situation de chômage qui n’arrange personne, car les entreprises vont produire et vendre à perte puisque les consommateurs ne pourront acheter les marchandises et produits sur le marché, faute d’une meilleure rémunération des entreprises, et les individus et les ménages ne peuvent réaliser leurs utilités et intérêts, ainsi que l’Etat qui ne pourra percevoir les recettes fiscales prévues pour les individus et les entreprises.

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Pour mieux synthétiser ce débat, on peut dire que le marché d’emploi devient fort contraignant pour les décideurs publics, car les récurrentes crises économiques et financières de ces derniers temps n’ont pas arrangé les choses, et ont compliqué plus les mesures prises par les firmes en termes de recrutement, car les pertes et les difficultés financières ont pesé sur ces décisions, prenant l’exemple des pays de l’OCDE3qui ont vécu des moments compliqués et délicats lors des dernières années où on a enregistré que certains emplois des pays de l’OCDE (dans le secteur industriel notamment) disparaissent à cause de la concurrence internationale grandissante, des implantations à l’étranger ou d’autres pressions exercées par le marché international.

Ainsi, la montée en puissance des multinationales s’est accompagnée par une forte intensité technologique et technique déployée et employée sur les produits, marchandises, biens et services proposés aux marchés de consommation, aboutissant, forcément, à la recherche d’une main d’œuvre plus qualifiée et des ressources humaines plus ancrées sur les nouveautés technologiques et l’innovation, du fait qu’une grande partie (estimée à plus de 80%) de ces entreprises ont recours à de la main d’œuvre plus conforme aux besoins spécifiques de celles-ci, dans un monde qui ne pardonne pas et crée plus de tension et soucis pour les producteurs.

2) Marché de travail et emploi en pleine boom technologique:

Le développement foudroyant des technologies et l’innovation est révélateur d’un intérêt et attention particulière des chefs d’entreprise pour prendre part aux parts du marché international et prétendre un meilleur taux de profit et bénéfice par le biais d’une compétitivité économique et productive internationale, quitte à consacrer des montants faramineux pour la recherche/développement, étant certains que la clé de réussite des firmes transite par la recherche technologique.

Les nouvelles technologies industrielles et prestataires de services représentent une part assez considérable dans le recrutement et l’emploi des individus, infirmant, ainsi, l’idée que cette technologie va détruire l’emploi humain et on va assister à une économie numérique et robotique en remplacement de l’homme et la dimension humaine.

Selon l’OCDE, « cette technologie contribue de plus en plus à la croissance économique, via le e-commerce et la publicité en ligne notamment, mais aussi

3 Voir le travail de P.SWAIM et R.TORRES, « emploi et mondialisation », L’observatoire d’OCDE N°250, Juillet 2005.

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l’édition de logiciels, les jeux vidéo ou la 3D, et il booste l’entrepreneuriat », ce qui incite plus à l’idée que les TIC rendent plus de faveur pour les entreprises et même pour les individus à condition que ces derniers soient armés et dotés d’un savoir et des connaissances plus orientées et dirigées selon les besoins exprimés des entreprises, elles-mêmes animées par les besoins des consommateurs qui semblent plus exigeants, diversifiés et modernes.

Dans une autre citation, on saura que « les entreprises présentes sur Internet croissent par ailleurs deux fois plus vite que les autres et exportent deux fois plus. Des chiffres qui expriment le rôle de plus en plus prépondérant de

«l'immatériel » dans l'économie globale. Les nouvelles technologies irriguent tous les secteurs de l'économie et sont devenues indissociables de la bonne marche de nos entreprises », une autre manière de justifier et argumenter que la sécurisation des emplois transite, impérativement, par une mise en place d’un environnement plus ancré sur les nouvelles technologies, ceci pour le grand bien des firmes internationales, pour l’emploi et le recrutement et pour l’Etat.

Selon V.GOVAERE4, il est primordial de bien définir le concept des nouvelles technologies et comprendre leurs fondements afin d’assurer une compréhension juste et convenable de la relation entre emploi et TIC, affirmant que «les NTIC permettent un réel saut qualitatif dans la recherche, la diffusion, le traitement de l'information et expliquent économiquement parlant leur intérêt pour les entreprises», insistant, plus particulièrement sur des concepts comme la rapidité, la flexibilité, la délocalisation, l’accès à l’information, qui contribuent dans l’accélération de l’intérêt que porte les firmes pour une élite qui se distingue par une acquisition remarquable des savoirs et connaissances technologiques.

Découlant de ceci, on devine bien que le marché de l’emploi, dans le contexte contemporain, ne se contente plus d’un rendement des facteurs humains et techniques (en l’occurrence le travail et le capital), mais bien d’un support technologique qui essaye d’associer les deux facteurs cités et les rendre plus déterminants pour les producteurs, qui, manifestement, ne se considèrent pas comme des ennemis pour les ressources humaines, mais bien de les développer et former selon l’évolution technologique afin de préserver leurs emplois.

Il est devenu nécessaire et crucial pour les firmes de placer un intérêt particulier pour la recherche et développement à travers des mesures pour

4 V.GOVAERE, «L’évolution du travail avec les TIC », INRS, France, Mai 2002.

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dénicher et traquer les individus dotés d’un savoir-faire et des aptitudes appropriées pour en faire usage pour la fabrication des produits et des services selon les marchés de consommation, tenant compte de l’évolution des nouvelles technologies et regardant peu sur les couts du moment qu’elles appréhendent des bénéfices et profits qui peuvent largement compenser ces dépenses engrangées.

Dans une autre présentation5, il est question de l’influence que peut avoir les TIC sur le recrutement et l’embauche des demandeurs d’emploi, tout en préservant les principes et fondamentaux de chaque entreprise, à savoir la performance, le profit et la persévérance dans la conquête des marchés, où on peut lire notamment que « les entreprises, qui doivent inventer des biens nouveaux en comptant sur leurs propres forces, adoptent une nouvelle approche de l’innovation : elles rationalisent leur production de connaissances et développent des actions de R & D en s’appuyant sur leur marché », signifiant, par-là, qu’elles adoptent une stratégie de recrutement qui se base sur des qualités et compétences hautement valorisées et reconnues des potentiels demandeurs, une telle démarche qui exige et requiert une proximité avec les centres de formation d’une telle ressource, entre-autres, les universités, les instituts, les centres de formation et les grandes écoles.

Ainsi, les démarches de recrutement se focalisent plus sur des ressources humaines qui soient en mesure d’exploiter et user des nouvelles technologies et permettre, ainsi, aux chefs d’entreprise d’entrevoir de larges perspectives de croissance et expansion par le biais de produits et services qui pourront affronter la concurrence mondiale qui s’élargit, à l’exemple des entreprises dominantes dans certains secteurs comme la communication, la téléphonie, la construction d’automobiles, de gadgets électroniques et autres, indiquant, au passage, que les nouvelles technologies agissent, en premier lieu, sur la réorganisation des systèmes de travail déjà établis et ensuite penser à un recrutement plus adéquat et conforme aux attentes des décideurs, notamment un emploi orienté et basé sur des aptitudes hautement relevées et valorisées.

Pour N.GREENAN6, il devient compliqué et délicat d’introduire de nouvelles technologies sans que cela ne se répercute sur la production des entreprises en termes de profit et avantages, du moment que le recrutement d’une certaine

5 Présentation intitulée : « Les métiers face aux technologies de l’information », par M.GOLLAC, C.AFRLAT et J.F.LOUE, Avril 2003.

6 N.GREENAN, «Technologies de l’information et communication, productivité et emploi : Deux paradoxes», atelier sur les liens entre la diffusion des technologies et la productivité et l’emploi,

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catégorie de demandeurs privilégiés par rapport à leurs connaissances et leurs bagages scientifiques est plus couteux, conséquence de fortes rémunérations que les chefs d’entreprise doivent débourser pour pouvoir arracher cette ressource humaine d’autres concurrents, comme c’est le cas entre les multinationales américaines, européennes, japonaises, sud-coréennes et autres, qui se disputent les moindres occasions dans le cas de recrutement et embauche.

3) Formation de diplômés universitaires en Algérie:

Il faut bien admettre que l’Etat algérien s’est employé et engagé dans le placement de détenteurs du BAC au niveau des universités nationales, ainsi que des écoles et des instituts, où on recense, pour l’année 2014, plus de 1,5 millions d’étudiants inscrits dans près de 95 établissements universitaires habilités par le ministère, encadré par près de 50.000 enseignants dont 18.000 de rang magistral.

Selon un rapport du ministère7, il est question d’un accroissement du nombre d’étudiants inscrits qui a été multiplié par 9 entre 1960 et 1970, par 4,5 entre 1970 et 1980, par 3 entre 1980 et 1990, par 2,25 entre 1990 et 2000 et enfin par 2,5 entre 2000 et 2010, mais cela n’a pas empêché l’inscription d’un grand nombre d’étudiants au niveau des universités, permettant, ainsi, à l’Algérie d’obtenir la première place au niveau maghrébin.

Pour ce qui intéresse notre problématique, le tableau suivant nous indique l’inscription des étudiants par les grandes familles de disciplines :

1962/1963 1969/70 1979/80 1989/90 1990/00 2009/10 2010/11 Sciences

exactes et technologie

739 2959 16562 85643 117648 200036 231156

Sciences de la nature et la terre

147 9304 12714 44510 82111 88667

Sciences médicales

762 3806 9205 28407 30410 53847 57254

Sciences sociales et humaines

1224 5331 22374 54856 215427 698319 700868

Total 2725 12243 57446 181350 407995 1034313 1077945

Ainsi, on observe une concentration des étudiants dans la filière sciences sociales et humaines avec 65% au cours de l’année 2010/11, suivi de la discipline sciences et technologie avec 22% et sciences de la nature et la terre

7 Rapport intitulé : L’enseignement supérieur et la recherche scientifique en Algérie : 50 années au service de développement : 1962-2012.

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avec 8% et enfin sciences médicales avec 5%, alors que le nombre de diplômés a enregistré près de 247.000 au cours de cette même année (ce nombre n’était qu’un peu plus de 3000 en 1960), indiquant, de ce fait, que les universités algériennes ont formé près de deux millions de diplômés durant cinquante ans depuis l’indépendance.

Ce tableau montre, déjà, une des failles de l’enseignement supérieur qui forme plus des diplômés dans des domaines qui arrivent dans un stade de saturation et le plein en termes de recrutement et d’embauche par les entreprises nationales, du moment que ces dernières ont plus besoin de diplômés dans le domaine de la technologie et l’innovation pour leur permettre une adéquation avec la concurrence internationale.

Aussi, la mise en place du système LMD depuis une décennie est venue pour accompagner et relancer la relation universités-entreprises par le biais, notamment, de l’ouverture des spécialités et disciplines qui doivent répondre aux besoins du monde professionnel, car selon O.HOURIA et M.Y.FERFERA8,

«la relation entre l’université et l’entreprise algériennes, durant les dernières décennies, est très limitée, les rares exemples de collaboration et d’expériences concrétisées par ces deux institutions se limitent à certaines actions d’initiative individuelle».

Il faut savoir que depuis 2008 le ministère a pris conscience de la nécessité de mettre l’université au service du monde professionnel, en instaurant des licences et masters professionnalisant au niveau de plusieurs établissements universitaires, mais il a été constaté qu’une grande majorité des étudiants préfèrent, toujours, le choix des licences et masters classiques, des choix qu’on peut expliquer par une totale ignorance sur les finalités et fondements de ce type de formation, considérant que celui-ci ne pourra pas permettre une continuité vers des études supérieures et est confondu avec les études de cycle court qui n’ont pas donné de grands résultats en termes de recrutement et embauche.

Lancée en 2004, le système LMD bute, régulièrement, à des entraves et des embuches qui minent, sérieusement, les chances de sa réussite, et cela est ressenti plus au niveau de la réflexion d’un partenariat prometteur avec les entreprises, du fait que les orientations des étudiants se portent plus sur des études classiques et littéraires que des études et formations de type

8 O.HOURIA et M.Y.FERFERA, «Partenariat scientifique université-entreprise algériennes en matière de recherche scientifique et d’innovation technologique», papier publié par la revue Algérienne des Finances Publiques, Université de Tlemcen, N°4, Décembre 2014, pp 11-29.

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professionnel, malgré le grand battage médiatique et de sensibilisation mené par les responsables universitaires sur ces dernières.

Dans ce sens, on a pensé à mettre en place des structures qui se chargent de l’observation des besoins du marché de travail et l’emploi, au niveau des structures universitaires, où l’on mentionne que ces dernières « permettent de maintenir l'adéquation avec les évolutions technologiques et les besoins du marché de l'emploi. Ces structures devront comporter des partenaires externes à l'Université et aideront efficacement à l'évaluation de la pertinence et au choix des formations nouvelles à mettre en place. », ce qui permettra, selon les déclarations du ministère de renouer le contact avec les entreprises nationales et remettre en place l’adéquation formation-emploi, celle-ci sera plus dynamique et pertinente dans un nouveau contexte économique qui est marqué par une libéralisation des actes et des choix, soit au niveau des chefs d’entreprise que les responsables universitaires.

Il semble que l’université algérienne raisonne, en termes de pédagogie et management, comme l’ancien système classique et trouve des difficultés à transmettre le message auprès des étudiants que la formation universitaire professionnelle est plus rentable, avantageuse et prometteuse que la formation classique qui ne sert qu’à former des élites, sans avenir rassurant ni garanti au niveau du marché de l’emploi, d’autant plus qu’il est ressenti, comme souligné par H.KHELFAOUI9, que la coopération universités-entreprises est restée lettre morte et sans perspective de relance ni de renaissance.

4) La problématique de l’emploi entre les exigences des entreprises et la qualité de la formation universitaire:

Il est couramment admis que la relation entre les établissements de formation (universités, centres de formation, instituts et autres) et les entreprises réside, en grande partie, dans la question de recrutement des jeunes diplômés afin d’assurer le profit des chefs d’entreprise par l’intermédiaire de l’innovation, la recherche et le savoir, dans une optique d’une adéquation formation-emploi- entreprises.

9 H.KHELFAOUI, « L’intégration de la science au développement : Expériences maghrébines », Publisud, Paris, 2006.

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On retiendra, pour ce papier, les données fournies par l’ONS uniquement pour le mois de Septembre 2014 regroupées au niveau de ce tableau : %

Masculin Féminin Total

Niveau d’instruction

Sans instruction 2,6 3,7 2,7

Primaire 6,9 8,2 7

Moyen 11,6 16,1 12

Secondaire 8,3 15 9,7

Supérieur 9,9 21,8 15,4

Diplôme obtenu

Aucun diplôme 8,4 10,6 8,6

Diplôme de la formation professionnelle

11,4 17,4 12,7

Diplôme de l’enseignement

supérieur

10,9 22, 1 16,4

Total 9,2 17,1 10,6

SOURCE : Données statistiques sur l’emploi, ONS, Alger, Septembre 2014.

Ce tableau montre bien un taux de chômage plus élevé chez les individus ayant un certain niveau, particulièrement universitaire, avec près de 16%

concernant le niveau d’instruction et 17% pour les diplômés des établissements universitaires, et le cas est pire chez les diplômés féminins avec respectivement 21,8% et 22,1%, ce qui confirme bien que les chemins sinueux des jeunes diplômés dans la recherche d’emploi et les difficultés rencontrées dans l’insertion dans le monde professionnel.

Selon ces données, on saura que, rien que pour l’enseignement supérieur, 86% des diplômés ont entamé une inscription auprès d’un bureau de main d’œuvre, 85% par des démarches auprès des entreprises et administrations, 81%

par des relations personnelles et 17% par des initiatives individuelles pour la création des projets à l’instar de l’ANSEJ, L’ANGEM et autres mécanismes d’insertion.

Un autre rapport10nous dévoile que près de 120.000 nouveaux diplômés arrivent sur le marché de l’emploi, mais seulement 60% ont la chance de décrocher un emploi et un travail et 40% se retrouvent au chômage et cela est expliqué, selon le rapport, par « une inadéquation entre les profils de formations assurées relativement à ceux recherchés par les entreprises. », autrement dit, Il

10 Rapport de la Banque Mondiale sur l’emploi et le chômage dans la région MENA, 2010.

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semble que les programmes des formations universitaires n’évoluent pas au même rythme que l’évolution de l’environnement et les véritables attentes des entreprises qui aspirent à enrôler des diplômés qui répondent, au mieux, à leurs besoins dans le domaine de la technologie et l’innovation, ce qui explique le problème d’adéquation entre la formation donnée à l’université et les attentes des chefs d’entreprises.

Selon N.KHAOUA et M.BENOSMANE11, le fait que les portes de l’université furent largement ouvertes pour des milliers de bacheliers sans tenir compte de la capacité réelle pour leur insertion au niveau du marché de l’emploi et les attentes des entreprises en termes de captation seulement des « Knowledge Students » a compliqué plus le sort de milliers de diplômés qui se sentent plutôt désavoués et désorientés face aux exigences et critères d’embauche et recrutement qui leur sont imposés par les entreprises, y compris les entreprises publiques ainsi que certaines administrations locales.

Dans leur conclusions, les deux auteurs citent que « l’évolution massive des effectifs inscrits dans le système de formation supérieure n’a que peu de rapports avec l’évolution des besoins de l’économie et du marché du travail en ressources humaines qualifiées », convergeant, ainsi, dans le fait que l’université algérienne semble se contenter sur une formation et une disponibilité de places pédagogiques pour des bacheliers qui ne pensent qu’à assurer une place dans un établissement universitaire.

Dans le même rapport de la Banque Mondiale, et sur la question des principaux obstacles à l’emploi des jeunes diplômés dans la région MENA12, il est explicitement posé la problématique de la formation universitaire par rapport aux exigences du monde professionnel, puisqu’il est mentionné que « les employeurs se plaignent d’un manque d’expérience et de compétences techniques mais aussi d’un déficit de compétences faisant appel à l’intelligence émotionnelle comme les traits de personnalité, le savoir-vivre, les compétences interpersonnelles, les qualités d’expression et les habitudes personnelles », et cela est plus perçue par le secteur professionnel privé qui conditionne la possibilité de recrutement et d’embauche par un savoir-faire et un degré d’intelligence très élevé chez les diplômés, signifiant, par-là, que l’acquisition

11 N.KHAOUA et M.BENOSMANE, « L’Université et le marché de travail en Algérie : tentative d’analyse à partir du cas de la région d’Annaba », papier présenté lors du 2ème colloque international sur l’employabilité et insertion professionnelle des diplômés, Guelma, Algérie, Avril 2010.

12 MENA=Middle East and NorthAfrica

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d’un diplôme est insuffisante pour prétendre à un emploi, mais les qualités et intensités de la formation est plus primordial et prioritaire, expliqué cela par le développement des technologies et le degré de concurrence en termes d’innovation et créativité.

Pour revenir au cas algérien, l’insertion des diplômés au niveau du marché de l’emploi demeure bien délicat et compliqué, du fait que les établissements de formation (universitaires, professionnelles, écoles et autres) semblent ne pas répondre aux nombreuses doléances et attentes des entreprises car celles-ci se préoccupent de l’évolution technologique et la suprématie de la concurrence internationale afin de s’affirmer sur le plan des marchés domestiques et éventuellement étrangers.

En parcourant quelques lectures assez intéressantes sur le sujet, entre-autres les travaux de D.FERROUKHI (2005), N.E.HAMMOUDA (2004), H.KHELFAOUI (2003), BENGHABRIT et REMAOUN (2003 et 2009), on a pu recenser quelques difficultés et complication d’insertion et placement des diplômés algériens au niveau du marché d’emploi et auprès des entreprises comme suit :

1. Le parcours pédagogique et académique que les éventuels demandeurs d’emploi suivent et qui ne correspond guère aux mutations technologiques internationales.

2. L’inadéquation persistante et encombrante entre la formation et l’entreprise, malgré les quelques bonnes intentions des uns et des autres.

3. La nature des emplois que les entreprises exigent et conditionnent pour créer des postes et des embauches.

4. La sélection des diplômes que les chefs d’entreprise entreprennent pour le bien de leurs entités économiques.

5. La saturation constatée au niveau de quelques sources d’embauche et recrutement, notamment au niveau de la fonction publique et les administrations nationales.

6. Le manque d’anticipation et rapprochement des entreprises et firmes au niveau des universités et centres de formation afin de déterminer, au préalable, leurs besoins et attentes en termes de formation et le nombre requis.

7. Le mobilisme constaté de l’Etat et ses institutions pour permettre un rapprochement entre les centres de formation et le marché de travail et emploi.

8. Le manque d’implication des entrepreneurs et responsables d’entreprise au niveau du financement des formations, comme c’est le cas avec les

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multinationales qui contribuent, pour leurs intérêts et avantages, dans la question de financement des universités et centres de formation (USA, Japon, Union Européenne, Corée du Sud, Singapour et autres).

9. Un manque flagrant de vision stratégique concernant le nombre de diplômés et le nombre exact des emplois à pourvoir, renvoyant, ainsi, à l’histoire de communication et information entre le marché de l’emploi et le marché des savoirs.

10. Une responsabilité collective imputée à l’université, centres de formation et les entreprises qu’on peut expliquer par un égoïsme et recherche d’intérêt particulier au détriment d’un grand nombre de demandeurs d’emplois qui ont cru, un certain moment, à une possibilité d’insertion rapide et immédiate dès le diplôme en poche.

On peut étaler d’autres éléments d’explication de ces difficultés et entraves, mais la question demeure toujours posée, à savoir quel avenir pour les diplômés ?

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CONCLUSION

La problématique d’insertion des diplômés sur le marché de travail demeure un sujet et un thème qui ne cesse d’interpeller les décideurs et chercheurs, du moment que cela perturbe les calculs et prévisions des responsables et complique plus les chances de réussite des programmes de développement économique, dans un contexte économique international qui ne laisse pas beaucoup de chances aux retardataires et aux économies en difficulté de croissance économique.

Pour le cas algérien, la situation est plus délicate et sinueuse, du fait qu’on sent une absence flagrante de communication et information entre le monde professionnel et celui des centres de formation afin de déterminer les besoins réels en termes de nombre, de spécialités, de qualité et la nature de formation pour les candidats à un emploi, partant du fait que les entreprises sont devenues conscientes que l’innovation et le savoir sont essentielles si l’on veut progresser dans l’activité économique.

Ainsi, le placement des diplômés au niveau du marché d’emploi s’inscrit dans une conjoncture défavorable à long terme et on impute cela à trois éléments :

I. L’Etat qui se concentre dans des dispositifs d’insertion, à l’exemple de l’ANSEJ, la CNAC, l’ANGEM, l’ANEM et autres, qui ne peuvent garantir un emploi permanent et indéterminé, pensant, naïvement, que cela pourra résoudre la question du chômage des jeunes diplômés.

II. Les lieux de formation, à l’exemple des universités, des centres de formation professionnelles et les instituts et écoles, qui ne font que gérer le flux des étudiants et élèves sans tenir compte réellement des débouchés qui existent au niveau du monde professionnel.

III. Enfin, les entreprises qui ne se rapprochent pas des universités et centres de formation et deviennent plus exigeantes en termes de recrutement et d’embauche, sachant pertinemment le niveau et compétences des diplômés.

Mondialisation aidante, cette problématique nécessitera une stratégie ferme et convaincante des responsables au niveau de la hiérarchie, qui, sans user de la force ni de pression, pourra permettre une convergence entre les intérêts et un équilibre entre une offre de main d’œuvre qualifiée et compétente (selon un degré élevé d’éducation et formation des universités) et une demande de main d’œuvre qui répondra aux attentes et exigences des entreprises, par le biais de certaines mesures et démarches, à l’instar des politiques fiscales, budgétaires,

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financières, et de politiques sociales, dans un souci de rassurer les différentes parties concernées, en premier lieu, les demandeurs d’emploi et travail.

Certes, cela n’est pas singulier au cas algérien, mais mérite plus de regards et attention des différents acteurs qui sont directement visés par cette question, car en fin de compte et en l’absence de compromis et consensus, on ne pense pas que cela pourra arranger une partie par rapport à une autre, car l’université perdra de son notoriété et sera engloutie par la concurrence domestique ou étrangère, les entreprises ne pourront plus prétendre à une compétitivité nationale ou internationale, et surtout l’Etat qui se verra débattre, encore plus, dans la lutte contre le fléau du chômage.

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REFERENCES

1) H.KHELFAOUI, «L’intégration de la science au développement : Expériences maghrébines», Publisud, Paris, 2006.

2) M.GOLLAC, C.AFRILAT et J.FILIQUE, « Les métiers face aux technologies de l’information », source non précisée, Avril 2005.

3) N.GREEMAN, « Technologies de l’information et communication : Productivité et emploi : Deux paradoxes », Atelier sur le lien entre la diffusion et la productivité de l’emploi », date non précisée.

4) N.KHAOUA et M.BENOSMANE, « l’Université et le marché de travail en Algérie : Tentative d’analyse à partir du cas de la région d’Annaba », 2ème colloque international sur l’employabilité et insertion professionnelle des diplômés », Université de Guelma, Algérie, Avril 2010.

5) O.HOURIA et M.Y FERFERA, « Partenariat scientifique Université-Entreprises algériennes en matière de recherche scientifique et d’innovation technologique », Revue Algérienne des Finances Publiques, N°4, décembre 2014.

6) P.SWAM et R.TORRES, « Emploi et Mondialisation », l’observatoire de l’OCDE, N°250, Juillet 2008.

7) V.GOVAERE, « l’évolution du travail avec les TIC », INRA, France, Mai 2008.

8) Rapport du Ministère de l’Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique intitulé : « L’enseignement supérieur et recherche scientifique en Algérie : 50 ans au service du développement 1962-2012 ».

9) Rapport de la Banque Mondiale intitulé : « L’emploi et le chômage dans la région du MENA ».

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