HAL Id: hal-02540035
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Mobilité et subsistance au Magdalénien supérieur et
final en Auvergne
Laure Fontana
To cite this version:
Laure Fontana. Mobilité et subsistance au Magdalénien supérieur et final en Auvergne. ÉCONOMIE
PRÉHISTORIQUE : LES COMPORTEMENTS DE SUBSISTANCE AU PALÉOLITHIQUE,
pp.373-386, 1998. �hal-02540035�
ÈCONŒ\llJE pm~HjSTOR'QUE : LES COMPORTEMENTS DE SUBSISTANCE AU PALÉOLITHIQUE XVIII" Rencontres Internationales d'Arctléologlo cl d'Histoire d'Antibes Èdltions APDCA. Sophia Antipolis, 1998
Mobilité et subsistance au Magdalénien
supérieur et final en Auvergne
lClllre FO'v'J'ANA*
RÉSUMÉ
Les strall'gies d'acCJujsition du gihier el du silex par les magdaléniens dl' la partie
septenfrio-nale du Massif central constituent le thème de celle étude, qui se fonde sur notrc l'lUde
archl!o-:l.Oologique de dix-Imil SÏll'S du i\1agdalénien supérieur et final, mise en parallèle ;1\"('(' les
c!onnlocs récentes sur l'origine du silex alloc!ltone, Celle ::Inalyse an:h(>ozoologîque montre ['ori-ginalité' des spectres fauniques, Ii<:'e à la forte rcprésentarion du che,'al el, surtout, du bouque-tin. Les différences ob.scIY('CS entre les deux l't'gions (ntllt.:'cs de l'Allier Ct de la Loire) semblenl traduire des environnements, des stratégies (["acquisition Ct des modalités doccupatlon bien
di.-,[inctes, Nous supposons J'existenCe..' d'une complémcntarité saisonnière entre les deux \'allées
en termes de territoire exploité, également Sl.lggérl'e par la prm'cnance lointaine du silex blond,
ABSTRACT
Strategies of game and flint acquIsItIon by the Magdalenians of l10rthern Massif Central make tlle theme of tbis study, \\'hich 1s based on our archaeozoological swdy of eighteen sitL'S
from the upper and final i\bgdalenian, parallc1ed \VÎth l'l'cent data abolll the origin of allochto-nous flin!. This archaeozoological study shows the originality of faunal spectra, in connexion \Vith li l1igb l'l'presentation of horse and mainly of ihex, The differenccs obser\'ed hel\\'een the t\VO regions seel11 to reflcct qUÎle differenr elwironmenrs, acquisition straregies and m()de~ of
occupation. \X'e suppose the exislence of li complementary seasonality belm.:en the t\\'o \'alley~
in tel'ms of exploiled territory, abo suggesred by the remote origin of pale !1int.
...
Introduction
Le peuplement Inagdalénien d'Auvergne est assez bien documenré dans les haules vallées de l'Allier et de la Loire, et seuls les stades ancien et supérieur/final • LHA 1/115 du Cl\'RS, !\luséulll national dîlistoirc naturelle, Laboratoire d'anatomie comparL'L',
L. J"( )\1,\ \,\
sont :ic(Ucllcmcnt connus( 1) (fig, 1), Plu,sÎclIr,-; études ont réC<.:l1llnenl fait é\'olucr nos
conl1;lÎs~anccs sur le '\1agdaJéniel1 di\lI\crgl1e : le peuplement du \'day. en l Iawe-Loire, au PaléolîLhiqul' su périellr (Bracco, 1992>. l'origine des Ill;l tiL'J'es prcmiè'res
siliceuses (Sunnely el (I!., ~l paraître). la caractéris:ltjol1
de
l'outillage lithique (Bracco, 1990, 1992 ct 1996: Surmdy el 01" 1997) <.'t une synlht?se des donnc'es Clrchéo-zoologiques (Fontana. 1996; Surmely, FOnLan:\, ;1 paraître), De plus, l'étude pluridb-ciplinairc dll sile du Blot est en cours,
Toutes ces donnc'e:-, l'l'renies nous pcrl11ellent-cIlcs de déterminer les types de mohi-JilL' et d'acquisition de suhsistance de~ chassl'llI"'i magdaléniens dans celte région;;
JlI~qll'Ù pn::'senl. on :\ appréhendé' cette qUl'srion en dl'terminant l'amplitude des déplace-ll1e!1{S, On a identifié l'origine de la matière première siliccuse allochtone, et les é[Udl's technologiques ont Illis en é\'idl'nce le type de gestion dl' ce silex (Surmdy el a/., ihid;
Bracco,
iNti,:
!\Iasson, 19B1), I\lais ces donné'es Cque nOLIs examinerons) ne sutliscnt pas ù elles seules ù identifier les types de mobilité' et (Lu::quîsirion des populations magdalé-niennes, TI est impér,ltif de caractériser les modalités d'occupatîon des sites d de définîrle type d'acquisition intégrée ou spécialisée - clu gibier ct du silex, Cest ;l ces deux niveaux qu'intervient l'étude archc'ozoologique, D'une part, e\le peur nlettre en évidence
la fonction du site en identifiant le type d'activités pratiquées en rapport avec l'acquisi-tion ct le traitement du gibier, et en déterminant les saisons d'occupation, D'autre part, la
synthèse des données arcbéozoologiques ù U:'chelle microrégionale, régionale et supra-régionale peut contrihuer à l'identil1cation des systè'Ines d'acquisition,
]\'OllS présenterons 1'<lIlalyse des données archéozuologiques des dix-huit sites du Magdalénien supérieur et final(2) contenant des vestiges fauniqucs (rJ
fig,
1 ct tahl. 1) ct mettrons ces résultats en perspective avec les données rdatives à l'origine du silex, Nous discuterons ensuite des modalités d'acquisition et de circulation des groupes magchlléniens, sous l'angle d'une unité/complémentarité territoriale entre les vallées de l'Allier et de la Loire,Analyse archéozoologique
Les spectres du Magdalénien supérieur et final
Les déterminations spécifiques restent vaguesO ), en raison de
la
taille des échan-tillons et du mauvais état cIe conservation,(1) Le programme de datations t,iC en cours (BRGM) confirmera ou non l"ével1l11clle désertion dLl
Massif central entre 16000 et 13000 BP,
(2) Magdalénien supérieur ct Magdalénien final serom traités ensemble : peu de sites ont été datés (wbl. 1), et la distînction fondée sur la typologie ne nous paraît pas encore évidente.
SiN
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Sites Altitude Type Atlribution culturelle Éludes de faune
Vallée de l'Allier
1, Gannat (Ailier) 395 m plein air Magdalénien ancien Guadelli (rapport afan) 2, Le Bay (Puy de O.) 355m ple~n air Magdalénien final? Fontana (non publié)
3a. Pont-de-Longues 340 m plein air Magdalénien Vernière (1905), Perreau (1943)
3b. Manres de Veyre 340m plein air Mag. sup et final" Fontana (en cours)
4 Blanzat 39001 abri Mag. supérieur? Pommerol (1888)
5 Lépétade-Chabasse 345 m plein air Mag. supérieur? Virmont el al. (inédit)
6. Ourif-Enval 350m abri Mag. supérieur' Delpüci1 (Bourdelle 1979b)
7, Enval Il 350 m abri Mag. supérieur' Fontana (Surmely et Fontana 1997)
8, Coudes 370 m plein air Mag, superieur? Dubois (1944)
9. Neschers 400 m plein air Mag. supérieur? Dubois (1944)
10. Thônes 820 m abri Mag. superieur? Fontana (non publié)
11. Les Ballants (HL) 520m abri Magdalénien final? Bouchud (1955), Peneau (1943)
12. Le Blot 500 m abri Mag. ancien" el sup' Fontana (en cours)
13. Abri du Rond 540m abri Magdalénien final? Boule el Vernière (1899)
14. Talcvin 550m grotte Magdalèl1ien final? De Brun (1898), Bouchud (1955)
Vallee de la Loire
15. Baume Loire 720m abri Magdalénien final? Bouchud (1 966b)
16. Orciors 600 m grotte Magdalénien Bouchud (1953)
17. Le Rond du Barry 850m grotte Mag. anc'-sup.'-final Poulain in De Bayle (1972 ; Bouchud in
De Bayle (1978) ; Aajjanre, 1986)
18. Coltier 550 m grotte Mag. ancien' et final? Bouchud (1953), Oelpech (1973 el 1976)
Cantal
19. Le Cheylal 900 m abri Magdalénien final? Lauby et Pagès-Allary (1903)
Tabl. 1. Sites magdaléniens d'Auvergne contenant des restes fauniques (' datations 14C).
Les détermin~ltions d'équidés sont assez fréquentes: il semble que }:,'qIlIlS
cahal-lus ga!licils et HqlJlIS bydrulltÎlllls soient présents, au Rond-elu-Barry (À,ljjane, 19R6)
pour le premier et à Durif pour le second (Dclpech, ill Bourdelle, 197911). Les tqui-dés des deux sites en cours d'L>lude (Les Martres de Veyre, Gannat, où lcurs restes ahondent) seront prolxlblement déterminés (Folllana, en cours, ct Guadclli, rapport ArAN).
Le renne (RaJl/;{jer laranchl,\) n'a pu encore être car,lctérisé précîsL'ment, cm l'étude métrique - qui permcttrait d'év~lluer sa taille pour le comparer aux rennes d'autres régions - est impossible sur de n0111breux sites (en raÎson de
ta
taiHe des échantillons),Les restes cie bouquetin de eIeux siles ont fait l'ohjet d'une détermination précise: à Coniers, Bouchud (953) et Crégut (comm. pers.) ont identifié le bouquetin cles Pyrénées (Capra pyrenaïca), ct, au Hond-du-Bany, une chcvHle osseuse et des tar-siens indiquent la présence d'ibcx (Capra ibex) , Ce n'est pas surprenant, puisque j'ibcx a déjù été identifié dans le Sud-Ouest. Les cieux formes étaient donc présentes en Auvergne, mais les déterminations des autres sÎtes restent ù effectuer, afîn d'iden-tifier laquelle des deux espèces était majoritaire,
Les Bovinés sont peu souvent différenciés, mais 15ison et 130s sont attestés clans les sites des deux vallées.
~{)tre
Llné' association r<_'nne/clle\',t1 quasi sy."!l<::'matiqué' (fig, 2 et rah/. 2) et le choix de [l'ois Ilerhi\'orcs comme gihier de pré-dikctioll (che\'al, bouquetin ou renne), Cette rebri" H:ment faihk représenlation quantitatin: du renne ~lll profit du chc\',d ct. SlirtOllt, du houqlletin est tout à fait originak'( ! 1.
Les aurres l~txons cbssiqucs ,lUX spectres magdaléniens sont plus rares
(cf
fig. 2) : grands hc'rhi\'{)I'e,"l, lagomorphes, CarniH)feS, sanglier el oiseaux, La présence de poissons n'est sign:dée qu'au Hond-du-Barry, La présel1<:e de rares restes de rnam-mOlltl/'i) cr de rhinoCl'l'OS laineuxl61H1ustrc la cliflicult[· dïdentifier J'origine de l'accumularion de certains restes, comme ceux des carni\'ores, des lagomorphes ct des oiseaux, en raison d'échantillons modestes, peu représentatif.., (absence de
(;lJ11i-s~lge) cr mal conselyés, Ainsi, l'analyse de lé) représentation des panics squelettiques et l'observation des traces sont souvent impossihles, Le prohlème nous semhle aigu pour le Rond-dll-Barry (tous niveallx) :
la
richesse el la diversité atypiques des specu'es appellent une étude cie l'origine de l'accu1l1ulaLÎon,~ 18 ,~ ,ài 16 0.. 14 :J lJl c:: 12 (1) 'E 10 '(1)
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~ ~ (jFig. 2. Représentation des espèces chassées dans les lB sites magdaléniens étudiés.
Ci) te bouquetin tÙl éll' Ch:lssé pr('férentÎellelHenl au l\lagdal('nicll que dans quelqucs -"iles des P)'l'énb .. '~ espagnoles (Straus, 19H7) cl fran(;;li.ses : la Vache (Pailhauguc, 1996), J.cs l:glises (Dclpec!l, Le Gall. 198,j: Delpech, Villa, 1995), Bekis (Crc'gul-Bonnourc in Sacchi, 199·}:
Fontana, en cours)
(5) Il s'agit d'} molaire :) Durif, d' 1 fragment dl' lame <:11 ivoire ri Enval II (,.'l de 17 fr;!gmcnrs cros longs au Hond-du-Bany (Poulain ill Barie Des 1 rcnncns, 1972),
M.f -M.s M.f -M.a 2 3a 3b 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Mammouth Rhinocéros Cheval Bos/Bison Bouquetin Chamois
1
Saïga
.
Renne Cerf Chevreuil Sanglier Renard Loup Ours Autres
carnivores
Lièvre Lapin Autres
rongeurs
Oiseaux Poissons Amph/Reptites Total
NR dét. SaÎsonnalitè
xx
XX X X ? X X ? X X? X 48 XX X X X X X X X X X X X XX X X X X X X X XX X: P. X X' V. jan-juin X X X X X X X X XX X X X XX X X X X bois X sp. X X X X? X X X X X X X: sp. 841 25 X X X X X X X X X X? X? X? XH X? X? X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X XH X X (2) X X sep-oct. arc: Ursus arctos. C : Cuon. H : Hyène, L: Loup. P : Renard pOlaire, V : Lièvre variable, sp' indé!., XX. esp. domino X X X XX XX X X X XC XX XX XX X 1212 X X X X X X XX X X XX X X X X XX X X X X X X X X X X Xsp XX? -X X X X X X X 1831 avril-oc!. mai-oct Tabl. 2. Taxons représentés dans les sites magdaléniens d'Auvergne, M.f, M.s. M.f. M.a. 1.,2.,3 ... cf. rab!. 1. X XX X X X:1
:1
-1 XX XX X X arc. H L X X X X X 'J.,I 1 X /, ;.. /Types de
chasse, saisons et
fonction des sites
Ces dOl1nl'cs d'ordre qU:lI1titati!" ct qu;!IitaLif doÎ\'enl ['lre consiclL'réc,.., ;I\CC pru-dencc, clr moins d'un ticl>; dL'S sile .. ..., contiennent des l'CSlcs f<luniques. el. parmi l'L1X.
un tiers sculemcnt fournissent quclqucs donné'cs quanliLatiH>s . .\I:lis. l"epLtct:cs dan~
leur conLexte gé()gr~lphiqllC. ces données laissent apparaîtn: des di!TL'n'nce~ cntre le~
deux \'<l110es,
* I/ml/(' l '(1 liée de I/llli(!}', seclL'lIr uord (Plly-c!e-J)(;me) ~l fig. 1 :
n·
son! des sitcs ' dl.' pblne uiritudc :)00- JOU 11)) ct de plein ,lir. situés cn Illajoriré' ;IU hord dl' L\1Iicr.- le chc\',d domine. uniqucmcnt ;IU bord du ilCUH\ alors quc Ic renne cst mieux
rcpré'scntl' lin peu plus loin (J)urîl' et Em'al JI).
le gibier de pré'dilection ne repr('scnLe j~llll<lis plus de 60 <H) endron (des re~·;te~
Lt cles indiddus) ; les spectrcs ne som donc pas fortCll1c'nl spl'ciali.sés,
l'unique donné'c dc saisonnalité (ù Fm'al JI) indique une ch~l. .... se au renne de printemps,
-- on note' la présence dl' I"antilope s;ùga et la rardc' du cerf (li n fragment de bois ù Env;ll II et peut-l'trc quelques restes aux J\brtres de Veyre) .
.. llc/I/le l'(fllée de I/I/Iier, sectellr sud (llol/Ie-Loire) : ce sont des ahris et des grottes situés il une altitude un peu plus élevée (SOO J 550 111), f\OllS ne pou\'ons encore présentcr de n::'slllt~!ts synthétiques : le Blot est en cours d'étude, et les échantillons dl' l'abri du Hond et de 'l'alevin sont très restreints.
'" J fOllle l'CIliée de la Luire (J-jlllltt!-Loire) : cc sont des sites de moyenne montagne (600-800
111.\
sous abri et en grotte.- le bouquetin ou le renne dominent les spectres. - les spectres sont plus diversifiés,
- les données de saison (de trois sires) indiquenL des chasses de belle saison uni-quement (avril-octohre).
on note
hl
présence constante et parfois fone du cerf l't l'abscnce de l'antilope saïga.Que nous révèlent ces différences entre la \"tlléc de l'Allier ct la vallée de
la
Loire?
D'un poinr cIe nie paléoendronnemental, la forte représentalion du chevaL la
présence cIl' l'antilope s~lïga eL la rareté du cerf dans rADier dé'montrent rexistencc d'un milieu ouvert et plutôt steppique, alors que, dans la Loire, la forte représenta-tion du cerf en général, les spectres plulôt " rorestiers )\ du Hond-du-Barry(7), à d\té
(7) ~!l'l1lL' si certain.'", t~lxon." se rC'\èlent d'origine non :lnlhropi(luc. la pré,'",v!1cl' dl' nos jJrÎmigeJ/ills
clu eI)l'\:d <.:1 du Il'nnl', indiquVIH li!! clî\'Ïronl1l'lllenl plu" \ariC' (plus :!ccidl'I1tl', ahsl'ncl' dl' l'antilope .'><.!ïga) ct [""->lIt-tLre lin dh'cl()ppl'Ilk'lll plu" pr(c()(l' dl.' b forl'l (Fontana, 199ô).
Lvs choix cie,.., autres gihkrs que Il' rennc ct ('elui de~ :-.iles som liC's <:l scmhk'lll an)ir t'll' bicn dille'l'ents scion IL' secteur gl'ogr:tphiqul' : sitL's de plein air Cil horel
<JAliier pour ks chc\ aux ct Ull peu plus loin pOlir Il's rennes, siles l'Il ahris ct en
groltes l'Il moyennc altitude pour le,'> bouquetin,.., ct les rennes Cil llallte-Loirl',
L'C'lUdc du BIOL l'st Ù cet L'g:rrd rrè's inll're~s;tnte : l'Il position gl'ogr~lphiqlll' inlenn('-diaire et (I;tns un el1\'Îronllcmcnt dl' f;tlaiscs. lequcl. du rennc ou du houquctin, ;l constitu(' le gibier de prédikclion :'
11 est l'ncore difficilc d'a/firme!' que ccs premiè'res diffC'rence . .., ohsen'['cs ;.;onl l'expression d'UIll' unitl' tCITitorble qui fonctionne de ra~'()n saisonn1t,'re entre les
h~lsscs terres du h:1.'" Allie!" ct les biaises dl' la Ilaute-Loire, puisqu'une seule donnc'e de saisonnalilé est disponihle en Allier. Si /cs siLes de la Loire L'taient d('SCl1é's en hi\'er (cc qui reste Ù confirmer), était-ce au profil" des sites de l'Allier?
Ces dis! inctions pcu\'l:nt L'galel1îcnt Lraduire une différenciatioll des ~iles (siles Crahallage ou siLes résidentiels), Illais leur fonction reste très dinkile ù apprécier. Certes. on pcut distinguc!' le Blot (I)elpol'Ie, 1972, 1980), le l<ond-du-Bany (Bayle Des l!t'rmens, 1972, 197H, 1979, 19H1, 19H6; B;lylc Des llermens, lleim, 19H9) el Durif-En\':.11 II (Bourdelle, ] 979<.1, 1979b; Bourdelle et (/l.. 1971 ; Bourdelle, Merlet. 1990, 199] ; Surmcly el [JI., 1(97) des autres sites plus modestes, ~l partir de la quan-tité de \'est iges er de leu r di \'ersité. Mais l'identification des siles résidentiels ct
spé-ciaJisés nécessite une détermination cie la s,lÏsonnalité cIe;.; chasses ct des modalités de traitement du gibier, ainsi que la mise en parallèle des données des études lithiques et fauniques dans celte perspective.
Si les modalités d'occupation des sites restent encore inconnues, l'hypothèse d'une unité territoriale enlre les deux vallées cs! renfôrcée par une autre donnée : l'origine commune de hl matière première siliceuse nllochtone. Celle-ci pose alors le prohlème de l'amplilude des déplacements, donc du type cLlcquisîtion de la suhsis-lance au sens large.
Types d'acquisition et déplacements humains
Origine du silex blond allochtone
L'étude de l'origine des m;ltières premières siliceuses (ressource fixe, à la diffé-rence du gibier) est l'élément indispensahle à l'élude des déplacements.
J)ans cette région, le silex est peu abondant et souvent dl' médiocre qualité, La quasi-totalité des site,..; magdalé'nicns contient une proportion importante d'un silex allochtone qualifié de silex blond. Les études technologiques ont mis en évidence le type de geslion de ce matériau : les premiers stades de
la
chaîne opératoire sont.\!nnll!'ll I l .... llhhl\\(1 "\~ .\1\(.1)\11'\11'\ '>11'J'lUIII{ 1 Il'\\!. 1\ :\1 \11(,,'\1
:-'OllS-l"l'prl'-'L'lll(S, b prl""l'I1Cl' de cclk'·ci l'st par!"oh limite,v ;"1 dt',,, ~lIppon:-. hruts ou rvlollcI1C'S. cl l,Ile l'ost UliJj~l'e ;tn'c l'CUlloll1je, ,<"oUH'nl rl'~l'f'l'l' ;) c!<:s ;-,upporr-; d'outil....
p~lnicllljl'r.'i (hurins dic'clres ,ni .\1agc.blC'nil'1l supl'rieur) (Br~lCCO, 1992: SUl'l11cly el (fI.,
199-).
LI dnnilTe dC'H:r11lÎIl:IlÎU!l cIL' l'origine (IL- Cl' silex hlond, cfkctlll'e p:1r lllinofacio-logic sur LImes lllinCl'S ~lll microscope pétrographique poblris:1I11. confirme Ie~ lra-'"aux d'A, ,\bSSOil (19H Il. Cl' silex prm'icnt dl' TOllr~ljne, plus prl'cisl.'ment dc," f()nn:llioIlS Ill:irinl'S clu CréLlCl' stlpC'ricur du Cl'ntre dl' b Fr~lI1cc, has:-.ins-n'rs:\nts dl' .' l'Indre el de la Creu:-.c. En effct, l'l.,tude a l1lonln':' la " présence cie minofossik,<., caractérL-.;tique-" des formations marines du Crétac(' supérieur" (SlIrlne!y el CIl" ,)
p:tr,tÎlre), l)'autrcs indicL's de conLtcts aH.'C Cl'lte rl'giol1 existent : certains fossiles <ammonites d'En\'al. Bourck:llc. l\lcrlcl. ]990) prm'icnnellt L'n effet du sud du Bassin parisien, cl des allinitC's de d(~hil~lge semblent exister mec des sitcs dl' la Sologne ))ourhonnaisL' (Gent y, 1979>.
Or, celle rl'gion d'approvisionnement l'sI éloignée (rem'Îron 200-2:;0 km de la llallle-Loire ;1 \'01 (l''oiseau, ce qui constitue pour l'instant, en Fr;mce, un cas excep-tionnel. En effd, dans le J\lagdalénicn d'Lurope occidcmale. les distances cl'appn)\'i-sionncll1cm sont sjlllé~cs entrc 0 ct HO km, les 200 km étant r,lrement dépassés (Fl'hlot-Allgustins, 1997), De plus, cet apprm'isionnemcnl concerne toUl le Pall'olithiquc supérieur ct toule l'Auvcrgne, exception bite du Cantal. qui constitue donc la limite de diJTusion occidcnUlIc cil' Cl' silex hlond CSurmcly ef
(/1..
ù paraître),Des acquisitions intégrées?
Quelles sont donc les stratt'giL's d'approvisionnement du silex blond ~ Le type d'acquisition est-il spécialisé, cffeclUé par une seule partie des groupes, ou est-il
intégr(~ au cycle annuel de nomadisme?
J
FéhlOl-Augustins suppose que les grandes distance .... d'approvisionnement cor-respondent ;) des (lctiviLés intégrées dans le cycle de nomadisme. Si cette situation cxcl:ptionnelle(K) correspond alors ;) un système d'acquisitions inll'gr0es, l'acC}uisiLion d'une autre ressource, comme lin gibier particulier, est-elle documentée? Les magda-léniens sc lan~'aient-ils donc à .. la poursuite des rennes )\? Cette hypothèse est fondée sur l'idée de migrations de renne c1 grande échelle ct sur la prédominance du rennc dans l'alimentation des magdaléniens, Nous ~lvons déjà critiqué ces idées (Fontana, 1995,1996),
comme Delpech(983)
Cl Straus (1995), D'une part, lesmigr~ltions de renne Ù gr~l!lde échelle, au \X"Clrm récent, sont remÎses en question depuis longtemps par BOllChucl clans le Sud-Ouest français (BOLlChucl, 1966a), dans
(H) Le CIS dl' l'approvbîol1nemenl en silex blond allochtolll' (dont l'origine esf encore inconnue) de certains sites pyrénéens el de CCliX de l'Aude constilllc peUl-être une seconde exceplÎon (S;\cchi, 1986: l'l'blol-Augustins, ]997),
r..
h),\T\\\ le Ih'isin dt' J'Audv, d~lI1s cCrl:line, .. rL'gions des P~rL'nl'l'S fr~ml';\isL·:-' (Fol1!;ma, 1 ()S)S) ct. comme on l'a \"lI. (hms les sites de J fallLe-LoÎre, 1)';lLltre part, rappelons que les IlwgdalL'nicns ll':\U\'l'rgne ~!ppréciaienl {out <.IlItant. \'oire da\ anlag<:, Il' cllC\' .. d cl Il' houquctin,Fn rait. la question de..; migrations peUl être :\pprL'hel1llée dl' cieux fa\,ol1s : J'l'tutie cil'
la
saisonnalitL' des ('h;\~ses sur dl" nombreux sires de plu ... il'lIrs n::'gion, ... adj:lcclltes (Gordon. 191)1): Burke, 1S)9':;) cl l:l clracté'risat1o!) Illl'triqLle des troupeaux (Iklpech, 19~':): Altuna. :\larrÎl'zkurrl'na in Straus, 19(5). Si ces deu.\: mC>lhodl's ",-demandent un corpus dl' donné'C's Irl:'s imp()rt~ll1t. U:'wdc ml'trique nous semhleinté-rl'~sante : comp.lrcr la laille des rennes dl' .sites de rC'gion,"'Î différentes pOlir démon-trer leur appartenance ù une mt'me popubtiol1, Dans IL, Ch cie dirfC'rell('es signifkati\'es, on considl're que les troupeaux compar('s ~ont isoll". .. géographique-ment, Cl' qui revient ~'l nier l'existence de migrations dl' grande amplitude. Ce typl' d'l,tudl' (menée pOLlf Il's sÎLes magcLIléniells dl' l'Aude, Fontana, en prl'p:lrarion) :-;era pellt-êtn: possihle au 15101 e[ l'l'st probahll'mcnt au Rond-liu-Barry.
Actllellemenl~ nOLIs n'~\\'()ns identifié ni la pré'sence dl' J'homme, ni celle des rennes, dans le l\lassif centr:tl en hi"er. Il est donc possible Cjuc les magdakniens
aun~rgnaLs se soÎenr dépbcés vers le nord pour c1wsser le rl'nne durant la migration
d'automne er le rut (ct s'approvisionner en .'ii/ex), J'dais cette hypothèse se heurte à deux idées :
la
présence des rennes ù T.ltevin, en automnc, juste a ,,:1 ntJe
rut(cl:
t;\))1. 2), et le caractère hypothétique dl' la " c!é'scr(ÎO!1 " des hautes vallées de la Loire
ou de l'Allier en hÎ\'el'. La comparaison des populations dl' renne du Blot ct du Bassin parisien (Pince\'ent l't Verberie) l'st donc parrkulil'rement souhaitahle.
Bien que tOLItes \cs hypothèses soient envÎsageahles~ nous retiendrons deux
SL'l'-narios possibles:
- une désertion des cieux "allées durant l'Ilin:r : clic démontrerait le système d'acquisitions intégrées, silex et gihier (mais pas nécessaÎrement le renne) et cles déphlcements (supposés) vers le nord; dans cc cas, le territoÎre cie ces groupes
sera it tn'_,s vaste;
- une complémc11larité saîsonnière Allier-Loire. La question clu type d'acquisition du silex serait alors plus problématique à ~I ppréhender. L'C'Lude archéozoologique cles sites des bords de l'Allier (secteur nord) nous dira si des sites d'acquisition SPl'-cialisl'c de gibier ont existé ~l cet endroit.
Conclusion
Les donnl'es archéozoologiqucs sont encore restreintcs, ct Ic~ anciennes collec-tions ne pennetlent pas d'appréhender les quescollec-tions inconrournahles comme l'origine des accumulations ct l'analyse dl' la reprl'sentation des parties du squelette. La majorité des collections ne sont pas datées de façon absolue. De plus, si le
cor-tège faunique s'est modifit:, autour de 12000 HP (comme LI montré F. Delpech, 19B9), el si les magdaléniens ont modifié leurs choix ct leurs stratégies, nous ne Je perce\'ons pas(9l. La mulriplicltion des datations absolues (~-r note 1) deuaÎl rCJll('-dier <1 cc prohlèmc. Le réexamen des collections anciennes est également impt'r:ltif; il permellra cI'en extraire ('\'cntuc:llcment des données rcbtî\TS à la 1'aÎSonnalité des chasses. Enfin, les études en cours des IVbrrrcs de Veyre et du Blot. eJTcctuées dans la perspccti\'l' de cc Lra\'ilil, seront cl'un apport capital.
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