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A NOUS DEUX, FREDERIC D.

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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A NOUS DEUX...

Une rose, le coeur froissé, chiffonné, livrée à mon regard, et l'imagination vagabonde.

Semblable à la couche fraichement quittée le matin, après une nuit de

sommeil, qui, semble-il ne fut pas que de sommeil, à moins d'avoir laissé en paix celui qui s'était allongé près de moi. Quelques minutes nécessaires pour que le café s'écoule, et de retour pour froisser un peu plus le drap et en

percevoir encore la chaleur et la fragrance témoins que la nuit a connue une certaine agitation. Ai-je la mémoire, la force du souvenir de celle-ci ?

Tu ouvres un oeil, me souris, puis, sur le dos, regardant le plafond tu m'offres ce profil pour lequel j'avais craqué, quelques heures plus tôt, à la terrasse d'un café.

Tout en partant de ton profil grecque, je me sentais fondre. Sans te connaitre, à mon habitude, préférant un refus à la frustration, j'avais osé m'avancer jusqu'à toi pour te dire combien ton profil me touchait. Ce nez parfaitement dessiné, le cheveux brun, court, la barbe légèrement plus claire, je me souviens t'avoir dit "Tu es très plaisant à mon regard" C'est alors que tu as légèrement tourné la tête. Tes yeux, à hauteur des miens, semblaient avoir déjà exprimé ce que j'allais entendre de ta voix chaude, révélatrice de

masculinité et sensualité mêlées, que c'était très gentil de ma part et que tu appréciais cette démarche, le tout avec un large sourire me poussant à te proposer de déposer sur ta joue un baiser. Tu ne le refusas pas et en réclamas même un second, pour lequel, je ne sus résister.

Comme à mon habitude, non sans te remercier, je rejoignais ceux que

j'accompagnais, tout en veillant à te conserver dans ma ligne de mire, et faire en sorte que tu puisses toujours avoir, si tu le souhaitais, un oeil sur moi... Je n'ai pas compté le nombre de fois où nos regards se croisèrent durant la soirée... Je garde juste le souvenir de te voir t'approcher, l'oeil fixé sur moi, droit, le visage lumineux, et me sussurant à l'oreille gauche, que tu serais heureux de poursuivre la soirée en ma compagnie...

Je ne sais plus ce que je t'ai répondu, j'optais pour ta compagnie, délaissant celle de mes amis, pensant qu'avec toi j'avais d'autres sujets à aborder. Tout en toi éveillait mon désir, celui de t'entendre, de te regarder, te

contempler... Aller chercher au fond de toi celui que tu es, peut-être pouvoir te toucher... A cet instant, c'est ta main qui vient surprendre la mienne. La

douceur de nos mains est d'un contact soyeux. Alors que sous la table du restaurant dans lequel nous nous étions installés, s'entame un jeux que nos regards, par dessus, soutenaient, il nous faut l'interrompre, le plateau s'étant garnie de ce que nous avions commandé au serveur qui, loin d'être naïf, avait probablement le scénario en filigrane dans la tête. Au moment de notre

départ, il osa ces paroles "Passez une bonne soirée les garçons"... Nous nous regardons toi et moi, le sourire aussi complice que le regard.

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Savait-il que tu me suivrais jusque chez moi, qu'au plus vite, nous nous retrouverions sous cette couette dont le drap du dessous tendu n'attendait que le contact de mon corps pour lui indiquer que la nuit était venue... Il ignorait que nous allions être deux... Qu'il serait soumis à des ébats dont l'intensité lui était encore inconnue.

Tes mains, tes jambes, ton torse, ta tête, tes bras, ton dos, le creux de tes reins, tes aisselles, ton entre jambes, les parties les plus intimes de ton corps... je goûtais tout tel l'ogre insatiable. Tu as ce goût salé, légèrement acide, par endroit délicatement parfumé... Autant d'espace sur lequel je prends un délicieux plaisir à m'attarder.

Ce matin, ta bouche a conserver cette saveur, découverte la veille, en sortant du restaurant. Elle demeure gourmande, généreuse, délicieuse...

Je te tends cette tasse de café fumant, que, les yeux dans les yeux nous buvons. Ton regard pétille, tu regardes le drap froissé, chiffonné et dit : " quelle nuit agréable je viens de passer près de toi". J'en rougis, laisse une petite larme couler sur la joue droite et te retourne à peu de choses près, les mêmes mots. Tu me souris.

Toi et moi, heureux, l'espace d'une nuit... Peut-être y aura-t-il plus, peut-être pas. Il est bon de savoir trouver contentement de l'instant vécu et si il y a récidive, ni l'un ni l'autre ne seront condamnés. Au contraire.

Aimer, comme il est bon d'aimer, même si c'est un amour éphémère. Pourquoi faudrait-il se le refuser.

Frédéric Debuiche.

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