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Aspects microstructuraux de la déformation cyclique dans les métaux et alliages C.C. et C.F.C. II. — Saturation cyclique et localisation de la déformation

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(1)

HAL Id: jpa-00245220

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00245220

Submitted on 1 Jan 1984

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Aspects microstructuraux de la déformation cyclique dans les métaux et alliages C.C. et C.F.C. II. - Saturation cyclique et localisation de la déformation

T. Magnin, J. Driver, J. Lepinoux, L.P. Kubin

To cite this version:

T. Magnin, J. Driver, J. Lepinoux, L.P. Kubin. Aspects microstructuraux de la déformation cyclique dans les métaux et alliages C.C. et C.F.C. II. - Saturation cyclique et localisation de la déforma- tion. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1984, 19 (7), pp.483-502.

�10.1051/rphysap:01984001907048300�. �jpa-00245220�

(2)

Aspects microstructuraux de la déformation cyclique dans les métaux

et alliages C.C. et C.F.C. II.

2014

Saturation cyclique et localisation de la déformation

T. Magnin, J. Driver, J. Lepinoux (*) et L. P. Kubin (*)

E.N.S. des Mines, Département Matériaux, 158, Cours Fauriel, 42023 St Etienne Cedex, France (*) Laboratoire de Métallurgie Physique (+), Faculté des Sciences,

40, avenue du Recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex, France

(Reçu le l erdécembre 1983, révisé le 26 mars 1984, accepté le 4 avril 1984)

Résumé.

2014

Cet article constitue la seconde partie d’une revue critique consacrée aux mécanismes physiques de l’endommagement par fatigue. La localisation du glissement et les microstructures obtenues au cours de la satura- tion cyclique sont examinées dans le cas de monocristaux des métaux C.C. et C.F.C. purs et alliés. Les causes micro-

scopiques de l’endommagement en surface sont envisagées à partir des modèles actuels décrivant la saturation,

et en particulier les régimes permanents dans les Bandes de Glissement Persistantes. Enfin, les données permettant d’établir une corrélation entre le comportement des monocristaux et celui des polycristaux sont discutées.

Abstract.

2014

This article is the second part of a critical review on the physical mechanisms of fatigue damage. The

localization of strain, and the microstructures formed during cyclic saturation in both pure and alloyed single crystals of B.C.C. and F.C.C. metals are described. The microscopic aspects of surface damage are examined follow-

ing recent models of the saturation and, in particular, of the permanent regimes in Persistent Slip Bands. Finally,

the relations between the cyclic behaviour of single and polycrystals are discussed.

Classification

Physics Abstracts

62.20M - 81.40N

Dans une première partie de cette revue [1] (notée 1

dans ce qui suit) ont été examinés les mécanismes de la consolidation cyclique. Cette seconde partie est

consacrée à la saturation cyclique et à la localisation du glissement, en insistant plus particulièrement sur

les aspects microstructuraux et leurs conséquences.

Sont passés successivement en revue les comporte-

ments des monocristaux C.C. et C.F.C., de leurs

alliages, puis la corrélation monocristal-polycristal.

Les notations utilisées sont celles définies en I.

1. Localisation de la déformation plastique au cours

du cyclage.

Lorsque le taux de durcissement (ou d’adoucissement) cyclique devient voisin de zéro, l’état de saturation est

généralement atteint. Celui-ci correspond, en pre- mière approximation, à un équilibre entre annihilation et création de dislocations à partir des microstructures formées pendant la consolidation. Pendant l’état de saturation, la microstructure de dislocations peut

(+) L.A. 131 CNRS.

donc évoluer. De plus, cet état (ainsi que les derniers stades de la consolidation cyclique) est généralement

lié à une localisation de la déformation plastique, phénomène essentiel en fatigue, puisque les diverses formes de localisation qui vont être décrites ci-après

sont à l’origine de l’amorçage des fissures.

1.1 DIFFÉRENTS MODES DE LOCALISATION RENCONTRÉS.

-

Suivant la structure et l’orientation des cristaux, plusieurs formes de localisation peuvent être ren- contrées. On observe les cas suivants :

-

Les bandes de glissement, semblables en morpho- logie à celles observées en déformation monotone et constituées d’amas de lignes de glissement. Ces bandes

se forment notamment dans les matériaux C.C. solli- cités dans le régime « basse température » (T TJ [2, 3], ainsi que dans les matériaux C.F.C. à faible EDE semble-t-il. La structure interne est constituée de cellules de dislocations bi-dimensionnelles à l’intérieur

desquelles se déplacent des dislocations accommodant la déformation plastique. Dans ce cas la réversibilité du glissement est importante.

-

Les bandes de glissement persistantes (BGP),

que nous avons évoquées précédemment et qui cor-

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:01984001907048300

(3)

respondent à l’instauration d’un régime permanent lié à une importante irréversibilité de la déformation

plastique. Elles se différencient notamment des

précédentes par le fait qu’elles apparaissent après polissage électrolytique, aux mêmes lieux qu’avant polissage. Leur structure interne est très particulière ;

elle a fait l’objet de nombreuses études, notamment

sur les C.F.C. comme nous le verrons ultérieurement.

Les BGP constituent une structure spécifique de la fatigue.

-

Les bandes de déformation. Sous ce terme général

on peut rencontrer occasionnellement les trois types de bandes suivants :

-

Les pliages en genoux (kink bands) qui corres- pondent à une flexion locale d’une zone du cristal.

Elles se forment généralement en déformation mono- tone et cyclique, dans des cristaux orientés pour le

glissement simple. Ces bandes, constituées essentielle-

ment d’accumulations de dislocations coins, sont perpendiculaires à la direction et au plan de glissement

de la matrice. Elles ont été observées en déformation

cyclique sur des cristaux d’Al, de Nb et de Fe a notam-

ment [3, 4, 5].

-

Les bandes de glissement secondaires observées notamment dans les cristaux C.F.C. présentant deux

ou quatre systèmes de glissement sollicités [6]. Elles

ressemblent fortement, en morphologie, à celles obser- vées en déformation monotone dans le fer a [7], maté-

riau pour lequel deux systèmes ne peuvent coexister dans une même zone du cristal. Ce type de bande est

encore peu étudié en fatigue.

-

Les bandes de cisaillement, observées jusqu’ici,

en fatigue, uniquement dans des cristaux C.C. orientés

proches de 111 > [8, 9]. Ces bandes, qui se produisent

au cours du cyclage pour une contrainte critique donnée, ont une cristallographie bien précise : cisaille-

ment sur les plans { 001 } dans une direction 110 >.

Lorsque le durcissement cyclique atteint une valeur critique pour laquelle le cisaillement {001 } ( 110 >

devient énergétiquement favorable (cas des cristaux C.C. Fe-6 Si et Fe-26 Cr), celui-ci apparaît. Il est dit

« catastrophique » car il conduit rapidement à la rup- ture. Du point de vue microstructural, on constate la formation de joints de flexion dus à l’interaction des dislocations de glissement se déplaçant sur des plans

sécants. Ceci provoque la formation de zones déso- rientées dans le cristal dans lesquelles le cisaillement

prend place. Une généralisation de ce phénomène

à d’autres matériaux C.C. semble tout à fait possible.

De tous ces modes de localisation, le plus couram-

ment rencontré en pratique est constitué par les BGP,

décrites en détail dans les paragraphes suivants.

1.2 LES BGP DANS LES MATÉRIAUX C.F.C. MONO-

PHASÉS.

-

L’essentiel de nos connaissances sur les aspects statique et dynamique de la microstructure

a été obtenu sur le cuivre [10-13], mais les observations réalisées sur le nickel révèlent un comportement et

des structures tout à fait semblables [14-16]. L’étude

des alliages C.F.C. montre cependant entre autres,

une forte influence de l’EDE sur la microstructure

et le comportement cyclique.

1. 2.1 Cas du cuivre monocristallin (glissement simple).

-

a) Les différentes « phases » en présence (tempéra-

ture ambiante).

-

Le terme de « phases fait réfé-

rence au modèle de Winter décrit en 1 § 3.1.2. Les

sous-structures que nous décrivons maintenant peuvent être comprises qualitativement à partir des propriétés évoquées en 1 § 2.2. 1 : les dislocations coins ou mixtes (de même vecteur de Burgers au signe près lorsqu’on est en glissement simple) interagissent

fortement et tendent à s’assembler en arrangements denses (murs, veines). En revanche les dislocations vis, qui peuvent s’annihiler par glissement dévié, peuvent maintenir une densité plus faible associée à de longues

distances de parcours. Cette ségrégation entre les

Fig. 1.

-

Reconstruction tri-dimensionnelle de la sous- structure de dislocations d’un monocristal de cuivre déformé à yp = 1,5 x 10-3 dans le domaine de la saturation (la

direction en pointillé représente l’axe du cristal) [13].

[Three dimensional montage of the saturation dislocation

substructure of a copper crystal deformed at yp = 1.5 x

10-3 (the dotted line represents the crystal axis) [13].]

(4)

dislocations de différents caractères ne doit pas masquer l’existence d’échanges continuels par le biais des mécanismes de multiplication et de propagation

des boucles de dislocations.

La Matrice. Dans le plan de glissement, cette phase présente l’aspect de veines denses, en moyenne allon-

gées suivant la direction coin [121] et délimitant des

canaux pauvres en dislocations [17, 19, 10], comme le

montre la figure 1. On voit également sur le montage de cette figure et dans une section (121) où la direction coin est vue par le bout, que veines et canaux, ceux-ci ayant un diamètre moyen de 1,2 kim [20], occupent des fractions volumiques sensiblement égales. On

estime à 1012/m2 la densité de vis dans les canaux et à

1015/m2 la densité de dislocations dans les veines qui apparaissent formées de dipôles et de multipôles coins, mais aussi de dipôles fautés [21, 22]. La forte

densité moyenne de cette structure explique sa faible déformabilité ; elle constitue la phase « dure » du

modèle de Winter (yp@m - 10-4, cf. Fig. 2) prépondé-

rante au début de la région B de consolidation cyclique.

Dans la seconde moitié de la région B (yp > 10-3), la

microstructure se modifie en raison de l’apparition

du glissement secondaire [23, 12, 13], de manière un

peu analogue au stade II de la déformation monotone, mais dans de plus faibles proportions. On peut alors localement observer des configurations du type « laby-

rinthe » [24] semblables à celles obtenues sur polycris-

taux (cf. § 2).

Fig. 2.

-

Courbe d’écrouissage cyclique de monocristaux de, cuivre. Le stade de saturation (B) est celui où la déforma- tion se localise en une fraction volumique croissante de BGP [20].

[Cyclic stress-strain curve of copper single crystals. The

saturation plateau (B) corresponds to an increasing volume

fraction of PSB [20].]

Les Bandes de Glissement Persistantes ont déjà été

décrites à l’échelle optique en I § 3.1. La figure 1

montre leur structure caractéristique en échelle (ladder structure) dans le plan (121). Tout comme dans la

matrice on distingue des murs allongés dans la direc- tion coin, de même nature et densité [21, 25], délimi-

tant des canaux de largeur moyenne - 1,2 gm où la

densité de vis est nettement plus forte que dans la matrice (1 à 2 x 1013/m2 ) [10, 12, 20]. Cependant,

les murs n’occupent cette fois qu’environ 10 % du volume, ce qui explique la plus grande déformabilité de cette phase (03B3p,BGP ~ 10- 2, cf. Fig. 2). Conformé-

ment au modèle de Winter, la fraction volumique de

BGP croît avec yp de manière à accommoder la défor- mation imposée. Comme décrit ci-dessus dans le cas

de la matrice, la structure des BGP se modifie graduel-

lement dans la seconde partie de la gamme B, sous l’influence de l’initiation du glissement secondaire.

Le stade ultime de ces transformations est constitué par une structure en cellules [10, 26, 27].

Les Cellules constituent la phase dominante dans le domaine C où le cristal déformé redevient « mono-

phasé » comme dans la gamme A. Cette structure cellulaire analogue à celles rencontrées en déformation monotone, a un diamètre moyen qui diminue avec yp,

inférieur aux largeurs de canaux des phases précé-

dentes soit environ 1 pm [28, 29]. Les parois, où l’on

rencontre plusieurs vecteurs de Burgers, car on est

alors en glissement multiple, semblent plus étroites que les murs des BGP.

b) Influence de la température.

-

Basinski et al. [11] ]

ont étudié les variations e a contrainte de saturation LS avec la température (cf. Fig. 3) et ont montré que

Fig. 3.

-

Variation de la contrainte de saturation des BGP dans le cuivre, en fonction de la température [11].

[The variation of the PSB saturation stress in copper as a

function of temperature [11].]

(5)

Fig. 4.

-

Influence d’un changement de température sur

l’activité des BGP. En (a) il y a coexistence de BGP fines formées à 77 K et de BGP formées à 295 K. Le schéma (b)

résume les résultats obtenus (voir texte) [11].

[The influence of a change in temperature on the activities of the PSB. In (a) the fine PSB, formed at 77 K coexist with the PSB formed at 295 K. The schematic (b) summarizes

the results (see text) [11].]

celles-ci étaient liées à des changements microstruc- turaux dans les BGP : la largeur d des canaux varie en

effet comme 1/03C4s et on notera l’analogie qui n’est pas fortuite avec la contrainte de Frank-Read sur un

segment de dislocation de longueur d. Si l’on change

la température une fois la saturation établie, LS évolue

vers sa valeur à la nouvelle température d’essai.

Parallèlement, la microstructure évolue comme indi-

qué sur la figure 4 : dans le cas d’un abaissement de

température, de 295 à 77 K, les mêmes BGP restent

actives, mais leur largeur de canaux devient égale à

celle des BGP directement formées à 77 K. En revanche, dans le cas d’une élévation de température,

il n’y a pas de corrélation entre les nouvelles et les anciennes BGP; il semble donc que ces dernières soient inactives après le changement de température.

c) Transformations entre phases.

-

La formation

de la phase BGP et sa disparition en fin de plateau

de saturation ne sont pas des phénomènes aussi abrupts que le suggère le modèle idéalisé de Winter.

Les BGP peuvent apparaître à faible contrainte au cours du stade de consolidation (cf. 1 § 3.1.2). Au

cours de la saturation, de nouvelles BGP peuvent

apparaître [30]. Ceci permet de maintenir constante leur fraction volumique car certaines d’entre elles cessent d’être actives pour se transformer en cellules.

C’est ce qu’a montré Wang [31] en déformant des monocristaux de cuivre à yp = 2 x 10-3, sous vide,

afin d’augmenter leur durée de vie jusqu’à 3,6 x 106 cycles. La structure de BGP est alors complète-

ment transformée en cellules. Cette évolution de la microstructure au cours de la saturation est liée à l’intervention du glissement secondaire [26, 32]. Elle

est toutefois bien plus lente que celle observée au cours de la consolidation, d’où l’intérêt de l’approche développée par Winter.

d) Les mécanismes de déformation dans les BGP.

-

Les observations [11-13]. La figure 5 montre une

BGP où les dislocations ont été figées sous contrainte

par irradiation aux neutrons. L’examen des rayons de courbure montre que la contrainte locale moyenne est faible au niveau des canaux (03C4c ~ Ls/2) et beaucoup plus élevée au niveau des murs (T. - 2 rj. Les BGP

peuvent donc être considérées comme une structure

composite, formée d’une phase « molle », les canaux (fraction volumique fc) se déformant en parallèle

avec une phase « dure », les murs (fraction volumique fm). La contrainte de saturation est alors donnée par

une loi des mélanges :

Cette loi est en bon accord avec les mesures de con-

traintes locales im et Le (la valeur de T. est - 28 MPa).

On considère généralement qu’au cours de la satura-

tion les BGP atteignent un régime permanent de

Fig. 5.

-

Observation de la structure des BGP après

ancrage sous contrainte des dislocations dans un mono-

cristal de cuivre cyclé à saturation à 03B3p ~ 5 x 10- 3. La section est parallèle au plan de glissement primaire. Noter l’émergence de boucles coins à partir des murs [13].

[The structure of a PSB, observed after dislocation pinning

under stress, in a copper crystal cycled to saturation at

yp - 5 x 10 - 3. The foil is parallel to the primary slip

plane. Note the emergence of edge loops from the walls [13].]

(6)

Fig. 6.

-

Schéma des mécanismes de multiplication et

d’annihilation des dislocations vis dans les BGP. L’irréver- sibilité du mouvement des vis se traduit par la production

de deux segments coins tels que AB [24].

[Schematic of the screw dislocation multiplication and

annihilation mechanisms in the PSB. The irreversibility of

the screw displacements leads to the formation of two edge segments such as AB [24].]

déformation au cours duquel leur structure n’évolue

pas, en première approximation. C’est donc que, à la fois pour les vis et les coins, la multiplication est

exactement compensée par l’annihilation. La figure 6

schématise ce processus : l’émergence d’une boucle

coin à partir d’un mur crée deux segments vis et dépose

un segment coin sur le mur opposé. Dans les canaux,

les dislocations vis de signe opposé interagissent au

cours de leur mouvement et s’annihilent par glisse-

ment dévié si la distance entre leurs plans de glissement

est inférieure à yv ~ 500 A. Cette distance critique d’annihilation, yv, est un paramètre essentiel des modèles de BGP. On s’attend à ce qu’elle dépende

de l’EDE du matériau considéré, de la température

et de la vitesse de déformation, par le biais des méca- nismes du glissement dévié. Le mouvement des seg- ments vis dans les canaux n’est pas totalement réver- sible en raison de leur annihilation ; il laisse donc dans les murs des segments coins (cf. Fig. 6) qui ne peuvent s’annihiler que par montée locale (la distance critique

est alors estimée à yc ~ 15 A à 300 K). L’ensemble de

ces mécanismes doit conduire à des densités cons- tantes de vis et de coins (py, p,,,) au cours de la saturation.

Les observations effectuées sur la phase matrice suggèrent que la multiplication y est négligeable.

Ceci implique qu’à saturation, la faible déformation

produite dans cette phase pourrait être assurée par

un mouvement de va-et-vient quasi réversible d’une densité constante de dislocations vis [13]. On peut

également considérer qu’un régime permanent s’éta- blit mais avec un très faible taux de renouvellement des dislocations, par contraste avec les BGP [24].

Les modèles. Nous n’en donnerons ici que l’articu- lation. La mesure des paramètres microstructuraux

a permis à Mughrabi [33] de modéliser le comporte-

ment dynamique décrit ci-dessus : la déformation

plastique yp,,,,p dans les canaux est scindée en Cv 03B3p,BGP, contribution des vis et (1

-

Cv) 03B3p,BGP, contribution des coins. On peut écrire :

°

où L,12 est la distance moyenne de parcours d’une vis

pendant 1/4 de cycle. La densité de vis atteinte en

régime permanent, 03C1s, est dictée par la distance critique

d’annihilation YV’ Ce raisonnement conduit à :

où le paramètre n, tient compte d’observations en

MET qui suggèrent que les vis sont arrangées en

groupes de nv dislocations de même ligne.

On définit alors un paramètre 03B2, qui indique si la

structure observée se trouve ou non en équilibre dynamique :

L’application numérique, utilisant les données obte-

nues en MET, et en supposant C, - 1 (l’essentiel de

la déformation étant alors assuré par les vis) et nv = 3, conduit à = 1 dans les BGP (équilibre dynamique)

et fl = 0,024 dans la matrice.

L’étape suivante consiste à étudier l’irréversibilité du mouvement des vis dans les BGP que conditionne le taux de production des dislocations coins, mais

surtout l’endommagement progressif de la surface des échantillons. Essmann [34] évalue par un traite- ment statistique et en fonction du paramètre fi, le

parcours irréversible des vis lirr. Ce parcours est défini

(cf. Fig. 6) comme la distance entre le lieu de création d’une dislocation vis et son lieu d’annihilation. Si 1 est la distance totale parcourue par une vis entre sa

création et son annihilation, l’irréversibilité du glisse-

ment des vis est définie par : x = li,,/l. Le calcul

d’Essmann conduit, pour les BGP (fl = 1 ) à x = 0,42

avec lirr ~ 1,3 03BCm et 1 - 3 03BCm. L’irréversibilité de la déformation totale, 03B3p,irr/03B3p, est finalement trouvée de l’ordre de 0,1 à 0,2 en bon accord avec une estima- tion obtenue par Woods [10] sur des alliages Cu-5 Al.

Ces modèles ont été récemment revus et généralisés

à partir de mesures effectuées in situ [24]. Ainsi, il

semblerait que dans les BGP on ait plutôt C, = 1/2

et nv = 1, avec une « durée de vie » moyenne des dis- locations vis égale à 1/7e de cycle. Le taux d’irréversi- bilité YBGP est trouvé égal à 0,85, soit environ vingt fois plus fort que dans la matrice. Cette version des modèles d’équilibre dynamique fait apparaître l’impor-

tance fondamentale des mécanismes de glissement

dévié et rend bien compte des observations micro- structurales effectuées en MET.

1.2.2 Cas d’autres métaux ou alliages C.F.C. mono-

phasés.

-

Si le nickel a fait l’objet d’études dé-

taillées [14-16, 28, 35] peu de données se rapportent

(7)

Tableau 1.

-

Propriétés caractéristiques des BGP et de la matrice dans les métaux et alliages C.F.C. Le cas du fer + 140 ppm at. C (C.C.), déformé à 03B5p = 2,5 x 10-5/s est indiqué pour comparaison [33].

[Characteristic properties of the PSBs and the Matrix in F.C.C. metals and alloys. Values concerning B.C.C.

Fe + 140 at. ppm C, strained at 03B5p = 2.5 x 10- 5/s are indicated for comparison [33].]

à l’argent [13J et, à notre connaissance il n’existe pas de travaux sur l’aluminium dans des conditions de solli- citation telles que la comparaison avec le cuivre ou le

nickel ait un sens. Plusieurs alliages dilués, essentielle-

ment à base de cuivre ont également été caractérisés : Cu-Al [36-39, 10] Cu-Co [38], Cu-Zn [40] ainsi que

Al-Mg [41]. Le tableau 1 montre que dans les métaux

et alliages, les caractéristiques des BGP sont assez

uniformes. En particulier, la contrainte de saturation

rapportée au module de cisaillement reste sensible-

ment constante. Pour les C.F.C. purs, on peut définir

avec une bonne précision le seuil d’apparition des

BGP à la température ambiante :

et

Si dans le nickel le comportement mécanique et les

microstructures sont tout à fait similaires à ce qui a

été décrit plus haut pour le cuivre, ce n’est pas tout à fait le cas pour l’argent [13]. En effet, les BGP y appa- raissent pour yp = 6 x 10-5, et occupent tout le volume de l’échantillon à yp = 7,5 x 10-’. Cepen-

dant la contrainte de saturation ne reste constante que jusqu’à yp - 2 x 10-4, et augmente ensuite

avec yp d’une manière complexe.

L’étude systématique des alliages Cu-Al montre qu’au-delà d’un taux d’alliage de - 5 %;, les BGP

sont rapidement remplacées par des bandes de glisse-

ment planaire. Jusqu’à cette valeur, leurs caractéris-

tiques sont très voisines de celles du cuivre pur.. On voit donc que l’influence de l’EDE sur les caractéris-

tiques des BGP n’est pas progressive (F - 50 mJ/m2

pour Cu et 5 mJ/m2 pour Cu-5 Al). Il semble qu’il y ait plutôt un domaine d’existence des BGP où leurs

caractéristiques n’évoluent que lentement et une limite inférieure de l’EDE au-delà de laquelle en l’absence

de glissement dévié elles ne se forment plus. La

figure 7 montre cependant que dans Cu-5 Al l’aspect

des BGP s’est sensiblement modifié.

Dans ces alliages et contrairement à ce que l’on

Fig. 7.

-

Structure des canaux dans une lame de Cu-5 % Al

d’orientation (121) fatiguée à y, = 8,6 x 10-3 (comparer

avec Fig. 5) [10].

[The structure of canals in a Cu-5 % Al (121 ) foil after fatigue

at yp = 8.6 x 10 - 3 (compare with Fig. 5) [10].]

(8)

considère généralement, il n’apparaît pas de relation

simple entre l’EDE et la durée de vie. Ainsi, la durée de vie diminue linéairement avec l’amplitude, et donc

avec le volume de BGP, lorsque celles-ci sont pré-

sentes. La comparaison avec les alliages Cu-Al [40]

montre que la diminution de l’EDE n’améliore pas

systématiquement la durée de vie. Le tableau II montre que celle-ci varie au contraire de manière

hétérogène; il en va de même pour l’énergie totale

absorbée jusqu’à la rupture (cf. Fig. 8).

Tableau II.

-

Durées de vie des alliages Cu-Al en,

fonction de leur teneur en aluminium, à yp = 1,08 %; [40].

[Fatigue life of Cu-Al alloys of various concentrations at yp = 1.08 %, [40].]

1. 2. 3 Conclusion.

-

Grâce aux études intensives menées sur le cuivre, des modèles décrivant l’équilibre dynamique des dislocations dans les BGP ont été mis

au point. Le tableau III qui résume le schéma logique

de ces modèles, illustre également l’importance du glissement dévié. Nous montrons plus loin (§ 1.4)

comment ces données peuvent être prolongées de

Fig. 8.

-

Absorption d’énergie à la rupture (Ae) pour des cristaux de Cu-Al de composition variable à yp = 1,08 x 10 - 2. La transition entre glissement par dislocations par- faites et glissement par dislocations partielles a lieu entre 7

et 11 % Al [40].

[The absorbed energy at failure for Cu-Al crystals of diffe-

rent compositions cycled at yp = 1.08 x 10- 2. The transi- tion between slip controlled by perfect and partial disloca-

tions occurs between 7 and 11 % Al [40].]

manière à aboutir à une évaluation de l’endomma- gement en surface.

Ces modèles nous incitent à établir une analogie

entre la contrainte de saturation et la contrainte de début de stade III en sollicitation monotone [41]. On

définit ainsi une contrainte critique de glissement

dévié dans les BGP, qui est fonction de la température,

de l’EDE et de la vitesse de déformation.

Tableau III.

-

Principe et conséquences de l’équilibre dynamique entre multiplication (+ ) et annihilation (- ) des

dislocations dans les BGP. On notera l’importance du glissement dévié et ses conséquences possibles sur la formation

de sites de fissuration [24].

[Principle and consequences of the dynamical equilibrium between the multiplication ( + ), and the annihilation

( - ) of dislocations in PSBS. Note the strong influence of cross-slip and its possible consequences regarding the

formation of microcrack sites’124].]

(9)

Cependant, les études visant à préciser expérimen-

talement ces dépendances, en particulier l’influence de l’EDE, sont encore en nombre insuffisant. Ainsi, si les études précédemment menées sur le cuivre se justifient

par la nécessité d’accumuler un grand nombre de données, il serait maintenant utile d’aborder une plus grande variété de situations expérimentales (alliages

à base de cuivre, mais surtout l’aluminium).

On notera dans le tableau I, la présence du fer a qui

est de structure C.C. (voir aussi § 1. 3 ). Compte tenu

de leur généralité, il est vraisemblable que les modèles de BGP puissent s’appliquer, moyennant quelques modifications, à des matériaux de structure autre que C.F.C. Enfin, la mise en évidence des BGP lors de la sollicitation cyclique de polycristaux (cf. § 2) confirme

l’intérêt d’une étude plus approfondie de ce méca-

nisme de localisation de la déformation.

1.3 FORMATION DES BGP DANS LES MATÉRIAUX C.C.

MONOPHASÉS.

-

Le comportement des dislocations dans le réseau C.C. est très sensible à l’activation ther-

mique comme les analyses effectuées en MET l’ont montré (cf. I § 3.2). Ainsi, dans le domaine basse

température (T T a) pour lequel l’activation ther-

mique est faible, le glissement dévié est difficile, et les contraintes à longue distance faibles ; la formation des BGP n’est alors pas favorisée. C’est ce que con-

firment les observations effectuées sur des cristaux de fer a purs et de Nb [13] pour lesquels aucune trace

de BGP n’est décelée. Dans ce cas, l’évolution de la microstructure et des caractéristiques mécaniques (courbes (Js(LBep») a lieu suivant la courbe (1) de la figure 9. Des bandes de glissement (non persistantes)

se forment à partir de la structure cellulaire, pour

4Ep > 1{)- 3, mais les effets d’asymétrie de glissement

entre traction et compression induisant un changement

de forme (cf. 1 § 3 . 2 .1 ), conduisent en fait à des rup- tures prématurées par distorsion des éprouvettes

Fig. 9.

-

Relations microstructure-comportement méca- nique pour les cristaux C.C. (1) Fer a ( 1 ppmc) à 4,5 x

10-4s-1,(2) Fer-140 ppmC à 2,5 x 10- 5 s-1 [13].

[Microstructure-mechanical property relations for b.c.c.

crystals, (1) a-Fe ( 1 ppmc) at 4.5 x 10 - 4 S-1@ (2) Fe- 140ppmCat2.5 x 10-5 S-l [13].]

monocristallines [13, 2]. Lorsque les effets de change-

ment de forme sont peu significatifs (039403B5p ~ 10-3), les

fissures s’amorcent soit dans les bandes de glissement (non persistantes), soit dans les bandes de déforma- tion [2, 42].

Enfin lorsque Aëp 10- 3, la déformation est

accommodée par le mouvement quasi réversible des dislocations coins, correspondant généralement à une

limite de fatigue.

Dans le domaine haute température (1" > Ta),

le glissement dévié est favorisé ainsi que la formation de BGP [13, 43, 44]. La courbe (2) de la figure 9 indique

l’évolution de la microstructure en fonction du com-

portement mécanique pour du Fe-140 ppm C sollicité à 300 K et à faible vitesse de déformation. Notons

cependant que pour des raisons non encore éclaircies

on n’observe pas de BGP dans les métaux C.C. purs

comme le Fe a et le Nb sollicités à T > T a [13, 45].

1.4 DÉFORMATION CYCLIQUE ET FORMATION DES BGP

DANS LES ALLIAGES A PRÉCIPITÉS.

1. 4 .1 I ntroduction.

-

Le comportement mécanique d’alliages contenant des précipités et sollicités en

fatigue dépend des paramètres qui régissent le mode

d’interaction dislocation-précipité, c’est-à-dire la taille

et la densité des précipités, ainsi que des structures cristallines respectives de la matrice et du précipité.

Le comportement en fatigue de tels alliages peut être

analysé en considérant d’une part les alliages contenant

des précipités cisaillables par les dislocations et d’autre part ceux contenant des précipités non cisaillables [46],

suivant ainsi les mécanismes établis en déformation monotone [47]. Rappelons qu’en traction, les alliages

à précipités non cisaillables (en général sur-revenus)

sont caractérisés par des taux de durcissement élevés, tandis que les alliages à précipités cisaillables (sous- revenus) ont souvent des limites d’élasticité élevées mais des taux de durcissement faibles.

1.4.2 Comportement des alliages à précipités non

cisaillables.

-

Le comportement mécanique des alliages à précipités non cisaillables est lié à la taille et à la fraction volumique des précipités.

-

Pour de faibles fractions volumiques, quelques

%, par exemple le cuivre à dispersoïdes de A’203 [48]

ou de Si02 [49] les matériaux se comportent comme des métaux purs. On observe un stade de durcissement, parfois prolongé, suivi par la saturation pour une contrainte critiquç associée à la formation de BGP.

Dans ce cas la contrainte de saturation LS est donnée par l’expression [49] :

’RBGP est la contrainte de saturation de la matrice pure et ro la contrainte d’Orowan.

Certains aciers ferritiques faiblement alliés peuvent être classés dans ce groupe, comme le confirme une

étude effectuée sur un acier micro-allié Fe-C-Nb pour

(10)

lequel un plateau apparaît sur les courbes zs(yp), lui-

même associé à la formation de bandes de glisse-

ment [50].

-

Pour des fractions volumiques importantes,

par exemple des alliages Al-Cu contenant des préci- pités 0’ avec espacement interparticules de 0,2 à 1 03BCm, la déformation plastique cyclique semble essentielle- ment accommodée par le mouvement de va-et-vient des dislocations entre précipités [46]. Les contraintes

cycliques sont contrôlées par les interactions entre dislocations mobiles et dislocations sessiles accu-

mulées aux interfaces précipités-matrice (dislocations géométriquement nécessaires suivant le modèle de

Ashby [51]), ce qui permet d’écrire :

où Â est la distance entre précipités.

Cette expression est confirmée par ailleurs [52] sauf

dans le cas de déformations plastiques imposées importantes et de distances entre précipités supé-

rieures à 1 03BCm. Dans ce cas, en effet, des cellules de dislocations se forment dans les espaces inter-parti- cules ; le comportement mécanique de l’alliage devient

alors proche de celui de la matrice.

Un mécanisme similaire à celui présenté précédem-

ment est envisagé pour les superalliages à base nickel contenant des précipités y’ non cisaillables (Waspaloy,

diamètre des précipités : 90 nm, 7 0,1 pm). Au

début du cyclage, la densité de dislocations augmente (mécanisme de contournement des précipités), et le

durcissement cyclique prend place. Lorsque le pro-

cessus de contoumement s’est étendu à l’ensemble du

cristal, l’état de saturation est atteint. Il correspond

à une microstructure caractérisée par des enchevêtre- ments de dislocations entourant les précipités [55].

Pour ces deux alliages (Al-Cu et superalliage base nickel), le processus de va-et-vient des dislocations entre les précipités ou de contournement favorise une

déformation plastique relativement homogène à

l’échelle du grain. Les BGP ne se forment pas ou peu dans ces microstructures sur-revenues, du moins dans les matériaux polycristallins. En fait, aucune

étude sur monocristaux contenant des fractions volu-

miques de précipités non cisaillables supérieures à 1 %

n’a été publiée à ce jour, ce qui rend délicate l’interpré-

tation des mécanismes d’interaction dislocations-

précipités. D’autres matériaux semblent se comporter de façon similaire, par exemple les alliages Fe-Cu [54]

et même vraisemblablement de nombreux alliages

sur-revenus ou aciers recuits.

1.4.3 Comportement des alliages à précipités cisail-

lables.

-

La plupart des alliages contenant des pré- cipités cisaillables sollicités en fatigue plastique sont le siège d’un durcissement initial. Au-delà d’une con-

trainte,r. (correspondant à la formation des BGP), on

observe ensuite un adoucissement (cf. Fig. 10). La

localisation de la déformation plastique dans les BGP suivie d’un adoucissement a été observée sur mono-

Fig. 10.

-

Courbe de consolidation cyclique d’un cristal Cu-2 % Co orienté pour glissement simple, yp = 10-3 [37].

[The cyclic hardening behaviour of a Cu-2 % Co crystal

oriented for single slip, yp = 10-3 [37].]

cristaux d’Al-Cu sous-revenus à précipités 0" [55],

de Cu-Co, d’Al-Zn-Mg [37] et de Cu-Ti [56] ainsi que

sur des polycristaux Al-Cu (0") [46]. Dans le domaine de déformation plastique pour lequel les BGP se

forment sur le système de glissement primaire, un plateau (B) est observé sur les courbes Tm(7p)’ Des exemples de telles courbes sont représentés sur la figure 11.

Fig. 11. - Courbe d’écrouissage cyclique pour différents alliages à précipités (monocristaux orientés pour glissement simple), (1) Al-2 Zn-1,3 Mg sous-revenu, (2) Cu-1,4 Co, (3) Al-4 Cu (9") [37, 55].

[Cyclic stress-strain curves for different precipitation-

hardened alloys (single slip oriented crystals), (1) underaged

Al-2 Zn-1,3 Mg, (2) Cu-1,4 Co, (3) Al-4 Cu (9") [37, 55].]

Comme dans le cas des métaux C.F.C. purs, le

cyclage dans la région (A) qui précède le plateau, ne

conduit pas à la formation de BGP. Dans le plateau (B), la fraction volumique de BGP augmente avec

l’amplitude de la déformation plastique de façon

similaire à ce qui se passe dans le cuivre par exemple.

En revanche, il semble que la limite supérieure du

plateau ne coïncide pas avec une fraction volumique de

(11)

BGP égale à 1, mais plutôt avec la formation de BGP

sur des systèmes secondaires [55].

Grâce à l’utilisation de techniques d’interférométrie, les déformations locales dans les BGP ont pu être mesurées dans Al-Cu (0") [57]. Des valeurs de l’ordre de 1, cent fois plus fortes que celles mesurées dans les métaux purs, ont été constatées. Ceci explique d’une

part les faibles fractions volumiques de BGP et

d’autre part la mauvaise tenue en fatigue de ces alliages. De plus, les configurations de dislocations dans ces alliages sont différentes de celles observées dans les métaux C.F.C. purs. En effet les structures de veines et d’échelles sont absentes dans la matrice, les dislocations se présentent sous forme de petites

boucles de faible diamètre et d’enchevêtrements.

Dans les BGP, dont la largeur est inférieure au micron

(typiquement 0,1 à 0,5 pm) une forte densité de dislo- cations (boucles, débris, enchevêtrements et parfois petites cellules) est observée. Enfin, contrairement

aux métaux purs, les BGP sont désorientées par rapport à la matrice [55, 37].

1. 4. 4 Mécanismes de formation des BGP. - La loca- lisation de la déformation plastique sous forme de

BGP dans les alliages à précipités, ainsi que l’adou- cissement cyclique qui la suit, impliquent une dégrada-

tion locale de la structure des précipités. Les deux

mécanismes actuellement envisagés pour expliquer

ce phénomène en l’absence de diffusion à longue dis-

tance sont basés sur le cisaillement répété des préci- pités par les dislocations en cours de cyclage.

1. Le cisaillement des précipités réduit leur taille moyenne en dessous de la taille critique de stabilité

thermodynamique, de sorte que les précipités se

dissolvent complètement (réversion) [59].

2. Le cisaillement des précipités (qui sont souvent

ordonnés) conduit à une perte d’ordre [46] ; l’adou-

cissement résulte alors de la diminution de la contri- bution de l’ordre à la dureté de l’alliage.

La dissolution complète des précipités (modèle (1 ))

n’a été mise en évidence sans équivoque en MET,

que pour les alliages Al-Zn-Mg [59-61] et Fe-C trempés et revenus avec dispersion homogène des

carbures e de 30 nm [62]. Ainsi pour les alliages Fe-C

et Fe-C-N, des bandes dénudées de précipités ont été

constatées après fatigue (cf. Fig. 12 [63]). Des bandes

similaires ont été observées dans les alliages Al-Zn-Mg trempés et revenus à basse température. Le modèle

de perte d’ordre (2), proposé, initialement pour l’Al-Cu,

n’a pu être vérifié de manière formelle étant données les difficultés expérimentales de résolution par la

microscopie électronique conventionnelle. Néanmoins,

ce modèle est conforté par les résultats suivants :

1) les BGP dans Al-Cu (0") ne sont pas dénudées de

précipités [55] ; 2) les alliages contenant des zones

GP ou des précipités non ordonnés (Al-Mg, Fe-Cu) ne

s’adoucissent pas [62, 64] ; 3) une simulation de ce

modèle par l’application de glissements alternés et

aléatoires sur des billes ordonnées de structure 0" [64]

Fig. 12.

-

Zone dénudée de précipités dans un acier carbo-

nitruré, après cyclage en fatigue [63].

[Precipitate-free zone in a carbonitrided steel after fatigue testing [63].]

montre bien qu’un désordre est induit par cisaillement, bien que la cinétique du processus simulé soit nette- ment plus élevée que celle constatée sur les alliages

Al-Cu. Dans l’état actuel des recherches, il semble qu’il soit très difficile de trancher entre les deux modèles

précédemment décrits. C’est ce que montre une étude récente sur un alliage Cu-Ti [56] pour lequel une décomposition spinodale intervient (le vieillissement

après trempe crée une microstructure de modulation

périodique de composition avec une longueur d’onde

de 2 à 200 nm). Cet alliage, traité pour une longueur

d’onde de 4 nm se comporte exactement comme les

alliages à précipités cisaillables, avec formation de BGP à r = im et adoucissement cyclique, sans qu’il

soit possible d’élucider sans équivoque les mécanismes.

1. 4. 5 Quelques remarques sur l’adoucissement cyclique.

-

Il est important de souligner que l’adoucissement

cyclique discuté dans les points précédents résulte uniquement de la dégradation des précipités. Or, des

adoucissements très importants d’un autre type sont aussi possibles lors du cyclage d’alliages à précipités

contenant une forte densité de dislocations. Ainsi,

un acier martensitique trempé et revenu à 400 °C (du type 30 CD 4) voit sa contrainte d’écoulement cyclique

chuter de 1 300 MPa à 800 MPa en fatigue oligocy- clique, en raison de la création d’une configuration de

cellules en cours de cyclage, moins dure que la struc- ture initiale [65]. De même, un acier Maraging

s’adoucit également en fatigue et l’on retrouve alors

deux raisons pour cela : d’une part le cisaillement

répété des précipités y’ et d’autre part un réarrange-

ment des dislocations en une configuration moins

« dure » [66]. Lorsqu’on parle d’adoucissement

cyclique pour les alliages à précipités, plusieurs causes

bien diverses peuvent donc intervenir !

(12)

Fig. 13.

-

Observations sur une coupe inclinée d’intrusions et d’extrusions à partir de BGP dans un monocristal de cuivre [69].

[Taper sections of intrusions and extrusions associated with PSB in a copper single crystal [69].]

1. 5 FORMATION DES INTRUSIONS ET DES EXTRUSIONS.

-

La formation d’extrusions à la surface d’échantil- lons déformés par fatigue a été tout d’abord mise en

évidence sur des alliages Al-Cu [67, 68]. Des rubans

minces de métal, issus des bandes de glissement, apparaissent et conduisent à la formation d’extrusions de 0,1 pm d’épaisseur environ et de quelques pm de hauteur (cf. Fig. 13, d’après [69]). Ce phénomène est

constaté sur la plupart des matériaux cristallins solli- cités en fatigue : le cuivre et les métaux C.F.C. purs, des solutions solides et des alliages à précipités. Enfin,

associées aux extrusions, on trouve souvent des intru- sions, ces dernières conduisant éventuellement à la formation de fissures. Pour une revue détaillée des études expérimentales et théoriques sur ce point,

le lecteur est renvoyé aux articles [70, 74]. Nous nous

limiterons ici à un bref exposé des faits expérimentaux

les plus importants et de quelques modèles récents.

1.5.1 Quelques faits expérimentaux.

-

La plupart

du temps, les intrusions-extrusions se forment après saturation, dans les BGP, dans la direction du vecteur de Burgers primaire. Toutefois, quelques cas ont été

observés au niveau des joints de grain ou des joints

de macle [72]. L’amplitude et la cinétique de la forma- tion des intrusions-extrusions dépendent de la struc-

ture du matériau : elles sont d’autant plus prononcées

que le glissement dévié est facile, et pour les alliages

à précipités, que ceux-ci sont cisaillables. Le rôle du

glissement dévié a ainsi été mis en évidence par de nombreuses études sur des matériaux d’EDE diffé- rentes comme les halogénures LiF, NaCI, AgCl [75],

Cu et Cu-Zn [76, 77], Cu et Cu-Al [39] ou Fe-Si [78].

D’autres études ont permis de corréler l’effet de l’ordre

sur la formation des extrusions, l’ordre à longue dis-

tance défavorisant le glissement dévié (par exemple

sur des alliages Fe-Co-V et Ni3Mn [79], et Cu3Au [80]).

Dans tous les cas le glissement plan rend difficile la formation des intrusions-extrusions, et conduit à

une plus grande résistance à l’amorçage des fissures.

Dans un même ordre d’idées certains auteurs [81] ont

montré que le glissement sur un système secondaire

favorise également la formation d’intrusions-extru- sions dans les monocristaux de cuivre. Le glissement

dévié est un facteur essentiel pour cette formation.

Enfin, deux autres faits méritent d’être soulignés : 1) la formation d’extrusions est d’autant plus facile

que le matériau est durci soit par écrouissage, soit par

précipitation et, 2) les extrusions sont en général plus nombreuses que les intrusions, ce qui implique

que la fatigue conduit à une augmentation de volume

du matériau dans les bandes de glissement.

1. 5. 2 Modèles.

-

La formation d’extrusions et d’in- trusions est due à une irréversibilité de la déformation

plastique en sollicitation alternée, l’aire balayée par les dislocations étant par exemple différente en traction

et en compression. La cinétique de formation est donc d’autant plus prononcée que la composante irréver- sible de la déformation est grande ; elle est elle-même

liée à l’EDE et aux conditions de sollicitation (Aep, 03B5, T).

Parmi les modèles proposés pour expliquer et quantifier la formation des intrusions et des extrusions,

on peut définir les deux types suivants :

1. Les modèles de glissements aléatoires.

-

Ces

modèles supposent l’opération aléatoire de glissements

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