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Valeurs spéciales de fonctions L de formes modulaires adéliques

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Valeurs spéciales de fonctions L de formes modulaires

adéliques

Julien Puydt

To cite this version:

Julien Puydt. Valeurs spéciales de fonctions L de formes modulaires adéliques. Mathématiques [math].

Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2003. Français. �tel-00005265�

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Valeurs sp´

eciales de fonctions L de formes

modulaires ad´

eliques

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(4)

Introduction

Objet. L’objet principal de la th`ese est l’´etude des valeurs sp´eciales de fonc-tions L attach´ees `a des formes modulaires, tordues par des caract`eres de Dirichlet de conducteurs essentiellement arbitraires :

Lf(j + 1, χ) =X n≥1

χ(n)ann−s

s=j+1

(o`u k ≥ 2 et 0 ≤ j < k − 1 sont entiers, χ est un caract`ere de Dirichlet, et f =P

nanqn une forme modulaire)

Ce qui nous int´eresse plus particuli`erement, c’est l’existence de propri´et´es de congruences entre ces valeurs lorsque le conducteur tend vers l’infini, et uniformes pour presque tous les nombres premiers.

R´esultats. On introduit une classe de formes modulaires sur GL2(AQ) assez similaire `a celle qui est utilis´ee en th´eorie des repr´esentations automorphes (par exemple par Bump [3], Gelbart [16] ou Scholl [45]), et on construit des distributions d’Eisenstein qui entrent dans ce cadre, en s’appuyant sur un pr´ec´edent travail [42]. On construit une distribution µ `a valeurs alg´ebriques, dont certaines int´egrales sont li´ees `a une version r´egularis´ee des Lf(j + 1, χ).

Cette distribution µ est obtenue en trois ´etapes (essentiellement ind´ependantes les unes des autres) sous la forme µ = ℓ(π(Φ)), o`u Φ est une distribution `a valeurs modulaires, π est un op´erateur de projection sur un sous-espace modulaire, et ℓ est une forme lin´eaire alg´ebrique.

On d´efinit l’op´erateur de projection π par une adaptation ad´elique de la m´e-thode de la projection canonique de Pantchichkine (telle qu’il l’a pr´esent´ee dans [40, 38, 39]), et on montre que l’espace image est de dimension finie, c’est le th´eor`eme de la dimension finie.

On construit explicitement la distribution Φ, comme convolution de deux dis-tributions d’Eisenstein, et on montre qu’elle v´erifie le th´eor`eme des congruences (version modulaire). On ´etablit ensuite qu’une distribution modulaire qui satisfait de telles congruences, fournit par projection une distribution modulaire π(Φ) qui a de bonnes propri´et´es de r´egularit´e : c’est le crit`ere d’admissibilit´e ; cela signifie que la famille permet de construire des mesures admissibles au sens p-adique.

On d´efinit ensuite la forme lin´eaire ℓ, associ´ee `a une forme modulaire paraboli-que f , fonction propre des op´erateurs de Hecke. On prouve alors le th´eor`eme d’alg´ebricit´e de la forme lin´eaire, qui affirme que l’image par cette forme lin´eaire d’une forme `a coefficients alg´ebriques, est alg´ebrique. On ´etudie ensuite la variation horizontale de cette forme, ce qui fournit un th´eor`eme de contrˆole horizontal.

Le th´eor`eme de la dimension finie assure que les congruences pour Φ (th´eor`eme des congruences, version modulaire) impliquent des congruences similaires pour les int´egrales de la distribution µ ; c’est le th´eor`eme des congruences, version scalaire.

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4 INTRODUCTION

Par ailleurs, comme certaines de ces int´egrales sont li´ees aux valeurs sp´eciales (c’est le th´eor`eme d’int´egration des caract`eres de Dirichlet) on en d´eduit un th´eor`eme des congruences, version valeurs sp´eciales.

Motivations. On sait que ce type de congruence permet de faire de l’interpo-lation p-adique pour d´efinir des fonctions L p-adiques.

Un autre int´erˆet a ´et´e discut´e par exemple par Kato, dans son expos´e [20] au congr`es international en 2002 : dans le cas des formes modulaires de poids 2, attach´ees `a des courbes elliptiques sur Q, il y a un lien entre les valeurs sp´eciales ´etudi´ees ici et les χ composantes du groupe de Selmer.

Sources. L’id´ee de base de ce travail est dˆue `a Serre (voir par exemple l’intro-duction de [50]) : des congruences entre coefficients de Fourier de formes modulaires doivent donner lieu `a des r´esultats similaires pour les valeurs sp´eciales de fonctions L associ´ees de fa¸con plus ou moins directe. On peut `a ce propos citer l’exemple des s´eries d’Eisenstein classiques :

Ek,χ= L(1 − k, χ) 2 + X n≥1 X d|n χ(d)dk−1qn

attach´ee aux caract`eres de Dirichlet χ d´efinis modulo M ≥ 1, qui fournissent des congruences pour les valeurs sp´eciales L(1 − k, χ) = −Bk,χ/k des s´eries de Diri-chlet, o`u les Bk,χ= Mk−1P

a mod Mχ(a)Bk(a/M ) sont les nombres de Bernoulli g´en´eralis´es. Le cas χ = 1 par exemple est discut´e en d´etails par Serre dans [49].

Dans l’article [15], Deligne et Ribet construisent des distributions born´ees sur le groupe de Galois de l’extension maximale ab´elienne d’un corps de nombres tota-lement r´eel K. Ils ´etablissent ensuite que ces distributions interpolent une version r´egularis´ee des valeurs sp´eciales de la fonction ζ de Dedekind du corps K. Nous obtenons des r´esultats similaires pour les fonctions L des formes modulaires para-boliques.

Enfin, on utilise, apr`es l’avoir adapt´ee `a un cadre ad´elique, la m´ethode de la projection canonique d´evelopp´ee par Alexei Pantchichkine, et pr´esent´ee par exemple dans son article [40].

Notation1. On se fixe une forme modulaire F , de poids k ≥ 2, de niveau N , propre pour les op´erateurs de Hecke, `a coefficients entiers alg´ebriques. On suppose que le support de N et S sont disjoints.

Moyens techniques. Les formes modulaires avec lesquelles on travaille ne sont pas les formes classiques ; ce sont des formes presque-holomorphes arithm´e-tiques, telles que celles discut´ees par Shimura dans son r´ecent livre [56] par exemple (en particulier la section 13) ; on peut les voir comme simplement des s´eries formelles de la forme :

X n,r

an,rqnRr∈ C[[q]][R]

o`u la somme est sur n ≥ 0, et 0 ≤ r est born´e ind´ependamment de n ; cette s´erie est telle que si on ´evalue par q = exp(2iπτ ) et R = (4πℑτ )−1, on obtient une forme modulaire C∞ sur le demi-plan de Poincar´e, annul´ee par une puissance de ∂/∂ ¯z. Les formes modulaires holomorphes sont en particulier annul´ees par la premi`ere puissance de cet op´erateur, et rentrent donc dans cette th´eorie. Les espaces qu’elles

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INTRODUCTION 5 engendrent peuvent munies d’une structure rationnelle (sur Q) ou enti`ere (sur O) via les coefficients an,r.

Pour obtenir des r´esultats semi-ad´eliques sur ces formes, on proc`ede en deux ´etapes :

– on se fixe d’abord un ensemble fini S de nombres premiers, qui sert de base aux diff´erentes ´etudes, o`u on laisse le niveau des formes croˆıtre, mais `a support fix´e (li´e `a S). On appelle cette d´ependance la “variation verticale” ;

– on discute ensuite de l’impact de l’ajout d’un nombre fini de places `a S sur ces constructions – on appelle cette seconde d´ependance la “variation horizontale” ;

Notation 2. On note en g´en´eral MS un espace de formes modulaires dans lequel on a fix´e S pour discuter de la variation verticale.

On note MS le produit des p de S ; et si ν est une famille index´ee par S, MSν est le produit pour p ∈ S des pνp. On ´ecrit aussi NS pour N MS.

Distributions modulaires. Les distributions modulaires sont obtenues par convolution de deux distributions d’Eisenstein ad´eliques, tr`es similaires `a celles construites dans [42]. Une telle construction est motiv´ee par le fait que l’on cherche `a utiliser la m´ethode de Rankin-Selberg.

On souhaite contrˆoler ces distributions suivant deux aspects :

– contrˆole du niveau, qui permet de se restreindre `a travailler dans un espace du type MS, pour la variation verticale ;

– contrˆole alg´ebrique, avec des r´esultats de congruences entre les coefficients de Fourier ;

Plus pr´ecis´ement, ces distributions sont construites via une convolution de deux distributions d’Eisenstein, tordue par un caract`ere de Dirichlet :

Φj = (−1)jE1(j)∗1(.,N )=1E

(j) 2 (o`u 0 ≤ j < k − 1)

Cette convolution admet plusieurs ´ecritures explicites ; en voici une : Φj(χ) = (−1)jE1(j)(χ)E

(j)

2 (1(.,N )=1χ)

Projections. Techniquement, les projections font intervenir un syst`eme de valeurs propres αp non-nulles des op´erateurs de Atkin-Lehner (pour tout p ∈ S) sur les formes modulaires presque-holomorphes.

Ces op´erateurs agissent sur le d´eveloppement formel via : UMX

n,r

an,rqnRr=X n,r

aMn,rqn(M R)r

D´efinition 1. (page 74) Le sous-espace Mα,S d’un espace de formes modu-laires M est l’intersection des espaces αpcaract´eristiques pour Up, pour tout p ∈ S. On note πα,SS la projection associ´ee.

Le but de cet projection est de s’assure que les distributions projet´ees sont `a valeurs dans un espace de dimension finie, car on sait qu’alors on contrˆolera les d´enominateurs ´eventuels introduits par la forme lin´eaire.

(7)

6 INTRODUCTION

Formes lin´eaires. Une fois obtenues des distributions `a valeurs modulaires dans des espaces de dimension finie, on souhaite leur appliquer des formes lin´eaires, qui poss`ederaient les deux propri´et´es-clefs suivantes :

– d´efinies sur Q, c’est-`a-dire que l’image d’une forme modulaire `a coefficients alg´ebriques est alg´ebrique ;

– `a variation horizontale contrˆol´ee ;

Le fait que l’on souhaite utiliser la m´ethode de Rankin-Selberg incite `a construire ces formes lin´eaires via le produit scalaire de Petersson.

Notation3. On fixe maintenant le choix de αp et f : f est une forme propre des op´erateurs de Hecke, `a coefficients entiers alg´ebriques, et αp est une des racines r´eciproques de son polynˆome de Hecke en p. On note α′

p l’autre racine r´eciproque. D´efinition 2. (page 76) Dans le cas pr´ec´edent, on dit que la famille (αp)p est adapt´ee `a f .

D´efinition 3. (page 79) On d´efinit la forme lin´eaire ℓα,Sf par :

g 7→ lim ν→∞ hf0 α,S, α −ν S U ν SgiNS hf0 α,S, fα,S,0iNS o`u : fα,S,0= f |Y l∈S (I − α′lVl) et fα,S0 = f ρ α,S,0|WNS f0

α,S et fα,S,0 sont donc des formes modulaires obtenues `a partir de f en modifiant les facteurs d’Euler en les places p ∈ S, via l’action d’op´erateurs simples et explicites (ρ est l’action de la conjugaison complexe, par exemple).

Distributions scalaires. Une fois que l’on dispose des familles pr´ec´edentes, on peut les r´eunir pour d´efinir une famille de distributions `a valeurs scalaires :

D´efinition 4. (page 93) On pose : µα,Sf,j : ϕ 7→ ℓ

α,S f (π

α,S S Φj(ϕ)) (o`u ϕ est une fonction-test)

R´esultats principaux. Passons maintenant en revue les principaux r´esultats de ce travail ; on suppose que poids et caract`eres sont fix´es, on ne les pr´ecisera donc pas.

Sur les projections. On a besoin, pour contrˆoler la r´egularit´e de la forme lin´eaire ℓα,Sf , de savoir qu’elle est d´efinie sur des espaces dont la dimension ne croˆıt pas ind´efiniment avec le niveau, `a S fix´e ; c’est le r´esultat suivant qui garantit ce point : Th´eor`eme (th´eor`eme de la dimension finie). (´enonc´e page 75) L’espace de formes modulaires presque-holomorphes Mα,S(N Mν

S) est de dimension finie, born´ee ind´ependamment de ν.

La d´emonstration de ce r´esultat (en page 75) fait appel `a des outils tr`es ´el´ementaires d’alg`ebre lin´eaire.

(8)

INTRODUCTION 7 Sur les distributions modulaires.

Notation4. YS est le produit des Z∗

p pour p ∈ S.

D´efinition 5. (page 85) Une distribution sur YS est une forme lin´eaire sur les fonctions localement constantes.

Th´eor`eme (th´eor`eme des congruences, version modulaire). (´enonc´e en page 89) Si on consid`ere une famille d’ouverts ´el´ementaires a + (MSν) ⊂ YS, avec a ∈ Z, on a : USν t X j=0  t j 

(−a)t−jΦj(a + (MSν)) ≡ 0 mod MStνO[[q]][R]

La d´emonstration (page 89) utilise le fait que l’on connaˆıt explicitement le d´eveloppement de Fourier, pour ´evaluer les valuations en les diff´erentes places de S.

D´efinition6. (page 87) Pour tout p ∈ S, la famille πα,SS Φj permet de d´efinir une distribution Φα,S(p) sur les fonctions localement polynomiales en la projection yp: YS → Z∗ p, de la fa¸con suivante : Z U ypjdΦ α,S (p) = Z U dπSα,SΦj

(les Φα,Sj sont en fait les moments de Φα,S(p))

On dispose d’une notion de r´egularit´e pour ces distributions p-adiques : l’ad-missibilit´e, dans un sens tr`es proche de ce qu’utilise Visik dans [60]. Le r´esultat suivant donne un crit`ere pour reconnaˆıtre si une famille de distributions, telle que celle d´ecrite pr´ec´edemment, forme des distributions p-adiques admissibles, via la construction que l’on vient de pr´esenter :

Th´eor`eme (crit`ere d’admissibilit´e). (´enonc´e page 90) On suppose que pour tout ouvert ´el´ementaire a + (MSν) ⊂ YS, a ∈ Z, on dispose de la condition de niveau :

∀j, Φj(a + (MSν)) ∈ M(MSν) ainsi que, pour tout t ∈ [[0, h[[, de la condition de congruence :

USν t X j=0  t j 

(−a)t−jΦj(a + (MSν)) ≡ 0 mod MStνO[[q]][R]

enfin, on suppose que pour tout p ∈ S, h ≥ vp(αp) ; alors la famille πSα,SΦj forme une mesure S-adique h-admissible.

Ce th´eor`eme, bien que l’´enonc´e fasse apparaˆıtre “Φj”, n’utilise pas de connais-sance pr´ecise des coefficients de Fourier, et est donc plus g´en´eral que le cas dans lequel on l’applique. La d´emonstration (page 90) est bas´ee sur le contrˆole de l’action des op´erateurs de projection sur le d´eveloppement de Fourier.

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8 INTRODUCTION

Sur les formes lin´eaires. On a vu que la d´efinition de ℓα,Sf faisait intervenir le produit scalaire de Petersson. On obtient donc a priori une forme lin´eaire d´efinie sur C, ce qui ne permet pas de discuter de congruences. C’est pourquoi le r´esultat suivant est tr`es int´eressant, puisqu’il affirme qu’elle est en fait d´efinie sur Q :

Th´eor`eme(th´eor`eme de contrˆole alg´ebrique). (´enonc´e page 75) ℓα,Sf : Mα,SS (Q) → Q

La d´emonstration (page 75) utilise un argument de stabilit´e par les op´erateurs de Hecke.

Notation5. On note λf l’homomorphisme de valeurs propres de f d´efini sur l’alg`ebre de Hecke, `a valeurs alg´ebriques, et les (Tp)p sont les op´erateurs de Hecke. Th´eor`eme(th´eor`eme de contrˆole horizontal). (´enonc´e page 83) Si on sait que λf(Tl) 6= 0 pour tout l ∈ Σ − S, alors :

ℓα,Σf = Y l∈Σ−S "  1 − (p + 1)α ′ p pλf(Tp)  1 − 2(p + 1)α ′ p pλf(Tp) + α′ p 2 λf(Tp) pkλf(Tp) !−1# ℓα,Sf

La d´emonstration (page 83), longue et calculatoire, consiste `a ´etudier tour `a tour chacun des ´el´ements d´ependant de S, puis `a comparer ces diff´erentes variations. Sur les distributions scalaires et les valeurs sp´eciales. Les r´esultats pr´ec´edents permettent d’affirmer le th´eor`eme suivant sur les distributions µα,Sf,j :

Th´eor`eme(th´eor`eme des congruences, version scalaire). (´enonc´e page 93) Il existe une constante Cα

S alg´ebrique non-nulle, telle que pour tout ouvert ´el´ementaire a + (MSν) ⊂ YS, a ∈ Z, on a : CSα t X j=0  t j  (−a)t−jµα,Sf,j(a + (MSν)) ≡ 0 mod M (t−h)ν S O

De fa¸con similaire, on peut transporter le r´esultat d’admissibilit´e, pour obtenir un ´equivalent scalaire :

Th´eor`eme (d’admissibilit´e des distributions scalaires). (´enonc´e page 94) La famille de distributions µα,Sf,j forme une mesure S-adique h-admissible, o`u h = maxp∈Svp(αp).

On a besoin d’introduire un certain nombre de notations avant de pouvoir ´enoncer le th´eor`eme suivant :

Notation6. Si χ est un caract`ere de Dirichlet, on note cχ son conducteur, et Gχ sa somme de Gauss.

Notation 7. Si ϕ est une fonction localement constante `a support compact sur A2

f, lui associe une fonction ζ sur GL2(Af) de la fa¸con suivante : ζk,s(ϕ)(gf) = X m∈Q∗ ϕ  g−1f  x 0  x−k|x|−2s

(10)

INTRODUCTION 9 Notation 8. Si ϕ est une fonction localement constante `a support compact sur Af, on note F ϕ sa transform´ee de Fourier.

On est maintenant en mesure d’´enoncer le :

Th´eor`eme(th´eor`eme d’int´egration des caract`eres de Dirichlet). (´enonc´e page 94) Soit f une forme modulaire ad´elique holomorphe de poids k, niveau N et ca-ract`eres (ψ1, ψ2), forme propre des op´erateurs de Hecke, et (αp)p une famille de valeurs propres des op´erateurs de Atkin-Lehner adapt´ee `a f .

Soit enfin χ un caract`ere de Dirichlet de conducteur cχ premier avec N et S = Z(cχ) le support de ce conducteur.

Sous ces hypoth`eses, on a :

µα,Sf,j(χ) = H(f, α, S, j, χ)Lfα,S,0(j + 1, χ) o`u : H(f, α, S, j, χ) = a1,0GχΓ(k − 1)(2iπ) j+1(−1)kcj χα −ν S Γ(j + 1)hf0 α,S, fα,S,0iNS ζj+1,0(1ˆZ× F−1(1(.,N )=1χ))(1f)Lfα,S,0(k − 1, F 1YS)

Comme corollaire de ces deux th´eor`emes, on a le :

Corollaire(congruences pour les valeurs sp´eciales). (´enonc´e en page 99) On suppose que l’on dispose d’une combinaison lin´eaire finie de caract`eres de conduc-teurs MSν, qui v´erifie une congruence :

X χ γχχ ≡ 0 mod MSτO alors : CSα X χ γχH(f, α, S, j, χ)Lfα,S,0(j + 1, χ) ≡ 0 mod M (j−h)ν+τ S O o`u on rappelle que : H(f, α, S, j, χ) = a1,0GχΓ(k − 1)(2iπ) j+1(−1)kcj χα −ν S Γ(j + 1)hf0 α,S, fα,S,0iNS ζj+1,0(1ˆZ× F−1χ)(1f)Lfα,S,0(k − 1, F 1YS)

Plan du travail. Le chapitre I commence par fixer les notations qui seront utilis´ees dans le reste du texte. Il passe ensuite en revue les r´esultats de base sur le th´eor`eme d’approximation forte, la r´eduction d’endomorphismes et les fonctions confluentes hyperg´eom´etriques. Au passage, on introduit le formalisme des “tours modulaires”, qui sans ˆetre absolument n´ecessaire, permet de mieux exprimer les probl`emes de variations verticale et horizontale.

Le chapitre II pr´esente en d´etails les formes modulaires qui sont ´etudi´ees dans ce texte. Il commence bien ´evidemment par leur d´efinition, en pr´ecisant le lien avec les formes classiques, et avec la pr´esentation plus classique des formes modulaires ad´elique. Il se poursuit en discutant les notions de d´eveloppements, automorphe et de Fourier. Il se termine par la construction de s´eries d’Eisenstein qui rentrent dans ce cadre.

Le chapitre III pr´esente tous les outils sur les formes modulaires dont on aura besoin. Il commence donc par un passage en revue de tous les op´erateurs, qui sont

(11)

10 INTRODUCTION

d´efinis, puis ´etudi´es (en mettant l’accent sur les propri´et´es qui sont utiles `a la suite, bien sˆur). Il se poursuit par la d´efinition de la fonction L d’une forme modulaire, avec `a nouveau une discussion des propri´et´es essentielles. Enfin, le produit de Petersson est introduit, avec le cas particulier des int´egrales de Rankin-Selberg, et des calculs explicites qui montrent le lien entre ces int´egrales et les valeurs sp´eciales.

Le chapitre IV contient les premiers r´esultats int´eressants ; en effet, c’est l`a que sont d´efinies et ´etudi´ees la projection canonique et la forme lin´eaire. En particulier, on discute de l’int´erˆet de la projection canonique par rapport `a d’autres projections, avant de prouver le th´eor`eme de contrˆole de la dimension. On discute ensuite de familles de formes propres, car elles sont n´ecessaires `a la d´efinition de formes lin´eaires. Cette derni`ere d´efinition est d´etaill´ee point par point, pour justifier que tout ce qu’on introduit est bien n´ecessaire pour obtenir les r´esultats attendus. La variation horizontale de ces formes lin´eaires occupe le reste du chapitre, qui se termine par une synth`ese dans laquelle on montre que l’on peut, `a partir des diverses formes, en obtenir une ind´ependante de S.

Le chapitre V discute des distributions `a valeurs modulaires ; d’abord dans un cadre g´en´eral, en donnant des exemples, et en discutant de leur “admissibilit´e”, avant de se pencher sur le cas particulier de la convolution de deux distributions d’Eisenstein, et prouver le th´eor`eme des congruences. Le crit`ere d’admissibilit´e est alors ´enonc´e puis prouv´e ; la distribution construite et ´etudi´ee pr´ec´edemment en v´erifie ´evidemment les hypoth`eses !

Le chapitre VI enfin, d´efinit les distributions `a valeurs scalaires `a partir des distributions modulaires, de la projection et de la forme lin´eaire construits pr´ec´edemment. On peut alors prouver que ces distributions v´erifient aussi un th´eo-r`eme des congruences, et forment une famille admissible. On ´etablit ensuite que certaines de leurs int´egrales sont li´ees aux valeurs sp´eciales auxquelles on s’int´eresse. On en d´eduit alors un r´esultat de congruence pour les valeurs sp´eciales.

Remerciements

Je tiens en premier lieu `a remercier chaleureusement mon directeur de th`ese, Alexei Alexeiev Pantchichkine pour ses conseils, ses avis et ses explications durant ces ann´ees.

Un grand merci `a Siegfried B¨ocherer et Serge Vladut pour avoir accept´e d’ˆetre rapporteurs sur ce travail, et ce, malgr´e un calendrier extrˆemement court.

Je suis tr`es content que Gilles Robert et Roland Gillard se soient joints aux pr´ec´edents pour former le jury de cette th`ese.

Je remercie pour leurs questions et remarques lors de mes expos´es Gilles Robert, Fabienne Jory-Hugues et Bertrand Gorsse, qui m’ont permis de rendre ce texte plus compr´ehensible.

Je remercie C´eline, Pierre et Diane Puydt, qui m’ont support´e sans trop se plaindre.

Je tiens finalement `a remercier tous ceux qui ont contribu´e `a LATEX, car sans cet outil fabuleux, pr´esenter un travail math´ematique de fa¸con aussi lisible serait une v´eritable gageure.

(12)

Table des mati`

eres

Introduction 3 Objet 3 R´esultats 3 Motivations 4 Sources 4 Moyens techniques 4 Distributions modulaires 5 Projections 5 Formes lin´eaires 6 Distributions scalaires 6 R´esultats principaux 6

Sur les projections 6

Sur les distributions modulaires 7

Sur les formes lin´eaires 8

Sur les distributions scalaires et les valeurs sp´eciales 8

Plan du travail 9 Remerciements 10 Chapitre I. Pr´eliminaires 15 1.1. Notations, conventions 15 1.1.1. G´en´eral 15 1.1.2. Anneaux 15 1.1.3. Groupes 15 1.1.4. Objets ad´eliques 16 1.1.5. Espaces topologiques 17 1.1.6. Facteurs d’automorphie 17 1.2. Caract`eres 18 1.2.1. Caract`eres de Dirichlet 18 1.2.2. Exponentielle ad´elique 18 1.3. Th´eor`eme d’approximation forte 18

1.3.1. Enonc´e 18

1.3.2. Unicit´e de l’´ecriture 18 1.3.3. Passage `a un groupe plus petit 19

1.4. Tours 19

1.4.1. S-tour 20

1.4.2. Morphisme de tours 20

1.4.3. Restriction et extension de tour 20 1.4.4. Tour de dimension finie 21 1.5. R´eduction d’endomorphismes : espaces caract´eristiques 21

(13)

12 TABLE DES MATI `ERES

1.5.1. Point de vue polynomial 21 1.5.2. Point de vue grassmannien 22 1.5.3. Comparaison des deux points de vue 22 1.5.4. Calcul effectif de la projection 23 1.6. Fonction confluente hyperg´eom´etrique 23

1.6.1. D´efinition 23 1.6.2. Prolongement analytique 23 1.6.3. Equation fonctionnelle 24 1.6.4. Valeurs particuli`eres 24 1.6.5. D´eveloppement polynomial 24 1.7. Lemme de Rankin 24

1.8. Transform´ee de Fourier sur Af 25

1.8.1. D´efinitions 25

1.8.2. Outils de calcul 25

1.8.3. Transform´ee de Fourier d’un caract`ere de Dirichlet 26

1.8.4. Transform´ee inverse 26

Chapitre II. Formes modulaires ad´eliques 29

2.1. D´efinition 29

2.1.1. Rappel : formes modulaires classiques 29

2.1.2. Cadre ad´elique 29

2.1.3. Lien avec d’autres d´efinitions 30 2.1.3.1. Th´eorie de la repr´esentation 30 2.1.3.2. Formes semi-ad´eliques 30 2.1.4. Lien entre formes classiques et ad´eliques, torsion 31 2.1.4.1. Passage classique-ad´elique 31 2.1.4.2. Passage ad´elique-classique 32 2.1.4.3. Torsion par un caract`ere 33 2.2. Presque-holomorphie et d´eveloppement de Fourier 33 2.2.1. Objectifs : structure enti`ere/rationnelle 33 2.2.2. D´eveloppement automorphe 34

2.2.3. Fonction de Whittaker 34

2.2.4. Presque-holomorphie sur le demi-plan de Poincar´e 35 2.2.5. Presque-holomorphie des formes modulaires 35 2.2.6. Dimension des espaces de formes modulaires 36

2.3. S´eries d’Eisenstein 36

2.3.1. Distributions d’Eisenstein analytiques 37 2.3.2. Convergence et prolongement analytique 37

2.3.3. Modularit´e 39

2.3.4. D´eveloppement automorphe et presque-holomorphie 39

2.3.5. Version alg´ebrique 42

2.4. Tours modulaires 43

2.4.1. D´efinition de MS 43

2.4.2. Variation horizontale 43

Chapitre III. Outils sur les formes modulaires 45

3.1. Op´erateurs de base 45

3.1.1. Action des matrices rationnelles 45

(14)

TABLE DES MATI `ERES 13 3.1.3. Op´erateurs U de Atkin-Lehner 48

3.1.4. Op´erateurs V 52

3.1.5. Op´erateurs W 53

3.1.6. Action de la conjugaison complexe 56

3.2. R`egles de commutation 57

3.2.1. U et V 57

3.2.2. W et V 58

3.2.3. Torsion par un caract`ere 58 3.2.3.1. Op´erateurs matrices, U et V 59 3.2.3.2. Op´erateur W 59 3.2.3.3. Conjugaison complexe 59 3.3. Op´erateurs de Hecke 59 3.3.1. Classes doubles 59 3.3.2. Op´erateurs Tp 62 3.3.3. Op´erateurs Tpr 63 3.3.4. Op´erateurs Tm 64

3.3.5. Action sur les coefficients de Fourier 64

3.4. Fonctions L 65

3.4.1. Formes propres des op´erateurs de Atkin-Lehner 65 3.4.2. Formes propres des op´erateurs de Hecke 65 3.4.3. Lien valeurs propres-coefficients automorphes 66 3.4.4. Lien valeurs propres-coefficients de Fourier 66

3.4.5. Lin´earisation 67

3.4.6. D´efinition de la fonction L 68 3.4.7. Fonctions L et torsion 68 3.4.8. Propri´et´es analytiques 68 3.5. Produit scalaire de Petersson 69

3.5.1. D´efinition 69

3.5.2. Propri´et´es ´el´ementaires 69 3.6. Int´egrales de Rankin-Selberg 70

3.6.1. D´efinition 70

3.6.2. Expression en termes des fonctions de Whittaker 70 3.6.3. Lien avec le produit double usuel 71

Chapitre IV. Syst`emes de projections et de formes lin´eaires compatibles 73 4.1. Projections sur des sous-espaces de dimension finie 73

4.1.1. Exemples 73 4.1.1.1. Op´erateur de trace 73 4.1.1.2. Trace normalis´ee 73 4.1.1.3. Projecteur de Hida 73 4.1.2. Projections (α, S)-caract´eristiques 73 4.1.2.1. Espaces caract´eristiques 73 4.1.2.2. Tours Mα,SΣ 74 4.1.2.3. Projecteurs πΣα,S 74

4.2. Familles de formes propres 76

4.2.1. Formes fα,S,0 76

4.2.2. Formes f0

α,S 76

(15)

14 TABLE DES MATI `ERES

4.3.1. D´efinition na¨ıve 77

4.3.2. D´ependance en niveau 77

4.3.3. Factorisation par Mα,SS 78 4.3.4. Contrˆole alg´ebrique 78 4.4. Variation horizontale de ces formes lin´eaires 79 4.4.1. Comparaison de fα,S,0 et fα,Σ,0 79 4.4.2. Comparaison de f0

α,S et fα,Σ0 80

4.4.3. Comparaison des formes sans normalisation alg´ebrique 80 4.4.4. Comparaison des facteurs de normalisation alg´ebrique 81 4.4.5. Synth`ese : forme lin´eaire ind´ependante de S 83 Chapitre V. Construction de distributions modulaires S-adiques 85

5.1. Distributions sur YS 85

5.1.1. Fonction-tests 85

5.1.2. D´efinition 85

5.1.3. Convolution des distributions 85

5.1.4. Distribution p-adique 86

5.1.5. h-admissibilit´e (p-adique) 87 5.1.6. Distributions S-adique, h-admissibilit´e 87 5.2. Distributions `a valeurs modulaires 88

5.2.1. Exemples classiques 88

5.2.1.1. Distribution d’Eisenstein 88 5.2.1.2. Formes modulaires partielles 88 5.2.1.3. S´eries theta partielles 88

5.2.2. Construction des Φj 88

5.2.3. Congruences pour les Φj 89 5.3. Crit`ere d’admissibilit´e 90

5.3.1. Enonc´e du th´eor`eme 90

5.3.2. Preuve du th´eor`eme 90

Chapitre VI. Application : distributions scalaires 93

6.1. D´efinition 93

6.2. Th´eor`eme des congruences (version scalaire) 93 6.3. Th´eor`eme d’admissibilit´e 94 6.4. Int´egration des caract`eres de Dirichlet 94

Conclusion 101

(16)

CHAPITRE I

Pr´

eliminaires

1.1. Notations, conventions

1.1.1. G´en´eral. On fixe un entier N et un caract`ere de Dirichlet ψ d´efini modulo N . On notera S et Σ des ensembles finis variables de places de Q, avec S ⊂ Σ ; et on ´ecrira : MS = Q

l∈Sl et NS = N MS. On fera toujours le choix N ∧ MΣ= N ∧ MS= 1.

On notera par des lettres soulign´ees des multi-indices de NS ou NΣ, et si µ, ν ∈ NS, on notera :

– ν = (νp)p∈S; – MSν :=Q

p∈Spνp;

– ν ≤ µ lorsque νp≤ µp pour tout p ∈ S ; – µ − ν = (µp− νp)p∈S si on sait ν ≤ µ ; – µ + ν = (µp+ νp)p∈S,

– tν = (tνp)p∈S lorsque t ∈ N ; – ν + n = (νp+ n)p∈S(n entier) ;

– enfin, (ν, 0) ∈ NΣ est le prolongement de la famille (νp)p∈S par z´ero sur Σ − S ;

ces multi-indices se r´ev´eleront d’un usage tr`es pratique.

1.1.2. Anneaux. Si A est un anneau commutatif unitaire, on notera A× le semi-groupe des r´eguliers, et A∗ le groupe des inversibles.

Sur un anneau A, A[[qQ]][R] ne forme pas un anneau. Cependant, la limite inductive : lim∞|NA[[qN1Z]][R] admet une structure d’anneau. C’est `a cette limite

que l’on fera r´ef´erence quand on parlera de l’anneau A[[qQ]][R].

On se placera souvent dans le cas o`u l’anneau de base sera Q, C ou un des corps de Tate Cp. On rappelle que sont des corps alg´ebriquement clos. On se fixe des plongements :

i∞: Q → C il: Q → Cl qui resteront en g´en´eral implicites...

O ⊂ Q est l’anneau des entiers alg´ebriques et Zp ⊂ Qp l’anneau des entiers p-adiques pour tout p.

On note A l’anneau des ad`eles, et Af l’anneau des ad`eles finis. ˆZ est l’anneau compl´et´e des entiers, isomorphe `a Q

lZl. On sait que A = Af× R et Af = ˆZ⊗ Q. 1.1.3. Groupes. On travaillera avec des sous-groupes de GL2sur divers an-neaux, que l’on va noter ainsi :

(17)

16 I. PR ´ELIMINAIRES B =  ∗1 ∗2 0 ∗3  P =  1 ∗1 0 ∗2  Z =  ∗ 0 0 ∗  D =  ∗1 0 0 ∗2  U =  1 ∗ 0 1 

naturellement, en plus de ces groupes-ci, on consid`erera les groupes usuels SL2, SO2, O2, etc, lorsque cela a un sens. En particulier, on notera r(θ) la rotation d’angle θ dans SO2(R).

De mˆeme, toujours lorsque cela a un sens (par exemple sur ˆZ ou Z), on consid`erera les groupes B(a), P (a), etc, o`u a est un id´eal, qui sont obtenus comme image r´eciproques des sous-groupes correspondants dans le quotient.

On r´eserve les notations Γ0(N ), Γ1(N ) et Γ(N ) aux sous-groupes de congruences habituels dans SL2(Z) : respectivement B(N ), U (N ) et le noyau de la r´eduction modulo N .

Dans le cas des sous-groupes sur sous-corps de R, on notera+pour signifier que l’on se restreint au sous-groupe de d´eterminant strictement positif (avec la r´eserve suivante : comme les matrices d’homoth´eties sont de toutes fa¸cons de d´eterminant positif, cela signifiera que le rapport est strictement positif).

Il est pratique de disposer d’une fa¸con de nommer les coefficients d’une matrice :

γ =  aγ bγ cγ dγ  ∈ GL2

1.1.4. Objets ad´eliques. Quand on consid`erera un objet de nature ad´elique, disons o, on notera o∞sa partie archim´edienne, et of sa partie non-archim´edienne. Par exemple, si i est un id`ele, i∞ sera un ´el´ement de R∗, et if un ´el´ement de A

f. On notera aussi op pour la partie p-adique de o.

Etant donn´e un objet (non-)archim´edien, on parlera aussi parfois de lui comme d’un objet ad´elique. Cela signifiera que l’on utilisera implicitement un plongement canonique de la partie consid´er´ee dans l’espace ad´elique correspondant. Ainsi, un r´eel non-nul x consid´er´e comme un ad`ele est l’ad`ele dont la partie archim´edienne est x, et la partie non-archim´edienne est nulle. Le mˆeme r´eel consid´er´e comme un id`ele est l’id`ele dont la partie archim´edienne est x, et la partie non-archim´edienne est 1.

Il y a une exception importante `a cette derni`ere convention : les rationnels ont des plongements naturels `a la fois dans les parties archim´ediennes et non-archim´ediennes ; dans ce cas, on privil´egiera le plongement diagonal. Par exemple, une matrice γ ∈ GL2(Q) se plonge en une matrice de GL2(A) telle que γ∞= γ et γf = γ.

(18)

1.1. NOTATIONS, CONVENTIONS 17 1.1.5. Espaces topologiques. Les espaces de base dans ce travail seront les YS =Q

l∈SZ∗l. Ce sont des espaces topologiques profinis, donc compacts. La topo-logie de YS est d´efinie par les voisinages de ses points ; pour un point a ∈ YS une base de ces voisinages est a + (MSν), o`u ν ∈ NS.

On consid`erera aussi le demi-plan de Poincar´e usuel H = {τ ∈ C/ℑ(τ ) > 0}, sur lequel GL+2(R) agit par homographies.

On notera : H∞ =  y x 0 1  ∈ GL+2(R)  Hf =  y x 0 1  ∈ GL2(Af) 

les ´equivalents matriciels du demi-plan de Poincar´e ; en particulier, on peut identifier Het H∞: H → H∞ τ 7→  ℑ(τ ) ℜ(τ ) 0 1 

Proposition 1.1. On dispose de la d´ecomposition suivante (topologique !) de GL+2(R) :

GL+2(R) ⋍ Z+(R) × H∞× SO2(R)

D´emonstration. Il suffit de consid´erer l’action des homographies sur i : le stabilisateur est form´e par le centre et les rotations, et cette action induit un

hom´eomorphisme : H∞⋍ H. 

Proposition 1.2. L’application τ : GL+2(R) → H d´efinie pr´ec´edemment, transforme la multiplication par une matrice de GL+2(Q) en action par homographie par cette mˆeme matrice.

D´emonstration. On consid`ere γ =  a b c d  ∈ GL+2(Q), et τ = x + iy ∈ H (o`u on voit x et y comme des fonctions de τ , et o`u on identifie H et H∞) ; alors on peut prouver :  a b c d   y x 0 1  =  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  r(α)

o`u α est d´efini par : cτ + d = |cτ + d| exp(iα).  1.1.6. Facteurs d’automorphie. Pour γ =

 a b c d



∈ GL+2(R) et τ ∈ H, on peut d´efinir trois facteurs d’automorphie :

j0(γ, τ ) = (cτ + d)−1

j1/2(γ, τ ) = p| det γ|(cτ + d)−1 j1(γ, τ ) = det γ(cτ + d)−1

Il v´erifient tous, pour tous γ, g ∈ GL+2(R) et τ ∈ H, la r`egle de composition suivante :

(19)

18 I. PR ´ELIMINAIRES

Par ailleurs, on d´efinit, pour tout k ∈ N, une action des matrices de GL+2(R) sur les fonctions H → C, via :

f |kγ(τ ) = j1/2(γ, τ )kf (γτ ) 1.2. Caract`eres

1.2.1. Caract`eres de Dirichlet. Un caract`ere de Dirichlet modulo N est un morphisme de groupes : (Z/N Z)∗ → C.

On dit qu’un caract`ere de Dirichlet est de conducteur N lorsqu’il ne se factorise pas via la r´eduction modulo D pour un diviseur strict D de N .

1.2.2. Exponentielle ad´elique. Il s’agit d’un caract`ere additif Ψ : A/Q → C, que l’on d´efinit localement :

– sur la place infinie, on consid`ere Ψ∞: x 7→ exp(2iπx) ;

– sur chaque place finie p, on consid`ere Ψp : x 7→ exp(−2iπx), o`u cette d´efinition est `a comprendre comme d´efinissant l’image d’un nombre p-adique par l’image de sa partie fractionnaire, l’image des entiers ´etant triviale. Cette exponentielle engendre tous les caract`eres de A/Q.

Remarque 1.1. Se fixer explicitement un caract`ere additif de base poss`ede un avantage sur une approche plus g´en´eraliste : elle permet de se contenter de la d´efinition des sous-groupes de congruence donn´ee plus loin : nul besoin de rajouter une “diff´erente” pour tenir compte du fait que le caract`ere n’est pas trivial sur Zp pour tout p.

1.3. Th´eor`eme d’approximation forte

1.3.1. Enonc´e. On rappelle sans le d´emontrer le r´esultat suivant, connu sous le nom de “th´eor`eme d’approximation forte” :

Th´eor`eme1.1. Si K est un sous-groupe d’indice fini de GL2(ˆZ), tel que : – pour presque tout p, Kp= GL2(Zp) ;

– pour tout p, le d´eterminant det : Kp→ Z∗

p est surjectif.

alors GL2(A) = GL2(Q). GL+2(R) × K (o`u le produit par des matrices rationnel-les doit se comprendre par le plongement diagonal, comme convenu !)

On va souvent utiliser ce th´eor`eme appliqu´e dans le cas suivant ; on parlera alors d’appliquer le th´eor`eme d’approximation forte “en niveau N ” :

Corollaire1.1. GL2(A) = GL2(Q). GL+2(R) × B(N ) 

1.3.2. Unicit´e de l’´ecriture. Il est important de comparer deux d´ecompo-sitions d’une mˆeme matrice ad´elique g ∈ GL2(A) via ce corollaire. Imaginons que g = gQ.(g+R × gN) = g′ Q.(g′+R × gN′ ), avec gQ, gQ′ ∈ GL2(Q), g + R, g ′+ R ∈ GL + 2(R) et gN, g′ N ∈ B(N ). On pose h = g′−1Q gQ∈ GL2(Q). On a alors :    g′ Q = gQh−1 g′+ R = hg + R g′ N = hgN

ce qui montre que h est un bon indicateur du d´efaut d’unicit´e de la d´ecomposition. Voyons ce que ces ´egalit´es fournissent comme indication sur h :

(20)

1.4. TOURS 19 – la premi`ere ligne provient directement de la d´efinition de h, et montre que c’est une matrice `a coefficients rationnels, ce qui permet de la voir `a la fois comme archim´edienne et non-archim´edienne ;

– la seconde ligne indique que le d´eterminant de h est strictement positif ; – la derni`ere ligne donne beaucoup d’indications : h est `a coefficients entiers, et

son coefficient (2, 1) est congru `a 0 modulo N . Par ailleurs, son d´eterminant (qui est donc entier) doit ˆetre inversible modulo tous les nombres premiers : c’est donc ±1.

On voit alors que si deux d´ecompositions diff`erent, c’est n´ecessairement par une matrice de Γ0(N ). Et inversement, si on se donne une d´ecomposition d’une matrice, il est clair qu’on peut en obtenir une autre en faisant agir une matrice de ce groupe. Remarque 1.2. Ce th´eor`eme est dicut´e de fa¸con tr`es claire dans le livre [16] de Gelbart, o`u sont donn´ees aussi un certain nombre de r´ef´erences sur des r´esultats similaires. On trouve une preuve pour le groupe alg´ebrique SL2 dans le livre [18] de Hida.

1.3.3. Passage `a un groupe plus petit. On choisit g ∈ GL2(A), et on imagine qu’on en connaˆıt une ´ecriture dans la d´ecomposition GL2(Q).(GL+2(R) × B(N )) ; et on souhaite en d´eduire alors une ´ecriture dans GL2(Q).(GL+2(R) × B(M N )), si possible. On va voir que si M |N , on peut le faire.

Pour cela, il suffit de consid´erer 1∞× u avec u ∈ B(N ). On va voir qu’il existe une matrice h ∈ Γ1(N ), que l’on donnera explicitement, telle que hfu ∈ B(M N ).

A l’aide de cette matrice h, on peut ´ecrire : 1∞× u = h−1.(h × hu) Voyons maintenant comment calculer h ; on pose :

h =  1 0 N α 1  u =  a b N c d  alors :  1 0 N α 1   a b N c d  =  a b N (c + aα) d + N bα 

et on voit qu’il suffit de faire un choix de α ∈ Z tel que c + aα ≡ 0 mod M . C’est l`a qu’intervient l’hypoth`ese M |N ; en effet, pour ˆetre sˆur de pouvoir faire un tel choix, il faut que ap ∈ Zp soit inversible, pour tout p|M . Or, si M |N , ces conditions sont v´erifi´ees, car ad − bN c ∈ ˆZ∗. Si maintenant ap est inversible, alors il existe αp∈ Zp tel que cp+ apαp ≡ 0 mod pvp(M). Cet entier (de Zp) est unique

modulo pvp(M). On utilise alors le th´eor`eme chinois pour obtenir un entier (relatif !)

α, d´efini modulo M , qui recolle les donn´ees des αp, pour tous les p|M . 1.4. Tours

On va travailler avec des familles d’espaces vectoriels sur des corps alg´ebrique-ment clos (g´en´eralealg´ebrique-ment Q ou C), structur´ees par des applications lin´eaires plus ou moins simples. Il est donc relativement naturel de chercher `a d´efinir un certain vocabulaire, qui sans exprimer de choses bien complexes, permettra n´eanmoins de rendre l’expos´e plus compr´ehensible.

(21)

20 I. PR ´ELIMINAIRES 1.4.1. S-tour. Une S-tour est la donn´ee : – pour chaque ν ∈ NS, d’un espace vectoriel Eν;

– pour chaque couple ν ≤ µ ∈ NS d’une application lin´eaire hν,µ: Eν→ Eµ; – pour chaque couple ν ≤ µ ∈ NS d’une application lin´eaire bµ,ν: Eµ→ Eν;est l’´etage ν, E0est le rez-de-chauss´ee. Les applications hν,µsont les ascenseurs ascendants et les bµ,ν sont les ascenseurs descendants.

On demande aux ascenseurs de v´erifier les propri´et´es suivantes : – c’est l’identit´e si µ = ν ;

– si ν ≤ µ ≤ λ, l’ascenseur associ´e au couple ν ≤ λ est le compos´e des ascen-seurs associ´es `a ν ≤ µ et µ ≤ λ.

On dira plus simplement que (E, h, b) est une S-tour pour d´ecrire cette situa-tion.

Remarque 1.3. Les ascenseurs ascendants et descendants forment deux fa-milles de morphismes, avec des propri´et´es de coh´erences internes `a chaque famille, mais sans propri´et´e qui les lie : ils ne sont pas inverses les uns des autres, en particulier.

1.4.2. Morphisme de tours. Etant donn´ees (E, h, b) une S-tour et (E′, h, b) une Σ-tour, et une famille d’applications lin´eaires (index´ee par NS) fν : Eν E′(ν,0), on dit que cette famille forme un morphisme de tours si pour tous ν ≤ µ ∈ NS, on a :

– la condition de compatibilit´e ascendante : le diagramme suivant commute

Eµ fµ // E′(µ,0) Eν fν // hν,µ OO E′(ν,0) h′ (ν,0),(µ,0) OO

– la condition de compatibilit´e descendante : le diagramme suivant commute

Eµ fµ // bµ,ν  E′(µ,0) b′ (µ,0),(ν,0)  Eν fν // E ′(ν,0)

Remarque 1.4. Il n’est pas possible de d´efinir de fa¸con satisfaisante un mor-phisme d’une Σ-tour dans une S-tour pour une raison simple : la S-tour a moins d’indices !

1.4.3. Restriction et extension de tour. Clairement, si S ⊂ Σ, et si on dispose d’une Σ-tour (E, h, b), on peut en faire une S-tour (E|S, h|S, b|S) de la fa¸con suivante :

– E|νS = E(ν,0);

– (h|S)ν,µ= h(ν,0),(µ,0); – (b|S)µ,ν= b(µ,0),(ν,0);

(22)

1.5. R ´EDUCTION D’ENDOMORPHISMES : ESPACES CARACT ´ERISTIQUES 21 On ne va pas d´efinir la notion d’extension de tours comme r´eciproque de la restriction, car cela serait trop restrictif : on dira qu’un morphisme f entre une S-tour et une Σ-tour est une extension s’il est injectif `a chaque ´etage.

Si S = Σ, et les morphismes sont des inclusions, on parlera plutˆot de sous-tour. 1.4.4. Tour de dimension finie. On s’int´eressera principalement `a des tours dont chaque ´etage est de dimension finie ; mais ´evidemment, mˆeme dans ce cas, il n’est pas impossible que dim Eν tende vers +∞ quand on fait tendre ν vers “l’infini”.

On parlera donc de tour de dimension finie uniquement dans le cas o`u la dimension des ´etages est born´ee.

1.5. R´eduction d’endomorphismes : espaces caract´eristiques Dans toute cette section, on va travailler avec un corps K alg´ebriquement clos, un espace vectoriel E de dimension finie sur K, et U, V deux K-endomorphismes de E, tels que U V = V U .

1.5.1. Point de vue polynomial. On rappelle d’abord un r´esultat tr`es sim-ple mais fondamental sur les polynˆomes d’endomorphismes :

Lemme1.1 (lemme des noyaux). Si P1, . . . , Pn ∈ K[X] sont premiers entre eux deux `a deux, on a :

Ker(P1. . . Pn)(U ) = KerP1(U ) ⊕ · · · ⊕ KerPn(U )

D´emonstration. On va commencer par montrer que la somme est directe : soient i 6= j, et supposons que x ∈ KerPi(U ) ∩ KerPj(U ). On applique le th´eor`eme de B´ezout `a Pi et Pj, ce qui permet d’´ecrire : QiPi+ QjPj = 1. Si on calcule le polynˆome en U associ´e `a cette ´egalit´e, ´evalu´e en x, il vient : x = 0.

Il reste maintenant `a montrer que cette somme directe vaut ce que l’on attend. L’inclusion de la somme dans le noyau du produit est claire ; il suffit donc de prouver l’autre inclusion : fixons x ∈ Ker(P1. . . Pn)(U ), le but est de le d´ecomposer en somme d’´el´ements dans les autres noyaux. Pour j ∈ [[1, n]], notons ˆPj le produit de tous les Pi, sauf i = j. On applique alors le th´eor`eme de B´ezout `a ces polynˆomes pour ´ecrire : Q1P1ˆ + · · · + QnPnˆ = 1. Quand on calcule au point x le polynˆome en U associ´e `a cette ´egalit´e, il vient x = x1+ · · · + xn, o`u xi= Qi(U ) ˆPi(U )(x) est un ´el´ement de KerPi(U ), par d´efinition de x, ce qui donne l’´ecriture cherch´ee.  Si maintenant on utilise le fait que K est alg´ebriquement clos pour ´ecrire le po-lynˆome minimal de U (il existe : on est en dimension finie !) sous la forme suivante :

ΠU(X) = (X − α1)ν1× · · · × (X − αn)νn

A partir de cette d´ecomposition polynomiale, le lemme des noyaux donne une d´ecomposition vectorielle :

E = Ker(U − α1)ν1⊕ · · · ⊕ Ker(U − αn)νn

et cette d´ecomposition est respect´ee par V : il respecte les noyaux des polynˆomes en U car il commute avec ce dernier.

On a donc une d´ecomposition vectorielle de l’espace total, qui pr´esente des propri´et´es int´eressantes, puisqu’elle est respect´ee par les endomorphismes raison-nables, et fait intervenir des calculs sur des puissances de U fix´ee. Son d´efaut est de n´ecessiter la connaissance explicite de toutes les valeurs propres de U .

(23)

22 I. PR ´ELIMINAIRES

1.5.2. Point de vue grassmannien. On note GEl’ensemble des sous-espaces vectoriels de E. L’endomorphisme U , qui agit sur les points induit U : GE → GE qui agit sur les espaces.

On peut ´evidemment composer les applications sur cette grassmannienne, mais on dispose d’une possibilit´e suppl´ementaire : on peut d´efinir une “composition infinie”, de la fa¸con suivante : si V ∈ GE est tel que U (V ) ⊂ V , on d´efinit U∞(V ) comme ∩nUn(V ). Cette compos´ee v´erifie une propri´et´e de projection : U∞◦ U= U; mais ce n’est plus une fonction sur les points de E !

On va voir que c’est une v´eritable projection, en un certain sens ; posons : KerU∞ = ∪nKerUn

ImU∞ = ∩nImUn

o`u le noyau est le plus grand sous-espace sur lequel U est nilpotent, et l’image le plus grand sous-espace dont les points sont image d’une puissance quelconque de U .

Proposition1.3. On a la d´ecomposition suivante : E = KerU∞⊕ ImU∞

D´emonstration. C’est l’intuition qu’il s’agit d’une sorte de projecteur qui doit guider !

Montrons que la somme est directe : soit y = KerU∞∩ ImU. Alors y = U∞(x), car c’est un sous-espace de l’image. On peut alors utiliser la propri´et´e de stabilit´e : y = U∞(U(x)) = U(y), mais comme y est un sous-espace du noyau, il vient : y = 0.

Pour montrer que la somme est totale, avec un projecteur normal, on ´ecrirait l’identit´e comme I = U∞+ (I − U), mais ceci n’est pas disponible sur la grass-mannienne. On dispose par contre du th´eor`eme du rang, que l’on peut appliquer `a Un pour tout n ≥ 0 : dim E = dimKerUn + dimImUn. En passant `a la li-mite dans cette ´egalit´e, on voit que les dimensions des sous-espaces consid´er´es sont suppl´ementaires ; or il sont en somme directe, donc ils engendrent tout l’espace.  On obtient donc une d´ecomposition vectorielle int´eressante car elle est stable par des endomorphismes raisonnables, et elle ne demande pas de trop bien connaˆıtre l’op´erateur U . Cependant, elle fait intervenir un passage `a la limite qui n’est pas des plus explicites.

1.5.3. Comparaison des deux points de vue. Si on se fixe une valeur propre α de U , on a deux d´ecompositions int´eressantes associ´ees `a (U, α) :

E = Ker(U − αI)ναM

β6=α

Ker(U − βI)νβ

E = ∪n≥0Ker(U − αI)n⊕ ∩n≥0Im(U − αI)n on va montrer qu’en fait :

∪n≥0Ker(U − αI)n = Ker(U − αI)να

∩n≥0Im(U − αI)n = M β6=α

Ker(U − βI)νβ

ce qui montre que pour calculer une projection sur les noyaux, il suffit de faire le calcul pour une puissance donn´ee de U − αI, et que la connaissance de toutes les

(24)

1.6. FONCTION CONFLUENTE HYPERG ´EOM ´ETRIQUE 23 valeurs propres n’est pas n´ecessaire : on dispose d’une d´ecomposition `a laquelle on peut appliquer des outils classiques de calcul algorithmique.

En fait, comme on sait dispose de renseignements sur les dimensions de ces espaces, on va se contenter de prouver :

Ker(U − αI)να ∪n≥0Ker(U − αI)n

Ker(U − βI)νβ ∩n≥0Im(U − αI)n

La premi`ere inclusion est claire, regardons la seconde (dans laquelle bien sˆur β 6= α). Comme U − αI fixe Ker(U − βI)νβ (U commute avec lui-mˆeme !), on va

prouver que c’est un isomorphisme de cet espace.

Pour cela, on remarque que : U − αI s’´ecrit (U − βI) + (β − α)I, donc se met sous la forme (β − α)(I − N ) o`u N est un op´erateur nilpotent. Or on sait que de tels op´erateurs sont inversibles (l’inverse de I − N est la somme [finie par nilpotence] : P

iNi).

1.5.4. Calcul effectif de la projection. On va essayer de voir comment la discussion pr´ec´edente permet de calculer explicitement la projection avec un logiciel capable de faire un certain nombre de manipulations sur l’espace consid´er´e.

On se fixe donc l’op´erateur U sur l’espace, et une de ses valeurs propres α. On imagine que l’on dispose d’une base quelconque B de l’espace, et que l’on est capable de projeter tout ´el´ement dans toute base.

On commence par calculer l’image de chaque ´el´ement de la base par U , et sa projection sur la base ; cela d´etermine la matrice M de U dans la base initiale.

On calcule M′ = Md o`u d est la dimension de l’espace. Si on dispose de renseignements plus fins sur la valeur propre (comme son ordre dans le polynˆome minimal de U sur cet espace), on peut calculer une puissance plus faible.

On cherche alors le noyau de M′, ce qui donne un certain nombre de vecteurs, qui forment une base de l’espace caract´eristique cherch´e.

Il reste enfin `a calculer l’image de M′, dont on ne conserve que le minimum de vecteurs n´ecessaires pour en avoir une base : on a alors une base du suppl´ementaire canonique (pour U ) de l’espace caract´eristique.

Ces deux bases forment une base de l’espace total, adapt´ee `a la d´ecomposition caract´eristique : il suffit de projeter un vecteur dans cette nouvelle base pour connaˆıtre sa projection sur l’espace caract´eristique.

1.6. Fonction confluente hyperg´eom´etrique

Ces fonctions, dont l’une va jouer un rˆole crucial pour ´etablir des r´esultats de r´egularit´e pour les s´eries d’Eisenstein, sont ´etudi´ees, preuves `a l’appui, dans divers textes ; la r´ef´erence centrale est l’article [52] de Shimura, mais Hida donne d’autres preuves dans [18].

1.6.1. D´efinition. On consid`ere, pour y ∈ R∗

+ et α, β des complexes : σ(y; α, β) =

Z ∞ 0

(u + 1)α−1uβ−1exp(−yu)du

cette int´egrale converge bien lorsque β est de partie r´eelle strictement positive. 1.6.2. Prolongement analytique. La fonction (exp(2iπβ) − 1)σ(y; α, β) se prolonge en une fonction holomorphe sur tout le plan (α, β) ∈ C2.

(25)

24 I. PR ´ELIMINAIRES

1.6.3. Equation fonctionnelle. La fonction ω(y; α, β) 7→ yβΓ(β)−1σ(y; α, β) est invariante via les substitutions (simultan´ees !) α 7→ 1 − β et β 7→ 1 − α :

ω(y; α, β) = ω(y; 1 − β, 1 − β)

1.6.4. Valeurs particuli`eres. On sait ´evaluer la fonction ω dans les cas sui-vants tr`es simples :

– lorsque ℜ(α) > 0, ω(y; α, 0) = 1 ; – lorsque ℜ(β) > 0, ω(y; 1, β) = 1 ; 1.6.5. D´eveloppement polynomial.

Proposition1.4. On dispose de l’expression de r´ecurrence suivante, pour tout entier naturel r : ω(y; α, β) = r X j=0 (−1)j  r j  Γ(α) Γ(α − j)y −jω(y; α − j; β + r)

Cette relation de r´ecurrence permet d’obtenir un d´eveloppement polynomial : Corollaire1.2. Si r est tel que ℜ(α − r) > 0, alors on a :

ω(y; α, −r) = r X j=0 (−1)j  r j  Γ(α) Γ(α − j)y −j

D´emonstration. En effet, pour ces choix, on sait que l’on peut utiliser les valeurs particuli`eres connues de la fonction ω. 

1.7. Lemme de Rankin

Lemme1.2 (de Rankin). Supposons donn´ees deux suites (ar) et (br), v´erifiant les propri´et´es suivantes :

( P r≥0arXr = (1−αX)(1−α1 ′ X) P r≥0brXr = 1 (1−βX)(1−β′X) alors on a : X r≥0 arbrXr= (1 − αα′ββ′X2) (1 − αβX)(1 − α′βX)(1 − αβX)(1 − αβX)

D´emonstration. On commence par se ramener `a un ´enonc´e qui ne fait inter-venir que les α, α′, β et β; en d´ecomposant les s´eries en (ar) et (br) via le produit, on obtient les expressions suivantes :

 ar = P

i+j=rαiα′j br = P

k+l=rβkβ′l

Par ailleurs, en d´ecomposant la fraction rationnelle, on a : (1−αα′

ββ′

X2)

(1−αβX)(1−α′βX)(1−αβX)(1−αβX)

= (1 − αα′ββX2) ×P

a,b,c,d≥0αa+cα′b+dβa+bβ′c+dXa+b+c+d = P

a,b,c,d≥0αa+cα′b+dβa+bβ′c+dXa+b+c+d −P

(26)

1.8. TRANSFORM ´EE DE FOURIER SUR Af 25

prouver le lemme revient donc `a ´etablir : X

a,b,c,d≥0

αa+cα′b+dβa+bβ′c+d = X i,j,k,l≥0

αiα′jβkβ′l

avec les contraintes : a + b + c + d = r et ad = 0 `a gauche, et i + j = r et k + l = r `a droite ; et ceci pour tout r ≥ 0. Il s’agit donc essentiellement de trouver un changement de variables ad´equat.

Il suffit en fait de consid´erer les points i et k sur le segment [[0, r]]. Ils coupent le segment en trois. La longueur du premier morceau sera c, la longueur du dernier, b. La longueur du segment du milieu sera a si k ≤ i, et d si i ≤ k ; avec a ou d nul si non pr´ecis´e. Il est clair que cela reste coh´erent si k = i. R´ecapitulons : si k ≤ i, alors c = k, a = i − k, b = j et d = 0 ; si i ≤ k, alors c = i, d = k − i, b = l et a = 0. Ce changement de variable ´etablit l’´egalit´e, donc le lemme. 

1.8. Transform´ee de Fourier sur Af

1.8.1. D´efinitions. Soit ϕ : Af → C une fonction localement constante `a support compact (notons LC leur ensemble). On d´efinit sa transform´ee de Fourier par la formule suivante :

F ϕ(x) = Z

Af

ϕ(t)Ψf(−tx)dt o`u Ψf =Q

pΨpest l’exponentielle semi-ad´elique d´ej`a introduite (en 1.2.2, page 18). Si a est un ad`ele fini, on note Tal’op´erateur qui agit sur ϕ ∈ LC par translation :

ϕ|Ta(x) = ϕ(x + a)

Pour λ un id`ele fini, on note Hλl’op´erateur qui agit sur ϕ ∈ LC par homoth´etie : ϕ|Hλ(x) = ϕ(λx)

1.8.2. Outils de calcul. Les propri´et´es suivantes permettent de calculer la transform´ee de Fourier d’une fonction quelconque plus facilement.

Proposition1.5. On a : F1ˆZ= 1ˆZ

D´emonstration. En effet, la transform´ee de Fourier s’interpr`ete alors comme une somme sur des racines de l’unit´e : s’il y a un d´enominateur, la somme est nulle.

Sinon, la somme vaut 1. 

On va noter Ψa la fonction x 7→ Ψf(ax). Elle est bien localement constante, mais son support n’est pas compact.

Proposition1.6. Pour tous a, x ∈ Af et ϕ ∈ LC, on a : F Taϕ = ΨaF ϕ D´emonstration. Il suffit d’effectuer le changement de variable : u = t + a et

du = dt dans l’int´egrale. 

Proposition1.7. Pour tous a ∈ Af et ϕ ∈ LC, on a : F (Ψaϕ) = T−aFϕ D´emonstration. L’exponentielle d´ecale simplement la variable dans l’int´e-grale, sans changement de variable.  Proposition1.8. Pour tous λ ∈ If et ϕ ∈ LC, on a : F Hλϕ = |λ|−1f Hλ−1F ϕ D´emonstration. Il suffit d’effectuer le changement de variable u = λt et du = |λ|fdt dans l’int´egrale. 

(27)

26 I. PR ´ELIMINAIRES

1.8.3. Transform´ee de Fourier d’un caract`ere de Dirichlet. On sou-haite calculer la transform´ee de Fourier d’un caract`ere de Dirichlet χ de conduc-teur cχ. Pour cela, on va commencer par expliquer comment on peut le consid´erer comme une fonction de LC ; par d´efinition :

χ = X a mod cχ

χ(a)1a+cχˆZ

Pour faire le calcul `a l’aide des propositions pr´ec´edentes, on le r´e´ecrit alors sous la forme : χ = X a mod cχ χ(a)T−aHc−1 χ 1ˆZ On obtient alors : Fχ(x) = X a mod cχ χ(a)F TaHc−1 χ 1ˆZ(x) = X a mod cχ χ(a)Ψf(−ax)F Hc−1 χ 1ˆZ(x) = X a mod cχ χ(a)Ψf(−ax)1 cχHcχF 1ˆZ(x) = 1 cχ X a mod cχ χ(a)Ψf(−ax)Hcχ1ˆZ(x) = 1 cχHcχ X a mod cχ χ(a)Ψf −ax cχ  1ˆZ(x)

dans cette expression, on voit une somme sur les valeurs d’un caract`ere, tordue par une exponentielle : cela fait penser `a une somme de Gauss. On va donc tenter de forcer l’apparition de Gχ dans l’expression de la transform´ee de Fourier :

Fχ(x) = 1 cχHcχ X a mod cχ χ(a)Ψf −ax cχ  1ˆZ(x) = 1 cχHcχχ(x) X a mod cχ χ(ax)Ψf −ax cχ  1ˆZ(x)

on voit alors que la condition 1ˆZ(x) est inutile, car χ(ax) la contient d´ej`a ; la somme est donc la somme de Gauss, et on obtient l’expression finale de la transform´ee de Fourier de χ :

F χ(x) = Gχ cχ χ(cχx)

1.8.4. Transform´ee inverse. On peut l´egitimement se demander quelle est l’expression de la transform´ee de Fourier inverse ; comme les formules de calcul de la transform´ee directe sont inversibles, on obtient ais´ement et sans calcul :

(28)

1.8. TRANSFORM ´EE DE FOURIER SUR Af 27 Proposition1.9. Si a ∈ Af, λ ∈ If et ϕ ∈ LC, on a : F−11ˆZ = 1Zˆ F−1Taϕ = Ψ−aF−1ϕ F−1Ψaϕ = TaF−1ϕ F−1Hλϕ = |λ|−1f H −1 λ F−1ϕ

(29)
(30)

CHAPITRE II

Formes modulaires ad´

eliques

2.1. D´efinition

2.1.1. Rappel : formes modulaires classiques. Il n’est pas inutile de rap-peler la d´efinition des formes classiques : cela permet de motiver les d´efinitions qui seront donn´ees dans le cadre ad´elique.

Une forme modulaire classique, de poids k pour un sous-groupe d’indice fini Γ ⊂ SL2(Z) est une fonction H → C, qui v´erifie :

∀τ ∈ H, γ ∈ Γ, f |kγ(τ ) = f (τ )

et qui est presque-holomorphe ; c’est une condition de r´egularit´e qui est discut´ee plus en d´etail en section 2.2.4. On note l’espace vectoriel sur C engendr´e par ces formes Mk(Γ).

On parle de forme modulaire (classique) de poids k et de niveau N pour les formes appartenant `a Mk(Γ1(N )). Cet espace se d´ecompose de fa¸con naturelle sous la forme : Mk(N ) = ⊕ψMk(N, ψ), o`u la somme porte sur les caract`eres d´efinis modulo N , et f est dans Mk(N, ψ) lorsqu’elle est dans Mk(N ) et v´erifie de plus : f |γ(τ ) = ψ(γ)f (τ ).

On dit qu’elle est parabolique lorsqu’elle s’annule sur toutes les pointes. Les espaces de formes paraboliques sont plutˆot not´es avec un S (de l’allemand Spitz) ; Sk(N, ψ) est donc l’espace des formes paraboliques de poids k, niveau N et caract`ere ψ.

2.1.2. Cadre ad´elique. On dit que F : GL2(A) → C est une forme modulaire de poids k, pour le sous-groupe d’indice fini K ⊂ GL2(ˆZ), lorsqu’elle v´erifie les conditions suivantes : (g ∈ GL2(A))

– ∀γ ∈ GL2(Q), F (γg) = F (g) ; – ∀z ∈ R∗, F (gz) = F (g) ;

– ∀θ ∈ R, F (gr(θ)) = exp(−ikθ)F (g) ; – ∀k ∈ K, F (gk) = F (g),

– F est presque-holomorphe (la notion, importante, est discut´ee en d´etail en section 2.2.4).

On note Mk(K) l’espace vectoriel sur C engendr´e par ces fonctions. On verra plus loin qu’il est possible de le munir d’une structure enti`ere/rationnelle, grˆace aux coefficients de Fourier.

On dit que F est de poids k et de niveau N lorsqu’elle appartient `a Mk(U (N )). On pr´ef`erera noter cet espace Mk(N ). Comme dans le cadre classique, cet espace se d´ecompose le long de caract`eres :

Mk(N ) = ⊕ψ1,ψ2Mk(N, ψ1, ψ2)

(31)

30 II. FORMES MODULAIRES AD ´ELIQUES

o`u la somme porte sur les couples de caract`eres de Dirichlet modulo N . L’espace Mk(N, ψ1, ψ2) est le sous-espace de Mk(N ) form´e par les formes F telles que :

F (gγ) = ψ1(aγ)ψ2(dγ)F (g) lorsque γ ∈ B(N ).

Remarque 2.1. Si F est dans Mk(N, ψ1, ψ2), comme r(π) = −1, on a : F (gr(π)) = F  g  −1 0 0 −1 

o`u l’on voit la seconde matrice comme ´el´ement de B(N ), et donc : ψ1ψ2(−1) = (−1)k

ce r´esultat est coh´erent avec ce qu’on a dans le cadre classique.

Remarque2.2. Comme B(N )/U (N ) ⋍ (Z/N Z)∗2, qui est commutatif, on a : F (GL2(Q)gR× gNg′

NU (N )) = F (GL2(Q)gR× gN′ gNU (N ))

2.1.3. Lien avec d’autres d´efinitions. La d´efinition pr´ec´edente de forme modulaire ne correspond pas exactement `a ce qui se trouve dans la litt´erature ; donnons rapidement quelques points de comparaison.

2.1.3.1. Th´eorie de la repr´esentation. La d´efinition plus couramment utilis´ee dans les articles/livres o`u l’auteur est plus int´eress´e par l’aspect th´eorie de la repr´esentation (comme par exemple dans les livres de Gelbart [16], Hida [18] et Li [25]) est la suivante : une forme modulaire de poids k, niveau N et caract`ere ψ (un seul caract`ere !) est d´efinie comme v´erifiant :

– F (γg) = F (g), pour tout γ ∈ GL2(Q) ; – F (gr(θ)) = F (g) exp(−ikθ), pour tout θ ∈ R ; – F (zg) = ψ(az)F (g), pour tout z ∈ Z(A) ; – F (gb) = ψ(ab)F (g), pour tout b ∈ B(N ) ;

– des conditions de r´egularit´e (en g´en´eral holomorphie, avec ´eventuellement des conditions de croissances pour les formes paraboliques - nous n’avons pas encore discut´e ce point).

La condition sur le centre ad´elique se d´ecompose en fait en une condition sur le centre r´eel, et une au centre non-archim´edien ; on voit donc qu’en fait, la forme ainsi d´efinie est dans Mk(N, ψ, 1). On verra que cette d´efinition est alors plus adapt´ee pour avoir une correspondance avec les formes classiques ; mais on perd le parall`ele entre les formes avec caract`ere et sans caract`ere, c’est la raison pour laquelle on ne l’a pas retenue ici.

2.1.3.2. Formes semi-ad´eliques. Ces formes sont utilis´ees dans l’article [45] de Scholl, et un pr´ec´edent travail [42] ; elles sont d´efinies sur H × GL2(Af). Une forme

˜

F v´erifie :

– ˜F (γτ, γg) = j1(γ, τ )−kF (τ, g), pour tout γ ∈ GL˜ + 2(Q) ;

– une propri´et´e d’invariance `a droite pour un sous-groupe K ⊂ GL2(Af) ; – une condition de r´egularit´e (holomorphie ou presque-holomorphie).

La principale diff´erence avec les formes ´etudi´ees ici r´eside dans cette diff´erence de comportement vis-`a-vis de GL2(Q). Voyons comment obtenir une forme ad´elique F `a partir de la forme ˜F ; il suffit d’utiliser les propri´et´es du facteur d’automorphie pour avoir une id´ee de la d´efinition : j1(γτ, i) = j1(γ, τ )j1(τ, i) o`u on identifie τ ∈ H `a τ ∈ H∞, et donc o`u j1(τ, i) = y.

(32)

2.1. D ´EFINITION 31 Il suffit donc de consid´erer j1(τ, i)kF (τ, g) pour obtenir une fonction GL˜ +

2 (Q)-invariante : c’est le lien cherch´e.

Remarque 2.3. La partie archim´edienne de l’espace de d´efinition est plutˆot C− R, donc deux copies de H, mais on se ram`ene ais´ement au cas de figure discut´e ici.

2.1.4. Lien entre formes classiques et ad´eliques, torsion. 2.1.4.1. Passage classique-ad´elique.

Proposition2.1. Il existe une application naturelle : Mk(N, ψ) → Mk(N, ψ, 1)

D´emonstration. On va d´efinir explicitement cette application ; cela se fait en trois ´etapes. Pour cela, on se fixe une forme modulaire classique f ∈ Mk(N, ψ).

On commence par prolonger f en F1de la fa¸con suivante : F1: GL+2(R) → C

g 7→ f |kg(i) = j1/2(g, i)kf (gi)

Cette nouvelle fonction a d’ores et d´ej`a un certain nombre de propri´et´es :

– si g ∈ GL+2(R) et z ∈ R+, alors F1(gz) = F1(g) ; en effet, le centre n’agit pas sur i, et j1/2(z, i) = 1 ;

– si g ∈ GL+2(R) et r(θ) ∈ SO2(R), alors F1(gr(θ)) = exp(−ikθ)F1(g) ; `a nouveau on utilise le fait que les rotations n’agissent pas sur i, et on calcule j1/2(r(θ), i) = exp(−iθ) ;

– si g ∈ GL+2(R) et γ ∈ Γ0(N ), alors F1(γg) = ψ(dγ)F1(g) ; ici, il suffit d’uti-liser la propri´et´e d’action `a droite pour s´eparer les actions de γ et g sur f , puis utiliser la modularit´e de f .

On prolonge alors `a GL+2(R) × B(N ) via ψ : F2: GL+2(R) × B(N ) → C

(g, u) 7→ ψ(au)F1(g)

Par construction, les matrices de B(N ) agissent via (ψ, 1). Le sous-groupe de congruence B(N ) agit donc sur F2 comme on le voudrait.

Pour obtenir F3 d´efinie sur GL2(A) = GL2(Q).(GL+2(R) × B(N )), on veut prolonger par GL2(Q)-invariance. On sait cependant que les translat´es de GL+2(R)× B(N ) se chevauchent, via les matrices de Γ0(N ) (voir la discussion sur le th´eor`eme d’approximation forte en 1.3). On doit donc v´erifier des conditions de recollement : si h ∈ Γ0(N ), on a : F3(hgR+× hgN) = F1(hg + R)ψ(ahgN) = ψ(dh)F1(gR+)ψ(ah)ψ(agN) = ψ(ahdh)F1(g+R)ψ(gN) = F3(g+ R× gN) car ahdh≡ 1 mod N .

On a donc obtenu une application F : GL2(A) → C `a partir de f . Il s’agit bien d’une forme modulaire ad´elique car les trois ´etapes fournissent les trois pro-pri´et´es principales : la premi`ere ´etape donne le comportement via les rotations et homoth´eties archim´ediennes, la seconde ´etape le comportement via B(N ), et la

(33)

32 II. FORMES MODULAIRES AD ´ELIQUES

troisi`eme donne la GL2(Q)-invariance. Finalement, la r´egularit´e de la forme modu-laire classique f de d´epart fournit la r´egularit´e attendue.

 2.1.4.2. Passage ad´elique-classique.

Proposition2.2. Il existe une application naturelle : Mk(N, ψ, 1) → Mk(N, ψ)

D´emonstration. Le passage est nettement plus facile dans cette direction, puisqu’il s’agit cette fois de restreindre une fonction ! On se donne donc F ∈ Mk(N, ψ, 1), et on souhaite lui associer de fa¸con naturelle une forme modulaire classique f , d´efinie sur H.

On d´efinit f par : H ⋍ H∞ → C τ ⋍  y x 0 1  7→ y−2kF  y x 0 1  × 1f 

Montrons que f ∈ Mk(N, ψ), comme annonc´e : on se donne un point τ ∈ H et une matrice γ ∈ Γ0(N ) : f |kγ(τ ) = j1/2(γ, τ )kf (γτ ) = j1/2(γ, τ )ky(γτ )−2kF  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  × 1f  = j1/2(γ, τ )k|j1/2(γ, τ )|−ky−k 2 F  γ  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  r(−α) × 1f  = j1/2(γ, τ )k|j1/2(γ, τ )|−ky−k2 exp(ikα)F  γ  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  × 1f  = y−2kF  γ  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  × 1f  = y−2kF  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  × γ−1  = y−2kψ(aγ−1)F  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  × 1f  = y−2kψ(dγ)F  y(γτ ) x(γτ ) 0 1  × 1f  = ψ(dγ)f (τ )

o`u on a utilis´e toutes les propri´et´es de F : la GL2(Q)-invariance pour faire passer γ de la partie archim´edienne `a la partie non-archim´edienne [avec inversion], o`u l’on a appliqu´e la (ψ, 1)-variance. On a de plus utilis´e la discussion sur le lien entre l’action des homographies sur le demi-plan de Poincar´e et la multiplication par une matrice dans GL+2(R) (proposition 1.2, o`u α est d´efini dans la preuve).

 On v´erifie ais´ement que cette construction est bien l’inverse de la pr´ec´edente.

(34)

2.2. PRESQUE-HOLOMORPHIE ET D ´EVELOPPEMENT DE FOURIER 33 2.1.4.3. Torsion par un caract`ere. On se donne une forme modulaire ad´elique F de poids k, de niveau N et de caract`eres (ψ1, ψ2), ainsi qu’un caract`ere de Dirichlet ψ, de conducteur divisant N .

On d´efinit la forme tordue F ⊗ ψ, elle aussi de poids k et de niveau N , mais de caract`eres (ψψ1, ψψ2), de la fa¸con suivante : si g ∈ GL2(A) s’´ecrit sous la forme g = gQ.(gR× gN)(en niveau N , via le th´eor`eme d’approximation forte), alors on d´efinit F ⊗ψ(g) par la formule : ψ(det gN)F (g). Cela a un sens, car l’ind´etermination sur gN est donn´ee par une matrice de SL2(Z), qui est de d´eterminant 1.

Elle est bien du poids attendu, car elle h´erite de F ses propri´et´es vis-`a-vis de Z+(R) et SO2(R). Son niveau et ses caract`eres se lisent eux aussi bien sur l’expression qui la d´efinit.

Comme l’application F 7→ F ⊗ ψ est lin´eaire, d’inverse F 7→ F ⊗ ψ, il s’agit d’un isomorphisme. En particulier, la torsion par ψ2permet d’associer `a une forme de caract`eres (ψ1, ψ2) une forme de caract`eres (ψ1ψ2, 1), `a laquelle vu comment associer de fa¸con naturelle une forme modulaire classique.

La torsion nous donne donc le dernier pont entre formes classiques et formes ad´eliques. On verra plus tard qu’elle respecte beaucoup plus que la structure vec-torielle des espaces de formes modulaires.

2.2. Presque-holomorphie et d´eveloppement de Fourier

On souhaite se donner une condition de r´egularit´e plus faible que l’holomor-phie, mais qui conserverait n´eanmoins de bonnes propri´et´es ; telles par exemple que l’existence d’un d´eveloppement de Fourier, ainsi que la stabilit´e par les op´erateurs usuels sur les formes modulaires.

2.2.1. Objectifs : structure enti`ere/rationnelle. On va voir que l’on peut d´efinir un “d´eveloppement de Fourier” des formes modulaires, assez similaire au d´eveloppement classique ; mais ici sous la forme :

(2.2.1.a) F  y x 0 1  × 1f  = yk2 X n,r≥0 an,rqnRr

avec n ∈ N, et une somme finie (et ind´ependante de n) sur r, o`u y ∈ R∗

+, x ∈ R ; expression qui provient de l’anneau formel A[[q]][R] via les identifications R = 1

4πy et q = exp(2iπ(x + iy)), avec A = O, Q ou C.

L’existence d’un tel d´eveloppement permet de doter les espaces de formes mo-dulaires d’une structure enti`ere (choix A = O) ou rationnelle (choix A = Q). Cela permet de discuter des probl`emes de congruences entre formes modulaires, par exemple. On d´efinit alors Mk(N, ψ1, ψ2, A) comme ´etant le sous-espace (sous-module si A n’est qu’un anneau) des formes de Mk(N, ψ1, ψ2) `a coefficients dans A (ie : ∀n, r, an,r∈ A).

On dit qu’une forme est “parabolique” si n = 0 =⇒ ∀r, an,r= 0. Ces formes paraboliques forment un sous-espace vectoriel (un sous-module, sur un anneau) de Mk(N, ψ1, ψ2, A), que l’on note Sk(N, ψ1, ψ2, A).

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