• Aucun résultat trouvé

Séméiologie des hallucinations de la vue dans les psychoses · BabordNum

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Séméiologie des hallucinations de la vue dans les psychoses · BabordNum"

Copied!
78
0
0

Texte intégral

(1)

EUÏR[ SOiiSilf go,30«

FAC

'LTÉ

DE

MÉDECINE

ET DE PHARMACIE DE

BORDEAUX

ANNÉE 1896-1897 40

SÉMÉIOLOGIE

DES

HALLUCINATIONS DE LA VUE

DANS LES PSYCHOSES

THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE

présentée et soutenue publiquement le 18 Décembre 1896

PAR

André-Jean-Marie F

É

RA Y

à Evreux (Eure), le 18 juin

187$

Elève du Service de Santé de la Marine

. . , , _. . . \ COYNE professeur...

Examinateurs de la These . < ,r,n„à

) AUCHE agrege

MM. PITRES professeur Président.

COYNE professe AUCHÉ agrégé.

CANNIEU agrégé.

Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les

diversesparties de l'Enseignement médical.

BORDEAUX

IMPRIMERIE DU MIDI PAUL CASSIGNOL

91 RUE PORTE-DIJEAUX 91 1896

(2)

Facilité de Médecine et (le Pharmacie de Bordeaux

M. PITRES Doyen.

PKOFESSEURS

MM. MICÉ )

u , .

AZ\M., . . ( Professeurs honoraires.

MM.

v PjpOT

Clinique interne

J

PITRES

DEMONS.

LANELONGUE.

DUPUY.

P1ECHAPD.

BOURSIER.

Clinique externe...

Pathologie interne.

Pathologie et théra¬

peutique générales. YERGELY.

Thérapeutique ARNOZAN.

Médecine opératoire. MASSE.

Clinique d'accouche¬

ments MOUSSOUS.

Anatomie pathologi¬

que COYNE.

Anatomie BOUCHARD.

Anatomie générale et

histologie YIAULT.

AGCiÉK BO A

section de médecine(Pathologie interneetMédecine légale.)

MM. MESNARD.

CASSAET.

AUCHÉ. |

section de chirurgieet accouchements

(MM. VILLAR. I , , , iMM. RIY1ÈRE.

Pathologieexterne B1NAUD. |

Accoucllements....

CHAMBRELENT

I

BRAQUEHÀYE |

sectiondes sciencesanatomiquesetphysiologiques

Anainmlo

|MM.

PRINGETEAU I Physiologie MM. PACHON.

Analomie

( CANNIEU. | Histoirenaturelle BEILLE.

section dessciences physiques

Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.

Chimie etToxicologie

DENIGÈS. j

COURS C OII1*VjÉMF MT AIRES :

Clinique interne des enfants MM. MOUSSOUS.

Physiologie Hygiène Médecine légale Physique

Chimie

Histoire naturelle ...

Pharmacie

Matière médicale....

Médecine expérimen¬

tale

Clinique ophtalmolo¬

gique

Cliniquedes maladies chirurgicalesdes en¬

fants

Clinique gynécologique HXIlRCICi; :

ieinterneetMédecine MM. SABRAZÈS.

Le DANTEC.

MM.

JOLYET.

LAYET.

MORACHE.

BERGONIÉ.

BLAREZ.

GUILLAUD.

FIGUIER.

de NABI AS.

FERRÉ.

BADAL.

Clinique des maladies cutanées etsyphilitique Clinique des maladies des voies urinaires.

Maladies dularynx, des oreilles etdunez

Maladies mentales Pathologie externe Accouchements Chimie

DUBREUILH.

POUSSON.

MOURE.

RÉGIS.

DENUCÉ.

RIVIÈRE.

DENIGÈS

LeSecrétaire de la Faculté: LEMAIRE.

Par délibération du5 août 1879, la Facultéaarrêté que les opinions émises dans les Thesesquiluisontprésentéesdoiventêtre considérées commepropres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leurdonner ni approbation ni improbation.

(3)
(4)

A MONSIEUR LE DOCTEUR AUG. VIGOUROUX

(5)
(6)
(7)

A mon Président de Thèse

MONSIEUR LE PROFESSEUR PITRES

DOYEN DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE I)E BORDEAUX

PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE

CHEVALIER DE LA LÉGION D'JIONNEUR

MEMBRE CORRESPONDANT DE LACADÉMIE DE MÉDECINE

MEMBRE CORRESPONDANTDE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE

(8)

- -■ V ï

il.,^ jTv|Jyjj

I

«" p

.

1

i

W-- '■>I

1 i

*

(9)

AVANT-PROPOS

Danscetravailnous avons pour but

d'étudier

les

hallucina¬

tions de lavue en temps que symptôme

des psychoses. Passant

en revue les différentes psychoses, nous chercherons

d'abord si

les hallucinations visuelles s'y rencontrent, quelle est

leur fré¬

quence, leur forme, leur objet; nous insisteronssur leurs rap¬

ports avecles idées délirantes; nousverrons si elles ont

précédé,

suivi ou

accompagné

le

délire,

si elles

n'ont été

que

l'expression

des convictions délirantes du malade, où si elles n'ont pas con¬

tribué à orienterce délire.

Nous ne nous dissimulons pas la

difficulté de notre tâche,

mais elle nous a été rendue plus facile par les

conseils de M. le

docteur Seglas et les nombreux

documents

que nousavons

pui¬

sés dans ses Leçons

Cliniques

sur les

maladies mentales et

nerveuses. Nous tenons à le remercier du bienveillant accueil qu'il nous a fait et nous l'assurons de toute

notre gratitude

pour le concoursqu'ilnous a

si aimablement prêté.

Nous remercions

également

M. le

docteur D. Brunet, méde¬

cin enchef de l'Asile des aliénés d'Evreux, qui nous a

permis

de prendre nosobservations dans son

service.

Nous sommes heureux depouvoir adresser nos

remerciements

les plus vifs

à

notre ami, M. le docteur

Aug. Vigouroux, qui

a

bien voulu nous aider de ses conseils pour mener

à bien le tra¬

vail que nous avions

entrepris.

Qu'il

soit assuré de toute notre

gratitude pour le concours

dévoué qu'il

nous a

donné.

(10)

10

Que M. le professeur Pitres,dont nous avons suivi avec tant d'intérêtles belles leçons, soit persuadéque nous sommes pro¬

fondément touché du très grand honneur qu'il nous fait en acceptant la présidence do notre thèse

inaugurale.

Bordeaux, 8 décembre 1896.

-f-

S

(11)

HISTORIQUE

Faire

l'historique

des hallucinations de la vue serait faire l'his¬

toire de l'a folie proprement dite. Suivant les théories

régnantes,

on les a considérées comme

provoquées

par les influences sur¬

naturelles les plus

opposées,

et

jusqu'à

la

moitié

du xvine siè¬

cle, elles ne furent pas considérées comme symptôme morbide,

mais tantôt comme œuvre de Dieu, tantôt comme œuvre du démon; elles ont conduit aux destinées les plus contraires

ceux qui les

éprouvaient

:elles ont tour àtourallumé les bûchers du moyen-àge ou

motivé

les plus

singulières exagérations d'un

cultepoussé jusqu'à l'idolâtrie.

Hippocrate

n'avait que vaguement

parlé

des

hallucinations.

Arétée les

indique

avec

netteté

et cite les

«images

rouges»,

qui

se

présentent

aux yeux

de certains malades. Celse parle d'une

forme de maladie mentale qu'il attribue

à

la

présence

de l'atra-

bile. Il insistesur cessujets

qui

ont

des hallucinations

de la vue

sans délire proprement dit

(Quidam imaginibus

non mente fal-

luntur).

Galien

(131

ap.

J.-Ch.) dit quelques mots des fantômes

et des'hallucinations de la vue.

Après Paul d'Egine (630

ap.

J.-Ch.),

nous

retombons

dans une

longue période d'ignorance

et de barbarie. Au xve siècle, la saine tradition médicale fait place aux

interprétations surnaturelles et à l'intervention cles^

idées

religieuses dans des faits purement pathologiques. Les théologiens

ne

voyaient

dans

l'hallucination

que

les effets

per¬

nicieux d'une

puissance infernale, hostile à la puissance divine

et qui devaient être combattus par les

exorcismes, les tortures

etle bûcher. Ils admettaient du reste une distinction fondamen¬

tale: les saints étaient visités par des anges

(visions

de saint

(12)

- 12 -

Antoine, de saint Martin, de saint

Augustin, etc.);

tous

les

personnages de

l'antiquité, voués

au paganisme et ayant eu des visions, étaient en rapport avec les esprits infernaux. Cette

croyance au démon était commune, non seulement aux théolo¬

giens et aux philosophes, mais aux médecins du xvie siècle, tels que Fernel et Ambroise Paré. Il faut arriver à Alciat, le grand jurisconsulte, à Leloyer et à

Montaigne,

pour voir naître

une réaction contre la croyance à la sorcellerie. Ils osent écrire que la démonolàtrie est unemaladieet quel'hallucination estun

symptôme morbide.

Cependant,

Plater

(1536-1614) distingue

la

folie ordinaire de la folie

démoniaque à

côté de doctrines ou de

descriptions

qui constituent un

progrès

scientifique

réel. Lepois (1563-1633)

combat implicitement les idées de possession.

Sennert

(1637)

admetencore la réalité de la forme du loup prise

par

bbelicanthrope.

Dans les travaux de Willis

(1622-1675),

fort intéressants, la folie est attribuée à des esprits animaux qui

font effervescence.

Au xvme siècle, la pathologie mentale entre dans une voie nouvelle. Vieussens

(1641-1720)

émet des théories conformes à

ses idées de chimiatrie. Boerhaave et son commentateur Van Swieten,

Flemingue,

etc., localisent dans le cerveaules diverses névroses. Les travaux immortels de

Morgagni (1682-1771)

achè¬

vent d'entraîner les esprits dans cette direction.

Sauvages (1706-1767)

divise les vésanies en quatre ordres parmi lesquels les hallucinations. Il divise les hallucinations en

différentes classes: le

vertige,

la berlue, la

diplopie,

le tin¬

touin, etc.

AvecPinel et son élève Esquirol, nous entrons danslapériode moderne, et c'est Esquirol qui a donné de l'hallucination la définition, qui est encore considérée comme la meilleure : « Un homme, dit-il, qui ala conviction entière d'une sensation actuel¬

lement perçue, alors que nul objet extérieur, propre à exciter cette sensation, n'est mis à la

portée

desessens,est dans un état d'hallucination ». Cette définition que l'on peut remplacer par la formule plus connue,plus concise, plus

générale

: « l'hallucina¬

tion estune perception sans objet. »

(13)

13

La nouvelle école de psychiatrie considère l'hallucination

comme

provoquée

parl'excitation des centres corticaux. Cepen¬

dant; avant M. leprofesseur Tamburini, MM.

Michea,Baillarger,

Bail, etc., ont admis l'influence de l'intelligence et des appareils

sensoriels surla production des hallucinations; les uns accor¬

dent à chacun deces deux facteurs le pouvoirde faireapparaître

les hallucinations; pour les autres, l'intervention simultanée des deux seraitnécessaire.

Enfin, pour M. le professeur Tamburini, les hallucinations résulteraientd'une excitation morbide des centres sensoriels de l'écorce cérébrale. Elles constitueraient en quelque sorte « une

épilepsie

des centres sensoriels. »

(14)

''4r v'.

v:'i

tsgr/- -' l;s-

i

»

f

.< ■- -- - .

,

/ i

-

i *

*■.

. - BKSB ,1: !

M-Tf •' •- " •••=■:■ ' ^ '-ïf

' ,

I

--."-tsll

-, EfeviV :■ - u-

BSP*3I^y

t.£■»■'■••■

/

- % <

i

^;r

'

c s

x" -

:-

"■■■;

i 'la- :

,

.

. V . . , \ . . ' ,

-

m i.

l

. ;

(15)

Des hallucinations

de

la

vue en

général.

Au point de vue

symptomatique,

les hallucinationsde la vue se divisent entrois grandes classes : les hallucinations visuelles

élémentaires,

communeset verbales.

Les hallucinations visuelles élémentaires consistent envisions de feu,

d'éclairs,

de lueurs. Elles sontproduites par l'éréthisme

du centre

optique

cortical seul. Dans ce centre en effet se réalise la perception

optique

brute, qui différencie

simplement

les im¬

pressions lumineuses en tant

qu'impressions lumineuses,

et ne les

distingue

qu'au point de vue de leurton, de leur nature, de leurintensité.

Les hallucinations visuelles communes sont caractérisées par des

apparitions

de personnes, d'animaux

fantastiques,

etc.;

1

impression

visuelle est alors mise en rapport avec

l'objet

qui

la produit. Ce

degré

plus parfait de la perception

optique exige

l'intervention d'autres centres que le centre optique cortical : les centres, où sont

évoquées

les

images auditives,

tactiles, doi¬

vent entrer enjeu; sans eux il ne peut y avoir de

perception

différenciée.

Enfin, quand le processus hallucinatoire atteint le centre visuel des mots, il y a hallucination visuelle verbale. Nous ne

retrouvons cette forme que chez des malades d'un niveau intel¬

lectuel relativement élevé.

Telles sont les trois

catégories

que l'on peut établir dans les hallucinations de la vue

d'après

la perfection plus Ou moins grande des visions et selon les différentscentresnerveuxexcités.

(16)

- iG -

Onpourrait

également les classer

en ne

considérant que leur

objeten

lui-même;

nous

les distinguerons alors

en :

Hallucinations visuelles indifférentes, au cours

desquelles le

maladevoitdes lueurs,

aperçoit des visages

connus

qui béton¬

nent,mais nel'effrayentpas;

Hallucinations visuellesterrifiantes, qui

consistent surtout

en flammes, éclairs, visages

hideux et grimaçants, animaux fantas¬

tiques et mots

menaçants inscrits

sur

quelque objet situé en

face ou

près

du

malade;

Enfin en hallucinations visuelles consolantes, principalement

de nature mystique; ce

sont des apparitions de la Vierge, de

saints, souvent

accompagnées d'une légende;

ces personnages par leur

attitude et leur physionomie rassurent le sujet qui les

voit.

Après avoir indiqué les différentes classes à établir dans les

hallucinations de lavue, nous allons

étudier leurs symptômes subjectifs

et

objectifs. Nous considérerons tout d'abord leur

objeten lui-même,

selon

son

unité

ou sa

multiplicité,

sa

netteté

plus ou

moins grande,

sa

mobilité

ou son

immobilité, les

variations qu'il

peut subir

au cours

d'une hallucination.

L'apparition peut être simple

ou

multiple, présenter

un ou

plusieurs sujets

;

ainsi clans l'observation de ce médecin anglais,

relatée par

Walter Scott, apparaissent

un

chat, puis

un

spectre

ou un squelette.

Ces visions

pourront être plus

ou

moins nettes. Ghardet rapporte le

cas

d'un homme ayant

eu une

hallucination très compliquée

: ce

malade raconte

que

les figures de

sa

vision

étaientbrillantes commedel'argent, que

les robes des

person¬

nages apparus

étaient blanc gris, etc. Pour un autre, les images

semblentêtre formées devapeur

condensée. Un troisième

a vu leDiablecommetransparent.

Selon lescas, ces êtres

imaginaires seront mobiles

ou

immo¬

biles. Baylecite un

employé, qui croyait voir

une

araignée

sus¬

pendue

à

un

fil et grossissant petit à petit.

De même

qu'ils peuvent varier dans leur situation réciproque

ou dans leur volume, de

même le

ou

les objets de l'hallucination

(17)

peuvent

changer

dans la durée de celle-ci : tel le malade de Ch. Bonnet, qui voit deg bâtiments s'élever sous ses yeux, des tapisseries se dérouler devant lui. Chez les mystiques, nous retrouvons des"faits analogues.

Tantôt,l'objet de l'hallucination paraîtraen face du malade, tantôt à côté. Les visions du médecin anglais Bostock suivaient les mouvements dés yeux : nous avons pu constater deux cas semblables. Ladistance à

laquelle

se font les apparitions varie selon les sujets.

Quant à la vision elle-même, elle peut arriver

brusquement

à

sa perfection ou peu à peu acquérir toute son intensité.

Il semble que l'objet de l'hallucination soit en rapportavecles

préoccupations

du malade, son délire, le souvenir d'une émotion antérieure. Pascal voyait devant lui et àchaquepas un

précipice:

jamais il n'avait

éprouvé

semblable sensation avantsonaccident

au pont de

Neuilly,

d'où il avait failli être

précipité

dans la Seine.

Tels sont les caractères

subjectifs

deshallucinations de lavue, étudions-en les symptômes objectifs. La tête de l'halluciné se

tourne, soit à droite, soit à gauche. Sa pupille se dilate ou se rétrécit suivant les sujets ; le

visage

prend une expression émo¬

tionnelle, grâce au regard : l'attitude

générale indique

que le malade esten proie à une émotion quelle qu'elle soit. Alors p ourya se produire le

phénomène

de l'extase. L'extase est

« caractériséepar une contemplation profonde avec abolitionde la sensibilité et suspension de lalac-ulté locomotrice » (Michea,

art. « Hallucination », Nouveau Dictionnaire de médecine et

chirurgie pratiques).

Ce sont là les seuls signes communs à tous les sujets dans l'extase : tantôt en effet ceux-ci restent

immobiles, tantôt ilsgesticulent, soit qu'ils se taisent, soit qu'ils chantent. Mais qu'ils aient les yeux ouverts ou fermés, la sensi¬

bilité auditive ou visuelle de tous les extatiques est abolie. Enfin il existe des cas extrêmement rares où les hallucinationsnesont perçues que par unœil

(Magnan)

; dans d'autres cas

d'hémiopie,

la moitié seulement de l'apparition est perçue.

Après avoir décrit les

principaux

symptômes des hallucina-

Férav 2

(18)

tions de la vue, nous allons examinerles circonstances quivont

favoriser leur production.

L'obscuritéjoueun très

grand rôle. C'est

en

général

vers la

chute du jour,pendant la nuit, que se

font

les

apparitions. Même

chez un individu sain, dans cet état intermédiaire à la veille et

au sommeil, soit au début du sommeil, soit au réveil,se produi¬

sent des hallucinations, hallucinations

hypnagogiques.

«

Il

est

dans le monde des gens

sensés,

qui sont sujets au moment du passage de la veille au sommeil, à des hallucinations qu'ils

apprécient très sainement

»

(Régis).

Il nefaudrait pas croire cependant que les hallucinationsde la

vue ne puissent se

produire

en plein jour et être néanmoins conscientes, même chez des individus sains : ces derniers se rendent un compte parfait du caractère des

phénomènes

qu'ils constatent : tel le cas du libraireNicolaï, de Berlin, qui voyait à quatre heuresde

l'après-midi

une tête de mort en face de lui et qui avait conscience de cette fausse sensation ; tel encore, celui de cet étudiant en médecine, quivoyaità huit heures du matin, devant sa cheminée'le cadavre d'un enfant et reconnaissait l'ina¬

nité de cette vision.

Baillarger et Doville

prétendent

que la position du malade ne serait pas sans

influence

sur la genèsedes hallucinations.

Chez quelques

sujets,

le

simple

abaissement de la paupière

suffit

quelquefo:s à les

faire naître. De même chez une femme,

un retard de la menstruation seul peut lesprovoquer.Un certain

degré de congestion cérébrale

peut

également

les fairenaître.

Nicolaï, de Berlin, attribue le

genèse

desonhallucinationdelavue

àce fait qu'il

n'avait

pas

été saigné

comme à l'ordinaire.

Mais de toutes ces circonstances le moment du réveil paraît être laprincipale, même pour les hallucinations de la vuecom¬

munes. C'est àce moment eneffet

qu'apparaissent

dans toute leur force les idées de suicide et les tentatives vers ce but sefont

généralement

beaucoup

plus

lematin qu'àtout autre instant de la

journée.

Il

semblerait

qu'au réveil avant que le cerveau ait repris son

fonctionnement

normal, avant que

l'équilibre

des centres nerveuxsoit rétabli, les centres

inhibitoïres,

encore dans le repos, laissent un

certain

automatisme aux autres centres

(19)

IW

nerveuxet quechacun deces derniers

puisse

entrerenérôthisme.

Ainsi s'expliquerait la facilité aveclaquelle s'installe l'idée obsé¬

dante

(automatisme

des centres

psychiques),

se produisent les

hallucinations

(automatisme

des sens

sensoriels).

L'observation

des

neurasthéniques

nous montre aussi que lors du réveil les symptômes de leur affection sont plus accusés qu'en toute autre

période de

la

journée

: abattement, aboulie, etc.

Le lieu dans lequel se trouve le malade aurait

également

une influence indéniable : l'isolement, la solitude, l'absence de tout bruit favorisent laproduction des hallucinations de lavue. Une des malades que nous avons pu observera vu paraître le Diable dans une forêt où elle se promenait.

Il nefaudrait pas non

pius

passer soussilencel'action de l'abs¬

tinence. C'est toujours à la suite de longs jeûnes que l'on vit apparaître les

épidémies

mystiques dans les couvents. Il est presque inutile

de

rappeler les hallucinations des affamés qui sonten rapport avecleur état de souffrance et le manque de

nourriture. De même, la continence peut devenir la cause de visions que nous rencontrons chez certains

sujets.

Voici en quelques mots les influences du milieu extérieur,

favorisant la

genèse

des hallucinations delà vue. Etudions main¬

tenantlessujets,chezlesquels elles naissent. Nouspourrons tout d'abord établir deux

catégories.

Chez les uns, l'hallucination n'est que la traduction sous une forme sensible de leur délire, de leurs

préoccupations

cons¬

tantes : elle n'est dès lors qu'un

phénomène

secondaire. Telle la mélancolique,

obsédée

par

l'idée

qu'elle est destinée à l'Enfer et qui finit par

voir le Diable. Tels les

voyants de

Tilly-sur-

Seulles, qui se

réunissent la nuit

au

lieu

des apparitions : « Oh ! cette

apparition, dit

un

prêtre, qui

rapporte le fait, comme ils la souhaitent, comme ils la

désirent

ardemment, ceux qui sont là

immobiles et muets ainsi que les arbres qui bordent la route ! Tous les assistants sont recueillis, sérieux, ils n'ont rien vu, mais ils ont la conviction qu'ils vont voir quelque chose ; un souffle saint passe, etc.»

Chez les autres, au contraire,

déséquilibrés

héréditaires, les

centres nerveux

s'émancipent

avec la plus grande facilité, pro-

(20)

20

duisent des hallucinations, qui servent

de thème à

un

délire, à

réféthisme de leurs centres nerveux et se propagent

à la sphère psychique. Delà l'origine de

ces

hallucinations conscientes, com¬

parables

à

ces

mouvements convulsifs

que

les malades

se

voient accomplir

sans

pouvoir faire intervenir leur volonté

:

ici l'hallu¬

cination estprimitive.

Après avoir établi les symptômes des hallucinations de la

vue, examiné les circonstances

aidant à leur production, recher¬

chons les affections dans lesquelles nous pourronsles

retrouver.

Au

premier

rang

viennent les intoxications. Il n'entre

pas dans notre sujet de

parler des hallucinations de la

vue

des

alcooliques,

mobiles, muettes, multiples, sombres et terrifiantes,

qui sont pour

ainsi dire pathognomoniques et permettent de

déceler cette affection, môme

surajoutée

à d'autres délires. Nous

ne parlerons pas non

plus de celles, produites

par

l'ingestion exagérée d'opium, de cocaïne, de belladone, bien

que

cette

dernière ait

joué

unrôle

important dans le délire des sorciers

et

du moyen-âge.

Nous n'étudierons pas les

infections,

les auto-intoxications, qui donnent

souvent naissance à des hallucinations de la

vue, mais dont le rôle et le cadre sont moins nettement fixés. Le délire et les hallucinations dans la fièvre puerpérale sont dus

en effetà l'actionde toxines sur les centres nerveux. MM. Ballet et

Régis

ont

mis

en

relief,

au

Congrès de la Rochelle,

le rôle de l'aûto-iuloxicalion dans les états

mélancoliques.

Ons'est même demandé si la névrose

épileptique

et lanévrose

hystérique,

nous rencontronsdeshallucinations de lavue, n'étaientpas dues à un état toxique dont l'attaque co'nvulsive serait en quelque

sorte la décharge.

Enfin

dans certains délires hallucinatoires aigus, en dehors

de toute considération théorique,

la

séméiologie

des hallucinations, leurs caractères propres (mobiles et terri¬

fiants)

font penser au

délire toxique:

leurcurabilité amène à

une conclusion analogue. Nous ne ferons qu'effleurer cette question.

Nous allons doncétudier les hallucinations de lavue dans les différentes psychoses :

manie

et

mélancolie,

délire systématisé

progressif, délire mystique

et

enfin

le

délire

chez les

dégénérés.

(21)

CHAPITREPREMIER

Manie. Mélancolie

Nousallonsétudiertoutd'abord leshallucinationsde lavuedans la manie et lamélancolie franches.Ces deuxaffections ont étécon¬

sidérées toutes les deuxcommedes

psychonévroses

:

chez le sujet

atteint de manieoudemélancolie, l'état

cénesthésique

a

été primi¬

tivement troublé. L'état

cénesthésique normal est produit

par

le

consensus harmonique des

sensations organiques

;

chaque fonc¬

tion vitale y contribue pour .sa part.

De cet apport complexe

résulte cette notion confuse, qui est

nous-même (Seglas), et le

sens de l'existence s'accompagne

d'un certain bien-être.

Ce sentiment de bien-être est

exagéré

dans la

manie. Il

se produit chez le

maniaque

une

excitation générale: il

se

sent

mieux

portant, plus robuste, plus actif qu'il

ne

l'a jamais été.

Ses facultés physiques et

intellectuelles sont

en

état de suracti¬

vité. « Jejouissais, dit un

malade cité

par

Baillarger, d'une

sorte de béatitude; tout me semblait facile, aucun obstacle ne m'arrêtait enthéorie, ni en réalité. Ma mémoire acquéraittout àcoup une

perfection singulière, je

me

rappelais de longs

pas¬

sages des auteurs

latins, j'écrivais aussi facilement

en vers qu'en prose.

J'étais rusé et fertile

en

expédients de toute espèce,

etc. »

De cet état

particulier dérivent cette agitation motrice, cette loquacité incohérente

en apparence, ces

associations d'idées

si rapides,

qui caractérisent la maladie

:

le maniaque est tout

en dehors.

(22)

Il y adonc, dans cette

affection, excitation de

tous

les

centres sensoriels,

liyperacuité de

tous

les

sens.

C'est pourquoi, si

nous trouvons de nombreuses illusions de la vue dans la maniefran¬

che. nous n'y rencontrons pas d'hallucinations de la vue. Le

trouble est. pour

ainsi dire, quantitatif et

non

qualitatif.

Nous

laissons de côté les états maniaques,

liés

à d'autres affections.

Nous reviendrons sur ce

sujet

au moment où nous nous occu¬

perons du délire chez les

dégénérés.

Dans la manie, l'état

cénestliésique

normal est modifié; de môme dans lamélancolie, il est transformé, mais dans un autre

sens ; chez le

mélancolique,

le trouble des fonctions organiques

devient la cause d'un malaise

général,

d'un malaise

psychique.

De cette douleur morale vont dériver les premiers trou¬

bles intellectuels : cliniquement, ils se traduisent par de la dépression

générale,

de l'apathie, de l'indifférence, de l'aboulie.

Dans le domaine purement intellectuel,

apparaissent

des phéno¬

mènes identiques : le

mélancolique

réussit à peine à fixer son

attention sur un sujet quelconque, il groupe difficilement ses idées et suitavec peine un raisonnement, ses perceptions sont très souventindécises et très lentes à se faire. Le maladea cons¬

cience du

changement

survenu

dans

son individualité

psychique,

il se sent « tout drôle », « pas comme avant». Il

n'y

a pas, àpro¬

prement parler,

délire

et même nousne trouvons pas d'halluci-

nalions de lavue ; l'activité des centres sensoriels est diminuée,

mais non troublée.

De cette

dépression

physique et

intellectuelle,

de cet état

cénestliésique

triste, que l'on rencontre chez le

mélancolique

simple, vont naître les idées délirantes d'une nature toute par¬

ticulière, existant chez le

mélancolique

délirant.

En proie àla tristesse, à la douleur morale, le malade recher¬

che la cause du changement survenu en lui-même. « La loi de causalité exige que cette tristesse ait un motif, une cause et, avant qu'il

interroge,

la

réponse

arrive

déjà

; ce sont toutes sortes de

pensées

lugubres, de sombres pressentiments, des

appréhensions,

qu'il couve, qu'il creuse

jusqu'à

ce que quelques-

unes de ces idées soient devenues assez fortes, assez persis-

(23)

tantes pour se

fixer

»

(Griesinger). L'un

se

figurera qu'il est

coupable, l'autre se

croira abandonné de Dieu, voué

aux

puis¬

sances infernales ; un troisième se sent

incapable d'agir

et se voit ruiné, à la charge de tout

le monde, etc., etc. Le délire

mélancolique estalors

constitué, délire dont M. le docteur Seglas

a résumé ainsi les caractères principaux : «

délire secondaire, pénible,

fixe,

monotone, d'humilité, de passivité, de résignation,

divergent ou

centrifuge, d'attente, rétrospectif.

»

La mélancolie se divise

cliniquement

en

trois formes

:

dépres¬

sive, anxieuse, stupide. On peut

rencontrer dans

ces

trois formes

de la mélancolie deshallucinations de la vue : nous allons les étudier dans chacune d'elles.

Remarquons

tout de suite

que

dans la mélancolie franche,

ainsi que nous

l'avons décrite

avec

M. le docteur Seglas, les

hallucinations de la vue sontbeaucoup plus rares

qu'on

pour¬

rait le penser.

On

les

rencontre surtout dans les mélancolies

d'origine

toxique (alcoolisme, morphinisme, etc.),

ou

dans les

mélancolies

surajoutées à l'hystérie.

Il ne faudrait pas, d'un autre

côté, confondre les hallucina¬

tions avecles illusions : ces dernières sont, en effet, extrême¬

ment nombreuses et

s'expliquent naturellement

par

l'existence

de cet état

cônesthésique, dont

nous avons

déjà parlé. Esquirol

cite un mélancolique

qui s'exprimait ainsi

: «

.T'entends, je vois,

je touche, mais je ne sens

plus

comme

autrefois

: un

voile

change la

teinte

et

l'aspect des'corps

».

Très fréquentes sont

ces illusions, et, sousl'influence

de

ces

interprétations délirantes, les

maladess'imaginent

être

en

prison, voir leurs enfants

sous un aspect

misérable

et

maladif.

Aucontraire, les hallucinations

delà

vue

sont

rares

dans la

mélancolie franche, mais elles n'en

existent

pas

moins

:

elles

sont et les observations que nous

donnons le confirmeront

secondairesau délire, en rapport avec

les préoccupations déli¬

rantes dumélancolique, et

souvent n'apparaissent

que

tardive¬

ment, d'une façon

épisodique. Elles peuvent être élémentaires,

communes ou verbales. Nous lesavons moins souvent rencon¬

trées que

celles de l'ouïe. La plupart du temps elles sont

accom-

(24)

24-

pagnées

d'hallucinations psycho-motrices, qui. elles, dominent la scène de la mélancolie délirante.

Une

mélancolique, étudiée

par M. te docteur

Seglas,

un jour

a vu, écrits sur le mur, cestrois mots : « Tu es maudite! » Ces

paroles lui avaient été dites à l'oreille. Au moment eut lieu cette hallucination visuelle verbale, les troubles

mélancoliques

avaient

déjà

débuté

depuis

trois mois. Cette hallucination n'était que la confirmation decette idée, qui obsédait la malade, celle de la malédiction jetée sur elle. Dans la suite, le sujet a vu le Diable, l'Enfer, etc., etc. Ces visions ne se produisaient que pendant la nuit. Elles étaient

indistinctes,

n'étaient que des ombres.

Une malade,que nous avonsobservée nous-même, est atteinte de mélancolie anxieuse avec prédominance d'hallucinations psycho-motrices; elles'accuse de crimes

imaginaires,

a voulu se donner la mort, et a fait différentes tentatives en ce sens.

Cette malade se trouvait dans une forêt, où elle errait

depuis

plusieurs

jours,

en proie à la

mélancolie, lorsqu'elle

a vu le Diable. A ce moment, nous dit la malade, tout était confus en

elle, ellene comprenait rien de rien, elle prononçait desjurons malgré elle, fait qu'elle attribuait à la possession. A cetinstant, leDiablelui est apparu. Le Diable qu'elle nous

dépeint

était tout noir et portait descornes ; il était accompagnéde plusieurs démons. Les jurons, qu'elle a proférés

malgré

elle, sont dus à destroubles psycho-moteurs. Quant à l'hallucination

visuelle,

elle est commune, secondaire,

épisodique,

car elle n'a pas reparu.

Un autre de nos malades,

mélancolique,

croit s'être rendu

coupable d'une série de forfaits. Il entend des voix qui le mena¬

cent de la prison. Il se

figure

être condamné à mort parles assises. Unenuit, il a vu l'échafaud que l'on dressait pour lui dans la cour de l'Asile.

Une troisièmemalade,atteinte de mélancolie

anxieuse,

a des idées de suicide : elle a vu son mari mort au milieu de la rue.

Enfin, une autre

mélancolique,

obsédée par desidées de suicide

(25)

et par

l'idée de

tuer ses

enfants

pour

leur éviter tous les malheurs

qu'elle

éprouvait, vit apparaîtreJa Mort.

Beaucoup plus

difficile devient l'étude symptomatique de l'hal¬

lucination de la vuedans la mélancolie avec stupeur : on

doit,

en effet, s'en

rapporter uniquement

au

récit du malade, fait

après

sa

guérison, et souvent il arrive

que

les souvenirs sont

peu

précis. Cette forme de la mélancolie, selon l'opinion de Bail-

larger. que nous

adoptons, est le plus haut degré de la variété

délirante et non une

suspension accidentelle des facultés intel¬

lectuelles.

Dans les nombreuses observations

publiées

par

Baillarger,

dans son Étude sur la

Stupidité,

nous voyons

exagérés les

mêmes éléments quedans la

mélancolie simple

:

tous les mala¬

des y

présentent à

un

haut degré

ce

trouble de l'état cénesthé-

sique.

Mlle R... avait

comme 1111

bandeau sur les yeux; elle

demandait: «Où

suis-je? Qu'est-ce

que

cela veut dire?» Elle

prenait pour

des soldats toutes les autres malades; elle ne

voyait autour

d'elle

que

des figures hideuses et menaçantes, et

croyait Paris

à

feu

et à

sang.

Elle interprétait tous Jes bruits

qu'elle

entendait. Elle

a eu une

seule hallucination de la vue

. elle a vu, sur le plancher,

des trappes qui recouvraient 1111

vaste souterrain.

Dansl'Observation I de ce mêmeouvrage,

M. B... croyait à

un anéantissement

général: la terre tremblait, s'ouvrait sous ses

pas*, il se

voyait à chaque instant

sur

le |>oint d'être englouti.

Dans la salle de bains, il se croyait en

enfer et prenait toutes les baignoires

pour

des barques. Un vésicatoire sur la nuque étail

devenu pour

lui la

marque

des forçats. Il entendait des détona¬

tions d'armes à

"feu

de tous côtés ; il

avait la sensation de balles

traversant son corps et

allant tuer d'autres

personnes.

Parmi

toutes ces illusions, toutes ces

interprétations délirantes, il n'a

eu qu'une

seule hallucination de la

vue :

il a vu son frère au

milieu des supplices.

Une des malades que nous avons

étudiée, Léonie M...,

nous raconte,

après la guérison d'un accès de stupidité, qu'elle voyait

la maison en flammes, la cour pleine

d'eau. De même qu'une

(26)

mélancolique

de

Baillager, elle

s'estcrue

dans le

pays

des nègres

et attendait le supplice. Cette

dernière interprétation délirante,

il est vrai, s'explique par la

présence

d'une

négresse parmi les

malades qui l'entouraient.

Nous voyons doncque,dans le cas

de, mélancolie

avecstupeur,,

les hallucinations de la vue ne tiennentqu'une place

secondaire:

au premier planse trouvel'état

cénesthésique du sujet

et

l'orien¬

tation consécutive de son délire.

Enrésumé, dans la mélancolie, l'hallucination de la vue est

épisodique,

tardive, secondaire. Elle peut être

élémentaire,

com¬

mune, verbale; son objet est souvent unique,

immobile

et appa¬

raît devant le malade.

Observation I

Mélancolie avec stupeur. Panoplwbie. Hallucinations de lavue.

LéonieM..., néeen 1830. estentrée à l'Asile des Aliénés

d'Èvreux,

en 1802, le5 novembre.

Antécédents héréditaires. La mère de la malade était très

nerveuse, très vive et s'emportait très facilement.

Antécédentspersonnels. On n'apas de renseignements surelle.

Son caractère avaitchangé quelquesmois avant son entrée à l'Asile.

Huitjours auparavant,elle avait eu peur d'un aliéné évadé. Elle crai¬

gnait d'être àcharge auxautres.

Elle voit des flammes ou de l'eaudans la chambre elle se trouve, elle crie : « au feu! », «à l'eau! ».

Lecertificat du docteur Marie porte comme diagnostic : mélancolie

avec stupeur, panophôbie, hallucinations.

Elle resteplusieurs mois dansun état de stupeur complète, nourrie à la sonde œsophagienneetgardantun mutisme absolu.

Le 22avril 1893. elleserappelle qu'elle voyait des flammes par la fenêtreet que les bâtiments enface étaientenfeu. Elle n'a jamais vu ni sa chambre, ni sonlit brûler.

(27)

Puis,en regardant par

la fenêtre, elle

a vu

la

cour

remplie d'une

mare de sang, puis de

l'inondation dans la

cour:

elle voyait les

sœurs de la cuisine dans l'eau.

La mémoire du passé n'est pas

conservée. Elle

ne

reconnaît

pas

l'endroit oiiellese trouve. Ellesecroyait en pays

étranger, parmi les

nègres,qui

allaient la faire mourir. Ce qui la confirmait dans son idée,

c'estqu'une négresse

(malade) coupait de la viande auprès d'elle.

Elle reconnaissaitles médecins.

Enjour, elle a dit

qu'elle avait tué beaucoup de

personnes,

entre

autres, le préfet de l'Eure.

Quelqu'un de la visite ayant dit qu'il

faudrait avertir la police, elle a cru

avoir dit

une

chose fausse qui

pourrait la mener à

Téchafaud.

En mieuxs'estfaitsentir, elle s'est rendue compte de

l'endroit

oii

elle se trouvait. Elle a compris

qu'elle était malade, mais elle

se trouvait dans

l'impossibilité de

causer:

elle aurait voulu, mais elle

ne pouvait pas.

Ellecroyait que tout son

argent était perdu, elle voulait cependant

payer pour sefaire

soigner.

Ladernière fois qu'on l'a

examinée, elle était très émotive et

a sangloté à plusieurs

reprises.

Oservatiox II

Mélancolie anrieuse. Hallucinations de la rue et de l'ouïe.

Let....femme E.... âgée de quarante-septans.

est entrée à l'Asile des

Aliénés d'Evreux, le 18 mars

1800.

Antécédents héréditaires. Lagrand'mère

maternelle,de la malade

estaliénée ainsi que sa sœur.

Antécédentspersonnels. —- La

malade avait

un

caractère triste.

Elle asubi delongues

privations pendant

une

maladie de

son

mari, qui

dura fortlongtemps.

Quand elle rentraàl'Asile,

elle était déjà malade depuis plus de cinq

mois. Dès cette époque,

elle

ne mange

plus et

ne

dort plus. Elle s'accuse

de s'être fait avorter six fois avant son mariage,

d'avoir volé des

(28)

dentelîes à.ses maîtres, lorsqu'elle était en service. Cest pour la punir

de tousces méfaitsqu'on va la guillotiner. Elle voit le couteau de la guillotine. Elle aété donnée au Diable. Elle entend des voix qui lui

disent : « Prie le bon Dieu ! » D'autres luidisent : « Ne le prie pas ».

Elleest très anxieuse et ne saitquefaire.Ellea vu le Diabletoutenfeu

sortirduplancher.

Ellene peut rien comprendre àtout ce qui se passe, elle ne peut rien expliquer. Elle reste toute la journée inoccupée, couchéepar terre, la

tête recouverte par sesjupes.

ObservationIII

Mélancolieavec hallucinations de. la vue, de l'ouïe, delà sensibilité- Hallucinations psycho-motrices et impulsions.

Rosalie A.... femmeP.... née le 18 août 1820, est entrée à l'Asile des Aliénés d'Evreux,le 15 mai 1881, et une secondefois,le 13juillet 1890.

Antécédents héréditaires. La mère de la malade est morte, atteintedepuis neufans d'aliénation mentale.

Elleaeu deux enfants : un garçon et une fille, qu'elle a bien élevés etqui se portent bien.

Antécédentspersonnels etdébut de la maladie. Son caractère avaittoujours été un peu mélancolique. Dès 1870,son mari s'aperçoit qu'elle devient de plus en plus triste, que son irascibilité, éclatant par accès de plusen [tins fréquents, contraste avec son caractère aupara¬

vanttrès doux.

Premier internement. Le 15 mai 1881, son mari la conduit à l'Asile d'aliénés d'Evreux et déclare que la malade estprofondément mélancolique, a des idées de suicide qu'elle a plusieurs fois essayé de

mettre à exécution, qu'elle déchire tout : habits, literie, etc.; dé plus,

elle est obsédéepar la pensée demourir, afin de retrouverses enfants qu'elle croit morts.

■Cet état d'hypochondrie paraît dû à l'hérédité et aussi au chagrin qu'elleaéprouvé du départ de son fils pour le service militaire.

Al'Asile, elle ne cesse de se lamenter sur son malheureux sort,se

Références

Documents relatifs

– Les inventeurs méconnus, – Certains délires de filiation – Le délire de revendication hypochondriaque. – La

 D'autres  symptômes  sont  alors

Paranoia: Délires systematisés se  developpant dans l’ordre, la clarté,  et la coherence chez des personnes  

➜ démarche diagnostique, avec analyse sémiologique du texte aboutissant à la classification du type de délire (dissocia- tif ou non) ainsi qu’à la détermination de la pathologie

Mais la présence du délire ou du caractère délirant allégué aux propos du patient doit être pris dans un ensemble plus vaste : c’est à la fois le patient dans sa singularité

D’ailleurs dès le début de ses relations fictives avec Mlle G…, B… avait remarqué que Mlle D…, actrice du même théâtre, cherchait à le séduire.. Elle lui tendait les

La malade vit dans une communion perpétuelle avec son amie, elle ne désire même plus s’en aller, elle aime le service, parce qu’elle sait que c’est la volonté de Mlle R…

Ce délire érotomaniaque peut paraître séduisant par son aspect romantique (le désir est essentiellement platonique), cependant, il peut transformer la vie de la personne aimée en