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INDUSTRIE CHIMIQUE ET ENVIRONNEMENT

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Academic year: 2022

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Henri Monod

INDUSTRIE CHIMIQUE ET

ENVIRONNEMENT

La chimie pollue : c'est l'opinion de la plupart et des cata-

strophes majeures sont venues récemment l'appuyer.

Pourtant, cette industrie, qui consacre 14 % de ses investis- sements à la lutte antipollution, produit aussi les médica- ments et les insecticides. Cela étant, de nouveaux efforts doivent être faits, y compris par les utilisateurs.

' I i toute activité humaine se répercute sur la nature, l'indus-

S

trie chimique est, sans cloute, avec ses cousines nucléaire et , | pétrolière, celle qui, aux yeux du grand public, est suscep- tible de faire courir à notre planète les plus grands risques de cata- strophes écologiques. Les feux de l'actualité braqués, ces dernières années, sur des accidents majeurs tels que Bhopâl, en Inde, Bâle, Nantes, Tours, n'ont certes pas contribué à améliorer l'image de l'in- dustrie chimique. Comble de malchance pour celle-ci : 1987, dési- gnée par la Communauté économique européenne comme "année e u r o p é e n n e de l'environnement", s'est trouvée être une "grande"

a n n é e d'accidents d'origine c h i m i q u e sur notre continent...

L'opinion publique a considéré de façon négative l'industrie chi-

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mique dès la fin des années soixante, en même temps que se dessi- naient les grands mouvements de contestation de la société de consommation et de retour à la nature (hippies), qui devaient secouer les pays occidentaux, entre 1968 et 1970, et qui se sont pro- longés notamment avec la p o u s s é e des mouvements écologistes ("Verts" en République fédérale d'Allemagne).

Il est vrai que l'industrie chimique avait connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale un essor extraordinaire, qui l'avait ren- due d'autant plus "visible" aux yeux du monde.

Cette "visibilité" a été accentuée par l'exploitation ("exacerba- tion" serait plus près de la vérité) médiatique des accidents surve- nus, ou simplement des risques que pouvait faire encourir l'industrie chimique à l'écosystème de notre planète. Il est intéressant de noter que, dans le même temps, a progressivement disparu des journaux du lundi le décompte des morts et des blessés des routes du week- end, ou que l'impact du tabac et de l'alcool sur la mortalité et sur nos systèmes de sécurité sociale n'est pas encore évalué...

L'image de l'industrie chimique souffre également de l'amal- game qui est fait entre sa pollution "intrinsèque" - celle qui est spéci- fiquement l i é e à son a c t i v i t é i n d u s t r i e l l e - et la p o l l u t i o n occasionnée par l'usage - le mauvais usage, le plus souvent - des produits issus de cette industrie : résidus de pesticides dans les pro- duits alimentaires et dans les nappes phréatiques, par exemple.

Si le verdict de l'opinion publique est aujourd'hui sans appel (industrie chimique égale pollueur), les législations nationales se sont faites le reflet de cette défiance. Depuis plus de vingt ans, elles se sont multipliées - la plupart d'entre elles étant, certes, justifiées.

Mais certaines institutions se sont vu conférer des pouvoirs tels qu'ils peuvent aboutir à paralyser l'innovation ou à faire disparaître des activités par ailleurs utiles à la collectivité. Ainsi est-il très difficile d'implanter actuellement une usine de produits phytosanitaires aux Etats-Unis - la très puissante EPA (Environment Protection Agency) ayant établi une réglementation extrêmement contraignante pour ce type de production sur le sol américain.

O n peut, en outre, regretter un manque de coordination notoire entre les législations nationales - m ê m e si des efforts ont été entrepris à l'échelon des Communautés européennes. Ainsi des pays riverains ne sont pas soumis aux mêmes contraintes, ce qui est source

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de nombreux problèmes (tensions provoquées entre les Pays-Bas, la France et la RFA lors de la pollution du Rhin par les Potasses d'Alsace, pour ne citer que cet exemple). Il est urgent d'harmoniser les législations européennes en matière de lutte contre la pollution, notamment pour placer les entreprises dans des conditions de concurrence équivalentes.

Lutte contre la pollution : des performances à reconnaître

Depuis de nombreuses années, l'industrie chimique consacre des moyens importants à la lutte contre la pollution : en France, 14 % de ses investissements y sont destinés, les coûts d'exploitation correspondants atteignant plus du double de ce montant. Pour l'in- dustrie chimique, la lutte contre la pollution s'effectue à plusieurs niveaux : mise au point de technologies "propres", maximalisation du recyclage et de la valorisation des déchets, gestion rigoureuse de l'élimination des déchets, maîtrise du risque de pollution accidentelle.

Ces efforts sont en grande partie c o u r o n n é s de s u c c è s , puisque la "pollution ordinaire" a considérablement diminué ces dernières années dans les pays occidentaux, notamment la pollution organique. La pollution minérale est plus difficile à maîtriser ; la RFA, pour ne citer qu'elle, a mis en œ u v r e les moyens ad hoc (utili- sation de décharges souterraines pour les métaux lourds) pour limi- ter les risques de ce type de pollution. Il serait souhaitable qu'elle soit imitée dans cette d é m a r c h e par les autres pays de la CEE, notamment la France.

Il reste à maîtriser mieux encore qu'aujourd'hui la "pollution extraordinaire", c'est-à-dire le risque d'accidents. C'est une préoccu- pation constante de tous les chefs des entreprises chimiques et des responsables de production. Outre des moyens techniques et finan- ciers mis en œ u v r e pour l'installation de systèmes de détection toujours plus performants, la formation du personnel joue un rôle très important. La notion de protection de l'environnement et de diminution maximale du risque d'accident (il serait cependant illu- soire de prétendre le réduire à zéro) fait partie du concept de "qua-

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lité totale", qui est beaucoup plus qu'une mode : une réalité dans nos entreprises chimiques modernes.

Il faut, par ailleurs, souligner le fait que l'industrie chimique est un acteur non négligeable dans la lutte contre la pollution occa- sionnée par d'autres activités que les siennes. C'est en effet vers le chimiste que l'on se tourne, par exemple, pour la mise au point de substances absorbant les nappes de pétrole déversées accidentelle- ment, ou lors de tout autre accident écologique faisant intervenir des p h é n o m è n e s physico-chimiques.

Pour une meilleure communication

Pour atténuer l'image de pollueur qui lui est attribuée, l'indus- trie chimique doit inévitablement réaliser un effort de communica- tion important - ce qu'elle a commencé à mettre en œuvre depuis quelques a n n é e s déjà (en France, citons notamment les actions menées par la Société de chimie industrielle et les syndicats profes- sionnels : Union des industries chimiques et chambres régionales).

Cet effort de communication devrait comporter deux volets : - D'une part, une valorisation de ce que l'industrie chimique apporte à la collectivité. Qui songerait, de nos jours, à se priver des médicaments modernes, des matières plastiques, des textiles synthé- tiques, des détergents et produits d'entretien, des insecticides per- mettant d'enrayer les grandes endémies ? La notion "risque-bénéfice"

doit être prise en compte dans sa totalité, même si nous vivons dans une société qui tend à exiger le risque zéro.

- D'autre part, la démonstration des efforts entrepris et des résultats obtenus par l'industrie chimique dans sa lutte contre la pol- lution. Les actions menées ces dernières années auprès des jeunes, dans le cadre de leur scolarité (visites de sites industriels, de stations d'épuration, etc.), sont sûrement à développer.

D'une façon plus générale, toute action m e n é e en faveur d'une plus grande connaissance des métiers de la chimie est néces- saire, notamment en France. Le niveau très faible de culture chi- mique du grand public, comme celui de maints journalistes,

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explique les propos souvent excessifs et erronés qui apparaissent dans les médias à rencontre de notre industrie.

Ne peut-on dire, pour conclure, que chacun de nous est une entreprise chimique qui s'ignore... et qui pollue ? L'industrie chi- mique doit certes tout mettre en oeuvre pour respecter l'environne- ment, mais chaque i n d i v i d u , dans sa vie q u o t i d i e n n e , doit également se sentir responsable de l'utilisation qu'il fait des produits issus de cette industrie.

Henri Monod

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