r
/
UNIVERSITÉ DE FRANCE.
FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE STRASBOURG.
VIE
ÏDIB ÏT3iJS(DlÛ(D21l2 2)12
SON MINISTÈRE A GENÈVE,
8BÉm
PRÉSENTÉE
A LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE STRASBOURG,
ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT
Le mercredi 9 novembre3 à 4 heures de ïaprès-midi3 POIJP
OBTENIR LE GRADE DE BACHELIER EN THÉOLOGIE,
PAR
TIMOTHÉE PERTUZON,
BACHELIER ÈS-LETTRES,
D’AUTRETOT (SEINE INFÉRIEURE).STRASBOURG,
IMPRIMERIE DE
G.SILBERM ANN
,PLACE SAINT-THOMAS,
N° 3.1836
.M. Bruch, doyen
de la Faculté.MM. Bruch, Richard, Fritz,
J
UN
G,"V^ILLM,
Professeurs de la Faculté.
M, Fritz,
président de la Thèse.EXAMINATEURS:
MM. Fritz.
•
Jung.
Bruch.
La
Facultén
entend approuver ni désapprouver les opinions particulièresau
candidat.mm
DE THÉODORE DE BÈZE
\
ET
SON MINISTÈRE A GENEVE.
A
une époqueoù Genève
, poussée par
un beau mouvement
de gratitude chrétienne, évoque,comme
à l’envi , les grandesâmes
desFarel, des Viret, desFroment
etdes Calvin, sespremiers Réfor-i mateurs,
un nom
m’a paru quelquepeu
laissédans l’ombre, jeveuxdire celui de
Théodore
de Bèze.V? Pour mieux
m’assurer des titres de ce grandhomme
à la recon-£
naissancede l’Église réformée, jeme
suis mis à étudier sa vie et ses travaux. Je n’ai pas, il est vrai, découvert en lui le regard d’aigle,
J.le génie et la fermeté d’âme de Calvin; mais l’étendue et la variété jjde ses facultés, l’universalité de ses connaissances, son
dévouement
^
àlaRéforme, sonardeuràpropagerla foietleslumières,sesimmenses
|travaux au milieu d’une carrière presque incessamment agitée, ont
captivé
mon
admiration. Je l’aivutouràtour poèteélégant1, orateur distingué2, théologien savant3, critique habile4, négociateurrecher- ché et estimé des souverains, chrétien simple, zélé et fidèle, et je
me
suis senti pénétré d’un profond respectpour
sa mémoire.J’ai bien vite compris
que
les limites d’une thèse neme
permet-traientpas d’envisagerBèze sous ces différensrapports
, qui d’ailleurs ont tous été plus ou moins bien exploités dans de
nombreux
opus-cules. Forcé
donc
deme
restreindre, j’ai choisile ministère de Bèze àGenève,comme
étantde sa vielapartie lamoinsconnue
jusqu’ici.Puissé-jedans ce faible essai n’avoir pas tropaffaibli ce beau minis- tère de quarante années, etconvaincreceux qui
me
liront,que
Bèze n’était pas,comme
le lui ont souvent reproché ses ennemis,un
ambitieux, quin’avaitabjurélePapismeque
pourarriverà lapapauté dans l’Egliseréformée!Quelques mots sur Bèze, antérieurement à son établissement à
Genève, m’ont paru nécessaires
comme
introduction àmon
sujet.I.
BÈZE AYANT SON ÉTABLISSEMENT A GENÈVE,
1519—
1558.Théodore de Bèze naquit à Yézelay , en Bourgogne, le 24 juin
1 Bèzen’apaslegénieet lefeu sacrédupoète, mais les vers coulent ordinairement de sa plumepleins d’esprit, de grâce et denaïveté. Y. sesP.juvenilia
,
sonAbraham
sacrifiant, ses100 psaumesmis enversetsurtoutlapréface.
2 Sa suave éloquence, jointe à labeautédesafigure età lagravitéde savoix, faisait
beaucoup d’impression surles cœurs. II passa pourle meilleur orateur de son temps.
«PlûtàDieu, dit le cardinal deLorraine au colloque de Poissy, Plût à Dieuqu'ilfût muet, ouque nousfussions sourds. Y. Spon, Histoire de Genève. 1730.
—
A. Fayus, DevitdetobituBezœ,p.67.
—
Senebier, HistoirelittérairedeGenève.3 V.ses Tractationes théologiensetsescommentaires encoreestimésenAllemagne.
4 11s’occupa pendant quarante-deux ans del’éludedutexte duNouveau-Testamentet letraduisitenlatin. 11 compulsadix-neufdes plusanciens manuscrits, consulta lesédi- tionsconnues, laversion syriaque, les Pères, etc.Ildonna cinqéditions du Nouveau- Testament,avec desnotes etdesvariantes. Sontravailfutsipeuqpmpris,qu’il luiattira plusdeblâmequed’éloges. Lacritiquesacréeadès-lorsfaitde grands progrès; maison doitdelareconnaissanceàBèzepour les efforts qu’il afaits, afind’épurerletextesacré.
( 3 )
1519* Sonpère, PierredeBèze, et sa mère, Marie Burdelote, étaient issus l’un et l’autre d’une famille noble1. Nicolas deBèze, conseiller
au Parlement deParis, étantvenu àVézelayvisiterson frère, s’éprit d’une affection toute particulière pour son jeune neveu encore à la
mamelle, et fit tant, qu’ilobtintdel’emmeneravec luià Paris,
pour
faire son éducation. Cette séparation forcée coûta
beaucoup
de lar-mes
à lamère du
jeune enfant. Elleleconduisit elle-même à Paris, nevoulantpas, dansun
voyaged’aussi longcours, l’abandonneraux soins toujours plus ou moins suspects d’une nourrice2. Il fut élevé dans la maison de son oncle avec toute la tendresseetlessoinsima- ginables. Bèzese plaisait à reconnaître dans cette première circons- tance de sa vieune
dispensation de la Providence. Elle lui procura, en effet, l’avantage de recevoir les leçons d’un maître distingué etimbu
desnouvelles idées, qui allaient changer le
monde
chrétien.En
i528, il fut envoyé à Orléans auprès deWolmar.
Cethomme,
quijoignait la foiàlascience
,
donna
àsonjeune élève uneéducation qui l’égala aux savans les plus distingués de son siècle. Il implanta de plusenlui legerme
des idées religieuses, qui, quoique lent à se développer, le fit marchersurlestraces despremiersRéformateurs.Privéà 16ans de son maître
Wolmar,
quedes circonstancesimpé- rieuses avaient rappelé en Allemagne, sapatrie, Bèze étudialedroit à Orléans, d’après le désir de ses parens. Mais la manière barbare dontilétaitenseigné, l’endégoûtabientôt.Pendant
quatre années, il fit des lettres presque son unique passe-temps. Sesentant entraîné vers la poésie parune
impulsion de la nature, il
composa
la plu- part des pièces connues plus tardsous lenom
de Poematajuvenilia.Cespoésiesluiattirèrent, àleur apparition, lesélogesdes savans,mais
1 Vtinamvero potius veriDeicognitioncimbuti1 Bèze,Èpître dêdicaloireà Wolmar.
2 Ellemourut peuaprèsd’une chute de cheval,desorteque Bèzen’apas euladouceur de connaître sa mère.Ilacomposé àsamémoire, comme à celle de son pèreetdesa sœur, des versquiportent l’empreinte d'uneamesensibleetaimante.
1.
quand
illuiàlatêtedelaRéforme
, ellesluivalurentlesplus infâmes accusations1.
Bèze prit son grade delicencié en droit en 155g, etrevint à Paris près de ses parens etde sesamis, dont ilfit le
charme
par sonesprit et ses connaissances. Ilfutpourvu, à soninsu, parun
desesoncles, de bénéfices considérables, etla
mort
de son frèrelerendit l’unique héritier de sa famille. Des richesses, des talens,un monde
dont le sourire approbateur enfle d’orgueil et tue le sérieux dans les pen-sées, quels pièges
pour un
jeunehomme
de 20 ans!Pour
s’y sous- traire, il eût fallu
une
puissance de réflexion etune
forcedame
peu
ordinaires à cet âge. Aussi Bèze donna-t-il tête baissée dans le péril : il se livra aux dissipations, etmena
pendant neuf ansune
existence â peu près inutileau milieu desplaisirs2. C’est
une ombre
dans le tableau de sa vie
que
cesneufannées. Ï1 était,
comme
il le ditlui-même, enlacé dansun
triple filet, l’attrait des voluptés, l’a-mour
de la gloire et l’espoir des grands honneurs ou bénéfices aux- quels le faisaient aspirer ses parens.L’amour
et la religion vinrent lui tendre lamain
pour l’arracher de l’abîme.A
un'cœur
aussichaud
que celui de Bèze, il fallaitun
objet à aimer; sanscetobjet, son
âme
eût été vide et desséchée. Il1 IIn’entre pas dansmonplande réfuter toutesles accusations intentéesàBèze. Ily apeude réputations qui aient été aussirudementattaquées que la sienne. Pouvait-ilen être autrementpour un catholique distingué, qui s’étaitfait le champion duparti ré- formé?Calvinlui-même, cethomme aufrontsévère et auxmœursexemplaires, n’a-t-il pasétéenbutteauxmêmes attaques? Jeneprétendspas dire par là,quela conduite de Bèzeaitétéentoutettoujoursexemptede reproches.Loin delà;il ya des tachesdans savie,maisellesontétélavées parlerepentir.
Sionveutsefairedes idées précises à ce sujet, qu’on lise les ouvrages de quelques- uns desennemislesplusacharnés de Bèze,telsque Boisée, Mézerai, Maimbourg, etc.
,
enlesaccompagnantdesréfutations deBayle, Jurieu, Lenfant, Senebier,etc., etl’on seconvaincrafacilementquetoutes ces accusations sontlefruitdelamalignitéets’éva- nouissenten fumée. Bèzes’estdisculpélui-mêmedansdifférensopuscules, telsqueson ÉpîtreàWolmar
,
sesApologies, adresséesàFr. Baudouin,Claudes deSaintes,etc.
2 Bèzeproteste n’avoir rienfaitpendant cetempsde contraireauxrèglesde lamorale.
eut le
bonheur
de plaire àune
personne aimable, mais d’unenais- sanceinégale à la sienne. Or, l’épouserpubliquement, c’étaitoffen- sersesamis,et surtoutc’étaitrenoncerà sesbénéfices.Bèze nefutpas capable d’un aussi noble sacrifice. Il s’unit à son amie, mais clan- destinement.Deux
amisfurent seuls dépositaires de ce secret1.Cetétatde choses dura quatreans, pendant lesquels il flotta irré- soluentre lacrainte deperdre sesrevenus, en
rompant
avec l’Egliseromaine, et la voix de sa conscience, qui lui reprochait
hautement
l’irrégularité de sa conduite. Dieu, qui sait toujours tirerle bien
du
mal, lui envoyaune
maladie, qui le mitaux portesdu
tombeau.Ce fut alors
que
dans ses nuits d’insomnie, Bèze se réveilla de sa léthargie morale. Pénétré de douleur d’avoir si long-temps balancé entre Dieu et les honneursdu monde,
il implora son pardon avec larmes,etrenouvelalevoeu qu’ilavaitdéjàfaitd’embrasserlaRéfonne2
etd’épouser publiquementcelle qu’il avait épousée dans son coeur.
Ce moment
futpour
Bèze l’aurore de sa consécration à Dieu.Immédiatement
après saguérison, il rompit tous lesliens qui l’atta-chaient au
monde
et à ses grandeurs, et s’attira de la part de sesamis le
nom
de nouveauphilosophe7’. Ilditadieuà sesrêves degloire,abandonna
amis, parens, patrie, richesses, pourservirJésus-Christ et vintse retirer à Genève(novembre
i548),où
son mariage futbéni devant toute l’Eglise.Quoique un
peu tardif, ce trait de courage prouveque
Bèze étaitcapable de grandeschoses.Honneur
àlui pourêtre sorti victorieux d’une lutteaussi longueet aussi terrible !
Bèze n’avait plus de richesses, et il fallait vivre. Il s’associa dans cebut avecJean Crispin
, qui l’avait suividanssonexil
,
pour
diriger1 Laurent deNormandieetJeanCrispin,deuxjurisconsultes distingués.Y. A. Fay.p.11.
2 Bèzeassure dansson testamentqu’il connut lavraie religionet renonça auPapisme dès l’âgede 16ans.11 faut avouerquesaconduite futbien etlong-temps inconséquente avecsesprincipes. V.son testament annexé auxregistresdela VénérableCompagniede Genève, année1597.
3 A. Fayus.
( 6 )
uneimprimerie. Mais laProvidenceréservait àBèzedes travaux plus importans. Avant de mettre à exécution ce projet, il alla visiter à
Tubingue,
son ancien maîtreWolmar. A
peiné était-ilde retour de ce voyage, qu’il fut appelé par le sénat de Berne,pour
remplir la chaire de professeur de Grec à Lausanne. Il passa près de 10 ans dans celte ville; illes employa à des travaux qui servirentà la foisà étendre saréputation etàédifier l’Église. Il mit aujour, sousle titre à'Abraham
sacrifiantj une espèce dedrame
qui fut reçudu
public avec de grands applaudissemens. Ilemploya
son talent de poète à traduireen vers françaislescentpsaumes
omispar Marot.Cetteœuvre, qui afaitl’édification des Églises françaisespendantlongues années,
est celle qui a le plus contribué à populariser son
nom. A
la prière desréfugiés français, il expliqua publiquement plusieurs épîtresdu
Nouveau-Testament, et jeta lesbasesdu
grand travail qui luicoûta plus de quarante ans d’études (sa traduction en latindu Nouveau-
Testament). Il publiaencorebeaucoup
d’opuscules sur des sujetsde controverse, telsque
la prédestinations la cènej etc. Saplume
laissesouventéchapper dans ces différensécrits des railleries, desjeux de mots, et des saillies acerbesau dessous de la gravité des sujets qu’il est appelé à traiter. Cestaches tiennent, partie à l’esprit
du
temps, partie à son caractère gai etenjoué. Illesdéplora,quand
ilfutdansun
âge plusavancé.Enfin Bèze quitta Lausanne en 15581 pour se rendre à
Genève
,à lasollicitation de Calvin
, dont ilétait devenu l’intime ami, etqui
le pressait fort dans ses lettresd’employerà lagloiredeDieu le talent qu’il avait reçu.
Genève
devait être désormais le principal théâtre de ses travaux. C’est sur ce ministère,vaguement connu
jusqu’ici, que je vais essayer maintenant de donnerquelques détails.1 Bèzeavaittantd’urbanitédanslesmanièresetdedouceurdanslecaractère,qu’il s’est faitaimerpartoutoùilavécu. 11remportal’affectionet lesregrets desLausannois; illes visitaaussisouventqueleluipermirentsesoccupations. Voici cequeditFayeàcesujet:
«Lausannes etiamejusadipsos adventum mirifice exhilarabantur, adeo ut, aliquandoet venientimagnafrequentiâobviamadportasurbisprocessumfuerit »
( 7 )
II.
MINISTÈRE DE BÈZE A GENÈVE,
1558—
1564.La
réputationque
Bèze s’était acquise par ses productions lîtté- rairesetsonhonorablecarrière àLausanne, l’avaitdevancéàGenève.Il yfut, en moins d’uneannée, appelé aux importantes fonctions de pasteur et de professeuren théologie.
On
luiconféra deplus, à titred’honneur, la qualité debourgeois deGenève.
Ce
n’est pas tout. Calvin venait de fonderuneAcadémie, àlatête de laquelle il fallaitun
chef.Le
modesteCalvin refusacethonneur
pour lui-même, etfitéliresonami
à cetteplace. Bèzeharangua pourlaj)remièrefois lajeunessegenevoise dansl’étéde 1559, à S'-Pierre1.
A
daterdecetteépoque,l’importancedu
rôleque
jouaBèze,comme un
des chefsdu
parti réformé, alla toujourscroissant. Sachaude
et onctueuse éloquence, l’érudition, la facilité, lel&yjJliïce et la con- viction, dont il fit preuve dans son enseignement public, lui attirè- rent
un
grand renom.On
l’appelait àGenève, -<j o-ct\niy£, à&eçpos TySciXytysiaç nço</lcil-/is2
.
Le
rapprochementquis’opéraainsientreCalvinetBèze, contribua à les lier d’une manière plus étroite et plus indissoluble. Bèze, ditFaye, était si attaché à Calvin
, qu’il était sans cesse à ses côtés (
à
cujus latere raro tliscedebat).
La
conversation de cet illustre théolo- gien, amaigri parles veilles et affaissésous lepoids des méditations,
fit sur Bèze
une
impression profonde. Il fut saisi d’admiration en voyanttant de science, tant defoi, tantderigorismedanslesmœurs
aussi bien
que
dans les principes; il sentitlui-même
son zèle se ré- chauffer à ce foyer ardent, et il vouaà Calvin une estime extraordi- naire. Il devint bientôt son disciple passionné, au point dejurer in1 Cettefêteestactuellementconnuesouslenomde Promotions,
2 La grandetrompette,lechauddéfenseur delavérité.V. Oratiode Bezâa Benedicto Picteto habita, 1720.
vcrba magistri.
On
s’étonnemoins dès-lors,quand on
voit Bèze ad- mettre dans tous ses points la théologie de Calvin, et spécialementla prédestination absolue,
dogme
qui pourtantsemble seheurter de frontavec son caractère aimableetdoux
: Calvin, dont la puissante logique pressaitun argument
jusque dans scs plus rigoureusescon- séquences, l’avait admis; le disciple suivait l’exempledu
maître.Ce
fait sert encore à expliquer lapublicationde son livre intitulé:De
hœreticis à civili magistratupuniendis—
livrequiafaità juste titre déverserbeaucoup
deblâme
sursonauteur. C’estl’apologiedu
sup- plice de Servetcondamné
au feu par le Conseil deGenève comme
hérétique.
On
regretteque
Bèzesesoit fait lechampion
d’unesitristecause;
on
eûtaimé
le voir s’élever au-dessus des préjugésetdu
zèlemalentendu de ses contemporains; mais qu’il était difficile de
com-
prendre alors la charité chrétienne,quand
elle étaitméconnue
del’universalité
desjiommes
les plus éclairés!La
carrièr<*te|gjîèze àGenève
futfréquemment
interrompue par d’importantes missions, soit dans sa patrie, soit à l’étranger.—
Sa présence était jugée nécessaire partout où il s’agissaitdesintérêtsde laRéforme,et savoixgrave etsenséeétait toujoursd’ungrandpoids dans les délibérations. Iln’est point de Réformateur qui ait eu plus de relations avec les princes régnans, surtout avec ceux qui avaient embrassé le parti réformé.Déjà dans la dernière année de son professorat àLausanne(1558)
il avait étédéputé auprès de quelques princes d’Allemagnepourin- tercéder auprès d’eux en faveur des protestans
, cruellement persé- cutés sous Henri IL
En
1559> ^ se rendît à Nérac auprès d’Antoine deBourbon,
roi deNavarre, pour s’entretenir avec lui des intérêts de la religion, et en faire, si possible, le soutien des Piéformés. Sa missionfutcouronnée d’unplein succès:laRéforme
fut prêchéepu-
bliquementà Nérac1.—
Ilfutinvité (1561) parleroide Navarre, par
1 MélangeshistoriquesetlittérairesdeM. de Barante;1.1, 1835.
(
9)
Jeanned’Albret, etc,àassisterau
fameux
colloque de Poissy.Ce
col- loque était destiné àcalmerles dissensionsreligieuses, quidivisaient la France
, et à rapprocher les
deux
partis.Ce
nefutqu’àregretque
Genève cédaBèze au roi de Navarre, parceque
l’Eglise etl’Ecolede théologie devaientbeaucoup
souffrir de son absence. «Nous
vous«prions, Sire
—
dit Calvin dans sa réponseàla lettredu
roi deNa-
«varre
—
qu’ilvous plaiseprendreen gardeunepartiedenosthrésors«dans la personne de celui qu’il n’estpas besoin de vous
recomman-
«der.» Dire le rôle
que
joua Bèze, soit dans ce colloque, soit au synode deLa
Rochelle (1571), soitdansplusieurs autres conférences, tellesque
celles de Montbéliard (1586) et de Berne (1588) , serait m’écarter demon
sujet.Ce
sont d’ailleurs choses assez connues1.Bèze ne revint à Genève qu’en 1563 après 22 mois d’absence. Il avait consacré ce
temps
aux intérêts religieux de sa patrie, et à de nombreuses prédications évangéliques. Il étaittemps
qu’il revînt dans sa patrie adoptive: elle soupirait après lui. Les infirmités de Calvin, qui avait
miné
sa santé à l’œuvredu
Seigneur, devenaient de jour en jour plus menaçantes et semblaient présager unemort
prochaine.En
effet,une
annéeaprès (1564JGenèvepleuraitlapertedu
grand restaurateur de ses loispolitiques et religieuses. Personne ne sentit plusvivementcetteperteque
Bèze; lapatrieperdaitun
grandhomme,
mais Bèze perdait
un ami
etun
frère. Il a payéun
juste tribut de reconnaissance à samémoire
danssa J. Calvini vita.On
jugera sans peine de l’importance qu’acquérait dès-lors son ministèreà Genève, si l’onréfléchit
que
Calvin n’avait guère euque
le
temps
d’ébaucher son plan de Réforme. Mais, dira-t-on, Calvin avaitdonné
à Genèveune
législation civile et religieuse, il y avait arboré l’étendardde l’Évangileavecun
courage inouï; ilavait fondéune Académie
etun
Collègepour
l’instruction de la jeunesse,un
1 V.De Thou;Mézerai; Senebier; Boissard,Muséedes protestans célèbres,art.Bèze.
2
( 10 )
Consistoire
pour
la répression des vices et des scandales.— Tout
celaest vrai, mais ne fallait-ilpas qu’un
homme
éminent par sa foi et seslumières, continuâtune
oeuvre sipeu
consolidée?Ne
fallait-ilpas qu’un autre Calvin en talens, en foi, en réputation, attirât les regards des étrangers et la protection des souverains sur la petite république,
que
l’ennemi (les ducs de Savoie) guettait sans cesse aveclesyeuxdu
vautourprêtà fondre sur sa proie? Cetautre Calvin,il le fallait, etla Providence l’avait réservé à Genève dans
Théodore
deBèze.III.
1564 à 1605.
Bèze remplaça Calvin dans toutes ses fonctions
, et fut considéré
comme
le chefdu
parti réformé en Francecomme
à Genève.On
lui déféraà l’unanimitél’honneur deprésiderla
Compagnie
desPas- teurs etilfutson organe auprèsdu
Conseil.Je donnerai quelques détailsconcernant les rapportsdeBèze avec ces
deux
corps, et je l’envisageraicomme
Professeur enthéologie.i° Bèze dans ses rapports avec la Compagnie des Pasteurs et le Conseil d’état.
Les faits1
que
je vais rapporter, tout en fournissant des données importantes surle caractère de Bèze etson ministère àGenève, ser-1 Les principales sources auxquellesj’ai puisé pourcette partiede mon travail, sont quelquesmanuscritsin-folioquise trouventaux archives publiques de Genève, savoir:
1° ExtraitsdesregistrespublicsouAnnales de larépublique de Genève de 1538 à 1608, par J.A. Gauthier, professeurenphilosophie. 2°Extrait del’histoirede Genève, conte- nantce quiestarrivé de plusremarquableparrapportàcette ville,depuisqu’elle estconnue jusquesàl’an1608, parlemême auteur.11 vol. in-folio. 3°Extraitde divers extraits des
registresoriginaux
,
parJ.L. Mallet.
—
Je doislaconsultation de ce dernier manuscrit àl’obligeancedeM.leprofesseurCellerier,quienestlepossesseur.( 11
)
vironten
même
tempsà prouverquel’ambition etl’orgueilnefurent jamais les mobilesde sesactions*.Ces faits
, il est vrai, n’ont pas
répondu
àmon
attente: ils sont isolés, peu abondans, et ne donnent lieupour
la plupart qu’à des inductions; mais ils ont l’avantage d’être inédits, de surprendrel’homme
dans la vie active et de le peindre au naturel.Quand
les opinions sont partagées surun
personnage important,quand
lesuns le louent
pour
sonhumilité et sa foi, et
que
lesautres letaxent d’ambition etd’hypocrisie, rien ne doit être omispour
arriver à la vérité. Il faut des faits convaincanspour
réhabiliterou
flétrirune mémoire,
et ces faits sont souvent lesdétails en apparence les plus minutieux. J’estimeque
les suivans nesont pasde natureàlaisserlejugement en suspens.
L’année 1671, J. le
Gagneux
et P. Colladon troublèrentun mo- ment
la paix dont jouissait l’Eglise de Genève. Ces deux pasteurs se permirent en chaire des déclamations contrelesmagistrats, firent planer injustement dessoupçonssur leurintégrité etrompirentainsi l’harmonie, qui existait entre les corps civil et ecclésiastique. Ilseurent à ceteffet avecle Conseil de longs démélés
, qu’il seraitfasti-
dieux de rapporter. Bief, leConseil influencépar Bèze, se
montra
à leur égard plein d’indulgence: ils obtinrent grâcedeux
fois l’un et l’autre, et ce ne fut qu’à la troisième récidiveque
le Conseil et laCompagnie
des Pasteurs, lassés d’une aussi indigne conduite, lesdéposèrentde leur ministère.
Ces
deux
faits offrent pareux-mêmes un
intérêt bien minime;mais ce qui nous importe, c’est la conduite de Bèze dans ces cir- constances difficiles.
En
profitera-t-ilpour
faire valoir sonautorité?Poursuivra-t-il les rebellesavec
un
bras de fer? Ledésirde montrersa prééminence sera-t-il plus
doux
à soncœur que
lesintérêtsdela1 Cetteaccusationestencorereproduitedansle dictionnaire historique de l’abbé de Feller,1821,t.II, p.343.
2.
*
LiBRARY UNIVERS1TY0e
( )
religion et la paix de l’Eglise?
Non,
Bèzeest dans ces circonstances critiquesl’homme
de la Bible, le chrétien véritable; il -estdoux
et pacifique, il gémit de voir le trouble introduit dans l’Eglise, il dit qu’il nepourra plus y continuer son ministère, il tâche d’amenerlesdélinquans àreconnaître et àavouer leur faute, et
quand
lesmi-nistresprient le Conseil de pardonnerà leurs frères, on littoujours ces
mots
: etparticulièrementM.
de Bèze.Après la première réconciliation
, qui fut cimentée par
un
repas entrelesmagistrats et les ministres, auquelassistèrenteux-mêmes
leGagneux
et Colladon, ilsméconnurent
bientôt leur missionde pré- dicateurs de l’Evangile, et continuèrent leurs déclamations contreles magistrats. Voici à cetteoccasion les paroles deBèzeau Conseil:
«EnsuiteM. deBèzeaditen particulier,
que
c’étaitavecune
grande répugnance età son grand regretqu’il se voyait contraint de direau
Conseil, qu’ayantétéappeléauministèredecette Eglise, etayant reçu l’honneur de présider dans la
Compagnie
des Pasteurs (desquelles fonctions il avait tâché de s’acquitter de son mieux), il avait trouvé des esprits si pleins d’eux-mêmes, surtout lesdits Colladon et leGagneux, qu’ils étaient absolument intraitables et hors d’espérance depouvoir se changer; ce qui le contraignaitde prierle Conseil d’y apporter
du
remède, et de le décharger de l’une et de l’autre des charges qu’il exerçait, ne lui étant pas possible de continuer d’en faireles fonctions avecdesgens dece caractère. »
Sices parolesdénotentquelque peu de faiblesse
, elles necaracté- risent au moins pas
un
ambitieux. Jeme
hâte de citerun
trait qui prouveque
Bèze nemanquait
nullement de fermeté,
quand
ils’agis- sait des devoirs de son ministère.En
i5Si, plusieurs ministres, et spécialement Bèze, parlèrent en chaire avec raison contre les usuriers. Le Conseil lesfitcomparaître en sa présence. Bèze prit laparoleet sedéfendit, lui etses collègues, avecune
courageuse énergie. Il représenta que les censures qu’ils avaient adressées étaient générales, et ne regardaientaucun
individu( i3
)
en parliculier; qu’ainsi
on
avait tort deles accuserd’yenvelopper le magistrat, parceque
deuxseigneursdu
Conseil s’étaienttrouvés con- vaincusd’avoirdonné
dansune
usureexcessive.Quant
àlui, ilsétaiten particulier cru obligé de censurer de celte manière, et deparler avec la liberté qui convientà
un
ministredel’Évangile, parce
que
le magistratnefaisaitpascequ’ilpouvaitetcequ’il devait faire;que
les fautesquisecommettaientétaientsiévidentes, qu’ellessautaientaux yeux,et
que
cependanton nevoulaitpaslesvoir;que
silesministresse taisaientlà-dessus, lepeuplediraitd’euxqu’ils sontdes chiensmuets,et qu’ilsauraientlaconscience chargéede nepasfaireleur devoir. «S’i-
magine—t—
on
, ajoutait-il, qu’ilspensentse
donner du
lustre, enabais- santlemagistrat, et s’éleversursesruines, ouqu’ilsveuillent exciter quelque sédition?Comme
s’ils ne savaientpasqu’ilsseraientlespre- miersperdus!Ce
quiles faitparler, c’est la crainte
que
leursilencene soit la cause delaperte desâmes. Ilyadeuxans qu’ilsnecessent de crier contre les usuriers, et cependant
on
n’en a châtiéque
troisouquatre.
On
diraqu’onn’ensait pasd’autres, maisqui doit le sa- voir, sicen’estlemagistrat?On
en parle àYevey etàLausanne: c’estune
choseconnue
etqui se ditpartout,que
la villeestpleine deJeve- niers (usuriers) , cependanton
n’ymet aucun
ordre Silesminis- tresimitentlesilencedesmagistrats, le jardin se remplira demau-
vaises herbes. » Cesparolesrappellentl’énergie de Bèze dans sa jeu- nesse. Suivons-le encore quelques
momens
dans sesrapports aveclaCompagnie
des Pasteurs.Bèzen’avaitacceptélaprésidence dela
Compagnie que pour un
an, mais il fut réélu d’année en année jusqu’en i58o. Les démarchesqu’il fit
pour
être soulagé de ce fardeau, prouvent qu’il ne tenait guèresà avoirle premierrangparmises frères.Déjà en 1675, les magistrats l’ayant pris à part pourlui fairedes exhortationsetle prier d’avoir l’œil sur la conduite de ses collègues
,
suivantleréglementfaitentre eux, Bèzedit: »qu’ilavaittoujours pro- testé depuis la
moçt
de Calvin, qu’il se trouvait incapable d’exercer( i4
)
line telle charge, parce qu’il n’avait pas la vigueurnécessaire, qu’il étaittropfacile, etque
pour
celailne l’avaitjamais acceptéeque pour un
an, mais qu’il avait toujours été confirméchaque
année.»Il nese
donna
pas derepos qu’il n’eûtinculqué son idéeà ses col- lègues. Aussi, en 1579, plusieurs ministres, à la tête desquels étaitBèze, parurent en Conseil
pour demander que
la présidence dans leurCompagnie
fûtannuelle. «Ilsnefaisaientpasceltedemande
parmécontentement
deBèze, del’administration duquelilsavaienttout sujet de se louer, mais parceque
depuispeu
ils avaient considéré de plus près les inconvéniensattachés àlaperpétuitédecettecharge surune même
tête.- C’était parune
semblable pratiqueque
setait introduite l’autorité des évêques et despapes. D’ailleurs elle n’avaitaucun
fondement dans la parole de Dieu , et elle ouvraitune
large voie à l’ambition.»Bèze insista fort
pour
être déchargé de cet emploi, tantpour
les raisonsci-dessus énoncées,
que
par considérationpour
son âgedéjà avancé. Il paruttrois fois au Conseil, faisant lamême demande. Le
Conseil le loua de son zèle, dit qu’il approuvait que cechangement
eûtlieudans la suite, et ill’exhorta à exercerencorecet emploi pen- dantl’année.En
158o, BèzereparutauConseil, réitérantsademande.
Ill’obtint enfin aprèsde longuesreprésentations. Maisontomba
dansun
excès opposé, enétablissantque
cette présidenceseraithebdomadaire
J.Je le
demande, une
telle conduite est-elle celle d’un ambitieux quimet
sa gloire à être chef de parti2?«Quoique
Bèze, dit Gauthier, eût obtenu de ne plus présider laCompagnie
desPasteursetle Consistoire, iln’enconserva pasmoins
1 Cemodea étéheureusement changé, il y a quelques années, et la présidence est devenueannuelle.
2 Leslettres deBèzeserventaussi àrepoussercette iuculpation: «Mihi vero quœ pri- vatim suslinendafuerint,siplanétibiexplicarem, tumsane mirareris inveniri quemquam
posse quimihipontificatumistum,quemvocant.invideat. Epist.7/ adFr.Berald.
( i5 )
son influence dans le Conseil, qui s’adressait toujours à luidans les affaires critiques, etdans sesrapports avec laCompagnie. Toutes les lettres des pays étrangers lui étaient adressées, de sorte que, si le ministère deGenèvefaisaitquelque bruitdans le
monde,
c’était à lahaute réputation que Bèze s’était acquise,
que
cet avantage était dû.Aucun
desescollègues n’eutautantque
lui la confiancedesCon-seils.
Le
magistratfaisaitun
cas tout particulierde ses avis,comme
ilenavait usé à l’égard de Calvin.»
En
effet, leConseilnemanquait
jamais deleconsulter, non-seule- ment,comme
nousl’avonsvu,danssesdifférendsaveclaCompagnie,
mais encorequand
il s’agissait de l’intérêt oudu
salut de la répu- blique. C’est ainsi qu’en i586 quelques seigneurs ayant exhorté leConseil à faire la guerreau
duc
de Savoie, qui molestait continuel- lement la république, le Conseil
demanda
l’avis de Bèze. Bèze ap- prouvalaguerrecomme
juste, mais nelaregarda pascomme
abso-lument
indispensable—
une guerre ne se faisant jamaissans effusion desang.Ilconseilla des mesures de prudenceetdes préparatifs, dontle plan fut adopté dans le Conseil à l’unanimité.C’est ainsi
que
Bèze servait à la fois les intérêts temporels et spirituels de la république qui l’avait accueilli dans sonexil.Les magistratsconservèrent
un
long souvenirdeses lumièresetdesesservices; cardanslesdiscussions avecla
Compagnie
postérieures à sa mort, ils citentfréquemment
l’exemple de feuM.
de Bèzed’heu- reusemémoire.Tantqu’ilvécut, l’unionla plusgranderégnadansla
Compagnie;
il sut toujours calmer les dissentimens qui s’élevèrent entre elle et le Conseil.
En un mot,
ilfitpar sadouceurceque
Calvinavait faità l’aidede son bras defer,et samort
fut,comme
celledu
Réformateur,un
deuil et une perte pourl’Eglise. Il s’acquittaitdesesdevoirs pas- toraux avecune
grandedélicatesse.Le
traitsuivantenestlapreuve.En
i5yo, lapeste exerçaitsesravagesdans Genève, et l’ondésignait par le sort lesPasteurs qui devaient aller offrir des consolationsaux( 16 )
pestiférés.
Le
Conseil, nevoulant pasexposer unetêteaussi précieuse à la républiqueque
celle de Bèze, ordonna qu’on l’exemptâtdu
sort.
A
cette nouvelle, Bèze se rend en hâteauprèsdu
Conseil et le prie instamment de révoquer sa résolution, «parce qu’il ne pourra avoirsa conscienceen repos, tantque
saSeigneurie neluipermettra pasd’exercercettepartiedeson ministère.» Seconduireainsi, c’était avoir la conscience de son devoir etune
haute idéedu
ministèreévangélique.
—
Disons, en finissant, quelquesmots
desservicesque
Bèze a rendus à Genève,comme
Professeurenthéologie.2° Bèze
comme
Professeur.Voici ce qu’on lit à ce sujet dans les Mélanges historiques et litté- raires de M. de Barante : «Son meilleur titre à la gloire, dit-il, en parlant de Bèze, celui qui doit lui assurerlareconnaissancedetous les amis des lettxes et des sciences, c’est l’heureuse direction qu’il a
donnée
auxétudes dansl’Académie de Genève, dontilfutlepremier recteur en 155<).Le malheur
des temps ayant obligé le Conseil de Genèveà supprimer deuxchairesde professeur, donton
ne pouvait payer le traitement, Bèze, âgé de plus de soixante-dix ans, et sans négligeraucun
de ses autres travaux, suppléa les professeurs sup- primésetdonna
seuldes leçonspendantplus dedeux années.Quand on
songe aunombre d’hommes
illustresouutilesque
l’Académie de Genèveaproduits pendant les deux derniers siècles, et à la renom-
mée
qu’ont procurée à cettepetite cité ses institutions, seslumières etles succèsdel’enseignementqu’on y reçoit,on
nepeutsedéfendre d’un sentiment vif d’estime et de reconnaissancepour
Théodore de Bèze. Cefut lui quifutlevéritable fondateur decetteAcadémie, qui luidonna
desrègles etlégua à sessuccesseurslatradition etl’exemple dont l’utilité se fait encore sentir. Si on considèreThéodore
deBèze sous ce point de vue, on sera plus disposé à lui pax’donner les tortsdesa jeunesse,»