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L’érosion des sols en Nouvelle-Zélande

J.-Y. Morris

To cite this version:

J.-Y. Morris. L’érosion des sols en Nouvelle-Zélande. Revue forestière française, AgroParisTech, 1962, pp.93-104. �10.4267/2042/24439�. �hal-03386285�

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1962 FÉVRIER N° 2 Dans ce numéro : J.-Y. M O R R I S : L'érosion des sols en Nouvelle-Zélande.

— M. M'OREAU et R. SCHAEFFER: Le fornes annosus et la forêt française ou les enseignements du symposium d'Inverness. — R. C R O I S É : Aperçus sur l'évolution de la technique routière. — C. 'BARTOLI : Chronique botanique. — A. PONCET: Vitesse de l'érosion fluviale.

L'ÉROSION DES SOLS EN NOUVELLE-ZÉLANDE

PAR

J.-Y. MORRIS

Ingénieur Civil des E a u x et Forêts

De nos jours, le forestier est souvent le témoin du trouble pro- fond que peut jeter l'action inconsidérée de l'homme dans un milieu naturel en équilibre. Le bassin méditerranéen et certains pays tropi- caux en offrent des exemples désormais classiques.

Aujourd'hui, c'est des Antipodes que nous parvient le témoignage particulièrement frappant d'un forestier néozélandais, M. MORRIS,

ancien élève de l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts de Nancy.

La Revue forestière est heureuse de présenter à ses lecteurs cette remarquable étude où l'auteur étudie les problèmes posés par ΐéro- sion des sols et l'abondance du gibier et expose les moyens par les- quels le Gouvernement néozélandais se propose de tenter de les ré- soudre.

(N.D.L.R.) I. — Introduction

Bien que l'érosion des sols intéresse une plus grande partie du pays en Nouvelle-Zélande que dans beaucoup d'autres pays, ce fait est pratiquement inconnu en dehors des Antipodes.

Pour bien comprendre le problème, il est nécessaire de considé- rer quelques aspects de la géographie et de l'histoire du pays.

Formée de deux îles allongées entre 34° et 47° de latitude, la Nouvelle-Zélande s'étend sur plus de 2 000 km de longueur, sans jamais dépasser 350 km de largeur. Une haute chaîne de monta- gne, plus ou moins- centrale dans l'île du Nord (argilolithe et grau- wacke), mais située près de la côte Ouest dans l'île du Sud (grau-

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wacke, schiste et gneiss) où la plaine côtière est beaucoup plus large à l'Est, forme une sorte d'épine dorsale dans les deux îles: on en verra plus loin les conséquences sur le régime torrentiel.

Le climat —subtropical au Nord, froid au Sud — est à carac- tère maritime. Même à haute altitude (point culminant: Mont Cook 3 760 m), cette influence est très nette. Mais au centre de la pro- vince dOtago, aux environs des lacs, le climat est à tendance con- tinentale.

Les précipitations, abondantes, diminuent d'Ouest en Est. Ainsi Hokitika sur la côte Ouest reçoit 2 500 mm et le versant Ouest des Alpes 4 000 mm, tandis que Christchurch sur la côte Est n'a que 750 mm. Le record national est détenu par Milford Sound où la lame annuelle est de l'ordre de 5 000 mm au niveau de la mer. On n'en connaît pas l'importance en altitude. Cette distribu- tion des précipitations justifie une division entre Alpes vertes à l'Ouest et Alpes sèches vers l'Est comme dans les Alpes fran- çaises (*).

Dans l'île du Sud, les terrains à altitude supérieure à 100 m, c'est-à-dire les terrains de montagne dans le sens général, repré- sentent 60 % de la superficie totale, tandis que dans l'île du Nord cette proportion est beaucoup moins élevée et les montagnes y sont généralement plus basses et moins accidentées.

Le type des forêts de montagne varie avec les différentes régions :

— dans le Nord, c'est un type mixte où les éléments de la flore australe sont représentés par les espèces des genres Dacrydium, Po- docarpus et Nothofagus (parmi lesquelles il faut mentionner N.

clifforiioides et N. menziesii) ;

— sur le versant Ouest des Alpes du Sud, c'est le même type, sauf au centre de la province de Westland où les Notofagus sont absents;

— sur le versant Est, c'est un type à Nothofagus pur :

— N. cliff ortioides là où les précipitations sont faibles N mende sii dans les stations plus humides.

La limite de la végétation forestière se trouve aux environs de 900 m,

sur le versant Ouest: au-dessus de la forêt, on trouve une puis- sante zone d'arbustes jusqu'à 1 200 m,

et de 1 200 m sur le versant Est : la limite des forêts de Nothofagus se trouvait autrefois vers 1 600 m, surmontée d'une zone d'arbustes assez limitée.

(*) Dans la suite de cette étude, chaque fois que l'auteur parlera des Alpes, sans préciser davantage, il s'agira de la chaîne néo-zélandaise. (N.D.L.R.)

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Mais la situation a bien changé à la suite des incendies provo- qués par les Maoris et les pionniers et peut-être aussi d'un assèche- ment du climat depuis le ΧΙΙΙΘ siècle: l'étendue actuelle des forêts est beaucoup plus réduite.

Dans les provinces de Marlborough, Canterbury et Otago, à l'Est des Alpes du Sud, l'érosion qui s'est développée au xixe siècle rap- pelle la situation qui fut celle des Alpes Maritimes en France. Ce sont de vrais terrains de montagne travaillés par l'érosion au-des- sus de la limite forestière. Par contre, bien des phénomènes d'éro- sion dont on entend parler dans l'île du Nord n'intéressent que des terrains plus ou moins agricoles, à basse altitude, où une amé- lioration des techniques agricoles sur le modèle américain sera suf- fisante pour arrêter l'entraînement du sol. Mais il n'en va pas de même dans les régions montagneuses où les repeuplements artifi- ciels semblent s'imposer..

II. — Histoire de Putilisation du sol

Si on ne considère que la colonisation européenne, la mise en valeur du sol remonte à 1840. On peut cependant penser que les Maoris ont exercé une influence importante sur la couverture vé- gétale avant l'arrivée des Blancs. Depuis le χινθ siècle, maintes légendes font état d'incendies spectaculaires, chose qui pourrait étonner lorsque l'on sait que les indigènes respectent des lois strictes pour la protection de la nature. Il semble que les incendies aient été provoqués à l'occasion de la chasse des Moa {Aptéryx), chasse généralement favorisée par l'incendie. Mais quelle qu'en soit la cause, il y a des traces certaines d'incendies avant l'arrivée des premiers Européens.

Malheureusement, les archives officielles ne permettent pas de se faire une idée de l'état et de l'étendue des forêts de montagne au début de la colonisation. Elles n'étaient connues que de quelques éleveurs autochtones. Il est cependant certain qu'entre 1840 et 1880, beaucoup de forêts, notamment dans le Sud du pays, ont été défri- chées ou brûlées pour aménager des surfaces de parcours. En voi- ci la raison : l'espèce qui domine dans les pâturages alpins est Dan- thonia flavescens dont les touffes atteignent 1 m de diamètre et 1 à 1,50 m de hauteur. Elle ne présente plus aucune valeur fourragère lorsqu'elle a plus de deux ans, ce qui explique le brûlis érigé en méthode d'aménagement des pâturages alpins pendant un siècle.

Jusqu'en 1920, on n'a fait mention que des ovins, mais ensuite l'introduction du gibier vient encore aggraver le problème. Des nombreuses espèces de Cervidés introduites, c'est le cerf (Cervus elaphus) qui s'est acclimaté le mieux. En 1930, il a été déclaré nui- sible et on a institué son contrôle par des chasseurs domaniaux.

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Le chamois et le thar de l'Himalaya (Hemitragus emlaicus) se sont acclimatés plus lentement dans une aire plus réduite, mais le con- trôle de ces animaux en haute montagne a cependant été institué avant la dernière guerre. L'opossum (Trichosurus vulpécula), intro- duit d'Australie vers 1890 pour la pelleterie, s'est multiplié très rapidement. Il constitue maintenant un véritable danger pour les forêts de haute altitude.

Quel fut l'effet de ces différents facteurs sur la végétation pri- mitive? Sur le versant Ouest des Alpes où les conditions clima- tiques sont favorables à la forêt mais peu favorables aux animaux introduits, les dégradations des forêts furent peu marquées jusqu'en 1940. On a cependant constaté récemment la disparition du sous- étage, l'abroutissement du rata (Metrosideros umbellata) par l'opos- sum, des glissements de terrain et l'augmentation de la fréquence des inondations sur la plaine côtière. Comme cette plaine est peu peuplée, les inondations ne sont pas très redoutables, mais dans la plaine orientale où les rivières menacent terres agricoles et villes importantes, la situation est plus sérieuse. Sur le versant Est par contre, les conditions climatiques sont plus favorables· aux animaux qu'à la forêt. En plus, la roche-mère à l'Est de la faille alpine est beaucoup moins stable que les schistes et les granites de Westland et le fait que les rivières traversent une large plaine montre l'ur- gence de la conservation des forêts et des pâturages alpins. Malheu- reusement, nous l'avons vu, pionniers et maoris ont contribué à réduire l'étendue des forêts. Les pâturages et ce qui reste des fo- rêts ont été sérieusement dégradés par la faune et la répétition des incendies. Dans les provinces de Marlborough et de Canterbury, la situation est devenue critique: les photos en donnent une idée assez exacte.

III. — Les régions d'érosion a) Ile du Nord 1 — Régions alpines.

L'érosion dans ces régions est moins importante que dans l'île du Sud. La roche-mère, dans les chaînes de Tararua et de Ruahine, est un grauwacke triasique moins fracassé et plus résistant à l'éro- sion que le grauwacke de Canterbury. Dans la chaîne de Kaweka, le grauwacke de base est recouvert d'une couche épaisse de cendres volcaniques qui date des· éruptions quaternaires. A la suite de la destruction de la végétation, les sols n'offrent aucune résistance à l'érosion, et les pentes et thalwegs sont rapidement affouillés jus- qu'à la roche de base. Le rôle de la faille alpine est également important; les glissements de terrain provoqués· par les tremble- ments de terre en forêt et au-dessus de la limite de la végétation forestières sont nombreux.

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M I L F O R D SOUND

Carte générale - Relief.

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zone de grauwacke.

zone de schistes.

5 0 0 50 SO O 50

100 100 150

150 2 0 0

2 0 0 Kilométn

Carte géologique de la région de montagne.

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Au pied de ces montagnes, on trouve de riches plaines agricoles et des villes assez importantes. Aussi la dégradation continue des bassins supérieurs constitue-t-elle un danger certain.

2 — Erosion à basse altitude.

Dans les provinces de Poverty Bay et de Wanganui, le défri- chement de la forêt australe sur des pentes rapides a occasionné d'importants glissements sur les terrains cultivés et les pâturages.

La roche-mère est une argile schisteuse ou argilolithe très sensible à l'érosion. Sans doute les dommages ont-il été aggravés par des techniques agricoles primitives qu'il est d'ailleurs facile d'améliorer, mais on doit envisager le reboisement des terrains les moins fertiles (<( marginal lands »).

b) Ile du Sud

Dans cette île, les phénomènes d'érosion sont presque exclusi- vement localisés sur le relief, à l'Est de la faille alpine, dans les provinces de Marlborough et Canterbury.

La roche-mère, dans les Alpes et dans les chaînes secondaires, est un grauwacke. C'est un grès dur, submétamorphique, à éléments grossiers. Après la destruction de la végétation par un des agents déjà enumeres, l'entraînement du sol est rapide en raison de la sen- sibilité de la roche-mère aux alternances du gel et du dégel. En outre, la plupart des pentes à haute altitude sont recouvertes d'un placage de débris fsolifluction) qui date de l'époque glaciaire et se montre lui aussi très sensiblera l'érosion dès que la couverture végé- tale a disparu.

En résumé, plusieurs facteurs concourent à favoriser les phéno- mènes d'érosion clans les Alpes:

— Instabilité de la roche-mère.

— Pentes rapides d'un relief jeune.

— Climat qui a tendance à favoriser le pâturage au détriment des forêts.

— Dégradation de la forêt primitive par l'incendie, le gibier et peut-être aussi un changement de climat.

— Effet considérable des vents violents· du Nord-Ouest (foehn).

—• Régime des pluies caractérisé par des précipitations torrenr tieîles et parfois de longues saisons sèches.

Au Sud du lac Ohau, le grauwacke est remplacé par des roches métamorphiques : schistes dans l'Otago et le Southland, granites et gneiss dans le Fiordland. L'intensité de l'érosion dépend évidem- ment de la résistance des schistes et il est souvent délicat de diffé- rencier de ce ¡point de vue schistes et grauwacke. Les granites et les gneiss ne sont pas sensibles à l'érosion.

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IV. — La politique de conservation du sol

Jusqu'en 1941, il n'y avait pas de législation spécifique concer- nant la conservation du sol. Pendant un siècle, les pâturages de montagne ont été sous le contrôle du Département des Terres, dé- partement purement administratif. Il faisait l'objet de bails à long terme sans autre restriction que celle portant sur le nombre de têtes d'animaux. Comme nous venons de le voir, l'incendie annuel était la seule méthode d'aménagement. Une faible proportion des terrains de montagne était sous le contrôle du Service forestier là où la forêt n'existe plus. Dans les régions sans contrôle, l'empié- tement des troupeaux sur les forêts domaniales était inévitable.

Il va sans dire que la gravité de la situation n'avait pas échappé aux spécialistes, mais généralement leurs protestations furent con- sidérées comme trop pessimistes et restèrent sans écho. En 1941, on enregistre le début d'une politique de conservation du sol par le vote du « Soil Conservation and Rivers Control Act », insti- tuant le « Soil Conservation and Rivers Control Council » pour sauvegarder l'intérêt public en toutes matières touchant l'érosion du sol

Le Soil Conservation and Rivers Control Council

Le premier conseil, établi en 1941, avait six membres, mais le Département d'Agriculture et le Service forestier n'étaient pas re- présentés. La majorité des membres étaient ingénieurs du Dépar- tement des Travaux Publics ou officiers du Département des Ter- res. Le Conseil avait pour mission d'entreprendre des recherches sur tous les aspects de l'érosion en Nouvelle-Zélande et d'en diffuser les conclusions. La création de Catchment Boards représentait une partie essentielle de son activité puisque ces Boards sont des agen- ces régionales du Conseil et que chacun a la surveillance d'un cer- tain nombre de grandes rivières.

En 1946, la composition du Conseil était modifiée afin de faire place aux représentants du Département de l'Agriculture et du Service forestier. En 1952, un nouvel amendement fixait la com- position actuelle qui comprend :

— 1 officier du Département des Travaux Publics.

— Le Directeur Général des Terres.

— Le Directeur Général de l'Agriculture.

— Le Directeur Général des Forêts.

— Un membre nommé par le Gouverneur Général.

Vallée de l'Avoca, Canterbury. Disparition presque totale " de la forêt et du pâturage sur versants nord et ouest. Il reste un peu de sol au premier

plan. (Clichés N.Z. forest service J.H. Johns A.R.P.S.) -»

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Vallée du Caples en Otago. Zone schisteuse A noter la destruction de la forêt sur le versant nord à gauche.

Dans ce cas, la destruction de la forêt n'entrame pas la. disparition du pâturage. (Cliché N.Z. Forest Service J.H. Johns A.RP.S.)

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L'ÉROSION DES SOLS EN NOUVELLE-ZÉLANDE 101

— Sept membres dont:

4 représentants des Gouvernements locaux, 2 représentants des Catchment Boards, 1 représentant des fermiers.

En plus de ses fonctions administratives, le Conseil poursuit des recherches sur l'érosion à basse altitude, sur des fermes de dé- monstration — modèle américain — gérées sous le contrôle du Conseil pour perfectionner les techniques locales. Les ingénieurs agricoles du Conseil ont ¡pour mission de conseiller la communauté χ agricole et les travaux de correction ou de conservation du sol sont subventionnés par l'Etat. Les résultats de ces efforts portent leurs fruits, mais ils n'intéressent pas les terrains érodés en altitude.

La phase la plus importante des travaux du Conseil est le con- trôle des rivières et la protection contre les inondations. Les tra- vaux eux-mêmes sont exécutés par les Catchment Boards, financés par les collectivités locales et subventionnés par l'Etat. Comment peut-on expliquer que cette préoccupation de prévenir les inonda- tions soit limitée aux plaines? Il faut essentiellement en rechercher la raison dans l'utilisation des terres. Les plaines côtières sont assez peuplées et sont le berceau des grandes villes et de l'industrie tandis qu'en montagne la densité de la population est très faible. Au mo- ment de la constitution du Conseil, en 1941, la protection des villes et des lignes de communication en plaine était une nécessité impé- rative. Malheureusement, le Conseil et les Catchment Boards n'ont pas élargi cet objectif limité et leurs moyens financiers sont toujours réservés aux travaux de protection en plaine, à l'exclusion de la partie supérieure des bassins-versants. Cette conception pourrait sur- prendre les forestiers européens, mais ils ne doivent pas oublier que les Néozélandais n'ont pas derrière eux un héritage forestier com- parable. Ceci peut expliquer la situation actuelle... il ne la justifie pas.

Les Catchment Boards

Les Boards sont constitués, partie par des représentants élus, partie par des membres nommés par le Gouvernement (et notam- ment officiers de départements gouvernementaux : Forêts, Agricul- ture et Terres). Le (personnel des Boards est composé d'ingénieurs civils et d'ingénieurs agricoles, sous le contrôle d'un ingénieur en chef. Les ingénieurs civils sont chargés des travaux de contrôle des rivières. Les ingénieurs agricoles sont chargés de préparer les plans d'aménagement pour les fermes à basse et moyenne altitude, pour

<— Vallée du Harper. Dernière phase de la dégradation, assez répandue en Canterbury. On peut s'interroger sur le coût de la restauration.

(Cliché N.Z. Forest Service J.H. Johns A.R.P.S.)

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contrôler l'érosion sur les terrains agricoles; on y trouve toute la gamme des travaux américains tel que le « contour-furrow », le petit barrage de retenue en terre, etc.. C'est la contre-partie du

« Soil Conservation Service » des Etats-Unis.

Le Service forestier

1 Si le Service forestier assure la gestion de vastes étendues en montagne, ce n'est qu'en 1957 qu'il a commencé à se préoccuper de conservation du sol. En 1955, le contrôle du gibier a été confié au Service forestier qui, depuis cette date, a tenté de l'exercer sur une base plus rationnelle. Dans le passé, on chassait le gibier là où il était le plus abondant, sans vraiment tenir compte de ce qu'il fallait protéger. Depuis 1955, on a choisi les bassins de réception des rivières les plus dangereuses qui menacent les villes impor- tantes, Ceci pourrait sembler relever de la fantaisie si l'importance du nombre d'animaux abattus chaque année ne permettait de saisir la gravité du problème. En voici un exemple: On a abattu chaque année, depuis 1936, 1 000 animaux dans la vallée du Poulter (af- fluent du Waimakariri en Canterbury) comparable à celle de l'Ubaye, en amont de Barcelonnette. A l'échelle nationale, les chas- seurs du Service forestier ont détruit en 1960: 30 000 cerfs, 25 000 chèvres, 5 000 chamois et 2 000 tahr. A ces chiffres, il faut ajou- ter 20 000 cerfs et un million d'opossums détruits par les chasseurs privés. Il va sans dire que le Service forestier aurait pu doubler ces chiffres en doublant celui des chasseurs. Seul le manque de crédit a limité les opérations aux régions de priorité absolue. Ceci donne un aperçu de l'échelle du problème d'ailleurs compliqué par la pré- sence d'animaux domestiques. Dans quelques régions en effet, les éleveurs continuent à maintenir leurs troupeaux sur le terrain mê- me où opèrent les chasseurs en prétendant que la présence de leurs troupeaux ne contribue pas à l'érosion, tandis que celle des ani- maux nuisibles est seule dangereuse.

Le deuxième aspect de l'intervention du Service forestier en matière de Conservation du sol réside dans les recherches entre- prises par la « Forest and Range Experiment Station ». Cette sta- tion fut créée en 1957-pour étudier l'état des forêts de montagne et l'érosion du sol. Les recherches de la station comprennent en été l'inspection des grands bassins par le personnel de la station, et en hiver l'élaboration des programmes de recherches.

L'inspection des bassins supérieurs des grandes rivières a débuté en 1956 avec le Waimakariri en Canterbury. Les trois buts essen- tiels de ces inspections sont l'étude des trois points suivants :

1) Influence sur les forêts de montagne des dommages occasion- nés par les incendies et les animaux.

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L'ÉROSION DES SOLS EN NOUVELLE-ZÉLANDE 1Ô3

2) Protection des pentes au-dessus de la limite de la végétation forestière.

3) Degré d'érosion d'après le ruissellement sur les pentes, le rem- blaiement des lits de torrents, etc..

On espère ainsi arriver à établir les priorités pour le contrôle du gibier et la restauration des terrains à reboiser.

De leur côté, les programmes de recherches intéressent le reboi- sement des terrains dénudés, l'écologie des pâturages alpins, l'hy- drologie et les travaux de correction.

Un forestier est spécialisé dans la sélection et l'essai des espè- ces destinées au reboisement en altitude. Il a retenu quelques es- sences indigènes mais, compte tenu des résultats obtenus jusqu'ici, il poursuit ses recherches vers les exotiques. L'essai des espèces dignes d'intérêt est long et délicat, et après un premier stade, on a retenu 5 pu 6 espèces pour une expérimentation plus poussée. En même temps, on continue à petite échelle les essais d'introduction de nouvelles espèces. Actuellement, on peut dire que la plupart des arbres des zones alpines et subalpines d'Europe et d'Amérique du

Nord ont été essayés.

Un ingénieur agricole étudie l'écologie des pâturages alpins. Il se propose de déterminer les dommages occasionnés par le pâturage du bétail et le degré d'amélioration relevant de sa suppression. Il cherche aussi à chiffrer le rendement des différentes espèces admi- ses à pâturer. De cette façon, on espère réglementer le parcours des troupeaux en montagne.

Un forestier met au point les programmes de recherches sur l'hy- drologie des terrains de montagne:

— étude du climat de montagne (les chercheurs spécialisés en écologie ont besoin de connaître les précipitations, la température, etc.. ; or, les régions de montagne ne sont pas couvertes· par la météorologie nationale) ;

— étude scientifique de la neige;

— estimation de l'entraînement du sol par la méthode des plan- ches expérimentales;

— établissement ' du bilan hydrologique du bassin de réception, etc..

Le même forestier est chargé de mettre au point les travaux de correction. Bien entendu, il n'est pas question d'utiliser les métho- des classiques françaises par suite du manque de crédits. Pourtant on s'inspire des ouvrages secondaires : ainsi, on a essayé sur une petite échelle les gabions, les clayonnages, les petits barrages vi- vants, etc.. Il est certain que la restauration de beaucoup de ter- rains relève de l'application des méthodes classiques mais onéreuses,

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auxquelles on doit renoncer provisoirement pour leur préférer les petits ouvrages qui peuvent être financés avec des moyens plus li- mités.

V. — Conclusions

On vient de voir que le problème de l'érosion du sol est donc bien réel en Nouvelle-Zélande. En voici les principaux facteurs dans les Alpes:

— Instabilité de la roche-mère.

— Pentes raides.

— Destruction de la forêt primitive.

— Précipitations à caractère torrentiel.

A ceux-ci il faut ajouter les effets d'un siècle de mauvaise admi- nistration des terrains de montagne dont le résultat apparaît sur les clichés qui illustrent cet article: dans les (plaines, on doit faire face à d'onéreux problèmes de protection contre les inondations qui se posent sur une grande échelle.

Quels sont les remèdes? Evidemment, on doit commencer par supprimer le parcours en contrôlant le gibier et en réglementant le pacage des troupeaux. La voie est ensuite tracée pour la mise en œuvre d'un programme réaliste de reboisement sans lequel on ne peut pas· espérer sauver les terrains de montagne.

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Références

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