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LA LANGUE FRANÇAISE HORS DE FRANCE

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Academic year: 2022

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LA LANGUE FRANÇAISE HORS DE FRANCE

I

« Une exacte information montre que si le français est moins répandu aujourd'hui qu'en 1914, il l'est bien davantage qu'en 1939. » Telle était mon opinion en décembre 1953, au terme d'une enquête que je venais de conduire, pour un service de l'Unesco, dans la plupart des contrées de la planète. Le Times, trois mois plus tard (31 mars 1954), consacrait un grand article à « la persévérance de la France dans sa mission civilisatrice » et écrivait : « Vers 1950, les écoles de l'Alliance française avaient doublé le nombre des étudiants qu'elles avaient en 1939. A la même date, la Mission laïque, qui possède des établissements d'enseignement secondaire dans le Proche-Orient, comptait 15.000 élèves contre 7.000 avant la guerre... Les chiffres de fré- quentation montrent que, presque partout, la soif de l'instruction française augmente. »

Ces affirmations réconfortantes contredisent l'opinion ordinaire de beaucoup de nos compatriotes, et non des moindres ! Pour eux, l'usage du français est en recul, et l'anglais, partout, le sup- plante ; n'ont-ils pas constaté, à Athènes, à Amsterdam ou à Lima que le portier de leur hôtel s'adressait aux clients en anglais ? Ne sont-ils pas persuadés aussi, et non sans une sorte de joie sombre et amère, que le déclin de la langue française doit aller de soi puisqu'il traduit le déclin de la France ?

Je voudrais, en toute bonne foi, les détromper en leur apportant mon témoignage : commis-voyageur de la langue française, je n'ai cessé, depuis douze ans, de parcourir le monde — mes randonnées représentent près de 450.000 kilomètres — et de rendre visite

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aux Universités étrangères, aux Instituts, aux lycées et collèges officiels, privés ou religieux, et à nos Alliances françaises des cinq continents... Certes, la France, comme le disait le Times,

« a subi parfois des échecs et rencontré des désappointements amers », mais sa langue, au total et tout bien pesé, s'enseigne ' aujourd'hui davantage et mieux qu'en 1939 ; des millions d'hommes

restent « altérés de dieux français et d'idées françaises », et nous avons réussi, jusqu'ici et vaille que vaille, à étancher leur soif.

Nous venons de subir un désastre en Egypte : notre mission universitaire a été chassée de ce pays, et elle était notre mission universitaire la plus nombreuse (deux cent cinquante professeurs) après celle des pays de l'ancienne Indochine ; près de cinquante mille élèves et étudiants recevaient un enseignement dans des écoles religieuses ou laïques d'inspiration française. Pourrons- nous revenir et nous rétablir ? Et comment, et dans quelle mesure ? Ou bien saurons-nous, adroitement, faire porter très vite notre effort ailleurs, comme nous l'avons fait porter en Amérique latine après la soviétisation de l'Europe centrale et orientale, et comme nous le fîmes porter au Japon quand la Chine communiste eut fermé nos écoles ?

Quoi qu'il advienne, il ne peut y avoir, je le crains, de compen- sation véritable à notre brutal départ d'Egypte ; c'est l'une de nos positions les plus fortes qui risque d'être perdue, et cette position était centrale : l'Egypte est placée au cœur du Vieux Monde et à la charnière de trois continents ; l'influence française est atteinte en pleine poitrine, et jamais, dans le passé ancien ou récent, un coup plus dur ne lui fut porté. Le bilan que je vais essayer de tracer en sera tout entier assombri.

Deux langues vivantes seulement ont réussi, jusqu'à présent, à jouer le rôle de langue universelle : la langue française et la langue anglaise. Le chinois, l'arabe, le russe et l'espagnol sont certes parlés par des dizaines et même des centaines de millions de personnes, mais sans atteindre à cette dignité ; ces langues restent des langues nationales ou les langues de fait (1) d'un groupe bien défini de nations. ,

(1) Nous choisissons de dire « langue de fait » et « langue de choix », plutôt que « langue maternelle > et • langue d'étude » ; la suite de notre travail montrera pourquoi.

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Pour qu'une langue soit universelle, il faut, au contraire, qu'elle soit connue partout dans le monde, ne serait-ce que par de petits groupes d'esprits cultivés qui se servent d'elle par goût, par choix délibéré et pour communiquer entre eux. Il faut aussi qu'elle élève dans la culture et la civilisation, qu'elle donne la clé d'un tré- sor d'art et de pensée, qu'elle enrichisse le cœur et l'esprit ; et c'est pourquoi il m'a toujours semblé que les langues vernaculaires ou les langues artificielles ne pourraient jamais prétendre à l'universa- lité ; si l'on institue, un jour; par voie d'autorité, une « iriterlangue », il suffira de la choisir parmi les langues de civilisation, vivantes ou mortes, et ce serait une grave erreur que de tenter de la fabriquer.

Le français a pris le départ longtemps avant l'anglais; dès le seizième siècle, il tend à remplacer le latin dans l'usage inter- national de l'Occident européen ; les diplomates, les voyageurs, les élites aristocratiques, les Cours, les théologiens eux-mêmes

— l'ouvrage principal de Calvin comporte une version française — utilisent le français par choix, et ils continueront de le faire jusqu'au début du vingtième siècle.

On s'apercevra, alors, que l'anglais est devenu la langue de fait, non seulement du Royaume-Uni, mais aussi des Etats-Unis d'Amérique, de l'Afrique du Sud, de l'Australie, de la Nouvelle- Zélande et d'une partie du Canada, et qu'il est, en outre, la langue de communication avec l'Occident de ce qu'on appelait en ce temps- là l'Empire des Indes.

Cette importance de l'anglais comme langue de fait entraînera très vite, et inexorablement, sa diffusion comme langue de choix.

Si l'on s'est mis, un peu partout dans le monde, à apprendre l'anglais à l'école, si l'anglais joue aujourd'hui dans la diplomatie et les échanges scientifiques, techniques, touristiques et commerciaux le rôle le plus éminent, c'est d'abord parce que deux cent soixante millions de personnes au moins sont anglophones, et qu'elles appartiennent à des nations riches, puissantes, entreprenantes, et présentes sur tous les continents.

La nécessité, et une vue exacte des réalités contemporaines, ont fait, et assurent pour longtemps, la suprématie internationale de l'anglais. Les choses sont ainsi et il faut s'en accommoder; nous montrerons tout à l'heure qu'il est à la fois souhaitable et possible de le faire, et que l'extraordinaire fortune internationale de la langue anglaise n'a rien qui puisse nous affliger.

LA REVUE N» 8 2

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L'importance du français comme langue de fait n'est pas négli- geable, elle non plus. Elle est même, aujourd'hui, une des raisons du raffermissement de notre langue comme langue universelle. Le français aligne, lui aussi, dans la compétition linguistique, de gros bataillons !

Il est, en Europe, la langue maternelle des Belges Wallons, et, malgré certains souvenirs fâcheux, l'une des langues des élites flamandes. Dans l'ordre des lettres — quelques-uns des plus illustres écrivains belges de langue française étaient des Fla- mands — dans celui des sciences, des techniques et des entreprises industrielles, dans celui de l'expansion coloniale, comme dans sa brillante participation à toutes les grandes œuvres internationales, par l'élan, aussi, de sa foi catholique, la Belgique a contribué puissamment, et contribue toujours, au rayonnement de notre langue. Si le Luxembourg est un pays bilingue, où le français est l'une des deux langues officielles, c'est, entre autres raisons, à cause de son voisinage avec le pays wallon.

Le français reste la langue des Valdotains des vallées. Il est

"la langue, aussi, de plus de 800.000 Suisses romands. L'apport de ces Suisses à la gloire des lettres françaises est éclatant. Genève fut naguère capitale du monde ; la réputation des Universités et des écoles de la Suisse romande — en médecine et en pédagogie, en particulier — est un des plus sûrs éléments du prestige de la civilisation qui s'exprime par notre langue.

En Amérique, le français est la langue de trois départements : Martinique, Guadeloupe et Guyane, et des territoires de Saint- Pierre et Miquelon. C'est là une « présence » qui n'est pas négli- geable et que nous pourrions utiliser. Le français est la langue officielle, aussi, de la République d'Haïti ; mesure-t-on à sa juste valeur, en France, l'importance de cet atout ? Et fait-on suffisam- ment pour aider Haïti à garder sa fidélité à la langue de la France ?...

Là-bas, le langage du peuple est un doux « créole français », et il faut l'effort de l'étude pour passer au français souple et riche de l'élite cultivée : orateurs, journalistes, poètes, historiens et roman- ciers. Cet effort, il nous appartient de l'encourager plus fortement, car il n'est pas absolument sûr qu'Haïti pourra toujours rester un pays de langue française.

Le français est la langue des Canadiens d'expression fran-

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çaise ; quatre à cinq millions de personnes qui descendent des 65.000 colons du xvme siècle ! Groupés autour de leur évêque, ils sont restés fidèles à leur langue pour rester fidèles à leur foi.

Ils formeraient aujourd'hui une majorité au Canada, à cause de leur magnifique fécondité, si les nouveaux venus dans le Dominion, au xixe et au XXe siècles, n'avaient été surtout des Anglo-Saxons ou des gens qui adoptaient de préférence l'anglais, langue du grand pays voisin. Ces Canadiens de langue française ne sont pas cantonnés, comme on le croit quelquefois, dans le Québec : ils forment, dans les profondeurs de l'ouest canadien, des groupes importants et vigoureux. Quant aux Acadiens « dispersés », ils constituent aux Etats-Unis — Massachussets, Connecticut et New- Hampshire surtout — des « survivances françaises » d'une remar- quable ténacité; on estime que ces « franco-américains » sont aujourd'hui plus de deux millions.

Le français, dansTOcéan Indien et l'Océanie, est la langue du département de la Réunion, de l'île Maurice — possession bri- tannique depuis 1810 —, de la Nouvelle Calédonie et de toute une série d'îles françaises ou britanniques (les Seychelles). Peu de choses, peut-être, en comparaison des puissants domaines de la langue anglaise. Mais la persistance du français n'est-elle pas admi- rable aux Seychelles et à Maurice ? Elle a valeur de témoignage.

A Maurice, elle a donné naissance à une littérature brillante et féconde, et je puis dire que Mauritiens, et même Seychellois, en s'expatriant en Afrique anglaise ou portugaise, deviennent souvent les meilleurs agents de la diffusion de notre langue.

A tous ces pays et à tous ces peuples — soixante millions de personnes environ — dont la langue de fait, dès la naissance, est le français, il faut ajouter les pays et les peuples dont notre langue est devenue la langue principale de culture et la langue de commu- nication avec le reste du monde. Le poids et le pouvoir d'attraction que donne à l'anglais le fait d'être utilisé comme langue de culture et langue de communication par le Pakistan et par l'Inde n'a pas à être souligné ; c'est là une des trois ou quatre raisons majeures de l'importance exceptionnelle de l'anglais dans le monde moderne.

Mais le français, sans que nous en soyons pleinement conscients peut-être, possède des chances semblables.

En Algérie, et dans les pays indépendants du Maroc et de la Tunisie, il est la langue de la culture moderne, la seule langue des sciences et des techniques. L'arabe, dans ces usages, ne peut pas

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encore envisager d'entrer en concurrence avec lui ; il lui faudrait pour cela accomplir une révolution aussi vaste et aussi profonde que celle qu'accomplirent, au XVe et au xvie siècle, l'esprit et les langues de l'Europe ; cette révolution est à peine commencée dans le Proche- Orient où tout porte à croire qu'elle n'a que peu de chance d'aboutir rapidement. Le français est aussi, pour les élites de l'Afrique du nord, la langue de communication avec la civilisation et les cultures occidentales. La France a bien fait de jouer, dans ces pays, son rôle d'institutrice ; elle leur a rendu, ce faisant, le plus haut service ; mais elle s'est rendue aussi service à elle-même.

En A. O. F., en A. E. F., dans le Togo et le Cameroun sous tutelle française, l'œuvre de « scolarisation » a été poursuivie vigoureusement par la France, depuis 1945 surtout. L'idiome maternel, dans ces pays, est un dialecte qui varie de district à district, et même parfois de village à village. (On a dénombré plus de cent idiomes pour la seule A. O. F.) Le français n'est guère appris qu'à l'école — encore qu'il soit déjà, et de plus en plus, une véritable langue maternelle pour beaucoup de citoyens des villes modernes. Nous avons eu le bon sens, et la générosité aussi, de ne pas céder aux conseils et aux pressions qui nous poussaient à imiter d'autres pays en établissant, pour les enseigner exclusive- ment, des « langues vernaculaires ». Nous avons eu le bon sens, et la générosité aussi, de proposer notre langue plutôt qu'un langage africain assez rudimentaire, revu et remâché par des grammairiens occidentaux. Et les Africains nous savent gré — malgré certains excès récents de xénophobie forcenée — de leur avoir appris le français plutôt qu'un langage trop simple et artificiel, qui les aurait tenus isolés et n'aurait pu leur apporter le bienfait de la civilisation.

Nous avons fait de notre domaine africain un pays ouvert sur le monde, et qui s'élève.

Les Noirs du Congo belge, avec qui je me suis entretenu en 1951, le sentaient bien et réclamaient, pour eux, les mêmes avan- tages ; la Belgique, depuis quelques années, s'est mise à suivre l'exemple de la France. L'impérialisme linguistique qu'on a quel- quefois l'audace de nous reprocher va dans le sens des aspirations les plus profondes et de l'intérêt supérieur des Africains.

Cette « scolarisation » de l'Afrique noire n'est peut-être pas suffisante encore. Son taux, pourtant (on appelle taux de scola- risation le rapport obtenu en divisant le nombre total d'enfants d'âge scolaire par le nombre d'enfants présents dans les écoles),

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est voisin de 10 % en A. O. F., de 12 à 15 % en A. E. F.', de 20 % au Togo et de 25 % au Cameroun. Les résultats s'affirment déjà en littérature où les écrivains africains d'expression française repré- sentent, aujourd'hui, une véritable province de nos lettres. L'Uni- versité de Dakar sur un plan plus général, apparaît comme le couronnement de notre oeuvre. L'Occident et le Centre de l'Afrique

— Congo belge compris — semblent voués à la langue française ; ce qui constitue pour l'avenir de cette langue, et déjà pour son présent, une chance magnifique.

A Djibouti (où les écoles sont fréquentées par la.totalité de la population enfantine), à Madagascar (où le taux de scolarisation atteint au moins 45 %), au Laos, au Cambodge et au Vietnam, la situation de notre langue, dans le présent et l'avenir, est la même qu'en Afrique du nord.

A Madagascar, pays bilingue, le français est la langue d'acces- sion à la culture occidentale et de communication avec le reste du monde. La Grande Ile possède déjà des élites remarquables dans tous les ordres de la pensée.

Quant au Vietnam du sud, au Laos et au Cambodge, leur importance m'apparaît primordiale.

Entre Karachi et Tokio, c'est-à-dire dans le sud-est asiatique et l'Extrême-Orient, vivent les deux tiers des habitants de la planète. Jusqu'ici, c'est la langue anglaise qui a servi de truchement principal entre l'Occident et les vieilles et profondes civilisations de l'Asie ; j'estime, sans crainte de faire erreur, qu'un dialogue plus juste, plus large et plus humain pourrait s'établir par l'inter- médiaire d'une langue latine, notre langue. Ce n'est pas par hasard que le Japon est aujourd'hui le pays du monde qui nous traduit le plus ; et les paroles de M^ Chou-en-Lai demandant qu'on rétablisse des échanges et des liens intellectuels entre la Chine et la France sont, à mon sens, des paroles sincères et qui expriment un besoin essentiel. Le français peut avoir un bel avenir en Asie, et c'est la fidélité à notre langue et à notre culture des pays de l'ancienne Indochine qui le garantiront.

je viens de constater au Laos, au Cambodge et au Vietnam du Sud l'admirable revirement de l'opinion en notre faveur. Quelques semaines plus tard, M. Antoine Pinay le signalait à son tour et pouvait dire que les Américains n'étaient pas installés « en pro- fondeur » dans ces pays où nous jouissons toujours d'une « situation magnifique ». Les hauts fonctionnaires et les hommes politiques

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vietnamiens que j'ai rencontrés, — le bras droit de M. Diem n'est-il pas un écrivain de langue française d'une rare qualité ? — S. M. le roi du Cambodge et la plupart des dirigeants de ce pays qui ont bien voulu m'accorder audience, le Premier ministre laotien et les ministres de l'Education et de la Santé avec lesquels j'ai eu l'honneur de m'entretenir, m'ont dit eux-mêmes, et spontané- ment, tout ce qu'ils attendaient encore de la France dans l'ordre de l'esprit. Nous avons là-bas plus. de professeurs (trois cent cinquante environ) qu'en 1938; à l'estime des autorités de ces jeunes pays,* ils ne sont pas encore suffisamment nombreux ! Le budget culturel que nous consacrons au Cambodge, au Laos et au Vietnam du Sud s'élève à plus de deux milliards, et on le trouve trop maigre ! Nous sommes demandés. On ne souhaite que de voir s'étoffer notre action éducative.

Il faudra, cela va de soi, transformer ses façons traditionnelles, et aussi, sans doute, certaines de ses institutions. Mais l'effort vaut d'être tenté : il donnerait à la France, au cœur de l'Asie, un môle solide et rayonnant de présence linguistique et intellectuelle. Je me suis permis de suggérer, dès la fin de novembre 1956, qu'on transfère dans cette région du globe, si importante, une partie des moyens rendus disponibles par la suppression de nos œuvres en Egypte.

L'importance internationale d'une langue vient aussi, nous l'avons déjà dit, de l'étendue de son rôle comme langue de choix et d'étude dans les différents pays étrangers. Et le français, ici, a tou- jours la part belle ; tantôt il jouit d'une place éminente dans les différents programmes scolaires et universitaires de l'étranger ; tantôt encore, il est servi par un réseau dense et prospère d'écoles françaises ou d'inspiration française ; tantôt, aussi, son crédit tient au fait qu'il dispose, dans telle ou telle partie du monde, de ce que le Times appelle des « domaines traditionnels d'influence»;

et il arrive, enfin, que ces trois chances jouent ensemble pour faire de notre langue la langue seconde d'un ensemble de pays.

Quelle est la place du français dans les programmes scolaires et universitaires de l'étranger ?

Pour la déterminer exactement, il faudrait établir autant de monographies qu'il y a de pays. Nous avons essayé de dénombrer les effectifs, pays par pays, des étudiants des enseignements secon-

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daire et supérieur qui apprenaient le français, comme première ou seconde langue étrangère, au cours de leurs études. Ce travail achevé, il nous a semblé assez vain, car il est sans intérêt de savoir que, en 1953, par exemple, 172.766 Egyptiens, 23.450 Colombiens, 36.333 Uruguayens, 330 Indiens, 269.128 Hollandais et 550.000 Ita- liens faisaient du français à l'école ; pour donner un sens à cette ' comptabilité, il faudrait connaître la qualité de cet enseignement, le « taux de scolarisation » des pays en cause, les prolongements dans la vie que présentent ces études, le complément de savoir qu'élèves et étudiants vont ou ne vont pas chercher dans les éta- blissements français.

Nous nous sommes ensuite préoccupés de déterminer pendant combien d'années, et à raison de combien d'heures par semaine, les élèves et les étudiants des divers ordres d'enseignement appre- naient le français dans leurs écoles nationales.

L'étude du français — et d'une façon plus générale l'étude des langues étrangères, mortes ou vivantes— est assez rare dans l'en- seignement primaire. Seuls l'Egypte, le Salvador, le Pérou, l'Uru- guay, le Liban, la Belgique, le Danemark et la Hollande font figurer le français dans leurs, programmes, et comme un enseignement facul- tatif. On n'étudie deux langues dans les écoles primaires que dans certains pays bilingues ; ou bien quand on veut, comme en Irlande, restaurer la connaissance d'une ancienne langue nationale ; ou bien encore quand on souhaite superposer, à la diversité des langues autochtones, une langue de l'unité nationale (c'est le cas du hindi dans l'Inde ou du cingalais à Ceylan). L'obligation d'étudier deux langues en Irlande (anglais et gaélique), trois langues à Ceylan (cingalais, tamoul et anglais) et dans l'Inde (langue locale, hindi et anglais) a nui, malheureusement, à l'étude des langues étrangères dans ces pays; elle a entraîné, en particulier, la suppression du français dans les programmes des écoles secondaires cingalaises et indiennes.

Mais, en règle générale^ l'étude d'une ou plusieurs langues 1 étrangères fait partie des programmes de l'enseignement secondaire.

Deux types de législation scolaire apparaissent ici.

L'une laisse à l'élève le soin de choisir entre plusieurs langues ;

le français figure presque toujours parmi ces langues proposées

au choix, et on pourra l'étudier comme première, deuxième ou

troisième langue ; c'est le cas en Italie, par exemple, ou en Angle-

terre et aux Etats-Unis ; nôtre langue vient alors en concurrence

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avec d'autres langues vivantes, et son étude, en général, est prévue pour, deux ou trois années, ou pour quatre ou cinq années, selon que le français est choisi comme deuxième ou comme première langue étrangère. Ce choix peut dépendre de la facilité présentée par son étude (plus de 75 % des élèves de l'enseignement secon- daire font du français'en Italie), des affinités et de l'intérêt (la quasi totalité des élèves de l'enseignement secondaire, en Angle- terre, étudie le français), de l'intérêt utilitaire et de culture (le français, après une éclipse pendant la guerre et l'après-guerre, est étudié aux Etats-Unis à peu près autant que l'espagnol), de la qualité des maîtres (l'enseignement du français reste prospère dans les pays de l'Europe soviétisée pour cette raison d'abord), de la sympathie ancienne et profonde pour la France (comme c'est le cas, par exemple, en Amérique latine) (1). Quelquefois même, on se met à l'étude du français pour affirmer l'originalité nationale face à une pression trop visible du monde germanique ou anglo-saxon.

Mais il y a des législations scolaires qui ne laissent pas le choix aux élèves. L'étude du français est obligatoire, de cette façon, dans une vingtaine de pays : l'Egypte et l'Ethiopie en Afrique, le Salvador, le Guatemala, le Costa-Rica, le Honduras, le Nicaragua, . la Colombie, la République dominicaine et l'Uruguay en Amérique, le Liban en Asie, le Portugal, le Danemark, la Norvège, l'Irlande, la Hollande et la Belgique en Europe. Dans tous ces pays, l'étude du français a beau jeu d'être complétée ou prolongée par les œuvres françaises.

Par comparaison avec l'avant-guerre, cet enseignement du français dans les écoles nationales de la plupart des pays a pris . de l'importance. Certes, nous avons enregistré des reculs (en Suède ou en Ethiopie, par exemple) et nous sentons, ici ou là, des menaces (Brésil), mais dans l'ensemble notre situation s'est amé- liorée. Nous devons cette amélioration à l'énergie déployée par la France dans son redressement technique et économique, à la place que nous avons su prendre dans les organismes internatio- naux, à l'assistance technique que nous avons donnée à tant de nations, à l'élan des entreprises françaises dans certaines régions

(1) Au cours de l'article paru dans La Revue du 15 janvier dernier, La France et l'Amé- rique latine, M. Pierre Escoube notait un recul de la langue française en Amérique du Sud. N'y aurait-il pas contradiction entre ce propos et les constatations de M. Marc Blanc- pain 1 II n'en est rien car nos deux collaborateurs n'envisagent pas la même époque.

M. Marc Blancpain — qui au surplus ne nie pas certaines régressions — considère exclu- sivement les toutes dernières années, alors qu'en maints pays on peut constater un retour à la langue française, succédant à une période d'éclipsé heureusement momentanée.

(N. D. L. E.).

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IA LANGUE FRANÇAISE HORS DE FRANCE 617 du gV>be (Amérique latine et sud-est asiatique en particulier),

au prestige ancien et renouvelé de la pensée de la France et de l'Université française. Il est seulement dommage que la politique française fasse trop souvent songer — l'expression est de Mgr le Comte de Paris — à un « portrait surréaliste » et nuise ainsi gravement au crédit de notre pays et de sa civilisation.

Nous devons aussi cette amélioration, dans une mesure qui n'est pas mince, à l'effacement certain de l'enseignement des langues mortes. Il n'est pas douteux que le français, dans de nombreux pays, soit aujourd'hui considéré comme une langue « classique », indispensable à toute formation humaniste; et cependant plus direc- tement utile que le grec ou le latin. C'est la tendance, probablement, dans des pays comme l'Allemagne et la Suède. C'est sans aucun doute le rôle que confèrent au français nos amis de rAmérique latine qui n'étudient ni grec ni .latin dans leur enseignement secondaire. Tous les pays de civilisation occidentale ont maintenu le français dans les sections classiques de leurs établissements.

Il y a là, peut-être, un danger pour l'avenir de notre langue, et j'ai souvent protesté — et n'ai jamais cessé de lutter — contre cette tentation, si répandue, de traiter le français comme « la moins inac- tuelle des langues mortes ! » (i).

Il appartient alors aux établissements français à l'étranger

— collèges religieux, lycées, instituts et alliances françaises — d'enseigner « un français réellement vivant et parlé » (2). Cette tâche, ils la mènent à bien avec vigueur, et beaucoup plus largement qu'avant la guerre. J'ajouterai que leur présence et leur activité ont entraîné, elles aussi, l'élargissement de nos positions dans les programmes nationaux. Un collège, un lycée, un Institut français et une Alliance française ont d'abord pour effet, et peuvent recevoir pour mission, d'éveiller la curiosité pour les réalités de la France, de réchauffer les sympathies françaises, et, tout en ensei- gnant notre langue, de contribuer à donner du crédit à cet enseigne- ment dans les écoles nationales. Après 1945, Ie réveil et la multi- plication des établissements français (Alliances françaises et Ins- tituts surtout) ont ainsi provoqué, dans des pays comme le Dane- mark et la Hollande en Europe, ou dans la plupart des répu- bliques latino-américaines, un véritable renouveau des études françaises dans les écoles secondaires et les Universités locales.

. (1) et (2) On voudra bien ne pas me tenir rigueur de reproduire ici des expressions qui sont miennes.

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*

Les œuvres françaises d'enseignement à l'étranger s'inscrivent dans une des plus anciennes traditions de la France. Elles n'ont cessé, depuis le début des temps modernes, d'exprimer à la fois la vocation missionnaire de notre pays et les aspirations universa- listes de notre civilisation. Elles ont valu à la France cette répu- tation d'« institutrice des nations » et de « dispensatrice des lumières » qui fut si longtemps la sienne et dont tant de Français furent

— et sont toujours — si naïvement fiers « dans leur certitude que ce qui est français est en soi quasi divin ! » (i).

Les Missions catholiques sont à l'origine de cet élan prosélyte ; elles ont longtemps fourni le principal de l'effort ; peut-être le fournissent-elles encore. C'est que l'Eglise de France semble avoir, dans l'Eglise universelle, sa vocation particulière : la vocation enseignante.

Partout dans le monde, nos « missions étrangères » ont créé des maisons d'enseignement ; ces maisons enseignaient en français, et même lorsqu'elles ont dû s'incliner devant ce qu'il faut bien appeler

« le nationalisme des cultures », elles n'ont pas souvent cessé d'enseigner le français auquel elles s'efforcent, depuis quelques années surtout, de réserver un horaire privilégié. Jamais, pourtant, ces maisons n'ont été plus nombreuses et plus prospères qu'après 1905 ; chassés de France, religieux et religieuses ont gagné l'étranger pour y servir généreusement notre langue et notre esprit national.

Sans la crise des vocations dans notre pays — qui fait que la relève fut assurée par des Belges, des Canadiens, puis des religieux et des religieuses de tous les pays — le bénéfice que la France tirerait encore aujourd'hui de ces efforts serait incomparable.

Il n'est pas possible de produire la statistique actuelle et exacte des effectifs de l'enseignement congréganiste d'origine française.

Les chiffres ne manquent pas, mais la variété des Ordres et parfois leur esprit d'indépendance ne permettent guère de tenter une synthèse exhaustive. L'enseignement, d'autre part, est de qualité très variable. Enfin, la part faite au français et à la civilisation française change d'un pays à l'autre et même, parfois, d'une maison à l'autre à l'intérieur d'un même pays. Disons tout de même, et pour donner un ordre de grandeur, que 750.000 enfants, élèves et étudiants reçoivent, par l'intermédiaire des écoles congré-

(1) Times, 31 mars 1954.

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LA LANGUE FRANÇAISE HORS DE FRANCE 619

ganistes, un enseignement français ou un enseignement partielle- ment distribué en français.

La terre d'élection de nos Missions est d'abord l'Afrique ; et c'est surtout dans les écoles d'Afrique que le français est resté, le plus souvent, la langue de l'ensemble de l'enseignement. Plus de 30.000 élèves fréquentaient, hier encore, nos écoles religieuses en Egypte. La connaissance du français en Ethiopie est due, à l'ori^

gine, aux Missions. Madagascar compte plus de trois cents écoles catholiques et près de trois cents garderies d'enfants; 30 à 35.000 élèves en A. O. F., et autant en A. E. F., sont confiés aux écoles missionnaires.

En Amérique latine, les Maisons religieuses d'éducation, implantées surtout après 1905, sont innombrables et jouissent toujours d'une grande faveur. Dans des pays comme le Brésil, l'Argentine, Haïti, le Chili, le Mexique même, il n'est guère de grande ville qui ne possède son Collège des Frères, des Maristes, des Rédemptoristes, des Récollets, etc.. pour les garçons, ou des Dames de Sion, de l'Assomption, des Ursulines ou des Oiseaux, pour les jeunes filles. La « bonne société », en matière d'ensei- gnement féminin surtout, s'adresse toujours à eux, et ces Collèges sont, pour la plupart, riches, modernes, et au fait des dernières innovations de la pédagogie. Pourtant, le français n'est plus, en règle générale, la langue de l'enseignement, et les Collèges masculins ne déploient pas le même zèle que les Collèges féminins pour lui main- tenir une large place dans les horaires. Depuis quelques années, les Alliances françaises mettent certains de leurs professeurs à la dis- position de ces Maisons ; nous avons là, dans les Collèges féminins surtout, des « cours associés » d'une prospérité remarquable.

En Amérique du Nord, certains Ordres — je pense, en parti- culier aux Dominicaines — travaillent dans le même sens.

En Asie, le plus grand centre de rayonnement français fut, jusqu'en 1952, l'Université Aurore (Changhaï), œuvre des Pères Jésuites. Au Japon, en Corée, en Thaïlande, à Ceylan, en Inde même, religieux et religieuses venus de France, de Belgique et du Canada, ont implanté notre langue ici et là et continuent, souvent encore, à maintenir sa connaissance. On sait qu'au Liban les Pères Jésuites possèdent une Université et que plus de cinquante écoles catholiques, primaires et secondaires, dispensent dans tout le pays un enseignement bilingue.

En Europe protestante, comme en Europe catholique, des écoles

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d'origine française donnent, à quelque 25.000 élèves, un enseigne- ment qui fait large place au français. En Nouvelle-Calédonie et dans les établissements français du Pacifique, près de 10.000 élèves fréquentent les écoles missionnaires. L'Australie compte une dizaine d'établissements congréganistes d'origine française.

Les Missions protestantes françaises enseignent, elles aussi, le français. Leurs zones d'action sont les mêmes que les zones d'action des Missions catholiques, en Afrique et en Asie. Les protestants entretiennent environ trois cents écoles et deux cent cinquante garderies à Madagascar. Les « paroisses. wallonnes » des Pays-Bas ont toujours une « école du dimanche ». Enfin, les Cercles des amitiés protestantes contribuent à entretenir, chez les calvinistes d'Afrique du Sud et d'Amérique, la connaissance de la langue de Calvin.

L'Alliance israélite universelle a vu le jour en 1952. Elle est l'œuvre des Israélites français qui se proposaient d'instruire les enfants des communautés juives de l'Empire ottoman. N'est-il pas étonnant de constater que ni les Juifs anglais, rii les Juifs allemands, ni les Juifs américains, n'ont eu pareille idée ? Les écoles de l'Alliance israélite universelle, tout en donnant à leurs élèves une solide culture hébraïque, distribuent en français, et sur le modèle de nos écoles primaires et secondaires officielles, l'ensemble de leur enseignement. L'A. I. U. possède une Ecole normale à Paris et publie des cahiers qui renseignent ses membres.

Elle tire le gros de ses ressources de l'inépuisable générosité des Israélites de tous les pays du monde. Elle comptait, avant les der- niers événements d'Egypte, cent trente établissements fréquentés par 50.000 élèves environ, au Maroc, en Tunisie, en Tripolitaine, en Iran, en Israël, en Syrie, au Liban et en Egypte. Elle construit, à l'aide d'un emprunt garanti par le gouvernement français, un lycée en Israël.

Deux grandes associations privées, qui s'interdisent toute appartenance politique et confessionnelle, se sont constituées plus tard pour diffuser, elles aussi, la langue française à l'étranger. La plus ancienne est l'Alliance française (1883) ; la plus récente s'appelle la Mission laïque française (1902).

L'Alliance française se propose d'associer les Français de France, les Français de l'étranger et, surtout, les étrangers franco- philes et francophones à l'œuvre de propagation de notre langue.

Et elle a su, tout en prenant des proportions considérables et en

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LA LANGUE FRANÇAISE HORS DE FRANCE 621 variant son action, demeurer, avant toute chose, une libre associa-

tion. L'aide de l'Etat à son siège central ne représente guère, aujourd'hui, que 10 ^15 % de son budget. La même aide à ses éta- blissements d'enseignement hors de France n'est pas plus impor- tante, et consiste surtout à mettre à leur disposition cent quarante professeurs sur les quelque treize cents que ces établissements emploient.

Si on remplaçait les Alliances françaises par des services officiels français — et la tentation fut forte au lendemain de la dernière guerre — ou bien même si ces œuvres d'amitié n'apparaissaient plus que comme d'astucieux truchements d'une propagande offi- cielle de la France, rien ne nous donnerait plus la mesure du rayon- nement véritable, spontané, authentique de notre langue et de notre pensée. L'originalité de l'Alliance française, c'est d'être, d'abord, le témoin sans fard de l'attrait que la langue et la civili- sation françaises exercent, et de donner la mesure de cet attrait.

Et nous faisons belle mesure puisque, hors de France, plus de sept cents comités d'Alliance française groupent environ trois cent mille personnes.

L'Alliance française, et c'est là sa seconde originalité, entend accomplir sa besogne partout où elle le peut, c'est-à-dire partout où il ne lui est pas interdit de l'accomplir. Pour elle, il n'y a pas de contrées négligeables, ni de villes trop petites. Nombreux sont les pays où l'Alliance, en fait, est présente partout. Dans quatre- vingt villes d'Argentine, par exemple, ou vingt-neuf cités de Hollande. Tous les voyageurs qui découvrent ces Alliances et qui apprennent qu'on peut parler, en français, de l'œuvre de Monther- lant ou de notre apport dans la thérapeutique du cancer à Zutphen ou à Drammen, à Arequipa ou à Kalamazoo, à Faro du Portugal ou à Osaka — et être compris, critiqué et applaudi — tous ces voyageurs sont surpris, émerveillés et réconfortés : ils nous revien- nent, finalement, tout fiers d'être nés Français !

Dans son Ecole pratique de Paris, l'Alliance française, aujour- d'hui, instruit chaque mois plus de 3.000 étudiants étrangers (800 avant la guerre) appartenant à soixante-dix nationalités ; 160.000 étrangers ont fréquenté cette Ecole depuis 1945. Des locaux agrandis et modernisés, grâce à des emprunts qui s'élèvent à 420 millions de francs, lui permettent de loger et de nourrir une partie de ces étudiants. Le journal pédagogique de l'Ecole est servi gratuitement, dans cinquante-sept pays, à 2.400 professeurs

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de français. Une « méthode de français », œuvre des professeurs de l'Ecole, est éditée par Hachette et Larousse ; en deux ans, le tirage du premier volume â dépassé 250.000 exemplaires !

A l'étranger, 72.000 étudiants (contre 27.000 en 1938, 12.000 en 1945, 56.000 en 1952) étudient le français dans les Ecoles, les Collèges, les Centres d'enseignement et les Cours associés des Alliances françaises. L'Alliance française de Paris organise chaque année, dans .cinquante-cinq pays et territoires, près de soixante missions de conférences ; mille conférences sont ainsi entendues par quelque 250 à 300.000 personnes. Notre maison de Paris maintient le goût de la lecture française en faisant parvenir, à plus de trois cents bibliothèques de l'étranger, 25 à 35.000 volumes chaque année. Dans trente pays, elle possède aujourd'hui cent vingt ciné-clubs qui ne projettent que des films français. Elle distribue, tous les ans, à des élèves et à des étudiants étrangers, plus de soixante-dix bourses d'études ou de vacances.

La Mission laïque française limitait jusqu'ici son effort au Proche-Orient, à la Grèce et à l'Ethiopie, et cet effort était étroite- ment spécialisé dans l'entretien de Collèges et de Lycées qui distri- buaient, en l'adaptant, un enseignement de même nature que celui des Collèges et des Lycées officiels de France. EËe comptait 7.500 élèves en 1939 et 17.000 en 1953-54. Une subvention de l'Etat, supérieure à 300 millions de francs par an, lui permet de recruter une bonne part de ses professeurs parmi les fonctionnaires de l'Education nationale.

L'indépendance du Vietnam du nord a amené la Mission laïque à assumer la gestion du lycée français d'Hanoï ; on avait songé à lui confier aussi celle des lycées français de Tunisie : son caractère d'association rassure, et justement, le nationa- lisme ombrageux des Etats fraîchement promus à l'indépendance.

La moitié des effectifs scolaires de la Mission laïque (compte non tenu du lycée d'Hanoï) fréquentaient ses établissements d'Egypte ; le coup le plus rude vient de lui être porté par le dic- tateur égyptien, et à un moment de son histoire où elle s'efforçait d'attirer en plus grand nombre les élèves musulmans. La Mission laïque envisage de reporter son action sur la Tripolitaine et le Soudan, où elle créerait de nouveaux établissements.

MARC BLANCPAIN.

(A suivre.)

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